Hier, comme beaucoup de gens, je suis allée voir le Film «l’Esquive» de Abdellatif Kechiche.
J’ai été contente de voir autant de monde devant le cinéma. Il y avait tellement de personnes qui attendaient qu’il a été décidé de faire une projection supplémentaire à 21h30.
Qu’il y ait autant de monde prouve que le buzz a bien fonctionné.
Personnellement, j’y suis allée après avoir reçu une «invitation à l’event» sur Facebook. D’ailleurs, j’étais entourée de Facebookers. Je reconnaissais les personnes grâce à leurs photos. Cela m’a permis de faire la connaissance réelle de friends virtuels.
Par contre, on nous avait dit que le réalisateur serait là pour un débat, mais il n’était pas présent.
Ensuite, on nous a annoncé que le débat aurait quand même lieu à la fin de la projection, mais rien non plus. Cela m’a vraiment déçue.
Que dire du film? Ai-je aimé ou pas? Je ne saurais dire avec précision. Je dirais donc que le film était intéressant.
Ce qui est peut-être dommage, c’est que le film date déjà de Mars 2004, et ces dernières années, nous avons été un peu gavé par les films et documentaires sur les banlieux françaises.
Mais ce que j’ai apprécié, c’est que ce film s’est éloigné des stéréotypes habituels. Il ne nous montre pas des anges, mais ce ne sont pas non plus des monstres ou des criminels.
On voit la vie quotidienne de ces jeunes beurs. Leur vie n’est pas facile. Ils habitent des HLM, où les gens sont entassés les uns sur les autres.
La prison semble faire partie de leur cadre normal: le père de Krimo est en prison, et les dialogues qui le concernent ne sont emprunts d’aucune passion. C’est comme s’il s’agissait d’un évènement normal et ordinaire de la vie quotidienne. Cela est d’ailleurs corroboré par la discussion entre la mère de Krimo et Fathi dont un le beau-frère (?) est aussi en prison.
Au début du film, j’aurais presque souhaité qu’il soit sous-titré, j’avais du mal à comprendre ce qui se disait. Ces beurs ont leur propre langage, assez dur d’ailleurs. Mais leur réalité est quelque part autre.
Malgré les apparences de violence, un certain code d’honneur existe entre eux. Ils croient en certaines valeurs et principes tels l’amitié et la loyauté au sein du groupe.
Lorsqu’il apprend les problèmes affectifs de son ami, Fathi va tout faire pour lui venir en aide. Il est vrai que ses manières sont maladroites et presque même violentes, l’intention est quand même «pure». Il emploi tous les moyens à sa disposition pour aider son ami.
Pareil pour Lydia. Elle veut réfléchir. Elle ne veut pas s’engager envers Krimo, principalement pour ne pas blesser Magalie. Elle a aussi peut-être peur d’elle ou peur de la réaction du groupe, mais elle ne veut quand même pas s’engager avec lui tant qu’elle n’est pas sûre qu’il n’est plus avec Magalie.
Quelque clins d’œil à certaines réalités des banlieux: l’atelier de couture, à mon avis clandestin, au sein de la cité, et donc travail au noir. La police qui débarque brusquement et qui maltraite ces jeunes, sans aucune raison apparente, à part un préjugé terrible…
Cette scène de la police est d’ailleurs émouvante. On ressent l’injustice de la brutalité des policiers, et l’humiliation subie par ces jeunes.
J’ai aussi apprécié l’enseignante de français. Elle semble très intelligente et pédagogue. Elle est vraiment passionnée par son métier. Elle «aime» ses élèves et essaye de se dévouer à eux. C’est même peut-être grâce à elle que des élèves pareils, vivant dans les conditions difficiles, arrivent à s’intéresser et même, comme certains, à se passionner pour une pièce de Marivaux.
J’ai beaucoup aimé sa verve, sa façon d’expliquer… Et je pense qu’à travers elle, Kéchiche a essayé de nous faire passer un message: même lorsque l’on joue un rôle social différend, autre que le sien, c'est bien le sien qui transparaît. Nous ne pouvons en aucun cas échapper à notre culture et à nos racines. «Les riches, déguisés en pauvres, ne peuvent se libérer de ce qu'ils sont et réciproquement». Autrement dit, nous avons tous des racines, nous ne venons pas de nulle part. Et quoique l’on fasse, ces racines sont ancrées en nous, même si parfois, nous n'en avons nulle conscience.
La majorité des acteurs a bien joué son rôle. Ces rôles ont l’air de correspondre à leur réalité. Ils ont à mon avis, joué leur vie.
Les trois jeunes femmes, Lydia (Sara Forestier), Frida (Sabrina Ouazani) et l’enseignante (Carole Franck) ont été particulièrement brillantes.
Le jeune Krimo (Osman Elkharraz) a peut-être été un peu desservi par son rôle. Il parait un peu trop passif. A moins que cela ne soit voulu par le réalisateur pour nous montrer à quel point il est «rongé» par ses réflexions. Je ne sais pas.
Il parait que «La graine et le mulet» est de loin meilleur que l’Esquive. J’espère le découvrir bientôt. Peut-être même ce soir.
Très bonne critique Massir! J'ai fait le parcours contraire, en regardant la graine et le mulet avant de regarder l'esquive...On remarque dans les deux films un style bien particulier à Kechiche, sa facon de filmer les personnages, surtout les femmes, ce qui les rend belles! Même incompréhension que toi par rapport au language de banlieue, mais au fur et à mesure on apprend à le comprendre et à l'apprécier même...Pour la graine et le Mulet, on retrouve le même regard fidèle à la réalité sur la société, les immigrés particulièrement. Dommage que le film dure aussi longtemps (2h30)
Rédigé par : Carpe Diem | 28/02/2008 à 15:45
bah j'y ete chere amie :) tu m'a reconnue ? loool
j'en parle aussi sur mon blog du film
la graine et le mulet est meilleur selon ceux qui l'ont vus, je vais essayer d'y alletr soit demain soit samedi :)
Rédigé par : ulyssen | 28/02/2008 à 16:19
Moi aussi j'y étais.
Et moi qui ne comprenais pas les raisons de toute cette affluence...il y avait même Jalila Baccar et beaucoup d'autres acteurs dans la salle. Maintenant je comprends mieux.
Tu ne vas pas me croire chère Massir mais j'ai vu une grande dans la salle et je me suis dit :" Ah tiens..elle a l'air d'une Massir celle là !"..Et pourtant c'est la première fois que j'ai eu ce genre d'intuition ..je ne sais pas pourquoi. Peut être que c'était bien Toi ))!!!.
Pour le film j'ai apprécié..je l'ai trouvé original et réaliste.
Rédigé par : charismatic | 28/02/2008 à 17:04
J´ai beaucoup aimé La Graine et le Mulet je l´ai vu deux fois, avec une francaise elle a beaucoup apprecié, ma soeur et une cousine ont moins aimé.
@ charismatic
Massir n´est pas seulement grande, rajoute charme et beauté mais ne le lui dit pas !
Rédigé par : bakhta | 28/02/2008 à 21:34
Je suis allé voir « la graine et le mulet » ce soir pour la deuxième fois. Il y avait beaucoup de monde. La première fois par contre la salle était au deux tiers vide. C’était avant l’avalanche de césar. C’est triste qu’en on y pense. Les tunisiens ne se sont intéressé à son film que lorsque les français l’on récompensé.
Il faut aller voir le premier film de Kechiche " la faute à Voltaire" vous le trouverez à la vidéothèque "mauvais sang" à Mutuelleville. Dans ce film tourné en 2000, l'acteur principal sami Bouajila (excellent acteur tunisien. Meilleur second role lors de la dernière cérémonie des César) y incarne un sans papier. Au détour d'une scène, il vend dans une rame de metro un magazine à la criée. Il annonce le sommaire du mag en lançant (de memoire) "gagner des entrées pour le film la graine et le mulet". Kechiche, outre son talent, a de la suite dans les idées.
Rédigé par : Le Sybarite | 29/02/2008 à 00:34
Concernant la vie des jeunes d'origine maghrébine ou africaine dans les cités françaises, il y a effectivement beaucoup de situations comme celle décrite dans le film. Mais il ne faut pas généraliser, il y a aussi des jeunes qui veulent s'en sortir. Toutefois, il faut reconnaître que la société française ne leur facilite pas la tâche car il est plus facile de se faire embaucher ou de louer un appartement quand on s'appelle Jean Dupont que Ali ou Mamoudou.
Le langage des cités est un phénomène de replis face à cette triste situation. Son usage ne fait qu'aggraver les choses car elle ne facilite pas le rapprochement avec les indigènes (ou français de souche si on préfère) et le fait que tu ne comprennes pas bien leur langage montre que cela ne les rapproche pas non plus du pays dont sont originaires leurs parents.
Rédigé par : Cisseron | 01/03/2008 à 17:59
J'ai vu hier "la graine et le mulet" dans une salle assez coquette de la ville de Lausanne...
Une presentation du film a été faite par le responsable de la salle avant le debut de la projection ..
Il nous fait remarquer que le film est de nouveau à l'affiche suite aux récompenses recemment obtenus!Sans oublier de remercier les spectateurs venus cet après midi, trop
nombreux.
j'ai beaucoup aimé le film (malgré la "longueur" de cetaines scènes)
Rédigé par : zahraten | 01/03/2008 à 23:59
"Le langage des cités est un phénomène de replis face à cette triste situation. Son usage ne fait qu'aggraver les choses car elle ne facilite pas le rapprochement avec les indigènes (ou français de souche si on préfère) "
Quoi ?
Tu crois que ce ne sont que des arabes ou autres étranger qui vivent dans les quartiers ? Ce language là est pratiqué par tous les jeunes . Si vous ne le comprenez pas, c'est parce que vous n'êtes pas du coin et il est parfaitement compris par les "indigènes" . Lorsqu'il ne l'est pas , c'est uniquement pour une question de différence d'âge .
Ce genre de code à toujours existé en france et bien avant l'arrivée des premiers immigrés magrébins.
Le language des prisons du milieur criminel, des jeunes entre autres mais tous se comprennent quand ils connaisseent le fil de la discussion , il y a du verlan appliqué à des mots tirés soit du vocabulaire carcéral ou de l'argot ancien et récent( le parler à l'envers autrefois appelé le javanais et qui se pratiquait déjà dans les années 1900) .
C'est sûr que c'est pas ce language que vous allez apprendre à l'école en tunisie .Et effectivement on peut se causer entrenous sans que vous puissiez tout saisir mais un français même vieux captera le maximum mais beaucoup de mots lui échapperont du fait de l'âge. Mais un jeune français de souche, c'est son language et il comprendra .
Il ne faut pas faire de conclusions hâtives sur des situations que vous ne connaissez pas et la télévision comme le cinéma ne vous restitue pas la réalité tel que vous pourriez la vivre .
Rédigé par : quartier | 02/03/2008 à 03:12
J'avais lu quelques critiques avant d'aller au ciné où les avis étaient assez partagés.J'ai trouvé le film assez moyen surtout si je compare aux autres films tunisiens qui pourtant n'ont pas été primés (Fatma,Halfaouine,Satin Rouge,la saison des hommes) trop long surtout,j'ai eu le sentiment d'avoir attendu mon couscous pendant 1h mon ventre criant famine!
La fin est vraiment saccagée,comme si le scénariste étant en panne d'imagination!
La premiere scène érotique n'apporte vraiment rien de plus au film.
Le jeu des acteurs est reussi,on a l'impression que c'est un documentaire et non pas un film.
Le personnage de Rim aurait pu faire un petit régime pour son ventre,la caméra a copieusement zoomé sur son ventre.
Et on a l'impression que les maghrebins qui vivent en France n'arrivent pas à percer,qu'ils sont condamnés à des petits boulot.
Le film contient qd meme des scènes de vie assez marrantes,on ri pas mal de fois et la scène jouée par la femme trompée Julia est poignante.
Rédigé par : Sailorkatoussa | 02/03/2008 à 22:17
A Ceux qui veulent savoir plus sur la jeune comédienne Hafsia HERZI (Rim), consulter
http://www.evene.fr/cinema/actualite/portrait-interview-hafsia-herzi-graine-mulet-kechiche-1086.php
Rédigé par : zahraten | 03/03/2008 à 16:54