Hier, par hasard, j'étais dans ma voiture, et pendant environ 15 minutes, j'ai écouté l'émission Forum qui avait pour thème "la violence contre les femmes".
Par malchance, j'étais arrivée juste pour écouter le témoignage ou l'avis d'un homme qui m'a donné envie d'utiliser la violence contre lui.
En fait, ce type voulait nous expliquer que théoriquement il était contre toute violence en général, et contre la violence à l'encontre des femmes en particulier, mais qu'en pratique, les femmes poussent parfois à la violence.
Il voulait nous expliquer que les femmes, vu leur refus d'obéissance à leurs maris, vu certaines de leurs réactions, de leurs exigences... acculaient leurs maris à la violence.
En fait, si les hommes utilisent la violence contre les femmes, c'est tout simplement la faute de ces femmes.
Waow!!!!!
Ensuite, un autre auditeur est intervenu. Il a dit qu'il était contre toute violence à l'encontre des femmes. Que la violence est un signe de faiblesse de celui qui y a recours.
Le premier auditeur a repris la parole. Il a accusé le second d'être à la botte de sa femme. Il lui a dit qu'il ne comprenait rien, que la violence contre les femmes était répandue dans la société, qu'elle existait partout, dans toutes les sociétés et toutes les classes sociales. Il a même donné des exemples d'hommes célèbres qui battaient leurs femmes....
Ce que je trouve étonnant, c'est que cet homme ait le culot de penser et dire ces choses à la radio. Il est convaincu d'avoir raison. Et c'est cela qui est effrayant. Il est sur d'avoir raison, et est certain que les femmes méritent d'être battues. Aucun doute, aucun questionnement...
Comment est-ce possible?
Aujourd'hui, en voulant mettre le lien de l'émission sur ma note, j'ai écouté d'autres témoignages d'autres auditeurs allant dans le même sens. Plusieurs hommes tunisiens sont donc d'accord pour trouver qu'il est normal de battre les femmes. C'est choquant. Ce qui est encore plus choquant, c'est lorsqu'une femme trouve que les femmes méritent, et même doivent être battues.
En plus, je pense qu'il y a 30 ans, aucun homme tunisien n'aurait osé dire des choses pareils. Je pense que ces témoignages montrent que notre société tunisienne a vraiment régresse. L'influence des chaines satellitaires?
Dimanche
dernier, la rue du 18 janvier 52 du centre ville a assisté à une mini
manifestation de sauvegarde du cinéma tunisien sous le titre explicite
«Que vive le cinéma»…Il y avait dans la salle Afric’Art une centaine
de jeunes, probablement appartenant à l’Esam, venus comme pour une
messe d’adieu au 7è art dans notre pays…
Il
y a de quoi se rassembler. C’est comme pour le lion de Tunisie (le Lion
de l’Atlas), on lui a tellement tiré dessus, qu’il a disparu sans
laisser de traces autres que celles dans les salons cossus de la
coloniale ou dans les peintures orientalistes… Dans tous les cas de
figure, le cinéma tunisien vit la même situation que celle du lion
d’antan…
Cachez-moi ce sein…
Depuis
un certain temps, des articles – principalement en langue arabe –
tirent à boulets rouges sur le cinéma tunisien lui faisant porter tous
les maux de la terre. C’est à croire que si la banquise perd du poids,
la raison n’est nullement le réchauffement de la planète, mais bel et
bien le cinéma tunisien…
Cette
rengaine a commencé bien avant la représentation du juif tunisien dans
«L’Homme de cendres» de N. Bouzid et dont une certaine presse
orientale en a fait son choux gras et bien même avant ces scènes de
hammam de F.Boughdir ou l’histoire adultérine du «Silence des
Palais» de M. Tlatli… Ce trio, Bouzid, Boughdir, Tlatli, et quelques
soient leurs films, demeure aux yeux des gardiens d’une morale « bête
et méchante » des cinéastes à abattre, car c’est par eux que le mal
arrive. Étant entendu que la mal est la dépravation, la licence, la
débauche, la perversité, le vice, l’irrespect de l’identité et j’en
passe. La chose s’est aggravée avec d’autres productions comme « Le fil
perdu » de K. Bornaz, «Demain je brûle» de Ben Smail, «Le Prince»
de M. Zran,«Elle et lui» de E. Baccar, «la Tendresse
du loup» de J. Saadi ou «Douweha» de R. Laamari sans oublier son
«Satin rouge» et «Fatma» de Kh. Ghorbal… En un mot, cette poignée
de films orphelins d’une politique culturelle est devenue l’expression
d’un ennemi intérieur dont il faut extraire les racines…
Outre
le fait qu’aux yeux de certains mentors de la «régression identitaire» qui se propage comme la chienlit grâce aux satellitaires du Golfe,
ces films ne représentent nullement la Tunisie,
si tant est qu’un film est un porte drapeau, ils sont un cheval de
Troie à travers lequel l’Occident veut pervertir notre culture,
lézarder notre personnalité, nous détourner de notre « authenticité » ,
en bref, nous néo-coloniser en finançant ces films… En contrepartie,
ces cinéastes deviennent des « importateurs d’idées étrangères »… Que
Bouzid insinue un viol d’enfant ou que Boughdir illusionne un sein, que
Ben Smail évoque le sida ou que Saadi montre un viol, que Laamari
dessine une relation adultérine ou que Ghorbal montre un corps de
femme… il y a chez nos cinéastes, une volonté manifeste d’être les
agents de l’ennemi, surtout que le public national « avait découvert le
pot aux roses » et ne se rue plus pour les voir... Et comment!
On donnerait sa langue au chat
« Latragédie, c'estlorsqu'onsecoupeledoigt. Lacomédie, c'estquandontombedansunebouched'égoutouverteetquel'onmeurt. »
disait le cinéaste et comédien américain Mel Brooks… Les doctrinaires
de l’image angélique et du « cinéma propret » n’ont jamais senti que
l’état du cinéma tunisien est plus qu’une tragédie… on a l’impression
qu’il est tombé dans un dégoût forcé et le voici qui se meurt sans
qu’on lui portât assistance… L’Etat donne certes de l’argent. Mais ce
qu’il donne à fonds perdus n’honore nullement la finition d’une œuvre
et ce, en l’absence d’un capital privé intéressé par la chose
culturelle…
Que
dire d’un pays qui donna au monde arabe son premier film de fiction
(Ain al-Ghazal de Shamama Chekly) en 1924 et qui, moins d’un siècle
plus tard, patauge dans la flaque d’une moyenne d’un film et demi par
an ?
Que
dire d’un pays qui connut les projections d’images mouvantes dès 1897
et qui, un siècle plus tard, ne possède plus que 13 salles de cinéma
(et non 19 comme dans un document du Ministère de tutelle) avec 8500
sièges pour 10 Millions d’habitants… Tous les comptes aboutissent à un
siège pour 1177 Tunisiens… Une vraie surpopulation…
Que dire d’un pays qui possédait les laboratoires les mieux équipés de toute l’Afrique, ceux de Gammarth (1964).
Que
dire d’un pays où des quartiers, des villages, des villes, des
gouvernorats entiers ne savent plus ce qu’est une salle de cinéma. Un
pays où on oublie maintenant que le cinéma n’est pas que la salle et le
film… C’est une sortie. Et qui dit « sortie » dit une vie publique, un
petit commerce florissant, une saine promiscuité dans une mixité de bon
aloi, etc. Tout ceci, pfuuut ! Il y a des jeunes de notre pays qui ne
savent du cinéma que ce que diffusent les télévisions. Et il n’y a pas
de média plus casanier que la télé… Plus des trois quarts des Tunisiens
regardent des films à la télé et bien plus se réfugient chez les
graveurs…. .
Que
dire d’un pays qui s’intéresse peu, très peu à l’image nationale.
Sinon, comment comprendre cette nuée de pirates qui non seulement
squattent les productions étrangères, mais en plus « chapardent» les
films nationaux au grand dam de la loi…
Peut-on
alors en vouloir à un cinéaste de chercher ailleurs un co-financement
pour son film ; fut-il auprès du Bon Dieu, car l’aide du Ministère est
de 30% du devis eu égard à toutes les causes citées précédemment… Et on
ose accuser son chien de rage!
Que
des jeunes se regroupent pour crier un « SOS Cinéma tunisien », c’est
qu’il y a encore de l’espoir en l’air… ça a toujours été ainsi dans mon
pays… Pourquoi ? Va savoir…
Vous le savez tous, le 05 Janvier 2010, un incendie a ravagé l'Institut des belles lettres arabes de Tunis (IBLA).
Sa bibliothèque conservait 34 000 ouvrages dont toutes les œuvres
majeures de la culture tunisienne et de la littérature arabe classique
ainsi qu’un fonds de cartes anciennes et les collections complètes de
600 revues spécifiques. Elle recensait également toute la production
francophone publiée lors de la colonisation. Un capital historique et
socioculturel que la revue Ibla a contribué à faire connaître à partir
de 1937. «Le fonds de l’Ibla, estime Kmar Bendana, chercheuse associée
à l’Institut de recherche du Maghreb contemporain à Tunis, est
inestimable, car les Pères blancs l’ont constitué avec objectivité.»
Environ 17 000 œuvres ont été détruites lors de cet incendie.
Depuis, l'IBLA a lancé plusieurs appels pour demander de l'aide aux particuliers. En effet, seule une poignée de personnes est présente à temps plein pour tout remettre en place. Les pères blancs et leurs amis y travaillent mais ne peuvent pas faire face au désastre seuls. Ils ont besoin de l'aide de volontaires pour le tri, le séchage des livres, la restauration des bouquins et revus brulés et/ou mouillés...
J'ai reçu ce message, et on m'a demande de le diffuser. Je vous fait un copier/coller:
"L'IBLA, Institut des Belles Lettres Arabes a besoin de Vous Après
l'incendie, le dégât des eaux, 17000 livres sont partis en fumée, 10000
vont pourrir si on ne fait rien. On a besoin de volontaires pour
essuyer les livres, les sécher au séchoir, mettre du papier absorbant
entre les pages... Venez nombreux munis de papier, de ciseaux, de
grandes enveloppes, de séchoirs ... Voir les coordonnées sur le site de l'IBLA Institut des Belles Lettres Arabes 12bis, Rue Jamaa El Haoua 1008 Tunis
Vous êtes priés d'aider comme vous pouvez, soit en vous rendant sur place tous les jours de 9h à 16h, soir même en diffusant ce message pour faire passer le mot.
Les travaux de construction de cette église avaient débutés en 1848 par des frères capucinssiciliens au sein du quartier italien de la ville.
Lors de ma visite en 2007, l'église était en pleine réfection. Certains endroits souffraient d'humidité, les peintures abimées...
Ces peintures datant de 1928 étaient l'œuvre du frère d'Alphonso Capone pour excuses et absolution de ses péchés, en vue d'une rédemption de la "famiglia".
Vous ne verrez plus ces peintures.
Je suis retournée à l'église en décembre 2009. Les travaux de réfection étaient achevés. Beau travail.
Mais sincèrement, je pensais que les travaux concernant les peintures seraient de la restauration des anciennes peintures, cela n'a pas été le cas. En comparant les photos que j'avais prises en Août 2007 et les photos que j'ai prises en Décembre 2009, j'ai constaté que de nouvelles peintures avaient remplacé les anciennes.
C'est bien dommage.
Déjà, avant même de remarquer qu'il s'agissait de nouvelles peintures, j'avais trouvé que la restauration faisait trop neuf. Le charme de l'ancien avait disparue. Ensuite, j'avais compris qu'il s'agissait de nouvelles.
Pourquoi?
Restaurer les anciennes fresques coute-t-il trop cher?
Y-avait-il d'autres raisons?
Je ne sais pas.
Les nouvelles peintures sont l'œuvre du peintre Alberto Bogani, venu de Côme en Italie. Celui-ci a utilisé la technique de la peinture murale à l'acrylique.
Le Gouvernement tunisien avait décidé il y a quelques années de démolir tout le bâtiment, en vue de la rénovation complète du vieux quartier de La Goulette.
Le président italien de l'époque, Oscar Luigi Scalfaro, en visite officielle, avait demandé à visiter la vieille église qui était en ruine. Il a, par la suite, pu convaincre les autorités tunisiennes de renoncer à ce projet, et d'encourager une restauration totale, en confiant la gestion du complexe entier au diocèse de Tunis.
J'ai mis la radio, et par hasard, je suis tombée sur les dernières minutes du programme forum de Mosaïque FM. Le sujet d'aujourd'hui est: "L'homme tunisien préfère-t-il la femme soumise?".
D'après l'animatrice, en conclusion de l'émission, et après avoir écouté les différentes interventions et témoignages, il ressort que l'homme tunisien préfère la femme soumise. D'après lui, cette soumission serait un gage de réussite de la vie familiale.
Ah bon?
En quelle année sommes-nous donc?
La vie familiale ne repose-t-elle donc que sur les épaules de l'épouse?
L'ancienne disposition qui stipulait que
la femme doit obéissance à son mari n'existe plus. Apparemment certains
ne sont pas encore au courant.
Code du statut personnel - Article 23Modifié
par la Loi n° 93-74 du 12 juillet 1993:
"Chacun des deux époux doit
traiter son conjoint avec bienveillance, vivre en bon rapport avec lui et éviter
de lui porter préjudice.
Les deux époux doivent remplir leurs devoirs conjugaux conformément aux
usages et à la coutume.
Ils coopèrent pour la conduite des affaires de la famille, la bonne éducation
des enfants, ainsi que la gestion des affaires de ces derniers y compris
l'enseignement, les voyages et les transactions financières.
Le mari, en tant que chef de famille, doit subvenir aux besoins de l'épouse
et des enfants dans la mesure de ses moyens et selon leur état dans le cadre
des composantes de la pension alimentaire.
La femme doit contribuer aux charges de la famille si elle a des biens."
- Tu n'aimes pas le foot, alors tu n'es pas patriote.
- ???
- Si tu n'aimes pas le foot, alors tu n'aimes pas la Tunisie.
- Ah bon. Je n'aime pas du tout le foot, mais j'aime mon pays. Je ne vois pas le rapport.
- Si, il y a un rapport. Si t n'aimes pas le foot, tu n'aimes pas ton pays.
Il était sûr de ce qu'il avançait. Il n'acceptait aucune discussion. Pour lui, c'est sûr et certain, puisque je n'aime pas le foot, je n'aime pas la Tunisie, mon pays.
Quelle logique?
Le foot serait-il devenu partie intégrante de notre patrie?
Dans quelles conditions et ou sont stockées des milliers et des milliers d'œuvres acquises par l'administration de la culture?
Un ami cadre d'une entreprise financière me dit être tombé - au
hasard de ses recherches - sur un lot de quelques centaines d'œuvres
d'art (peinture) que la-dite entreprise aurait acquis, il y a de cela
trente à quarante ans.
Des œuvres qu'il imagine dignes d'un grand intérêt parce que
signées par les peintres de l'époque. Ces trésors sont jetés aux
oubliettes dans un "Makhzen" que l'entreprise utilisait, il y a de cela
des années, à "stoquer" les centaines de moutons de l'Aïd qui seront
offerts à ses fonctionnaires.
Car,
en ces temps-là les entreprises ne donnaient pas de l'argent pour que
ses membres achètent ou n'achètent pas le mouton de l'Aïd mais elles en
offraient un... vivant, en chair et en os.
On vous laisse donc la liberté d'imaginer dans quel état notre ami
a trouvé ces œuvres d'art. Ajoutons aux dégâts causés par les ovins,
une inondation qui rendit au néant une bonne centaine de ces pièces.
Ces "marchandises" (sûrement de valeur) ont été pourtant acquises par les responsables de l'époque au nom de l'entreprise.
Quelle est la cause d'un tel désastre ?
Une seule réponse : l'ignorance ! Car on ne peut parler d'analphabétisme, aujourd'hui.
De tels exemples ne sont pas légion, fort heureusement, mais ils sont de poids.
Et nous savons qu'à part le patrimoine artistique acquis par le
Ministère de la Culture (donc par l'État et qui demeure - on l'imagine
- le plus grand collectionneur du pays, deux ou trois autres
entreprises - généralement - banquières détiennent une bonne part de la
production plastique des premières décennies de l'Indépendance.
Où sont
ces œuvres, aujourd'hui ?
Sont-elles conservées dans des conditions adéquates ?
On aimerait ne pas en douter mais - malheureusement - vu notre
score lamentable en matière de conservation et de documentation, ne
soyons pas déçus ni demain on apprenait qu'une partie de ces œuvres
n'existe plus pour des raisons d'érosion ou pour une autre.
Et puis ces œuvres existent-elles vraiment ?
Et si elles
l'étaient, pourquoi ces entreprises n'organisent-elles pas des
expositions pour redorer le blason de ces prisonnières du peu d'intérêt
qu'on leur porte.
Le public et les jeunes artistes d'aujourd'hui n'ont presque jamais vu une exposition consacrée à leurs aînés.
Comment veut-on renforcer la valorisation de notre patrimoine
pictural s'il y a un fossé noir de quelques décennies entre ceux qui
ont commencé au début du siècle passé et ceux qui débutent aujourd'hui ?
C'est encore, là, une façon de châtrer notre histoire, et dans ce
domaine-là, la terre toute entière doit nous reconnaître comme étant
les plus grands maîtres.
On peut bien nous rétorquer que ces entreprises étant privées,
elles sont libres de disposer de leurs biens à leur guise. Nous
répondrons que ce qu'ils détiennent est - qu'on le veuille ou pas - une
part de notre patrimoine national et si nous n'avons aucun droit
"matériel" à leur réclamer, nous avons en tant que nation le droit et
le devoir de veiller à la bonne santé de ce qui "nous appartient".
Le fait d'exposer ces œuvres, serait le moindre des actes de
reconnaissance pour ceux qui les ont réalisées et qui sont, en grande
partie, partis vers l'autre monde, car les créateurs en matière d'art
ont besoin de l'Autre, du public, pour continuer à vivre.
Les priver de cela, est, à coup sûr, le meilleur moyen de les
faire mourir une seconde fois. Car par delà la mort des corps, on
commence à réellement mourir quand les autres commencent à nous oublier.
Point d'interrogation
Pour en venir - enfin - aux acquisitions de l'État, nous sommes
dans l'obligation de constater que l'administration de tutelle n'a pas
mieux fait que ses consœurs du privé.
Et qu'on ne nous parle pas de ce qui a été réalisé et de ce qui le
sera dans les temps à venir, nous savons qu'en lisant les principaux
rapports concernant l'activité culturelle et artistique dans le pays,
nous serons surpris de découvrir que tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes et que la Tunisie est, à coup sûr, une patrie dotée
d'une fulgurance inouïe en la matière.
Malheureusement, à force d'usure, nous avons fini par prendre la
mauvaise habitude de discerner ce que disent les rapports
administratifs de ce qui est la réalité des choses.
"Brefle" ! comme dirait Béru, arrêtons de "biler" et voyons voir ce qu'est justement la réalité des choses.
Dans quelles conditions et où sont stockées les milliers et les milliers d'œuvres acquises par l'Etat ?
Sont-elles triées par époque, par genre, par mouvement etc... ?
Un chercheur peut-il y avoir accès dans des conditions dignes de
ce genre d'investigations ? Pourquoi le ministère de tutelle
n'organise-t-il pas de rétrospectives, d'expositions personnelles ou de
groupes qui ponctueront les principales étapes de l'histoire des arts
plastiques tunisiens...
Pourquoi n'enseignons-nous pas nos Maîtres (et décimètres) aux
étudiants des Beaux-Arts à l'instar des grands Maîtres internationaux,
nos arts plastiques comme notre musique ou notre poésie ayant leur
propre saveur malgré les multiples ouvertures, flirts invasions et
soubresauts ?
Beaucoup de questions, n'est-ce pas ? En avons-nous les réponses ?
C'est tout d'abord à l'administration de nous éclairer sur l'état des
lieux et de ce qu'elle compte faire en la matière (à moins qu'elle ne
l'est déjà fait sans prendre la peine de nous en informer).
Ce que nous croyons savoir par contre c'est que la réalité des
choses n'est pas aussi rose que le silence ou l'indifférence ne nous
les font supposer.
Évitons d'entrer dans les détails pour le moment mais à part le
train-train ankylosé et ankylosant de la gestion du domaine depuis des
lustres, il n'y a rien de nouveau sous les cieux de notre imaginaire.
Qu'en est-il de la création du Musée d'Art Moderne qui n'est pas
seulement un espace d'exposition comme certains s'entêtent à le
définir, mais un comité de conseillers auprès de l'État pour mieux
préserver, promouvoir et valoriser ses acquisitions passées et à venir.
Car c'est avec des deniers publics que ces œuvres sont achetées et
-cela fait quelques siècles qu'on le répète - il ne faut plus que de
tels biens soient investis à perte.
Il faut - urgence - trancher entre le dicktat imposé par la
mentalité de handicapés qui a gangrené la scène artistique et la
création de la vraie valeur des choses. En l'occurrence les œuvres
d'art ? Que faut-il faire pour cela ?
Faut-il prendre exemple sur les pays phares en la matière ?
Les solutions existent mais - c'est très dur à dire - existe-t-il
une réelle envie et une réelle force pour faire avancer "le
schmilblick" chez les administrateurs ou bien se contenteraient-ils de
gérer la vieille machine comme l'ont fait ceux qui les ont précédés et
comme le feront ceux qui suivront... en catimini avec une extrême
prudence... Sans faire de bulle et - surtout ... surtout - sans causer
d'agitation.
"Cachez-moi ces biens qu'on ne saurait voir ! ".
C'est peut-être là, la seule façon de dormir tranquille, après tout, pour ceux qui décident du sort de nos arts plastiques.
Il y a un peu plus de deux ans, j'ai remplacé l'assistante malade d'une personne qui faisait un travail de recherche sur le patrimoine judaïque tunisien.
En fait, je m'étais portée volontaire pour accomplir ce travail. J'étais sure que cela me permettrait de voir des choses et de rencontrer des gens que je n'aurais pas l'occasion de voir autrement.
J'avais été très contente de vivre ces deux journées. Cela m'avait effectivement permis de voir des gens différents et des lieux différents.
Nous avions donc visité 3 synagogues: 2 à Sfax et 1 à Mahdia.
Ces 3 synagogues sont dans un mauvais état, surtout celles de Sfax.
La grande synagogue de Sfax date des années 1930. A l'époque, la communauté juive sfaxienne comptait 5600 personnes. En 2007, ils n'étaient plus que 14. Combien sont-ils aujourd'hui? Je ne sais pas.
En fait, il ne s'agit pas seulement d'une synagogue, il s'agit de tout un complexe comprenant une école, un pensionnat, une grande salle, des annexes pour les grandes occasions...
Aujourd'hui, les bâtiments semblent à l'abandon. En plus, il parait qu'en 2000, lors de la deuxième Intifada, des émeutiers avaient attaqué les bâtiments.
Les vitres ont été cassées. Cela a permit aux pigeons d'entrer et de tout salir.
Le gardien tente, tant bien que mal, de nettoyer, mais que peut faire cet homme tout seul?
Pas grand chose malheureusement.
A l'intérieur, les carreaux de faïence se décollent, la poussière s'installe, les mauvaises herbes s'incrustent dans les moindres interstices....
De la désolation...
C'est dommage de voir tout un pan de notre histoire sombrer de cette manière.
A part les bâtiments, à l'intérieur, les objets du culte sont entassés un peu n'importe comment, les livres sont à l'abandon, les meubles cassées...
La synagogue Edmond Azria est plus petite. Je ne sais pas à quelle époque elle a été construite. Elle est fermée depuis 2000 après qu'elle ait été attaquée par des émeutiers. Il nous a d'ailleurs été très difficile d'ouvrir les cadenas qui étaient plutôt rouillés et n'avaient pas été ouvert depuis.
La synagogue est dans un état pire que celui de la grande synagogue. Indescriptible.
Les pigeons se sont engouffrés par les trous: les vitres ont été cassées par les émeutiers. Les pigeons ont depuis élus domicile à l'intérieur de la synagogue.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Cela fait mal au cœur. Tout bâtiment abandonné fait mal au cœur.
Tout livre, objet, souvenir, chanson... perdu fait mal au coeur.
Nouvelle note blanche cette année. Malheureusement pas de logo pour la note blanche 2009. D'ailleurs pas non plus une très grande mobilisation des bloggueurs. Qu'est-ce que cela signifie?
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