Je suis entrain de regarder (pour la nième fois) le film "bayna il quasrayn" (Impasse des deux palais), premier des 3 films de la trilogie de Naguib Mahfouz. Très beau film, avec le grand Yahyia Chahine dans le rôle de Monsieur (Si Essayed).
A un moment, on voit les égyptiens musulmans et coptes s'unir pour chasser le colon anglais.
On les voit prier ensemble, les uns chez les autres, à l'église et dans la mosquée, côte à côte. Tous des égyptiens sans distinctions aucunes. Que des égyptiens. Des égyptiens égaux.
Ensemble contre l'ennemi, main dans la main, une seule et unique voix.
On les voit marcher ensemble, manifester ensemble, brandissant le même drapeau portant un croissant et une croix.
On les voit crier le même slogan "Le croissant et la croix unis".
C'étaient les années 20/30, relatées dans un roman des années cinquante, portées à l'écran en 1964.
Qu'en est-il aujourd'hui?
Pourquoi ces égyptiens unis il y a quelques dizaines d'années sont-ils aujourd'hui des frères ennemis?
Pourquoi?
Pourquoi les extrémismes religieux séparent-ils les gens?
Quel dommage!!!
P.S.: Le film passe actuellement sur Rotana zaman.
Il y a environ 3 jours, je suis tombée sur cette note, complètement par hasard, publiée sur facebook. Du coup, je suis allée lire plusieurs notes écrites par la même personne. Et j'avoue avoir beaucoup apprécié ce que j'ai lu.
Je lui ai écris un message lui demandant s'il avait un blog, et lui demandant l'autorisation de publier sa note sur le mien.
Malheureusement, il n'a pas de blog, mais il m'a permit de publier sa note, à la condition que je ne dévoile pas son identité.
Ses amis facebookeurs reconnaitront quand même cette note puisqu'ils l'ont peut-être déjà lue sur facebook.
Et j'espère qu'il viendra répondre à vos éventuels commentaires et/ou questions.
Religions, idéologies, conscience et humilité
Pourquoi est-il si difficile de dialoguer avec les religieux et les idéologues ? (je précise que religieux ici ne veut pas dire croyants mais ceux-beaucoup plus nombreux que l'on pense- dont la religion est un capital social et/ou un fond de commerce duquel ils tirent statut et/ou pouvoir : les "je sais mieux que toi", les "khayra ommatin" et autres "peuple élu" , de la même façon qu'idéologues ne veut pas dire personnes ayant des idées ;) ).
Le religieux et l'idéologue n'aiment pas dialoguer en dehors de leurs propres référentiels et certitudes ... Leur croyance n'est pas matière à réflexion et à débat et parce qu'ils sont imbus de leur supériorité et de la supériorité de leur version de vérité.
Alors comment contenir les tentations extrémistes et totalitaires ? Certains croient que la seule façon de modérer ou de faire évoluer les choses est de faire évoluer les systèmes de l'intérieur sans heurter les pensées dominantes. Pour eux, c'est acquis, on ne peut parler au religieux d'égal à égal que lorsqu'on est dans le même référentiel de croyances et d'idéologies... Autrement dit avant de négocier il faut signer une reddition ... Est ce bien raisonnable ? Est ce bien acceptable ? N'est ce pas là une forme de lâcheté et de paresse intellectuelle ? N'est ce pas surtout un encouragement qui conforte encore plus le croyant ou l'idéologue dans leur manque d'ouverture, de conscience critique et d'humilité ?
Accepter le principe qu'on ne peut discuter et faire évoluer une religion ou une idéologie qu'en étant à l'intérieur de ses lignes rouges (encore faut-il bien les définir dans la pensée du moment) c'est accepter le fait que les vérités des autres ne sont pas équivalentes en valeur puisque celui là même qui réclame à cors et à cris le respect de ses lignes rouges et de ses croyances est incapable de regarder la pensée différente autrement que comme une pensée inférieure ou impure. Accepter les lignes rouges d'en face sans réciprocité, c'est le champ libre à ce que les dominants ou aspirant à dominer rêvent toujours d'imposer aux autres : la capitulation. C'est un champ ouvert vers le totalitarisme, le sectarisme et l'inquisition ...
Toutes ces vérités qui se veulent absolues et qui se valent au moins dans ce désir sont la braise de tous les feux qui consument le monde.
Le monde a besoin d'un contre-pouvoir et de gardes-fous (au vrai sens du terme). C'est un besoin collectif et c'est l'intérêt de tout le monde croyants ou pas. Ces gardes-fous ne peuvent être qu'à l'extérieur des dogmes, ces derniers devant avoir leurs propres soupapes de sécurité pour éviter l'aveuglement, l'enfermement et l'intolérance.
Le jour où j'ai mis les pieds en France, j'ai compris ce que croyance veut dire parce que j'ai été au contact d'autres croyances que j'ai toujours ignoré et à la limite vaguement considéré auparavant comme inférieures à la mienne (c'est ce qu'on nous apprend) et j'ai tout de suite compris que les personnes d'en face croient dur comme fer qu'il n'y a de Dieu que leur Dieu et que seule leur croyance est la vraie vérité ... J'ai appris depuis en m'intéressant à l'Histoire que les religions d'hier n'étaient guère différentes et que leurs tenants étaient aussi sûrs d'eux que nous puissions l'être de nous mêmes aujourd'hui ...
Quoiqu'on prétende, un musulman ne peut pas encore accepter que sa vérité soit toute aussi imparfaite et relative que celle du bouddhiste, de l'hindouiste, de l'animiste ou du laïc. De même un sunnite considérera sa religion plus vraie que le shiite et un wahabite verra un sunnite classique comme un mauvais musulman qu'il faut mettre en camp de rééducation ... Ce qui est dit ici de l'islam est aussi vrai du judaïsme ou du christianisme, voire même des petites sectes nées d'hier ou même du capitalisme, du libéralisme, du communisme ...
L'Islam étant ma religion, c'est lui qui m'interpelle et me concerne le plus et c'est lui qui me peine de se trouver aujourd'hui en prise avec des courants extrémistes, totalitaires, abrutissants et brutaux et c'est lui qui me peine de se trouver dans la tentation de l'isolationnisme et du repli.
On peut toujours attendre un Ibnou Khaldoun ou un Ghazali pour faire émerger un Islam des lumières et de l'ouverture mais c'est vaine attente lorsqu'on considère l'histoire et les forces actuelles en présence. Car si Ibn Khaldoun ou Ibnou Rochd étaient nés de notre époque, ils auraient une fatwa de takfir et de mort sur de dos depuis longtemps et seraient probablement enseignants à Berkley ou à La Sorbonne sous protection policière ...
La chape de plomb de 14 siècles est trop lourde pour être soulevée par un individu aussi brillant et pertinent soit-il. Le salut ne peut être que collectif ... et le collectif commence par l'individuel et sa massification ... La masse chez nous, ce sont des individus encore sous tutelle ... Une masse qui a appris à lire et écrire ces dernières années et qui est encore loin de pouvoir penser sa réalité ou prendre son destin et son avenir en main. Aujourd'hui encore, pour beaucoup de nos coreligionnaires, décider avec son cerveau de comment s'habiller semble encore une bid3a, une audace inadmissible ... Alors ????
On est très loin. On l'est parce qu'on vient d'encore plus loin ... et on l'est parce que nous sommes enchaînés et constamment tirés en arrière par les évènements politiques et géostratégiques que nous subissons comme une malédiction.
Ma vision personnelle est que le salut collectif est d'abord dans la prise de conscience individuelle et immédiate de la nécessité de nous réveiller et de nous éveiller pour devenir des êtres pensants, conscients et ouverts sur notre monde ... il faut oser vouloir l'être ... oui je dis bien oser vouloir.
Ce que chacun de nous doit chercher c'est l'éveil à la conscience de soi, de son histoire, des autres et du monde pour renouer les fils et trouver une cohérence entre ses croyances, sa réalité et ses aspirations, entre soi et les autres, entre ici et ailleurs, entre aujourd'hui et hier.
Encore faut-il avoir la volonté, le courage, le temps, la capacité et l'énergie pour creuser au delà des apparences et remonter le fil de l'histoire, de la sienne propre et de celle de ses semblables. Un long voyage mais qui en vaut certainement la peine et les peines ...
Le problème c'est que le voyage dans l'autre pente est beaucoup plus facile. La pente est glissante, nos pieds savonnés depuis tout petits, et les mouvements de foule aveugles nous poussent dans le mauvais sens ...
Malgré tout ça, il me semble dans l'ordre naturel des choses que l'humain évolue et que la conscience prenne le dessus sur les réflexes, à la longue. Peut-être est ce une déformation de mon background de biologiste ... Mais non ... Car lorsque je regarde l'intelligence des enfants d'aujourd'hui, mon espoir grandit ... A six ans ils commencent à parler plusieurs langues, s'éveillent à la diversité du monde, de ses paysages, de ses créatures, et de ses populations, connaissent les dinosaures par leurs noms, connaissent l'histoire des chevaliers et des pirates, connaissent les planètes, ...
Le mouvement de l'esprit humain est irrépressible sur le long terme. Dieu a bien fait la nature et le vivant. Le langage avec lequel il a écrit les atomes, les molécules et les gênes est de loin plus puissant et plus juste que les langages humains imparfaits dans lesquels nous tentons de dire nos vérités et nos croyances que nous voudrions pourtant parfaites, ou du moins plus parfaites que celles des autres ... Pas simple tout ça .... mais qui sait ???? La conscience de la complexité est probablement le début du grand voyage de l'humilité.
Waow. C'est génial. Je n'ai été créée que pour être une attraction destinée aux hommes!!!!
Eh, vous qui depuis des années me dites que les hommes et les femmes sont pareillement des êtres humains, qui me dites que nous sommes égaux, que nous avons les mêmes droits et obligations, que nous pouvons faire le même métier, que nous avons les mêmes capacités intellectuelles.... pourquoi vous ne m'avez pas dit que j'étais destinée biologiquement et par nature à être une attraction pour les hommes????
Pourquoi donc m'avoir fait perdre de longues années sur les bancs des écoles, des lycées, de la fac... alors que je n'étais destinée biologiquement et par nature qu'à distraire un homme?
Pourquoi m'avoir fait perdre du temps à lire, à apprendre, à travailler... alors que je n'étais destinée biologiquement et par nature qu'à servir d'attraction à un homme?
Pourquoi m'avez-vous fait croire pendant de longues années que j'avais un corps, propre à moi, et qu'il fallait que ce corps me serve à moi, alors que biologiquement et par nature, il ne devait servir qu'à satisfaire un homme?
Pourquoi pendant de longues années m'avez-vous fait croire que les femmes avaient le droit d'avoir une sexualité propre, d'avoir du désir et du plaisir, alors qu'en fin de compte, elles sont destinées biologiquement et par nature à juste satisfaire la libido d'un homme?
Depuis des mois et des mois je cris à la dérive que la Tunisie pourrait connaitre, apparemment je n'avais pas tort. Cela fait froid dans le dos. Où allons-nous?
En descendant la pente...
La blague du jour ? Un numéro raté d'une caméra cachée qui ne fait rire personne, ou un poisson d'avril paumé des saisons ? Non. Tout simplement la face blafarde d'une réalité crue et nue, à vous donner des frissons dans le dos. Car il ne faut jamais sous-estimer les indices précurseurs d'un déluge à venir, si l'on veut justement éviter le déluge. Dans un grand centre commercial assez éloigné du centre-ville, et pendant le mois de Ramadan, un client s'est arrêté un moment pour manger quelque chose sur le pouce entre deux courses. Pour des raisons qui le regardent, et ne regardent que lui (nous préciserons tout de même ici qu'il est diabétique et cardiaque), il est dans l'incapacité de jeûner. Mais cela importe peu en l'occurrence puisque la Tunisie est un pays modéré et aux dernières nouvelles, c'est toujours le cas. Sauf que, ne voilà t-il pas que notre homme est pris à partie par deux policiers, munis de talkies-walkies et officiant en civil qui l'interpellèrent sévèrement sur le fait qu'il soit en train de se restaurer, lui affirmant qu'étant tunisien, il n'avait pas le droit de le faire à l'extérieur de chez lui, et qu'il devait illico-presto, interrompre son déjeuner et partir. Abasourdi et choqué à la fois, il leur expliqua qu'il n'avait pas pour habitude de circuler avec son dossier médical à la main en guise de sauf-conduit pour cas de force majeure, et rentra chez lui, évidemment ulcéré. Ce ne doit pas être un cas unique, un cas isolé mais, à notre humble connaissance, c'est une première dans nos murs. Et c'est très grave... Parce que, la dérive est facile à partir du moment où l'on commence à emprunter cette pente en descendant, jusqu'à ce que, sans crier gare, on se retrouve dans le ravin. Et il ne faut pas que l'on se retrouve dans le ravin, parce qu'il n'est pas question que ce qu'ont bâti nos aïeux, à force d'y croire, pour nous sortir de l'obscurité et de l'obscurantisme, soit détruit en, deux temps trois mesures, par des énergumènes (investis ?) d'une mission rétrograde et absurde, qui consisterait à ramener les « brebis galeuses » dans le droit chemin. Qui plus est au nom d'une loi, qui n'existe pas. Mille fois non parce qu'il ne manquerait plus que de jouer aux courtisans, pour faire les yeux doux à certains voisins, pas si proches que cela, parce qu'ils auront eu la bonne grâce d'investir dans nos murs ; lesquels voisins seraient « offusqués » de constater que la Tunisie est un Etat modéré et qu'il entend bien le rester. Car autrement, comment expliquer ce genre d'attitude, inhabituelle et intolérable, dans un pays lequel, aussi loin que l'on remonte dans le temps, a toujours été un carrefour de civilisations successives qui auront forgé notre identité de tunisiens ? Parce que, si aujourd'hui des agents de l'ordre vous empêchent de prendre votre collation, demain il vous demanderont d'aller vous voiler, et pourquoi pas tant qu'à faire, de porter la « bûrquâ » ? Samia HARRAR
Mail reçu hier. Je trouve cet article intéressant, en plus, bien qu'il parle des Algériens, il s'applique aussi aux tunisiens. Je le publie tel quel, y compris le lien.
Chaînes satellitaires religieuses : Les stars de la prédication dans les foyers algériens
La profusion des chaînes de télévision satellitaires arabes a donné lieu au phénomène des prédicateurs et autres docteurs en sciences islamiques, devenus de véritables stars du petit écran.17 Septembre 2008, La voix de l'Oranie
Des orateurs talentueux mais dont personne ne contrôle l’exactitude du savoir religieux, ni les opinions politiques parfois extrémistes, font leur apparition...
A chaque mois de Ramadhan, leur audimat fait un bond en avant. Les chaînes religieuses telles Iqraa, Al Rissala ou al Nas TV voient leur influence grandir en Algérie auprès d’un public avide de conseils et d’enseignements religieux.
L’avantage de ces chaînes sur tous les autres médias, c’est que le public trouve ainsi disponible à toute heure de la journée et d’une manière gratuite un contenu moins coûteux et plus facile à consulter que les livres, chers, ou les CD-rom et les cassettes jusque-là en vogue.
L’argument d’attractivité de ces chaînes, en dehors de la diffusion du Saint Coran et des préceptes de la religion, est de mettre en avant des prédicateurs qui sont devenus de véritables vedettes de l’écran. Devenus célèbres grâce à une rhétorique bien maîtrisée, ils sont suivis par un large public, qu’il s’agisse des personnes âgées ou des jeunes.
Disposer de son prédicateur maison est devenu même un must pour toutes les chaînes arabes, comme le JT, la météo ou le feuilleton à l’eau de rose. Même le bouquet Rotana, destiné pourtant au divertissement, n’y échappe pas.
Ciblant un public jeune, ouvert sur la mode et les nouvelles technologies, Rotana a dû sacrifier à la mode des émissions religieuses en s’offrant, via sa filiale Rotana Khaleej, disponible sur Nilesat que tous les Algériens connaissent désormais, la star montante de la prédication, le docteur saoudien Ghazi Echchamri.
Son émission fait déjà polémique parce que diffusée à l’heure du f’tour, entre deux émissions de variétés et de vidéo clip.
Si ce débat n’a pas encore fait tâche d’huile, comme ce fut le cas pour le feuilleton à l’eau de rose «Noor», il dévoile à quel point les émissions de prédication religieuses sont devenues un segment indéniable du marché de l’audimat arabe.
En Algérie, la vedette n°1 en la matière demeure certainement l’Egyptien Amrou Khaled, 41 ans et déjà au top de sa carrière, en dominant trois chaînes religieuses et un site Internet, alors que ses revenus ont été estimés en 2007 à plus de 2 millions de dollars.
Maniant avec dextérité les techniques audiovisuelles, son discours prônant une pratique religieuse allant au-delà de la prière et de la zakat, mais un engagement pour le bien de la Oumma, il représente pour son public, à majorité féminin, le musulman adapté au 21ème siècle. Ce Ramadhan encore, il présente Qissass el Qor’an sur l’une de ses chaînes.
Mais il y a les autres. Le cheikh Youssef Al Qaradaoui demeure très suivi à travers son émission «Al-Chariaa wal-Hayet», sur «Al-Jazeera». L’on peut citer aussi Mohammad Hassan, Houssine Yakoub, Abdelkafi, Souidan, Wahdan et d’autres encore, de plus en plus nombreux, dont le cachet par émission est fonction de l’audimat suscité.
Le problème, c’est que, sauf sur certaines questions évidentes, peu d’Algériens qui regardent ces émissions peuvent faire la différence entre un prédicateur sunnite, chiite, malikite ou wahabite, etc.
Car ces prédicateurs sont désormais diffus dans un champ médiatique totalement incontrôlable, et ce, dans différents produits télévisuels, allant du talk-show au feuilleton en passant par la chanson.
Face à un enseignement public appauvri à l’extrême, une famille de plus en plus éclatée et des réalités dramatiques, les capacités du public à juger de la qualité des intervenants est quasi nulle.
Dans les foyers, en tous cas, la fidélité du public envers ces prédicateurs est totale, surtout en l’absence d’orateurs de poids à la télévision algérienne.
Le dernier en date a été le défunt Cheikh Mohamed El Ghazali, avec son émission du lundi dont beaucoup de personnes se souviennent encore.
Certes, en ce Ramadhan, l’ENTV a fait l’effort de transmettre, outre les causeries religieuses quotidiennes, des dourous sur la sunna el mohammadia.
Mais cela n’a rien à voir avec le côté «people» donné à leurs vedettes par les chaînes religieuses du Moyen-Orient qui empruntent beaucoup de leurs techniques aux shows du prosélytisme catholique présentés par les chaînes occidentales vouées à cet effet.
Quant au contenu de ces émissions religieuses, il n’existe aucune instance d’aucune sorte ou des balises qui mettent la religion à l’abri non seulement des manipulations, qu’elles soient politiques ou commerciales, mais surtout des erreurs, des ignorances et donc des atteintes au sacré.
L’on sait que l’Algérie, via son ministère de la communication, a été partisane de l’instauration d’un minimum d’éthique des télévisions arabes au début de cette année, poussant à l’adoption par La Ligue Arabe d’une charte à cet effet, en février dernier.
Ce document doit, en principe, restreindre les libertés des chaînes satellitaires arabes et prévoit des sanctions en cas d’»offense aux dirigeants ou aux symboles nationaux et religieux».
La position de l’Algérie avait été fortement motivée par les dérives de la chaîne Al Jazeera et son fameux sondage sur le terrorisme. Mais cela englobait aussi d’autres aspects qui n’ont pas tous des liens avec la politique. Invitant à une interprétation très élastique, le document touche tous les domaines.
Au plan de la religion, les chaînes satellitaires devront en outre «s’abstenir de diffuser tout ce qui porte atteinte à Dieu, aux religions monothéistes, aux prophètes, aux sectes et aux symboles religieux de chaque communauté».
On ne sait encore si la Ligue Arabe compte vraiment appliquer cette charte et mettre enfin en place des critères sérieux de sélection des prédicateurs dont personne n’est en mesure aujourd’hui de mesurer la compétence et le degré de connaissance dans le domaine religieux. Amine B.
Dimanche soir, j'étais en voiture avec deux jeunes femmes illettrées. A un moment, Haïfa Wahbi passe à la radio. La plus âgée des deux demande à l'autre: "Tu crois qu'elle est musulmane ou pas?". L'autre lui répond: "je ne crois pas, c'est surement une kafra". Il faut voir le ton méprisant qu'elle a pris pour faire cette réponse!
Je l'avoue, cela m'avait mise dans une colère! Pourquoi ce mépris pour une personne qui ignore carrément leur existence? En plus, m'est venu à l'esprit l'histoire de la femme de ménage chrétienne. Pourquoi ce ton si méprisant et si supérieur?
J'ai enragé. Pendant quelques secondes, je n'ai pas voulu réagir, mais ensuite, je n'ai pas pu. J'ai éteint la radio, et je leur ai posé la question: "c'est quoi une kafra?"
La réponse est vite arrivée: "il koffar sont ceux qui ne croient pas en notre prophète Mohamed SAWS".
- "et alors?"
- "alors, ce sont des gens qui ne sont pas bien, ce sont des koffars". Toujours avec cet air méprisant.
- "pourquoi les détestez-vous ainsi?"
- "parce qu'ils ne croient pas en notre prophète Mohamed".
- "pourtant dans le Coran, Dieu nous parle de Issa (Jésus) et de Moussa (Moïse)..."
- "oui, mais à la TV, ils disent que ces gens sont des koffars. Ils n'ont pas voulu croire en Mohamed SAWS"
- "pourtant dans le Coran, Dieu nous parle de Mariem, de son fils Issa, il nous parle aussi de Moussa, et de sa fuite hors d'Egypte. Dieu appelle les Chrétiens et les Juifs Ahl Al Kitab. Il a recommandé de croire en Issa et Moussa..."
-"oui, c'est vrai. Mais à la TV, ils ont dit que ces gens croient que Issa est le fils de Dieu, alors ce sont des koffars. Comment peut-on dire que Dieu a un fils? Ils n'ont rien compris. Ce sont des koffars qui n'ont pas voulu reconnaitre que notre religion est la meilleure..."
- "Mais qui croyez-vous le plus, le Coran ou la TV? Et puis, les chrétiens ne disent pas que Jésus est vraiment le fils de Dieu, c'est plus compliqué que cela. Mais le plus important est que Dieu, notre Dieu, dit dans le Coran que nous, musulmans, juifs et chrétiens avons le même Dieu... Si vous voulez, vous pouvez dire que les païens sont des koffar..."
Je ne pense pas les avoir convaincues. Pour elles, la TV a dit que les chrétiens sont des koffars, et les koffars, Ô Mon Dieu!, sont des êtres inférieurs, alors croyons la TV!!!!
Je trouve horrible que la TV serve de nos jours à propager la haine et l'intolérance. Est-ce là son rôle?
Et puis, ne devrait-on pas saisir l'occasion du mois saint pour au contraire, propager un message d'amour?
"Je suis sceptique. Car le lien entre la religion et la société est ancré dans les mentalités et l'inconscient arabes. C'est une philosophie dans laquelle le religieux et le profane coïncident, ce qui s'oppose à l'exercice de l'esprit critique. Sans esprit critique, vous ne pouvez pas avoir devant la nature la liberté de pensée indispensable pour pouvoir la maîtriser. Or la critique est interdite dans la plupart des pays arabes, sous peine de prison ou d'exil. Le grand acquis de l'Europe est d'avoir libéré l'esprit critique. Ainsi a pu se produire le développement des sciences et de la philosophie. Dans les systèmes arabo-musulmans, la discussion consiste encore à savoir comment concilier la raison et la foi. Il n'y a plus aucun savant occidental sérieux pour concevoir les choses de cette manière. Certes, il existe de grands scientifiques qui s'affirment fondamentalement catholiques. Mais ils ne mélangent pas les deux. Vous connaissez la fameuse phrase de Pasteur, grand catholique: «Quand j'entre dans mon laboratoire, je laisse mes convictions au vestiaire.» Rien de tel n'existe dans l'islam, en dehors de quelques rares individualités. C'est pourquoi il faut défendre la laïcité avec ferveur. Non pas parce qu'elle représente une valeur en soi, mais parce qu'elle est la seule manière de séparer les activités politiques, intellectuelles et scientifiques des croyances religieuses."
Extrait d'une interview d'Albert Memmi publiée en 2004.
Comme j'ai la nette impression que certains ne comprennent toujours pas ma position envers les extrémistes, et particulièrement les islamistes, j'ai envie de remettre à l'ordre du jour cette note que j'avais écrite l'année dernière mais qui me semble encore d'actualité:
Et sincèrement, je reste toujours étonnée de l'amalgame qui est fait entre l'islam, tel qu'il est et tel qu'il nous a été enseigné pendant des années, que cela soit dans nos familles ou dans nos écoles, c'est à dire une religion de respect, de tolérance et d'amour, et l'islam qui nous est présenté aujourd'hui grâce aux pétro-dollars wahhabites, et qui n'est que haine, racisme, terreur, contrainte...
C'est cette nouvelle vision, lecture, interprétation... extrémiste que je refuse. Pour moi, elle est fausse, et fausse l'esprit même de l'islam.
Chaque sheikh invente, raconte, interprète... comme il veut. Et les fatawas pleuvent sur nous, les unes plus ridicules et invraisemblables que les autres. Et entre temps, certains d'entre eux se remplissent les poches sur le dos de gens crédules. Exactement d'ailleurs comme les prédicateurs américains qui se font un argent fou en manipulant les gens.
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