Oui, vous avez bien lu: un palestinien chez un juif. J’ai eu moi-aussi un mouvement de surprise hier soir lors des présentations.
Jacob a l’habitude d’organiser une fois par mois, un dîner œcuménique. Hier, nous y avons participé pour la première fois.
Il y avait donc, entre autres, Mgr Maroun Lahham, évêque de Tunis (palestinien), le Père Paul Geers un père blanc installé en Tunisie depuis 49 ans, un prêtre sicilien, un sociologue tunisien (désolée, forgot their names), Docteur Hechmi Dhaoui un psychanalyste, Mme Sonia Fellous chercheur au CNRS, section hébraïque, Emma, Raspoutine, mon mari et moi, et quelques autres personnes.
Bref, les trois religions monothéistes étaient représentées, et je dirais même bien représentées.
Jacob nous avait préparé un bon repas (mon Dieu les kilos depuis que je connais Jacob!!!).
Ce qui était génial, c’est que finalement, nous étions tous ensembles bien à notre aise. Une ambiance bon enfant. Respect total entre tous.
Chacun parlait de sa religion, de sa foi, de ses croyances…
Questions. Réponses. Mais surtout tolérance.
Mgr Maroun Lahham, a pour ma part assez bien résumé l’évolution de l’humanité, et ce vers quoi elle devait tendre.
A l’origine, il y avait le chaos. Les hommes étaient à l’état sauvage, et s’entretuaient.
Ensuite, est apparue la loi du Talion: "Œil pour œil, dent pour dent". Cette loi entendait lutter contre la violence individuelle en limitant celle-ci au niveau de la violence subie.
Après, il y a eu la «règle d’Or»: "Ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse."(qui entre parenthèse est mon credo).
Cette règle d'or est complétée par une formulation positive: "Fais à autrui ce que tu aimerais qu'on te fasse." (à mon avis, rares sont ceux qui le font. Il y en a quand même, Dieu Merci).
Et enfin, il faut aboutir à cette règle: «Aimez vos ennemis». Cela me semble un peu utopique, et c’est ce que j’avais justement répondu à Mgr Maroun. L’amour de l’ennemi me semblait presque contraire à la nature humaine.
Finalement, à y réfléchir, peut-être que j’avais tort. S’il est difficile d’aimer ses ennemis, on peu au moins essayer. L’amour serait dans ce cas, «une bonne volonté compréhensive, créatrice, rédemptrice, envers tous les hommes ». Martin Luther King. Ou plus simplement, l’amour serait une sorte de pardon.
Grâce à Mme Sonie Fellous, nos connaissances historiques concernant la religion judaïque et l’antiquité ont été bien enrichies. Personnellement, je connais enfin la différence entre les saducéens et les pharisiens.
Ce dîner a été très agréable et très enrichissant. J’espère que Jacob pensera à nous inviter à chaque fois.
Si tous les peuples pouvaient être si tolérants!!!!
Bien que regroupant un grand nombre de stars (Sharon Stone, Demi Moore, Martin Sheen, Anthony Hopkins, Helen Hunt...), je n'ai pas trouvé ce film génial. Il est agréable et assez plaisant à regarder.
Par contre, les 5 dernières minutes sont intéressantes et bouleversantes. En quelques secondes, la vie de plusieurs personne peut basculer, et sombrer dans l'horreur, à cause du geste d'une ou plusieurs personnes.
Ce que j'ai vraiment adoré dans ce film, ce sont les discours de Bobby Kennedy. En fait, essentiellement deux discours.
J'ai cherché sur Internet, j'en ai retrouvé un, je vous le livre ci-dessous. Extraordinaire discours, et tellement d'actualité!!!
Discours de Robert Kennedy sur la violence aux Etats-Unis
City Club of Cleveland, Cleveland, Ohio 5 avril 1968
Aujourd’hui est un temps de honte et de chagrin. Ce n’est pas un jour pour la politique. Je saisis cette opportunité, mon seul évènement aujourd’hui, afin de vous parler de la menace non-réfléchie de la violence en Amérique qui à nouveau entache notre pays et à nouveau chacune de nos vies.
Ce n’est pas une question de race. Les victimes de la violence sont noires et blanches, riches et pauvres, jeunes et vieilles, célèbres et inconnues. Elles sont, avant tout, des êtres humains que d’autres êtres humains aiment et dont ils ont besoin. Personne – peu importe où il vit ou ce qu’il fait – ne peut savoir avec assurance qui souffrira de ces carnages irréfléchis. Et pourtant cela ne cesse pas dans ce pays qui est le nôtre. Pourquoi? La violence, qu’a-t-elle accompli ? Qu’a-t-elle créé? Aucune cause de martyre n’a jamais été immobilisée par la balle d’un assassin. Aucun méfait n’a jamais été ajusté par une émeute et le désordre civil. Un tireur d’élite n’est qu’un lâche, pas un héros; et une foule non-contrôlée et incontrôlable n’est que la voix de la folie, pas la voix de la raison. A chaque fois que la vie d’un Américain est prise par un autre Américain sans nécessité – que cela soit accompli au nom de la loi ou en défiant la loi, par un homme ou un gang, de sang froid ou par passion, dans une violente attaque ou en réponse à la violence – à chaque fois que nous déchirons ce tissu qu’est la vie qu’un autre homme a difficilement, et du mieux qu’il peut, cousu pour lui et ses enfants, la nation toute entière est dégradée. «Entre hommes libres», a dit Abraham Lincoln, «il ne peut y avoir aucun appel heureux du vote à la balle; et ceux qui répondent à un tel appel sont sûrs de perdre leur cause et d’en payer le prix.» Mais apparemment nous tolérons un niveau ascendant de violence qui ignore notre humanité commune et nos prétentions d’une civilisation uniforme. Nous acceptons avec calme les reportages des journaux sur des massacres de civils dans des pays lointains. Nous glorifions les meurtres sur les écrans de cinéma et télévisés et appelons ça du divertissement. Nous facilitons l’acquisition d’armes et de munitions souhaitées par des hommes de toutes santés mentales. Trop souvent nous honorons les parades et les éclats et les exercices de force; trop souvent nous excusons ceux qui ont la volonté de construire leurs propres vies sur les rêves anéantis des autres. Certains Américains prêchent la non-violence à l’étranger, mais oublient de la pratiquer ici chez eux. Certains accusent les autres de déclencher des émeutes, mais les ont incités par leur propre conduite.
Certains cherchent des boucs-émissaires, d’autres cherchent des conspirateurs, mais ce qui est clair c’est que: la violence engendre la violence, la répression amène les représailles, et uniquement le nettoyage de toute notre société peut ôter cette maladie de notre âme. Parce qu’il y a un autre genre de violence, plus lente mais tout aussi destructrice qu’un tir ou une bombe dans la nuit. C’est la violence des institutions; indifférence et passivité et lent déclin. C’est la violence qui est affligée aux pauvres, qui empoisonne les relations entre les hommes parce que leur peau ont des couleurs différentes. C’est la lente destruction d’un enfant par la faim, des écoles sans livres et des maisons sans chaleur en hiver. C’est briser l’esprit d’un homme en lui niant la chance d’être un père et un homme parmi d’autres hommes. Et ceci aussi nous touche tous. Je ne suis pas là pour proposer un set de remèdes spécifiques et il n’y a pas de set précis. Pour un large et adéquat plan, nous savons ce qui doit être fait. Lorsque vous apprenez à un homme à haïr et à avoir peur de son frère, lorsque vous lui apprenez qu’il est un sous-homme à cause de sa couleur de peau ou de ses croyances ou de la politique qu’il poursuit, lorsque vous apprenez que ceux qui sont différents de vous menacent votre liberté ou votre travail ou votre famille, alors vous apprenez aussi à confronter les autres, pas comme d’autres citoyens mais comme des ennemis, auxquels il faut faire face non pas avec coopération mais avec conquête; à être assujettis et maîtrisés. Nous apprenons, finalement, à regarder nos frères comme des étrangers, des hommes avec lesquels nous partageons une ville, mais pas une communauté; des hommes liés à nous par une résidence commune, mais pas par un effort commun. Nous apprenons uniquement à partager une peur commune, un commun désir de se replier loin l’un de l’autre, uniquement dans une pulsion commune de faire face aux désaccords avec force. Pour tout ça, il n’y a pas de réponses finales. Mais nous savons ce que nous devons faire. Il faut parvenir à une vraie justice entre nos compagnons citoyens. La question n’est pas quels programmes nous devons chercher à appliquer. La question est pouvons-nous trouver en notre propre sein et notre propre cœur cet engagement au but humain qui reconnaîtra les terribles vérités de notre existence. Nous devons admettre la vanité de nos fausses distinctions entre hommes et apprendre à avancer nous-même dans la quête de l’avancement des autres. Nous devons admettre dans notre fort intérieur que le futur de nos propres enfants ne peut être bâti sur le malheur des autres. Nous devons reconnaître que cette courte vie ne peut être ni anoblie ni enrichie par la haine ou la vengeance. Nos vies sur cette terre sont trop courtes et le travail à accomplir trop grand pour laisser cet esprit encore se propager sur notre terre.
Bien sûr nous ne pouvons pas le vaincre avec un programme, ni avec une résolution. Mais nous pouvons peut-être nous souvenir, même si ce n’est que pour un instant, que ceux qui vivent avec nous sont nos frères, qu’ils partagent avec nous ces mêmes courts instants de vie; qu’ils cherchent, tout comme nous, rien d’autre que la chance de vivre leurs vies avec résolution et bonheur, en obtenant ce qu’ils peuvent de satisfaction et d’accomplissement. Assurément, ce lien de foi commune, ce lien d’un but commun, peut commencer à nous apprendre quelque chose. Assurément, nous pouvons apprendre, au moins, à regarder ceux qui nous entourent comme des compagnons humains, et assurément nous pouvons commencer à travailler un peu plus dur à panser les plaies parmi nous et à devenir dans nos propres cœurs des frères et des co-citoyens à nouveau.
Il y a quelques jours, j'ai eu la chance de voir le dernier film de Mel Gibson: Apocalyto.
Je vous conseille de le voir. Ce film est très très bien fait. Les acteurs, bien que amateurs, sont excellents, les décors grandioses, le son, l'image... tout est parfait.
Je vous laisse lire l'article de Jacques Coulardeau, il en parle bien mieux que je ne le ferais moi-même
Bravo à Mel Gibson, qui nous avait déjà régalé avec "Braveheart" et "La passion du Christ"
Cela fait un certain temps que je veux en parler, mais je ne trouvais pas le temps. En fait, surtout depuis un post de Mouwaten, qui m’avait «choquée». D’ailleurs le même sujet a été repris par Mouwaten pour montrer le paradoxe qui existe entre la France et la Tunisie.
Dans une société, tout dépend de l’éducation donnée aux enfants.
Le problème de notre système éducatif, en particulier, et l’éducation des enfants en général ont d’ailleurs été souvent cités ici et là.
C’est un sujet trop vaste pour être abordé dans son ensemble dans un seul post. Ici, je ne parlerais que de l’école.
Mes enfants sont à la mission (école française). Par choix et par obligation.
Lorsqu’il était petit, mon fils était malade. Il a du passer 3 mois dans un centre spécialisé en France, et nous craignions qu’il soit dans l’obligation d’y retourner. Il avait donc fait un trimestre à l’école française. Et à son retour à Tunis, nous avions préféré le mettre dans une école française pour qu’en cas de besoin, si jamais il fallait de nouveau l’envoyer la-bas, il ne soit pas perdu.
Mais ensuite, nous étions tellement satisfaits du système de la mission, que nous avions fait le choix d’y inscrire petite poupée.
Je ne vais pas faire l’apologie du système éducatif français. Parce qu’apparemment, ce ne marche pas très très bien en France. Mais ici, si. Ce système est excellent.
En fait, j’ai envie de vous donner le contre exemple de Mouwaten.
En 2002, lors de la campagne présidentielle en France, les enfants avaient vécu les élections à l’école en direct. Ils avaient la campagne, les affiches, des débats… Exactement comme s’ils avaient été des adultes. Et ensuite, ils ont eu des urnes à l’école et ils ont voté pour élire le président de leur choix. Bien-sûr, c’était des élections «bidons», mais les enfants avaient participé à la vie politique de la France. Et cela a été une occasion pour leur expliquer la démocratie et ses règles.
L’année d’après, pour l’année scolaire 2002/2003, la classe de mon fils avait travaillé toute l’année sur un projet, qui pour moi, était utopique, et qui pourtant a vraiment vu le jour: écrire un livre sur les droits des enfants.
En fait, à l’origine, il était aussi prévu que les enfants aillent en visite au Parlement des Enfants à Paris. Mais ce projet avait été annulé.
Toute la classe avait participé à l’élaboration du livre.
Il est vrai que ce livre traite des droits des enfants, mais, pour connaître les droits des enfants, il faut commencer par déterminer ce que sont les droits, et donc aussi ce que sont les obligations, et comment exercer ses droits et ses obligations.
Ce livre a été l’occasion pour les enfants d’apprendre énormément. Ils ont appris ce qu’est un citoyen, ce que sont les droits et les obligations de chaque citoyen, la hiérarchie des lois (cours de droit à la fac chez nous), comment sont votées ces lois, ce qu’est un Parlement…
Ils ont appris à se respecter, ils ont appris le travail en équipe…
Par ailleurs, à chaque fois que je consulte les livres d’instruction civique de mon fils, je suis impressionnée.
La méthode d’enseignement est en elle-même différente. Personnellement, je la résume ainsi:
À l’école publique tunisienne (ministère), on apprend aux enfants à apprendre (juste pour passer les examens), à l’école française (mission), on leur apprend à réfléchir.
Je parle ici des élèves moyens, ordinaires et normaux, pas des génis, des surdoués ou au contraire, des cancres.
Et on peut constater cela aussi bien dans la façon d’enseigner, que dans les sujets de contrôle. Généralement, le cours est «interactif», et les sujets de contrôle sont des sujets de synthèse. Il n’y a pas de place pour les élèves qui veulent apprendre bêtement une leçon et la réciter sans la comprendre.
Et puis la discipline est stricte et les punitions intelligentes.
Par exemple, il y a deux ans je crois, mon fils avait jeté un papier par la fenêtre de la salle de classe. Un surveillant l’a vu.
D’abord, un rapport avait été écrit à l’intention des parents et de l’élève, avec le rappel de certaines règles, ensuite l’élève a été puni, mais d’une façon tellement intelligente, qu’il n’a plus osé refaire cela: mon fils a été retenu à l’école un mercredi après-midi, et il a du rédiger une dissertation sur la protection de l’environnement.
Un ami, dont les deux enfants sont à l’école publique tunisienne nous racontait la semaine dernière qu’il avait constaté dans les cours de géographie de ses enfants, un fait qui l’avait choqué (et nous aussi d’ailleurs). Il a dit que les chiffres qui étaient donnés étaient les chiffres avant 1987, et après 1987. Comme si avant 1987, la Tunisie était un beau ZERO, et après 1987, son évolution a été miraculeuse, sur tous les plans, agricole, industriel… Ridicule!
Ceci est mon avis personnel, basé sur des constatations personnelles, et non pas sur une étude quelconque. Le débat est donc ouvert. Donnez vos avis, cela ne fera qu’enrichir la discussion.
Je précise que mon mari a fait toutes ses études au ministère. Quant à moi, au primaire, j'étais dans une école privée tenue par des soeurs chrétiennes, ensuite, le secondaire au ministère. Mais c'était à une autre époque....
N.B.: Je ne parle pas ici, du Lycée Cailloux de la Marsa que certains nomment le Club Med, ou même le dépotoir. A tort ou à raison, je ne sais pas.
Avant hier soir, soirée Anouar Braham à l’Acropolium.
Il n’y a presque rien à reprocher à l’organisation de la soirée. Des hôtesses en uniformes, souriantes, accueillaient les spectateurs. Pas de bousculades. Respect de l’horaire. Bref, on entrait dans la cathédrale dans de bonnes conditions.
Comme nous sommes en Tunisie et pas au paradis, il y a un MAIS…
Mais.
La salle de concert était à l’origine divisée en deux zones: la zone A et la zone B.
Les billets de la zone A coûtent 50 dinars, et ceux de la zone B, 30 dinars. On s’imagine que lorsque l’on achète un billet à ce prix-là, on est sûr de trouver une place. Et bien, ce n’est pas le cas.
Comme vous le savez tous, chez nous, tout marche aux pistons. Tu peux ne pas avoir de billet, et avoir une super place. Tu peux t’acheter un billet, et te retrouver sans place ou bien relégué au fond de la salle ou sur les côtés.
Nous arrivons, munis de nos billets zone A. Surprise, les 4 premières rangées sont réservées. A qui???
Nous cherchons donc deux places pour nous, difficile.
Comme nous avons un ami, qui a des aktefs, et qui par hasard se trouve là, on nous donne deux places initialement réservées.
Nous apprenons que les places en zone A ne sont plus disponibles, et que des personnes munies de billets zone A ont été placées en zone B, bien au fond.
D’autres personnes arrivent. A chaque fois, la même discussion reprend: j’ai des billets, je veux mes places, désolé, les places sont réservées….
A chaque fois, les gentilles hôtesses essaient de «placer» ces gens malchanceux, souvent en amenant des sièges supplémentaires et en les mettant dans l’allée latérale.
Un homme, accompagné de trois femmes a refusé catégoriquement tout compromis. Il s’assoit sur un des sièges réservé et oblige les femmes à faire de même. Les hôtesses sont affolées. Que faire?
Des instructions arrivent. Il ne faut pas faire de problèmes, tant pis, laissons cet homme et ces femmes tranquilles.
A 21h 35, alors que le spectacle avait déjà commencé, les personnes tant attendues sont enfin arrivées. Je ne sais pas qui elles étaient. Je suppose que ce sont des membres de l’une des deux familles.
Elles ont été placées avec tous les honneurs dus à leur rang!!!
Sinon, quand au spectacle lui-même, sincèrement, je dirais… c’est pas mon truc.
La combinaison des instruments est sûrement très difficile, et bravo aux musiciens. Mais, je trouve que les premiers morceaux se ressemblaient tellement qu’au bout d’un certain temps, les esprits, du moins le mien, s’en allaient divaguer au loin.
Certains (dont mon mari, son voisin, un homme devant…) se sont carrément endormis.
Heureusement que vers la fin, en fait à partir de «Halfaouine», le public s’est un peu réveillé. Les morceaux suivants ont été intéressants.
En ce qui me concerne, je pense qu’Anouar Braham est à écouter chez soi, et sûrement pas pendant deux heures sans interruption.
Toutefois, je respecte son talent. C’est un grand artiste.
Mon mari m'a invitée hier soir au restaurant à La Goulette.
Le mari de Dooda avait découvert que le guide Michelin recommandait un restaurant de La Goulette "Mamie Lily". Il avait fait découvrir ce restaurant à ses amis (dont mon mari) il y a environ 2 semaines.
A son tour, mon mari a insisté hier soir pour me le faire découvrir.
Nous arrivons.
Je suis absolument surprise. C'est une petite maison avec jardin à La Goulette.
A l'intérieur, c'est encore une maison, pas un restaurant. En fait, rien ne semble indiquer qu'il s'agit d'un restaurant, au contraire, on a vraiment l'impression d'être dans une maison où des gens vivent. C'est comme si on est invité à manger chez des amis chez lesquels on se sent vraiment à l'aise. L'empreinte du maître des lieux se voit partout: ses livres, sa musique, les tableaux qu'il a peint, des portraits de famille...
D'après le propriétaire, il s'agit du dernier restaurant "Kacher" du monde arabe.
Cuisine et ambiance juives tunisiennes.
Une kémia accompagnée d'un petit verre de boukha, nous ont été servis en début de repas. Ensuite, kafta (différente de la kafta "musulmane"), petites bricks, un couscous boulettes (séquence souvenirs estudiantins pour moi) et une mechmachia. Nous ne connaissions pas ce plat. En fait, c'est une combinaison de marqua hlouwa et masfouf.
Mon mari adore.
Pour moi, c'est un peu plus complexe. C'est un mélange de nostalgie, de souvenirs...
J'ai replongé dans cette ambiance juive dans laquelle j'avais passé de nombreuses années. De très heureuses années. Je pense que j'avais donc un regard emprunt de tendresse envers tout ce que je voyais et... mangeais.
L'acceuil est très chaleureux, et le maître des lieux vaut le déplacement à lui seul.
Il s'agit d'un juif Tunisien, originaire de La Goulette. Il a vécu en France pendant 18 ans, mais il a fait ensuite le choix de rentrer au pays. D'après lui, la qualité de vie en Tunisie est bien meilleure qu'en France (petit clin d'oeil à Houssein et Samsoum).
Gilles Jacob Lellouche (c'est son nom), est titulaire d'un diplôme en marketing. Il a laissé tomber la vie parisienne pour revenir dans SON pays. Il a ouvert ce restaurant avec sa maman Lily.
Grâce à Héliodore qui a eu la gentille de penser à nous, mon mari, un ami et moi sommes allés hier soir au Théâtre Municipal pour le one-man-show de Kamel Touati.
Le Rotary Club Tunis El Menzah organise, au Théâtre municipal de Tunis, le mardi 13 mars 2007 à partir de 19h30, une représentation de la pièce “Ahna Haka” avec Kamel Touati et ce au profit de l’action “Aidez un enfant à trouver le sourire”. Kamel Touati jouera donc le rôle d’un homme de 40 ans. Invité à une fête, il s’aperçoit, dès son arrivée, qu’il y avait dans ce festin beaucoup de gens avec qui il ne s’entend pas. Il refuse donc de se joindre à eux et se met à l’écart pour imaginer et pour interpréter à sa guise tout ce qui se passe dans la fête et entre ces gens «antipathiques».
Pendant une heure et demi, nous avons ris. Bien ris. Mais moi, j'ai ris un peu jaune. Non pas que je n'ai aucun sens de l'humour, ou que je sois coincée, mais c'est parce que j'ai eu un peu honte.
C'est vrai, c'est une caricature de notre société tunisienne, et certains de nos travers sont un peu innocents, mais certains autres de nos défauts sont ridicules. Nous le savons. Nous essayons d'en rire, mais que faisons-nous pour y pallier???
Kamel Touati a abordé plusieurs sujets, je ne pourrais les énumérer tous. Certains sont "universels", comme le voyeurisme dont nous faisons preuve face aux "catastrophes" montrées à la TV (morts, guerres, massacres, catastrophes naturelles...).
D'autres sont un peu plus particuliers à la Tunisie (comme d'autres pays en voie de développement ou sous-developpés), tels le favoristisme, les pistons, la dégradation des moeurs...
Kamel Touati a été extra-ordinaire. Beaucoup de talent. Si vous en avez l'occasion, je vous conseille vraiment d'aller le voir.
Il y a trois semaines, je suis allée voir le film «Making of» de Nouri Bouzid. Je l’ai trouvé excellent. A tous les points de vues. Aussi bien par le sujet abordé, que par la manière d’aborder ce sujet.
Avant de parler du film, je voudrais juste dire un petit mot concernant l’acteur principal Lotfi Abdelli: je l’ai trouvé lui aussi excellent. C’est la première fois que je le vois, mais je trouve qu’il a été parfait. Il joue aussi bien le rôle de Bahta, que celui de Lotfi, l’acteur qui se pose des questions sur le rôle qu’on lui fait jouer. Le prix d’interprétation qu’il a eu pour ce rôle est tout à fait mérité.
Ce film «Making of» aborde le sujet de l’islamisme. Plus précisément, il met en évidence l’intolérance des intégristes.
Il montre le malaise des jeunes tunisiens, complètement paumés, sans espoir et sans avenir, incompris par leur entourage, sans travail, ni encadrement.
Ces jeunes se retrouvent facilement embobinés.
Au début du film, on voit ces jeunes s’adonner à leur passion: la danse. En occident, ils auraient pu avoir de l’aide pour canaliser leur énergie dans une telle passion pacifique plutôt que d’avoir à faire les durs dans la rue. Chez nous, ils sont pourchassés par la police.
En fait, ce film montre que dans une société intolérante, il n’y a pas un grand choix d’avenir: on est soit bandit, soit intégriste.
Or les intégristes ne sont pas progressistes, ils sont au contraire conservateurs ou même rétrogrades. Ils veulent une société sans changements, une société statique, sur laquelle le temps n’a pas d’effets. Les privilèges restent les mêmes. Pas de débats, pas d’échange d’idées, pas de remises en causes….
Tout est tabou: on n’en parle pas, on refuse d’en parler. Donc, rien ne changera.
Selon l’intégriste: la femme est l’origine du mal.
Pourtant lui-même est hypocrite. Je trouve que la différence d’âge entre l’époux intégriste et sa jeune femme est en elle-même un signe d’hypocrisie.
La femme est voilée, et elle a envers Bahta des sourires et des regards équivoques, qui pourraient laisser penser qu’elle a envie de le draguer.
Un reproche a été fait à Nouri Bouzid: la majorité des spectateurs n’a pas aimé la fin du film.
J’ai moi-même cette impression de film inachevé. Une impression de fin en queue de poisson.
Mais par ailleurs, quelle autre alternative?
Qu’aurait pu être une fin différente?
Bahta pouvait-il échapper au suicide? Qu’aurait-il pu être? Quel avenir lui restait-il? Quelles perspectives s’offraient à lui?
Bahta était tiraillé entre l’endoctrinement dont il a été victime et ses propres valeurs. Il s’est tué, mais sans porter préjudice à autrui. Il a été programmé pour s’exploser en faisant des victimes. Ses propres valeurs lui interdisaient de faire du mal à autrui. Le compromis a été de se tuer, seul.
Il paraît que le choix de l’endroit du suicide, en l’occurrence, le port et les containeurs, est un clin d’œil au fait qu’il aspirait à partir, à émigrer en Europe.
Je trouve qu’avec ce film Nouri Bouzid a su tirer son épingle du jeu: il a bien transmis son message, sans tomber dans le stéréotype. Même son acteur ne voulait pas jouer certaines scènes. Il lui a expliqué qu’il n’est pas contre l’islam, mais contre le fait d’instrumentaliser l’islam.
Bravo Nouri Bouzid. Je le trouve courageux d’aborder le sujet. De toute façon, ce n’est pas la première fois qu’il est courageux. Je rappelle qu’il y a de très longues années, dans son film «l’homme de cendres», il avait parlé de deux autres tabous de notre société: la pédophilie et l’homosexualité.
L’autre soir, j’ai rencontré un ami cinéaste. Il reproche au film l’absence de contre discours. Il trouve qu’il n’y a pas un autre son de cloche à l’intégriste. D’après lui, en première lecture, on pourrait comprendre le film comme pro-islamiste. Il pense que les gens «moyens», pourraient faire abstraction des interventions de Nouri Bouzid et comprendre le film comme pro-islamiste. L’islam serait l’unique moyen de sauver Bahta de sa vie de dépravé. Il paraît que c’est cette absence d’un autre son de cloche qui a fait que ce film n’a pas été retenu pour être présenté à Cannes.
Je ne suis pas très convaincue par ce raisonnement.
Cet ami cinéaste reproche aussi au film son dénouement. Pourquoi le suicide?
J’ai rencontré à une soirée privée, Lotfi Dziri, l’acteur qui joue l’intégriste dans le film, pour lequel, sans l’intervention de Nouri Bouzid, la lecture du film aurait été complètement différente.
En fait, bien qu’il semble dire la même chose que mon ami cinéaste, je pense qu’il y a une différence.
Mon ami, parle du film tel quel, et pense que ce film risque d’être mal compris, et que les spectateurs non «avisés» pourraient ne pas le comprendre. Par contre Lotfi Dziri dit que les interventions de Nouri Bouzid sont l’essence même du film, et je suis tout à fait d’accord avec lui.
Vendredi à Sousse, lors du débat qui a suivi le film, un homme accompagné de sa femme voilée est intervenu pour critiquer le film et son message. Il disait être là pour défendre l’islam contre les attaques du film. Et a voulu agresser verbalement Nouri Bouzid.
On dit que l’occident a rejeté ce film. D’après Lotfi Dziri ce film ne plait pas aux occidentaux parce qu’il fait une distinction entre islam et islamisme, alors que l’occident voudrait faire l’amalgame entre les deux. Je ne suis pas tout à fait d’accord. Je ne pense pas que l’occident veuille faire cet amalgame, et même si c’était le cas, je pense que nous musulmans sommes responsables de cela.
C’est mon avis (ou mon impression personnelle), ce n’est bien-sûr basé sur aucune étude. Mais j’essaie de me placer du coté occidental. Quelle image l’islam ou les musulmans offrent-ils?
Je prends un exemple tout simple. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vu des caricatures de Jésus ou de Moïse. Il y a eu parfois certaines polémiques à ce sujet, mais je ne me rappelle pas que le monde ait jamais été embrasé pour cette raison. Lors de la parution des caricatures danoises, le monde a brûlé. Je trouve cela disproportionné et cela donne à l’occident une image d’intolérance des musulmans.
Samedi arès-midi, mon mari et moi sommes allés voir une expo de photos de Ramzi Souani.
Cette expo s’intitule «Lucifer in love» et se tient à l’espace «Le 14» du 14 février au 14 mars 2007.
C’est la deuxième expo de Ramzi que je visite.
La première, "Cinétique du désir", c’était l’hiver dernier à l’espace « El Théâtro ».
J’avais beaucoup aimé la première expo. J’avais trouvé les photos assez expressives. Surtout l’une d’entre elles
Sur cette photo, je vois une souffrance. La personne est oppressée, enfermée dans un espace dont elle voudrait s’échapper. Elle se débat. Elle pousse de toutes ses forces. Il est possible qu’à l’époque, cette photo-là exprimait ce que je ressentais moi-même.
Cette nouvelle expo, j’ai l’impression que Ramzi est allé beaucoup plus loin dans la souffrance. Le titre de l’expo, qui a mon avis diffère de l’Arabe à l’Anglais (Beit Echaïtane et Lucifer in love) s’applique très bien aux photos.
Ces photos expriment un énorme tourment. C’est vraiment l’Enfer, avec tous ses diables, ses fantômes, ses souffrances….
Par ailleurs, l’espace est aménagé de façon à mettre les photos dans l’ambiance. Tout l’espace est rouge.
Nous avons été accueillis par monsieur Abdelaziz Gaïed, photographe de plateau et enseignant à l’école du cinéma. Cet homme très gentil, est passionné par son travail. Il nous a expliqué comment il a travaillé l’ambiance de l’expo.
En plus, nous avons eu de la chance, 3 de ses étudiants étaient là, et travaillaient sur le montage d’un petit film. Nous les avons regardés travailler.
C’était vraiment très intéressant.
J’ai beaucoup aimé cet espace que j’ai découvert pour la première fois.
Je vous conseille vivement d’aller y jeter un coup d’œil. Vous ne serez pas déçus.
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