J’ai lu deux livres de cet auteur. L’été dernier, c’était «L’attentat», que j’avais lu d’une seule traite, et cet été, c’était au tour de «Les sirènes de Bagdad».
Je n’avais pas entendu parler de ce livre, il nous avait été offert.
Je l’ai lu. Et j’ai adoré.
Ce livre se situe sur le plan de l’individu. Le problème israélo-palestinien au plan de l’individu. Pas de politique.
Plusieurs problèmes sont posés:
- l’intégration
- le délit de faciès
- la vie
- Voir de l’extérieur (comme nous), et vivre de l’intérieur.
L’auteur ne prend pas parti. Il dénonce le comportement des uns et des autres.
Il s’agit d’un chirurgien Arabe, naturalisé Israélien. Il est bien intégré dans la société israélienne. Un jour, il découvre que sa femme est une kamikaze qui s’est faite exploser dans un restaurant.
Cet homme, bien vu par son entourage, bien respecté par ses voisins, collègues et amis, se retrouve du jour au lendemain sur le banc des accusés, il se trouve du coté des indésirables. Presque tous lui tournent le dos.
Tout de suite, cet homme qui recevait les honneurs est maltraité par les autorités israéliennes. Il n’est plus considéré en sa qualité d’israélien, il redevient un Arabe.
Il lui restera quand même deux amis juifs israéliens qui ne le rejetteront pas. Sur le plan individuel, l’amitié Israélo-palestinienne est possible.
Pourtant cet homme en menant une vie exemplaire et loin du tumulte se croyait à l’abri. Je pense que quelque part, cet homme, c’est nous. Nous sommes au loin, bien à l’abri chez nous, nous jetons un coup d’œil aux problèmes israélo-palestiniens, mais notre regard ne peut être objectif, car nous les voyons de l’extérieur. Nous les voyons de loin, et nous «oublions» que pour certains, ces problèmes sont la réalité, et non des reportages sur les journaux.
Nous vivons nos vies tranquillement, bien à l’abri, sans rien ressentir dans notre chair.
Cet homme se retrouve tout d’un coup de l’autre coté du miroir, de l’autre coté du mur, et il est obligé de faire face à une réalité qu’il voulait ignorer.
Par les termes péjoratifs qu’utilise l’auteur pour parler des «militants» palestiniens, on sent qu’il ne les approuve en aucun cas. Mais par ailleurs, il voudrait essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés au point de sacrifier leurs vies.
Il est certain que les kamikazes ne sont pas tous des fous. Les palestiniens veulent se venger des humiliations subies. Même si les attentats sont bien sûr inacceptables, que reste-t-il à ceux qui ont tout perdu à part la lutte armée?
L’auteur ne veut pas leur trouver d’excuses ou de justificatifs, mais il veut essayer de comprendre. Même s’ils ne trouve pas les réponses, il pose de bonnes questions.
Je l’ai lu en trois jours. Cette fois-ci, l’auteur nous parle de l’Irak.
Toujours coté humain. On vit avec un jeune homme, qui de simple bédouin, vivant tranquillement dans son village, se transforme en «terroriste» potentiel.
Petit à petit, on vit la transformation qu’il subit. On comprend cette transformation. On pourrait presque se demander si ces pauvres irakiens ont d’autres choix que la lutte armée.
Dans les sirènes de Bagdad, bien qu’ayant des mots très durs envers les soldats américains, bien qu’il soit complètement contre la politique américaine qu’il dénonce d’ailleurs sans indulgence, l’auteur essaye de montrer que l’homme occidental reste un humain avant tout. Et cet humain mérite respect pour cette condition d’humain. Dans cette guerre aussi, l’individu n’a rien à voir avec la politique.
L’auteur n’est pas non plus indulgent envers les «résistants» irakiens, il décrit aussi leurs dérapages et leurs bavures, même si pour lui, ils sont plus excusables que les américains.
Une discussion à la fin du livre, entre deux intellectuels arabes, l’un, le docteur Jalal, qui était pro-occidental et qui a changé de camps, et l’autre, Mohammed, écrivain, qui prône un humanisme certain, montre où se situe l’auteur.
« - Tu as le cul entre deux chaises, Mohammed. C’est une situation très inconfortable. Nous sommes en plein choc des civilisations. Il va te falloir choisir ton camps.
- Je suis mon propre camp.
- Prétentieux! On ne peut pas être son propre camp, on ne fait que s’isoler.
- N’est jamais seul celui qui marche vers la lumière.
- Laquelle? Celle d’Icare ou celle des papillons de nuit?
- Celle de ma conscience. Aucune ombre ne la voile.»
Et je suis tout à fait d’accord avec lui. L’important c’est l’être humain. La violence et la haine ne mènent nulle part.
Dans ces deux livres, l’auteur ne se mêle pas de politique. Il ne prends pas non plus parti pour un camps ou un autre. Son camps, c’est l’être humain.
Seul l’être humain l’intéresse. Et c’est ce que j’apprécie chez lui.
Dans "l’attentat", l’auteur essaye de se mettre à la place des israéliens et à la place des palestiniens. Il veut montrer que l’individu n’a rien à voir avec la politique. L’individu ne fait que la subir.
Dans «les sirènes de Bagdad», à la fin du livre, le jeune bédouin, terroriste en puissance, bien préparé et bien déterminé, n’ira pas jusqu’au bout de son acte.
Il va prendre conscience de l’horreur de sa situation après une discussion avec le docteur Jalal et après avoir observé de simples gens, des occidentaux ordinaires, qui n’ont eux non plus rien à voir avec la politique et les guerres. Des gens qui vivent simplement leurs vies.
« … Toute guerre a ses limites. Sauf que là, on n’est plus dans les normes. Qu’espère-t-on après l’apocalypse? Qu’est-ce qu’il va rester du monde hormis la pestilence des cadavres et le chaos? Le bon Dieu lui-même, S’en arracherait les cheveux jusqu’à ce que Sa cervelle lui dégouline sur la figure… ».
J'ai déjà lu l'attentat...ce livre est extra...peut-être même parmi les meilleurs romans que j'ai lu ces 3 ou 4 dernières années...j'ai aussi commencer à lire "a quoi servent les loups?"...ca reste dans le même genre mais c'est différent quand même...ce n'est pas de la pub ce que je vais faire...mais il existe des romanciers arabes qui méritent le detour...j'en ai deja un en réserve c'est Rachid Boujedra...faut dire que c'est un style different et qu'on aime pas forcement...malgré tout ca reste un bon auteur autant que Yasmina Khadhra même si on ne parle jamais de ces auteurs là...pourquoi?... peut-être pour leurs opinions implicites et la nouvelle mentalité qu'ils pourraient faire passer...
Rédigé par : Affrikkanovic | 26/07/2007 à 12:48
exclent choix
j'ai lu le premier pas le deuxieme,j'etais bluffé par la qualité du livre et le niveau de cette auteur que je cite"A jenin ,la raison semble s'etre cassé les dents et renoncer à toute prothèse susceptible..."pas mal du tout avec un language cativant que t'est dur a mettre le livre a coté avant de l'avoir fini,ceci dit une question :tu pense pas qu'en réalité l'auteur approuve ce qui arrive (on le voit bien lorsque ils arrivent avec leur char pour detruire la maison du patriarche comment,le docteur ,se revolte et essaye de les en empecher" n'est ce pas la facon de l'auteur de dire qu'il comprend et approuve.
n'a t'il pas été contrarié a tuer son "heros" a la fin afin qu'il ne puise pas etre obligé de l'impliquer par la suite.
en tous cas j'ai bien aimé le faite qu'il en parle s'en pour autant prendre la parti de l'un ou de l'autre...
comme il le dit "LES motivations n'ont pas la meme consistance pour tous...
a suivre
Rédigé par : 3amrouch | 26/07/2007 à 14:11
Mes impressions sur le livre l'attentat
http://chopitos.blogspot.com/2007/07/attentat-de-yasmina-khadra.html
Rédigé par : Mils | 26/07/2007 à 17:10
@ Affrikkanovic:
J'ai acheté aussi "Les hirondelles de Kaboul", mais pas encore lu. Idem pour "La répudiation" de Rachid Boujedra.
Par contre, j'ai lu presque tous les livres de Rachid Mimouni, du moins, tous les livres que j'ai pu trouver.
J'adore ce genre d'auteurs.
@ 3amrouche:
J'ai préféré "L'attentat", peut-être parce que c'est le premier que j'ai lu. Je le trouve plus profond.
D'ailleurs, je vais attendre un peu avant de lire "les hirondelles de Kaboul".
J'ai lu "L'attentat" l'année dernière, je ne me rappelle plus tous les détails, mais je ne pense pas que l'auteur approuve qui que ce soit. Je dirais, qu'à l'instar de Mohamed, l'écrivain, qu'il fait intervenir dans "les sirènes de Bagdad", il est pour son propre camps, celui de sa conscience qui lui fait dire que l'important c'est l'être humain.
Il n'approuve pas, mais essaye de comprendre.
C'est du moins ce que je pense.
@ Mils:
Je suis allée voir tes commentaires.
On peut vraiment dire que chaque lecteur lit un livre d'une façon différente. Notre lecture est vraiment subjective, et c'est justement peut-être cela la richesse d'un livre!!!
Rédigé par : Massir | 26/07/2007 à 18:46
Je découvre ton univers et il me semble que nous partageons l'amour des livres..celui ci fait partie de ma PAL...
Rédigé par : Stéphanie | 17/09/2007 à 18:02
@ Stéphanie:
Je suis aussi allée voir ton chez-toi...
C'est quoi PAL? (je suis un peu nulle pour les abréviations!).
Rédigé par : Massir | 18/09/2007 à 01:59