Ce soir, je suis allée avec Emma voir la pièce APE, à l’espace El Teatro.
Interprétée par : Gary Stevens, Julian Maynard Smith et Amanda Hadingue.
«Pas besoin de connaître la langue de Shakespeare pour suivre, apprécier et se tordre de rire devant la performance de ces trois interprètes britanniques, inextricablement liés par une règle dont ils sont les seuls à connaître les codes et dont le seul but est de copier et d’imiter le comportement de chacun d’eux - commençant par des mouvements simples, ils nous prennent rapidement vers un monde chaotique de gestes, de langues et de langages où le quiproquo est Roi, excusez Reine! - Chaque interprète lutte pour affirmer son propre caractère et pour mener cet imbroglio -, mais vers où? Avec brio et humour “à l’anglaise”!»
Voilà ce que dit le programme.
En ce qui me concerne, c’est la première fois que je vois une pièce anglaise, jouée par des anglais, et entièrement en anglais.
On nous avait dit que la pièce serait sur-titrée, cela n’a pas été le cas. Mais ce n’était pas grave, le langage était simple et donc facile à comprendre.
J’ai trouvé les deux comédiens excellents, par contre, la comédienne ne l’était vraiment pas.
La pièce commence avec 3 personnages, qui s’imitent.
Ape veut dire singe. Ne faisaient-ils que se «singer»?
Après un long moment de silence, ils ont enfin parlé. Que disaient-ils?
Questions. Affirmations. Répétitions. Ordres. Jeux de mots…
Des gestes répétitifs. Des phrases répétitives. Des mimiques. Des grimaces…
Ai-je aimé la pièce?
Je ne sais pas.
Ai-je regretté de l’avoir vue?
Pas du tout. Sûrement pas. J'ai apprécié.
Nouvelle expérience. Nouvelle forme de jeux d’acteurs…
Bien que j’en avais déjà entendu parler sur le net, j’ai quand même été très agréablement surprise par la qualité de ce spectacle.
A travers le parcours de Lazhar Zahrouni, nous faisons un «tour» de notre société tunisienne.
De la vie estudiantine, à la vie professionnelle, et enfin, aux difficultés de se trouver une épouse… En plus, ce Lazhar a une malchance terrible. Mais est-ce vraiment de la malchance ou est-ce la réalité de beaucoup de gens?
Slim Kamoun a la capacité de passer d’un personnage à l’autre, de prendre des accents différents (du turc au sfaxien, en passant par le français, le chinoix, le tunisois…), des expressions différentes, des personnalités diverses… Le tout est d’un comique (parfois même tragique!) irrésistible.
On rit. On rit vraiment du début à la fin. Une heure et demi de rire. Un moment extraordinaire.
Ce soir-là (coïncidence?????), il y avait dans la salle une majorité de sfaxiens. Dès qu’il prenait un accent Sfaxien, c’était l’explosion!!!!
Personnellement, il m’a rappelé mon enfance, mes grands-parents… cela fait des siècles que je n’avais entendu parler cet accent.
Si vous en avez l’occasion, ne ratez surtout pas ce spectacle, vous ne le regretteriez vraiment pas.
J’espère bien un jour vous inviter au théâtre pour m’applaudir sur scène, mais à mon avis, il faudra encore attendre un peu (même plus qu’un peu je crois)…
En attendant, je vous invite tous (enfin, ceux qui habitent Tunis), à venir applaudir Hichem lui-même au Théâtre Municipal de Tunis, dans la pièce ART, d’après un texte de Yasmina Reza.
Je ne connais pas encore cette pièce, je ne pourrais donc pas vous donner mon avis personnel. Mais je suis sure que c’est une belle pièce. Les trois acteurs sont talentueux. J’ai trouvé ces articles sur la presse tunisienne. Intéressants à lire. Ils donnent envie de la voir.
Hier, comme beaucoup de gens, je suis allée voir le Film «l’Esquive» de Abdellatif Kechiche.
J’ai été contente de voir autant de monde devant le cinéma. Il y avait tellement de personnes qui attendaient qu’il a été décidé de faire une projection supplémentaire à 21h30.
Qu’il y ait autant de monde prouve que le buzz a bien fonctionné.
Personnellement, j’y suis allée après avoir reçu une «invitation à l’event» sur Facebook. D’ailleurs, j’étais entourée de Facebookers. Je reconnaissais les personnes grâce à leurs photos. Cela m’a permis de faire la connaissance réelle de friends virtuels.
Par contre, on nous avait dit que le réalisateur serait là pour un débat, mais il n’était pas présent.
Ensuite, on nous a annoncé que le débat aurait quand même lieu à la fin de la projection, mais rien non plus. Cela m’a vraiment déçue.
Que dire du film? Ai-je aimé ou pas? Je ne saurais dire avec précision. Je dirais donc que le film était intéressant.
Ce qui est peut-être dommage, c’est que le film date déjà de Mars 2004, et ces dernières années, nous avons été un peu gavé par les films et documentaires sur les banlieux françaises.
Mais ce que j’ai apprécié, c’est que ce film s’est éloigné des stéréotypes habituels. Il ne nous montre pas des anges, mais ce ne sont pas non plus des monstres ou des criminels.
On voit la vie quotidienne de ces jeunes beurs. Leur vie n’est pas facile. Ils habitent des HLM, où les gens sont entassés les uns sur les autres.
La prison semble faire partie de leur cadre normal: le père de Krimo est en prison, et les dialogues qui le concernent ne sont emprunts d’aucune passion. C’est comme s’il s’agissait d’un évènement normal et ordinaire de la vie quotidienne. Cela est d’ailleurs corroboré par la discussion entre la mère de Krimo et Fathi dont un le beau-frère (?) est aussi en prison.
Au début du film, j’aurais presque souhaité qu’il soit sous-titré, j’avais du mal à comprendre ce qui se disait. Ces beurs ont leur propre langage, assez dur d’ailleurs. Mais leur réalité est quelque part autre.
Malgré les apparences de violence, un certain code d’honneur existe entre eux. Ils croient en certaines valeurs et principes tels l’amitié et la loyauté au sein du groupe.
Lorsqu’il apprend les problèmes affectifs de son ami, Fathi va tout faire pour lui venir en aide. Il est vrai que ses manières sont maladroites et presque même violentes, l’intention est quand même «pure». Il emploi tous les moyens à sa disposition pour aider son ami.
Pareil pour Lydia. Elle veut réfléchir. Elle ne veut pas s’engager envers Krimo, principalement pour ne pas blesser Magalie. Elle a aussi peut-être peur d’elle ou peur de la réaction du groupe, mais elle ne veut quand même pas s’engager avec lui tant qu’elle n’est pas sûre qu’il n’est plus avec Magalie.
Quelque clins d’œil à certaines réalités des banlieux: l’atelier de couture, à mon avis clandestin, au sein de la cité, et donc travail au noir. La police qui débarque brusquement et qui maltraite ces jeunes, sans aucune raison apparente, à part un préjugé terrible…
Cette scène de la police est d’ailleurs émouvante. On ressent l’injustice de la brutalité des policiers, et l’humiliation subie par ces jeunes.
J’ai aussi apprécié l’enseignante de français. Elle semble très intelligente et pédagogue. Elle est vraiment passionnée par son métier. Elle «aime» ses élèves et essaye de se dévouer à eux. C’est même peut-être grâce à elle que des élèves pareils, vivant dans les conditions difficiles, arrivent à s’intéresser et même, comme certains, à se passionner pour une pièce de Marivaux.
J’ai beaucoup aimé sa verve, sa façon d’expliquer… Et je pense qu’à travers elle, Kéchiche a essayé de nous faire passer un message: même lorsque l’on joue un rôle social différend, autre que le sien, c'est bien le sien qui transparaît. Nous ne pouvons en aucun cas échapper à notre culture et à nos racines. «Les riches, déguisés en pauvres, ne peuvent se libérer de ce qu'ils sont et réciproquement». Autrement dit, nous avons tous des racines, nous ne venons pas de nulle part. Et quoique l’on fasse, ces racines sont ancrées en nous, même si parfois, nous n'en avons nulle conscience.
La majorité des acteurs a bien joué son rôle. Ces rôles ont l’air de correspondre à leur réalité. Ils ont à mon avis, joué leur vie.
Le jeune Krimo (Osman Elkharraz) a peut-être été un peu desservi par son rôle. Il parait un peu trop passif. A moins que cela ne soit voulu par le réalisateur pour nous montrer à quel point il est «rongé» par ses réflexions. Je ne sais pas.
Il parait que «La graine et le mulet» est de loin meilleur que l’Esquive. J’espère le découvrir bientôt. Peut-être même ce soir.
Samedi après-midi, je suis enfin allée voir le film «Caramel».
J’ai beaucoup entendu parler de ce film. On en dit beaucoup de bien. Mais j’avoue que j’ai été un peu déçue. Peut-être tout simplement parce que justement, je m’attendais à mieux.
Le film est sympathique. Les personnages aussi, sympathiques et attendrissants.
A Beyrouth, cinq femmes se croisent régulièrement dans un institut de beauté, microcosme coloré où plusieurs générations se rencontrent, se parlent et se confient.
Les thèmes abordés par le film sont intéressants, mais pas nouveaux. Du moins, pas pour notre société tunisienne, société assez semblable à la société libanaise. Le reproche que je fais à ce film, est de ne pas avoir été plus profond. Les sujets sont traités un peu trop rapidement, sauf peut-être le problème de Layale, qui aime un homme marié.
Chaque personnage représente un sujet.
Layale, jeune femme d’une famille chrétienne apparemment assez conservatrice est la maîtresse d’un homme marié. Histoire classique. Elle attend qu’il divorce, mais fini par se rendre compte qu’il n’en fera rien, que son couple marche bien et qu’il lui racontait des mensonges.
C’est le thème le plus développé du film. On voit bien les attentes de Layale, ses soucis, ses tourments, son envie de connaître l’épouse, son désespoir lorsque son amant ne vient même pas la voir alors qu’elle avait subi mille humiliations pour lui préparer son anniversaire….
Ce que je reproche un peu au film, c’est de ne pas avoir été assez clair sur la raison pour laquelle Layale a décidé de rompre. Est-ce parce qu’elle avait découvert le mensonge de l’amant ou parce qu’elle avait été touchée par la gentillesse de l’épouse et la présence de l’enfant?
Nisrine n’est plus vierge. Gros problème, elle est musulmane. Sa famille et celle de son fiancé sont très conservatrices. Les femmes y sont voilées. D’ailleurs pour se rendre à un dîner chez la famille de son fiancé, elle est obligée de se «déguiser» pour se conformer à l’image de la jeune fille musulmane correcte.
La virginité reste, encore en 2008, un problème dans nos sociétés. D’ailleurs hier après-midi, c’était le sujet de l’émission Forum sur radio mosaïque. J’avoue avoir été étonnée par l’ampleur du problème en Tunisie. Que de vies gâchées, que de larmes, que de désespoirs…
Dans le film, la solution a vite été trouvée: chirurgie.
Mais est-ce la bonne solution? Et passer sa vie à mentir?
Nisrine montre aussi dans le film, la difficulté qu’ont certaines jeunes filles à s’identifier ou à s’adapter au monde «moderne». Quel exemple suivre, l’oriental ou l’occidental? Le choix du pseudo pour la clinique est assez significatif: Julie Pompidou. Très français!
Nisrine vit dans une famille traditionnelle, et y joue presque un rôle. Sa famille la voit différente de ce qu’elle est en réalité. La veille de son mariage, sa mère lui tient un discours digne des discours que devaient tenir les mères à leurs filles au siècle dernier. Si seulement elle savait!
Rima est attiré par les femmes. C’est du moins ce qu’elle commence à ressentir. Mais le film n’en dit pas plus. Et c’est bien dommage. Être homosexuelle dans nos sociétés ne doit vraiment pas être chose facile.
Jamale a des problèmes d’âge. Je dirais que c’est un problème presque universel. Mon Dieu lorsque la ménopause pointe son nez, et que les rides apparaissent! C’est d’autant plus difficile dans une société où l’apparence prend de plus en plus de place. Comment faire?
Le mari de Jamale l’a quittée pour une fille plus jeune. Ce qui accentue encore plus son désarroi. En plus son métier lui fait côtoyer tous les jours des jeunes filles très jeunes. Elle est obligée d’utiliser des subterfuges pour sauvegarder un peu les apparences.
Dernier personnage, celui de Rose. Celle-ci a sacrifié sa vie pour s’occuper de sa sœur aînée. Deux personnages très émouvants. Pauvre Rose qui laisse même passer sa dernière chance de vivre l’amour!
Les actrices, bien que non professionnelles (sauf Layale) ont très bien joué leurs rôles. Pas da fausses notes dans leur jeu.
Cet après-midi, des amies et moi devions aller voir le film Caramel. Grâce à la bonne organisation de… nous nous sommes retrouvées seulement à deux, à voir un autre film «hia w'houa». Au début, cela m’avait énervée parce que je voulais vraiment voir «Caramel», mais ensuite, je n’ai pas du tout regretté.
Je ne savais strictement rien à propos de ce film. J’avais juste entendu le titre par ci par là, sans plus.
Lorsqu’on entend Elle et Lui, on s’attend à une vague histoire de couple, mais ce n’est vraiment pas le cas. Ou du moins, ça l’est seulement en apparence.
Pendant la projection du film, beaucoup de spectateurs ont quitté la salle. J’en ai même entendu qui ont dit n’avoir rien compris.
Pas moi. Le début a été difficile à comprendre, c’est vrai. Alors ne comprenant pas encore de quoi il s’agissait, j’ai été saisie par l’image. Un très beau jeu d’ombres et de lumières. J’ai beaucoup aimé l’esthétique. Les couleurs. En fait, il n’y a pas beaucoup de couleurs. Plusieurs nuances de rouge, de roux, du noir, du blanc, mais un blanc cassé, et un vert terne.
Chaque scène paraissait être un tableau. L’actrice était très bonne. Pas d’action, mais tout était dans les expressions de son visage. Extraordinaire.
«Une nuit d'hiver un jeune homme, reclus dans son appartement depuis des mois, reçoit la visite d'une jeune fille qui pénètre chez lui presque par effraction. Il la rejette, feint de l'ignorer mais elle finit par lui changer sa perception de la réalité. Elle n'était peut-être pas aussi réelle que ça…»
C’est en effet, ainsi que commence le film. Bien qu’il s’agisse plutôt d’un huis clos entre Elle et Lui.
Mais qui sont-ils?
Qui sont Elle et Lui?
Mon amie Douda et moi, n’avons pas compris le film ou les personnages de la même façon. Pour mon amie, Elle est les principes et valeurs perdues. Elle vous exposera peut-être son point de vue dans son propre blog.
Pour moi, Lui est le tunisien moyen actuel, et Elle est sa conscience qui vient le secouer, le tourmenter et essayer de le sortir de sa torpeur.
Lui est toute une génération de tunisiens, déçue, étouffée, inerte, incapable, malade, endormie, en état de léthargie…
Au début, j’avais des doutes. J’essayais de comprendre les liens entre ce jeune homme et cette jeune femme, mais je n’y arrivais pas vraiment. Premier indice, il est dans sa chambre, il essaye de dormir. Elle vient, elle veut entrer. Il le lui interdit parce qu’il est nu. Elle s’étonne et lui demande: "depuis quand tu as honte? Tu es devenu intégriste ou tu as grossi?"
Est-ce ainsi que nous sommes devenus? Soit intégristes, soit embourgeoisés (au sens péjoratif du terme)?
Lorsqu’il la met dehors, et que la dame algérienne sonne à la porte, le doute n’est plus permis. Il ne s’agit pas de l’histoire d’un couple, mais plutôt du drame d’un pays: La TUNISIE.
Comment la 404 a laissé passer cela? Je m’étonne.
La dame, avec un air légèrement moqueur, interroge: «n’est- ce pas ici la résidence La nouvelle ère?», «n’est-ce pas l’immeuble La Joie?»
Cela ne vous rappelle-t-il rien?
Nouvelle ère. Joie. Qualité de la vie… Tout est parfait non? C’est bien ce que l’on nous dit. Ce sont bien les slogans de notre résidence/pays, non?
Sa fille est étudiante en architecture, métier d’avenir: il y a tellement à reconstruire…
Si on fait attention, beaucoup de répliques ne laissent plus de place au doute. Par exemple, à un moment, il lui demande: «tu n’as pas d’avis? Tu as des avis à propos de tout d’habitude». Réponse: «oui, tout, sauf la politique. On nous a appris à ne pas en avoir»…
Je ne pourrais répéter toutes les répliques du film, ni vous raconter toutes les scènes. Je ne pourrais pas, je ne l’ai vu qu’une seule fois. Et je ne tiens pas à tout vous raconter, il faut aller voir ce film par vous-même.
Mais je vous invite à faire attention. Faite attention à tous les détails. Faites attention à tous les gestes. Faites attention à tous les mots. Rien n’est laissé au hasard. Tout a un sens.
Faite attention aux titres des livres qu’elle regarde. Faites surtout attention aux titres des livres qu’elle lui jette à la figure. Le dernier en particulier.
Écoutez-le chanter… «jit n3oum el mouj glebni…»
Et le concierge. Qui est-ce concierge. La voix de qui est-il?
Je vais m’arrêter là. Je n’en raconterais pas plus. Mais SVP, allez voir ce film. SVP, ne quittez pas la salle avant la fin.
J’aimerais que l’on parle, que l’on discute de ce film. Il y a tant à dire.
Un dernier mot quand même. Regardez Lui à la fin du film. Pourquoi cette tourmente? Pourquoi le repos l’a-t-il quitté? Va-t-il réagir?
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