Je vais essayer de vous raconter le plus objectivement possible ce que j'ai vu hier, lors de la marche des femmes pour le citoyenneté et l'égalité à l'avenue Habib Bourguiba à Tunis.
Je dis bien "essayer", parce qu'il s'est passé tellement de choses que je ne pourrais vous raconter que ce que MOI, j'ai vu ou entendu. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ailleurs, surtout derrière moi, ni ce qu'il s'est passé après mon départ.
En plus, la théorie du complot est tellement présente partout...
J'avais RDV à 12h30 à l'Hotel Africa pour emmener une personne avec moi au débat "Etat, religion et société ... et moi dans tout ça?" qui devait avoir lieu à la salle Al Halmra à 13h.
J'étais arrivée un peu tard car il y avait une circulation monstre.
L'avenue Habib Bourguiba grouillait de monde. Il y avait une manifestation, mais je n'ai aucune idée de son objet ni qui l'organisait. J'avais juste pensé que si elle durait, elle risquait d'embeter la marche des femmes à 15h.
Nous sommes donc allés au débat.
Vers 15h, j'ai reçu un coup de fil d'une personne qui m'attendait à la place de l'Indépendence (lieu prévut pour le démarrage de la marche). Cette personne me disait qu'il régnait à l'avenue Habib Bourguiba une pagaille monstre, que la police était entrain de disperser la foule, y compris avec des bombes lacrymogènes. Je n'en sais pas plus. Qui? Comment? Pourquoi? Je ne sais pas.
Une femme qui avait l'air de faire partie des organisatrices, avait dit que la police avait essayé d'évacuer des personnes "indésirables ou louches" pour faire de la place aux femmes. Je ne sais pas quel crédit apporter à ce témoignage.
Lorsque je suis moi-même arrivée sur place, il n'y avait plus rien de tout cela, bien que plusieurs personnes racontaient la même chose.
Je disais qu'à mon arrivée, c'était relativement calme. A part quelques femmes et hommes, il n'y avait pas grand monde au lieu du RDV. J'avoue avoir été un peu déçue croyant que les femmes ne s'étaient pas mobilisées.
J'ai ensuite vu Zeineb Farhat, une des organisatrices de la marche. Je suis allée lui demander où étaient les manifestantes, elle m'a juste répondu qu'elles arrivaient de la place d'Afrique.
En effet, quelques minutes plus tard, elles sont arrivées. Elles portaient des pancartes et criaient des slogans pour demander la liberté et l'égalité. Elles étaient accompagnées de plusieurs hommes qui soutenaient la cause des femmes.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Nous nous sommes joints à eux. Nous nous dirigions vers l'avenue de France lorsque nous avions été envahies par des voyous.
Ils se sont melés à nous et ont commencé à crier des slogans de la "révolution", genre: liberté démocratie, RCD dégage. Nous avons essayé de leur faire comprendre que nous n'étions pas là pour parler du gouvernement. Impossible de bouger, ils étaient là et bloquaient la route.
Nous nous sommes donc arrêtés au niveau du Ministère de la femme (à coté de la cathédrale). Nous brandissions nos pancartes et crions nos slogans.
Surtout les autres criaient, moi j'étais encore calme (ou timide).
A un moment, je remarque un mouvement de panique. J'aperçois un type, barbu, portant un 9mis, entrain de hurler alors qu'il était sur les épaules d'un autre homme. Puis il y a eu une bousculade. Le type est descendu (ou tombé) des épaules de son ami. Je l'ai vu cogner. Ils étaient plusieurs à hurler et cogner. Il me semble que certains autres hommes essayaient de faire barrage à ce type en fureur.
Le temps que je prenne mon appareil photo, il était à nouveau sur des épaules, entrain de hurler.
Un cercle s'est formé autour de lui, en hurlant DEGAGE.
Vous pouvez me croire, j'ai hurlé moi-aussi. J'ai hurlé de toutes mes forces. J'étais tout à fait d'accord avec le DEGAGE. Dégage sale type.
Ensuite, nous l'avons ignoré et nous sommes détournés de lui. La marche a repris dans l'autre sens, c'est à dire direction l'Africa, puisque le passage du coté de l'Avenue de France était bloqué par les voyous.
J'étais aux premières lignes. J'étais tellement en colère contre ce type et ses compagnons que j'ai vraiment crié. Tous les slogans.
- Laïcité.
- Egalité.
- Liberté.
- Démocratie.
- Non à l'obscurantisme
Parfois en arabe, parfois en français. Je suivais le rythme des autres.
Il y avait des badauds partout. Certains étaient juste des spectateurs inoffensifs, d'autres étaient étonnés face à ces femmes qui criaient, d'autres encore les raillaient, et d'autres aussi les insultaient en leur criant des propos machistes, genre," les femmes à la cuisine".
Nous avions quand même continué à avancer.
A peu près au niveau du Rossini Palace, une groupe d'homme est venu à notre rencontre. A leur tête, deux hommes (habillés en civil, c'est à dire normalement, pas en 9amis), dont l'un était barbu (c'est peut-être juste un hasard!) et s'en sont pris à nous qui étions aux premiers rangs. Ils criaient, insultaient, et fonçaient vers nous en hurlant et se sont attaqués aux manifestants. Certains hommes qui nous accompagnaient leur ont fait barrage.
Tout d'un coup, juste à coté de moi, j'ai entendu hurler. La personne qui se trouvait à coté de moi nous a dit avoir vu une femme se faire gifler par un type qui lui a demandé de rentrer chez elle.
Notre marche ne pouvait plus avancer à cause de la dispute avec les deux types. D'autres types se sont mis à nous insulter.
Un ami s'est fait insulter par un type qui lui hurlait que nous étions des koffars, que la place des femmes est à la maison. Comme je suis polie, je ne vous dirais pas ce qu'il lui avait dit d'autre. Mais ces propos, à mon avis prouvent surtout que ces gens-là sont des frustrés sexuellement et se cachent derrière l'islam pour ne pas dévoiler leurs complexes.
Quant à moi, un autre con est venu me crier au visage que je devais rentrer chez moi.
Comme vous me connaissez, je ne me suis pas tue. Il hurlait, mais je hurlais encore plus que lui.
Je sais, certains diront que ce n'est pas une manière "civilisée" de parler. Je sais. Mais c'est de la théorie. Dans le feu de l'action, la politesse ou le calme...
Quelques hommes se sont joints à lui. Mais je pense qu'ils étaient plus étonnés de voir une femme répondre, mot à mot à un MALE, et aussi fort que lui, qu'autre chose.
Mon amie aussi a eu droit à quelques "compliments "machistes à la con, édulcorés à la sauce religieuse.
La manif ne pouvait plus avancer. De toute façon, nous nous étions approchés de la barrière des flics qui bloquent le passage vers le ministère de l’intérieur. Nous sommes restés encore un petit moment sur place, ensuite, la plupart d'entre nous sont partis.
Je ne sais pas ce qu'il s'était passé par la suite. Il parait, d'après ce que j'ai lu sur facebook, qu'il y avait eu des affrontements avec une jeune fille qui a du fuir et se cacher dans le magasin Zara parce qu'elle était poursuivie.
Je ne sais pas. Je n'ai rien vu de tout cela.
Pendant toute notre marche, j'ai vu des policiers. Ils regardaient sans bouger. Cela m'avait vraiment énervée. Je trouve qu'ils auraient pu essayer de protéger les manifestants. Mais non, ils étaient justes des spectateurs.
Que penser de tout cela?
Qui?
Quoi?
Comment?
Je pense que nul d'entre nous ne peux avoir de certitudes. Aucun d'entre nous ne peux affirmer ceci ou cela.
Je vais donner mon opinion. Je dis bien MON opinion. Elle est peut-être juste, peut-être pas. Mais personne d'entre vous ne peut dire qu'elle est forcément fausse.
Avant le début de la marche, j'avais pensé à une éventuelle attaque des islamistes. Ensuite, je m'étais dit qu'ils ne risquaient pas d'intervenir. Cela ne peut que leur porter préjudice.
Ils sont entrain de faire en sorte de convaincre qu'ils sont devenus démocrates, tolérants, compréhensifs... Bref, tout le blablabla pour essayer de se faire aimer, ou du moins, accepter.
Je ne pense donc pas que le parti d'Ennahdha soit derrière cette attaque.
Je pense que le barbu, qui a été le premier à nous insulter et à nous attquer, est un islamiste. Mais je pense qu'il a agit de sa propre initiative.
Un obscur énergumène qui se prend pour un chef. Un chef de gang en réalité. Il est venu avec ses sbires pour faire son intéressant et essayer de nous imposer son idéologie extrémiste et sexiste.
Sa photo a été publiée sur facebook, et il parait qu'il s'agit d'un islamiste connu. Une personne m'a même dit son nom, mais dans le doute, je préfère m'abstenir de le répéter.
Voici sa photo publiée sur facebook. Je l'ai copiée ici, parce que mes photos sont trop petites pour être claires (mon appareil photo est tout neuf, et je ne sais pas encore comme le régler). Cette photo a été prise lors de la manif.
Quant aux autres, ceux qui sont venu nous attaquer de front, je ne sais pas. D'après l'apparence vestimentaire, on ne peut pas juger. Même la barbe ne signifie pas forcément quelque chose. Mais leurs propos étaient durs et ils étaient très très agressifs et menaçants. Donc, un doute est possible.
Je pense par contre que ceux qui nous avaient ensuite agressés verbalement, et surtout celui avec lequel je me suis disputée, n'étaient que des machos primaires. Ils ont trouvé l'occasion de se montrer supérieur à des femmes et ont saisis cette occasion pour se mettre en valeur. Ou peut-être étaient -ils choqués par le fait que des femmes puissent manifester, réclamer, crier....
Ces gens sont aussi dangereux que les autres. Ils sont aussi très facilement récupérables par les courants islamistes.
Pendant toute la manif, j'ai eu peur. Sincèrement, j'ai eu peur. Un coup est si vite parti.
D'ailleurs après la dispute, j'ai demandé à mon ami (un grand type baraqué) de m'accompagner jusqu'à ma voiture pour le cas où un imbécile aurait eu l'idée de me suivre.
Je me rapelle les années 1980. J'étais adolescente, mais nous avions vécu la terreur.
Je me rappelle toutes les femmes agressées parce qu'elle n'étaient pas "décemment habillées" selon eux. Je me rappelle les actes terroristes. Je me rappelle notre frayeur.
Et je ne veux pas que nous revivions cette situation.
On nous dit à longeur de journée que la démocratie oblige à accepter tous, tous les avis, tous les partis... Qu'il faut juste trouver un moyen de cohabiter pacifiquement. Que les islamistes ont le droit d'exister, de s'exprmer, de s'habiller comme ils l'entendent...
OK. Je suis d'accord.
Mais nous?
Nous qui ne voulons pas vivre de cette façon, voudront-ils nous respecter? Voudront-ils nous laisser vivre en paix selon le mode de vie que nous choisirons? Accepteront-ils vraiment et réellement de jouer le jeu de la démocratie?
Sincèrement, je ne le pense pas. Je le souhaite, mais je ne le pense pas.
L'histoire des islamistes a toujours montré qu'ils n'étaient pas tolérants. Ils veulent toujours imposer. Ils pensent détenir la Vérité, directement de Dieu. Donc, à appliquer sans discussions.
D'après ce que j'ai vu sur Internet, les islamsites tunisiens sont descendus à la rue pour manifester depuis le 14 janvier, au moins à 4 reprises.
La première et la dernière fois, pour réclamer le Califat. La deuxième fois pour le Niquab, et la troisième pour réclamer le rétablissement de la polygamie.
Je n'ai pas entendu dire, ni vu sur les vidéos, qu'ils avaient été agressés. Ils ont manifesté sans que nous, les partisans de la laïcité et de l'égalité des sexes, n'allions les embêter. Alors pourquoi n'aurions-nous pas le droit nous aussi de manifester sans être attaqués?
Article 8. - Les libertés d'opinion, d'expression, de presse, de publication, de réunion et d'association sont garanties et exercées dans les conditions définies par la loi. Le droit syndical est garanti. Les partis politiques contribuent à l'encadrement des citoyens en vue d'organiser leur participation à la vie politique. Ils doivent être organisés sur des bases démocratiques. Les partis politiques doivent respecter la souveraineté du peuple, les valeurs de la République, les droits de l'Homme et les principes relatifs au statut personnel. Les partis politiques s'engagent à bannir toute forme de violence, de fanatisme, de racisme et toute forme de discrimination. Un parti politique ne peut s'appuyer fondamentalement dans ses principes, objectifs, activité ou programmes, sur une religion, une langue, une race, un sexe ou une région. Il est interdit à tout parti d'avoir des liens de dépendance vis-à-vis des parties ou d'intérêts étrangers. La loi fixe les règles de constitution et d'organisation des parties
J'ai réfléchi longuement. Qu'est-ce que je veux pour Noël?
Que vais-je donc demander comme cadeau au père Noël?
Je considère que j'ai été une grande fille très très sage pendant toute l'année, et que je mérite quelque chose de très très beau. N'est-ce pas?
Un petit tour sur Internet, et j'ai trouvé ce que je voulais.
Comme c'est un peu trop cher, j'ai pensé que vous pourriez vous cotiser si vous voulez pour aider le père Noel. Cela serait très très gentil de votre part.
Voila ce que je voudrais: juste un petit sac. Il est beau n'est-ce pas?
Mais peut-être un peu "pas assez cher mon fils"!
Voila cette petite merveille:
Une référence dans le haut de gamme japonais, Ginza Tanaka a créé le sac à main le plus cher du monde. Son prix est équivalent à 1 900 000 $ et il est serti de 2182 diamants, totalisant un poids de 208 carats. Au centre du sac se trouve un diamant de 8 carats taillé en poire. L’avantage de ce sac c’est que la courroie de ce sac peut être enlevée et portée comme bijoux : en collier ou en bracelet.
Si vous trouvez que c'est un peu trop cher pour vous, je me contenterais de ce sac Chanel:
Le «Chanel’s Diamond Forever» a 354 petits diamants qui pèsent 3.56 carats. Au prix de 261 000 $, il est le deuxième sac le plus cher au monde. Il est disponible en treize exemplaires.
Merci beaucoup mes amis. Grâce à vous, je sais que j'aurais un beau cadeau de Noël.
Mais le Père Noël existe-t-il?
Ce qui est certain, c'est qu'il ne va pas jusqu'à Sidi Bouzid!!!!!
Très joyeuses fêtes de Noël à tous nos amis chrétiens.
La semaine dernière, j'ai lu le livre "Une femme en colère. Lettre d’Alger aux Européens désabusés"de Wassila Tamzali en 2 jours. C'est vous dire que j'ai aimé ce livre.
Hier soir, j'ai découvert cet article à propos de ce livre. Je trouve qu'il le résume assez bien. Je me permets donc de le reproduire ci-dessous:
Avocate et auteure algérienne, directrice des droits des femmes à l’Unesco pendant vingt ans, Wassyla Tamzali a raconté avec passion, dans Une éducation algérienne (2007), comment elle a vécu la lutte pour l’indépendance de son pays. Dans Une femme en colère. Lettre d’Alger aux Européens désabusés (2009), elle interpelle les Européens qui, au nom de la "laïcité ouverte" et du respect de toutes les religions, n’hésitent pas aujourd’hui à sacrifier les droits fondamentaux des femmes.
Dans ce livre courageux, Tamzali montre que la laïcité ne peut réussir seule à faire le poids face à la notion de choix et aux arguments sur les accommodements religieux mis de l’avant par les islamistes. Pour elle, l’argument primordial doit reposer sur la dénonciation des valeurs patriarcales défendues et maintenues par toutes les religions, dont l’islam, qu’il soit modéré ou radical. Elle ne croit pas non plus à un féminisme islamique qui représente une contradiction dans les termes et une imposture.
Sur la question du libre choix par les femmes du hijab, du tchador, de la burqa et du niqab, l’auteure évoque à juste titre les arguments similaires à ceux qui prétendent que les femmes prostituées choisiraient librement de devenir de simples marchandises asservies aux fantasmes masculins les plus avilissants et violents. Bien au fait des luttes féministes dans le monde, elle démontre clairement comment sous le couvert de la tolérance religieuse, on a cherché à enterrer les droits des femmes. Face à une telle dérive, elle rappelle la question de l’esclavage et conclut que "la différence culturelle ne peut jamais justifier cette pratique, même si elle est inscrite dans le Coran ou dans les pratiques culturelles".
La religion comme critère d’appartenance
Les dérives des visions culturalistes et différentialistes ne sont pas d’aujourd’hui, note Wassyla Tamzali. Déjà en 1975-1985, en pleine décennie des femmes, Rigoberta Manchu du Guatemala, prix Nobel de la Paix en 1992, affirmait que "le féminisme est la dernière forme du colonialisme", remettant ainsi en question les revendications des femmes dans les pays du tiers monde. Sous la bannière des luttes nationales et anticolonialistes, on proposait subrepticement aux femmes la différence religieuse et culturelle comme principal critère d’appartenance et non celui de l’égalité des sexes. Wassyla Tamzali remarque qu’on lui parle maintenant comme à une femme musulmane plutôt qu’algérienne et elle se demande avec humour "s’il ne faut pas désormais être voilée pour être vue ?" Le rapport d’altérité sur lequel se fonde tout dialogue n’existe plus que pour celles qui affichent leur différence culturelle et religieuse. Ainsi, précise-t-elle, "notre absence sur le terrain de l’identité [en tant que féministes] explique la place gagnée par les mouvements religieux qui, eux, répondent à la question de l’identité et en font la base de leur recrutement". Contrairement à ce qu’elle croyait, force lui est de reconnaître que la laïcité et la démocratisation n’entraînent pas automatiquement la reconnaissance de l’égalité des femmes. Comme le montre l’histoire, seules leurs luttes en sont garantes.
La primauté des droits religieux sur ceux des femmes
Les islamistes, remarque Tamzali, jouent sur la culpabilité des empires coloniaux, amenant une partie de la gauche et même des féministes à défendre le droit des anciens colonisés de vivre selon leur culture, selon leur identité. L’Assemblée nationale française, souligne-t-elle, en préférant mener un débat national sur la laïcité a ainsi mis de côté la question éthique de l’égalité des sexes qui seule aurait pu mettre fin aux arguments malhonnêtes comme le droit de "s’habiller" comme on veut, en taisant le fait que "la dissimulation des cheveux et autres parties du corps des petites filles conduit à une ségrégation sexuée, à la différence des autres signes religieux". Pour l’auteure, "refuser les pratiques néfastes aux femmes qu’elles soient issues de la tradition islamique ou très clairement prescrites dans les textes coraniques, ce n’est pas être islamophobes, c’est simplement être féministes". Face au relativisme individualiste post-moderne, elle affirme lutter pour certaines causes "non parce que [s]on identité est maghrébine et musulmane, mais parce qu’[elle est] humaniste, anticolonialiste, démocrate et féministe". Ainsi dénonce-t-elle sans relâche le relativisme éthico-culturel qui, en France comme au Québec dans un cas de viol, fait acquitter un émigré ayant battu sa femme au motif "que c’était un trait de sa culture religieuse" !
Un islamisme modéré ?
"Qui sont les musulmans européens modérés ?", demande-t-elle. Pour le savoir, elle recommande "de mettre à l’épreuve leur rhétorique sur la démocratie et la laïcité, pour peu que l’on considère la question des femmes comme une part intégrante et indivisible de ces principes". Il lui paraît difficile de croire à un courant islamique modéré alors que la liberté de conscience est condamnée par la religion musulmane : "Un laïciste musulman ne pourrait parler de laïcité que s’il condamne fermement et clairement la notion de crime d’apostasie". Une condamnation, précise-t-elle, qui est non seulement morale, mais civile et pénale – y compris dans les pays dont le code pénal ne comporte pas de textes punissant ce crime."
Tamzali s’étonne que dans des pays laïques et démocratiques, on tolère l’exigence des musulmans "d’être acceptés sans modifier leurs comportements, la différence au nom de laquelle ils sont acceptés avec leurs us et coutumes, au nom de laquelle ils obtiennent le passe-droit exorbitant de vivre selon une morale et une ségrégation sexuelle contraire au principe fondamental de l’égalité des hommes et des femmes". Un principe qu’ils n’accordent, bien sûr, jamais aux membres de leur propre communauté. Les pays occidentaux, au nom de la tolérance et de la laïcité ouverte, intègrent peu à peu "des discours doctrinaires légitimant la violence contre les apostats à l’intérieur de la communauté des croyants et, à l’extérieur, contre les infidèles".
Pour croire à l’existence d’un courant musulman modéré, ajoute l’auteure algérienne, il faudrait que les personnes qui s’en réclament dénoncent publiquement "des règles incompatibles avec notre conscience moderne, comme la lapidation, la polygamie, les mains coupées, l’inégalité dans l’héritage, la ségrégation sexuelle." Elle rappelle que le plus connu des "modérés", Tarik Ramadan, "qui n’aurait pas pris un grand risque en condamnant la lapidation, n’a pas trouvé les moyens de ce courage, aussi minime fût-il". Il y a certainement lieu de se demander avec l’auteure si la cause de la popularité de l’islamisme, tant modéré que radical, ne serait pas justement son antiféminisme.
Un débat public et politique
Pour Tamzali, la définition de la laïcité n’est pas le respect de toutes les religions, c’est "d’abord et avant tout la liberté de conscience". Quant au discours multiculturel sur la diversité, il cherche simplement à maintenir les ghettos ethniques et à avoir la paix. Cet état de chose lui paraît tout aussi néfaste pour les femmes que le scénario à l’iranienne. Ainsi, poursuit-elle, "nous nous retrouverons, comme par le passé, face aux mêmes maux : le racisme, l’asservissement, le désir forcené de dominer et d’asservir tout un peuple à une idée, à une religion, à des intérêts privés, la réduction des femmes à leur rôle de procréatrices, l’ostracisme, la violence et la suppression de toutes les libertés, la tyrannie, le mythe de la communauté pure, l’ordre moral, la haine de l’étranger, le bannissement, cela s’appelait hier fascisme, colonialisme, aujourd’hui cela s’appelle fondamentalisme et islamisme modéré."
Elle invite à ouvrir les yeux et à constater que "les femmes sont l’objet d’un pacte secret consistant à donner le plein pouvoir aux hommes sur les femmes, plutôt que des droits démocratiques à tous les citoyens quel que soit leur sexe". Une vérité que plusieurs refusent de voir, car il leur faudrait remettre en question des privilèges qu’ils considèrent naturels ou d’ordre divin. Se voiler aujourd’hui, c’est s’inscrire dans un débat public et politique. Pour l’auteure algérienne, "seule la pensée féministe, qui est d’abord une pensée politique, est capable de renouveler l’analyse des dispositifs des pouvoirs autoritaires et leurs alliances, secrètes ou avouées, avec l’idéologie radicale religieuse". Elle souhaite que les Européennes pensent la condition des femmes émigrées, "comme elles pensent la leur" en fonction de la liberté de pensée et non de la religion pratiquée dans le pays d’origine de celles-ci.
Au Québec, où divers courants cherchent à donner la priorité aux droits religieux sur les droits inaliénables des femmes, où la question d’une Charte de la laïcité se pose avec de plus en plus d’acuité, le livre de Wassyla Tamzali, Une femme en colère, avec son écriture engagée, claire et directe, est incontournable pour bien comprendre les enjeux socio-politiques actuels.
Je suis d'accord avec elle. Avant d'être musulmans, chrétiens, juifs ou autres, nous sommes d'abord des êtres humains. Et toute ségrégation doit être bannie. Que cette ségrégation soit raciale, religieuse ou sexuelle.
Je suis d'accord lorsqu'elle explique que le voile (ou niquab, burqua...) est une ségrégation sexuelle.
Je suis d'accord lorsqu'elle explique que la liberté de se voiler est une "prétendue" liberté.
Je suis d'accord lorsqu'elle explique que choisir de se voiler, c'est choisir de se soumettre, c'est accepter le statut d'inférieur à l'homme.
Je suis aussi d'accord avec elle lorsqu'elle dit qu'il ne devrait pas exister de crime d'apostasie. Nous sommes au XXIème siècle, et chacun devrait être libre de croire en ce qu'il veut, ou de ne pas croire. La liberté de conscience et la liberté de croyance doivent être des droits indiscutables.
Je suis aussi d'accord avec elle lorsqu'elle dit que la religion est détournée par certains. Je suis d'accord pour que l'on respecte l'esprit de l'islam et qu'on le fasse évoluer.
Pour conclure, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre.
Dire que le tout premier mot de l'islam, le premier mot que Dieu a adressé à Mohamed a été le mot إقرأ LIS.
LIS.
Lis et apprend. Lis.
Mais depuis quelques temps, on dirait que les musulmans ont oublié ce que cela voulait dire.
Sur une vidéo, un barbu a dit qu'il ne fallait pas instruire les filles, leur cerveau ne leur permettant pas de comprendre, et on ne pourrait en faire que des singes savants.
Aujourd'hui, une nouvelle vidéo extraite d'une émission de la chaine errahma dit aux filles qu'elles ne devraient étudier la philosophie que si elles y sont obligées. Ce cher barbu dit que la philo est du n'importe quoi, et que les filles feraient mieux d'aller étudier le livre de Dieu et la sira du prophète.
C'est sûr petit con!
إقرأ
LIS. LIS. LIS.
Et laisse ces petits cons complexés et misogynes dire n'importe quoi. Ne les écoute pas et LIS.
"Fabien m'a quitté. A l'instant où je t'écris, je le vois s'éloigner dans l'allée de cyprès, au soleil couchant, droit sur son cheval..... A la recherche d'un Empereur qui n'existe sans doute pas, il fera le tour de notre mer en vain. Il attend de l'existence quelque chose qu'elle ne lui donnera pas, et cette attente idiote, c'est sa passion. Cette attente idiote qui l'empêche de vivre, c'est sa vie. Pourquoi les hommes rendent-ils creux ce qui est plein?"
L'évangile selon Pilate - Eric-Emmanuel Schmitt.
Hier, en lisant ce livre, j'ai été attirée par cet extrait qui m'a rappelé un autre extrait, d'un autre livre. Quelque part, les sens se rejoignent un peu, non?
«Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.»
Le mythe de Sisyphe - Albert Camus.
Le bonheur, le sens de la vie, est peut-être justement le chemin et non la destination. Qu'en pensez-vous?
"Ils passèrent auprès du cours de géographie improvisé, or à ce moment précis le maître disait: "Là où subsiste encore un peu de brouillard, se sont forgés les grands et les petits mythes...". Le Dr Stern afficha le sourire d'un homme riche, qui en outre, vient de gagner à la loterie. "Voyez-vous, cher ami, dit-il en passant le dos de la main sur sa moustache, ce vaillant pédagogue a résumé toute mon argumentation en quelques mots. Nous les hommes nous inventons des mythes, grands et petits, affirmons qu'ils sont solides comme le roc des montagnes, et dissipons nos propres doutes par un brouillard de traditions et de rites.
- Il est facile de ne croire en rien." Pin'has sentait monter en lui une colère jusqu'àlors inconnue.
"Au contraire, cher ami." Cette phrase-là aussi, le Dr Stern l'avait attendue, comme un danseur exercé, à la fin d'une figure compliquée, saisit sans regarder la main de sa partenaire. "Ne croire en rien est difficile! Il est aisé d'avaler sans résistance la bouillie cent fois prémâchée de ce que pensaient les générations précédentes. Il est facile de plier docilement le genou, faire le signe de croix ou mettre les tefilline, de sauter à minuit par-dessus un tas de bois en flammes, de pratiquer l'un ou l'autre des rites étrangers forgés par nos ancêtres au nom de divinités qu'ils ont eux-mêmes inventées. Il est facile de considérer n'importe quel texte sacré comme la parole divine, d'accepter sans critique les prémisses d'une religion et de n'utiliser son intelligence que pour en tirer, sans fin, de nouvelles déductions. Nous les juifs, nous sommes passés maitres en la matière, en l'art de trouver pâture jusque dans les moindres ramifications de prétendus préceptes divins, tels des vers xylophages dans un arbre mort depuis longtemps. Des nuits entières, nous étudions des commentaires médiévaux, rien que pour comprendre des discussions menées il y a quinze cent ans, nous palabrons à en perdre haleine sur les rituels des services sacrificiels dans un temple détruit il y a deux mille ans. Nous gaspillons notre intelligence parce que nous ne trouvons pas le courage de mettre en question des contes archaïques. Oui, des contes, parfaitement! Mais voilà: qui ne veut pas penser en est réduit à croire." Cette dernière phrase lui plut au point qu'il exécuta illico une petite danse...
"Savez-vous ce qui me frappe? demande Pin'has en sentant monter en lui le plaisir anticipé éveillé par la certitude de lancer dans la bataille un argument massue. Savez-vous ce qui me frappe, et même beaucoup? Vous dites toujours "nous". "nous les juifs". Avec toutes vos contestations, vous vous considérez toujours comme l'un d'eux.
-Disons: je ne m'exclus pas. Tant que cette notion désigne un peuple et non une communauté de foi. Mais autrement... A ce propos, je peux vous raconter une histoire drôle.
(...)
"Cela remonte à déjà...", commença le Dr Stern, prenant la mine pensive qu'affichent les gens bavards pour tenter de donner à un récit cent fois répété une couleur d'authentique spontanéité. "Plus de dix ans, en effet. Comme le temps passe! A cette époque, il était devenu clair, pour moi, que ma conscience m'interdisait désormais, par égard pour mes brebis...". Il s'interrompit, et cette interruption aussi semblait tracée sur son manuscrit. "Brebis, un beau mot n'est-ce pas... Il décrit avec tant de justesse la soumission aveugle avec laquelle des gens par ailleurs forts intelligents suivent pieusement les troupeaux de leur religion, flanqués en permanence par les chiens glapissants des feux de l'enfer et de la damnation éternelle. Ainsi que je l'ai dit, j'avais compris que je me trahirais moi-même si je continuais à expliquer à ma communauté des préceptes auxquels je ne croyais plus - bien que ces exégèses par elles-mêmes fussent parfaitement correctes. Absurdes, comme tout ce bla-bla religieux, mais correctes. Si l'on y réfléchit: un Dieu qui se soucie de savoir si le pitoum d'un essrog - l'extrémité supérieure d'un cédrat - est cassé, pareil pinailleur céleste, à l'affut de la moindre vétille, ne peut être qu'une invention humaine! Seuls les hommes sont assez bêtes pour nous fabriquer une image du monde qui est un collage de détails sans importance.
Les commentaires récents