Ce soir, avec des amis, nous sommes allés au cinéma. Dans le cadre du cycle du cinéma italien contemporain, nous sommes allés voir le film "Diverso da chi" du réalisateur Umberto Carteni. Nous avons passé un excellent moment. C'était un très beau film.
Mais combien étions-nous dans cette salle de cinéma?
Une dizaine?
Une quinzaine?
C'est malheureux!
L'autre soir, je suis allée voir le film "la boite magique" de Ridha Béhi, nous étions 5 personnes au cinéma. Pourtant, ce film mérite d'être vu. Je sais, on n'y apprend pas grand chose, mais il dégage beaucoup d'émotions.
C'est très simple, la seule fois où la salle de cinéma a affiché complet cette année, c'était lors de la projection du film "Tetro" de Francis Ford Coppola.
Alors, pourquoi?
Pourquoi n'allez-vous pas au cinéma?
Pourquoi les tunisiens ont-ils perdu l'habitude d'aller au cinéma?
Il fut un temps où on disait que la programmation était très mauvaise, que les films n'étaient projeté au cinéma que très longtemps après leur sortie, que les salles n'étaient pas belles, que le son était très mauvais, que les spectateurs ne sont pas respectueux....
C'était peut-être vrai.
Mais cela ne l'est plus.
Cela fait 2/3 ans que je vais très régulièrement au cinéma.
Il y a au moins 2 salles très confortables: l'AfricArt et l' Al Hambra.
Techniquement, il n'y a aucun problème. L'image est bonne et le son est bon aussi.
Pour ce qui est de la programmation, elle est très intéressante.
Personnellement, j'ai eu l'occasion de voir de très beaux films, et surtout de voir des films que je n'aurais peut-être pas pu voir autrement.
Je pourrais citer à titre d'exemple "La porte du soleil", un excellent film de Yosri Nasrallah, diffusé à l'occasion de la nakba.
Ou d'autres films, comme le film algérien "Mascarade" de Lyes Salem, ou celui d'hier...
Et parfois, c'est l'occasion de revoir certains anciens films, comme "l'homme de cendres" de Nouri Bouzid.
Sans parler de l'excellent cycle spécial comédie italienne, lors du mois de janvier dernier au cinéma Alhambra. Tous d'excellents films.
Rien que la semaine dernière, j'ai vu un excellent court métrage, "Toute la mémoire du monde" d'Alain Resnais, et qui date de 1956. Où aurions-nous pu voir un tel film?
Ce court métrage était une pure merveille, surtout pour une personne comme moi qui adore les livres.
Lorsque je discute parfois avec des amis, ils me disent "pourquoi tu te fatigues à aller au cinéma, alors que tu pourrais louer tous les films que tu veux en DVD?".
C'est vrai, pour beaucoup moins cher qu'un ticket de ciné, je pourrais louer tous les films que je veux. Je pourrais même les télécharger gratuitement sur internet.
Oui, mais....
Mais où est le charme du cinéma?
Où est la magie du grand écran?
D'abord, coté programmation: comment est-ce que nous, spectateurs, pourrions connaitre tous ces films anciens, ou méconnus du grand public..., pour les louer en DVD?
Ensuite, il est vrai que certains films ne perdent pas leur charme sur un écran de TV, mais ce n'est pas le cas de tous les films.
J'ai par exemple vu le film "Le dernier samouraï" au cinéma et à la TV. On dirait 2 films différents.
Comment peut-on apprécier les effets spéciaux, les belles images, les belles couleurs... à la TV?
Et puis, peut-on vraiment apprécier un film lorsque l'on mange, lorsque le téléphone sonne, lorsqu'un bébé pleure, lorsqu'un enfant parle...?
Allez au cinéma. Reprenez cette habitude. Vous ne le regretterez pas. Je vous le promets.
D'une année à une autre, on parle, on raconte, on redit les mêmes choses....
Et les droites des femmes sont quand même bafoués ici et là.
Excision. Viol. Harcèlement. Violence. Inégalités. Mariages forcés. Inégalité de chances. Inégalités de salaires. Crimes d''honneur. Prostitution forcée. Esclavage. Mariage des nourrissons...
Que dire de plus?
Concernant les femmes tunisiennes. Certains diront qu'elles ont de la chance.
C'est vrai, elles ont de la chance. Elles ont de la chance par rapport à leurs consœurs arabo-musulmanes.
Elles jouissent d'une égalité avec les hommes sur le plan de l'éducation, de l'enseignement...
Elles n'ont plus à craindre la répudiation, la polygamie... Elles peuvent divorcer, ont droit à une protection, elles peuvent donner leur nationalité à leurs enfants....
Mais il reste encore du chemin à parcourir.
Il subsiste encore des inégalités légales et sociales.
A quand l'égalité devant l'héritage?
A quand la suppression de la notion de chef de famille?
Jusqu'à quand le père restera le seul qui autorise ses enfants à obtenir un passeport?
Jusqu'à quand le père restera le seul qui autorise ses enfants à obtenir une carte d'identité nationale?
Jusqu'à quand une mère tunisienne sera-t-elle obligée d'avoir une autorisation du père pour emmener ses enfants à l'étranger?
Jusqu'à quand une femme divorcée sera-t-elle mal vue?
Jusqu'à quand une femme indépendante sera mal jugée?
Jusqu'à quand obligera-t-on les femmes à rester vierges jusqu'au mariage?
Jusqu'à quand tolèrera-t-on la violence physique et morale à l'encontre des femmes?
Jusqu'à quand regardera-t-on avec indulgence l'infidélité des hommes?
Jusqu'à quand interdira-t-on la femme tunisienne d'épouser un non-musulman?
Bien du chemin reste à faire. Mais ce qui est encore plus inquiétant, c'est qu'à la place d'une plus grande émancipation des femmes tunisienne, la société est entrain de subir une régression des mentalités. Une régression sournoise, silencieuse, qui avance à petits pas...
Lors d'une réunion de notre club de lecture, nous avions invité l'auteur algérienne Wahiba Khiari. Elle nous parlait des années noires algériennes. Elle nous avait dit qu'elle avait peur pour la Tunisie, parce qu'elle voyait que notre société était entrain de se radicaliser, et que cela se passait exactement comme cela s'était passé en Algérie, et que comme eux à l'époque, nous ne nous en apercevons pas.
Les droits des femmes tunisiennes ne sont pas acquis. Ils ne sont jamais définitivement acquis. Et ce qui a été octroyé par des textes peut être repris par d'autres textes, surtout lorsque les mentalités s'y prêtent.
Je rappelle encore une fois qu'il ne s'agit en aucun cas d'arracher le voile des femmes voilées. En aucun cas. Ni de leur manifester une agressivité quelconque. Non, cette journée est juste un prétexte pour parler du voile, discuter, échanger des points de vue et rappeler qu'il n'est pas une obligation divine, ou du moins qu'il existe une polémique à ce sujet.
Et si en Tunisie, nous sommes encore libre de ne pas nous voiler (bien que...), d'autres femmes n'ont pas cette chance, ou ne l'ont plus.
D'autres femmes dans d'autres pays ne peuvent en aucun cas sortir sans voile, ou niquab, ou tchador, ou burqua...
Le voile peut sembler une liberté et un choix pour certaines, mais il ne faut pas oublier qu'il ne l'est pas pour la majorité des femmes.
Une amie a écrit "Le jour où toutes les femmes auront le droit de se dévoiler, alors libres celles qui veulent porter le voile." Je suis d'accord avec elle.
J'ai choisi aujourd'hui de partager avec vous deux textes, deux témoignages:
"Les femme ne se maquillent pas uniquement pour se
faire belle.....!"
«Le coupable te blesse l'âme; moi, je te blesse seulement
l'oreille.» Sophocle
Si l'Islam a libéré la femme arabe de l'infanticide et lui a rendu son
statut en tant que femme aux premiers siècles de son apparition,
certains musulmans contemporains l'on enfermée sous un tissu, sous
prétexte d'une religiosité aberrante et d'une tradition importée et
révolue. Pendant des siècles, certaines civilisations se sont
interrogées sur la nature de la femme tandis que d'autres affirmaient
que la femme est la source du mal.
Pis, elle était l'alliée du diable ! Depuis le siècle dernier, et
surtout depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les femmes gagnent
de plus en plus de droits. Aujourd'hui, elles ont le droit d'être
elles-mêmes. Pourtant ce droit d'exister en tant que femme n'est pas
encore acquis dans tous les pays.
Qu'en est-il des droits de la Femme chez nous ? Saviez-vous qu'en
Algérie, de 1962 à 2004, la polygamie est passée de 1% à 5,8%!
Ce sont les chiffres que les représentants du gouvernement ont donnés
aux Nations Unies en janvier 2005, dans la revue du rapport algérien sur
l'application de la Convention sur l'élimination de toutes les formes
de discriminations(1). Peut-on pour autant considérer ce
chiffre comme le signe de la régression des droits de la femme
algérienne ou est-il le signe d'un retour aux valeurs authentiques tant
réclamées par un certain courant idéologique en Algérie? Saviez-vous
que les femmes sont les premières victimes de la décennie noire, des
assassinats, des viols, des mariages forcés, qu'elles sont des mères
célibataires et qu'elles sont régulièrement victimes d'actes incestueux
et d'infanticides? Ces mêmes femmes sont abandonnées à leur sort car
leurs parents ne veulent pas les accueillir parce qu'ils ont honte de
devoir accepter que leur progéniture en est une victime. Tandis que
d'autres parents acceptent de les cacher sous leur toit à une condition:
pouvoir procéder à un avortement ou à l'abandon de l'enfant.
Ces femmes victimes sont parfois livrées aux réseaux de prostitution
parce que l'État n'a pas prévu de centres pour les prendre en charge.
Combien sont-elles? Combien d'enfants sont nés dans ces conditions?
Quelle prise en charge propose-t-on à ces femmes et à ces enfants?
Aucune statistique n'a été divulguée par les autorités concernées. Les
religieux interprètent ces faits comme une déviation morale, le remède
étant, selon eux le retour aux sources, c'est-à-dire l'application à la
lettre de la religion. Prenons l'exemple d'un fait rapporté par la
presse nationale(2) où une jeune fille de El Oued a été violée par un
chauffeur de taxi. Supposons que cette fille tombe enceinte et devienne
ainsi mère célibataire, doit-on pour autant l'accuser d'être une p? Or
si elle ne souhaite pas garder cet enfant, elle ne dispose d'aucune
solution légale hormis celle de la clandestinité, c'est-à-dire, se
rendre dans un pays où l'avortement est légalisé. Pis, le fait qu'elle
perde sa virginité la marquera à vie.
Une pratique est devenue «officieusement officielle» et consiste pour
la jeune mariée à présenter à son mari un certificat de virginité en
bonne et due forme. Cette pratique se normalise au fil du temps!
Quelle est la position du corps médical qui délivre ce genre de
certificat? À quelle déontologie se réfère-t-il? Où est, dans ces
conditions, le respect de la loi? Djamila Benhabib(3) s'interroge:
«Lorsqu'un mari répudie sa femme pour en prendre une plus jeune en la
chassant du domicile conjugal, faisant de ses propres enfants des
sans-abri, est-ce ce la volonté d'Allah ou celle du mari? Lorsqu'un
mari bastonne sa femme jusqu'à la mort, est-ce la volonté d'Allah ou
celle du mari?»
En 2009, dans un ouvrage très courageux et plein de vérités, Wassila
Tamzani(4), avocate à Alger puis directrice des droits des femmes à
l'UNESCO, expose d'une manière magistrale la condition des femmes en
Algérie et dans le monde musulman. Elle fait le constat très alarmant de
la situation des femmes en Algérie. La société musulmane tente de
masquer leur situation sociale par des discours volontaristes et traditionalistes tandis que les grandes démocraties essaient de se
protéger en fermant les yeux sur les dépassements des dogmatistes
religieux. Dès qu'on aborde la question des droits de la Femme, on nous
sert cette réponse traditionnelle: «l'Islam a donné plus de droits à la
Femme que les autres religions ». Certes! Mais pragmatiquement, rien
n'est fait! Les femmes sont souvent sous la tutelle des hommes.
Certaines sont analphabètes et vivent dans des conditions déplorables.
Elles sont parfois enfermées toute la journée dans un appartement, dans
une petite chambre, en attendant le retour de leur mari rassuré parce
qu'elle ne croisera pas d'autres hommes et qu'elle restera à l'abri de
leurs regards. Ces femmes sont ainsi réduites à la procréation et aux
tâches ménagères. C'est leur «Maktub» !
«Nous attendons toujours l'Égalité, écrit W. Tamzani, un demi-siècle
après le début de la guerre de Libération, quarante ans après
l'Indépendance, vingt ans après la démocratisation des institutions. Ce
n'est jamais le moment. Un accouchement de vingt-quatre ans pour le Code
de la Famille, un code insultant pour les femmes algériennes. En
réalité, il a fallu attendre que l'Algérie se vide de toutes ses
utopies, que les tenants d'une morale sexuelle protohistorique
s'installent dans nos villes et au pouvoir et effacent les restes de
métissage colonial et de la guerre de libération, deux facteurs de
modernisation de la société algérienne. Il a fallu attendre que le
nationalisme identitaire l'emporte sur les rêves des enfants de l'an 1
de l'Algérie républicaine, socialiste et populaire. Le temps d'y
ajouter, au creux, sa dernière épithète: musulmane» (5). Si les femmes
portent de plus en plus souvent le voile, c'est que la société les
oblige à le porter l'enfermant à coup sûr dans un sentiment de
culpabilité auquel il est difficile de faire face surtout quant on sait
que l'école algérienne est vidée de toute forme d'esprit critique.
Elles sont donc victimes d'un processus d'endoctrinement depuis
l'enfance. Si elles refusent de le porter, elles seront considérées
comme des infidèles et la société les accusera de tous les maux.
Souvenons-nous de ce qui s'est passé suite au séisme de Boumerdes en
2003: la religiosité a fait croire au peuple que le séisme s'était
produit à cause des femmes qui ne portaient pas le hidjab. Depuis lors,
le nombre de femmes portant le voile est en nette progression et s'étend
même aux petites filles dès l'âge de trois ans!
Le mufti de la mosquée de Marseille, Souheib Benchikh, s'est prononcé
contre son port: «le voile est une fausse route pour les jeunes filles.
Rien dans le Coran ne leur impose d'afficher ainsi leur foi. Le voile
conduit trop souvent à des comportements inquiétants, comme le refus de
la mixité, de l'égalité des sexes, des cours de biologie ou de
sport»(6). J'ai vu récemment sur une chaine télévisuelle algérienne, des
femmes septuagénaires, chantant des chansons traditionnelles, toutes
voilées. J'ai été étonné autant qu'alarmé par tout ce qui se passe dans
notre société. Autrefois, c'était les femmes qui conservaient nos
traditions et les faisaient perdurer. Désormais, qui va protéger notre
identité culturelle? Selon Mourad MERDACI, professeur en psychologie
clinique à l'université de Constantine(7): «La distorsion des normes
familiales s'inscrit au tableau de comportements symptomatiques où des
adolescents, encore enfants, énoncent les règles à satisfaire dans la
vie familiale, voilent leurs mères et prescrivent des rites ataviques.
De fait, les lignes de la filiation se sont déplacées. Les tuteurs ne
sont plus les pères biologiques mais des modèles refondateurs et
atypiques, séducteurs, assimilateurs et abandonniques».
Parlons du harcèlement qui est devenu une pratique courante sur les
lieux de travail(8). Des hommes qui abusent de leur pouvoir hiérarchique
pour faire subir aux femmes leur bestialité sexuelle. Idem en ce qui
concerne le viol des femmes par leur mari. «Le voilement du corps de la
femme, selon M. MERDACI, est d'essence paranoïde et d'élaboration
défensive contre l'attrait charnel et l'érotisme féminin. Pour
transcender la signification du corps, spécifiquement féminin, le voile
désigne les sources sociales, mentales et anthropologiques de pratiques
de pouvoirs, de dépossession et de domination, de licitation et
d'interdiction». Finalement, «Les femmes apprennent à travers les âges
la résolution névrotique de porter les fragilités de la société. Elles
transmettent aussi à leurs proches des héritages de mortification et de
vies manquées. La violence contre les femmes est souvent
institutionnalisée dans les formats et les maillages de protections
incertaines, de réparations improbables et de dépendance surdéterminées
dans la recherche d'exutoires spirituels, dans le port du voile, ou
ludique et ostentatoire, dans les artifices d'une libération parente et
illusoire(9)». Même si l'actuel président essaye de modifier quelques
textes législatifs en faveur de l'émancipation de la femme, tout cela
reste lettre morte. Car le vrai changement émane de l'individu et d'une
émergence d'un mouvement citoyen revendicatif mûrement réfléchi. Le
mouvement féminin a besoin d'un nouveau souffle, d'un nouveau leader,
d'une nouvelle génération de femmes courageuses, convaincues et
déterminées. Le mouvement «Rachida» a été une belle aventure! Il est
inconcevable de parler de développement sans associer la Femme, car elle
est le cœur de tout changement social. La leçon a été retenue par
quelques pays asiatiques et sud américains. À quand le tour des
Algériens?
P.S. Le 25 mars 1994 était le dernier jour de l'ultimatum du GIA
ordonnant aux femmes le port du hidjab. Trois jours après (le 28/03/94)
Katia Bengana de Meftah, âgée de 17 ans a été sauvagement assassinée
pour avoir refusé de porter le voile. Ne l'oublions pas afin que son
sacrifice ne soit pas vain!
Si le voile est (encore?) pour certaines un choix, pour d'autres, il est une obligation contre laquelle elles sont obligées de se plier, à défaut elles risquent en perdre la vie.
"J’accuse le pouvoir algérien pour ses sympathies avec
les bourreaux de nos parents"
Le 28 février 1994 - le 28 février 2010, voilà déjà 16 ans depuis ton
assassinat par l’intégrisme religieux pour avoir refusé de porter le
voile... Et depuis cette date, ta mère n’a pas cessé de te pleurer
chaque jour que Dieu fait. Aujourd’hui ma chère Katia, je tiens à
t’annoncer que ta mère est venue te rejoindre pour de bon dans sa
dernière demeure en cette date du 23.01.2008 vers 23 heures environ.
Prends soin de ta mère, ma chère Katia. Fasse Dieu qu’elle ne manque de
rien avec toi. Rassure-la que de notre côté tout va bien, et qu’elle n’a
pas à se faire de soucis surtout pour Celia, la dernière de la famille.
Car ici-bas, tu lui as beaucoup manquée Katia. Elle a manqué de tout à
cause de cette politique favorable à l’intégrisme religieux de la part
de ceux qui sont censés nous protéger et nous rendre justice. Ta perte
cruelle, son chagrin, son désespoir, ses souffrances, ton deuxième
assassinat à travers cette réconciliation nationale ont fait que ta mère
et moi-même n’avons pas pu tenir le coup. La non-prise en charge de
notre situation dramatique par l’Etat, les difficultés matérielles et
sociales suite à ta disparition ont fait que ta mère n’a pas pu résister
à sa maladie qui n’a pas été prise en charge afin de la sauver d’une
mort prématurée par manque de moyens et de désespoir.
Aussi, j’accuse le pouvoir algérien de nous avoir abandonnés à notre
sort. J’accuse ceux qui ont relâché et pardonné à ces sanguinaires aux
mains tachées de sang. J’accuse le pouvoir algérien pour ses sympathies
avec les bourreaux de nos parents. J’accuse cette réconciliation pour la
paix qui a glorifié et amnistié ces monstres assassins de plus de deux
cent mille civils innocents et autres corporations confondues. J’accuse
tous ceux qui ont voté pour ce référendum de la honte. J’accuse cette
réconciliation qui a consacré l’impunité et qui a ignoré la justice.
J’accuse tous ceux qui ont été indifférents à notre douleur. J’accuse
tous ceux qui ont été favorables à cette mascarade de vente concomitante
d’êtres humains, de civils et autres pour simplement plaire aux maîtres
et par la même occasion obtenir quelques miettes en contrepartie de
leur soumission et servitude. J’accuse cette réconciliation qui nous a
assassinés une deuxième fois à travers cette idéologie arabo-baâthiste
pour faire de nous des Arabes par la force et malgré nous. J’accuse tous
ceux qui instrumentalisent la religion pour se maintenir au pouvoir en
sacrifiant des civils et autres. J’accuse tous ceux qui utilisent la
religion pour y accéder en assassinant des innocents. J’accuse tous ceux
qui utilisent la religion pour nous détourner de nos racines, de nos
coutumes, de nos traditions et de notre langue historique et ancestrale
(...)
M. Bengana (Père de Katia âgée de 17 ans, lycéenne assassinée à Meftah
le 28 février 1994 pour avoir refusé de porter le voile)
J'ai beaucoup hésité cette année: assida ou pas assida?
Cet été, à cause de ma fracture à la cheville, je suis restée immobilisée, et... bonjour les kilos.
Je viens d'en perdre 5, et je n'avais aucune envie de les reprendre.
Mais lorsque l'on a des enfants... il faut faire des sacrifices.
En plus, mon mari adore parader et montrer à sa mère que sa femme est bonne "ménagère".
Il n'a pas arrêté de râler: "fais-nous de l'assida", "il faut faire de l'assida"...
Il a surtout faillit disjoncter lorsque ma belle-sœur nous en a envoyé (bien que c'est sa mère qui l'a faite pour elle).
Alors.... Assida cette année aussi.
:-)))
A mes amis étrangers, je précise que l'assida est un dessert que nous, tunisiens, préparons pour fêter le Mouled (anniversaire du prophète Mohamed). Je ne sais pas à quand remonte cette tradition de l'assida, ni quelle en est l'origine, d'autant plus qu'à ma connaissance, les autres pays musulmans ne connaissent pas cette tradition.
La tradition aussi est que les membres des familles s'échangent leurs assidas.
Ma mère est une excellente cuisinière et pâtissière. Elle sait tout faire mieux que tout le monde... sauf l'assida!!!!
La sienne n'est pas bonne, bien qu'elle s'améliore ces dernières années.
Donc, lorsque j'ai décidé de me mettre à l'assida, je n'ai bien-sûr pas pris la recette de ma mère.
En fait, au bureau, nous avons une secrétaire qui est un vrai cordon bleu. J'ai donc pris sa recette. Mais cela n'était qu'une base, parce qu'ensuite, je l'ai modifiée. J'ai surtout énormément diminué la quantité de sucre. Je n'aime pas ce qui est trop sucré.
Au fil des années, cette recette a évolué en fonction des remarques de chacun à la maison. Heureusement que nous avons plus ou moins les mêmes goûts culinaires.
Voici ma recette:
Pour la assida proprement dite:
1,200 kg noisettes décortiquées
2 boites de lait concentré sucré
3 boites d'eau (mesurer avec les boites de lait concentré)
450 gr farine
300 gr sucre
2,750 l lait
Bien griller les noisettes jusqu'à ce qu'elles soient de couleur marron. Les passer au mixer jusqu'à obtention d'une pâte huileuse et parfaitement lisse.
Mélanger tous les ingrédients. Ensuite mettre sur le feu. Remuer jusqu'à épaississement.
Mettre dans des coupes ou des bols.
Astuce: c'est plus facile de mettre tous les ingrédients dans un robot. Il mélange pour vous. Vos bras se reposent.
Pour la crème:
- 2 l lait
- 1 boite de lait concentré sucré
- 125 gr sucre
- 1 sachet de sucre vanille
- 1 sachet de sucre à la fleur de rose
- 4 c à s d'amidon de maïs
- 3 jaunes d' œufs
Mélanger tous les ingrédients. Mettre sur le feu. Amener à ébullition tout en remuant.
Mettre la crème sur l'assida, qui normalement a déjà refroidie.
Décorer suivant vos gouts (fruits secs, dragées, vermicelle de chocolat....)
Personnellement, je préfère mettre juste des fruits secs.
Bon appétit!
Précision:
Pour ceux qui n'utilisent pas un robot, il faut commencer par mélanger la pâte de noisettes, la farine et le sucre ensemble, et ensuite ajouter l'eau et le lait progressivement, sinon, il y aura des grumeaux dont il sera difficile de se débarrasser.
Hier, par hasard, j'étais dans ma voiture, et pendant environ 15 minutes, j'ai écouté l'émission Forum qui avait pour thème "la violence contre les femmes".
Par malchance, j'étais arrivée juste pour écouter le témoignage ou l'avis d'un homme qui m'a donné envie d'utiliser la violence contre lui.
En fait, ce type voulait nous expliquer que théoriquement il était contre toute violence en général, et contre la violence à l'encontre des femmes en particulier, mais qu'en pratique, les femmes poussent parfois à la violence.
Il voulait nous expliquer que les femmes, vu leur refus d'obéissance à leurs maris, vu certaines de leurs réactions, de leurs exigences... acculaient leurs maris à la violence.
En fait, si les hommes utilisent la violence contre les femmes, c'est tout simplement la faute de ces femmes.
Waow!!!!!
Ensuite, un autre auditeur est intervenu. Il a dit qu'il était contre toute violence à l'encontre des femmes. Que la violence est un signe de faiblesse de celui qui y a recours.
Le premier auditeur a repris la parole. Il a accusé le second d'être à la botte de sa femme. Il lui a dit qu'il ne comprenait rien, que la violence contre les femmes était répandue dans la société, qu'elle existait partout, dans toutes les sociétés et toutes les classes sociales. Il a même donné des exemples d'hommes célèbres qui battaient leurs femmes....
Ce que je trouve étonnant, c'est que cet homme ait le culot de penser et dire ces choses à la radio. Il est convaincu d'avoir raison. Et c'est cela qui est effrayant. Il est sur d'avoir raison, et est certain que les femmes méritent d'être battues. Aucun doute, aucun questionnement...
Comment est-ce possible?
Aujourd'hui, en voulant mettre le lien de l'émission sur ma note, j'ai écouté d'autres témoignages d'autres auditeurs allant dans le même sens. Plusieurs hommes tunisiens sont donc d'accord pour trouver qu'il est normal de battre les femmes. C'est choquant. Ce qui est encore plus choquant, c'est lorsqu'une femme trouve que les femmes méritent, et même doivent être battues.
En plus, je pense qu'il y a 30 ans, aucun homme tunisien n'aurait osé dire des choses pareils. Je pense que ces témoignages montrent que notre société tunisienne a vraiment régresse. L'influence des chaines satellitaires?
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