Hier soir, Emma et moi sommes allées voir le film «Tendresse du loup», dans le cadre du ciné club de l’AfricArt.
Personnellement, j’ai beaucoup aimé le film. Emma et les copines qui nous accompagnaient aussi.
Il s’agit du 2ème film de Jilani Saadi, avec dans les rôles principaux Mohamed Grayaa et Anissa Daoud.
Anissa Daoud est d’ailleurs l’actrice qui avait joué le rôle féminin du film «Hia w’houwa». Quant à Mohamed Grayaa, j’avais déjà eu l’occasion de faire sa connaissance sur le plateau de tournage du film «Cinecitta», mais c’est la première fois que je le vois à l’écran.
Synopsis:
Une nuit froide, dans l'hiver tunisien. Stoufa, révolté et humilié par son père, rejoint sa bande de copains losers. Ils traînent dans les rues de Tunis, désœuvrés, perdus. Plus tard dans la nuit, ils croisent une jeune escort girl, Saloua. La jeune femme est harcelée par la bande, qui finit par la violer. Stoufa refuse de se joindre à l'acte barbare et essaye en vain d'arrêter ses camarades. Pourtant c'est de lui que Saloua se venge. Blessé et meurtri, Stoufa part à sa recherche...
Pourquoi ce film est-il intéressant?
Tout d’abord parce qu’il nous montre une réalité autre, une réalité que nous, habitants des Manar, Menzah, Mutuellevelle… ne connaissons pas, et peut-être même que nous pouvons la soupçonner sans même jamais l’imaginer. Une réalité complètement autre et ignorée.
On voit ce que peut être la vie de ces jeunes, sans diplômes ni emplois, sans avenir… Désabusés, vivant dans un milieu où règne la loi de la jungle…
En soit, déjà cela est pour moi comme un documentaire. C’est vrai.
En plus de ce documentaire, on ressent des émotions, parce que c’est le coté humain de chaque personnage qui est mis en relief, sans aucun jugement, sans aucune censure, sans complaisance… Seulement l’humain.
Voici certaines critiques que j’ai trouvé sur le net:
«Le film se veut miroir pour conjurer la violence qui gagne une société touchée par la crise. Inégal mais touchant et courageux, il témoigne de la complexité et des ambivalences d'une jeunesse tentée par la dérive.» (Africultures)
«Entre chronique sociale et film noir, du crépuscule à l'aube, Jilani Saadi, dont c'est le deuxième long métrage, nous propose la vision abrupte d'une Tunisie froide et dure, où règnent d'innombrables frustrations, sexuelles et existentielles. Un film âpre qui cède parfois à une certaine complaisance (la scène du viol est, à ce titre, assez dérangeante), mais reste convaincant, grâce à l'énergie de ses interprètes et à une mise en scène tendue, électrisante.» (Télérama)
«Superbe interprétation ,une histoire qui raconte l'exclusion, la violence, la tendresse, des moments bouleversants d'émotions». (Alice)
Après le film, il y a eu un débat avec le réalisateur, son assistant Elyes Zrelli et Med Grayaa, acteur principal. D’après le réalisateur, les spectateurs qui ont vu son film ont soit aimé soit détesté.
Ceux qui ont détesté n’ont pas apprécié l’image véhiculée par ce film à propos de la Tunisie. En fait, je pense que ces gens voient ou veulent montrer la Tunisie carte postale pour touristes. Or, la Tunisie n’est pas que cela. Pourquoi se voiler la face. En Tunisie, n’y a-t-il donc que les plages, le soleil et les gens heureux et souriants? Sûrement pas. Et se voiler la face à mon avis ne changera pas la réalité.
Ces critiques me rappellent les critiques faites à Youssef Khaled pour son film «Hina Il maysara», qui montre lui aussi un visage de l’Égypte différent de l’image idéale que certains veulent montrer.
Le sujet de la censure a aussi été abordé. Comment la commission de la censure a-telle pu laisser passer la scène du viol, et surtout comment a-telle pu laisser passer un film qui ne punit pas pénalement les méchants?
Heureusement, il y avait dans la salle un membre de la commission de censure. Il nous a expliqué qu’il y avait eu un débat au sein de cette commission, et qu’il a été décidé de ne strictement rien couper, censurer, modifier… de ce film. Pourquoi? Parce que d’après lui, ils ont décidé que l’humain devait prévaloir sur la morale.
Ce film est avant tout humain. Personne n’y est le parfait gentil ou l’horrible méchant. Pas de jugements. Or, quelle morale? Qui est le méchant et donc comment le punir? Les personnages sont tous tour à tour bourreaux et victimes, gentils et méchants… Humains.
J’ai apprécié cette position de la commission, d’autant plus qu’il est vrai qu’en regardant le film, je me suis surprise à ne détester aucun d’eux en particulier, même pas les violeurs.
La scène du viol est terrible. A faire mal vraiment. Mais ce malaise est atténué lorsque la victime se relève et pense surtout à sa robe qui a été déchirée. C’est un peu étonnant venant de la part d’une fille qui vient de se faire violer, non?
J’ai remarqué lors des discussions que plusieurs des spectateurs avaient déjà vu le film «Khorma» et l’avaient aimé, et que c’était la raison pour laquelle ils étaient venus voir «Tendresse de loup».
Alors, je sais ce qu’il me reste à faire, puisque ce film passe actuellement à l’AfricArt.
Oui très bien le film.
Dommage qu'hier le public était clairsemé ...
Rédigé par : Dali | 05/06/2008 à 16:26
moi je l'ai vu il y a quelques mois, j'ai bien aimé le jeu des acteurs, mais le senario pas tellement, je trouve que c'est aussi quelque par caricatural, il montre une certaine face de notre societé qu'on n'aime pas voir et c'est peut etre ca aussi qui m'a derangé un peu
Rédigé par : ulyssen | 05/06/2008 à 16:27
personellementj'ai pas aimé les acteurs à part la fille. Sinon l'histoire est trop tirée par les cheveux. Il faut vraiment la comprendre au troisième degré pour un peu l'apprécier...mais vraiment un tout pti peu
Rédigé par : 24faubourg | 05/06/2008 à 17:29
bonsoir,
j'apprécie énormément lire tes petits billets qui concerne la vie culturelle tunisienne, j'ai jamais eu la chance d'aller voir des filmes dans un cinéma tunisien, interdiction parentale et désintéressement de ma part, et en lisant tes articles, j'ai tellement envie d'y être, d'aller regarder tel ou tel film, et me faire ma propre idée!!!
je me contente pour le moment de lire tes résumés, tes critiques, tes points de vue comme si j'y étais, alors merci!
des histoire comme ça change des filmes d'amour tiré par les cheveux, aux fins heureuses la plus part du temps, c'est un plaisir de voir que les opinions changent, et qu'on peux discuter et regarder des filmes qui parlent de situations bien réels bien que ceci ne plaît pas a tout le monde!! de ce que vit ce pays aujourd'hui!! c'est peut être une prise de conscience, ça fait mal de se dévoiler, quand on a l'habitude de peindre la vie en rose!!
Rédigé par : wissal | 05/06/2008 à 22:30
@ Dali:
Bien vrai.
@ Ulyssen:
Refuser de voir la réalité de certains?
@ 24faubourg:
Nous ne sommes pas du même avis... Mais c'est ce qui fait la richesse de la vie.
@ Wissal:
Merci, cela me fait bien plaisir.
Interdiction parentale? Pourquoi donc?
Je trouve que les cinémas égyptiens et tunisiens deviennent bien plus réalistes qu'avant. Peut-être que les cinéastes ont-ils compris qu'ils ont un rôle plus important que celui de divertir.
Rédigé par : Massir | 06/06/2008 à 15:29
"J’ai apprécié cette position de la commission", l'existence même de cette commission est une HONTE.
Rédigé par : Un tunisien | 07/06/2008 à 11:52
Un papier qui pourrait bien paraître dans la presse tunisienne au regard de la paresse de NOS journalistes.
Bonne chance
Rédigé par : khayati | 08/06/2008 à 08:19
ce film est selon moi le 2eme meilleur film tunisien car la premiere place est reservée au film le silence des palais . j'ai adoré la tendresse du loup !
Rédigé par : sarra | 08/06/2008 à 18:35
@massir; hzara!! ni plus ni moins!!! ça a servi a rien!!!!
Rédigé par : wissal | 09/06/2008 à 13:41