Hier, j'ai appelé mon ami Sami Baccouche, l'un des sponsors des TBA (Ah La Carte!). Il a été très surpris lorsque je lui ai parlé de la censure qui a eu lieu concernant les blogs susceptibles d'être nominés (1) (2) (3).
Il avait sponsorisé l'évènement, croyant en toute bonne foi (comme nous tous d'ailleurs) que les TBA de cette année se dérouleraient exactement de la même façon que les années précédentes, c'est-à-dire en n'écartant personne et en n'exerçant aucun contrôle à priori des blogs.
J'ai trouvé ce matin une conversation sur face book entre lui et notre ami Stupeur. Après avoir obtenu leur autorisation, je la publie ci-joint:
(Cliquez pour agrandir)
Merci Sami pour ces éclaircissements.
Par ailleurs, en faisant un petit tour sur divers blogs, j'ai trouvé ceci, écrit par un certain Mehdi sur le blog de Tarak Kahlaoui:
Bonsoir, Bon voilà, je suis désolé si je consacre pas bcp du temps à lire vos blogs, je pense que j'étais pas assez clair sur mon site officiel, je vous explique monsieur Tarek que le site dont tu parles www.tunisiablogawards.com est un site qui m'appartient, y compris les données, j'ai seul le droit de modifier son contenu selon mes choix personnelles, l'évènement n'appartient ni à toi ni à la blogosphère... En résumé, c'est un peu déplacé de critiquer les marques qui ont choisi de sponsoriser nos choix personnelles.. ça n'a rien à voir. Juste un petit conseil, zappe le site qui va pas avec des meurs, ne te casse pas la tête la dessus..,
Qui persiste et signe: Dans tt les cas ça te ne regarde pas qui s'occupe du site, ça ne te concerne pas.. Essai avec tt les moyens que tu posséde de comprendre que LE CHOIX DU CONTENU D'UN SITE REVIENT SEULEMENT AU RESPONSABLE DE CE SITE. J'ai rien à faire ce weekend, je peux te l'expliquer à plusieurs reprises, il y a pas de mal.. C'est qui ce Mehdi? Un petit tyran qui s'ignore? Qui pensait-il que nous étions? Ses petits moutons qui le suivraient sans réagir?
Sur le groupe Tunisia Blog Awards sur Face book, dont j'étais jusqu'à il y a quelques minutes administrateur, je suis censurée.
OUI, CENSURÉE.
Les commentaires que j'ai publié depuis ce matin disparaissent au fur et à mesure que je les publie. La photo que j'ai ajoutée a aussi disparue. Les liens vers mes 2 notes BLOG NON CONFORME et C'est celui qui donne l'argent qui commande ont aussi été supprimés.
Très très bel exemple de liberté d'expression!
Mais que pense donc celui qui a fait cela?
Que je vais me taire?
PAS QUESTION!
JE M'EN FOUT DES TBA ET DE VOTRE GROUPE. MAIS JE NE ME TAIRAIS PAS. JAMAIS!!!!!
CENSEURS! SALES CENSEURS!
P.S.: Je viens de jeter un autre petit coup d'œil, plusieurs administrateurs ont été "démis" de leurs fonctions. Normal, n'est-ce pas? Il faut toujours se débarrasser de ceux qui dérangent!!!!
UPDATE (18h50): Sur le groupe, tout le wall a été supprimé, ainsi, ils sont sûrs que personne ne pourra faire de commentaires, idem pour les Topics. La possibilité de publier des liens a aussi été supprimée. Et il reste plus que 2 administrateurs, alors que ce matin même, il y en avait toute une liste!!!!
C'est normal, cela a toujours été ainsi: celui qui déteint les finances, détient le pouvoir.
Et cela est vrai à tous les niveaux. A l'échelle familiale, à l'échelle mondiale, à l'échelle d'une entreprise...
Je te donne de l'argent, tu fais ce que je veux!
Cela fait plusieurs jours que des amis me demandent pourquoi mon blog ne fait pas partie des blogs nominés alors qu'ils avaient votés pour moi. J'ai écrit à Yosra Ben Lassouad, elle m'a répondu que le système est lent et qu'il faut patienter un peu. J'ai patienté, mais rien n'a changé. Je l'ai re-contactée, et elle m'a répondu qu'il faut bien lire le règlement, et que tous les blogs non conformes ne sont pas admis.
J'ai insisté, et elle m'a répondu que sont écartées tous ":Les blogs à caractère haineux , racistes, religieux ou diffusant des idées contre les bonnes mœurs, l’ordre public, les lois et réglementations en vigueur, les droits d’autrui ne seront pas validés dans la compétition."
Naïvement peut-être, je ne me suis pas sentie concernée par cette clause. C'est une clause classique, que l'on trouve partout. Et je ne pense pas que mon blog soit raciste, haineux, ou diffusant des idées contre les bonnes mœurs ou l'ordre public, les règlementations en vigueur....
Reste le mot "religieux". C'est à discuter. Parler religion interdit-il de participer aux TBA?
Et alors j'ai insisté.
Ce matin, la réponse est arrivée: mon blog est jugé non conforme. Par qui? Comment? selon quels critères?
Dieu seul le sait!!!!
Dieu et celui qui a jugé qu'il est non conforme bien-sûr!
Apparemment, nous qui sommes écartés n'avons pas le droit à une explication. Ni même n'avons été prévenus dès le départ. Non, on nous a laissé dans l'ignorance et le flou.
Nous n'avons aucun droit, aucun recours, ni rien. En fait, notre situation est pire que celle d'une personne accusée d'avoir commis une infraction, un délit ou un crime.
A ces personnes, on est obligé de donner des raisons, de leur expliquer ce qu'elles ont fait, et la raison pour laquelle elles sont jugées. Pour les TBA, rien de tout cela.
Une ou plusieurs personnes ont décidé que nous n'étions pas conformes. POINT.
Ensuite, un accusé a droit à un recours en justice, à une défense... Pour nous, RIEN.
Y-a-t-il une personne ou une instance auprès de laquelle nous puissions avoir recours?
Y-a-t-il une personne ou une instance à laquelle nous pourrions demander des explications? RIEN.
Il faut croire que nous n'avons même pas les mêmes droits que les criminels.
On pourrait dire que j'exagère. Que cela n'en vaut pas la peine. Pourquoi faire toute une histoire d'un truc aussi bidon?.....
Parce que je déteste l'hypocrisie et l'injustice.
Il y a quelques mois, j'ai été contactée (avec d'autres bloggeurs) pour participer aux TBA 2008. Nous avons été nommés administrateurs du groupe consacré à ce sujet sur FaceBook, et on nous a demandé de participer à l'élaboration des règles, à l'organisation...
Ensuite, sans même nous prévenir, on nous dit que nous sommes non conformes.
Ce matin, j'ai voulu en savoir plus. Et voila ce que j'ai appris.
Depuis plusieurs années, les TBA étaient organisés par des bloggueurs et entre bloggueurs. Ce qui est d'ailleurs logique. Il est normal que ceux qui sont les plus concernés s'occupent d'un concours qui a lieu entre eux.
Cette année, ON (vous devinerez qui est le ON) a voulu que cette opération soit médiatisée. Après tout, la blogo est un bon moyen de communication. Les gens en parlent. Les journaux en parlent... Alors pourquoi ne pas en profiter?
Alors, ON a décidé qu'il faut de la pub, des sponsors, une cérémonie de remise des prix...
Qui dit cérémonie, com..., dit argent. Qui dit argent, dit SPONSORS. Et lorsqu'une personne te donne de l'argent... elle impose des conditions. Normal. D'autant plus que les sponsors vont lier leurs noms à l'opération!
Alors voilà, un ou plusieurs sponsors, ont exigés que leurs noms ne soient pas liés à des blogs louches, ou anti-gouvernementaux, ou ayant des mœurs douteuses, ou exprimant une opinion contraire ou trop personnelle...
Pour faire plaisir à ces sponsors, on a donc supprimé ou écarté les blogs non conformes. Je dis personnellement NON CONFORME A LA PENSEE UNIQUE QUE L'ON VEUT NOUS IMPOSER A TOUS LES STADES DANS CE PAYS.
(Ce matin, j'ai dit à une personne que je ne faisais pas de la politique, j'en fais maintenant, et que celui qui n'est pas content, ikasser rassou 3al hit!!!!).
J'ai protesté ce matin justement lorsque l'on m'a dit cela. J'ai dit que je ne faisais pas de politique! Réponse: lorsque l'on met un logo annonçant que l'on est contre la censure, on fait de la politique. Après tout qui censure les blogs? Suivez mon regard, et vous saurez. Dire que l'on est contre est un acte politique.
Alors, je vous informe que tous les bloggeurs ayant participé le 4 novembre dernier au mouvement contre la censure sont aussi NON CONFORME.
Le logo COEXIST qui se trouve aussi sur mon blog est un acte politique. D'après eux bien-sûr. Moi je le vois comme un appel à la fraternité et à la tolérance. Mais exprimer une opinion est par essence NON CONFORME. NON????
J'ai appris que 58 Blogs ont été proposés à la nomination. 15 ont été jugés non conformes. Sur ces 15 blogs, 10 ont été censurés (ce qui correspond au critère de contraire à l’ordre public, les lois et réglementations en vigueur).
Je ne sais pas si ces chiffres sont fiables. Je ne le crois pas, parce qu'il semble que le nombre des blogs non conformes est supérieur à 15.
En conclusion (et je parle surtout en mon nom, joignez votre voie à la mienne si vous le voulez), nous avions un TBA qui fonctionnait plus ou moins bien, mais qui essayait d'être, autant que possible, le reflet de l'opinion des lecteurs. Les prix étaient juste symboliques. Pas de chi chi, pas de tralala...
Cette année, nous avons un TBA CONFORME, comme tout ici en Tunisie. CONFORME. CONFORME à la pensé unique. CONFORME au politiquement correct. MAIS NON CONFORME à la réalité des blogs et des souhaits et opinions des lecteurs. Par contre, nous avons droit à des sponsors, dont un prestigieux, puisqu'il s'agit d'une grande banque. Nous avons droit à de la pub. Nous avons droit à une cérémonie, des prix... En fait, comme d'hab, nous privilégions la poudre aux yeux, il madhaher, il visssss... Donc la forme. Tout est dans la forme.
Cette année, tout est beau. Magnifiquement beau. Mais à l'intérieur, du vide. VIDE. VIDE.
Qui a dit que nous, bloggeurs et lecteurs préférions la forme au fond?
Qui a dit que nous voulions une cérémonie?
On nous prends décidément toujours pour des imbéciles!!!!!!!!!!!
Et ensuite, on réclame la démocratie et la liberté d'expression!!!!
D'une façon tout à fait discrétionnaire, sans que l'on nous ai prévenus, sans que nous ayons eu droit à une explication quelconque, nous, quelques bloggeurs, avons été radiés, refusés, supprimés... des Tunisia Blogs Awards. Nous avons eu droit à une seule réponse, après bien des messages et des demandes d'explications: BLOG NON CONFORME.
Mon blog n'est pas conforme en 2008. Pourtant il l'était en 2007 et 2006.
Le blog de Big Trap Boy n'est pas conforme non plus en 2008, mais l'était les années précédentes...
Nous démontrons ainsi que nous, Tunisiens, savons être démocrates, transparents, honnêtes... N'est-ce pas les organisateurs??????
Pourquoi faire des reproches à nos politiciens lorsque nous, un petit groupe de citoyens, en principe jeunes et instruits, faisons la même chose qu'eux?
Mercredi soir, je suis allée avec mon amie Douda voir le film Thalathoun. Je l'avoue, j'appréhendais un peu, car bien que la majorité de ceux qui l'avaient vu en disaient du bien, ceux qui n'ont pas aimé avaient été virulents dans leur critiques.
Sur place, j'ai rencontré Emma, Azwaw et Stupeur. Il faut dire que la projection de ce soir-là avait quelque chose de particulier, elle se déroulait dans le cadre du ciné-club du CinéafricArt, et un débat avec Fadhel Jaziri était prévu après la projection.
Dès les premières images du film, j'ai été attirée. Très attirée même. D'abord par l'esthétique du film. Les images et les couleurs étaient très belles. Avec une dominance du bleu et du rouge.
Certains ont par la suite reproché cet esthétisme au film en disant qu'il donnait une image fausse de la société tunisienne de l'époque. Ils ont dit que cette beauté esthétique montrait des tunisiens tous beaux, bien habillés, très propres, impeccablement vêtus..., alors que la réalité était tout autre. Un spectateur avait même précisé qu'il trouvait que les images récemment filmées du film dénotaient avec les images d'archives qui étaient inclus dans le film.
Personnellement, cela ne m'a pas dérangé. Au contraire, j'ai beaucoup apprécié cet aspect du film.
Fadhel Jaziri a répondu à ce "reproche" en disant que le film n'était ni un film historique, ni un documentaire. Il n'avait pas à coller à la réalité de la société tunisienne de l'époque. Je suis d'accord avec lui. Le réalisateur nous a montré sa propre vision de cette période de l'histoire tunisienne, et une vision personnelle ne peut qu'être imaginaire et subjective.
En fait, si on fait abstraction de cette dimension historique, on peut voir le film comme une œuvre d'Art, un tableau, que l'on aime ou n'aime pas. Personnellement j'aime.
Le réalisateur a d'ailleurs insisté sur cet aspect subjectif. Il nous a appris que dans le même contexte, certains textes de Abou Kacem Chabbi avaient été "re-écris" pour "coller" un peu mieux au film.
Bref, sur cet aspect, bien que pas réel, je dirais "waow, malla wahra avaient nos aïeuls!", et je préfère les imaginer ainsi plutôt qu'en guenilles. Peut-être bien que leurs djellabas n'étaient en réalité pas aussi belles, ni aussi propres, ni aussi nettes..., mais pourquoi, pour les besoins d'un film/tableau, ne pas les représenter ainsi?
Peut-être aussi que le réalisateur voulait de part cette beauté esthétique montrer un changement: l'éveil qui se produisait en Tunisie cette époque là, un éveil à plusieurs facettes: éveil politique, éveil poétique, éveil littéraire...
Peut-être aussi qu'il voulait de cette manière nous montrer que sur une base ancienne, commençait à se greffer un discours moderne, inhabituel pour l'époque. La diction même des acteurs est moderne. Anachronisme? Non, je ne le pense pas.
Toujours est-il que les images de ce film sont en totale rupture d'avec les images habituelles du cinéma tunisien. Images sublimes je trouve.
Autre reproche qui a été fait à ce film: la quasi absence de présence féminine. Oui, c'est vrai, il n'y a dans ce film presque pas de femmes. Mais à l'époque, quel rôle jouaient-elles donc? N'étaient-elles pas souvent prisonnières des maisons et des traditions? Faisaient-elles partie de la vie culturelle ou intellectuelle tunisienne?
On voit dans le film un meeting, et une femme sur le podium demander que les femmes enlèvent le voile. C'étaient les années trente. Le plus drôle, celui qui dit qu'il est trop tôt pour cela est un jeune homme du nom de Habib Bourguiba. Celui-là même qui quelques années plus tard enlèvera le voile de la femme tunisienne.
Cela m'a fait sourire. Nous sommes en 2008, et en Tunisie, nous débattons encore du problème du voile. Mais paradoxalement, nous en discutons actuellement parce que certaines veulent le porter à nouveau!
Que dirait Habib Bourguiba aujourd'hui s'il voyait cela?
Autre chose qui à mon avis n'a pas évoluée depuis les années trente: l'intolérance.
Tahar Haddad écrit un livre révolutionnaire pour l'époque. Que se passe-t-il?
Une campagne de dénigrement se met en place. Il est rejeté par presque tous. Il est accusé d'hérésie, de kofr... Il est mis au ban de la société. Il est renvoyé de son emploi. Certains ont réclamé que son livre soit brulé... En fait, c'est encore ainsi que cela se passe, non? Sauf que peut-être aujourd'hui, il y aurait en plus une fatwa à son encontre!
Les idées de Tahar Haddad seront quand même reprises lors de la rédaction du Code du Statut personnel Tunisien.
Mais l'absence féminine dans le film nous montre aussi que les droits de la femme tunisienne n'ont pas été arrachés par elle, ils lui ont été donnés par des hommes qui se sont battus à sa place. Après le film, j'ai eu l'occasion de discuter un peu avec Youssef Seddik, lui aussi présent à cette projection. Monsieur Seddik semble très très pessimiste quant à l'avenir de la condition des femmes tunisiennes, auxquelles il reproche de ne pas avoir été des féministes réclamant leurs droits, et donc n'accordant pas assez d'importance à ces droits qui leur ont été offert par des hommes. D'après lui, dans une trentaine d'années, la femme tunisienne, si elle reste toujours aussi effacée et inerte, aura perdu tous ces droits qui lui semblent des droits acquis mais qui tendent à disparaitre. J'espère de tout cœur qu'il a tort, j'espère que ma fille, et ses futures filles, vivront dans un pays où la femme est une citoyenne et une personne à part entière, jouissant des mêmes droits et soumises aux mêmes obligations que les hommes. Malheureusement, parfois, en observant le comportement de certains de mes compatriotes, j'ai moi aussi des craintes.
Dans le film, le réalisateur insiste aussi sur la guerre des clans, sur les "guerres intestinales", sur la koffa et les kaffèfas, sur ceux qui, proches du pouvoir, essayent de s'y maintenir pour conserver leurs privilèges.... Tout cela n'a pas changé non plus. Mais cela est peut-être inhérent à l'être humain. Pendant des siècles, les êtres humains ne se sont-ils pas toujours comportés ainsi?
Je reviens à Bourguiba. On le retrouve fougueux, décidé, fin stratège, instruit..., mais aussi opportuniste, coléreux... Et MODERNE. D'ailleurs, il était le seul personnage du film à être BILINGUE. Il parlait aussi bien en Arabe qu'en Français.
Je reproche au film d'avoir négligé un petit détail: Bourguiba était connu pour son regard bleu. Un bleu limpide. Or l'acteur qui jouait le rôle avait des yeux noirs. Pourquoi ne pas lui avoir fait porter des lentilles bleues. Cela était-il intentionnel ou bien juste un oubli?
A ce sujet, concernant les détails, j'aurais des reproches à faire au décorateur et à l'accessoiriste du film: quelques fautes comme la théière marocaine. Où sont donc nos théières tunisiennes? Si difficiles à trouver? D'autres exemples de ce genre dont je ne me souviens plus. De même, des anachronismes, telle cette lampe en plastique bleue au désign très moderne. Que fait-elle donc dans un film supposé raconter les années trente?
Par contre, "détail" qui m'a amusée: à un moment, on voit un tableau. Je le reconnais tout de suite. Je dis à mon amie: "regarde, il s'agit d'un tableau de Roubtzov". Effectivement, la scène se passait chez Alexandre Roubtzov. Cela m'a fait plaisir de "rencontrer" un de mes peintres préférés dans un film.
En conclusion, bien que peut-être pas parfait, je trouve ce film très intéressant et à voir absolument. Personnellement, il m'a "parlé".
Hier soir à la TV. Interview d'un américain dans un bar: - Vous avez l'habitude de voter pour les démocrates? - Oui - Et cette fois-ci, vous voterez pour le candidat démocrate? - Non - Pourquoi? Le type lève la tête et lance un regard méprisant. Il ne prend même pas la peine de répondre. Le journaliste insiste. - NOOOOOO. HE IS A NEGRO. AND I HATE NEGROS!*
Et pourtant, malgré la couleur de sa peau, Obama est Président des USA. L'homme le plus puissant au monde est un homme noir!
Il y a environ quelques dizaines d'années, il n'aurait même pas eu le droit de se trouver dans le même endroit qu'un blanc. Il y a quelques dizaines d'années, il n'aurait même pas pu aller dans une école de blancs, il n'aurait pas pu se mettre à l'avant d'un bus, il aurait pu être pendu, brulé... sans que justice soit faite.
Belle leçon de démocratie que son élection hier soir!!!!
*Noooooon. C'est un nègre. Et je déteste les nègres!
Il y a environ 3 jours, je suis tombée sur cette note, complètement par hasard, publiée sur facebook. Du coup, je suis allée lire plusieurs notes écrites par la même personne. Et j'avoue avoir beaucoup apprécié ce que j'ai lu.
Je lui ai écris un message lui demandant s'il avait un blog, et lui demandant l'autorisation de publier sa note sur le mien.
Malheureusement, il n'a pas de blog, mais il m'a permit de publier sa note, à la condition que je ne dévoile pas son identité.
Ses amis facebookeurs reconnaitront quand même cette note puisqu'ils l'ont peut-être déjà lue sur facebook.
Et j'espère qu'il viendra répondre à vos éventuels commentaires et/ou questions.
Religions, idéologies, conscience et humilité
Pourquoi est-il si difficile de dialoguer avec les religieux et les idéologues ? (je précise que religieux ici ne veut pas dire croyants mais ceux-beaucoup plus nombreux que l'on pense- dont la religion est un capital social et/ou un fond de commerce duquel ils tirent statut et/ou pouvoir : les "je sais mieux que toi", les "khayra ommatin" et autres "peuple élu" , de la même façon qu'idéologues ne veut pas dire personnes ayant des idées ;) ).
Le religieux et l'idéologue n'aiment pas dialoguer en dehors de leurs propres référentiels et certitudes ... Leur croyance n'est pas matière à réflexion et à débat et parce qu'ils sont imbus de leur supériorité et de la supériorité de leur version de vérité.
Alors comment contenir les tentations extrémistes et totalitaires ? Certains croient que la seule façon de modérer ou de faire évoluer les choses est de faire évoluer les systèmes de l'intérieur sans heurter les pensées dominantes. Pour eux, c'est acquis, on ne peut parler au religieux d'égal à égal que lorsqu'on est dans le même référentiel de croyances et d'idéologies... Autrement dit avant de négocier il faut signer une reddition ... Est ce bien raisonnable ? Est ce bien acceptable ? N'est ce pas là une forme de lâcheté et de paresse intellectuelle ? N'est ce pas surtout un encouragement qui conforte encore plus le croyant ou l'idéologue dans leur manque d'ouverture, de conscience critique et d'humilité ?
Accepter le principe qu'on ne peut discuter et faire évoluer une religion ou une idéologie qu'en étant à l'intérieur de ses lignes rouges (encore faut-il bien les définir dans la pensée du moment) c'est accepter le fait que les vérités des autres ne sont pas équivalentes en valeur puisque celui là même qui réclame à cors et à cris le respect de ses lignes rouges et de ses croyances est incapable de regarder la pensée différente autrement que comme une pensée inférieure ou impure. Accepter les lignes rouges d'en face sans réciprocité, c'est le champ libre à ce que les dominants ou aspirant à dominer rêvent toujours d'imposer aux autres : la capitulation. C'est un champ ouvert vers le totalitarisme, le sectarisme et l'inquisition ...
Toutes ces vérités qui se veulent absolues et qui se valent au moins dans ce désir sont la braise de tous les feux qui consument le monde.
Le monde a besoin d'un contre-pouvoir et de gardes-fous (au vrai sens du terme). C'est un besoin collectif et c'est l'intérêt de tout le monde croyants ou pas. Ces gardes-fous ne peuvent être qu'à l'extérieur des dogmes, ces derniers devant avoir leurs propres soupapes de sécurité pour éviter l'aveuglement, l'enfermement et l'intolérance.
Le jour où j'ai mis les pieds en France, j'ai compris ce que croyance veut dire parce que j'ai été au contact d'autres croyances que j'ai toujours ignoré et à la limite vaguement considéré auparavant comme inférieures à la mienne (c'est ce qu'on nous apprend) et j'ai tout de suite compris que les personnes d'en face croient dur comme fer qu'il n'y a de Dieu que leur Dieu et que seule leur croyance est la vraie vérité ... J'ai appris depuis en m'intéressant à l'Histoire que les religions d'hier n'étaient guère différentes et que leurs tenants étaient aussi sûrs d'eux que nous puissions l'être de nous mêmes aujourd'hui ...
Quoiqu'on prétende, un musulman ne peut pas encore accepter que sa vérité soit toute aussi imparfaite et relative que celle du bouddhiste, de l'hindouiste, de l'animiste ou du laïc. De même un sunnite considérera sa religion plus vraie que le shiite et un wahabite verra un sunnite classique comme un mauvais musulman qu'il faut mettre en camp de rééducation ... Ce qui est dit ici de l'islam est aussi vrai du judaïsme ou du christianisme, voire même des petites sectes nées d'hier ou même du capitalisme, du libéralisme, du communisme ...
L'Islam étant ma religion, c'est lui qui m'interpelle et me concerne le plus et c'est lui qui me peine de se trouver aujourd'hui en prise avec des courants extrémistes, totalitaires, abrutissants et brutaux et c'est lui qui me peine de se trouver dans la tentation de l'isolationnisme et du repli.
On peut toujours attendre un Ibnou Khaldoun ou un Ghazali pour faire émerger un Islam des lumières et de l'ouverture mais c'est vaine attente lorsqu'on considère l'histoire et les forces actuelles en présence. Car si Ibn Khaldoun ou Ibnou Rochd étaient nés de notre époque, ils auraient une fatwa de takfir et de mort sur de dos depuis longtemps et seraient probablement enseignants à Berkley ou à La Sorbonne sous protection policière ...
La chape de plomb de 14 siècles est trop lourde pour être soulevée par un individu aussi brillant et pertinent soit-il. Le salut ne peut être que collectif ... et le collectif commence par l'individuel et sa massification ... La masse chez nous, ce sont des individus encore sous tutelle ... Une masse qui a appris à lire et écrire ces dernières années et qui est encore loin de pouvoir penser sa réalité ou prendre son destin et son avenir en main. Aujourd'hui encore, pour beaucoup de nos coreligionnaires, décider avec son cerveau de comment s'habiller semble encore une bid3a, une audace inadmissible ... Alors ????
On est très loin. On l'est parce qu'on vient d'encore plus loin ... et on l'est parce que nous sommes enchaînés et constamment tirés en arrière par les évènements politiques et géostratégiques que nous subissons comme une malédiction.
Ma vision personnelle est que le salut collectif est d'abord dans la prise de conscience individuelle et immédiate de la nécessité de nous réveiller et de nous éveiller pour devenir des êtres pensants, conscients et ouverts sur notre monde ... il faut oser vouloir l'être ... oui je dis bien oser vouloir.
Ce que chacun de nous doit chercher c'est l'éveil à la conscience de soi, de son histoire, des autres et du monde pour renouer les fils et trouver une cohérence entre ses croyances, sa réalité et ses aspirations, entre soi et les autres, entre ici et ailleurs, entre aujourd'hui et hier.
Encore faut-il avoir la volonté, le courage, le temps, la capacité et l'énergie pour creuser au delà des apparences et remonter le fil de l'histoire, de la sienne propre et de celle de ses semblables. Un long voyage mais qui en vaut certainement la peine et les peines ...
Le problème c'est que le voyage dans l'autre pente est beaucoup plus facile. La pente est glissante, nos pieds savonnés depuis tout petits, et les mouvements de foule aveugles nous poussent dans le mauvais sens ...
Malgré tout ça, il me semble dans l'ordre naturel des choses que l'humain évolue et que la conscience prenne le dessus sur les réflexes, à la longue. Peut-être est ce une déformation de mon background de biologiste ... Mais non ... Car lorsque je regarde l'intelligence des enfants d'aujourd'hui, mon espoir grandit ... A six ans ils commencent à parler plusieurs langues, s'éveillent à la diversité du monde, de ses paysages, de ses créatures, et de ses populations, connaissent les dinosaures par leurs noms, connaissent l'histoire des chevaliers et des pirates, connaissent les planètes, ...
Le mouvement de l'esprit humain est irrépressible sur le long terme. Dieu a bien fait la nature et le vivant. Le langage avec lequel il a écrit les atomes, les molécules et les gênes est de loin plus puissant et plus juste que les langages humains imparfaits dans lesquels nous tentons de dire nos vérités et nos croyances que nous voudrions pourtant parfaites, ou du moins plus parfaites que celles des autres ... Pas simple tout ça .... mais qui sait ???? La conscience de la complexité est probablement le début du grand voyage de l'humilité.
Depuis des mois et des mois je cris à la dérive que la Tunisie pourrait connaitre, apparemment je n'avais pas tort. Cela fait froid dans le dos. Où allons-nous?
En descendant la pente...
La blague du jour ? Un numéro raté d'une caméra cachée qui ne fait rire personne, ou un poisson d'avril paumé des saisons ? Non. Tout simplement la face blafarde d'une réalité crue et nue, à vous donner des frissons dans le dos. Car il ne faut jamais sous-estimer les indices précurseurs d'un déluge à venir, si l'on veut justement éviter le déluge. Dans un grand centre commercial assez éloigné du centre-ville, et pendant le mois de Ramadan, un client s'est arrêté un moment pour manger quelque chose sur le pouce entre deux courses. Pour des raisons qui le regardent, et ne regardent que lui (nous préciserons tout de même ici qu'il est diabétique et cardiaque), il est dans l'incapacité de jeûner. Mais cela importe peu en l'occurrence puisque la Tunisie est un pays modéré et aux dernières nouvelles, c'est toujours le cas. Sauf que, ne voilà t-il pas que notre homme est pris à partie par deux policiers, munis de talkies-walkies et officiant en civil qui l'interpellèrent sévèrement sur le fait qu'il soit en train de se restaurer, lui affirmant qu'étant tunisien, il n'avait pas le droit de le faire à l'extérieur de chez lui, et qu'il devait illico-presto, interrompre son déjeuner et partir. Abasourdi et choqué à la fois, il leur expliqua qu'il n'avait pas pour habitude de circuler avec son dossier médical à la main en guise de sauf-conduit pour cas de force majeure, et rentra chez lui, évidemment ulcéré. Ce ne doit pas être un cas unique, un cas isolé mais, à notre humble connaissance, c'est une première dans nos murs. Et c'est très grave... Parce que, la dérive est facile à partir du moment où l'on commence à emprunter cette pente en descendant, jusqu'à ce que, sans crier gare, on se retrouve dans le ravin. Et il ne faut pas que l'on se retrouve dans le ravin, parce qu'il n'est pas question que ce qu'ont bâti nos aïeux, à force d'y croire, pour nous sortir de l'obscurité et de l'obscurantisme, soit détruit en, deux temps trois mesures, par des énergumènes (investis ?) d'une mission rétrograde et absurde, qui consisterait à ramener les « brebis galeuses » dans le droit chemin. Qui plus est au nom d'une loi, qui n'existe pas. Mille fois non parce qu'il ne manquerait plus que de jouer aux courtisans, pour faire les yeux doux à certains voisins, pas si proches que cela, parce qu'ils auront eu la bonne grâce d'investir dans nos murs ; lesquels voisins seraient « offusqués » de constater que la Tunisie est un Etat modéré et qu'il entend bien le rester. Car autrement, comment expliquer ce genre d'attitude, inhabituelle et intolérable, dans un pays lequel, aussi loin que l'on remonte dans le temps, a toujours été un carrefour de civilisations successives qui auront forgé notre identité de tunisiens ? Parce que, si aujourd'hui des agents de l'ordre vous empêchent de prendre votre collation, demain il vous demanderont d'aller vous voiler, et pourquoi pas tant qu'à faire, de porter la « bûrquâ » ? Samia HARRAR
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