Hier soir, nous avons été voir le spectacle de Michel Leeb au Théâtre Municipal de Tunis. Par malchance, je crois que nous avions les plus mauvaises places de tout le théâtre. Nous étions en haut complètement sur le coté. On voyait bien le crane de Michel Leeb, mais pas tellement son visage, ce qui est quand même dommage lorsque l'on sait que les grimaces et les mimiques de Michel Leeb font partie intégrante de son spectacle. Et en plus, nous n'arrivions pas à entendre tout ce qu'il disait.
Une amie est allée voir les gens de la régie pour demander que le volume du son soit augmenté, mais cela n'était pas suffisant. Nous avons hurlé du haut de nos places que nous n'entendions pas, mais...
Que dire du spectacle?
Moyen. Très moyen. Décevant en fait.
C'est dommage.
On a l'impression qu'il n'y a eu aucune évolution, ou qu'il s'agit d'un vieux spectacle qu'il nous a resservi. Nous avons ri, c'est certain, mais pas trop. Juste un peu.
Les sketches étaient plutôt usés. Déjà vus et revus.
Ce qui est certain, c'est que Michel Leeb n'a pas su capter le public hier soir. C'est très simple, le spectacle nous a paru trop long!
J'ai senti hier que j'avais vieillis. A un moment, Michel Leeb a fait une série d'imitations d'acteurs français: Louis de Funès, Bourvil, Jean Gabin, Fernandel, Yves Montand.... et mon fils n'en connaissais aucun. La nouvelle génération ne connais pas ces acteurs!!!! Nous avons vieillis, et nos idoles avec nous!!!!
Heureusement qu'en deuxième partie de soirée, nous nous sommes un peu plus amusés puisque nous étions invités à la soirée de lancement du film CINECITTA au Zinc. Je vous raconterais en principe demain.
Samedi, j'ai enfin pu voir la pièce Ichkabad 2. Cela fait un bon bout d temps que j'avais envie de la voir, tellement on m'en avait dit du bien. En Novembre, j'avais déjà été au Teatro, mais après avoir fait la queue au guichet, j'ai du faire face à un "complet", plus de billets!
Ichkabad. Au début, je ne comprenais pas ce que cela voulait dire. Ichkabad. On a l'impression qu'il s'agit du nom d'une ville. Mais en fin de compte, Ichkabad c'est "passion de gens".
Et c'est un peu de cela qu'il s'agit. De gens ordinaires, de relations hommes/femmes, d'amour... mais aussi des relations pouvoir et citoyens, et la façon dont on voudrait former des citoyens modèles.
Relations hommes et femmes. Amour, désamour, espoir, désespoir, déceptions, joies, tristesses....
Hier, j'avais pensé à Klem Il lill. Dans la forme. Dans la forme, j'ai trouvé dans Ichkabed, un peu du klem ill lill. A moins que cela soit moi qui ait une sorte de nostalgie pour klem illil! Je dirais que de toute façon, on reconnait l'écriture du grand Taoufik Jebali (en collaboration avec Raja Farhat).
Comme je l'ai dit, Ichkabed c'est essentiellement les rapports hommes/femmes. Les rapports amoureux. Les rapports difficiles. Les malentendus. Les passions. Les préjugés. La société et ses interdits. La femme libre. La femme libérée. La femme émancipée. La femme désespérée. Et l'homme, le macho, l'homo, le coincé, le fort, le faible, le dragueur, le trompé, l'infidèle...
Ces hommes et ces femmes sont jeunes, vieux, sœurs, frères, maris, épouses...
Et dans tous ces rapports amoureux, on a l'impression qu'aussi bien les hommes que les femmes sont perdus, ils ne semblent pas se trouver, se retrouver, leurs rapports sont déséquilibrés, leurs langages sont différents, leurs identités mélangées...
La force de cette pièce est qu'elle nous fait rire. Nous rions de nos désespoirs, nous rions de nos contradictions, nous rions de nos frustrations, nous rions de notre éducation, de notre société, de nos traditions, de nos forces, de nos faiblesses, de notre hypocrisie, de nos rêves...
Nous rions. Vraiment.
Une heure passe en un éclair. Je dirais presque que le seul défaut de cette pièce est qu'elle ne dure qu'une petite heure. Une toute petite heure. On aimerait pourtant bien rire encore. Rire encore et encore de nos faiblesses, de ce rapport de force perpétuel entre les hommes et les femmes, duquel personne ne sort vainqueur.
Je pense qu'il faut rappeler que les comédiens ne sont pas des professionnels. La pièce est en effet interprétée par les élèves de la 4ème année d’El Teatro Studio. Bravo. Sincèrement, ils ont vraiment été à la hauteur. Encore bravo pour eux.
Si vous avez envie d'aller voir cette pièce, de nouvelles représentations sont prévues les 29-30-31 janvier 2009 à 19H30 au Teatro.
Hier soir, je suis allée voir le film "Les trois singes" qui passe actuellement à la salle AfricArt.
Je n'avais pas l'intention d'écrire une note au sujet de ce film. Pourquoi?
Parce que hier, je l'avais vu dans le cadre du cinéclub du mercredi, donc suivit d'un débat.
Parce que je n'ai pas vraiment aimé ce film. Mais certains spectateurs étaient tellement enthousiastes, ils parlaient de chef d'œuvre, l'un d'entre eux allant même jusqu'à dire qu'il s'agit d'un des plus beaux films qu'il ait jamais vu... Voyant cela, je me suis dit que puisque je ne partageais pas cet enthousiasme, c'est que c'était moi qui n'avais pas compris le film. Alors pourquoi en parler?
Je suis rentrée à la maison, j'ai fait une petite recherche sur internet. Qu'en pensent les gens, les critiques...?
A priori ce film ne laisse pas indifférent. Une majorité de personnes ont aimé, d'autre pas.
Peu importe, je vous conseille vivement d'aller le voir, vous pourriez ainsi vous faire votre propre idée. Et qui sait, il sera peut-être pour vous aussi le plus beau film de votre vie?!
Synopsis:
Une famille disloquée à force de petits secrets devenus de gros mensonges, tente désespérément de rester unie en refusant d'affronter la Vérité. Pour ne pas avoir à endurer des épreuves et des responsabilités trop lourdes, elle choisit de nier cette Vérité, en refusant de la voir, de l'entendre ou d'en parler, comme dans la fable des "trois singes". Mais jouer aux trois singes suffit-il à effacer toute Vérité?"
Ce film a reçu le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes. Je n'ai pas saisis la raison de ce prix, mais je ne suis pas spécialiste du cinéma pour pouvoir bien juger. Quoiqu'il en soit, le cinéaste a voulu faire un film pesant, et il y a réussi.
Toute l'atmosphère du film est pesante. Les couleurs: noir et blanc ou couleurs? A un moment je me suis presque posée la question. Les couleurs étaient tellement atténuées que l'on aurait dit du noir et blanc. Le décor est pesant. Les situations étaient pesantes. Les personnages, les gros plans sur leurs visages... Tout était pesant.
Comme l'a dit un spectateur, on avait l'impression que le metteur en scène ne voulait pas communiquer d'émotions. En effet, on ne pouvait pas vivre dans le film, on ne pouvait que le regarder. Observer la personnages... Et ressentir la pesanteur...
C'est vrai, je vous conseille d'aller le voir. il est tellement différent des autres films. Le metteur en scène a une façon tellement particulière de filmer...
Alors, je reviens à ma question: pourquoi finalement cette note?
Elle disait que parfois, il faut savoir ne pas voir et se taire...
Or de quoi traite ce film?
De ceux qui font ceux qui n'ont rien vu.
Du mensonge et du refus de faire face.
Du fait de ne pas voir, ne pas entendre et ne pas parler.
Où cela mène-t-il en fin de compte?
Nulle part.
Cette famille va se perdre en faisant comme si...
J'ai personnellement trouvé deux scènes très poignantes. Très significatives.
Le mari sent et comprend que sa femme l'a trompé. Que fait-il? Il fait celui qui ne voit rien. Ni vu, ni entendu..
Il ne dit rien.
Mais par ailleurs, peut-il vivre normalement?
Quels sentiments envers sa femme?
Peut-il se comporter normalement avec elle?
En fait, lorsque l'on fait celui qui ne voit pas, lorsque l'on ferme obstinément les yeux, peut-on vivre normalement?
Faire comme si, résout-il les problèmes?
Sa femme se met au lit, elle s'offre à lui, elle essaye de l'aguicher.
Que fait-il? Il est tenté. Il veut lui faire l'amour. Il essaye... Mais le peut-il?
Le doute le torture. Le doute le tue. Le doute...
Il est là. Il l'embrase, il la frappe, il l'embrasse à nouveau. Il l'attire, il la repousse. il la plaque sur lit. Il va la "baiser". Il ne peut pas. Il ne sait pas. Il ne sait plus. Que faire? Il hésite. Il avance. Il recule. Il est rongé par le doute. Il ne peut plus. Il ne peut plus agir. Le doute. Le doute. La torture du doute.
Il a choisit de ne pas voir. Mais il est impossible d'assumer la situation lorsque l'on décide de ne pas voir.
La deuxième scène est celle pendant laquelle le mari voit que sa femme va peut-être se suicider. Pareil, il est déchiré. Cette scène est très très bien filmée. Un jeu de lumière et d'ombre qui mettent en relief les tourments du mari. Et sa lâcheté aussi. Il se cache pour ne pas voir. Il reste dans l'ombre, tapi dans son coin. Il ne voit plus. Il n'affronte pas. Il préfère ne pas voir. Qu'elle prenne seule la responsabilité de se tuer, lui n'est pas concerné: il ne voit pas.
Hier soir, Emma et moi sommes allées voir le film «Tendresse du loup», dans le cadre du ciné club de l’AfricArt.
Personnellement, j’ai beaucoup aimé le film. Emma et les copines qui nous accompagnaient aussi.
Il s’agit du 2ème film de Jilani Saadi, avec dans les rôles principaux Mohamed Grayaa et Anissa Daoud.
Anissa Daoud est d’ailleurs l’actrice qui avait joué le rôle féminin du film «Hia w’houwa». Quant à Mohamed Grayaa, j’avais déjà eu l’occasion de faire sa connaissance sur le plateau de tournage du film «Cinecitta», mais c’est la première fois que je le vois à l’écran.
Synopsis:
Une nuit froide, dans l'hiver tunisien. Stoufa, révolté et humilié par son père, rejoint sa bande de copains losers. Ils traînent dans les rues de Tunis, désœuvrés, perdus. Plus tard dans la nuit, ils croisent une jeune escort girl, Saloua. La jeune femme est harcelée par la bande, qui finit par la violer. Stoufa refuse de se joindre à l'acte barbare et essaye en vain d'arrêter ses camarades. Pourtant c'est de lui que Saloua se venge. Blessé et meurtri, Stoufa part à sa recherche...
Pourquoi ce film est-il intéressant?
Tout d’abord parce qu’il nous montre une réalité autre, une réalité que nous, habitants des Manar, Menzah, Mutuellevelle… ne connaissons pas, et peut-être même que nous pouvons la soupçonner sans même jamais l’imaginer. Une réalité complètement autre et ignorée.
On voit ce que peut être la vie de ces jeunes, sans diplômes ni emplois, sans avenir… Désabusés, vivant dans un milieu où règne la loi de la jungle…
En soit, déjà cela est pour moi comme un documentaire. C’est vrai.
En plus de ce documentaire, on ressent des émotions, parce que c’est le coté humain de chaque personnage qui est mis en relief, sans aucun jugement, sans aucune censure, sans complaisance… Seulement l’humain.
Voici certaines critiques que j’ai trouvé sur le net:
«Le film se veut miroir pour conjurer la violence qui gagne une société touchée par la crise. Inégal mais touchant et courageux, il témoigne de la complexité et des ambivalences d'une jeunesse tentée par la dérive.»(Africultures)
«Entre chronique sociale et film noir, du crépuscule à l'aube, Jilani Saadi, dont c'est le deuxième long métrage, nous propose la vision abrupte d'une Tunisie froide et dure, où règnent d'innombrables frustrations, sexuelles et existentielles. Un film âpre qui cède parfois à une certaine complaisance (la scène du viol est, à ce titre, assez dérangeante), mais reste convaincant, grâce à l'énergie de ses interprètes et à une mise en scène tendue, électrisante.» (Télérama)
«Superbe interprétation ,une histoire qui raconte l'exclusion, la violence, la tendresse, des moments bouleversants d'émotions». (Alice)
Après le film, il y a eu un débat avec le réalisateur, son assistant Elyes Zrelli et Med Grayaa, acteur principal. D’après le réalisateur, les spectateurs qui ont vu son film ont soit aimé soit détesté.
Ceux qui ont détesté n’ont pas apprécié l’image véhiculée par ce film à propos de la Tunisie. En fait, je pense que ces gens voient ou veulent montrer la Tunisie carte postale pour touristes. Or, la Tunisie n’est pas que cela. Pourquoi se voiler la face. En Tunisie, n’y a-t-il donc que les plages, le soleil et les gens heureux et souriants? Sûrement pas. Et se voiler la face à mon avis ne changera pas la réalité.
Ces critiques me rappellent les critiques faites à Youssef Khaledpour son film «Hina Il maysara», qui montre lui aussi un visage de l’Égypte différent de l’image idéale que certains veulent montrer.
Le sujet de la censure a aussi été abordé. Comment la commission de la censure a-telle pu laisser passer la scène du viol, et surtout comment a-telle pu laisser passer un film qui ne punit pas pénalement les méchants?
Heureusement, il y avait dans la salle un membre de la commission de censure. Il nous a expliqué qu’il y avait eu un débat au sein de cette commission, et qu’il a été décidé de ne strictement rien couper, censurer, modifier… de ce film. Pourquoi? Parce que d’après lui, ils ont décidé que l’humain devait prévaloir sur la morale.
Ce film est avant tout humain. Personne n’y est le parfait gentil ou l’horrible méchant. Pas de jugements. Or, quelle morale? Qui est le méchant et donc comment le punir? Les personnages sont tous tour à tour bourreaux et victimes, gentils et méchants… Humains.
J’ai apprécié cette position de la commission, d’autant plus qu’il est vrai qu’en regardant le film, je me suis surprise à ne détester aucun d’eux en particulier, même pas les violeurs.
La scène du viol est terrible. A faire mal vraiment. Mais ce malaise est atténué lorsque la victime se relève et pense surtout à sa robe qui a été déchirée. C’est un peu étonnant venant de la part d’une fille qui vient de se faire violer, non?
J’ai remarqué lors des discussions que plusieurs des spectateurs avaient déjà vu le film «Khorma» et l’avaient aimé, et que c’était la raison pour laquelle ils étaient venus voir «Tendresse de loup».
Alors, je sais ce qu’il me reste à faire, puisque ce film passe actuellement à l’AfricArt.
J'ai enfin eu la chance de voir le film «bahib el cinema (J’aime le cinéma)» en entier. Il m’était arrivé à plusieurs reprises d’en voir des extraits, mais malheureusement, j’ai du atttendre pour pouvoir le voir en entier, et surtout dans l’ordre.
Il s'agit d'un film égyptien, sortit en salles en 2004.
Avant de sortir, ce film a eu bien des problèmes. D’abord financiers ce qui a fait que la réalisation a pris 5 ans. Ensuite, des problèmes «religieux» ou «sociaux».
En effet, certaines organisations ont essayé de le faire interdire. Mais la justice égyptienne leur a donné tort, et le film est enfin sortit.
Et en fin de compte, tous les problèmes, polémiques, discussions… ont eu un effet inverse: au lieu d’être interdit, le film a bénéficié d’une grande publicité, et au lieu d’un film pour «intellectuels», il est aussi devenu un grand film «commercial» à succès.
Pourquoi toutes les polémiques et controverses au sujet de ce film?
Ce film nous raconte la vie quotidienne d’une famille égyptienne chrétienne. Le père, Adly (Mahmoud Hemeida), est un grand croyant, un devot très pratiquant. Il mène la vie dure à sa famille parce qu’il voit la religion comme une série d’interdits et de pêchés. Pour lui, Dieu est crainte.
Sa femme (Leïla Alaoui) était une enseignante de dessin, mais est ensuite devenue surveillante générale d’une école. Elle est aussi croyante, mais plus ouverte que son mari.
Et Naïm, le petit garçon. Ce petit est fou amoureux du cinéma, seulement son père considère le cinéma comme un pêché, comme l’enfer.
Pour le père donc, tout est haram. Tout est interdit, le dessin, l’art, le cinéma, la TV, et même le sexe avec sa propre femme, sauf pour procréer.
Même lorsqu’il ose le faire, il éteint toutes les lumières et se dêpeche comme s’il commettait une faute impardonnable.
Cet homme passe son temps à prier et à craindre Dieu. Il jeune 200 jours par an, et n’arrête pas de faire pénitence.
Haram. Haram. Haram….
Sa bigoterie fait vivre sa famille dans la frustration et la crainte.
Sa femme par contre est devenue sexuellement frustrée. Elle a envie et besoin de sexe, mais il lui ferait presque sentir que cela est sale. Cela la jette pratiquement dans les bras d’un autre homme.
Le petit garçon, espiègle et très sympathique veut sortir du joug paternel. Il reproche à son père tous ces interdits. Il en détesterait presque son père, il commence à le détester, mais il déteste déjà l’église et tous les gens de l’église.
«Je déteste mon père, je déteste l’église, et tous les gens de l’église ».
En plus, son père lui a tellement répété qu’il irait en enfer qu’il commence à se dire que cela ne changerait plus rien. Puisque de toute façon, il va en enfer, autant en profiter et faire ce qu’il a envie de faire.
Par ailleurs, il est un peu perdu. Dieu est-il bon ou mauvais? Va-t-il vraiment aller en enfer? Le cinéma est-il vraiment pêché? Il pense que non, le cinéma est le paradis. Mais il ne sait pas vraiment. Il adresse des prières à Dieu, il lui demande de le laisser aller au cinéma encore une dernière fois, et ensuite, il promet de se repentir.
Il pose des questions à sa grand-mère. Va-t-il aller en enfer? Grand-mère répond que non, Dieu est bon.
Le gamin commence à défier l’autorité de son père. Dans son dos, il fait ce que son père désapprouve, par exemple, il enlève ses vêtements alors que son père veille toujours à le couvrir et va au cinéma.
L’enfant commence à se détacher des autres. Il se détache de son clan et de sa famille. Il crée son propre monde où le cinéma est le Paradis rempli d’anges.
Il se moque des autres. Le pire, a été de «pisser» sur les gens à l’église. Il défie l’autorité paternelle, mais aussi les règles et le sacré des religions.
La scène finale du film est d’ailleurs assez éloquente, alors que toute la famille se presse autour du grand-père mourant, il allume la TV, s’installe sur une chaise en leur tournant le dos. Il quitte leur monde réel, et se concentre sur son propre monde.
Pourquoi ce film a-t-il fait du bruit et a-t-il suscité les polémiques?
Les chrétiens égyptiens se sont élevés contre ce film, pour eux, il donne une mauvaise image des chrétiens et de l’église. Ils ont même fait un appel au boycott du film. Pour eux, le film montre un intégrisme et une bigoterie qui n’existent pas dans leur société.
Les musulmans n’ont pas aimé, ils disent qu’il n’est pas normal qu’un film égyptien montre exclusivement des chrétiens et pas un seul musulman. Pour eux, c’est une sorte de provocation, qui risquerait même de diviser la société égyptienne.
Les deux communautés reprochent aussi au film de ne pas respecter la part sacré de Dieu. L’église est une maison de Dieu, or on y voit des égyptiens se chamailler comme des chiffonniers, s’insulter, se bagarrer… On y voit deux jeunes entrain de flirter. Et on y voit le petit Naïm qui les regarde de haut, et pisse sur eux.
Sacrilège!!!!
Personnellement, je ne vois pas ce film sous cet angle.
Je ne pense pas du tout qu’il s’attaque aux chrétiens, je pense qu’il parle tout seulement de l’intégrisme, ou de l’excès de religiosité. Or cela est commun à toutes les religions. L’excès de religion est anti-humain, il ne permet plus de vivre «normalement». Il maintient la personne dans une prison de frustrations et d’interdits. Est-ce ce que demande et veut Dieu de ses créatures?
Je ne pense pas.
Le père lui-même à la fin du film a une prise de conscience. Il va changer.
«Je me prends pour un saint, alors que je suis un pêcheur.
Nous sommes tous des pêcheurs. Nous tous, et les prêtres, tous, nous disons que nous te connaissons, nous disons que nous te comprenons, nous disons que nous savons ce que tu dis, nous expliquons ce que tu attends de nous. Nous nous divisons, nous discutons…. La réalité, bien que je prie, jeune…. Je ne t’aime pas. Je voudrais t’aimer mais je ne t’aime pas. Je voudrais t’aimer comme si tu étais mon père, mais ce n’est pas le cas, tu es mieux que nous.»
Je ne pense pas que Dieu a crée l’Homme pour faire de sa vie une longue suite de tortures, de frustrations, de peines… Pourquoi Dieu voudrait faire de la vie de ses créatures un enfer? Pourquoi voudrait-il les priver des joies toutes simples, et de la beauté de la vie?
En fait, tous les interdits, sont crées par des hommes. Ce sont eux qui créent ces règles. Ce sont eux qui imposent, interdisent…
Dieu ne peut être comme cela.
Dieu est beauté et amour.
Ce film passe actuellement à la TV sur la chaine Rotana Cinéma.
Ce film a remporté plusieurs prix dans des festivals divers, dont 2 prix aux journées cinématographiques de Carthage (meilleur scénario et meilleure photo).
Je ne sais pas si Mahmoud Hameida a reçu un prix pour son interprétation, mais personnellement, je l’ai trouvé excellent dans son rôle du père. Il est à noter que Mahmoud Hemeida est un des acteurs fétiches de Youssef Chahine.
Je suppose que beaucoup d’entre vous ont vu le film «Shall we dance?» avec Richard Gere et Jennifer Lopez. Ce film existe aujourd’hui en version Egyptienne "ما تيجى نرقص" avec dans les rôles principaux Yosra et Ezzat Abou Ouf (vous pouvez voir le film ici).
Je suis tombée par hasard sur ce film l’autre jour, j’avoue ne pas avoir fait le lien avec le film «Shall we dance?», bien que le titre soit pratiquement identique.
J’ai commencé à le regarder. Pendant une première partie du film, ce n’est qu’un remake. Un copier/coller, avec tous les détails, mais une seule différence: Yosra joue le rôle de Richard Gere, c’est elle l'avocate qui s’ennuie dans sa vie quotidienne et va vouloir apprendre à danser.
Bien-sûr, pour que les apparences soient sauves, Yosra ne sera en aucun cas attirée par le danseur «star» de l’école de danse, contrairement à Richard Gere qui était attirée par la belle Jennifer.
Et puis, tout d’un coup, le film s’éloigne de son modèle. Et l’histoire change complètement.
Deux jeunes filles voilées arrivent un jour à l’école et vont vouloir prendre des cours de danse. L’école va s’organiser pour donner des cours aux filles voilées, seules, sans présence masculine.
Un jour, l’une de ces filles se marie. A son mariage, elle invite Yosra, l’enseignante et la proprio de l’école. Les 3 femmes assistent à la fête. Elles ne sont pas voilées, alors que toutes les autres femmes le sont.
Deux hommes, dont le frère de la mariée, vont voir ces femmes, non voilées, quitter le mariage, et s’étonner de leur presence parmi les invitées, toutes voilées. Ils vont faire une petite enquête et apprendre que leurs sœurs prennent des cours de danse.
Ils portent plainte contre l’école de danse pour atteinte aux bonnes mœurs.
On voit un inspecteur enquêter à propos de l’école de danse…
Par ailleurs, le mari de Yosra va apprendre qu’elle prend des cours de danse. Après quelques reflexions, il lui fixe un ultimatum: soit elle arrête la danse, soit divorce.
Répudiation. Elle en est meurtrie.
Mais elle prend quand même la défense de l’école de danse comme avocate.
Ce qui sauvera l’école, c’est le témoignage d’une des jeunes voilées qui témoignera en sa faveur. Dans cette école, on ne fait que danser. Pas de flirts, pas de gestes déplacés, pas de prostitution… Au contraire, elle va jusqu’à dire que pour elle c’est enfin un moyen d’évasion de son monde plein d’interdits.
Pour finir, toutes les charges contre l’école seront levées. Le mari de Yosra va aussi finir par être convaincu, sa femme en prenant des cours de danse, ne fait aucun mal. Il finira par s’y mettre lui-même.
Un film bien gentil et sympa.
Ce que j’ai apprécié, c’est son discours de tolérance. Tolérance envers tous.
Par exemple, dans l’école de danse, un couple d’homosexuels. Le film essaye de dire que ces gens-là ne font aucun mal à personne. Ils sont entre eux, ils sont heureux comme ils sont, alors pourquoi vouloir les embêter?
Dans cette école aussi, on comprend que les gens sont de religions différentes, mais que cela n’a pas d’importance. L’essentiel, est de bien s’amuser, de se sentir bien dans sa peau, se respecter…
Et c’est bien ce que prône ce film. Amusons-nous, respectons-nous, quels que soient nos penchants sexuels, nos idéaux, nos religions… La vie est faite aussi pour s’amuser.
Il met d’ailleurs en exergue le fait que les «trop religieux» sont ceux qui sont intolérants, ils jugent, ils condamnent… selon des apparences. Et cela est aussi commun à d’autres personnes, par exemple, lorsque le policier vient pour enquêter à propos de l’école, le concierge lui dit que c’est une honte cette école, des hommes et des femmes y entrent, en sortent, et personne ne sait ce qu’il s’y passe.
Ce film m’a aussi rappelé le film de Youssef Chahine «Le Destin», où il y a aussi un peu ce discours: dans cette vie, chantons, dansons, amusons-nous… Il ne faut pas faire de la vie un enfer sous pretexte de religion. Youssef Chahine nous y explique sa conception de la vie fondée sur la connaissance, la tolérance, le partage et l'amour.
Hier soir, bien-sûr encore une fois avec Emma, nous sommes allées voir la pièce «Mémoires d’un dinosaure» au Téatro.
Il s’agit d’une pièce qui a été présentée pour la première fois le 5 Octobre 1987 à l’occasion de l’ouverture du Téatro.
Le 05 octobre 2007, elle a été reprise à pour fêter le 20ème anniversaire du Téatro.
Et elle est à nouveau reprise pour 4 nouvelles représentations: 3 à Tunis (3, 4 et 5 Avril 08) et 1 à Monastir (12 Avril).
Cette pièce a été adaptée de "Mémoires d'Exilés" de Bertold BRECHT.
Avec: Taoufik JEBALI et Raouf BEN AMOR Mise en scène : Rached MANAI .(1945-1995) Adaptation et dramaturgie : Taoufik JEBALI
S Y N O P S I S
"…Deux hommes se croisent. L'un se présente : "Je m'appelle Ziffel". L'autre hésite, méfiant puis se présente à son tour "Tu peux m'appeler Kalle".
«Parce qu'il pourrait s'appeler tout autrement Franco ou Mohamed ou ne pas s'appeler du tout d'ailleurs. Enjeu ou jeu tout court, mené par Ziffel en extase jusqu'à l'orgasme de ses "mémoires", Ainsi libéré, il reconnaît en Kalle son ami, son autre lui-même, son double, qui va vivre dans le sens inverse le même parcours initiatique et retrouver, reconnaissant, le sens de la parole vraie.»
"Leur champ de bataille? Le Champ des mots jusqu'à l'orgasme... Tous les mots pervertis, dénaturés, dénués de leur sens originel"Rached MANAI.
Que pourrais-je dire de cette pièce?
Il est dommage que le metteur en scène ne soit plus de ce monde. Mais par ailleurs, hier, en regardant la pièce, et en voyant son nom au générique, je me suis dite que l’Art permet une certaine immortalité. L’homme disparaît, mais son œuvre reste. Son nom reste dans les mémoires.
Et cela m’avait fait penser à l’Égypte ancienne. Les égyptiens pensaient parvenir à l’immortalité en gravant leurs noms sur ce qu’ils laissaient comme vestiges, temples, tombes… et lorsque après son décès, on voulait supprimer leur immortalité, on martelait leurs cartouches.
Je ferme la parenthèse, mais je n’ai pas pu résister à l’envie de l’ouvrir: j’adore trop l’Égypte!
Donc, hier, Rached Manaï, en gravant son nom sur cette pièce, a pu accéder un peu à l’immortalité. Je trouve cela émouvant.
Autre chose d’émouvant, est de voir les deux acteurs à 20 ans d’intervalle, jouer la même pièce.
Je vous explique: la pièce n’a pas été reprise exactement comme il y a 20 ans. En effet, cette fois-ci, on a un décor qui donne l’impression de regarder une TV. Et la pièce a été reprise en intercalant des scènes filmées il y a 20 ans, et des scènes jouées aujourd’hui. D’ailleurs, la pièce débute par la projection d’un générique, en noir et blanc, comme on en voyait il y a… très longtemps!
L’idée est bonne je trouve. Artistiquement parlant. Et le passage d’une scène filmée à une scène jouée a été réussi.
Cela fait penser quelque part, que la pièce a été et est toujours d’actualité. Ce qui d’ailleurs fait de la peine. Est-ce qu’en 20 ans, la Tunisie n’a pas évolué? N’avons-nous donc pas résolu nos problèmes politiques et sociaux? Nos revendications sont-elles restées les mêmes?
Il faut croire que oui. Le texte d’il y a 20 ans, avec tous les sujets abordés, reste vraiment d’actualité. Et je trouve que cela donne une certaine angoisse. Pire, je pense personnellement, que ces problèmes se sont aggravés, ce qui est vraiment encore plus angoissant.
Le reproche que je ferais à cette pièce est d’ordre technique. Les scènes filmées, l’ont été il y a 20 ans. Je sais que techniquement, il y a 20 ans, ce n’est pas comme aujourd’hui, mais quand même! Le son n’était pas bon, parfois même, j’avais du mal à comprendre les dialogues, et je trouve dommage que la bande son n’ait pas été mieux «travaillée». L’image aussi laissait parfois à désirer. Est-ce-nous, qui avons pris l’habitude de la qualité des images numériques, qui ne pouvons plus «supporter» des images de qualité moindre? Peut-être bien!
Un autre reproche, je trouve que la pièce aurait du finir par une scène jouée, alors qu’elle s’est achevée sur une scène filmée. C’est vraiment dommage. Quoique l’on dise, des acteurs sur scène, c’est bien plus chaleureux que des images sur un écran.
Personnellement, j’ai bien apprécié cette pièce. Le jeu des acteurs m’a ramené des années en arrière, à l’époque des «Klem Illil». J’en avais vu 9/11. J’adorais vraiment. Et «Mémoires d’un dinosaure» a quelque chose de Klem Illil. Pour les vieux comme moi, cette pièce est aussi un beau souvenir d’une certaine époque.
"Mémoires d'un dinosaure" a été donnée au 1er Festival du Théâtre Expérimental du Caire & Alexandrie(1988); au Festival de Théâtre & musique de la(ex) RDA: Berliner Ensemble, Dresdes, Rostock (1989), au Festival de Milano Oltre, Milan (1990), et au Festival Fawanis à Amman.
Je dis spectacle, parce que je trouve le terme pièce de théâtre inapproprié. Ce n’était pas une pièce de théâtre, c’était plutôt un spectacle Sons et Lumières, Lecture de textes et de poésie, Danse…
Spectacle complet.
Une bande son, des textes de Gibran Khalil Gibran et de la musique, admirablement bien choisis et interprétés.
Des lumières étudiées.
De la danse, avec des vraies personnes et des projections, comme des hologrammes…
De la peinture, des tableaux…
Je ne saurai ni ne pourrai décrire ce spectacle. En plus, je l’avoue, je n’aurais jamais cru que nos techniciens étaient capables d’une telle prouesse!
Depuis hier soir, j’essaye de trouver des extraits du livre «Le Fou» de Gibran Khalil Gibran sur le net, sans succès. C’est bien dommage, j’aurais voulu les publier, pour vous mettre un peu plus dans l’ambiance.
Hier, encore une fois, j’avais été voir ce spectacle avec Emma. Elle l’a tellement adoré qu’elle pense y retourner ce soir.
Slim Kamoun fait aussi partie du spectacle. Ce jeune artiste m’a vraiment impressionnée. Il a plus d’une corde à son arc. L’autre fois, il a été un excellent humoriste, ce soir, je l’ai découvert, non pas en tant que danseur, parce que ce n’était pas exactement cela, mais en tant qu’artiste ayant une excellente maîtrise de l’expression corporelle. Magnifique.
Il y a encore 2 représentations, ce soir et demain soir à 19h30. Essayez d’y aller, cela vaut vraiment la peine.
Je publie ci-dessous quelques photos, mais malheureusement, elles ne rendent en aucun cas justice au spectacle, et ne permettent pas de se rendre compte de l’ambiance.
Pour ceux qui ne comprennent pas très bien l’arabe, le spectacle est sur-titré en français.
Update: une amie journaliste vient de me faire parvenir ce dossier de presse:
Vendredi dernier, des amis et moi sommes allés voir la pièce de théâtre ART au TMT.
Ce qui m’avait étonnée, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup de spectateurs. Mais il paraît qu’il y a eu beaucoup plus de monde aux représentations de dimanche et de Lundi à Sfax.
Je vous laisse découvrir la pièce à travers le programme distribué. (Cliquer pour agrandir)
Parmi notre groupe, certains, comme Raspoutine et Jacob, ont adoré, d’autres pas trop.
En ce qui me concerne, j’ai aimé.
Ce que j’ai trouvé drôle, c’est que la pièce m’a rappelé certaines personnes. Les situations et les dialogues, font penser à x et à y, et même à soi-même. A un certain moment, j’avais aussi l’impression de me reconnaître. Lorsque j’en ai parlé à mon mari et à Jacob, ils ont dit avoir eu la même impression.
Pour ce qui est des comédiens, je dirais que Hichem Rostom, a son habitude, a été «TOP».
Raouf Ben Yaghlane a été pour moi, une vraie découverte. C’est la première fois que je le vois sur scène, et j’avoue avoir été très agréablement surprise. Son jeu était parfait, et permettait même d’oublier son léger accent (la pièce est en langue française).
Par contre, Mohamed Kouka a été la grosse déception pour tous. Mais vraiment la grosse déception. Comme a dit un ami, il a complètement desservi la pièce. Son jeu n’était vraiment pas bon. Son élocution était catastrophique, au début, nous ne comprenions même pas ce qu’il disait. Son accent horrible… C’était vraiment dommage. J’espère pour lui, que ce n’était qu’un accident de parcours.
La pièce repasse à Sfax le 30 avril 2008. Avis aux amateurs.
P.S.: J'essayai de trouver un site à propos de Mohamed Kouka, et j'ai trouvé cet article. Je le trouve intéressant, d'autant plus qu'il rejoint ce que j'ai dit, bien que je trouve malheureux qu'en un an, la diction de Mohamed Kouka ne se soit pas améliorée!.
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