Musulmans contre Islam? Rouvrir les portes de l'Ijtihad - Hechmi Dhaoui - Gérard Hadded
J'ai lu ce livre dès sa parution en 2006. Je ne sais pas pourquoi j'y ai pensé hier. Toute la soirée j'ai pensé à ce livre. Il m'a semblé, d'après les souvenirs que j'en gardais, qu'il disait que les ennemis de l'Islam aujourd'hui, sont les musulmans eux-mêmes. Et c'est vrai. Les pires ennemis de l'Islam sont bien les musulmans, qui le déforment, le dénaturent, lui font une mauvaise réputation... J'ai relu le quatrième de couverture.Deux psychanalystes, Gérad Haddad, juif tunisien vivant en France, et Hechmi Dhaoui, musulman vivant en Tunisie, s'interrogent sur la situation du monde arabo-musulman dans ses rapports avec l'Occident. C'est l'occasion pour eux de pourfendre quelques lieux communs et de mettre au jour certains paradoxes douloureux. Plutôt qu'à un choc des civilisations, ne sommes-nous pas confrontés à une guerre civile au sein d'une même civilisation méditerranéenne nourrie à la fois par le message monothéiste et la philosophie grecque transmise à l'Occident par les Arabes? Pour quelles raisons la brillante civilisation arabo-musulmane est-elle entrée dans un déclin à ce jour sans remède? Les auteurs soulignent l'importance, au IXe siècle, de la "fermeture des portes de l'Ijithad", c'est-à-dire de la "pensée critique" qui avait régné durant les premiers temps de l'Islam. L'imitation" des fondateurs remplaça alors la réflexion. Au lieu de s'attaquer à la racine du problème, le monde arabo-musulman contemporain paraît s'embourber dans deux mauvaises solutions pour sortir de ses impasses: le nationalisme et l'intégrisme, avec pour conséquence la voie sans issue du terrorisme. Loin de revenir aux sources vives de leur religion, des musulmans semblent bien avoir entrepris une régression vers des comportements et des valeurs préislamiques...
Le livre se présente sous forme d'interview. Gérard Hadded pose des
questions et Hechmi Dhaoui y répond.
Il est évident que hier soir je n'ai pas relu le livre. Peut-être un autre jour, mais pas maintenant, je n'ai vraiment pas le temps.
Mais je l'ai feuilleté. Je voulais trouver un extrait à publier. Mais je n'ai pas vraiment su choisir. Je vais donc vous en copier un au hasard. Vraiment au hasard. Cela vous donnera peut-être envie de lire le livre. Et à certains, il pourra peut-être fournir quelques explications.
"- Ce contraste conduit Lewis à poser légitimement la question: "Qu'est-ce que les musulmans ont fait de l'islam?"
Le grand malheur des musulmans, c'est qu'au lieu de se poser ce genre de questions sur les causes réelles de leur déchéance, ils préfèrent les imputer aux autres. Ils sont inconsciemment sartriens: l'enfer, c'est les autres. C'est le principe fondamental de leur mode de vie. Tantôt les musulmans expliquent leur retard dans l'islam par les invasions mongoles, tantôt par la dislocation et la déliquescence de l'empire Ottoman, et plus récemment, par le colonialisme et l'impérialisme occidental. Actuellement le leitmotiv ce sont les États-Unis manipulés par le sionisme.
- Ces causes existent bien.
- Mais nous sommes incapables de les relativiser, de nous dire: sans doute ces facteurs sont réels, mais pourquoi sommes-nous incapables d'y faire face? Pourquoi avons-nous été incapables d'empêcher l'envahisseur colonial de nous envahir? Pourtant, sur ce oint, le Coran est très clair: "Dieu ne changera rien à la situation d'un peuple tant que celui-ci, de lui-même, ne sera pas réformé."
- C'est la question des causes internes et des causes externes. Marx dira, des siècles plus tard, que les causes internent priment. Freud ne dit pas autre chose.
- Il est donc clair que Dieu nous appelle à nous réformer et à changer de mentalité. Les islamistes, qui veulent toujours nous ramener au passé khoraïchte, oublient ce genre de verset, oublient le caractère révolutionnaire à l'origine de l'Islam, qui a bouleversé la situation d'ignorance d'alors.
Aujourd'hui, dans le monde islamique, la recherche scientifique est totalement nulle, la réflexion en sciences humaines, idem. La création artistique est presque absente dans tous les domaines. Lorsque vous dites à un arabe le mot fennan, artiste, celui-ci pense immédiatement au chanteur de chansonnettes. Il oublie que ce mot désigne aussi le cinéaste, l'homme de théâtre, le danseur, le peintre, le musicien.
- Je vous trouve un peu sévère. On voit naître aujourd'hui, au Maghreb, une littérature, des expériences théâtrales intéressantes.
- Sans doute. Mais elles sont souvent produites à l'étranger, en exil, et elles restent mineures à l'échelle mondiale. Notre régression culturelle nous ramène au temps préislamique de la jahilia, où le discours, la parole, primait sur tout. Nous sommes devenus des êtres qui gaspillent toute leur énergie dans la parole sans produire d'acte efficace. De grands bavards, de grands démagogues, voile ce que nous sommes! Ce bavardage démagogique, langue de bois de surcroit, telle est la plate-forme commune à tous les dirigeants arabes.
Pensez à Nasser qui voulait jeter les Israéliens à la mer, c'est son armée qui a été jetée à la mer; à Khadafi et sa grande gueule, qui maintient son peuple dans l'ignorance; à Bouteflika, qui a prononcé de beaux discours et qui arrivé au pouvoir, maintient la même pourriture du pouvoir. Pensez à Saddam Hussein en Irak, qui a produit des intégristes et des obscurantistes à seule fin de maintenir son totalitarisme autocratique.
Aujourd'hui, la nostalgie traditionnelle des musulmans s'est reportée sur Ben Laden, chef d'Al-Qaeda. Ils trouvent même des explications à ses forfaits, expliquant que le terrorisme est l'arme du faible. Ils ne voient pas que celui-ci leur a causé plus de préjudices que n'importe qui. Ils ne se disent pas: Pourquoi Ben Laden, avec son énergie et son argent, plutôt que de créer une Internationale terroriste, n'a-t-il pas crée et financé un grand centre de recherche arabe dans les domaines des nouvelles technologies, au profit du monde arabo-musulman? Pourquoi n'a-t-il pas cherché à concurrencer les centres de recherche occidentaux, comme l'ont fait les Formosans, les Coréens, et aujourd'hui les chinois?"
Bonne lecture.
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