Par la présente, nous
avons l'honneur d'attirer votre attention sur un sujet qui préoccupe un
grand nombre de tunisiens.
Depuis son indépendance l'État
tunisien a toujours été porteur de progrès par ses politiques en faveur
de l'éducation et la formation, par l'incitation ou encore par
l'exemplarité. Le domaine de l'Internet n'a pas dérogé à la règle et
depuis 1996, l'État tunisien, sous votre Présidence, a développé une
politique volontariste de diffusion de l'outil Internet. La création
d'une administration de d'Internet et la mise en place de mesures
nécessaires ont porté leurs fruits.
En effet, les internautes
tunisiens ont été des pionniers dans l'utilisation de cet outil dans
différents domaines. Aujourd'hui, ils sont des centaines de milliers à
en faire un usage quotidien. Or, les tunisiens sont confrontés de plus
en plus à des mesures restrictives, manifestement illégales, de la part
des administrations responsables du réseau national. Ces mesures privent
les tunisiens d'un espace indispensable à leur épanouissement social,
culturel, professionnel, paralysant ainsi l'évolution de notre pays.
Alors
que l'année 2010 a été, à votre initiative, déclarée année
internationale de la jeunesse, par l'Assemblée Générale des Nations
Unies, une partie de la jeunesse tunisienne est aujourd'hui frustrée de
ne pas pouvoir accéder à leurs sites Internet favoris. Certains
internautes tunisiens qui ont fait le choix de participer au débat
public, ont vu leurs espaces personnels d'expression censurés en
Tunisie.
Après la multiplication inquiétante de ces décisions
arbitraires, et au-delà du tort considérable qu'elle inflige à l'image
de notre pays et à sa marche vers le progrès, nous souhaiterions que
vous réagissiez face à cette situation; de sorte à ce qu'il n'y ait plus
de sites bloqués d'une manière illégale ne reposant sur aucune décision
de justice et en totale contradiction avec l'article 8 de la
Constitution de notre pays et l'article 19 de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme.
Monsieur le Président de la République, vous avez déjà par le passé décidé la réouverture du site communautaire
Facebook après son blocage. Nous vous appelons aujourd'hui à intervenir
pour rendre accessible à nouveau les sites illégalement censurés.
Nous
vous appelons également à exiger des responsables de l'administration
d'Internet de cesser ces pratiques illégales qui paraissent aux yeux des
tunisiens, aussi aléatoires qu'incompréhensibles.
Nous vous
prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de
notre parfaite considération.
يشرفنا،
فخامة الرئيس، أن نلفت نظركم من خلال هذه الرسالة إلى مسألة تخص عددا كبيرا
من التونسيين. منذ الإستقلال، اختارت الدولة
التونسية التطوير من خلال سياسات تعطي الأفضلية لمجالي التربية و التكوين و
ذلك عبر التشجيع أو بأن تكون مثالا على ذلك. و لم يشذ مجال الإنترنت عن
هذه القاعدة منذ سنة 1996، فقامت الحكومة التونسية ـ تحت قيادتكم ـ بتشجيع
إستعمال الأنترنت في كل المجالات و قد أعطت هذه السياسة أكلها عن طريق
تأسيس الوكالة التونسية للأنترنت. و لقد أصبح
مستعملو الانترنت التونسيون سباقين في استعمال هذه الأداة في مجالات عديدة و
مختلفة. و يبحر منهم على الأنترنت مئات الآلاف يوميا، لكنهم، و للأسف،
يواجهون قرارات ـ غير قانونية كما يبدو ـ تحد من حريتهم و ذلك من قبل
الجهات المسؤولة عن تنظيم هذا المجال على المستوى الوطني. و تؤدي هذه
القرارات إلى حرمان التونسيين من فضاء يمكن من الإنفتاح الإجتماعي و
الثقافي و المهني متسببة بالتالي في إعاقة عجلة التطور في بلادنا. و في الوقت الذي أعلنت فيه "الأمم المتحدة" سنة
2010 سنة عالمية للشباب على إثر إقتراح سيادتكم، يشعر جزء من الشباب
التونسي بالاحباط بسبب حرمانه من الدخول الى مواقعه الالكترونية المفضلة. و
البعض ممن أراد المشاركة في نقاش الشأن العام، تعرضت مواقعهم الشخصية إلي
الحجب. بعد التزايد المقلق للقرارات
العشوائية في حجب المواقع الالكترونية، بالاضافة الى أنها تشوه صورة بلادنا
في العالم و تعرقل مسيرتها للتقدم، نتمنى أن تتدخلوا لاتخاذ الإجراءات
اللازمة بحيث لا يحجب أي موقع بصفة غير قانوية دون إستناد إلى قرار قضائي و
هو ما يتعارض مع الفصل الثامن من دستورنا و الفصل التاسع عشر من الإعلان
العالمي لحقوق الإنسان. سيادة الرئيس، لقد تدخلتم من قبل
لإعادة فتح الموقع الإجتماعي "فايسبوك" بعد حجبه، و نرجو من سيادتكم مجددا
التدخل ثانية لرفع الحجب غير القانوني عن العديد من المواقع. نرجو أيضا من سيادتكم، أن تطالبوا المسؤولين عن
إدارة الأنترنات بالكف عن هذه القرارات اللتي تبقى في جل الأحيان غير
مفهومة و إعتباطية لدى نسبة كبيرة من التونسيين. وتقبلوا فخامة الرئيس احترامنا وتقديرنا مع خالص التحية.
Le week end dernier, j'étais à Sfax. Certains le savent déjà puisque je vous avais raconté que j'avais assisté à un déjeuner Patrimoine culinaire sfaxien.
A Sfax, j'ai aussi assisté à une conférence: un hommage à M.Mohamed Elleuch, un homme qui avait consacré beaucoup de son temps et de sa fortune à aider les gens nécessiteux et à promouvoir l'instruction, la culture et les arts. Je vous en parlerais un autre jour.
Aujourd'hui, je vais vous parler de Borj Kallel, l'espace culturel où s'étaient déroulées les deux manifestations
Q'est-ce qu'un borj Sfaxien?
Autrefois, les sfaxiens aisés avaient deux habitations, l'une pour l'hiver (souvent en ville) et l'autre pour l'été (en dehors de la ville). La maison d'été se trouve généralement dans un jnène (un peu l'équivalent de la sènya pour les tuniois). Cette maison est le borj.
Avant le début de la conférence, M.Abdessalem Kallel, propriétaire du Borj a fait un petit speech pour nous expliquer pourquoi il a voulu dédier son Borj à la culture. Il a dit que justement, cela avait un lien avec le sujet du jour: Mohamed Elleuch dont il allait être question était un grand ami à son propre père, ils avaient en commun l'amour de l'Art et de la culture. Le portrait de feu Mohamed Elleuch est d'ailleurs accroché dans la chambre à coucher de feu M.Sadok Kallel.
Pour ma part, je vous parlerais aujourd'hui du bâtiment en tant que tel, et de sa nouvelle vocation en tant qu'espace culturel. Lorsque je dis "nouvelle", je ne dis pas vraiment la vérité parce que du temps de l'enfance de M.Kallel, ce Borj a servi à des réunions d'artistes et à des manifestations culturelles.
Borj Kallel date du début du 19ème siècle. La famille Louiza en a été la première propriétaire. Ensuite, le Borj est passé entre les mains de divers autres propriétaires.
En 1915, il a été racheté par M.Sadok Kallel, qui a gardé l'ancien bâtiment tel quel et y a rajouté une nouvelle aile, dont la construction a été achevée en 1916.
Depuis, le bâtiment n'a subit aucune modification. La faïence sur les murs est d'origine. De même que la fresque du patio.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Les diverses pièces du borj sont toutes consacrées à la culture, à l'exception d'une seule qui est consacrée à la mémoire: la chambre à coucher des parents.
Les meubles et les rideaux sont d'origine.
Il y avait aussi quelques documents encadrés.
Le permis de conduire, qui date de 1929, de M.Sadok Kallel:
A priori, dès qu'il a obtenu son permis de conduire, M.Sadok Kallel s'est acheté une automobile, une Citroen. J'aurais aimé la voir, mais je me contenterais du reçu du vendeur:
Vous remarquerez que cette voiture a couté 15.000 francs anciens, c'est-à-dire 15 dinars. Dommage que les prix des voitures aient un peu augmenté de nos jours!
M.Kallel avait apparemment installé le téléphone (fixe seulement à l'époque!) en 1928. Il avait le numéro 480. Seulement 3 chiffres. Mais ce qui est sympa, c'est que la facture du téléphone se payait à domicile. Sahha lihom!
Une des pièces du Borj a aujourd'hui vocation de bibliothèque et de mini mini musée où sont exposés divers objets anciens.
Un moulin à grains en pierre (ma grand-mère en possédait un, et je me rappelle que lorsque j'étais gosse, j'adorais aider la femme de ménage à moudre les grains):
Une aiguière et une cuvette:
Une machine à coudre et divers fers à repasser:
Une roue à filer:
Un coffre en bois peint et divers articles servant à travailler la laine:
Une horloge murale:
Une valise en carton (pour aller au hammam?) et un tmè9:
Un ancien poste radio TSF:
Divers ustensiles de cuisine:
Une lampe à huile:
Et ceci. Je ne sais pas ce que c'est. L'un d'entre vous pourra-t-il nous renseigner?
Cet espace culturel comprend, entre autres, un atelier de peinture et une petite galerie d'exposition. Ce jour-là étaient exposés ces tableaux:
Pour conclure ma note, je voudrais juste préciser que l'amplificateur audio utilisé ce jour-là est celui-ci. Il ne date peut-être pas de 1915, mais... il n'est pas très "jeune" non plus!
Musulmans contre Islam? Rouvrir les portes de l'Ijtihad - Hechmi Dhaoui - Gérard Hadded
J'ai lu ce livre dès sa parution en 2006. Je ne sais pas pourquoi j'y ai pensé hier. Toute la soirée j'ai pensé à ce livre. Il m'a semblé, d'après les souvenirs que j'en gardais, qu'il disait que les ennemis de l'Islam aujourd'hui, sont les musulmans eux-mêmes. Et c'est vrai. Les pires ennemis de l'Islam sont bien les musulmans, qui le déforment, le dénaturent, lui font une mauvaise réputation... J'ai relu le quatrième de couverture.
Deux psychanalystes, Gérad Haddad, juif tunisien vivant en France, et
Hechmi Dhaoui, musulman vivant en Tunisie, s'interrogent sur la
situation du monde arabo-musulman dans ses rapports avec l'Occident.
C'est l'occasion pour eux de pourfendre quelques lieux communs et de
mettre au jour certains paradoxes douloureux. Plutôt qu'à un choc des
civilisations, ne sommes-nous pas confrontés à une guerre civile au sein
d'une même civilisation méditerranéenne nourrie à la fois par le
message monothéiste et la philosophie grecque transmise à l'Occident par
les Arabes? Pour quelles raisons la brillante civilisation
arabo-musulmane est-elle entrée dans un déclin à ce jour sans remède?
Les auteurs soulignent l'importance, au IXe siècle, de la "fermeture
des portes de l'Ijithad", c'est-à-dire de la "pensée critique" qui
avait régné durant les premiers temps de l'Islam. L'imitation" des
fondateurs remplaça alors la réflexion. Au lieu de s'attaquer à la
racine du problème, le monde arabo-musulman contemporain paraît
s'embourber dans deux mauvaises solutions pour sortir de ses impasses:
le nationalisme et l'intégrisme, avec pour conséquence la voie sans
issue du terrorisme. Loin de revenir aux sources vives de leur religion,
des musulmans semblent bien avoir entrepris une régression vers des
comportements et des valeurs préislamiques...
Le livre se présente sous forme d'interview. Gérard Hadded pose des
questions et Hechmi Dhaoui y répond.
Il est évident que hier soir je n'ai pas relu le livre. Peut-être un autre jour, mais pas maintenant, je n'ai vraiment pas le temps.
Mais je l'ai feuilleté. Je voulais trouver un extrait à publier. Mais je n'ai pas vraiment su choisir. Je vais donc vous en copier un au hasard. Vraiment au hasard. Cela vous donnera peut-être envie de lire le livre. Et à certains, il pourra peut-être fournir quelques explications.
"- Ce contraste conduit Lewis à poser légitimement la question: "Qu'est-ce que les musulmans ont fait de l'islam?"
Le grand malheur des musulmans, c'est qu'au lieu de se poser ce genre de questions sur les causes réelles de leur déchéance, ils préfèrent les imputer aux autres. Ils sont inconsciemment sartriens: l'enfer, c'est les autres. C'est le principe fondamental de leur mode de vie. Tantôt les musulmans expliquent leur retard dans l'islam par les invasions mongoles, tantôt par la dislocation et la déliquescence de l'empire Ottoman, et plus récemment, par le colonialisme et l'impérialisme occidental. Actuellement le leitmotiv ce sont les États-Unis manipulés par le sionisme.
- Ces causes existent bien.
- Mais nous sommes incapables de les relativiser, de nous dire: sans doute ces facteurs sont réels, mais pourquoi sommes-nous incapables d'y faire face? Pourquoi avons-nous été incapables d'empêcher l'envahisseur colonial de nous envahir? Pourtant, sur ce oint, le Coran est très clair: "Dieu ne changera rien à la situation d'un peuple tant que celui-ci, de lui-même, ne sera pas réformé."
- C'est la question des causes internes et des causes externes. Marx dira, des siècles plus tard, que les causes internent priment. Freud ne dit pas autre chose.
- Il est donc clair que Dieu nous appelle à nous réformer et à changer de mentalité. Les islamistes, qui veulent toujours nous ramener au passé khoraïchte, oublient ce genre de verset, oublient le caractère révolutionnaire à l'origine de l'Islam, qui a bouleversé la situation d'ignorance d'alors.
Aujourd'hui, dans le monde islamique, la recherche scientifique est totalement nulle, la réflexion en sciences humaines, idem. La création artistique est presque absente dans tous les domaines. Lorsque vous dites à un arabe le mot fennan, artiste, celui-ci pense immédiatement au chanteur de chansonnettes. Il oublie que ce mot désigne aussi le cinéaste, l'homme de théâtre, le danseur, le peintre, le musicien.
- Je vous trouve un peu sévère. On voit naître aujourd'hui, au Maghreb, une littérature, des expériences théâtrales intéressantes.
- Sans doute. Mais elles sont souvent produites à l'étranger, en exil, et elles restent mineures à l'échelle mondiale. Notre régression culturelle nous ramène au temps préislamique de la jahilia, où le discours, la parole, primait sur tout. Nous sommes devenus des êtres qui gaspillent toute leur énergie dans la parole sans produire d'acte efficace. De grands bavards, de grands démagogues, voile ce que nous sommes! Ce bavardage démagogique, langue de bois de surcroit, telle est la plate-forme commune à tous les dirigeants arabes.
Pensez à Nasser qui voulait jeter les Israéliens à la mer, c'est son armée qui a été jetée à la mer; à Khadafi et sa grande gueule, qui maintient son peuple dans l'ignorance; à Bouteflika, qui a prononcé de beaux discours et qui arrivé au pouvoir, maintient la même pourriture du pouvoir. Pensez à Saddam Hussein en Irak, qui a produit des intégristes et des obscurantistes à seule fin de maintenir son totalitarisme autocratique.
Aujourd'hui, la nostalgie traditionnelle des musulmans s'est reportée sur Ben Laden, chef d'Al-Qaeda. Ils trouvent même des explications à ses forfaits, expliquant que le terrorisme est l'arme du faible. Ils ne voient pas que celui-ci leur a causé plus de préjudices que n'importe qui. Ils ne se disent pas: Pourquoi Ben Laden, avec son énergie et son argent, plutôt que de créer une Internationale terroriste, n'a-t-il pas crée et financé un grand centre de recherche arabe dans les domaines des nouvelles technologies, au profit du monde arabo-musulman? Pourquoi n'a-t-il pas cherché à concurrencer les centres de recherche occidentaux, comme l'ont fait les Formosans, les Coréens, et aujourd'hui les chinois?"
Une bombe sale et une chaise pour
électrocuter la pensée
La semaine dernière, le réseau
tunisien sur facebook avait l’air d’un pays dévasté par un attentat
terroriste particulièrement meurtrier. Pour certains c’était le 11
Septembre du Net.
Et de fait des cyber-terroristes ont frappé fort
en faisant disparaître 200 profils de “mécréants”.
Ceux qui
étaient menacés se sont virtuellement barricadés, qui en désactivant
momentanément son compte, qui en limitant ses interventions aux amis
seulement, réduisant dramatiquement de ce fait le champ de
communication.
Obama venait juste de décider de se débarrasser du
cauchemar nucléaire qui n’est plus efficace contre les armées
irrégulières et les armes chimiques, et des “moudjahidin du Net”
viennent de confirmer la justesse de son acte en lançant ce qu’ils
appellent le “Djihad sur Internet”.
« Yes we can »
Leur djihad
consiste à décapiter la pensée en utilisant une arme chimique virtuelle
qu’ils ont baptisée “insecticide”, muselant ainsi ceux qui ne sont
pas de leur avis.
Un de leurs slogans est emprunté à Obama (« yes we
can »), mais aussi à une célèbre expression d’Hitler qu’ils appliquent à
leurs adversaires: «Nous aurions pu tuer tous les athées mais nous
avons laissé quelques chiens en vie pour que les gens sachent pourquoi
nous les avons exterminés». Ils se présentent en outre comme les
héritiers des siècles des Lumières. Les deux groupes dénommés “insecticide Facebookéen”, (moubid hachari en arabe) et “Chaise
électrique”, ne comptent pas beaucoup de fans, moins de 800, mais ils
sont efficaces les profils jugés ennemis sont désactivés à une
incroyable vitesse. Les deux groupes se réjouissent de leurs attentats
qu’ils revendiquent et les exhibent fièrement sur leur page comme des
trophées de chasse, en promettant de poursuivre leur nettoyage macabre.
Un terrorisme pan-arabe Les internautes ont ainsi vécu la
semaine passée la mise à mort de plusieurs personnages virtuels connus
par leur intense activité et surtout par leur dénonciation du discours
misogyne de certains cheikhs et chaînes de télévision arabes des plus
conservateurs. Des profils, des blogs et des sites se sont envolés
comme par enchantement sous le regard incrédule de leurs fans et parfois
de leurs propres propriétaires dont certains, disposant de deux
profils, ont pu même assister en direct à leur propre mise à mort. C’est
ce qui est arrivé par exemple à notre confrère Khémais Khayati par deux
fois en l’espace de deux jours. Massir, une jeune femme cadre
supérieur, très active et très connue sur le Net, a vu aussi son compte désactivé
une première fois. Elle ouvre un autre compte l’après-midi même. Ce
deuxième compte est encore une fois désactivé en à peine quelques heures! Cette dame était en pleine campagne de bénévolat au profit de
l’Association Tunisienne des Sourds Muets et grâce à ses 1.600 amis sur
la Toile elle a réussi à mobiliser un nombre important de sympathisants,
car le système d’information sur facebook permet une progression
géométrique en quelques minutes. Elle a même réussi à obtenir des dons
et à mobiliser des sponsors. Notons que cette guerre contre la
liberté d’expression a un caractère pan-arabe, car au même moment des
groupes égyptiens ont donné l’alerte. Ainsi la page égyptienne consacrée
à la défense des droits des femmes a été désactivée. Les
administrateurs créent aussitôt une autre et les sympathisants se hâtent
pour se réinscrire. Une bloggeuse tunisienne connue nous apprend avoir
déjà été visée par des extrémistes égyptiens. Ceux-ci lui avaient déjà
piraté ses comptes en juillet 2008. Aujourd’hui, elle revit l’expérience
avec une nouvelle vague “d’obscurantistes tunisiens”.
‘Des
esprits lumineux’ Comment se décrivent ces censeurs ? Et comment se
présente leur discours ?Ces brigades virtuelles de la mort annoncent
“la bonne nouvelle” à ceux qui viennent prendre un bol d’air sur
Internet. Désormais, et selon leur propre expression: “Les laïques, les
athées, les homosexuels, les féministes qui sont l’autre face de
l’islamophobie, ceux qui ont mis la photo de Bourguiba pour commémorer
les dix ans de son décès et qui sont donc des francophones laïques, ceux
qui se déclarent d’origine amazigh donc anti-arabes, ceux qui
encouragent les relations sexuelles en dehors du cadre du mariage et
ceux qui appellent à la normalisation avec Israël, doivent disparaître
de la surface virtuelle».
Ils ont ajouté à leur liste le groupe des
Juifs tunisiens, les personnes qui n’affichent aucune tendance
religieuse qu’ils appellent “les hypocrites”, une référence
religieuse, et enfin ceux qui, sans avoir toutes ces “tares”, osent
dénoncer leur pratique.
Les auteurs des attentats prétendent ni plus
ni moins «agir au nom de Dieu et de la patrie». Il s’agit bien entendu
de l’Islam tel que compris et interprété par “la chaise électrique” et
autres “insecticides”. Des dénominations qui donnent froid dans le dos
et qui rappellent les fours crématoires et les chambres à gaz nazis.
La
connotation nazie de leur discours ne s’arrête pas là. Ils prétendent
attaquer «les profils de ceux qui
portent préjudice à une Tunisie musulmane arabe et hétérosexuelle». Un internaute ironise en rétorquant: «Aujourd’hui, comme dans l’Allemagne
d’Hitler où il fallait être un bon Aryen, dans la Tunisie de ces
illuminés, il faut être un bon Tunisien arabo-musulman».
Et de fait,
ils affirment, sûrs d’eux-mêmes : « Nous ne sommes pas intolérants mais
nous défendons la patrie. Vous attaquez les valeurs d’identité du pays
qui font l’unanimité des Tunisiens et vous pleurnichez sur la liberté
d’expression. Une liberté contraire à la loi et à la Constitution. »
Ils
se présentent en outre comme des esprits fins issus directement des
siècles des Lumières: « Parler d’une guerre entre obscurantisme et
modernisme est loin de la réalité », précisent-ils à l’adresse de leurs
détracteurs. « Nous ne sommes pas obscurantistes puisque nous sommes
des savants très intelligents (sic) ». La preuve de leur assertion est
que : « Le créateur de la page est un ingénieur en informatique
maîtrisant tous les tenants et aboutissants de facebook. » Ils ajoutent
que : « Ces jeunes Tunisiens sont plus nombreux que vous, plus forts et
surtout plus intelligents. En maitrisant parfaitement l’outil
informatique, ils sont parvenus à vous mettre hors circuit». Assimilant
ainsi leurs lumières à la célèbre devise “science sans conscience n’est
que ruine de l’âme”.
Discours d’une rare violence Sur la page
qui donne des informations personnelles sur les internautes
“nuisibles”, le discours est d’une rare violence : “chiens” “prostitués”
“insecte”, “animal” “koffars” (mécréants), “traîtres”, “bâtards”, “vous
allez rôtir en enfer”, “Pas de discussion avec les bandits et ceux qui
insultent notre religion”, “tapez fort sans pitié”… Ce qui est
inquiétant c’est qu’ils possèdent des informations personnelles sur
certaines personnes. Combien de temps cela prendra-t-il avant que ça ne
se transforme en agression physique ?
Comment ça fonctionne ? Ils
prétendent que «Ça demande tout de même de la ruse et un certain
savoir-faire» et que « On doit être fier de ces jeunes Tunisiens » Malgré
leurs fanfaronnades, la chose ne nécessite pas l’intervention d’un
génie. Cela ressemble plutôt à un jeu d’enfants, et c’est là où le
bât blesse. Pour désactiver un profil sur facebook, il suffit qu’un
groupe assez consistant en nombre dénonce un profil en l’accusant de
racisme, de prosélytisme ou d’incitation à la haine, pour que celui-ci
soit suspendu. Et cela, sans vérification aucune. Ces illuminés, qui
annoncent sans ciller qu’ils sont investis d’une mission divine, profitent
donc tout simplement d’une faille dans le système de facebook.
Pour
les blogs et les sites, le protocole est différent, ils piratent les
comptes dont le mot de passe n’est pas très robuste. Ce n’est pas non
plus sorcier. On trouve aujourd’hui des enfants parmi les
cybercriminels.
Une Cour pénale virtuelle Ils font dans la
dentelle… enfin presque. Le processus de radiation est plutôt
sinistre. On commence par la dénonciation de ceux qu’ils estiment être
différents d’eux. Une “liste noire”, selon leur expression, est ouverte.
Chacun peut y dénoncer toute personne qui d’après lui “porte préjudice à
la nation et à la foi”. Une fois leur tableau de chasse garni, un
procès est lancé. Il se déroule au sein d’une Cour virtuelle créée à cet
effet. Sur la page de cette Cour vous pouvez d’abord choisir le procès à
suivre. Les procès sont dûment numérotés. On commence par lire le
procès-verbal et constater les preuves en cliquant pour voir des
articles, analyses, commentaires et photos “accablant l’accusé”. Enfin
vous pouvez prononcer votre jugement en cliquant sur un bouton qui ne
sert qu’à confirmer la culpabilité. Il n’existe évidement pas de moyen
de défense ou de recours pour les accusés. Une fois le processus de
jugement achevé, on passe à l’exécution, en faisant tout simplement
disparaître le profil ou le blog du criminel d’opinion. La mise à
mort est expliquée, schéma à l’appui, aux amateurs de la censure sous le
titre : “Comment dénoncer ces criminels”. On indique pour ce faire deux
pages pleines de profils à éliminer, et on précise qu’il suffit juste
d’écrire à la direction de facebook et de les signaler comme étant de
faux profils. Puis le profil, sitôt désactivé, est exhibé en trophée.
Les victimes ont une étrange sensation d’exécution virtuelle !
Du
fil à retordre Ces attentats ont donné du fil à retordre aux
victimes, mais ils ont eu au moins le mérite de créer une solidarité
entre des personnes qui paraissaient différentes et se chamaillaient
sans cesse. Des conseils et recettes d’apprentis sorciers fusent :
«Utilisez un mot de passe à rallonge, sans sens dans aucune langue, avec
des chiffres, des lettres, des majuscules, des minuscules... »
«Pour ceux qui ont perdu leur compte il faut envoyer un message aux
administrateurs de facebook avec un lien vers cette page. C’est comme ça
que j’ai récupéré le mien, mais il faut être agressif et menaçant (pas
grossier) sinon ils ne vous prennent pas
au sérieux et vous demandent de justifier votre identité. Ceci dit, ils
mettent un peu de temps à répondre »
Guerre civile virtuelle La
réaction des internautes tunisiens a été rapide. Bochra Belhaj Hmida,
dont le profil est menacé puisqu’elle est féministe, a lancé une
campagne de dénonciation. Certains se contentent d’exprimer leur
chagrin ou leur révolte : «Que c’est triste...! Nous sommes tous en
liberté provisoire.. » « C’est choquant révoltant ! Quelle est cette
Tunisie qu’on aura dans quelques années? C’est effrayant» D’autres
estiment que c’est leur faute parce qu’ils sont trop tolérants, trop
permissifs, trop respectueux...” On dénonce ce “terrorisme
intellectuel” avec les mots de Albert Einstein: «Deux choses sont
infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne
l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. » Une
internaute annonce qu’elle a «envoyé un long mail à différents médias
français et tunisiens pour expliquer cette affaire, j’en ai envoyé
quarante en tout et encore ce matin à un ami journaliste qui vit en
Italie, j’espère que ça aidera » D’autres, plus pratiques, appellent à
croiser le fer: « ils ont les moyens parce qu’ils sont organisés et
nous au lieu de bouger on ne fait que constater les dégâts et contester
virtuellement! AGISSONS! MOBILISONS-NOUS en créant un contre-réseau!
Il faut riposter avec la même arme! Demandez à tout le monde de signaler
cette page ».
C’est ainsi qu’un insecticide contre les “ikhwanjia” a
vu le jour. Il a réussi puisque “ les ennemis ” ont été obligés de
créer “ insecticide 2 ” pour remplacer la défunte bombe sale.
Une
guerre civile virtuelle se dessine donc à l’horizon. La cyber
délinquance est ainsi mise au service de “ l’Islam ”. Encore un mot
péjoratif associé à l’Islam qui ne manquera pas d’entacher son image
déjà ternie par ceux-là mêmes qui prétendent le défendre. Au-delà du
massacre, le geste est en lui-même hautement symbolique et fort clair. «
Il n’y a de pensée que la nôtre », tel est traditionnellement le
principe fondamental des racistes, dictateurs, misogynes et autres
oppresseurs.
Enfin, ceux qui ont parié sur la Toile comme moyen
d’expression et de débat plus commode que d’autres espaces, viennent de
découvrir qu’Internet ne constitue pas la panacée contre le mal de la
pensée unique. La Toile n’étant finalement que le reflet de la réalité,
chaque peuple a ainsi la Toile qui le représente.
**** Terrorisme
intellectuel international Je m’appelle Dorra et je fais partie des
“victimes” de ce qui est pour moi du terrorisme. J’ai 37 ans et je suis
maman d’un petit garçon de 5 ans. Je suis franco-tunisienne, je vis en
France depuis cinq ans. Comme beaucoup, j’utilise facebook pour rester
en contact avec mes amis et ma famille que vit de l’autre côté de la
Méditerranée, mais aussi comme espace de détente et de liberté
d’expression. J’ai adhéré il y a peu à un groupe du nom de “Pour une
femme tunisienne libre et non voilée” car c’est un sujet qui me tient à
cœur. J’ai publié sur la page de ce groupe un extrait de la BD
Persépolis pour tenter d’expliquer de manière pacifiste à ces
demoiselles prônant le port du voile ce que ça impliquait comme
avilissement pour la femme. Bien évidemment cela a déclenché une
discussion passionnée entre les “contre” et les “pour”, à qui nous
laissons le droit d’exprimer leur opinion sur notre page même s’ils sont
pour le port du voile, car nous sommes encore une fois partisans de la
démocratie et la liberté d’expression, et on a bien sûr eu droit aux
classiques “Vous irez rôtir en enfer, mécréants” et autres “Dieu vous
punira”. Ces répliques pathétiques me font d’habitude sourire mais ce
qui s’est passé ensuite ne me donne pas envie de sourire du tout. Le
lendemain de cette discussion, mon compte facebook ainsi que celui de
plusieurs autres membres du groupe contre le port du voile a été
désactivé sans aucun mail d’avertissement préalable. J’ai recréé un
profil sous un pseudo pour publier mon histoire, profil qui a été
“abattu” au bout de quelques heures avec insultes et menaces en bonus.
J’ai exprimé une opinion de femme libre (contre le port du voile), sur
un espace dit de liberté (le Net), dans un pays libre (la France) et les
fanatiques en question, eux, continuent à déverser leur haine et leur
appel à “l’éradication du mécréant par tous les moyens” (sic). A
l’heure où je vous écris, j’ai déjà envoyé cinq messages aux
administrateurs de facebook pour leur signaler les agissements de ce
groupe et la faille de leur système mais je n’ai pas encore eu de
réponse et mon compte est toujours désactivé. J’entre en résistance,
il faut user de tous les moyens possibles, blogs, médias, pour parler de
ce scandale. Certains de mes amis m’ont dit :”C’est pas
grave, refais un compte, verrouille-le de tous les côtés et ne fais
aucun commentaire qui puisse attirer leur attention!” NO WAY! ça serait
cautionner les agissements de ces terroristes ».
Khémais Khayati :
‘Je suis révolté’ “Quoi penser quand vous découvrez qu’on a
désactivé votre page FB dans laquelle vous n’avez pas seulement les
identités d’ami(e)s à travers le monde et principalement les mondes
tunisien et arabe, mais aussi des pensées d’ami(e)s et des photos de
famille perdus à jamais? La rage. Quoi penser quand vous apprenez que
la raison invoquée auprès de l’ordinateur de Facebook pour désactiver
votre page est que vous n’êtes pas vous-même, que vous êtes un pseudo de
quelqu’un qui, en réalité, n’existe pas? La révolte. Quoi penser
quand vous apprenez que ceux qui ont agi ainsi se cachent derrière des
pages aux noms qui sonnent comme un programme faciste : “Le
pulvérisateur d’insecticide”, “La claque”, “La bastonnade”, “La corde à
pendre”, “La chaise électrique”? Vous maudissez l’ignorance doublée de
suivisme né d’une indigence en liberté... Car ceux-là qui agissent
ainsi au nom de l’Islam oublient qu’ils portent du tort à eux-mêmes et à
l’Islam... Si une idée – quelles que soient sa valeur et sa
justification- les pousse à mener campagne à la Panurge par une guerre
virtuelle, quelle aurait été leur réaction si vous étiez face à eux? Je
n’ose y penser... Chez les gens normalement constitués, une idée appelle
une contre-idée. C’est ainsi que le “vivre ensemble” se construit,
c’est ainsi que la démocratie nait et se consolide... Si une idée les
pousse à vous tuer virtuellement... cette même idée les poussera
certainement à vous pulvériser, bastonner, vous mettre la corde au cou
ou vous attacher à la chaise électrique le jour où... Je n’oublierai
jamais la réponse de l’un d’eux, à la fin des années 80 à la maison
d’Iran, à la Cité universitaire de Paris, lors d’un débat sur la
situation politique en Tunisie, quand ils ont su que j’étais athée. Il
m’a tout simplement et froidement toisé en disant : “Le jour où nous
serons au pouvoir en Tunisie, quelqu’un comme vous, où il ira en prison,
ou il quittera le pays”... Je crois qu’aujourd’hui, leur réponse serait
autre... Il aura un troisième choix: l’irrémédiable. Tout ceci pour une
idée toute simple : “l’Etat appartient à tout le monde, la religion est
une question privée”».
- Il parait que le nombre de profils désactivés est 400 et non 200. Le chiffre a évolué depuis la publication de l'article.
- La première page Moubid 1 a eu, le premier jour, plus de 1500 fans. Celle-ci a pu être elle-même désactivée. Mais entre-temps, plusieurs pages ont vu le jour: Moubid 2, Moubid 3, Moubid 4, La corde, La chaise électrique, Le sarfague (qui doit avoir environ 900 fans à elle-seule), l'ONAS, la poubelle, le cimetière.... Et ces gens-là, comme s'ils n'avaient rien d'autre à faire de leur vie, passent leur temps à lister de plus en plus de profils et de pages à désactiver.
- En ce qui me concerne, il s'agissait de la promotion de la journée de l'enfant autiste, et non pas de sourds muets. D'ailleurs, j'enrage, parce que j'avais beaucoup de projets pour aider les enfants malades, et j'ai été stoppée dans mon élan. Je ne sais pas si je vais pouvoir être efficace sans facebook et tous les contacts que j'y avais.
- La bloggeuse dont les comptes ont été piratés en Juillet 2008, c'est aussi moi. Du moins, je le suppose, à moins qu'une autre bloggeuse ait eu les mêmes déboires à la même période.
- J'ai écrit diverses notes sur ce même sujet. Vous pourrez les trouver là:
J'étais toute excitée de découvrir des plats sfaxiens anciens. Je n'en ai pas découvert beaucoup parce que ma mère est une excellente cuisinière, un vrai cordon bleu, et qu'elle connait presque toutes les spécialités sfaxiennes, mais il y avait des plats que je n'avais pas vu depuis de très très longues années.
Les photos ne sont pas toutes réussies, il faut imaginer le monde qu'il y avait autour des buffets. Prendre ces photos était un véritable exploit: il fallait pousser les gens, essayer de cadrer sans être bousculée, prendre les photos en évitant les mains qui se tendaient....
Je vous laisse apprécier. Cliquez sur les photos pour les agrandir.
Je commence par les spécialités de l'Aïd:
Pour le Aïd essghir, à Sfax, nous mangeons les Hout mèlah et charmoula (poisson salé et 2 sauces sucrées, l'une à base de raisins secs et l'autre à base d'oignons):
Pour l'Aïd el kébir, nous mangeons le bèzine bil 9laya. Un vrai régal. Malheureusement pour moi, je ne les mange plus le jour-même de l'Aïd, mais plus tard, puisque je passe l'Aïd dans ma belle-famille tunisoise, et chez les tunisois, l'Aïd el kébir n'a pas une spécialité culinaire propre, juste un barbecue..
Dans le petit bol, il y a du miel. On mélange le bézine avec du miel et la 9layia.
Je plains les Tunisois de ne pas connaître un tel régal!
Divers plats principaux:
- Couscous aux fèves, raisins secs et kaddid (viande salée et séchée):
- Borghol à l'agneau:
- Tbikha, c'est à base de fèves.
Je me rappelle, un jour j'étais gosse, encore à l'école primaire. Mon père m'avait obligée à manger la tbikha. Je n'en voulais pas du tout. Je ne sais pas pourquoi j'avais ressenti un dégout monstre pour ce plat. J'ai donc eu une fessée. Mon père me l'avait faite avaler de force. J'avais de la révulsion. C'était horrible. J'avais pleuré, pleuré... Une vraie crise de larmes qui avait durée des heures. J'étais allée à l'école en pleurant. En classe, cela ne voulait pas s'arrêter. Une vraie crise, presque hystérique. On m'avait emmenée à l'infirmerie, et ma mère avait été obligée de venir me chercher.
Dieu merci, depuis ce jour-là, mon père ne m'avait plus obligée à manger un plat de force.
Mais je n'ai jamais oublié cet incident. Et bien-sûr, je n'ai plus jamais mangé de la tbikha, bien que les gens disent que c'est délicieux. Mais les goût et les couleurs...
- Thrida:
On dirait une chakchouka un peu liquide qu'on mange avec le Khobz Ch3ir:
- Malthouth bil bèsbès:
Le malthouth est une sorte de couscous, mais à base d'orge. Là, il est cuisiné avec des feuilles de fenouils. Un vrai délice. J'adooooooooore.
- Malthouth bil mar9a (Maltouth au poisson):
- Harissa:
C'est un plat que je ne connaissais pas du tout. Et j'ai remarqué que je n'étais pas la seule à le découvrir. Il parait que ce plat est originaire des environs de Sfax, et non de la ville elle-même. Ce plat mijote pendant 24 heures dans cet ustensile en poterie.
- Kabkabou:
C'est un ragout de poisson, très souvent du mérou.
- Hargma:
- Chakchouket bsal:
- Couscous complet aux seiches séchées:
- Hlèlim (différent du hlèlim tunisois):
- Je ne sais pas comment cela s'appelle. C'est la première fois que je vois cette spécialité. Cela ressemble à la mtabga du sud tunisien. La pâte est différente, mais la farce ressemble à celle de la mtabga: une sorte de chakchouka au kaddid. C'était très bon.
- Bézine bel djèj (j'adore aussi!):
- Bougachèche:
- Assidet il masbouk:
On m'a dit que c'est un plat très ancien. Il parait que c'était le bézine des pauvres, à base de farine noire, moins chère que la farine blanche.
- Coucous à la dawarit il hajjala.
Il parait que ce nom vient du fait qu'il s'agit d'une dawara sans viande, parce que trop chère pour les veuves. De nos jours, on y met quand même des merguez séchées. Hier, ce plat était vraiment délicieux. J'y avais gouté pour la première fois. Je ne connaissais pas du tout.
- Mlouhkia:
- Bkaîla gabsia:
On m'a toujours dit que la bkaîla est un plat juif.
Pourquoi gabsia? Je ne sais pas. Peut-être introduite à Sfax par un gabesien?
- Mo9li (friture):
Maintenant les desserts:
- Ma39ouda:
- Rfissa:
- Ftaiir:
- Hajouja:
- Laklouka:
- Hlou sfaxi:
- Bounaffèj:
Lorsque nous étions gosses, ma mère nous en faisait très souvent. Mes sœurs et moi nous amusions à les faire frire. Nous adorions mettre le moule dans la pâte et ensuite voir la fleur se former dans l'huile de friture. Hier, malheureusement, le temps de faire des photos, il n'y en avait plus une seule. Ni ma Poupée ni moi n'avions pu y gouter.
J'espère que nos amies bloggeuses culinaires nous donneront plus de détails sur ces divers plats.
Personnellement, je ne pourrais pas vous donner les recettes. Méa culpa, j'avoue ne pas savoir cuisiner ces plats.
Ma maman est la meilleure en ce qui concerne la cuisine sfaxienne. Je n'ai jamais donc essayé de faire comme elle. Je ne suis toujours contentée de déguster ce qu'elle nous préparait. Hier, d'ailleurs, j'ai pu constater qu'elle était la meilleure cuisinière au monde, pas parce qu'elle est ma mère, mais parce que c'est vrai! A chaque fois que je goutais un plat, je me disais: "maman le réussit mieux!".
Cette initiative était vraiment une très bonne idée. J'adorerais aller à d'autres déjeuners sur le même thème de la cuisine patrimoine, en goutant à chaque fois une cuisine régionale différente. Et puis, c'est une façon de faire gouter à nos enfants des spécialités qui tendent malheureusement à disparaître.
Bon appétit!
Update (15/09/2010): J'ai sauté le pas dernièrement, et j'ai préparé mon premier couscous à l'agneau.
Comme le dit si bien le proverbe français, "à quelque chose, malheur est bon".
En effet, la désactivation de mon profil facebook a eu un bon coté, elle m'a permit de découvrir un monde que je ne connaissais pas: celui des groupes intégristes musulmans sur facebook.
Grâce à un ami qui m'a donné accès à son compte, je me suis promenée dans facebook. Je voulais comprendre. Je voulais savoir qui étaient ces gens qui s’étaient octroyés le droit de désactiver les comptes de personnes qu’ils ne connaissent même pas.
En allant consulter les profils des fans des listes noires, c’est-à-dire les listes des gens que ces intégristes jugent indésirables, j'ai vu une catégorie de gens que je ne connaissais pas, j'ai découvert des groupes et des pages dont je n'imaginais pas l'existence...
J'ai pu constater de mes yeux ce que je craignais et dénonçais: une islamisation de la Tunisie. Non pas une islamisation dans le sens où il y a plus de musulmans ou que les gens sont devenus plus pratiquants. Non, pas du tout. Ce n'est pas cela. Mais une islamisation radicale, salafiste, contraire à nos traditions de tolérance. Une islamisation qui conduit à la haine et au racisme. Une radicalisation qui fait que des tunisiens n'imaginent pas que d'autres tunisiens puissent avoir des idées différentes des leurs.
En plus, ces tunisiens sont arrogants. Ils s'imaginent être les seuls à avoir tout compris, à savoir ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire, ce qu'il faut penser et ce qu'il ne faut pas penser, ce qu'il faut lire et ne pas lire, ce qu'il faut voir et ne pas voir... En fait, ils s'imaginent être les seuls à savoir comment vivre. Et qu’il faut obliger les autres à vivre comme ils le préconisent.
Le pire est que leur arrogance n'a d'égale que leur ignorance.
Ils rejettent tout sans même chercher à savoir. Tel auteur est à bannir. Tel intellectuel est à censurer. Tel cinéaste est à rejeter. Tel scientifique est un âne... Tout cela parce que leurs chefs/gourous l’ont décrété.
Il n'y a qu'eux et leurs gourous qui savent.
Ce qui est inquiétant aussi, ce sont aussi les objets de leurs groupes facebook.
Contre... Anti... Contre... Anti...
On dirait qu'ils ne sont que contre et anti.
Ils sont contre les amazighs, contre les juifs, contre les chrétiens, contre les mécréants, contre les darwinistes, contre les pacifistes, contre les athées, contre les laïques, contre le cinéma tunisien, contre les homosexuels, contres les femmes qui travaillent, contre l'alcool, contre la francophonie, contre tel ou telle personne, contre l'Amérique, contre la France, contre la production de vins, contre le tourisme, contre l‘humanisme... contre... contre...
Sont-ils pour quelque chose?
Oui.
Pour que le vendredi devienne le jour de repos hebdomadaire en Tunisie!
C'est incroyable!
Lorsqu'ils déplorent le fait que la Tunisie ait eu une bonne production viticole et ait beaucoup exporté de vin, ils ne pensent pas que cela signifie du travail pour des centaines de personnes et des devises pour la Tunisie.
Lorsqu'ils sont contre le tourisme et l'accueil d'étrangers sur notre territoire, ils ne pensent pas que le secteur du tourisme est vital pour la Tunisie, et que si ces touristes ne venaient pas, des milliers de personnes ne trouveraient pas de travail!
Non. Pas du tout. Pour eux ce n’est pas important. Pour eux, c’est juste حرام (péché). L’alcool est حرام, et on doit le condamner même si des centaines de personnes ont besoin de ce secteur pour vivre et faire vivre leurs familles.
Le tourisme, ce sont juste des étrangers, des mécréants, des كفار, qui dévergondent notre pays.
Ils ne pensent pas à ces familles qui vivent de ces secteurs économiques. Ils ne pensent pas à notre pays qui a besoin de l’argent de ces touristes pour vivre.
Ce qui les intéresse c'est seulement d'être contre!
Ces gens-là dénaturent l’islam.
L’islam, religion de paix et de tolérance.
C’est bien cet islam que l’on m’a appris lorsque j’étais jeune.
L’islam de la paix et de la tolérance.
L’islam qui aide et qui comprend.
L’islam bonté.
L’islam charité.
Ne dit-on pas Dieu miséricordieux, bon et juste?
الغفور الرحمان الرحيم
Que se passe-t-il donc?
Pourquoi?
Pourquoi?
Pourquoi ces gens qui se disent bons musulmans ne s'occupent-ils pas de faire des choses constructives pour eux-même et pour autrui?
Pourquoi ne s’occuperaient-ils pas d’aider autrui?
Pourquoi ne feraient-ils pas du bénévolat?
Pourquoi n’iraient-ils pas aider les orphelins, les nécessiteux, les plus démunis?
Pourquoi ne penseraient-ils pas à créer des groupes intéressants pour eux-même et pour autrui?
Pourquoi ne pensent-ils qu'à la destruction?
Pourquoi n'appellent-ils qu'à la haine et la violence?
Pourquoi?
A mon avis parce qu'ils se croient investis d'une mission divine, et cela leur confère de l'importance à leurs propres yeux.
Ils s'imaginent que détenant la Vérité Absolue, ils doivent mettre les gens dans le droit chemin, même contre leur gré.
C'est très inquiétant.
C’est très inquiétant parce qu’ils dénaturent l’islam.
C’est très inquiétant parce qu’ils ne respectent personne. Ils accusent. Ils jugent. Ils condamnent.
Qui sont-ils donc pour accuser, juger et condamner leurs propres concitoyens?
Qui sont-ils?
Ne sont-ils pas eux-même de simples citoyens? Des tunisiens parmi d’autres?
Qui leur a donné la prérogative d’accuser, de juger et de condamner?
A priori, ils se sont octroyé ces droits eux-mêmes!
J’ai découvert sur facebook, un groupe qui s’appelle «le tribunal virtuel facebookien».
Ils ont crée ce groupe et se sont vraiment crus devenus des juges.
Mais le pire est qu’ils se sont aussi octroyé le droit d’exécuter la sentence. Ils sont juges et bourreaux.
Comment donc?
Ils ont tout simplement décidé de «nettoyer» facebook, en pulvérisant les «insectes» que sont ceux qui pensent différemment.
Et encore, ce n’était que le début. Ensuite, le discours est devenu encore plus violent: gifles, corde pour pendre, chaise électrique et même cimetière….
Ces gens, tunisiens, ont tout simplement jugé que certains de leurs compatriotes devaient être giflés, pendus ou envoyés à la chaise électrique et enterrés. Donc doivent être supprimés.
Et si aujourd’hui, ils veulent les supprimer virtuellement parce qu’ils en ont le pouvoir, qu’en sera-t-il demain?
Si demain, ils avaient le pouvoir de faire plus que désactiver des comptes facebook, que feraient-ils?
Et ce qui est impressionnant, c'est qu'ils ont une grande capacité de mobilisation. Leurs groupes arrivent à attirer énormément de membres.
C'est très inquiétant parce qu'ils sont très actifs et ne se posent et ne posent aucune question. Ils sont sûrs de leurs choix et de leurs chefs. Ce qui fait qu'ils sont très obéissants. Ils pensent que leurs gourous parlent au nom de Dieu.
Et puis, on a l’impression qu’ils n’ont rien d’autre à faire. N’ont-ils donc aucun autre centre d’intérêt? Pas d’activités culturelles? Pas d’activités sportives?
Qu’ont-ils donc appris à l’école, au lycée et à la fac?
Rien?
Aucune réflexion?
Leurs gourous leur font croire qu’ils participent à une grande œuvre: appliquer la loi de DIEU.
Et ils obéissent.
Se posent-ils même la question de savoir si c’est vraiment ce que veut Dieu?
Même pas.
J’ai remarqué qu'une grande partie de ces «soldats» sont jeunes. Est-ce parce qu’ils sont plus facilement manipulables?
Et puis aucun respect pour autrui. Aucun respect pour les plus âgés. Aucun respect pour les plus instruits. Aucun respect pour personne.
Voir M.Taoufik Jebali listé me choque.
C’est vrai, cela me choque.
Une personnalité comme celle-là, un homme de son âge et de sa qualité, malmené de cette façon me choque.
Je me rappelle que jeune, on nous a enseigné que l’islam préconise le respect et la politesse. Je me rappelle d’un hadith qui, entre autres règles de politesses, dit que c’est au plus jeune de saluer le plus âgé. N’est-ce pas un signe que l’on doit du respect aux gens plus âgés que soit?
Pourquoi donc n’ont-ils pas respecté cette règle?
J’ai remarqué que dans leurs groupes, il n’y a pas de débats d’idées. Il n’y a pas de réflexion. Il y a seulement de la délation. De l’espionnage. Celui-ci a dit, celui-là a écrit…
Mais n’ont-ils donc rien de plus intéressant à faire?
On le dirait vu le nombre d’informations qu'ils collectent concernant les autres.
Et comment sont-ils dans la vraie vie?
Pareil?
Entrain d’espionner leurs voisins et amis?
Entrain de surveiller et d’accuser?
Je ne pourrais pas répondre à toutes les questions.
Il nous faudrait des sociologues, des analystes, des psychologues… pour essayer de comprendre ce qu’il se passe. Nous expliquer ce phénomène et ses causes.
Mais aujourd’hui, je voudrais juste tirer la sonnette d’alarme.
Ce qui se passe sur facebook est grave, très grave. Non pas pour la perte d’un compte facebook, mais pour ce que cela révèle.
Pour la cassure qui existe dans notre société. Pour le malaise. Pour la menace de la paix….
Comment de simples citoyens se permettent-ils de faire une chose pareille? Comment peuvent-ils se permettre d’essayer de bâillonner leurs propres compatriotes?
Ne respectent-ils pas la liberté d’autrui?
Ne respectent-ils pas leurs croyances?
Ne respectent-ils pas leurs différences?
Ne respectent-ils pas leurs vies privées?
Ces gens passent leur temps à réclamer la liberté pour eux. Ils réclament la liberté d’expression. Ils réclament la liberté vestimentaire. Ils réclament la liberté de culte.
Alors pourquoi refusent-ils cette liberté à autrui?
Pourquoi jugent-ils que leurs libertés sont plus importantes que celles d’autrui?
Comment se protéger de ces gens?
Comment se protéger de leurs jugements?
Comment se protéger de leur tyrannie?
A tous ceux qui se battent pour leur octroyer la liberté, pensez-vous qu'ils vous laisseront la votre plus tard?
Où est donc passée notre légendaire tolérance tunisienne?
Et puis, ne sommes-nous pas tous tunisiens?
Ne sommes-nous pas tous frères?
N’avons-nous pas le même pays, la même histoire, la même culture, les mêmes origines, les mêmes traditions, la même langue?
Nos différences ne devraient-elles pas plutôt nous enrichir que nous diviser?
Comme l’a si bien dit Nizar Bahloul dans sa chronique "Facebook version intégriste", il y avait un certain consensus entre les tunisiens pour que chacun puisse mener la vie qui lui convient. Pourquoi détruire ce consensus?
"- Bientôt la ville atteindra la mer! Tout le monde construit. Chacun veut faire son immeuble à son image, les plus riches font venir des architectes et des artistes de France, d'Italie ou de toute l'Europe, et Tunis deviendra une ville cosmopolite où tous les pays, toutes les races, toutes les religions seront représentés. Nous sommes le pays le plus moderne d'Afrique!" (1887)
Ce matin, j'ai eu la surprise de voir arriver un certain Hannibal (en hommage à Hannibal Lecter?). Il s'est présenté comme étant l'une des personnes qui ont créées ces listes noires et voudrait discuter avec moi.
3aslema. Lilla “Massir” madhabiyya ken tji ta7ki m3aya en ce qui
concerne tes idees qui vont changer le monde vers le mieux. Ena we7id
milli 3amlin baaaarcha paget mt3 taskir des comptes wel compte mte3ik
we7id minhom tres tres probablement. :)
Tnajjem ta7ki? si oui wa9tech? sinon bislema.
Hannibal
Ce monsieur Hannibal a été plus ou moins poli au début de la "discussion".
Mais ensuite, face à mes questions concernant les insultes qui m'avaient été adressées sur la page flytox et la suppression de mon profil, il s'est rétracté: il n'a rien à voir avec ces gens, mais les comprend dans leur démarche, et obéis lorsqu'on lui dit de signaler.
Bref... on parle.
A un certain moment, il me donne une adresse mail pour que je le contacte, et dit qu'il doit aller travailler.
Je tiens à vous informer que ce matin, le journaliste français qui avait écrit son article, avait été listé, pour être lui-aussi "flytoxé" pour m'avoir laissée commenter sur sa page:
(cliquez sur les images pour les agrandir)
Cet après-midi, cet Hannibal revient sur la page. Il s'aperçoit que j'ai refusé de lui communiquer mon adresse mail. Et en plus, il constate que le journaliste a su d'où il écrivait grâce à son IP.
Il se met dans une colère folle. Un pluie d'insultes et de menaces tombe.
J'avoue que cela me fait me marrer. Ce qui a pour conséquence de le mettre en colère.
Il continue les insultes et les menaces, en anglais, en français et en arabe.
Lisant cela, TILT dans ma tête: même style et même façon de s'exprimer que le "flytoxeur".
Je retourne sur notre chère page "flytox", et je fais principalement les constatations suivantes:
- Hannibal et Flytoxeur sont actifs sur internet en même temps. Et s'absentent en même temps aussi.
- Le journaliste français est à nouveau listé sur la page Flytox. Et cela juste après avoir été insulté sur sa propre page.
Lorsque je dis à ce cher Hannibal que je suis sûre qu'il est le flytoxeur, sa réponse est éloquente.
En ce qui me concerne, il n'y a presque plus de doutes:
Hannibal EST Flytoxeur.
Ce type se cache aux USA, profitant de ce qu'ils peuvent lui offrir comme confort, facilités et LIBERTÉS, et veut venir nous faire "chier" et nous donner des leçons de bonne conduite.
Pourquoi habiter aux USA si tu n'aimes pas leur façon d'être et leurs idées?
Pourquoi ne vas-tu pas habiter en Arabie Saoudite ou en Iran?
Que dirais-tu d'aller te battre aux cotés des Afghans ou des Irakiens au lieu de te cacher aux USA?
C'est facile d'être bien au chaud, à l'abri, et de s'en prendre à autrui!
Quel courage!
Update(16/04/10): Aujourd'hui aussi Hannibal et Flytoxeur se sont connectés en même temps. Za3ma coïncidence?
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