A l'occasion de la Journée Internationale des Femmes, j'ai choisis de vous publier cette lettre.
La femme tunisienne a eu plus de chance que sa voisine, le femme algérienne, mais elle doit bien faire attention, les droits ne sont jamais définitivement acquis. Un retour en arrière est toujours à craindre.
«Le coupable te blesse l'âme; moi, je te blesse seulement l'oreille.» Sophocle
Si l'Islam a libéré la femme arabe de l'infanticide et lui a rendu son statut en tant que femme aux premiers siècles de son apparition, certains musulmans contemporains l'on enfermée sous un tissu, sous prétexte d'une religiosité aberrante et d'une tradition importée et révolue. Pendant des siècles, certaines civilisations se sont interrogées sur la nature de la femme tandis que d'autres affirmaient que la femme est la source du mal.
Pis, elle était l'alliée du diable ! Depuis le siècle dernier, et surtout depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, les femmes gagnent de plus en plus de droits. Aujourd'hui, elles ont le droit d'être elles-mêmes. Pourtant ce droit d'exister en tant que femme n'est pas encore acquis dans tous les pays.
Qu'en est-il des droits de la Femme chez nous ? Saviez-vous qu'en Algérie, de 1962 à 2004, la polygamie est passée de 1% à 5,8%!
Ce sont les chiffres que les représentants du gouvernement ont donnés aux Nations Unies en janvier 2005, dans la revue du rapport algérien sur l'application de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discriminations(1). Peut-on pour autant considérer ce chiffre comme le signe de la régression des droits de la femme algérienne ou est-il le signe d'un retour aux valeurs authentiques tant réclamées par un certain courant idéologique en Algérie? Saviez-vous que les femmes sont les premières victimes de la décennie noire, des assassinats, des viols, des mariages forcés, qu'elles sont des mères célibataires et qu'elles sont régulièrement victimes d'actes incestueux et d'infanticides? Ces mêmes femmes sont abandonnées à leur sort car leurs parents ne veulent pas les accueillir parce qu'ils ont honte de devoir accepter que leur progéniture en est une victime. Tandis que d'autres parents acceptent de les cacher sous leur toit à une condition: pouvoir procéder à un avortement ou à l'abandon de l'enfant.
Ces femmes victimes sont parfois livrées aux réseaux de prostitution parce que l'État n'a pas prévu de centres pour les prendre en charge. Combien sont-elles? Combien d'enfants sont nés dans ces conditions? Quelle prise en charge propose-t-on à ces femmes et à ces enfants? Aucune statistique n'a été divulguée par les autorités concernées. Les religieux interprètent ces faits comme une déviation morale, le remède étant, selon eux le retour aux sources, c'est-à-dire l'application à la lettre de la religion. Prenons l'exemple d'un fait rapporté par la presse nationale(2) où une jeune fille de El Oued a été violée par un chauffeur de taxi. Supposons que cette fille tombe enceinte et devienne ainsi mère célibataire, doit-on pour autant l'accuser d'être une p? Or si elle ne souhaite pas garder cet enfant, elle ne dispose d'aucune solution légale hormis celle de la clandestinité, c'est-à-dire, se rendre dans un pays où l'avortement est légalisé. Pis, le fait qu'elle perde sa virginité la marquera à vie.
Une pratique est devenue «officieusement officielle» et consiste pour la jeune mariée à présenter à son mari un certificat de virginité en bonne et due forme. Cette pratique se normalise au fil du temps! Quelle est la position du corps médical qui délivre ce genre de certificat? À quelle déontologie se réfère-t-il? Où est, dans ces conditions, le respect de la loi? Djamila Benhabib(3) s'interroge: «Lorsqu'un mari répudie sa femme pour en prendre une plus jeune en la chassant du domicile conjugal, faisant de ses propres enfants des sans-abri, est-ce ce la volonté d'Allah ou celle du mari? Lorsqu'un mari bastonne sa femme jusqu'à la mort, est-ce la volonté d'Allah ou celle du mari?»
En 2009, dans un ouvrage très courageux et plein de vérités, Wassila Tamzani(4), avocate à Alger puis directrice des droits des femmes à l'UNESCO, expose d'une manière magistrale la condition des femmes en Algérie et dans le monde musulman. Elle fait le constat très alarmant de la situation des femmes en Algérie. La société musulmane tente de masquer leur situation sociale par des discours volontaristes et traditionalistes tandis que les grandes démocraties essaient de se protéger en fermant les yeux sur les dépassements des dogmatistes religieux. Dès qu'on aborde la question des droits de la Femme, on nous sert cette réponse traditionnelle: «l'Islam a donné plus de droits à la Femme que les autres religions ». Certes! Mais pragmatiquement, rien n'est fait! Les femmes sont souvent sous la tutelle des hommes.
Certaines sont analphabètes et vivent dans des conditions déplorables. Elles sont parfois enfermées toute la journée dans un appartement, dans une petite chambre, en attendant le retour de leur mari rassuré parce qu'elle ne croisera pas d'autres hommes et qu'elle restera à l'abri de leurs regards. Ces femmes sont ainsi réduites à la procréation et aux tâches ménagères. C'est leur «Maktub» !
«Nous attendons toujours l'Égalité, écrit W. Tamzani, un demi-siècle après le début de la guerre de Libération, quarante ans après l'Indépendance, vingt ans après la démocratisation des institutions. Ce n'est jamais le moment. Un accouchement de vingt-quatre ans pour le Code de la Famille, un code insultant pour les femmes algériennes. En réalité, il a fallu attendre que l'Algérie se vide de toutes ses utopies, que les tenants d'une morale sexuelle protohistorique s'installent dans nos villes et au pouvoir et effacent les restes de métissage colonial et de la guerre de libération, deux facteurs de modernisation de la société algérienne. Il a fallu attendre que le nationalisme identitaire l'emporte sur les rêves des enfants de l'an 1 de l'Algérie républicaine, socialiste et populaire. Le temps d'y ajouter, au creux, sa dernière épithète: musulmane» (5). Si les femmes portent de plus en plus souvent le voile, c'est que la société les oblige à le porter l'enfermant à coup sûr dans un sentiment de culpabilité auquel il est difficile de faire face surtout quant on sait que l'école algérienne est vidée de toute forme d'esprit critique. Elles sont donc victimes d'un processus d'endoctrinement depuis l'enfance. Si elles refusent de le porter, elles seront considérées comme des infidèles et la société les accusera de tous les maux. Souvenons-nous de ce qui s'est passé suite au séisme de Boumerdes en 2003: la religiosité a fait croire au peuple que le séisme s'était produit à cause des femmes qui ne portaient pas le hidjab. Depuis lors, le nombre de femmes portant le voile est en nette progression et s'étend même aux petites filles dès l'âge de trois ans!
Le mufti de la mosquée de Marseille, Souheib Benchikh, s'est prononcé contre son port: «le voile est une fausse route pour les jeunes filles. Rien dans le Coran ne leur impose d'afficher ainsi leur foi. Le voile conduit trop souvent à des comportements inquiétants, comme le refus de la mixité, de l'égalité des sexes, des cours de biologie ou de sport»(6). J'ai vu récemment sur une chaine télévisuelle algérienne, des femmes septuagénaires, chantant des chansons traditionnelles, toutes voilées. J'ai été étonné autant qu'alarmé par tout ce qui se passe dans notre société. Autrefois, c'était les femmes qui conservaient nos traditions et les faisaient perdurer. Désormais, qui va protéger notre identité culturelle? Selon Mourad MERDACI, professeur en psychologie clinique à l'université de Constantine(7): «La distorsion des normes familiales s'inscrit au tableau de comportements symptomatiques où des adolescents, encore enfants, énoncent les règles à satisfaire dans la vie familiale, voilent leurs mères et prescrivent des rites ataviques. De fait, les lignes de la filiation se sont déplacées. Les tuteurs ne sont plus les pères biologiques mais des modèles refondateurs et atypiques, séducteurs, assimilateurs et abandonniques».
Parlons du harcèlement qui est devenu une pratique courante sur les lieux de travail(8). Des hommes qui abusent de leur pouvoir hiérarchique pour faire subir aux femmes leur bestialité sexuelle. Idem en ce qui concerne le viol des femmes par leur mari. «Le voilement du corps de la femme, selon M. MERDACI, est d'essence paranoïde et d'élaboration défensive contre l'attrait charnel et l'érotisme féminin. Pour transcender la signification du corps, spécifiquement féminin, le voile désigne les sources sociales, mentales et anthropologiques de pratiques de pouvoirs, de dépossession et de domination, de licitation et d'interdiction». Finalement, «Les femmes apprennent à travers les âges la résolution névrotique de porter les fragilités de la société. Elles transmettent aussi à leurs proches des héritages de mortification et de vies manquées. La violence contre les femmes est souvent institutionnalisée dans les formats et les maillages de protections incertaines, de réparations improbables et de dépendance surdéterminées dans la recherche d'exutoires spirituels, dans le port du voile, ou ludique et ostentatoire, dans les artifices d'une libération parente et illusoire(9)». Même si l'actuel président essaye de modifier quelques textes législatifs en faveur de l'émancipation de la femme, tout cela reste lettre morte. Car le vrai changement émane de l'individu et d'une émergence d'un mouvement citoyen revendicatif mûrement réfléchi. Le mouvement féminin a besoin d'un nouveau souffle, d'un nouveau leader, d'une nouvelle génération de femmes courageuses, convaincues et déterminées. Le mouvement «Rachida» a été une belle aventure! Il est inconcevable de parler de développement sans associer la Femme, car elle est le cœur de tout changement social. La leçon a été retenue par quelques pays asiatiques et sud américains. À quand le tour des Algériens?
P.S. Le 25 mars 1994 était le dernier jour de l'ultimatum du GIA ordonnant aux femmes le port du hidjab. Trois jours après (le 28/03/94) Katia Bengana de Meftah, âgée de 17 ans a été sauvagement assassinée pour avoir refusé de porter le voile. Ne l'oublions pas afin que son sacrifice ne soit pas vain!
Auteur :Yazid Haddar
Le Quotidien d’Oran, le 07/03/2010
Massir,
l'histoire du combat de la femme algerienne est interminable
je me rappelle dans les années 85 que j'étais la seule juge d'instruction dans un gouvernerait et je n'avais aucuns mal à m'imposer ou respecter.je résidais loin de ma famille qui sont d'Alger ,soit à peu prés 2OOkm.en plus j'étais la seule femme qui ne portais pas de hijab.
Deux après ,j'ai rejoins le barreau ,par mon choix personnelle,j'ai travaillé au sud. j'ai exercée et habiter seule, ne portons pas le hijab et j'avais pas mal d'ami du sexe opposé.
Dans les années ou l'Algérie à feu et à sang :beaucoup d'islamistes fréquentaient mon cabinet(car j'étais très active dans le domaine droit de l'homme.
Je me suis marié et c'était mon choix,mon mari tunisien et ma mère aussi.
Mon pére algérien (mais à fréquenter zaitouna).nous à laisser écrire notre destin. c'est un homme conservateur ,mais pour les études et le travail de la femme.
Si,j'ai quitté mon pays c'est pour d'autres raisons. il faut dire que je suis à moitié tunisienne.
C'est une réussite personnelle en effet.
En ce temps-là, j'avais beau frimer de ma belle carrière, la tristesse était palpable. Je savais au fond de moi qu’il y a avait quelque part, dans un village ou une banlieue du pays, une femme algérienne qui se faisait égorger par des barbus fous.
Mais pour conclure:
le système politique algerien est seul comptable de la sécheresse intellectuelle imposées aux femmes algériennes et de leur absence dans les institutions.
En somme, le pouvoir ne se contredit pas : une mineure à vie dans le droit ne peut être responsable dans la vie politique.
Rédigé par : aman | 08/03/2010 à 17:58
@ Aman:
Je n'ai pas compris ce que tu voulais démontrer.
Rédigé par : Massir | 09/03/2010 à 01:05