Il y a quelques jours, j'ai eu la chance de voir le dernier film de Mel Gibson: Apocalyto.
Je vous conseille de le voir. Ce film est très très bien fait. Les acteurs, bien que amateurs, sont excellents, les décors grandioses, le son, l'image... tout est parfait.
Je vous laisse lire l'article de Jacques Coulardeau, il en parle bien mieux que je ne le ferais moi-même
Bravo à Mel Gibson, qui nous avait déjà régalé avec "Braveheart" et "La passion du Christ"
Il y a trois semaines, je suis allée voir le film «Making of» de Nouri Bouzid. Je l’ai trouvé excellent. A tous les points de vues. Aussi bien par le sujet abordé, que par la manière d’aborder ce sujet.
Avant de parler du film, je voudrais juste dire un petit mot concernant l’acteur principal Lotfi Abdelli: je l’ai trouvé lui aussi excellent. C’est la première fois que je le vois, mais je trouve qu’il a été parfait. Il joue aussi bien le rôle de Bahta, que celui de Lotfi, l’acteur qui se pose des questions sur le rôle qu’on lui fait jouer. Le prix d’interprétation qu’il a eu pour ce rôle est tout à fait mérité.
Ce film «Making of» aborde le sujet de l’islamisme. Plus précisément, il met en évidence l’intolérance des intégristes.
Il montre le malaise des jeunes tunisiens, complètement paumés, sans espoir et sans avenir, incompris par leur entourage, sans travail, ni encadrement.
Ces jeunes se retrouvent facilement embobinés.
Au début du film, on voit ces jeunes s’adonner à leur passion: la danse. En occident, ils auraient pu avoir de l’aide pour canaliser leur énergie dans une telle passion pacifique plutôt que d’avoir à faire les durs dans la rue. Chez nous, ils sont pourchassés par la police.
En fait, ce film montre que dans une société intolérante, il n’y a pas un grand choix d’avenir: on est soit bandit, soit intégriste.
Or les intégristes ne sont pas progressistes, ils sont au contraire conservateurs ou même rétrogrades. Ils veulent une société sans changements, une société statique, sur laquelle le temps n’a pas d’effets. Les privilèges restent les mêmes. Pas de débats, pas d’échange d’idées, pas de remises en causes….
Tout est tabou: on n’en parle pas, on refuse d’en parler. Donc, rien ne changera.
Selon l’intégriste: la femme est l’origine du mal.
Pourtant lui-même est hypocrite. Je trouve que la différence d’âge entre l’époux intégriste et sa jeune femme est en elle-même un signe d’hypocrisie.
La femme est voilée, et elle a envers Bahta des sourires et des regards équivoques, qui pourraient laisser penser qu’elle a envie de le draguer.
Un reproche a été fait à Nouri Bouzid: la majorité des spectateurs n’a pas aimé la fin du film.
J’ai moi-même cette impression de film inachevé. Une impression de fin en queue de poisson.
Mais par ailleurs, quelle autre alternative?
Qu’aurait pu être une fin différente?
Bahta pouvait-il échapper au suicide? Qu’aurait-il pu être? Quel avenir lui restait-il? Quelles perspectives s’offraient à lui?
Bahta était tiraillé entre l’endoctrinement dont il a été victime et ses propres valeurs. Il s’est tué, mais sans porter préjudice à autrui. Il a été programmé pour s’exploser en faisant des victimes. Ses propres valeurs lui interdisaient de faire du mal à autrui. Le compromis a été de se tuer, seul.
Il paraît que le choix de l’endroit du suicide, en l’occurrence, le port et les containeurs, est un clin d’œil au fait qu’il aspirait à partir, à émigrer en Europe.
Je trouve qu’avec ce film Nouri Bouzid a su tirer son épingle du jeu: il a bien transmis son message, sans tomber dans le stéréotype. Même son acteur ne voulait pas jouer certaines scènes. Il lui a expliqué qu’il n’est pas contre l’islam, mais contre le fait d’instrumentaliser l’islam.
Bravo Nouri Bouzid. Je le trouve courageux d’aborder le sujet. De toute façon, ce n’est pas la première fois qu’il est courageux. Je rappelle qu’il y a de très longues années, dans son film «l’homme de cendres», il avait parlé de deux autres tabous de notre société: la pédophilie et l’homosexualité.
L’autre soir, j’ai rencontré un ami cinéaste. Il reproche au film l’absence de contre discours. Il trouve qu’il n’y a pas un autre son de cloche à l’intégriste. D’après lui, en première lecture, on pourrait comprendre le film comme pro-islamiste. Il pense que les gens «moyens», pourraient faire abstraction des interventions de Nouri Bouzid et comprendre le film comme pro-islamiste. L’islam serait l’unique moyen de sauver Bahta de sa vie de dépravé. Il paraît que c’est cette absence d’un autre son de cloche qui a fait que ce film n’a pas été retenu pour être présenté à Cannes.
Je ne suis pas très convaincue par ce raisonnement.
Cet ami cinéaste reproche aussi au film son dénouement. Pourquoi le suicide?
J’ai rencontré à une soirée privée, Lotfi Dziri, l’acteur qui joue l’intégriste dans le film, pour lequel, sans l’intervention de Nouri Bouzid, la lecture du film aurait été complètement différente.
En fait, bien qu’il semble dire la même chose que mon ami cinéaste, je pense qu’il y a une différence.
Mon ami, parle du film tel quel, et pense que ce film risque d’être mal compris, et que les spectateurs non «avisés» pourraient ne pas le comprendre. Par contre Lotfi Dziri dit que les interventions de Nouri Bouzid sont l’essence même du film, et je suis tout à fait d’accord avec lui.
Vendredi à Sousse, lors du débat qui a suivi le film, un homme accompagné de sa femme voilée est intervenu pour critiquer le film et son message. Il disait être là pour défendre l’islam contre les attaques du film. Et a voulu agresser verbalement Nouri Bouzid.
On dit que l’occident a rejeté ce film. D’après Lotfi Dziri ce film ne plait pas aux occidentaux parce qu’il fait une distinction entre islam et islamisme, alors que l’occident voudrait faire l’amalgame entre les deux. Je ne suis pas tout à fait d’accord. Je ne pense pas que l’occident veuille faire cet amalgame, et même si c’était le cas, je pense que nous musulmans sommes responsables de cela.
C’est mon avis (ou mon impression personnelle), ce n’est bien-sûr basé sur aucune étude. Mais j’essaie de me placer du coté occidental. Quelle image l’islam ou les musulmans offrent-ils?
Je prends un exemple tout simple. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours vu des caricatures de Jésus ou de Moïse. Il y a eu parfois certaines polémiques à ce sujet, mais je ne me rappelle pas que le monde ait jamais été embrasé pour cette raison. Lors de la parution des caricatures danoises, le monde a brûlé. Je trouve cela disproportionné et cela donne à l’occident une image d’intolérance des musulmans.
Ce matin, en consultant le programe des salles de cinéma de Tunis, j'ai remarqué qu'actuellement, les films Halim et Dunia passent sur nos écrans.
J'ai déja parlé du film Dunia, et je voudrais aujourd'hui publier une note que j'avais écrite cet été après avoir vu le film Halim à Hammamet.
23/08/2006 à 14:00
La souffrance et le génie.
Sublime!
Hier soir, j’ai eu la chance d’aller voir le film «Halim». C’était sublime. Deux légendes dans le même film.
Ahmed Zaki a fini sa carrière et sa vie en beauté. Pour son dernier rôle, il a incarné à l’écran un autre monstre du monde artistique: Abdel Halim Hafedh.
Ahmed Zaki nous laissera toujours le souvenir d’un acteur qui s’efface complètement derrière le personnage qu’il incarne.
Il a été Jamel Abdennaceur, il a été Anouar Sadate, et hier, il était Abdel Halim.
A la fin du film, je ne faisais plus la différence entre les deux: Ahmed Zaki avait laissé la place à Abdel Halim.
La vie des deux hommes a été une lutte incessante vers le sommet. La vie des deux hommes a été parsemée de douleurs, et la vie de ces deux hommes s’est achevée dans de terribles souffrances.
Une trentaine d’années après sa mort, Abdel Halim Hafedh reste toujours et encore dans notre mémoire, dans nos cœurs. Ses chansons ont bercé notre enfance, et nous les écoutons toujours avec un grand plaisir et une grande nostalgie.
Abdel Halim ne mourra jamais pour nous.
Ahmed Zaki était mourant, mais a tenu à faire ce film. Le dernier de sa vie. Il est mort dans de terribles souffrances avant la fin du tournage.
Nous ne l’oublierons jamais. Il était un grand acteur. Plus même. Il était le plus grand. Il a joué tous les rôles. Capable de maigrir et de grossir à volonté pour un rôle, de changer totalement d'aspect physique, il appartient à cette catégorie d'acteurs qui se préparent pour un rôle comme les athlètes, avec une méticulosité frisant l'obsession, ne laissant rien au hasard. Pour chaque rôle, il constituait un dossier, "comme les psys", afin de "revêtir les habits psychologiques et physiques" de ses personnages, comme il le déclarait dans une interview à Libération peu avant sa mort.
Il a été comique, drôle, sérieux, fourbe, gentil, mafieux…. Il pouvait être tout ce qu’il voulait. Il chantait, il dansait, il savait tout faire. Personne ne pourra jamais prendre sa place.
Peut-être que si… Son fils, Haïthem, pour qui «Halim» était son premier film. Dernier film pour le père, premier film pour le fils: faut-il y voir un signe du destin?
Ahmed Zaki aurait-il transmis le flambeau à son fils dans ce film?
Haïthem pourra-t-il un jour devenir aussi «grand» que son père?
C’est ce que je lui souhaite.
Ce film a été pour moi, hier soir, un moment de pur bonheur.
Je conseille à tous ceux qui ont été bercés par la voix de Halim pendant leur enfance et leur jeunesse d’aller voir ce film. La musique est superbe. Elle a fait battre mon cœur. Et j’en vibre encore d’émotion.
Je conseille à tous ceux qui aimaient Ahmed Zaki d’aller voir ce film, il y joue d’une façon grandiose.
Je conseille à tous les nostalgiques de l’Égypte d’aller voir ce film.
Je conseille à tous les arabes, les arabophones, les beurs, les juifs d’Afrique du Nord… d’aller voir ce film.
Vous ne pourrez pas le voir sans une immense émotion.
Même du point de vue technique, ce film est beau. Les nostalgiques du cinéma ancien à l’Égyptienne, ne soyez pas trop déçus, ce film est résolument moderne.
Beau film. Très belle soirée.
Ne ratez surtout pas ce spectacle: deux légendes dans le même film. Deux maîtres dans le même film.
Qui donc j’ai le plus aimé hier soir? Qui m’a le plus émue?
Abdel Halim ou Ahmed Zaki????
La voix de Abdel Halim n’a jamais pu être égalée.
La performance d’Ahmed Zaki a été si grande qu’on ne voyait que lui. Qu’on n’attendait que lui.
Et si Ahmed Zaki a réussi à jouer avec brio Abdel Halim Hafez qui réussira un jour à jouer son personnage pour l’immortaliser à jamais. Difficile à dire car cet acteur fut une exception. Une sorte d’étoile filante qui passe une seule fois pour ne plus renaître !!!
Abdel Halim Hafez et Ahmad Zaki sont décédés, cependant leurs œuvres légendaires perdureront pour toujours.
Je suis partagée. Ce film est un hommage aux sauveteurs du World Trade Center.
C’est un beau film, s’il n’avait été qu’un film. Un nouveau film catastrophe.
Mais ce n’est pas juste un film. C’est une réalité. C’est une histoire vraie.
J’ai été replongée dans l’ambiance d’horreur de cette après-midi là.
J’avais déjeuné chez mes parents ce jour-là. Je regardais distraitement Euronews, lorsque tout d’un coup, j’avais vu les images d’un avion percutant l’une des deux tours du World Trade Center.
Étonnement.
Choc.
Du coup, nous nous sommes tous mis à regarder la TV plus attentivement.
Pendant quelques minutes, nous avions tous cru à un accident effroyable.
Nous étions encore sous le choc, lorsque le deuxième avion a percuté la seconde tour.
Je me rappelle que nous étions tous comme hypnotisés, tétanisés. Nous ne pouvions plus détacher nos regards de la TV. C’était l’horreur. Nous l’avions vécue en direct pendant des heures. A regarder ces gens aux fenêtres, qui demandaient de l’aide. Ceux qui se jetaient dans le vide.
Lorsque les tours se sont écroulées, je pense qu’en nous, quelque chose s’est aussi écroulée.
Je me rappellerais toujours cette après-midi là. Une limite a été atteinte et même dépassée. Le monde ne sera jamais plus pareil. Il y aura toujours un avant et un après le 11/09/2001.
Je ne sais pas qui a fait cela. Les thèses sont multiples. La vérité, nous ne la connaîtrons jamais. Mais je ne trouve pas de qualificatifs assez forts pour décrire celui qui a imaginé et exécuté une horreur pareille.
Quelque soit la cause que l’on défend, on n’a pas le droit de détruire autant de vies.
A Paris, je suis allée voir le film Dunia de Jocelyne Saab, avec dans le rôle principal, la jolie actrice Hanen Turk.
Je ne saurais répondre à la question: ai-je aimé ce film ou pas?
J’ai aimé et pas aimé.
Je ne dirais pas que c’est un excellent film. L’histoire est un peu vide. Mais il a remué quelque chose en moi.
J’avais lu certains commentaires sur Internet à propos de ce film, et je suis d’accord pour dire que la réalisatrice nous en a montré trop et pas assez. Je sais qu’il y a un problème de censure en Égypte et qu’il faut faire très attention, mais ce film laisse un peu sur sa faim.
Traiter du thème de la sensualité et de la sexualité en ne faisant que des suggestions est un peu difficile, je le conçois.
Ce film montre l’hypocrisie de nos sociétés arabes. Il montre aussi la chance que nous avons en Tunisie. L’hypocrisie existe, c’est certain, mais à un degré moindre.
J’ai aussi ressenti la douleur de l’excision. La scène qui montre l’excision de la petite fille m’a fait mal. Mal dans ma chair. Cette scène était presque insoutenable pour moi.
Non seulement la sexualité féminine est brimée, diabolisée, reniée, mais en plus, elle est amputée à vie. Assassinée.
Qui tient le plus à perpétrer cette tradition inhumaine (antérieure à l’islam)?
Les femmes.
Ces mêmes femmes qui avaient elles-mêmes été amputées.
Au nom de quoi?
Au nom d’une certaine « moralité » qui veut faire la différence entre les femmes « respectables », dont la sexualité et le corps ne doivent servir qu’à procréer, et les autres, les putes, les femmes de petite vertu….
Les tabous concernant la sexualité des femmes
Jocelyne Saab a rencontré des difficultés pour obtenir une autorisation de tournage au Caire en raison du propos de son film qui aborde la sexualité de la femme, sujet tabou dans la société égyptienne. Elle a dû entre autres aménager son scénario de telle sorte qu'il soit accepté par la censure. Elle a situé l'action du long métrage au moment où les textes des Mille et une Nuits sont interdits de publication et retirés de la vente pour cause de pornographie, une réalité quasi quotidienne au Caire.
Je vais commencer par un post que j'avais écris hier soir. Je fais un copier/coller:
Oh, mon Dieu!
Lundi soir, je suis allée voir le film « L’immeuble Yacoubian ». Deux jours plus tard, je suis encore sous le choc!
Mon Dieu, ce film, c’est nous!
Nous, les sociétés arabes, sous développées ou en voie de développement, et même, par certains aspects, les pays dits développés ou occidentaux.
Nous à des degrés différents…
Mais c’est tout d’abord l’Égypte.
Avec ses contradictions, ses malaises, ses problèmes… et surtout son inégalité sociale.
L’Égypte moderne, où se mêlent corruption politique, montée de l’islamisme, frustration sexuelle, fracture sociale…
Ce film nous montre plusieurs histoires/personnages différents. L’unique lien: l’immeuble (ou le pays).
- La pauvreté et l’inégalité sociale:
Dans le même immeuble, se côtoient des gens de deux classes sociales extrêmes: les plus riches et les plus démunis.
Dans de superbes appartements (qui rendraient jaloux même les appartements du 16ème à Paris), vivent les gens privilégiés, avec entrée en marbre, ascenseur… Parfois une seule personne pour un énorme appartement (ex: Hatem l’homosexuel, ou Soad, la 2ème épouse de l’homme d’affaire…).
Sur le toit, par contre, vivent des familles entières dans une misère atroce. Entassés les uns sur les autres, des familles entières dans une minuscule petite pièce. Trouvant à peine de quoi manger.
* Boutheina: cette jeune fille pauvre, orpheline de père, poussée par sa propre mère qui lui demande de ramener de l’argent pour nourrir ses petits frères et sœurs. Cette mère qui ne veut pas « voir » ni savoir comment sa fille gagnera cet argent.
Lorsqu’elle lui apprendra qu’elle a quitté son travail parce que son patron la harcelait sexuellement, sa mère essaiera de lui faire croire que ce n’est pas vrai.
Lorsqu’elle insiste et lui dit qu’il avait ouvert sa braguette, quelle fut la réponse de cette mère?
- « chacun est libre de ses vêtements! ».
Lorsqu’elle trouvera un nouveau travail, Boutheina sera contrainte d’accepter que son patron se masturbe contre elle pour 10 livres égyptiennes (une misère!).
Pour gagner un peu d’argent, Boutheina a même failli accepter d’aider Malak à dépouiller Zaki de son appartement. Elle ne le fera pas (est-ce la raison pour laquelle elle est « récompensée » à la fin du film par son mariage avec le riche Zaki???).
* Soad: jeune veuve modeste, devant élever son fils. Elle accepte d’épouser le Hadj Azzam malgré les conditions dégradantes qu’il lui impose. Sa mine dégoûtée après sa nuit de noces en dit long sur ses sentiments.
Elle était « contrainte » à ce mariage.
Qui voudrait d’elle? Nos sociétés n’aiment pas les femmes « d’occasion », déjà « utilisées », et en plus ayant un enfant.
Comment élever son fils? Comment subvenir à ses besoins?
Trouvant sa 1ère femme vieille, Le Hadj Azzam n’a épousé Soad que pour satisfaire ses appétits sexuels en toute légalité. Prostitution légalisée?
Lorsque Soad tombera enceinte, malgré l’interdiction du Hadj Azzam, celui-ci la fera kidnapper et avorter par la force, contre son gré. Elle sera ensuite répudiée et renvoyée chez elle avec un chèque de 20 000 livres égyptiennes.
En Égypte, certains sont tellement pauvres qu’ils « rêvent » de sentir l’odeur de la viande. Ils ne peuvent même pas espérer y goûter. Or pour montrer l’inégalité sociale, on voit à plusieurs reprises, les riches manger de la viande. Plus particulièrement une scène où Hadj Azzam mange avec son fils du Kébab.
On voit une autre scène où Hadj Azzam mange des crevettes (luxe suprême) avec le Ministre véreux.
Je pense aussi que le fait que l’on nous montre les deux scènes de l’avortement forcé et de la réception donnée par Hadj Azzam simultanément, marque justement la différence entre les plus démunis (Soad), et les plus riches (Hadj Azzam, son fils et ses invités).
On voit aussi l’inégalité face à la justice qui est à double vitesse: lorsque ce sont des gens modestes qui se font arrêter, les policiers ricanent, ils n’ont aucun respect pour eux, aucune considération…. Par contre, lorsqu’il s’agit de gens « pistonnés », l’attitude des policiers est tout autre et les « inculpés » sont libérés rapidement.
- Le jeune Taha ou la montée de l’islamisme:
Il s’agit d’un jeune qui vient de réussir son bac. Il est fiancé à Boutheina dont il est amoureux. Malgré ses résultats brillants aux examens, il est recalé à son entretien d’admission à l’Académie de Police, à cause de son origine modeste: il n’est que le fils d’un concierge d’immeuble. Lui qui était plein d’ambitions, de rêves, d’idéaux (patriotisme, égalité sociale,…) se trouve confronté à la réalité: Rien pour lui. Son pays n’a rien prévu pour lui. Que lui reste-t-il? S’il n’a plus d’espoir, s’il n’a plus de rêves… il ne lui reste plus que le refuge dans la religion.
Et c’est ainsi que ces jeunes sont récupérés par les islamistes. Ces gens leur donnent un idéal et un but: combattre cet État inégalitaire et instaurer un État islamique. Un État qui leur permet d’exister, de s’affirmer, d’avoir leur place dans la société…. De « personnes insignifiantes», ils deviennent membres d’un groupe structuré, d’une communauté, avec des responsabilités et parfois même ils deviennent des chefs (même si ce n’est que pour organiser et mener des manifestations).
D’autant plus que cet État, qui n’a pas permis au jeune Taha d’intégrer l’Académie de police va le réprimer. Cette même police va le persécuter, le torturer… et le pire, elle va le déshonorer en le violant. Pour un arabe, c’est la pire des insultes.
Que reste-t-il à ce jeune homme?
Le voilà prêt pour un bon lavage de cerveau et un bon entraînement. Les intégristes islamistes le prennent en charge. Il devient important. On lui donne un but, un groupe dont il fait partie, il est récompensé (mariage avec une vierge: symbole de la récompense que Dieu réserve au Paradis aux martyres: des Houris éternellement vierges).
Et on lui donne l’occasion de se venger.
Sa vie a finalement un sens.
Il mourra en tuant le policier qui l’avait torturé.
- L’homosexualité:
Hatem, journaliste et fils d’aristocrate montre l’amertume et le mal de vivre dans une société où sa sexualité est rejetée.
Il paraît que c’est la première fois qu’un film égyptien traite de ce sujet tabou qu’est l’homosexualité.
Je reproche à ce film une chose: il nous montre que si Hatem est homosexuel, c’est à cause des privations affectives de la part de ses parents lorsqu’il était enfant.
Homosexualité: dépravation due à son passé?
Je ne sais pas si cela est vrai. Je trouve que ce film n’avait pas à justifier l’homosexualité. Il devait juste dire qu’elle existe.
Hatem va tomber amoureux d’un jeune soldat pauvre: Abd Rabbou. Il va le séduire grâce à son argent, et faire baisser ses réticences jusqu’à le faire coucher avec lui. Il va l’éblouir par tout le luxe qu’il étale devant lui.
- La corruption à tous les niveaux:
* Hadj Azzam: un ancien cordonnier qui devient le propriétaire de la moitié des commerces du quartier et de plusieurs sociétés. Sous des apparences respectables et une certaine bigoterie (hypocrite?), cet affairiste louche a des prétentions politiques.
Il se fait élire au Parlement grâce à des pots de vin qu’il distribue à un ministre véreux.
*Kemal El Fouly: un ministre qui use et abuse de son pouvoir: pots de vin en cash, dépôts sur le compte de son fils, parts dans les bénéfices… et recours à la menace en cas de non-accord.
J’ai particulièrement apprécié la scène où il demande au Hadj Azzam de lui payer un montant énorme contre son élection au Parlement. Il justifie le montant en disant que tout n’est pas pour lui et qu’il doit partager avec tous ceux qui sont avec lui et qu’il représente. On voit le portrait de Hosni Moubarak sur le mur. Simple coïncidence? Sûrement pas. La corruption touche tous les membres du gouvernement, jusqu’au Président!
Ensuite, lorsque le Hadj Azzam lui demande comment il a appris qu’il était trafiquant de drogue, le ministre lui répond que lui, et ceux qui sont avec lui, le savaient depuis toujours.
Les membres du gouvernement ferment les yeux sur les malversations des puissants pour pouvoir partager le gâteau et avoir un moyen de pression en cas de besoin.
*Les deux frères Fanous et Malak: deux frères qui cachent leur richesse sous des vêtements anonymes qu’ils ne quittent jamais. Des arnaqueurs, sans aucun principe ni moralité. L’essentiel pour eux: gagner de l’argent, par tous les moyens, en volant, en trichant, en soudoyant…
* L’avocat qui trahit son client pour de l’argent.
*Dawlat, la sœur qui paye Malak pour avoir des informations sur son frère, le détruire et le dépouiller de son héritage.
- Un regard nostalgique vers le passé.
* Zaki, fils d’un ancien Pacha, il a conservé l’élégance et l’arrogance de l’aristocratie. Ancien play boy, il a une faiblesse: les femmes.
C’est en fait le personnage le plus pur du film. Il reste honnête et droit, malgré ses failles.
Ce film m’a laissée pensive. Il m’a fait rire, pleurer… et surtout réfléchir.
C’est un chef d’œuvre.
J’ai commandé aujourd’hui le livre. J’ai hâte de le lire.
Je conseille à tous ceux qui n’ont pas eu la possibilité de voir le film de lire le livre.
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