Avant hier soir, j'ai regardé le film BOBBY.
Bien que regroupant un grand nombre de stars (Sharon Stone, Demi Moore, Martin Sheen, Anthony Hopkins, Helen Hunt...), je n'ai pas trouvé ce film génial. Il est agréable et assez plaisant à regarder.
Par contre, les 5 dernières minutes sont intéressantes et bouleversantes. En quelques secondes, la vie de plusieurs personne peut basculer, et sombrer dans l'horreur, à cause du geste d'une ou plusieurs personnes.
Ce que j'ai vraiment adoré dans ce film, ce sont les discours de Bobby Kennedy. En fait, essentiellement deux discours.
J'ai cherché sur Internet, j'en ai retrouvé un, je vous le livre ci-dessous. Extraordinaire discours, et tellement d'actualité!!!
Discours de Robert Kennedy sur la violence aux Etats-Unis
City Club of Cleveland, Cleveland, Ohio
5 avril 1968
Aujourd’hui est un temps de honte et de chagrin. Ce n’est pas un jour pour la politique. Je saisis cette opportunité, mon seul évènement aujourd’hui, afin de vous parler de la menace non-réfléchie de la violence en Amérique qui à nouveau entache notre pays et à nouveau chacune de nos vies.
Ce n’est pas une question de race. Les victimes de la violence sont noires et blanches, riches et pauvres, jeunes et vieilles, célèbres et inconnues. Elles sont, avant tout, des êtres humains que d’autres êtres humains aiment et dont ils ont besoin. Personne – peu importe où il vit ou ce qu’il fait – ne peut savoir avec assurance qui souffrira de ces carnages irréfléchis. Et pourtant cela ne cesse pas dans ce pays qui est le nôtre.
Pourquoi? La violence, qu’a-t-elle accompli ? Qu’a-t-elle créé? Aucune cause de martyre n’a jamais été immobilisée par la balle d’un assassin.
Aucun méfait n’a jamais été ajusté par une émeute et le désordre civil. Un tireur d’élite n’est qu’un lâche, pas un héros; et une foule non-contrôlée et incontrôlable n’est que la voix de la folie, pas la voix de la raison.
A chaque fois que la vie d’un Américain est prise par un autre Américain sans nécessité – que cela soit accompli au nom de la loi ou en défiant la loi, par un homme ou un gang, de sang froid ou par passion, dans une violente attaque ou en réponse à la violence – à chaque fois que nous déchirons ce tissu qu’est la vie qu’un autre homme a difficilement, et du mieux qu’il peut, cousu pour lui et ses enfants, la nation toute entière est dégradée.
«Entre hommes libres», a dit Abraham Lincoln, «il ne peut y avoir aucun appel heureux du vote à la balle; et ceux qui répondent à un tel appel sont sûrs de perdre leur cause et d’en payer le prix.»
Mais apparemment nous tolérons un niveau ascendant de violence qui ignore notre humanité commune et nos prétentions d’une civilisation uniforme. Nous acceptons avec calme les reportages des journaux sur des massacres de civils dans des pays lointains. Nous glorifions les meurtres sur les écrans de cinéma et télévisés et appelons ça du divertissement. Nous facilitons l’acquisition d’armes et de munitions souhaitées par des hommes de toutes santés mentales.
Trop souvent nous honorons les parades et les éclats et les exercices de force; trop souvent nous excusons ceux qui ont la volonté de construire leurs propres vies sur les rêves anéantis des autres. Certains Américains prêchent la non-violence à l’étranger, mais oublient de la pratiquer ici chez eux. Certains accusent les autres de déclencher des émeutes, mais les ont incités par leur propre conduite.
Certains cherchent des boucs-émissaires, d’autres cherchent des conspirateurs, mais ce qui est clair c’est que: la violence engendre la violence, la répression amène les représailles, et uniquement le nettoyage de toute notre société peut ôter cette maladie de notre âme.
Parce qu’il y a un autre genre de violence, plus lente mais tout aussi destructrice qu’un tir ou une bombe dans la nuit. C’est la violence des institutions; indifférence et passivité et lent déclin. C’est la violence qui est affligée aux pauvres, qui empoisonne les relations entre les hommes parce que leur peau ont des couleurs différentes. C’est la lente destruction d’un enfant par la faim, des écoles sans livres et des maisons sans chaleur en hiver.
C’est briser l’esprit d’un homme en lui niant la chance d’être un père et un homme parmi d’autres hommes. Et ceci aussi nous touche tous.
Je ne suis pas là pour proposer un set de remèdes spécifiques et il n’y a pas de set précis. Pour un large et adéquat plan, nous savons ce qui doit être fait. Lorsque vous apprenez à un homme à haïr et à avoir peur de son frère, lorsque vous lui apprenez qu’il est un sous-homme à cause de sa couleur de peau ou de ses croyances ou de la politique qu’il poursuit, lorsque vous apprenez que ceux qui sont différents de vous menacent votre liberté ou votre travail ou votre famille, alors vous apprenez aussi à confronter les autres, pas comme d’autres citoyens mais comme des ennemis, auxquels il faut faire face non pas avec coopération mais avec conquête; à être assujettis et maîtrisés.
Nous apprenons, finalement, à regarder nos frères comme des étrangers, des hommes avec lesquels nous partageons une ville, mais pas une communauté; des hommes liés à nous par une résidence commune, mais pas par un effort commun. Nous apprenons uniquement à partager une peur commune, un commun désir de se replier loin l’un de l’autre, uniquement dans une pulsion commune de faire face aux désaccords avec force. Pour tout ça, il n’y a pas de réponses finales.
Mais nous savons ce que nous devons faire. Il faut parvenir à une vraie justice entre nos compagnons citoyens. La question n’est pas quels programmes nous devons chercher à appliquer. La question est pouvons-nous trouver en notre propre sein et notre propre cœur cet engagement au but humain qui reconnaîtra les terribles vérités de notre existence.
Nous devons admettre la vanité de nos fausses distinctions entre hommes et apprendre à avancer nous-même dans la quête de l’avancement des autres. Nous devons admettre dans notre fort intérieur que le futur de nos propres enfants ne peut être bâti sur le malheur des autres. Nous devons reconnaître que cette courte vie ne peut être ni anoblie ni enrichie par la haine ou la vengeance.
Nos vies sur cette terre sont trop courtes et le travail à accomplir trop grand pour laisser cet esprit encore se propager sur notre terre.
Bien sûr nous ne pouvons pas le vaincre avec un programme, ni avec une résolution.
Mais nous pouvons peut-être nous souvenir, même si ce n’est que pour un instant, que ceux qui vivent avec nous sont nos frères, qu’ils partagent avec nous ces mêmes courts instants de vie; qu’ils cherchent, tout comme nous, rien d’autre que la chance de vivre leurs vies avec résolution et bonheur, en obtenant ce qu’ils peuvent de satisfaction et d’accomplissement.
Assurément, ce lien de foi commune, ce lien d’un but commun, peut commencer à nous apprendre quelque chose. Assurément, nous pouvons apprendre, au moins, à regarder ceux qui nous entourent comme des compagnons humains, et assurément nous pouvons commencer à travailler un peu plus dur à panser les plaies parmi nous et à devenir dans nos propres cœurs des frères et des co-citoyens à nouveau.
la dynastie des kennedy et l'une des plus mythique aux USA, ils ont beaucoup donné a leur payes et on formé la fine fleur des dirigeants !! ils ont payé ca de leur vies, c'etaient des visionnaires ! jen ai la chair de poule en lisant le dernier paragraphe !
Rédigé par : ulyssen | 19/04/2007 à 14:56
Effectivement, Robert Kennedy n'est pas le plus bête des deux frères. L'Histoire l'a laissé dans l'ombre de son frère, président en exercice assassiné, il n'en est pas moins quelqu'un dont les idées politiques avaient une portée presque universelle. C'est d'ailleurs assez ironique puisqu'il a lui-même été assez assassiné malgré les messages anti-violents qu'il essayait de véhiculer et qu'il a fallu attendre presque 40 ans pour que quelqu'un se réclame de manière LEGITIME comme s'inspirant de ses idées(Barack Obama, candidat afro-américain à l'investiture démocrate).
Rédigé par : snake | 19/04/2007 à 15:03
il y a un "assez" en trop dans mon comment précédent ! mdr !!
Rédigé par : snake | 19/04/2007 à 16:02
bien vu
Bien dit
Bravo
Rédigé par : elgreco | 19/04/2007 à 19:10
@ Ulyssen:
Exactement, c'est à donner la chair de poule.
L'autre discours aussi est extra, mais je ne le trouve pas encore sur Internet. Je chercherais plus tard.
@ Snake:
Paradoxalement, j'ai toujours préféré Bobby à Jack.
@ El Gréco:
C'est étonnant, c'est le post qui a le moins de succès, et pourtant je trouve ce discours génial.
Il faut que l'on voit comment se voir pour achever les modalités d'adhésion au CIGV.
A bientôt.
Rédigé par : Massir | 20/04/2007 à 11:04