Hier aussi, j’ai été sur le plateau de tournage de Cinecittà. Hier, c’était en extérieur à La Marsa, et ensuite aux Berges du Lac.
A la Marsa, comme cela se passait l’après-midi, c’était assez sympathique. Les badauds regardaient, posaient des questions: c’est quoi ce film? Est-ce un film tunisien?…
Le plus drôle a été de voir arriver 4 jeunes filles en voiture. Elles insistaient pour savoir si on n’avait pas besoin de figurantes.
Elles mettaient en avant leurs atouts. Certains membres de l’équipe, pour les taquiner, leur ont dit qu’il s’agissait d’une co-production égypto-tunisienne, avec Ahmed Ezz, et qu’on avait besoin de figurantes un peu «dénudées». Elles ont tout de suite accepté!!!
Il faut dire qu’Ahmed Ezz donnerait envie à beaucoup de femmes de faire du cinéma. Quel bel homme!
Voici les photos prises hier.
Dorra Zarrouk, l’actrice principale:
Dorra Zarrouk et Lylia Kalay:
A propos de Dorra Zarrouk, qui passe actuellement sur radio Mosaïque, il y a une rumeur qui dit qu’elle s’est fiancée avec un ami. Est-ce vrai?
Elle serait venue à Tunis pour faire un film, et en repartirait avec un fiancé???
Qui sait?
Ibrahim Letaïef, le réalisateur, Elyès Zrelli, premier assistant réalisateur et Emna Bouyahia, scripte:
Petite pause pour toute l’équipe:
Y compris Dorra, dont le maquillage n'a pas encore été achevé:
Le soir, tournage au Lac. Un froid et un vent terribles. Nous étions tous emmitouflés dans nos manteaux, blousons, doudounes… Mais les deux acteurs, Môonem CHOUAYET et Dorra Zarrouk, ont du se débarrasser de leurs vêtements chauds pour tourner. Brrrrrr….
J’ai vraiment hâte de voir le film!
En fin de soirée, certains d’entre nous se sont déplacés chez Mamie Lilly pour dîner et finir la soirée en beauté. Rires garantis.
Update: Le film sortira officiellement sur les écrans tunisiens le 04/02/2009.
"J'ai la faiblesse de penser qu'en général la méchanceté n'est pas une preuve d'intelligence"
René Goscinny
"Il y a toujours une certaine méchanceté à rire de quelqu'un et la méchanceté est bien le signe le plus évident d'impuissance que je connaisse".
Robert Escarpit
"Bien que tout vice verse dans le coeur humain le poison de l'adversaire, c'est l'envie qui permet au serpent de cracher son venin le plus secret et de vomir la peste de sa méchanceté pour la faire partager".
Grégoire Le Grand
"Toute méchanceté a sa source dans la faiblesse ".
Sénèque
"Internet est le rendez-vous des chercheurs, mais aussi celui de tous les cinglés, de tous les voyeurs et de tous les ragots de la terre"
Hier, je l’ai rencontrée. Je l’avais déjà aperçue quelquefois de loin, et j’avais à chaque fois fait celle qui ne la voyait pas, mais hier, pour la première fois depuis 4 ans, je me suis retrouvée dans une soirée restreinte avec elle.
La toute première fois...
J’étais chez des amis communs lorsqu’elle est arrivée avec son mari. J’ai voulu éviter de la saluer, j’ai tourné la tête. J’ai voulu lui montrer à quel point je la méprisais. Mais elle a salué tout le monde, ensuite, elle s’est approchée de moi et m’a appelée. Je n’avais plus le choix, face aux autres invités, et surtout à nos hôtes, je ne pouvais pas ne pas la saluer.
Pourquoi d’ailleurs a-t-elle tenu à me saluer?
Était-ce un excès de bonnes manières et de politesse?
Voulait-elle montrer sa supériorité à moi?
Ou bien, voulait-elle me dire qu’elle ne m’en voulait pas?
Je ne saurais dire….
Mais devant les gens, elle m’a mise dans l’obligation de répondre à son salut.
La revoir a fait rejaillir en moi des souvenirs. J’ai fait un retour en arrière dans le temps, et même plusieurs retours en arrière.
Il y a 16 ans, j’ai divorcé. J’avais découvert que mon mari me trompait. Non seulement, il me trompait, mais en plus, il le faisait avec mon amie.
Nous avions un petit garçon de 2 ans. J’étais amoureuse de lui. Je l’aimais vraiment. Je pensais que nous étions un couple heureux. Nous étions un couple heureux. Il ne nous manquait rien. Et un jour, j’avais découvert sa trahison.
Le ciel m’était tombé sur la tête. Je m’étais sentie bafouée. C’était l’horreur. Une vraie horreur. Pourquoi avait-il fait cela?
Mais peu m’importait le pourquoi, j’avais ma dignité. Et ma dignité ne me permettait pas de vivre avec un homme qui m’avait trahie. Il n’était pas question que je sois le dindon de la farce.
J’avais exigé le divorce. Je ne voulais pas divorcer, mais je ne voulais pas non plus être l’idiote trahie. Je ne sais pas, peut-être bien que je ne comprenais pas ce que je faisais. Mais je sentais que ma dignité et mon amour-propre exigeaient le divorce. Alors, j’avais tenu bon. Il fallait divorcer.
Autour de moi, beaucoup me disaient que l’erreur est humaine, que je devais pardonner, que je devais penser à mon fils… Mais non, j’étais trop orgueilleuse, il fallait que j’aille jusqu’au bout.
Et puis, je savais que la loi prévoit deux audiences de réconciliation, et je pense qu’inconsciemment, je comptais dessus. Je crois que je pensais en mon for intérieur que je lui ferais peur, que je le ferais payer sa trahison lors de cette première audience en lui montrant que j’étais prête à aller jusqu’au bout et à divorcer, mais qu’ensuite, il me demanderait pardon, et que nous resterions mariés. Jamais je n’aurais cru que lui et moi pouvions être séparés.
Et nous voilà au tribunal. L’audience. Le juge nous demande si nous sommes sûrs de vouloir divorcer, nous répondons par l’affirmative. J’étais sûre que ce juge nous fixerait une date pour la deuxième audience. Mais, surprise, il nous a déclarés divorcés.
J’étais hébétée. Je ne comprenais rien de ce qui m’arrivait. J’étais là, devant le tribunal, j’étais divorcée sans même m’en être rendue compte. Je ne réalisais pas ce que cela signifiait. Ce n’était pas ce que je voulais. Je ne voulais pas divorcer. Je voulais juste lui donner une leçon. Je ne voulais pas divorcer.
JE NE VOULAIS PAS DIVORCER!
Mais je l’étais. J’étais divorcée. Divorcée. Séparée de mon mari que j’aimais. Je n’avais plus de mari. J’avis disloqué ma famille. J’étais seule. Seule avec mon petit garçon. Nous étions seuls.
Il a fallut faire avec. Mais, même aujourd’hui, alors que les années ont passé, alors que mon fils est presque un homme, je n’arrive toujours pas à réaliser, à comprendre, à comprendre comment j’en étais arrivée là.
Mon ex-mari s’est remarié avec sa maîtresse, mon ex-amie. Ils ont eu des enfants. En fait, je voulais le punir, et c’est moi qui ai été punie. Lui, a refait sa vie, a reconstitué une nouvelle famille, et m’a oubliée.
Mais moi, je ne l’ai jamais oublié. Les années ont passé, et j’en suis toujours au même point: comment tout cela est-il arrivé? Pourquoi suis-je divorcée?
Je ne voulais pas être le dindon de la farce, et je me suis retrouvée justement le dindon de la farce! Je ne voulais pas être la perdante, et je suis effectivement la perdante. Après tant d’années, je suis toujours amoureuse de cet homme, mais je l’ai perdu à jamais.
Je n’ai pas refais ma vie. J’ai élevé mon fils. Je sors beaucoup. Je me suis faite des amis, mais je crois qu’au fond de moi-même, j’attends toujours le jour où je retrouverais mon ex-mari.
Le deuxième retour en arrière, remonte à environ 5 ans. Un peu moins.
Ma meilleure amie, pourtant mariée elle-même, avait jeté son dévolu sur un ami à nous, marié lui-aussi. J’étais sa confidente. Elle me racontait tout. Et j’étais sa complice. Je voulais qu’elle réussisse à devenir la maîtresse de cet homme. Pourquoi pas d’ailleurs? Il est marié? Et alors? Mon mari aussi était marié, cela n’avait pas empêché mon ex-amie de le draguer, et même de l’épouser par la suite. Alors pourquoi pas? Ainsi va le monde… Et pourquoi seulement moi? Sa femme à lui, serait-elle meilleure que moi?
Alors, je l’ai aidée. J’ai tout fait pour créer des problèmes dans le couple de cet homme. J’ai tout fait pour le rapprocher de mon amie. J’ai conseillé mon amie, je lui ai fourni des alibis en cas de besoin…
Mon amie a fini par atteindre son but. Elle est devenue la maîtresse de cet homme. Cela n’a pas été facile. Cela nous avait pris beaucoup de temps, vraiment beaucoup de temps, des mois entiers, mais nous avions réussi, elle était finalement sa maîtresse.
Et j’en avais été heureuse, très heureuse. Je n’étais pas la seule à avoir été trompée. D’autres femmes l’étaient comme moi!
Je m’étais attendue à ce que sa femme demande le divorce. J’essayais d’une façon détournée de lui conseiller de le faire. Je voulais qu’elle divorce. Pourquoi seulement moi? Elle devait divorcer! Elle le devait. Mais elle ne le faisait pas. Au contraire, je ne l’avais jamais entendue parler de divorce.
J’avais essayé de la rabaisser, mais d’une façon indirecte. Je lui avais raconté mon divorce. J’avais essayé de lui expliquer que si une femme avait un minimum d’amour-propre, elle devait divorcer. Mais rien à faire, elle dépensait toute son énergie pour récupérer son mari. Je ne comprenais pas. Je ne comprenais vraiment pas. Pourquoi? Pourquoi ne divorçait-elle pas? Pourquoi moi? Pourquoi seulement moi?
Après une âpre lutte, elle était arrivée à récupérer son mari. Elle était arrivée à préserver son couple et sa famille. Je l’avais détestée. Je l’avais haïe. Pourquoi n’avait-elle pas divorcé? Pourquoi moi? Pourquoi seulement moi?
Paradoxalement, je n’en avais pas voulu à mon amie d’avoir souhaité prendre le mari d’une autre. Mais j’en ai voulu à l’épouse de ne pas avoir divorcé. J’en suis convaincue, notre société est aujourd’hui faite de traîtres, de faux-culs, d’hypocrites… Mon amie a juste agi comme le font les gens qui nous entourent. Mais elle, l’épouse bafouée, je ne l’avais pas comprise, et je ne la comprends toujours pas: pourquoi n’avait-elle pas demandé le divorce? Pourquoi?
Je ne comprends toujours pas comment elle fonctionne. Je ne comprends toujours pas comment elle réfléchit. Je ne comprends pas. Et je lui en veux. Je lui en ai voulu, et je lui en veux encore. Je sais, je me répète, mais depuis des années, je suis perdue, je ne comprends pas.
Bien-sûr, une fois son mari récupéré, elle s’est arrangée pour ne plus nous fréquenter. Cela va de soit…
Mais, comme Tunis est une toute petite ville, en 4 ans, il nous est arrivé de nous croiser, mais toujours de loin. Dans un restaurant, dans une salle de spectacle… Ce qui fait que nous n’étions jamais obligés de nous saluer. En fait, nous faisions comme si nous ne nous voyions pas. Nous nous ignorions royalement.
Mais ce soir, la fuite a été impossible. J’ai essayé de l’éviter, mais elle m’a obligée à répondre à son salut.
Pourquoi m’a-t-elle saluée?
Pourquoi?
Ensuite, comble de malchance, son mari et elle se sont installés juste en face de moi. J’ai du les avoir devant mes yeux pendant toute la soirée.
J’ai eu beau essayer de regarder ailleurs, de baisser les yeux, de faire semblant de m’occuper…je les avais sous mes yeux. Leur présence me narguait.
Que fallait-il que je pense?
Elle a su préserver sa famille, elle a été courageuse, ou bien, qu’elle est conne, elle n’a pas pensé à son orgueil?
Que fallait-il que je pense?
Elle a été le dindon de la farce ou bien elle a été plus intelligente que moi?
Que fallait-il que je pense?
Je la déteste. Je la déteste. Pourquoi n’a-elle pas divorcé?
Le pire, c’est que son mari et elle se tenaient par les mains. De temps en temps, il se penchait vers elle et l’embrassait.
Je la déteste. Je LES déteste. Pourquoi n’avaient-ils pas divorcé?
Pourquoi l’embrassait-il? Il l’aime ou il veut me narguer?
Pourquoi?
Pourquoi moi? Pourquoi ai-je divorcé? Pourquoi? Ai-je préservé mon orgueil? Ou bien, suis-je devenue une divorcée dont les gens ont pitié?
Et elle? Pourquoi n’a-t-elle pas divorcé? Que devrais-je penser?
Je La déteste. Je La déteste, elle, et toutes les femmes qui ont fait comme elle. Je LES déteste TOUTES.
P.S.:Ceci est de la fiction. Je préfère le rappeler et insister. J'ai remarqué que souvent des lecteurs pensent que je parle de moi-même, ce n'est pas le cas. En fait, pour écrire une petite histoire, j'ai besoin de me mettre dans la peau du personnage. Je ne peux le faire qu'en écrivant à la première personne du singulier, mais je n'ai rien à voir avec le personnage.
La semaine dernière, à deux reprises, j’ai eu la chance d’être invitée sur le plateau de tournage d’un nouveau film tunisien, qui sortira sur nos écrans en octobre prochain: CINECITTA, de Ibrahim Letaïef.
Il s’agit d’une comédie, que Ibrahim Letaïef a eu l’idée de tourner après le refus du Ministère de la Culture de lui allouer une subvention pour réaliser un long métrage qu’il avait en projet, ou pour être plus exacte, après que Ibrahim Letaief ait refusé la subvention, d’un montant ridicule, que la commission lui a proposé pour son film.
Ce nouveau film, CINECITTA (qui à l'origine s'appelait 7 Av Habib Bourguiba), parle d’un cinéaste qui va cambrioler une banque pour réaliser son film.
«Non, votre scénario ne reflète pas la réalité du pays!» Cette réponse, Chahine, jeune scénariste et réalisateur de films l’a trop souvent entendue de la part des diverses commissions donatrices de subventions. Alors, désespéré, pour enfin réaliser son film, il ne voit plus qu’une seule solution: cambrioler une banque! Avec l’aide de son producteur et de son chef opérateur.
Tel est le synopsis du film.
Comme je vous l’ai dit ci-dessus, j’ai été sur le plateau de tournage 2 fois la semaine dernière: Vendredi soir et avant-hier, dimanche.
Vendredi soir, c’était pour une scène en extérieur, la nuit. Dans le film, il s’agit de la séquence où les cinéastes, une fois le hold up accompli, prennent la fuite.
Bravo pour l’équipe, ils travaillaient dans des conditions terribles: il faisait un froid de canard. Nous étions vraiment gelés.
Ce soir-là, il y avait Mohamed-Ali Ben Jemaa. La maquilleuse lui a fait des cheveux blancs. Il aurait du être d’un certain âge et respectable, mais hors champs, il n’arrêtait pas de faire le pitre et nous a régalés de ses grimaces.
Med Ali Ben Jemaa est l’acteur que j’ai personnellement vu dernièrement dans le film Hia w’houa, et que certains d’entre vous ont aussi du voir dans Junun.
Voici quelques photos prises vendredi soir:
Avant-hier, dimanche, j’ai emmené mon fils avec moi, et nous avons passé toute l’après-midi et une partie de la soirée sur le plateau. C’était génial. Toute l’équipe est très sympathique et chaleureuse.
Nous étions accompagnés par un ami, responsable de Ah! La carte.
Nous avons eu le plaisir de voir comment on fait un film.
L’équipe a loué tout un immeuble au centre ville de Tunis. Il s’agit d’un vieil immeuble qui appartenait à une italienne. Elle occupait un appartement au 1èr étage, et tout le reste était à l’abandon, dans un état lamentable. Cet immeuble vient d’être racheté par un tunisien. J’espère qu’il ne va pas le démolir pour construire un immeuble moderne. Mais j’ai très peu d’illusions à ce sujet.
Depuis le mois de janvier, l’équipe de la décoration a fait un excellent travail, et a fait quelques travaux pour rendre certaines pièces praticables. Vous le constaterez vous-mêmes à travers ces photos.
Vue extérieure de l’immeuble. Il n’existera peut-être plus dans pas longtemps.
Portail d’entrée.
Dans la cour, cette jolie voiture.
Entrée de l’immeuble, mais «liftée» pour les besoins du film. Admirez le beau lustre…
Quelques photos des locaux restés dans leur état initial, cela fait vraiment mal au cœur…
Les locaux réparés ou plutôt «maquillés», par les décorateurs du film, vous remarquerez le contraste avec les plafonds qui sont restés en l‘état:
- la loge de la concierge:
- Le bureau de l’avocat:
- L’hôtel:
Un grand bravo à Ghazi Temimi, le chef décorateur et à son assistante Neïla Bouattour.
L’immeuble regroupe les différents «départements»: production, décoration, maquillage, costumes, réalisation….
D’abord, les costumes. Pour ce film, ce rôle incombe à Besma Dhaouadi et son assistante Norchène Hafidh.
Le maquillage, par où passent tous les acteurs, qui vont être «transformés» par la chef maquilleuse Ayachi Garas Zeineb et son assistante Arbia Ben Smain Haddad.
Jamel Sassi se fait mettre des moustaches…
Jaafar El Gasmi, arrivé rasé de très prés, se fait une barbe de 2/3 jours:
Ommi Sissi, qui va vieillir en quelques minutes:
Ensuite, direction le «tournage» proprement dit:
les divers personnages du film
l'équipe technique
Des acteurs attendant leur tour. Vous reconnaîtrez Dorra Zarrouk, et Jamel Madani & Jaafer El Gasmi en Blues Brothers.
Silence, on tourne, action… Nous retenons tous notre souffle. Plus un seul bruit. Les acteurs, sous la direction de Ibrahim Letaïef jouent leur scène…
Coupez!
Et c’est la course: un raccord à faire, une retouche maquillage, une chaise à déplacer, un geste à refaire…..
Silence, on tourne. Action! Et de nouveau, nous retenons notre souffle…
Quelques acteurs présents ce jour-là:
Outre Jamel Sassi, Dorra Zarrouk, Môonem Chouayet, Mohamed Grayaa, Lilia Kalay et Jaafar El Gasmi
il y avait Jamel Madani,
que j’ai personnellement vu pour la première fois il y a environ 3 ans dans la pièce «Mort d’un commis voyageur» dans laquelle il tenait le rôle principal, et que j’ai à nouveau pu admirer sur la scène du TMT dans la pièce Khamsoun l’année dernière.
J’espère que ce film connaîtra beaucoup de succès. Je vous rappelle qu’il est réalisé sans subvention de l’État. Tous les techniciens ont d’ailleurs beaucoup de mérite, ils ont tous acceptés de revoir leurs salaires à la baisse pour contribuer à aider Ibrahim Letaif, qui a tenu à réaliser son film malgré le peu de moyens financiers dont il dispose.
Je vous laisse avec ce petit clin d’œil, le sac contenant le produit du hold up de la banque, puisse-t-il se transformer en réalité!
Décembre 2004, je profite d’un voyage de mes parents au Caire pour me joindre à eux.
J’ai déjà raconté à plusieurs reprises, ma passion pour l’Égypte, son histoire, son cinéma, ses auteurs…
Cela faisait exactement 19 ans que je n’y avais pas mis les pieds.
A travers certains de leurs films, je savais qu’ils avaient un problème avec les mouvements islamistes, mais pas vraiment plus.
Parfois aussi, il y avait des attentats, des manifs…
Pendant des années, je n’avais vu aucun feuilleton égyptien. En fait, je n’ai commencé à en voir qu’en 2000, après avoir accouché de ma fille, parce que j’avais été coincée à la maison pendant un certain temps. Ensuite, j’en avais vu, mais uniquement pendant les mois de ramadan.
Par contre, je voyais beaucoup de films récents.
La plupart de ces films montrent une Égypte moderne, où les gens s’habillent à l’occidentale, où les femmes jouissent d’une certaine liberté… On y voit des étudiantes, non voilées, sortir, conduire des voitures, avoir des aventures amoureuses….
Nous voilà au Caire. Nous arrivons le soir. Direct à l’hôtel.
Première surprise, les contrôles de sécurité. Fouille de la voiture avant l’accès à l’hôtel, et ensuite, fouille des clients, donc nous. On nous dit que se sont des mesures de sécurité contre les risques d’attentat. Je remarquerais par la suite que ces contrôles se font partout, à l’entrée des malls, des musées, du théâtre…
Je n’avais vu cela qu’à Istanbul. Nulle part ailleurs.
A l’hôtel, je n’avais rien remarqué de particulier.
Par hasard, il y avait ce soir-là, un mariage. Curieux (comme tous les touristes), nous sommes allés jeter un coup d’œil. Normal. Rien de particulier. Certaines femmes étaient voilées, d’autres pas.
Le lendemain, commençaient les surprises.
Nous avions, pendant tout notre séjour, une voiture avec chauffeur à notre disposition. Ce chauffeur était musulman.
Mon père était là pour travailler. Ma mère et moi sortions avec le chauffeur.
Nous lui avions demandé de nous emmener dans les endroits typiques, fréquentés par les Égyptiens, et non pas par les touristes.. Il nous a emmenées dans un quartier populaire. Nous avons visité des souks. Ma mère et moi étions très très visiblement des touristes. Toutes les autres femmes étaient voilées. Toutes.
Ensuite, nous avons été à la mosquée El Hussein, ma mère voulait absolument y prier. Je l’ai attendue dehors. A part les touristes, toutes les femmes étaient voilées.
Et partout, des inscriptions religieuses. Allah, Allah Akbar, kollou hatha min fadhel rabbi…. Ces inscriptions, nous les verrons partout, sur les murs, dans les magasins… Ces inscriptions existaient-elles depuis toujours? Je ne saurais le dire. Il est vrai que le peuple égyptien a toujours été très pieux.
Pendant notre séjour, j’avais remarqué que dans les quartiers huppés, il y avait des immeubles qui semblaient inoccupés ou très peu occupés. Par exemple, le quartier de Garden City comprenait de très beaux immeubles, de style haussmanien, mais qui étaient abandonnés, envahis par les herbes sauvages. Nous avons posé la question au chauffeur, qui nous a répondu que leurs habitants avaient «fui» le centre ville du Caire pour aller habiter de nouvelles villes avoisinantes. Ce qui d’ailleurs nous a été confirmé par la suite à plusieurs reprises.
Mon père est quelqu’un de très sérieux, couche tôt, réveille tôt, et boulot. Ce qui fait que pendant ce voyage, nous n’avons jamais été dans les endroits à la mode, ni en boite…
Dans notre hôtel, il y avait un night club où se produisait tous les soirs la danseuse Dina (celle qui avait été accusée d'être à l’origine des émeutes de l’Aïd l’année dernière), mais mon père n’avait pas voulu nous y emmener. Donc, je n’ai pas eu l’occasion, pendant ce voyage, de voir les Égyptiens de «la nuit». Je le ferais lors de mon voyage de janvier 2007. Je vous en parlerais plus tard.
Un soir, il y a eu un autre mariage dans notre hôtel, un mariage vraiment somptueux. Nous avons bien-sur jeté un coup d’œil. Aucun voile, c’était des chrétiens. Les femmes portaient des robes de soirée, bretelles...
Pendant ce voyage de 2004, ma mère et moi nous sommes beaucoup promenées dans le centre ville du Caire, très souvent «chaperonnées» par notre chauffeur. Dans les rues du Caire, toutes les femmes sont voilées. Lorsque par hasard, une femme ne l’était pas, elle était presque toujours chrétienne, il est possible de le remarquer parce que presque toujours les chrétiennes portent des petites croix autour du cou.
Aux alentours des facs, toutes les étudiantes aussi sont voilées.
C’est très simple, il y avait tellement de voilées partout, que je me suis mise à «la chasse» de celles qui ne l’étaient pas. Et là où nous allions, je n’en trouvais pas.
Le chauffeur nous a expliqué qu’au fil des années, les femmes ont été obligées de se voiler, bon gré mal gré. Il nous a raconté que dans les quartiers populaires, dans les rues, au travail… les femmes subissaient des pressions pour porter le voile. Ces pressions allant parfois jusqu’à l’agression.
Il nous a raconté que lui-même, avait subi des pressions familiales concernant ses petites filles. Sa famille voulait qu’il oblige ses filles, surtout celle qui avait une douzaine d’années, à se voiler.
Il nous a raconté comment les islamistes avaient petit à petit «pris position» dans la vie des égyptiens. D’abord, pendant les années 1980, des égyptiens étaient partis par vagues entières dans les pays du golfe pour travailler. A leur retour, quelques années plus tard, ils étaient imprégnés des idées fondamentalistes de ces pays.
Ensuite, il nous a raconté comment les associations islamistes avaient pallié les défaillances de l’État dans plusieurs domaines. Par exemple, dans le domaine de la santé.
Les cliniques privées sont hors de portée des classes défavorisées, la santé publique n’arrive pas à répondre aux besoins de la population, alors des associations «islamiques» se sont créées, grâce aux fonds des pays du golfe, pour aider les nécessiteux, en offrant des consultations médicales gratuites, des traitements gratuits... Mais en contre partie, lavage de cerveau de ces gens.
Je reviens aux appartements et immeubles inhabités. Un soir, un fournisseur de mon père nous a invité à dîner chez lui. Le chauffeur nous a emmenés. Nous sommes sortis du Caire et avons roulé un bon moment. Nous sommes arrivés dans une de ces nouvelles citées réservées aux très riches, contraints de fuir le Caire.
Ce qui m’avait fort surprise, c’est de pénétrer dans une «cité» gardée par des gardiens armés. Très belles villas, ou même petits palais.
Nous arrivons chez notre hôte. Énorme clôture, et gardiens/portiers armés de fusils.
Toujours la sécurité.
Notre hôte habite un vrai palais. Personnellement, je n’avais jamais vu une maison pareille à Tunis. Jamais.
Il paraît que les Cairotes riches avaient fui le Caire pour pouvoir vivre leurs vies librement, loin des islamistes et des attentats.
Notre hôte, musulman, buvait de l’alcool. Il nous a dis qu’il l’avait toujours fait, et qu’il refusait d’arrêter. Il nous a raconté qu’il était devenu difficile de vivre au Caire à cause des islamistes.
Notre hôtesse était voilée. Mais d’un voile «très léger», en fait, elle portait une sorte d’écharpe en mousseline, enroulée autour de sa tête, sans qu’elle soit vraiment serrée, ni ne cache vraiment ses cheveux. Elle nous a raconté qu’elle se voilait depuis environ 4 ans, suite à la pression de son entourage, et pour pouvoir sortir plus facilement dans la rue. Par ailleurs, elle portait une jupe à mi-mollets, et donc on voyait ses jambes.
Il y avait un autre couple invité. Des égyptiens, mais la femme nous a expliqué que malgré la pression, elle refuse de se voiler, sauf lorsqu’elle est obligée de sortir au centre ville.
Sincèrement, j’étais choquée. Voilà des gens qui étaient obligés de vivre à part, dans leur propre pays, pour ne pas avoir à subir les exactions des intégristes. Ils étaient obligés de s’éloigner et de se faire garder. Où est leur liberté?
Un jour, nous sommes allés à Alexandrie. Pareil, même constatations, toutes les femmes sont voilées, des inscriptions religieuses partout…
Notre chauffeur avait un frère qui habitait Alexandrie, et profitant de notre présence dans cette ville, il avait voulu lui rendre visite.
Ce frère était pharmacien. Il avait travaillé pendant des années dans un des pays du golfe, il s’était constitué un petit capital, et de retour au pays, il avait ouvert une pharmacie.
Nous voilà dans l’entrée de l’immeuble. Du marbre partout, et en face de la porte d’entrée, une énorme inscription dans le marbre «Allah».
Nous prenons l’ascenseur. Une voie s’élève: du Coran. Pendant tout le trajet, il faut écouter un enregistrement du Coran.
Nous arrivons. Les tableaux qui recouvrent les murs du salon: Allah, Mohamed, Versets de Coran.
La femme porte une longue galabiye et un voile bien serré autour de sa tête. Elle est gynécologue dans un établissement public.
Elle nous explique que lorsqu’elle était jeune, elle n’était pas voilée, mais que plus tard, elle avait suivi la voie du seigneur, et s’était voilée (promis, je ne me moque pas, c’est elle qui avait dit cela, je m’en rappelle très bien, parce que ma mère m’avait donné un super coup de pied pour m’empêcher de faire la moindre remarque!).
J’ouvre juste une petite parenthèse: si un jour vous avez l’occasion de visiter Alexandrie, surtout, surtout n’oubliez pas de visiter la grande bibliothèque, c’est une vraie merveille. A ne pas rater vraiment.
Au Caire, nous sommes sortis certains soirs, mais c’étaient des sorties dans des endroits «sérieux». Notre fournisseur nous avait emmenés dans des restaurants très chics et très élégants, on n’y voyait que des gens d’un certain âge. Les femmes étaient parfois voilées, parfois elles ne l’étaient pas. Mais je n’ai pas vu la jeunesse. Pas en 2004, je ne l’ai vue qu’en 2007.
Nous avons visité le Musée d’Oum Kalthoum. Nous y avions visionné des vidéos-documentaires, et je crois que c’est surtout à ce moment-là que j’ai pu remarquer la différence entre la rue égyptienne, et particulièrement cairote, des années 1960/1970, et celle de 2004.
Pour moi, régression. Régression totale.
J’étais rentrée de ce voyage de 2004, déçue et choquée.
Où étaient les gens rieurs et insouciants de 1986?
Quelles était cette chape de religiosité qui s’était abattue sur ce pays?
Pourquoi les Égyptiens s’étaient-ils divisés?
Pourquoi certaines classes d’égyptiens vivaient-elles en «ghetto»?
Pourquoi ces gens-là ne profitaient-ils plus de leur capitale?
La Tunisie va-telle sur le même chemin?
Je suis retournée en Égypte en janvier 2007. J’ai découvert à l’occasion de ce dernier voyage, de nouveaux aspects, et surtout des contradictions. Je vous en parlerais.
Hier, j’ai été invitée à un défilé. Un défilé un peu spécial. Un défilé de costumes traditionnels. Mais le plus inhabituel, est que les «mannequins» étaient tous des enfants.
En effet, le défilé a eu lieu à l’école de ma Poupée.
Toutes les classes ont participé à cette manifestation. Les enfants étaient tous déguisés. Tous portaient des costumes traditionnels. Bien sûr, l’énorme majorité des enfants portaient des costumes tunisiens, mais il y avait aussi quelques rares africains, marocains, khalijis… Adorables. Des costumes de Hammamet, de Mahdia, de Djerba, de Tunis…
Ils étaient mignons comme tout.
Et ils ont défilé sur une musique traditionnelle tunisienne (hadhra, Sidi Mansour…).
Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est que tous avaient participé: le directeur de l’école, pourtant français, portait une belle jebba et une chéchia. Les enseignants (français et tunisiens) aussi portaient des costumes traditionnels.
Il y avait un peu partout des affiches illustrant les divers costumes traditionnels. De toutes les régions tunisiennes.
On voit bien que les élèves ont travaillé sur le sujet plusieurs jours.
Après le défilé (et je vous parie qu’il y avait bien plus d’appareils photo et de caméras qu’à un défilé de grand couturier!) surprise: la Kharja de Sidi Bou Saïd.
Certains enfants étaient impressionnés, d’autres dansaient…
C’était vraiment extraordinaire.
Une autre raison pour aimer la mission, sont justement toutes ces activités et animations. Toutes les sorties, les voyages de découvertes, les fêtes….
Mon fils, pendant le primaire, est partit 3 fois en France avec sa classe. Une fois, ils ont passé une semaine dans une école de cirque. C’était génial, tous les enfants avaient appris un tour, et à la fin du séjour, ils avaient donné un spectacle.
Il est partit une fois en stage de sport à Hammamet.
Sa classe a aussi visité à Tunis, une usine de chocolat, une roseraie, où on leur a montré comment cultiver les roses, comment les colorer (les roses bleues et vertes ne sont pas naturelles), ils ont visité des villages, des plantations…
Ma fille est partie aussi avec sa classe, pendant 4 jours à Aïn Draham, où on leur a fait visiter, entre autres, une usine de bouchons en liège….
Et ce n’est pas une question de moyens, c’est une question d’organisation. Les enfants travaillent parfois pendant des mois pour collecter les fonds nécessaires pour financer leurs projets. Les parents ne payent pas grand chose pour participer aux frais. Et l’association des parents d’élèves aide les familles qui ne peuvent participer aux frais, de façon à ce que tus les enfants puissent participer.
A la fin des cours, au sein même de l’école, il y a divers clubs d’activité: sport, théâtre, mosaïque et poterie, anglais, informatique….
Y-a-t-il eu dans les écoles publiques une célébration de cette journée du costume traditionnel? Je pose la question juste pour savoir, et cela sans aucun préjugé. Vraiment juste pour savoir.
Fin décembre 1985, j’ai enfin réalisé un rêve: visiter Égypte
J’ai été émerveillée. Je me sentais exactement comme vivant dans un film. Tout était comme on le voyait à la TV. Les gens étaient joyeux, rieurs, bons vivants, accueillants, souriants…
C’était un voyage organisé à partir de la France. A part mes parents et moi, il n’y avait que des européens, et en plus j’étais la plus jeune du groupe.
Nous avions fait la croisière sur le Nil, et un séjour au Caire.
Tous les soirs, des dizaines de bateaux se retrouvaient aux mêmes endroits. Une fois les touristes couchés, les guides et le personnel des bateaux se retrouvaient. Ils discutaient, plaisantaient, riaient….
Comme j’étais la seule arabe et la plus jeune «touriste», j’ai été «adoptée» par ces jeunes gens, et je passais toutes mes soirées avec eux. C’était génial. J’en garde un excellent souvenir.
Ces groupes comprenaient des gens très divers: des musulmans, des chrétiens, des instruits (comme les guides touristiques et les guides égyptologues), des analphabètes (comme le personnel des cuisines par exemple), des citadins, des paysans, des blancs, des nubiens… Mais ce qui était génial, c’est que personne ne semblait se soucier de ces différences: ils étaient tous Égyptiens, tout simplement.
Au Caire, pareil. Dans les rues, dans les hôtels, dans les magasins… on voyait des Égyptiens divers, mais tous rieurs, souriants, aimables….
Mes amis guides m’avaient «adoptée», et au Caire, je sortais avec eux. Je suis allée dans leurs familles, chez leurs amis… Et j’ai passé avec eux le réveillon du nouvel an.
Je me rappelle que nous avions été aux pieds des Pyramides. Ce soir-là, il y avait des dizaines et des dizaines de voitures, des familles entières, qui étaient venues accueillir le nouvel an dans la joie et la bonne humeur.
Je me rappelle aussi d’une coutume qu’ils avaient: certains nouveaux mariés se faisaient prendre en photos sur les grandes artères du Caire dans leurs tenues de mariage…
Y-avait-il à l’époque des femmes voilées dans les rues du Caire?
Je ne saurais dire. Il y en avait peut-être, mais elles devaient être en si petit nombre qu’on ne les remarquait pas. Ce qui est certain, c’est que je n’avais remarqué aucune différence entre nos rues tunisiennes et les rues égyptiennes…
Je me rappelle juste une seule remarque que m’avait faite une guide: les égyptiens chrétiens et musulmans pouvaient être amis, mais ne se mariaient jamais ensemble.
J’ai toujours gardé un excellent souvenir de ce voyage en Égypte. D’ailleurs, le jour du départ, je pleurais à l’aéroport, je ne voulais plus rentrer à Paris, je voulais rester en Égypte.
Pour l’anecdote, j’ai vu Kamel Echanawi à l’aéroport ce jour-là.
Pendant de longues années, j’ai souhaité retourner en Égypte, mais en vain, à chaque fois, j’avais un empêchement.
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