J'ai été pendant trois jours sans TV, ni Internet, je n'ai pas appris la mort de Youssef Chahine à temps.
Lorsque la nouvelle m'est parvenue, je suis restée interdite, pétrifiée. Je n'arrivais pas à y croire. C'était exactement comme si je perdais un être proche, un ami, un membre de ma famille... Jo, tu vas me manquer.
J'ai vu que plusieurs notes lui ont été consacré. Sa biographie, sa filmographie... se trouvent ici et là sur la blogosphère. Je n'en rajouterais pas.
Lorsque j'étais jeune, à part certains films "conventionnels", tels que Ciel d'enfer (Sira` fi al-Wadi), Les Eaux noires (Sira` fi el-Minaa) et Gare centrale (Bab al-Hadid), je n'aimais pas du tout les films de Youssef Chahine. Pire, je les évitais.
Pendant des années, dès que je voyais son nom, je refusais de voir le film. Sauf une exception pour Le 6ème jour, avec Dalida. Pourquoi cette exception? Tout simplement parce que à l'époque, j'étais étudiante en France, que j'avais un manque cruel de films arabes, et que ce film passait dans les salles. J'avais été le voir, rien que parce qu'il s'agissait d'un film égyptien.
J'avais trouvé le film plaisant. Youssef Chahine lui-même y fait d'ailleurs une petite apparition en tant qu'acteur. J'avais beaucoup apprécié l'acteur Mohsen Mohieddine. Cet acteur était à l'époque l'acteur fétiche de Youssef Chahine, une sorte de jeune prodigue qui dansait, chantait, jouait la comédie...
Ce n'est qu'à la sortie de Le Destin, que j'ai complètement changé d'avis à propos de Youssef Chahine.
A l'époque, j'avais fais un séjour de 4 mois en France à cause de l'hospitalisation de mon fils. Et comme pour Le 6ème jour, j'étais en manque de films arabes, et ce film passait en France...
La spectatrice que j'étais, était sortie de la salle de cinéma, complètement métamorphosée, et surtout complètement amoureuse. Amoureuse de Youssef Chahine.
Ce n'est que plus tard que j'ai appris que Youssef Chahine avait fait ce film suite à la déception que lui avait causé l'acteur Mohsen Mohieddine. En effet ce jeune acteur très prometteur, avait d'après Chahine, subi un lavage de cerveau de la part des extrémistes religieux. Et le film Le destin, raconte un peu son histoire. Le jeune prince, joué par Hany Salama, représente dans la réalité le jeune Mohsen Mohieddine, promis à un avenir artistique brillant et stoppé par son fanatisme religieux.
En ce qui me concerne, après ce coup de foudre, j'ai cherché à voir un maximum de films de Chahine, et je pense les avoir presque tous vus. Pour certains même, je les ai vus, revus et revus. Et mon coup de foudre s'est transformé en amour durable. Cet homme m'avait subjuguée par ses idées, son énergie, son courage...
Depuis plusieurs mois, j'attends avec impatience de voir le film Le Chaos.
«Le cinéaste que je suis ne peut rester indifférent aux problèmes qui l'entourent. Je refuse d'être un amuseur. Témoin de mon temps, mon devoir est d'interroger, de réfléchir, d'informer». Et il s'est justement appliqué à réaliser cela.
J'espère que ses 2 plus illustres "élèves", Khaled Youssef et Yosri Nasrallah sauront perpétuer son œuvre.
Plus de 1500 personnes se sont rassemblées dans l'église romane catholique de la Résurrection au Caire, pour lui rendre un dernier hommage. Je suis sure que des millions de personnes de part le monde lui ont aussi rendu hommage.
Youssef Chahine a été ensuite enterré dans le caveau familial à Alexandrie.
Je récuse les étiquettes univoques, comme celles qui parlent d’un Occident absolu ou d’un Orient absolu. Il n’y a pas un Occident unique, pas plus qu’il n’y a un Orient unique; au contraire, l’observation nous apprend que le coucher du soleil à l’horizon est un processus continu au cours de l’année, qui ne peut être l’apanage d’une région à l’exclusion des autres. Il en va de même du jaillissement de l’aube, comme l’avaient déjà remarqué nos ancêtres, les anciens Égyptiens, il y a de cela des millénaires. Il existe en Occident des voix sensées, qui savent que la richesse de l’humanité est dans l’interpénétration de ses cultures et la complémentarité de ses éléments, et non dans le projet de bâtir une culture unique en écrasant les autres. Dans notre région du monde, il existe des voix similaires, non seulement à l’époque actuelle, mais aussi depuis les temps les plus anciens. Ainsi, notre grand maître Jalaluddîn Rûmi - poète, musulman et soufi - qui naquit en Afghanistan, écrivit sa poésie en persan et mourut à Konya en Turquie, écrivait-il dans dans son chef-d’œuvre Le Masnavi :
J’ai souffert comme Oriental, Aussi suis-je devenu Occidental
Quant au grand cheikh Muhieddîn Ibn ‘Arabî, qui vécut en Andalousie et voyagea dans le vieux monde avant de mourir finalement à Damas, il a écrit :
Mon cœur est devenu capable de toute image, Prairie pour les gazelles, Couvent pour les moines, Temple pour les idoles, Kaaba pour les pèlerins, Tables de la Torah, Et livre du Coran.
Personnellement, j’ai foi dans ce message humaniste, dans la richesse que les hommes tirent de leur diversité et des interactions qui en résultent plutôt que dans l’affrontement. Je n’oublie pas que les fondements spirituels de l’Occident sont venus d’Orient, et que pour notre part nous avons emprunté à l’Occident les éléments de progrès que nous connaissons à l’époque moderne. À la fin du XIXe siècle, un cheikh éminent de l’université d’al-Azhar, novateur audacieux, se rendit en France - il s’agissait de l’imâm Muhammad Abduh. À son retour, il déclara qu’il avait découvert là-bas un islam sans musulmans, tandis que nous avions en Orient des musulmans sans islam.
De part et d’autre, l’extrémisme est présent, chaque religion produit ses fanatiques, et beaucoup des extrémistes dont le monde souffre aujourd’hui ont vu le jour dans des sociétés closes, qui ont basculé sous l’emprise d’écoles de pensée isolées dont la zone d’influence ne dépassait pas à l’origine un périmètre délimité du globe. Or, ces écoles ont soudain hérité d’une richesse démesurée, inattendue, conférant à certaines d’entre elles une puissance qu’elles n’auraient jamais imaginée. Conscients de leur force, ils ont alors tenté d’imposer leur doctrine isolée aux autres - je fais ici clairement référence aux tenants de la doctrine wahhabite, en Arabie Saoudite, dont j’affirme qu’ils sont plus dangereux pour l’islam et les musulmans que toute autre force, parce qu’ils rejettent tous ceux qui ne pensent pas comme eux même lorsqu’ils sont musulmans. Ce que l’islam a subi au cours des dernières années sous l’influence des plus extrémistes d’entre eux est terrible et effrayant, comme l’est la volonté de la censure planétaire de s’étendre aux programmes scolaires locaux et de supprimer des textes entiers pour se conformer à des injonction émanant de Washington ou des centres d’études stratégiques. L’histoire nous apprend que toute censure est génératrice d’oppression, et que l’oppression engendre l’humiliation, qui à son tour produit la haine et la frustration. Cette censure moderne, mise en œuvre sous forme d’instructions clandestines ou officielles relayées par des régimes affaiblis, apeurés, dont les représentants craignent pour leur pouvoir et leur fortune, ne conduira qu’à plus d’humiliation et plus d’extrémisme. Or, force est de constater que les États-Unis ont été et demeurent, du fait de la collusion de leurs intérêts, le soutien principal de ces régimes.
De mon point de vue, la résistance à l’extrémisme ne peut incomber qu’aux membres des sociétés et des civilisations dans lesquelles cet extrémisme voit le jour, que ce soit en Orient ou en Occident, et non à une censure qui émanerait de l’étranger.
Les expressions absolues comme «l’axe du mal» ou «la guerre contre le terrorisme» ne feront que creuser davantage les malentendus. Certains régimes exploitent ces slogans pour réaliser des objectifs qui vont bien au-delà de ce qui est contenu dans les messages eux-mêmes. Le danger réside dans le fait qu’en recourant à des slogans aussi absolus, on met le doigt dans des conflits impossibles à maîtriser, particulièrement si l’idéologie ainsi véhiculée est appliquée à certaines parties et non à d’autres, car tôt ou tard, la vérité finit par apparaître à ceux qui ne font pas l’objet d’un traitement particulier.
Né au Caire en 1945, Gamal Ghitany est à la fois romancier, nouvelliste, chroniqueur, il dirige l’hebdomadaire Les Nouvelles littéraires, publié par le grand quotidien Al-Akhbâr. Son œuvre compte plus de vingt titres, dont plusieurs ont déjà été traduits en français, parmi lesquels : Zayni Barakat (Seuil, 1985), Epître des destinées (Seuil, 1993), La Mystérieuse Affaire de l’impasse : Zaafarâni (Sinbad-Actes Sud, 1997), Les Délires de la Ville (Sinbad-Actes Sud, 1999), Mahfouz par Mahfouz (Sinbad, 1991).
Il y a quelques mois encore, je ne connaissais pas du tout cet auteur. J’avais acheté un premier livre «Zayni Barakât», et il y a quelques jours, je suis tombée par hasard sur 2 autres livres, cellui-ci et «Les délires de la ville».
En surfant sur Internet, j’ai appris que Gamal Ghitany était un élève de Naguib Mahfouz. Oui, sûrement. Ils s’intéressent tous les deux aux petits personnages de la vie quotidienne égyptienne, les gens de la rue, les gens ordinaires… Mais je trouve le style de Naguib Mahfouz plus poétique, plus aéré, plus léger, plus facile à lire. Lire Naguib Mahfouz est aussi facile que regarder un vieux film égyptien en noir et blanc.
A moins que je n’aie cette impression parce que j’ai pratiquement vu tous les livres de Mahfouz en films…
Je suis donc arrivée à la fin de ce livre, et je me trouve oppressée. C’est vrai, vraiment oppressée.
Au début, je ne comprenais pas pourquoi, et ensuite, j’ai réalisé que l’oppression venait du fait que le livre décrivait une société où l’individu est oppressé. De toutes parts, par ses voisins, ses amis, ses collègues, sa société entière et son Etat, cet Etat qui normallement, grâce à ses institutions est censé veilller à son bien-être et à sa sécurité, mais qui en réalité ne fait que le surveiller, le manipuler, lui mentir.
Le livre relate la vie d’une impasse, l’impasse Zaafarani, ses habitants, leurs habitudes, leur vie quotidienne, et dresse un portrait de chacun d’eux en le faisant parler et en allant jusqu’au fond de ses pensées…
Les gens vont et viennent, se disputent, vaquent à leurs occupations, travaillent, font l’amour…
Et un jour, catastrophe, tous les hommes de cette impasse deviennent impuissants sexuellement.
Un sheikh va récupérer cet incident, il va proclamer être l’auteur de cet envoutement, et tenir par ce biais tous les habitants sous sa coupe.
Ce livre a été écris en 1976, mais personnellement, je le trouve encore d’actualité. Il ne décrit pas seulement la société égyptienne des années 1970, mais toute la société arabe, jusqu’à nos jours. Où l’on voit d’ailleurs que nous n’avons pas vraiment évolué en 30 ans!
Le style lui-même du livre est très particulier. L’auteur nous fait passer, sans aucune transition parfois, de la narration, au rapport de police, à l’article paru dans un journal, aux pensées profondes d’un personnage, aux ragots, aux mémorundums... Comme si le tout ne faisait qu’un. Comme si les personnages n’avaient pas d’existence propre en dehors de la société et de tout et tous ceux qui les entourent! Ils sont des individus, mais en même temps sujets…
«Ghitany dévoile une société sévèrement quadrillée, où l'individu refoulé pèse de peu de poids face à la collectivité et se trouve finalement dépossédé de son propre destin sans presque jamais se rebeller».
Cette oppression se manisfeste aussi aussi bien concernant les libertés individuelles, que concernant les opinions et activités «publiques». Toute personne soupconnée d’avoir une activité politique ou même juste une certaine idéologie différente de celle de l’État, est automatiquement surveillée, épiée. L’Etat, par le truchement de ses agents va chercher à connaître par tous les moyens, le moindre geste, la moindre parole, la moindre attitude… interpréter, noter, faire des rapports…. Et même en cas de besoins, inventer et faire de faux rapports. Et ceci concerne aussi bien la personne «soupçonnée» que toutes personnes ayant des relations avec elle.
Ghitanyh nous décrit l’Egypte des années 70 qui venait de perdre un Nasser au profit d’un Sadate plus capitaliste. Les inégalités qui s’y étaient creusées au sein de la population avaient profité à un extrémisme religieux aussi farfelu que dangereux, illustré par le personnage du sheikh, qui va utiliser ce moyen pour les tenir sous sa coupe chacun espérant, par sa docilité et sa soumission aux lubies totalitaires du cheikh, recouvrer sa virilité.
L’auteur critique, non seulement, toute forme d'oppression, mais aussi la faiblesse de chacun des habitants vis-à-vis de ses propres peurs, croyances et démons.
Tous deviennent impuissants par le seul pouvoir du sheikh. Pourtant, presque aucun d’entre eux ne pense à se révolter, à essayer de trouver une solution. Ils sont fatalistes, superstitieux et crédules. Ils obeissent au sheikh, qui les tient sous sa coupe.
«Quoi qu’il en soit, les riverains le sentaient constamment proche d’eux, ils avaient l’impression qu’il les surveillait, qu’il savait tout de leurs agissements».
En temps de crise, il y a toujours une récupération par des extrémistes religieux. Et c’est-ce qu’essaye de démontrer Ghitany. Dans une interview, il avait précisé qu’il visait tous les extrémismes religieux, pas seulement l’islamisme. Peut-être. J’ai eu l’impression qu’il visait particulièrement l’islamisme, bien que tous les extremismes agissent d’après le même schéma.
Le sheikh va s’adresser aux zaafaraniens par le biais de deux personnes. L’une ne fera que transmettre les ordres et consignes du sheikh (que les habitants exécuteront sans discussion), mais l’autre aura une tâche plus importante, et portera un titre «Le Prédicateur».
Ce titre va le faire se sentir le personnage important. Il a la charge de propager et d’expliquer la pensée du sheikh. A cet effet, il convoquera certains «priviligiés» pour discuter avec eux.
A la fin, la vie dans l’impasse va devenir pratiquement impossible. Que de malheurs se sont abattus sur l’impasse! Et l’appel à la révolte va retentir.
Mais les idées du sheikh ont dépassé les frontières de l’impasse, et ont commencé à se propager…
Arrivés en Sardaigne après un voyage assez fatigant. Pendant le transit à Munich, j’avais déjà reconnu des visages familiers. Cela fait plusieurs années que nous étions invités par la même compagnie, qui faisait un peu travailler nos hommes en divertissant leurs femmes.
A l’aéroport de Cagliari, la physionomie des gens change. Nous étions en Allemagne, avec une population grande et claire de peau, nous arrivions en Sardaigne, et nous trouvions des gens plutôt petits et brun. Cela m’a d’ailleurs étonnée: les sardes sont vraiment très petits, bien plus petits que les tunisiens.
En attendant le bus, mon mari et moi nous sommes amusés à regarder les gens. En fait, j’avais trouvé cela amusant parce que l’on voyait des gens, comme ceux que l’on ne voit qu’au cinéma. Vous savez, les vieilles femmes, cheveux gris en chignon, vêtements noirs. Il y en avait même deux qui portaient de longues jupes et des tabliers. Exactement comme dans les vieux films italiens. J’ai trouvé cela bien émouvant et tellement authentique.
Le bus nous a emmené à Villasimus. Village touristique par excellence. J’aurais préféré plus de visites, mais il fallait bien suivre le programme, qui cette année était surtout balnéaire. Certains ont beaucoup apprécié cela parce qu’ils ont pu profiter de la mer. Ce n’était pas vraiment mon cas, puisque nous aussi en Tunisie avons la mer et les belles plages.
Nous avons quand même eu le plaisir de savourer une soirée folklorique, avec danses et chants et dîner sardes. J'ai trouvé leurs patisseries très jolies et très colorées.
Par ailleurs, je ne sais pas ce qui m’est arrivé, mais pendant tout le séjour, je ne pensais qu’à dormir. J’avais envie de dormir tout le temps. Cela en devenait gênant. Je dormais à la plage, je dormais en bateau, je dormais dans le bus… Il m’est arrivé de rater certaines activités pour aller dormir. Et, ce qui ne m’était jamais arrivé auparavant, j’ai parfois laissé mon mari veiller seul, participer aux soirées, danser… et suis allée dormir.
Le comble a été lorsque je me suis endormie sur le quad.
Nous avions fait une promenade en montagne sur des quads. Mon mari conduisait, j’étais derrière lui. Nous roulions dans des petits sentiers accidentés… et je me suis endormie. C’est vrai, je le jure. Je me suis endormie en quad. De temps en temps, j’ouvrais les yeux, j’essayais de me concentrer sur le paysage, je prenais quelques photos… et je me rendormais.
J’ai bien aimé la Sardaigne. C’est joli, et ce qui est génial, c’est que c’est encore vierge. Beaucoup de paysages. Pas trop d’agglomérations, du moins, pas là où nous sommes allés.
Ce que j’ai aussi beaucoup apprécié, c’est que les constructions essayent de respecter la nature, et essayent donc de s’intégrer dans le paysage. La peinture des maison est couleur sable, et rares sont les constructions à étages (je ne parle bien sûr pas des grandes villes comme Cagliari).
J’ai aussi adoré le fromage sarde. Pendant 5 jours, je me suis nourrie presque exclusivement de fromage. C’était délicieux.
Je sais, c’est une calamité pour mes fesses, mais j’ai essayé de compenser en ne mangeant presque rien d’autre. Enfin presque, parce que les 2 derniers jours, je suis tombée sur un glacier succulent, et là, bonjour les dégâts!
Notre groupe était aussi harmonieux. Les musulmans «trop pratiquants» n’ont pas été invités. J’ai eu de la peine pour eux, et aussi pour nous.
En fait, chaque année, nous sommes environ 130 personnes à participer à ce voyage. De nationalités différentes et de religions différentes.
Malheureusement, les années précédentes, et particulièrement il y a 3 ans à Sienne en Toscane, certaines personnes avaient eu du mal à s’intégrer dans le groupe. Et encore malheureusement, ces personnes sont musulmanes.
En fait, il est évident que gérer 130 personnes pendant 5 jours n’est pas chose facile. Il faut que tous se sentent à l’aise.
Il y a 3 ans, il y a eu des problèmes à cause de la nourriture. Les organisateurs, des italiens, savaient que les musulmans ne mangent pas le porc. Ils avaient donc fait en sorte que les menus ne comportent pas de porc. Ils ne savaient par contre pas que les pratiquants ne mangent que la viande halal, c'est-à-dire égorgée selon le rite musulman (ou juif).
Lorsqu’ils l’ont appris, ils ont essayé d’adapter des menus pour les personnes concernées, à base de pâtes et de légumes. Mais gros problèmes, certaines personnes avaient rouspété et avaient réclamé soit de la viande halal, soit du poisson. Ce qui était très difficile à Sienne, située en montagne et loin de la mer.
Du poisson fut commandé. Mais malheureusement, certains n’étaient toujours pas contents: le poisson était congelé.
En fait, ce qui était affligeant, c’est que ces personnes, au lieu de considérer ces petits problèmes comme de légers désagréments, en avaient fait des histoires d’Etat.
Le plus déplorable la dedans, c’est que souvent, ce sont des musulmans qui donnent une mauvaise image de l’islam. Pourtant, l’islam est innocent de leurs agissements.
Il y a aussi eu des problèmes à cause d’un mari qui ne voulait pas que sa femme soit placée à coté d’hommes, que cela soit à table, dans le bus…
Pareil pour certains qui avaient refusés de visiter une cave à vin en arguant du fait que le vin est interdit en islam.
Pareil pour d’autres qui avaient refusés d’entrer dans une église. En fait, il y a eu une petite polémique à ce sujet: est-il permis à des musulmans d'entrer dans une église? Certains disaient qu’une église étant une maison de Dieu au même titre qu’une mosquée, on pouvait la visiter, d’autre disant qu’une église, étant la maison d’une autre religion était interdite.
Bref, des discussions, des problèmes… qui donnent une mauvaise image des musulmans. Et c’est bien dommage.
Personnellement, je trouve que lorsque l’on part en voyage avec un groupe de personne assez important, il faut savoir faire des sacrifices. Par exemple, ne pas manger de viande pendant 5 jours, ce n’est pas bien grave.
Si ces sacrifices semblent insurmontables, autant rester chez soi, car il est impossible de demander à la majorité de s’adapter à une petite minorité.
Cette année, par contre, il y avait un couple de syriens bien sympathiques. Ils étaient pratiquants, mais avaient su bien s’adapter au groupe. Ils n’ont pas rouspété ni critiqué une seule fois. Pareil pour un couple turc.
Par exemple, lors des repas, ils prenaient leurs plats avec tout le monde, ils mangeaient ce qu’ils pouvaient, et laissaient le reste.
A la plage, les hommes se sont baignés, les femmes sont restées tranquillement sous leurs parasols.
Les deux couples étaient aimables avec tous, ils s’asseyaient avec tous, parlaient à tous…
Franchement, faire leur connaissance, surtout les syriens (avec les turcs, il y a un problème de langue) a été un vrai plaisir. Et puis, j’ai trouvé qu’ils ont atténué la mauvaise image qu’avaient laissé les autres.
Les bonnes manières, l’adaptation au groupe, la politesse… sont finalement une preuve de civilité et de bonne éducation. Cela n’a strictement rien à voir avec la religion. Il faut juste avoir assez d’intelligence pour pouvoir cohabiter avec autrui, même lorsqu’ils ont des us et des coutumes différentes.
Pour ce qui est de la piqûre de la mouche tsé-tsé, son effet s’est atténué: en rentrant à Tunis, j’ai repris un rythme de sommeil normal. Heureusement !
Comme certains le savent, mon mari et moi étions en voyage. Nous avons été à Berlin et ensuite en Sardaigne.
Il était prévu que nous assistions au concert de Celine Dion le 12 juin à Berlin, mais malheureursement, nous avions raté notre avion, et nous sommes partis un jour en retard.
Arrivés à Berlin, nous avons été acceuillis par le mauvais temps. Leur été est presque notre hiver.
Nous avons rejoins nos amis, et nous avons fait le tour de la ville. Malheureusement, comme notre avion était un vol de nuit, j'étais très fatiguée, et je n'ai pas beaucoup profité de la visite.
J'ai été surprise d'apprendre que Berlin a beaucoup souffert de la deuxième guerre mondiale. De ce fait, il n'y a pas beaucoup d'anciens bâtiments, ceux-ci ayant été détruits. La ville est donc relativement récente, et l'architecture est très moderne.
La partie du Mur que nous avons visité est un peu particulière. En effet, au même endroit étaient érigés les locaux de la Gestapo. D'un coté, on voit le Mur, de l'autre, on voit ce qui reste des sous-sols des batiments de la gestapo où beaucoup de gens avaient été torturés.
Bien que le Mur soit pratiquement détruit, son tracé est marqué au sol par une double rangée de pavés et des plaques en fonte portant l’inscription Berliner Mauer 1961-1989. J'avoue que ce tracé m'a laissée perplexe. J'ai essayé d'imaginer le Mur construit, et cela est très bizarre comme impression. Dieu merci, ce Mur n'est plus qu'un triste souvenir.
"Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste. Qu'ils viennent à Berlin! Il y en a qui disent qu'en Europe et ailleurs, nous pouvons travailler avec les communistes. Qu'ils viennent à Berlin! Lass sie nach Berlin kommen ("Qu'ils viennent à Berlin")! Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n'est pas parfaite. Cependant, nous n'avons jamais eu besoin, nous, d'ériger un mur pour empêcher notre peuple de s'enfuir. (...) Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n'éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l'histoire mais encore une offense à l'humanité. (...) Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont citoyens de Berlin. C'est pourquoi, en tant qu'homme libre, je suis fier de dire : Ich bin ein Berliner! ("Je suis un Berlinois")."Extraits du discours prononcé par le président J.-F. Kennedy face au mur de Berlin le 23 juin 1963.
J'aurais tant aimé visiter le Musée Egyptien de Berlin, malheureusement, cela n'a pas été possible. Une prochaine fois j'espère. Les collections égyptiennes de Berlin sont particulièrement intéressantes parce qu'elles concernent essentiellement le site de Tell El Amarna (Akhetaton). Or, à bien des égards, la période amarnéenne a été particulière dans l'histoire égyptienne. En plus, à Berlin se trouve le célèbre buste polychrome de Nefertiti, qui à lui seul vaut le déplacement.
Un soir, nous avons été diner dans un restaurant très branché (dont j'ai malheureusement oublié le nom). Il se trouve dans un quartier récent, en haut d'un grand immeuble. On y accède à l'aide d'un ascenseur panoramique. De la-haut, on a une vue d'ensemble de Berlin.
Une amie résidant à Berlin nous a emmenés en boite. En descendant du taxi, j'ai cru à une erreur ou à une plaisanterie. Que pensez-vous de l'entrée de cette boite?
Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. A l'intérieur aussi, les lieux étaient bizarres. En fait, nous avons appris qu'il s'agissait d'un ancien bâtiment de la poste de Berlin Est. Il est utilisé en boite, mais presque rien n'a été transformé ou peint, ou rien... Le bâtiment est resté en l'état, tel qu'il était, avec ses bureaux, ses logements de fonction, ses vieux meubles, ses dessins d'enfants sur les murs... On dirait que le seul effort qui a été fait a été de repeindre les toilettes et d'aménager un bar au premier étage.
Sincèrement, cette boite valait le détour. Je n'avais jamais vu un endroit pareil.
J'en garde quand même un souvenir dont j'aurais pu me passer: lors départ, j'ai fait une horrible chute dans les escaliers. Heureusement, rien de cassé (sauf mes chaussures), mais d'énormes bleus jusqu'à maintenant, que j'ai essayé de cacher à la plage, sinon, certains auraient pu penser que j'étais une femme martyrisée!!!!
3 jours à Berlin, ensuite, direction la Sardaigne.
Je suis tombée par hasard sur cet article concernant le film «Le Destin» de Youssef Chahine. Ceux qui me connaissent bien savent à quel point j’apprécie ce film, d’où d’ailleurs mon pseudo: Massir.
"Ils" ont interdit L'Emigré. Sous prétexte qu'il représentait un prophète. Et Chahine de leur répondre d'un grand coup d'irrévérence, par un film magistral contre l'intégrisme et l'intolérance. Le Destin, situé au 12° siècle en Andalousie arabe, est un tourbillon épique foisonnant d'allusions au temps présent comme à l'Histoire, une révolte contre l'obscurantisme, un bouillonnement où Chahine est au plus fort de son style, alliant souffle hollywoodien (où il a étudié) et grouillement humain de ses sources: l'âge d'or du cinéma populaire égyptien alliant comédies musicales et mélos sociaux.
C'est en jouant ainsi sur la magie du spectacle autant que sur la détermination des idées que Chahine nous propose des pistes pour déjouer les pièges du destin. Comment contrer la progression inlassable de la bêtise et de l'exclusion? Quels outils avoir contre le rouleau compresseur de ceux qui, en s'emparant de la Révélation, mettent de côté la raison? Chahine nous donne trois pistes. Ce sont d'abord la danse, le chant, la fête : ils font resurgir chez Abdallah, endoctriné et possédé par les intégristes, un souffle de vie. Face à l'endoctrinement du corps et de l'esprit, refaire parler les corps sensibles: "Je peux encore chanter" entonne Marwan, le poète-chanteur que l'on a voulu assassiner. Mais sans les femmes, la fête ne suffirait pas. Elles marquent tout le film de leur beauté, leur amour, leur lucidité et leur détermination. Alors qu'elles sont absentes dans le clan intégriste, elles illuminent et rythment l'entourage d'Averroès et lui rappellent que seuls, les intellectuels (ni même les hommes) ne pourront changer le cours des choses. Chahine ne peut que croire en elles, lui pour qui la sensibilité est un art de vivre et de filmer.
La troisième piste est la résistance, bien sûr, mais pas n'importe comment : Averroès, philosophe mis en danger pour défendre la nécessaire interaction de la raison et de la Révélation, est déterminé mais pas jusqu'au-boutiste. Il se résout à démissionner et fuir lorsqu'il comprend avoir perdu la partie. Une façon de rappeler que l'homme ne peut vaincre son destin, tant les déterminismes sont puissants, même avec toute la bonne volonté du monde, ce qui ne va pas sans agacer les Occidentaux qui croient pouvoir en être maître. Fatalisme islamique? Averoes montre justement que la soumission à Allah (inch'Allah, maktoub - c'est écrit) n'implique aucunement de se crisper sur des vérités immuables mais de délier ce qui emprisonne l'homme pour recevoir la nuit de Qadr (la nuit du destin), la descente du Coran dans l'univers, la nuit de l'agrandissement de soi. C'est de s'en sentir dépositaire (amanat) qui donne au philosophe l'intégrité nécessaire à sa détermination. C'est par cette intégrité, définition de sa résistance, qu'il réunit autour de lui ses fidèles et finit par vaincre. Et c'est sans doute cette conscience de la prééminence du destin, cette capacité à le regarder tel qu'il est, qui lui permet de remercier ceux qui brûlent ses livres à la fin du film et, dernier geste d'ironie lancée au sort, d'en lancer lui-même un dans le feu en nous regardant en face.
Chahine s'attarde longuement sur un personnage secondaire, le fils du traducteur français d'Averroès. Son père est brûlé vif sur un bûcher languedocien au début du film: élégante façon de rappeler que l'intégrisme n'est pas seulement un produit de l'islam ("Ceux qui veulent monopoliser Jeanne d'Arc, c'est presque une secte et leur patron est un gourou!" déclarait Chahine à sa conférence de presse cannoise). Pour sauver les écrits du philosophe, il bravera montagnes, froid et torrents déchaînés. Et c'est par chance qu'il arrivera à en sauver un. Mais toute chance se double de malchance : l'eau a rendu le livre illisible. Le destin est ainsi. Belle leçon logistique : se livrer à sa chance ne sert à rien; le destin est rusé! La chance existe mais demande une bonne dose de raison. Plus prévoyant, le prince héritier saura saisir la sienne pour déjouer les pièges et mettre les livres en lieu sûr en Égypte.
Fidèle au thème favori de son cinéma, les relations avec le pouvoir, Chahine rappelle à brûle pourpoint que l'intégrisme ne poursuit qu'une seule chose: monopoliser le pouvoir. Mais avec une fougue jubilatoire qui nous atteint heureusement à la vision de ce grand film, il détache en lettres d'or sur l'autodafé final une maxime à laquelle il nous donne la force de croire: "La pensée a des ailes. Nul ne peut arrêter son envol." Olivier Barlet
Hier soir, Emma et moi sommes allées voir le film «Tendresse du loup», dans le cadre du ciné club de l’AfricArt.
Personnellement, j’ai beaucoup aimé le film. Emma et les copines qui nous accompagnaient aussi.
Il s’agit du 2ème film de Jilani Saadi, avec dans les rôles principaux Mohamed Grayaa et Anissa Daoud.
Anissa Daoud est d’ailleurs l’actrice qui avait joué le rôle féminin du film «Hia w’houwa». Quant à Mohamed Grayaa, j’avais déjà eu l’occasion de faire sa connaissance sur le plateau de tournage du film «Cinecitta», mais c’est la première fois que je le vois à l’écran.
Synopsis:
Une nuit froide, dans l'hiver tunisien. Stoufa, révolté et humilié par son père, rejoint sa bande de copains losers. Ils traînent dans les rues de Tunis, désœuvrés, perdus. Plus tard dans la nuit, ils croisent une jeune escort girl, Saloua. La jeune femme est harcelée par la bande, qui finit par la violer. Stoufa refuse de se joindre à l'acte barbare et essaye en vain d'arrêter ses camarades. Pourtant c'est de lui que Saloua se venge. Blessé et meurtri, Stoufa part à sa recherche...
Pourquoi ce film est-il intéressant?
Tout d’abord parce qu’il nous montre une réalité autre, une réalité que nous, habitants des Manar, Menzah, Mutuellevelle… ne connaissons pas, et peut-être même que nous pouvons la soupçonner sans même jamais l’imaginer. Une réalité complètement autre et ignorée.
On voit ce que peut être la vie de ces jeunes, sans diplômes ni emplois, sans avenir… Désabusés, vivant dans un milieu où règne la loi de la jungle…
En soit, déjà cela est pour moi comme un documentaire. C’est vrai.
En plus de ce documentaire, on ressent des émotions, parce que c’est le coté humain de chaque personnage qui est mis en relief, sans aucun jugement, sans aucune censure, sans complaisance… Seulement l’humain.
Voici certaines critiques que j’ai trouvé sur le net:
«Le film se veut miroir pour conjurer la violence qui gagne une société touchée par la crise. Inégal mais touchant et courageux, il témoigne de la complexité et des ambivalences d'une jeunesse tentée par la dérive.»(Africultures)
«Entre chronique sociale et film noir, du crépuscule à l'aube, Jilani Saadi, dont c'est le deuxième long métrage, nous propose la vision abrupte d'une Tunisie froide et dure, où règnent d'innombrables frustrations, sexuelles et existentielles. Un film âpre qui cède parfois à une certaine complaisance (la scène du viol est, à ce titre, assez dérangeante), mais reste convaincant, grâce à l'énergie de ses interprètes et à une mise en scène tendue, électrisante.» (Télérama)
«Superbe interprétation ,une histoire qui raconte l'exclusion, la violence, la tendresse, des moments bouleversants d'émotions». (Alice)
Après le film, il y a eu un débat avec le réalisateur, son assistant Elyes Zrelli et Med Grayaa, acteur principal. D’après le réalisateur, les spectateurs qui ont vu son film ont soit aimé soit détesté.
Ceux qui ont détesté n’ont pas apprécié l’image véhiculée par ce film à propos de la Tunisie. En fait, je pense que ces gens voient ou veulent montrer la Tunisie carte postale pour touristes. Or, la Tunisie n’est pas que cela. Pourquoi se voiler la face. En Tunisie, n’y a-t-il donc que les plages, le soleil et les gens heureux et souriants? Sûrement pas. Et se voiler la face à mon avis ne changera pas la réalité.
Ces critiques me rappellent les critiques faites à Youssef Khaledpour son film «Hina Il maysara», qui montre lui aussi un visage de l’Égypte différent de l’image idéale que certains veulent montrer.
Le sujet de la censure a aussi été abordé. Comment la commission de la censure a-telle pu laisser passer la scène du viol, et surtout comment a-telle pu laisser passer un film qui ne punit pas pénalement les méchants?
Heureusement, il y avait dans la salle un membre de la commission de censure. Il nous a expliqué qu’il y avait eu un débat au sein de cette commission, et qu’il a été décidé de ne strictement rien couper, censurer, modifier… de ce film. Pourquoi? Parce que d’après lui, ils ont décidé que l’humain devait prévaloir sur la morale.
Ce film est avant tout humain. Personne n’y est le parfait gentil ou l’horrible méchant. Pas de jugements. Or, quelle morale? Qui est le méchant et donc comment le punir? Les personnages sont tous tour à tour bourreaux et victimes, gentils et méchants… Humains.
J’ai apprécié cette position de la commission, d’autant plus qu’il est vrai qu’en regardant le film, je me suis surprise à ne détester aucun d’eux en particulier, même pas les violeurs.
La scène du viol est terrible. A faire mal vraiment. Mais ce malaise est atténué lorsque la victime se relève et pense surtout à sa robe qui a été déchirée. C’est un peu étonnant venant de la part d’une fille qui vient de se faire violer, non?
J’ai remarqué lors des discussions que plusieurs des spectateurs avaient déjà vu le film «Khorma» et l’avaient aimé, et que c’était la raison pour laquelle ils étaient venus voir «Tendresse de loup».
Alors, je sais ce qu’il me reste à faire, puisque ce film passe actuellement à l’AfricArt.
J'ai enfin eu la chance de voir le film «bahib el cinema (J’aime le cinéma)» en entier. Il m’était arrivé à plusieurs reprises d’en voir des extraits, mais malheureusement, j’ai du atttendre pour pouvoir le voir en entier, et surtout dans l’ordre.
Il s'agit d'un film égyptien, sortit en salles en 2004.
Avant de sortir, ce film a eu bien des problèmes. D’abord financiers ce qui a fait que la réalisation a pris 5 ans. Ensuite, des problèmes «religieux» ou «sociaux».
En effet, certaines organisations ont essayé de le faire interdire. Mais la justice égyptienne leur a donné tort, et le film est enfin sortit.
Et en fin de compte, tous les problèmes, polémiques, discussions… ont eu un effet inverse: au lieu d’être interdit, le film a bénéficié d’une grande publicité, et au lieu d’un film pour «intellectuels», il est aussi devenu un grand film «commercial» à succès.
Pourquoi toutes les polémiques et controverses au sujet de ce film?
Ce film nous raconte la vie quotidienne d’une famille égyptienne chrétienne. Le père, Adly (Mahmoud Hemeida), est un grand croyant, un devot très pratiquant. Il mène la vie dure à sa famille parce qu’il voit la religion comme une série d’interdits et de pêchés. Pour lui, Dieu est crainte.
Sa femme (Leïla Alaoui) était une enseignante de dessin, mais est ensuite devenue surveillante générale d’une école. Elle est aussi croyante, mais plus ouverte que son mari.
Et Naïm, le petit garçon. Ce petit est fou amoureux du cinéma, seulement son père considère le cinéma comme un pêché, comme l’enfer.
Pour le père donc, tout est haram. Tout est interdit, le dessin, l’art, le cinéma, la TV, et même le sexe avec sa propre femme, sauf pour procréer.
Même lorsqu’il ose le faire, il éteint toutes les lumières et se dêpeche comme s’il commettait une faute impardonnable.
Cet homme passe son temps à prier et à craindre Dieu. Il jeune 200 jours par an, et n’arrête pas de faire pénitence.
Haram. Haram. Haram….
Sa bigoterie fait vivre sa famille dans la frustration et la crainte.
Sa femme par contre est devenue sexuellement frustrée. Elle a envie et besoin de sexe, mais il lui ferait presque sentir que cela est sale. Cela la jette pratiquement dans les bras d’un autre homme.
Le petit garçon, espiègle et très sympathique veut sortir du joug paternel. Il reproche à son père tous ces interdits. Il en détesterait presque son père, il commence à le détester, mais il déteste déjà l’église et tous les gens de l’église.
«Je déteste mon père, je déteste l’église, et tous les gens de l’église ».
En plus, son père lui a tellement répété qu’il irait en enfer qu’il commence à se dire que cela ne changerait plus rien. Puisque de toute façon, il va en enfer, autant en profiter et faire ce qu’il a envie de faire.
Par ailleurs, il est un peu perdu. Dieu est-il bon ou mauvais? Va-t-il vraiment aller en enfer? Le cinéma est-il vraiment pêché? Il pense que non, le cinéma est le paradis. Mais il ne sait pas vraiment. Il adresse des prières à Dieu, il lui demande de le laisser aller au cinéma encore une dernière fois, et ensuite, il promet de se repentir.
Il pose des questions à sa grand-mère. Va-t-il aller en enfer? Grand-mère répond que non, Dieu est bon.
Le gamin commence à défier l’autorité de son père. Dans son dos, il fait ce que son père désapprouve, par exemple, il enlève ses vêtements alors que son père veille toujours à le couvrir et va au cinéma.
L’enfant commence à se détacher des autres. Il se détache de son clan et de sa famille. Il crée son propre monde où le cinéma est le Paradis rempli d’anges.
Il se moque des autres. Le pire, a été de «pisser» sur les gens à l’église. Il défie l’autorité paternelle, mais aussi les règles et le sacré des religions.
La scène finale du film est d’ailleurs assez éloquente, alors que toute la famille se presse autour du grand-père mourant, il allume la TV, s’installe sur une chaise en leur tournant le dos. Il quitte leur monde réel, et se concentre sur son propre monde.
Pourquoi ce film a-t-il fait du bruit et a-t-il suscité les polémiques?
Les chrétiens égyptiens se sont élevés contre ce film, pour eux, il donne une mauvaise image des chrétiens et de l’église. Ils ont même fait un appel au boycott du film. Pour eux, le film montre un intégrisme et une bigoterie qui n’existent pas dans leur société.
Les musulmans n’ont pas aimé, ils disent qu’il n’est pas normal qu’un film égyptien montre exclusivement des chrétiens et pas un seul musulman. Pour eux, c’est une sorte de provocation, qui risquerait même de diviser la société égyptienne.
Les deux communautés reprochent aussi au film de ne pas respecter la part sacré de Dieu. L’église est une maison de Dieu, or on y voit des égyptiens se chamailler comme des chiffonniers, s’insulter, se bagarrer… On y voit deux jeunes entrain de flirter. Et on y voit le petit Naïm qui les regarde de haut, et pisse sur eux.
Sacrilège!!!!
Personnellement, je ne vois pas ce film sous cet angle.
Je ne pense pas du tout qu’il s’attaque aux chrétiens, je pense qu’il parle tout seulement de l’intégrisme, ou de l’excès de religiosité. Or cela est commun à toutes les religions. L’excès de religion est anti-humain, il ne permet plus de vivre «normalement». Il maintient la personne dans une prison de frustrations et d’interdits. Est-ce ce que demande et veut Dieu de ses créatures?
Je ne pense pas.
Le père lui-même à la fin du film a une prise de conscience. Il va changer.
«Je me prends pour un saint, alors que je suis un pêcheur.
Nous sommes tous des pêcheurs. Nous tous, et les prêtres, tous, nous disons que nous te connaissons, nous disons que nous te comprenons, nous disons que nous savons ce que tu dis, nous expliquons ce que tu attends de nous. Nous nous divisons, nous discutons…. La réalité, bien que je prie, jeune…. Je ne t’aime pas. Je voudrais t’aimer mais je ne t’aime pas. Je voudrais t’aimer comme si tu étais mon père, mais ce n’est pas le cas, tu es mieux que nous.»
Je ne pense pas que Dieu a crée l’Homme pour faire de sa vie une longue suite de tortures, de frustrations, de peines… Pourquoi Dieu voudrait faire de la vie de ses créatures un enfer? Pourquoi voudrait-il les priver des joies toutes simples, et de la beauté de la vie?
En fait, tous les interdits, sont crées par des hommes. Ce sont eux qui créent ces règles. Ce sont eux qui imposent, interdisent…
Dieu ne peut être comme cela.
Dieu est beauté et amour.
Ce film passe actuellement à la TV sur la chaine Rotana Cinéma.
Ce film a remporté plusieurs prix dans des festivals divers, dont 2 prix aux journées cinématographiques de Carthage (meilleur scénario et meilleure photo).
Je ne sais pas si Mahmoud Hameida a reçu un prix pour son interprétation, mais personnellement, je l’ai trouvé excellent dans son rôle du père. Il est à noter que Mahmoud Hemeida est un des acteurs fétiches de Youssef Chahine.
Je suppose que beaucoup d’entre vous ont vu le film «Shall we dance?» avec Richard Gere et Jennifer Lopez. Ce film existe aujourd’hui en version Egyptienne "ما تيجى نرقص" avec dans les rôles principaux Yosra et Ezzat Abou Ouf (vous pouvez voir le film ici).
Je suis tombée par hasard sur ce film l’autre jour, j’avoue ne pas avoir fait le lien avec le film «Shall we dance?», bien que le titre soit pratiquement identique.
J’ai commencé à le regarder. Pendant une première partie du film, ce n’est qu’un remake. Un copier/coller, avec tous les détails, mais une seule différence: Yosra joue le rôle de Richard Gere, c’est elle l'avocate qui s’ennuie dans sa vie quotidienne et va vouloir apprendre à danser.
Bien-sûr, pour que les apparences soient sauves, Yosra ne sera en aucun cas attirée par le danseur «star» de l’école de danse, contrairement à Richard Gere qui était attirée par la belle Jennifer.
Et puis, tout d’un coup, le film s’éloigne de son modèle. Et l’histoire change complètement.
Deux jeunes filles voilées arrivent un jour à l’école et vont vouloir prendre des cours de danse. L’école va s’organiser pour donner des cours aux filles voilées, seules, sans présence masculine.
Un jour, l’une de ces filles se marie. A son mariage, elle invite Yosra, l’enseignante et la proprio de l’école. Les 3 femmes assistent à la fête. Elles ne sont pas voilées, alors que toutes les autres femmes le sont.
Deux hommes, dont le frère de la mariée, vont voir ces femmes, non voilées, quitter le mariage, et s’étonner de leur presence parmi les invitées, toutes voilées. Ils vont faire une petite enquête et apprendre que leurs sœurs prennent des cours de danse.
Ils portent plainte contre l’école de danse pour atteinte aux bonnes mœurs.
On voit un inspecteur enquêter à propos de l’école de danse…
Par ailleurs, le mari de Yosra va apprendre qu’elle prend des cours de danse. Après quelques reflexions, il lui fixe un ultimatum: soit elle arrête la danse, soit divorce.
Répudiation. Elle en est meurtrie.
Mais elle prend quand même la défense de l’école de danse comme avocate.
Ce qui sauvera l’école, c’est le témoignage d’une des jeunes voilées qui témoignera en sa faveur. Dans cette école, on ne fait que danser. Pas de flirts, pas de gestes déplacés, pas de prostitution… Au contraire, elle va jusqu’à dire que pour elle c’est enfin un moyen d’évasion de son monde plein d’interdits.
Pour finir, toutes les charges contre l’école seront levées. Le mari de Yosra va aussi finir par être convaincu, sa femme en prenant des cours de danse, ne fait aucun mal. Il finira par s’y mettre lui-même.
Un film bien gentil et sympa.
Ce que j’ai apprécié, c’est son discours de tolérance. Tolérance envers tous.
Par exemple, dans l’école de danse, un couple d’homosexuels. Le film essaye de dire que ces gens-là ne font aucun mal à personne. Ils sont entre eux, ils sont heureux comme ils sont, alors pourquoi vouloir les embêter?
Dans cette école aussi, on comprend que les gens sont de religions différentes, mais que cela n’a pas d’importance. L’essentiel, est de bien s’amuser, de se sentir bien dans sa peau, se respecter…
Et c’est bien ce que prône ce film. Amusons-nous, respectons-nous, quels que soient nos penchants sexuels, nos idéaux, nos religions… La vie est faite aussi pour s’amuser.
Il met d’ailleurs en exergue le fait que les «trop religieux» sont ceux qui sont intolérants, ils jugent, ils condamnent… selon des apparences. Et cela est aussi commun à d’autres personnes, par exemple, lorsque le policier vient pour enquêter à propos de l’école, le concierge lui dit que c’est une honte cette école, des hommes et des femmes y entrent, en sortent, et personne ne sait ce qu’il s’y passe.
Ce film m’a aussi rappelé le film de Youssef Chahine «Le Destin», où il y a aussi un peu ce discours: dans cette vie, chantons, dansons, amusons-nous… Il ne faut pas faire de la vie un enfer sous pretexte de religion. Youssef Chahine nous y explique sa conception de la vie fondée sur la connaissance, la tolérance, le partage et l'amour.
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