Hier soir, bien-sûr encore une fois avec Emma, nous sommes allées voir la pièce «Mémoires d’un dinosaure» au Téatro.
Il s’agit d’une pièce qui a été présentée pour la première fois le 5 Octobre 1987 à l’occasion de l’ouverture du Téatro.
Le 05 octobre 2007, elle a été reprise à pour fêter le 20ème anniversaire du Téatro.
Et elle est à nouveau reprise pour 4 nouvelles représentations: 3 à Tunis (3, 4 et 5 Avril 08) et 1 à Monastir (12 Avril).
Cette pièce a été adaptée de "Mémoires d'Exilés" de Bertold BRECHT.
Avec: Taoufik JEBALI et Raouf BEN AMOR
Mise en scène : Rached MANAI .(1945-1995)
Adaptation et dramaturgie : Taoufik JEBALI
S Y N O P S I S
"…Deux hommes se croisent.
L'un se présente : "Je m'appelle Ziffel".
L'autre hésite, méfiant puis se présente à son tour "Tu peux m'appeler Kalle".
«Parce qu'il pourrait s'appeler tout autrement Franco ou Mohamed ou ne pas s'appeler du tout d'ailleurs.
Enjeu ou jeu tout court, mené par Ziffel en extase jusqu'à l'orgasme de ses "mémoires", Ainsi libéré, il reconnaît en Kalle son ami, son autre lui-même, son double, qui va vivre dans le sens inverse le même parcours initiatique et retrouver, reconnaissant, le sens de la parole vraie.»
"Leur champ de bataille? Le Champ des mots jusqu'à l'orgasme... Tous les mots pervertis, dénaturés, dénués de leur sens originel" Rached MANAI.
Que pourrais-je dire de cette pièce?
Il est dommage que le metteur en scène ne soit plus de ce monde. Mais par ailleurs, hier, en regardant la pièce, et en voyant son nom au générique, je me suis dite que l’Art permet une certaine immortalité. L’homme disparaît, mais son œuvre reste. Son nom reste dans les mémoires.
Et cela m’avait fait penser à l’Égypte ancienne. Les égyptiens pensaient parvenir à l’immortalité en gravant leurs noms sur ce qu’ils laissaient comme vestiges, temples, tombes… et lorsque après son décès, on voulait supprimer leur immortalité, on martelait leurs cartouches.
Je ferme la parenthèse, mais je n’ai pas pu résister à l’envie de l’ouvrir: j’adore trop l’Égypte!
Donc, hier, Rached Manaï, en gravant son nom sur cette pièce, a pu accéder un peu à l’immortalité. Je trouve cela émouvant.
Autre chose d’émouvant, est de voir les deux acteurs à 20 ans d’intervalle, jouer la même pièce.
Je vous explique: la pièce n’a pas été reprise exactement comme il y a 20 ans. En effet, cette fois-ci, on a un décor qui donne l’impression de regarder une TV. Et la pièce a été reprise en intercalant des scènes filmées il y a 20 ans, et des scènes jouées aujourd’hui. D’ailleurs, la pièce débute par la projection d’un générique, en noir et blanc, comme on en voyait il y a… très longtemps!
L’idée est bonne je trouve. Artistiquement parlant. Et le passage d’une scène filmée à une scène jouée a été réussi.
Cela fait penser quelque part, que la pièce a été et est toujours d’actualité. Ce qui d’ailleurs fait de la peine. Est-ce qu’en 20 ans, la Tunisie n’a pas évolué? N’avons-nous donc pas résolu nos problèmes politiques et sociaux? Nos revendications sont-elles restées les mêmes?
Il faut croire que oui. Le texte d’il y a 20 ans, avec tous les sujets abordés, reste vraiment d’actualité. Et je trouve que cela donne une certaine angoisse. Pire, je pense personnellement, que ces problèmes se sont aggravés, ce qui est vraiment encore plus angoissant.
Le reproche que je ferais à cette pièce est d’ordre technique. Les scènes filmées, l’ont été il y a 20 ans. Je sais que techniquement, il y a 20 ans, ce n’est pas comme aujourd’hui, mais quand même! Le son n’était pas bon, parfois même, j’avais du mal à comprendre les dialogues, et je trouve dommage que la bande son n’ait pas été mieux «travaillée». L’image aussi laissait parfois à désirer. Est-ce-nous, qui avons pris l’habitude de la qualité des images numériques, qui ne pouvons plus «supporter» des images de qualité moindre? Peut-être bien!
Un autre reproche, je trouve que la pièce aurait du finir par une scène jouée, alors qu’elle s’est achevée sur une scène filmée. C’est vraiment dommage. Quoique l’on dise, des acteurs sur scène, c’est bien plus chaleureux que des images sur un écran.
Personnellement, j’ai bien apprécié cette pièce. Le jeu des acteurs m’a ramené des années en arrière, à l’époque des «Klem Illil». J’en avais vu 9/11. J’adorais vraiment. Et «Mémoires d’un dinosaure» a quelque chose de Klem Illil. Pour les vieux comme moi, cette pièce est aussi un beau souvenir d’une certaine époque.
"Mémoires d'un dinosaure" a été donnée au 1er Festival du Théâtre Expérimental du Caire & Alexandrie(1988); au Festival de Théâtre & musique de la(ex) RDA: Berliner Ensemble, Dresdes, Rostock (1989), au Festival de Milano Oltre, Milan (1990), et au Festival Fawanis à Amman.
Je n'ai pas vu la peice en 1987. Par contre je l'ai vu en 1997 pour les dix ans du El Teatro. Et cette date, pourtant, ne figure pas dans les prospectus pour presenter la piece. Je ne vois pas la raison d'une telle omission. Est-ce par inadvertance ou une volonte intentionelle ? Je ne manquerai pas de demander à Taoufik la raison ce soir meme.
Rédigé par : Takkou | 04/04/2008 à 15:33
Quand il s'agit d'universalité, le temps ne compte pas... Et c'est celà l'essence même des textes de théâtre. Tu es passée ainsi à côté de l'essentiel du dit de Rached Mannai et de (excuses moi du peu) de bertold Brecht... En évoquant l'orgasme, Rached évoque la jouissance, celle qui est j'ouie sens, qui donne du sens.
Je crois que c'est avec beaucoup de modestie que l'on doit aborder la critique théâtrale. Tu es sans doute bon public mais ne donne pas de leçon car dans cet univers du théâtre qui a des milliers d'années
tu es dilettante.
Rédigé par : asma | 04/04/2008 à 20:13
J'y suis allé hier et j'ai eu le même sentiment négatif concernant la scène de fin, j'aurais bien aimé qu'elle soit jouée plutôt qu'être filmée!
Rédigé par : Werewolf | 05/04/2008 à 15:30
@ Takkou:
Et tu nous tiendras au courant STP?
@ Asma:
Où donc as-tu vu que je prétend être critique de théâtre ou même d'autre chose?
Ce blog est classé sous la rubrique "journal intime", j'y écris des impressions, des idées, des pensées....
Dans cette note, je me limite à dire ce que personnellement j'ai ressenti vis-à-vis de cette pièce.
Je ne sais pas pour toi, mais pour moi, une pièce "créée" en octobre 1987 qui commence par dire que dans ce pays on manque de liberté, et qui 20 ans après, reprend les mêmes propos, est une pièce qui me fait un peu mal. En novembre 1987, tout un pays a cru en une ère nouvelle, et a eu de l'espoir, or 20 ans après, cette revendication de la liberté est toujours présente et plus vivace que jamais. Que d'espoirs décus en 20 ans!
Pareille par exemple pour la critique de l'enseignement chez nous, qui va de mal en pire...
Tel est l'échos que cette pièce a eu en moi concernant la Tunisie.
Aucune leçon dans cette note. Relis-là attentivement, et tu t'en aperçevras.
@ Werewolf:
Oui, je pense que cela aurait été plus "chaleureux". J'ai entendu dire qu'ils allaient "rectifier" le tir, parce que apparemment, nous sommes plusieurs à avoir fait cette remarque.
Rédigé par : massir | 05/04/2008 à 20:02