Ce dimanche, chez un antiquaire de Hammamet, il y avait ces articles:
Je ne sais pas ce que c'est. J'ai cherché dans mes divers bouquins, j'ai cherché sur Internet, je n'ai rien trouvé.
Le type dit que ce sont des bijoux berbères. Peut-être. Mais d'où exactement?
J'ai plusieurs livres sur les bijoux tunisiens, algériens et marocains. Je n'ai rien trouvé qui ressemble à ceux-là. Cela n'a pas l'air touareg non plus.
Je n'imagine pas que les coiffes soient nord-africaines, je n'ai jamais vu quelque chose de ressemblant auparavant, ni en vrai, ni en photos.
Décembre 2004, je profite d’un voyage de mes parents au Caire pour me joindre à eux.
J’ai déjà raconté à plusieurs reprises, ma passion pour l’Égypte, son histoire, son cinéma, ses auteurs…
Cela faisait exactement 19 ans que je n’y avais pas mis les pieds.
A travers certains de leurs films, je savais qu’ils avaient un problème avec les mouvements islamistes, mais pas vraiment plus.
Parfois aussi, il y avait des attentats, des manifs…
Pendant des années, je n’avais vu aucun feuilleton égyptien. En fait, je n’ai commencé à en voir qu’en 2000, après avoir accouché de ma fille, parce que j’avais été coincée à la maison pendant un certain temps. Ensuite, j’en avais vu, mais uniquement pendant les mois de ramadan.
Par contre, je voyais beaucoup de films récents.
La plupart de ces films montrent une Égypte moderne, où les gens s’habillent à l’occidentale, où les femmes jouissent d’une certaine liberté… On y voit des étudiantes, non voilées, sortir, conduire des voitures, avoir des aventures amoureuses….
Nous voilà au Caire. Nous arrivons le soir. Direct à l’hôtel.
Première surprise, les contrôles de sécurité. Fouille de la voiture avant l’accès à l’hôtel, et ensuite, fouille des clients, donc nous. On nous dit que se sont des mesures de sécurité contre les risques d’attentat. Je remarquerais par la suite que ces contrôles se font partout, à l’entrée des malls, des musées, du théâtre…
Je n’avais vu cela qu’à Istanbul. Nulle part ailleurs.
A l’hôtel, je n’avais rien remarqué de particulier.
Par hasard, il y avait ce soir-là, un mariage. Curieux (comme tous les touristes), nous sommes allés jeter un coup d’œil. Normal. Rien de particulier. Certaines femmes étaient voilées, d’autres pas.
Le lendemain, commençaient les surprises.
Nous avions, pendant tout notre séjour, une voiture avec chauffeur à notre disposition. Ce chauffeur était musulman.
Mon père était là pour travailler. Ma mère et moi sortions avec le chauffeur.
Nous lui avions demandé de nous emmener dans les endroits typiques, fréquentés par les Égyptiens, et non pas par les touristes.. Il nous a emmenées dans un quartier populaire. Nous avons visité des souks. Ma mère et moi étions très très visiblement des touristes. Toutes les autres femmes étaient voilées. Toutes.
Ensuite, nous avons été à la mosquée El Hussein, ma mère voulait absolument y prier. Je l’ai attendue dehors. A part les touristes, toutes les femmes étaient voilées.
Et partout, des inscriptions religieuses. Allah, Allah Akbar, kollou hatha min fadhel rabbi…. Ces inscriptions, nous les verrons partout, sur les murs, dans les magasins… Ces inscriptions existaient-elles depuis toujours? Je ne saurais le dire. Il est vrai que le peuple égyptien a toujours été très pieux.
Pendant notre séjour, j’avais remarqué que dans les quartiers huppés, il y avait des immeubles qui semblaient inoccupés ou très peu occupés. Par exemple, le quartier de Garden City comprenait de très beaux immeubles, de style haussmanien, mais qui étaient abandonnés, envahis par les herbes sauvages. Nous avons posé la question au chauffeur, qui nous a répondu que leurs habitants avaient «fui» le centre ville du Caire pour aller habiter de nouvelles villes avoisinantes. Ce qui d’ailleurs nous a été confirmé par la suite à plusieurs reprises.
Mon père est quelqu’un de très sérieux, couche tôt, réveille tôt, et boulot. Ce qui fait que pendant ce voyage, nous n’avons jamais été dans les endroits à la mode, ni en boite…
Dans notre hôtel, il y avait un night club où se produisait tous les soirs la danseuse Dina (celle qui avait été accusée d'être à l’origine des émeutes de l’Aïd l’année dernière), mais mon père n’avait pas voulu nous y emmener. Donc, je n’ai pas eu l’occasion, pendant ce voyage, de voir les Égyptiens de «la nuit». Je le ferais lors de mon voyage de janvier 2007. Je vous en parlerais plus tard.
Un soir, il y a eu un autre mariage dans notre hôtel, un mariage vraiment somptueux. Nous avons bien-sur jeté un coup d’œil. Aucun voile, c’était des chrétiens. Les femmes portaient des robes de soirée, bretelles...
Pendant ce voyage de 2004, ma mère et moi nous sommes beaucoup promenées dans le centre ville du Caire, très souvent «chaperonnées» par notre chauffeur. Dans les rues du Caire, toutes les femmes sont voilées. Lorsque par hasard, une femme ne l’était pas, elle était presque toujours chrétienne, il est possible de le remarquer parce que presque toujours les chrétiennes portent des petites croix autour du cou.
Aux alentours des facs, toutes les étudiantes aussi sont voilées.
C’est très simple, il y avait tellement de voilées partout, que je me suis mise à «la chasse» de celles qui ne l’étaient pas. Et là où nous allions, je n’en trouvais pas.
Le chauffeur nous a expliqué qu’au fil des années, les femmes ont été obligées de se voiler, bon gré mal gré. Il nous a raconté que dans les quartiers populaires, dans les rues, au travail… les femmes subissaient des pressions pour porter le voile. Ces pressions allant parfois jusqu’à l’agression.
Il nous a raconté que lui-même, avait subi des pressions familiales concernant ses petites filles. Sa famille voulait qu’il oblige ses filles, surtout celle qui avait une douzaine d’années, à se voiler.
Il nous a raconté comment les islamistes avaient petit à petit «pris position» dans la vie des égyptiens. D’abord, pendant les années 1980, des égyptiens étaient partis par vagues entières dans les pays du golfe pour travailler. A leur retour, quelques années plus tard, ils étaient imprégnés des idées fondamentalistes de ces pays.
Ensuite, il nous a raconté comment les associations islamistes avaient pallié les défaillances de l’État dans plusieurs domaines. Par exemple, dans le domaine de la santé.
Les cliniques privées sont hors de portée des classes défavorisées, la santé publique n’arrive pas à répondre aux besoins de la population, alors des associations «islamiques» se sont créées, grâce aux fonds des pays du golfe, pour aider les nécessiteux, en offrant des consultations médicales gratuites, des traitements gratuits... Mais en contre partie, lavage de cerveau de ces gens.
Je reviens aux appartements et immeubles inhabités. Un soir, un fournisseur de mon père nous a invité à dîner chez lui. Le chauffeur nous a emmenés. Nous sommes sortis du Caire et avons roulé un bon moment. Nous sommes arrivés dans une de ces nouvelles citées réservées aux très riches, contraints de fuir le Caire.
Ce qui m’avait fort surprise, c’est de pénétrer dans une «cité» gardée par des gardiens armés. Très belles villas, ou même petits palais.
Nous arrivons chez notre hôte. Énorme clôture, et gardiens/portiers armés de fusils.
Toujours la sécurité.
Notre hôte habite un vrai palais. Personnellement, je n’avais jamais vu une maison pareille à Tunis. Jamais.
Il paraît que les Cairotes riches avaient fui le Caire pour pouvoir vivre leurs vies librement, loin des islamistes et des attentats.
Notre hôte, musulman, buvait de l’alcool. Il nous a dis qu’il l’avait toujours fait, et qu’il refusait d’arrêter. Il nous a raconté qu’il était devenu difficile de vivre au Caire à cause des islamistes.
Notre hôtesse était voilée. Mais d’un voile «très léger», en fait, elle portait une sorte d’écharpe en mousseline, enroulée autour de sa tête, sans qu’elle soit vraiment serrée, ni ne cache vraiment ses cheveux. Elle nous a raconté qu’elle se voilait depuis environ 4 ans, suite à la pression de son entourage, et pour pouvoir sortir plus facilement dans la rue. Par ailleurs, elle portait une jupe à mi-mollets, et donc on voyait ses jambes.
Il y avait un autre couple invité. Des égyptiens, mais la femme nous a expliqué que malgré la pression, elle refuse de se voiler, sauf lorsqu’elle est obligée de sortir au centre ville.
Sincèrement, j’étais choquée. Voilà des gens qui étaient obligés de vivre à part, dans leur propre pays, pour ne pas avoir à subir les exactions des intégristes. Ils étaient obligés de s’éloigner et de se faire garder. Où est leur liberté?
Un jour, nous sommes allés à Alexandrie. Pareil, même constatations, toutes les femmes sont voilées, des inscriptions religieuses partout…
Notre chauffeur avait un frère qui habitait Alexandrie, et profitant de notre présence dans cette ville, il avait voulu lui rendre visite.
Ce frère était pharmacien. Il avait travaillé pendant des années dans un des pays du golfe, il s’était constitué un petit capital, et de retour au pays, il avait ouvert une pharmacie.
Nous voilà dans l’entrée de l’immeuble. Du marbre partout, et en face de la porte d’entrée, une énorme inscription dans le marbre «Allah».
Nous prenons l’ascenseur. Une voie s’élève: du Coran. Pendant tout le trajet, il faut écouter un enregistrement du Coran.
Nous arrivons. Les tableaux qui recouvrent les murs du salon: Allah, Mohamed, Versets de Coran.
La femme porte une longue galabiye et un voile bien serré autour de sa tête. Elle est gynécologue dans un établissement public.
Elle nous explique que lorsqu’elle était jeune, elle n’était pas voilée, mais que plus tard, elle avait suivi la voie du seigneur, et s’était voilée (promis, je ne me moque pas, c’est elle qui avait dit cela, je m’en rappelle très bien, parce que ma mère m’avait donné un super coup de pied pour m’empêcher de faire la moindre remarque!).
J’ouvre juste une petite parenthèse: si un jour vous avez l’occasion de visiter Alexandrie, surtout, surtout n’oubliez pas de visiter la grande bibliothèque, c’est une vraie merveille. A ne pas rater vraiment.
Au Caire, nous sommes sortis certains soirs, mais c’étaient des sorties dans des endroits «sérieux». Notre fournisseur nous avait emmenés dans des restaurants très chics et très élégants, on n’y voyait que des gens d’un certain âge. Les femmes étaient parfois voilées, parfois elles ne l’étaient pas. Mais je n’ai pas vu la jeunesse. Pas en 2004, je ne l’ai vue qu’en 2007.
Nous avons visité le Musée d’Oum Kalthoum. Nous y avions visionné des vidéos-documentaires, et je crois que c’est surtout à ce moment-là que j’ai pu remarquer la différence entre la rue égyptienne, et particulièrement cairote, des années 1960/1970, et celle de 2004.
Pour moi, régression. Régression totale.
J’étais rentrée de ce voyage de 2004, déçue et choquée.
Où étaient les gens rieurs et insouciants de 1986?
Quelles était cette chape de religiosité qui s’était abattue sur ce pays?
Pourquoi les Égyptiens s’étaient-ils divisés?
Pourquoi certaines classes d’égyptiens vivaient-elles en «ghetto»?
Pourquoi ces gens-là ne profitaient-ils plus de leur capitale?
La Tunisie va-telle sur le même chemin?
Je suis retournée en Égypte en janvier 2007. J’ai découvert à l’occasion de ce dernier voyage, de nouveaux aspects, et surtout des contradictions. Je vous en parlerais.
Fin décembre 1985, j’ai enfin réalisé un rêve: visiter Égypte
J’ai été émerveillée. Je me sentais exactement comme vivant dans un film. Tout était comme on le voyait à la TV. Les gens étaient joyeux, rieurs, bons vivants, accueillants, souriants…
C’était un voyage organisé à partir de la France. A part mes parents et moi, il n’y avait que des européens, et en plus j’étais la plus jeune du groupe.
Nous avions fait la croisière sur le Nil, et un séjour au Caire.
Tous les soirs, des dizaines de bateaux se retrouvaient aux mêmes endroits. Une fois les touristes couchés, les guides et le personnel des bateaux se retrouvaient. Ils discutaient, plaisantaient, riaient….
Comme j’étais la seule arabe et la plus jeune «touriste», j’ai été «adoptée» par ces jeunes gens, et je passais toutes mes soirées avec eux. C’était génial. J’en garde un excellent souvenir.
Ces groupes comprenaient des gens très divers: des musulmans, des chrétiens, des instruits (comme les guides touristiques et les guides égyptologues), des analphabètes (comme le personnel des cuisines par exemple), des citadins, des paysans, des blancs, des nubiens… Mais ce qui était génial, c’est que personne ne semblait se soucier de ces différences: ils étaient tous Égyptiens, tout simplement.
Au Caire, pareil. Dans les rues, dans les hôtels, dans les magasins… on voyait des Égyptiens divers, mais tous rieurs, souriants, aimables….
Mes amis guides m’avaient «adoptée», et au Caire, je sortais avec eux. Je suis allée dans leurs familles, chez leurs amis… Et j’ai passé avec eux le réveillon du nouvel an.
Je me rappelle que nous avions été aux pieds des Pyramides. Ce soir-là, il y avait des dizaines et des dizaines de voitures, des familles entières, qui étaient venues accueillir le nouvel an dans la joie et la bonne humeur.
Je me rappelle aussi d’une coutume qu’ils avaient: certains nouveaux mariés se faisaient prendre en photos sur les grandes artères du Caire dans leurs tenues de mariage…
Y-avait-il à l’époque des femmes voilées dans les rues du Caire?
Je ne saurais dire. Il y en avait peut-être, mais elles devaient être en si petit nombre qu’on ne les remarquait pas. Ce qui est certain, c’est que je n’avais remarqué aucune différence entre nos rues tunisiennes et les rues égyptiennes…
Je me rappelle juste une seule remarque que m’avait faite une guide: les égyptiens chrétiens et musulmans pouvaient être amis, mais ne se mariaient jamais ensemble.
J’ai toujours gardé un excellent souvenir de ce voyage en Égypte. D’ailleurs, le jour du départ, je pleurais à l’aéroport, je ne voulais plus rentrer à Paris, je voulais rester en Égypte.
Pour l’anecdote, j’ai vu Kamel Echanawi à l’aéroport ce jour-là.
Pendant de longues années, j’ai souhaité retourner en Égypte, mais en vain, à chaque fois, j’avais un empêchement.
«La conséquence de cette orientation du régime ne tarda pas à se manifester. Un programme spécial de radio, appelé «Radio Coran», entièrement consacré à des récitations du Coran et des thèmes religieux, fut largement diffusé. Il y eut certainement des auditeurs pour accueillir favorablement cette décision. Mais on ne s’arrêta pas là. Dorénavant tous les programmes de radio ou de télévision étaient interrompus cinq fois par jour pour lancer «l’appel à la prière». Quelle que fut l’émission -film policier, histoire d’amour, comédie ou informations-, son déroulement était stoppé pour céder la place à la voix du muezzin. La dévotion nouvelle du régime fut démonstrativement encouragée au plus haut niveau.
Il devint de plus en plus apparent que ceux qui profitaient du nouvel ordre des choses en Égypte faisaient de leur mieux pour noyer la critique dans un flot religieux. D’énormes sommes d’argent, venues de l’étranger, furent attribuées principalement à la fraction des Frères Musulmans qui étaient disposés à soutenir le régime. (…) De grosses sommes d’argent allèrent aux universités où de coûteuses expositions de livres religieux furent fréquemment organisées. On créa des sociétés dont l’objectif déclaré était de fournir aux étudiants ce qui fut appelé «le costume musulman»: voiles pour les filles, galabiyehs pour les garçons. Les étudiants les plus pauvres accueillirent volontiers cet uniforme qui, en abolissant toute distinction sociale, leur servait de cache-misère.
Des efforts spéciaux furent déployés afin que les étudiants soient correctement représentés dans leurs unions. Un seul exemple: aux élections qui eurent lieu à l’université d’Alexandrie, au début de l’année universitaire, à l’automne 1978, les candidats de l’Association Islamique remportèrent les soixante sièges dans les facultés de médecine et polytechnique, quarante-sept des quarante-huit sièges de la Faculté de droit, quarante-trois des soixante de la Faculté de pharmacie. Ces nouvelles unions d’étudiants ne tardèrent pas à s’imposer. Elles prônèrent avec insistance la ségrégation des sexes, tant dans les salles de cours que dans les cafeterias. Elles voulurent que, chaque jour, l’ouverture des cours fût précédée d’une prière. On fit droit à leurs demandes. Elles interdirent la célébration des fêtes nationales laïques et dénoncèrent la Journée des mères comme cérémonie athée.
Se sachant soutenus par la plus haute autorité de l’État, les étudiants islamiques commencèrent à se comporter comme s’ils dirigeaient de fait les universités. Ils tranchèrent sur ce qu’il fallait, ou ne fallait pas, enseigner, interdisant, par exemple, violences à l’appui, que des cours soient donnés sur le darwinisme. Ils mirent un terme aux célébrations qui accompagnaient traditionnellement le départ d’un professeur à la retraite ou son transfert à un autre poste, sous prétexte que ces célébrations tournaient souvent en fêtes de musique. Ils s’arrogèrent le droit de sélectionner la nourriture qui pouvait ou ne pouvait pas être servie dans les campus, distinguant ce qui était «nourriture islamique» de ce qui ne l’était pas.
Tout étudiant qui manifestait publiquement son désaccord avec les groupes islamiques était l’objet de mesures disciplinaires sévères. Les garçons et les filles qui étaient vus ensemble étaient battus. Un jour, à l’université du Caire, des centaines de membres de l’Association Islamique apparurent soudain armés de couteaux en forme de corne de gazelle….
(…)
Consciemment ou inconsciemment, le régime semblait déterminé à vérifier la formule de Marx selon laquelle «la religion est l’opium du peuple». Mais le malheur était qu’il ne savait pas à quel genre de religion il avait affaire. En effet, le nouveau courant du fondamentalisme musulman qu’il encourageait aussi imprudemment était fort superficiel, visiblement plus attaché aux manifestations rituelles et à la lettre du Coran qu’aux véritables leçons de l’histoire. Il ne s’agissait pas d’une tentative de comprendre et de recouvrer les grands idéaux des premiers temps de l’Islam, comme Ibn Hanbal et Ibn Taimiya l’avaient fait, mais d’un camouflage grossier des problèmes politiques et sociaux sous la galabieyeh et le chador. D’autres courants de fondamentalisme étaient à l’oeuvre, ailleurs. Et celles-ci n’étaient ni perçues, ni contrôlées par les autorités. Le régime et ses séides couvaient un monstre. Un jour, probablement plus tôt qu’ils ne s’y attendaient, il allait se retourner contre eux et les déchiqueter.»
C’est une coïncidence mais hier soir j’ai dîné avec une amie tunisienne musulmane, mariée à un égyptien chrétien.
Et bien sûr, comme j’avais encore en tête ma note d’hier, la discussion a un peu porté sur les enfants qui naissent de telles unions.
Après avoir lu la note de Nadouille, et les commentaires qui ont suivi, j’ai de nouveau appelé mon amie ce matin pour avoir un peu plus d’éclaircissements.
Le mari de mon amie (qui est un homme formidable) est un égyptien chrétien. Il a refusé de se convertir à l’islam. C’est son choix et son droit.
Lorsqu’ils ont voulu se marier, leur mariage était impossible aussi bien en Tunisie qu’en Égypte. Ils se sont donc mariés en France.
Ils ont par la suite fait enregistrer leur mariage au Consulat tunisien.
Au consulat, on leur a demandé un certificat de célibat. En Égypte, un tel papier n’existe pas. Mes amis ont donc fourni une attestation de la paroisse dont fait partie la famille du marié attestant qu’il est bien célibataire. Le Consulat tunisien savait donc parfaitement que le marié est chrétien (il parait que l’entête de l’attestation porte une énorme croix). Le mariage a quand même été enregistré. C’était il y a environ 12 ans.
21 jours plus tard, le mariage était mentionné sur l’extrait de naissance de mon amie. Elle a refait tous ses papiers: CIN, passeport… Elle est légalement mariée à X, chrétien.
Ce couple a eu 2 enfants, nés en Tunisie.
Depuis la loi de 1993, si le père est d’accord, la femme tunisienne peut transmettre sa nationalité. Les deux enfants de mon amie sont tunisiens depuis leur naissance. Ils ont été déclarés à la municipalité tunisienne. Ils ont tous leurs papiers, passeports, extraits de naissance… Ils vivent en Tunisie. Ils ont une scolarité normale… Par rapport à la Tunisie, ce couple et ces enfants n’ont aucun problème légal. Tout est en règle.
Par rapport à la société, voici comment les choses se présentent:
La famille de mon amie est très très tolérante. Il n’y a eu donc aucun problème d’adaptation, ni pour le mari, ni pour les enfants.
Par rapport aux gens extérieurs, cet homme présente un grand avantage par rapport à un européen: il est arabe et porte un prénom arabe. Et pour la grosse majorité des tunisiens, arabe rime avec islam. Les gens le prennent automatiquement pour un musulman.
Le seul problème qui se pose, c’est apparemment avec les enfants. Ils ne comprennent pas encore très bien cette situation. Ils ne voient pas la différence qu’il y a entre Papa et les autres (et ils ont raison, parce que les différences sont seulement dans les têtes des gens). Et lorsque à l’école, on leur raconte que seuls les musulmans iront au Paradis, ils s’inquiètent pour leur père, et ils viennent demander à leur maman si c’est vrai que leur papa ira en enfer!
J’ai une autre amie qui est mariée à un libanais chrétien, qui a aussi refusé de se convertir. Mariage impossible donc aussi bien en Tunisie qu’au Liban. Ils se sont alors mariés à Chypre. Pareil, le mariage a été enregistré au Consulat tunisien. Pareil, tout est en ordre légalement. Pareil pour les enfants, qui sont tunisiens dès leur naissance avec des papiers en règle. Cette famille habite au Liban. Je ne sais pas comment cela se passe pour eux là-bas.
Je reviens à notre petite famille tuniso-égyptienne. Leurs problèmes se trouvent entièrement du coté Égyptien.
Le mariage musulmane/chrétien est totalement interdit en Egypte. Et leur société est complètement intolérante. Notre ami était installé en Tunisie lorsqu’il a connu mon amie. A un moment, il a voulu retourner chez lui. Ils sont donc partis s’installer en Égypte, mais au bout de quelques mois, ils ont été contraints de rentrer en Tunisie. L’épouse musulmane n’a pas du tout été acceptée, ni par la famille ni par la société. Ils ont même été menacés.
Même lorsqu’ils vont là-bas en vacances, lui va dans sa famille avec ses enfants, alors qu’elle est contrainte de s’installer chez une amie à elle. Elle ne va pas dans sa famille à lui.
Légalement, comme je vous l’ai dit, leur mariage n’est pas reconnu en Égypte. Mais la grosse, l’énorme surprise concerne les enfants. Le malheureux papa a voulu faire des papiers égyptiens à ses enfants. Il veut leur faire délivrer un passeport égyptien… Il dépose donc une demande au consulat égyptien en Tunisie. Quelle est donc la réponse qu’il reçoit?
ما بني على باطل فهو باطل
Je traduis: ce qui est construit sur un fondement nul, est nul.
Ou pour être plus claire, ces enfants n’ont pas d’existence légale en Égypte
La seule manière, d’après l’avocat égyptien de faire reconnaître ces enfants en Égypte, serait que l’épouse porte plainte en Égypte contre son mari pour reconnaissance en paternité. Absurde. Absurde de chez absurde.
C’est-à-dire que ces enfants légitimes, issus d’un mariage légal à l’étranger, mais non reconnu en Égypte, ne peuvent être égyptiens légalement et légitimement. Par contre, ils pourraient le devenir si on les considère illégitimes.
J’explique encore, parce que c’est vraiment compliqué.
En Égypte, un chrétien ne peut épouser une musulmane, leur mariage serait donc nul, et ne peut produire d’effets, donc ne peut donner lieu à des enfants légitimes.
Mais, en Égypte, un homme chrétien pourrait obliger une femme musulmane à avoir des rapports sexuels avec lui (je ne sais pas ce que veut dire obliger, pour moi, il n’y a que le viol où un homme peut obliger une femme à coucher avec lui). Bref, dans ce cas, la femme peut intenter un procès en reconnaissance de paternité contre cet homme, et l’obliger donc à reconnaître ses enfants. Dans ce cas, la filiation peut être établie légalement.
N’importe quoi, je suis d’accord!!!!
Notre ami égyptien est donc scandalisé, outré. Il ne pensait pas que ses enfants n’auraient pas d’existence légale dans son propre pays.
Mon amie a bien sûr refusé cette solution.
Résultat: ces enfants sont tunisiens, mais n’existent pas par rapport à l’Égypte.
Mes amis ont porté plainte contre l’Égypte pour atteinte aux droits de l’homme. Mais ils peuvent encore attendre longtemps!!!!
Je ne sais pas si j’ai été assez claire. Mon amie a promis de se connecter et d’essayer de répondre à vos questions. Mais elle est plutôt nulle coté informatique, donc soyez patients avec elle. J’espère qu’elle ne nous fera pas faux bond.
J'ai reçu ce mail avant hier. J'ai été très étonnée. J'ai même douté de sa véracité. Je suis allée me promener sur le net. Ce discours se trouve sur plusieurs sites. Il parait donc vraiment réel.
Je n'ai pas vu beaucoup de réactions à ce discours, la plupart des sites se limitant juste à le reprendre.
J'ai par contre trouvé un forum canadien, et certains pensent que les politiques canadiens devraient tenir le même discours.
Un blog français dit la même chose. Bien qu'il rappelle qu'en France ce discours serait qualifié d'extemiste, de FN, de raciste...
Un autre forum par contre, répond en disant que si les aborigènes avaient tenus le même discours, l'Australie n'existerait pas.
Qu'en pensez-vous?
Voici le discours, tel que je l'ai reçu:
Discours du premier ministre de l'Australie, John Howard
Les musulmans qui veulent vivre selon la loi de la Sharia Islamiquese sont fait faire dire tout récemment de quitter l'Australie, dans le but de parer à d'éventuelles attaques terroristes, le gouvernement ayant ciblé les radicaux.
Apparemment, le premier ministre John Howard a choqué quelques musulmansaustraliens en déclarant qu'il appuyait des agences espions chargées de surveiller les mosquées de la nation.
Citations :
" LES IMMIGRANTS, NON AUSTRALIENS, DOIVENT S'ADAPTER"
"À Prendre ou à Laisser ; je suis fatigué que cette nation s'inquiète à savoir si nous offensons certains individus ou leur culture."
"Notre culture s'est développée depuis plus de deux siècles de luttes, d'habileté et de victoires par des millions d'hommes et de femmes qui ont recherché la liberté."
"Notre langue officielle est l'ANGLAIS; pas l'Espagnol, le Libanais, l'Arabe, le Chinois, le Japonais, ou n'importe quelle autre langue. Par conséquent, si vous désirez faire partie de notre société, apprenez en la langue!"
"La plupart des Australiens croient en Dieu. Il ne s'agit pas d'obligation chrétienne, d'influence de la droite ou de pression politique mais c'est un fait, parce que des hommes et des femmes ont fondé cette nation sur des principes chrétiens, et cela est officiellement enseigné. Il est parfaitement approprié de les afficher sur les murs de nos écoles. Si Dieu vous offense, je vous suggère alors d'envisager une autre partie du monde comme votre pays d'accueil, car Dieu fait partie de notre culture."
"Nous accepterons vos croyances sans poser de question. Tout ce que nous vous demandons c'est d'accepter les nôtres, et de vivre en harmonie pacifiquement avec nous."
"Ici c'est NOTRE PAYS, NOTRE TERRE, et NOTRE STYLE DE VIE. et nous vous offrons l'opportunité de profiter de tout cela. Mais si vous en avez assez de vous plaindre, de vous en prendre à notre drapeau, notre engagement, nos croyances chrétiennes, ou de notre style de vie, je vous encourage fortement à profiter d'une autre grande liberté Australienne, "LE DROIT DE PARTIR."
- Pour tous les enfants innocents, victimes de la cruauté des adultes - Pour tous les civils innocents, victimes de la sauvagerie des belligérants - Pour toutes les personnes innocentes, victimesde la mégalomanie des politiciens
POUR TOUS LES INNOCENTS, VICTIMES DES HORREURS DE CE MONDE!
Je viens de montrer la vidéo à ma Poupée, elle a été très jalouse! Elle dit qu'elle ne peut faire de même uniquement parce qu'à la maison, il n'y a pas assez de place pour s'entraîner!
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