Les forces réactionnaires multiplient les tentatives de créer la discorde dans notre société dans le but de réduire au silence les libres penseurs et les créateurs. L'objectif de la révolution tunisienne est de garantir la liberté de croyance, de pensée et d’expression pour tous les tunisiens. Pour faire face aux ennemis de la liberté et pour exprimer notre refus de la terreur, nous appelons les tunisiennes et les tunisiens à une marche pacifique silencieuse, en tenue blanche ou rouge (couleurs de notre drapeau), pour exprimer notre attachement à notre liberté.
Soyons nombreux au rendez-vous ce jeudi 7 juillet à 18h à l'avenue Mohamed V, départ place pasteur.
Le Pôle Démocratique Moderniste Lam Echaml Ettajdid Parti Socialiste de Gauche Alliance Républicaine Mouvement de la Citoyenneté et de la justice La voie du centre Afek Tounes Initiative citoyenne Parti Libéral Tunisien
تعمل القوى الرجعيّة على إشعال الفتنة بين فئات الشعب التونسي بالعنف والترهيب، قصد إخماد الأصوات المخالفة لها من مفكرين ومبدعين. ولقد قامت ثورتنا من أجل إرساء الحرية التي هي كل لا يتجزأ، ويحق لكل التونسيين ممارستها في معتقداتهم وتفكيرهم وتعبيرهم. وحتى نتصدّى لأعداء الحرية ونعبّر عن رفضنا للخضوع لترهيبهم، ندعو مختلف الشرائح التونسية، نساء ورجالا، أحزابا ومنظمات، لمسيرة سلمية صامتة، وبلباس أبيض وأحمر، للتعبير عن تشبثنا بحرية التونسيين، وذلك يوم الخميس 7 جويلية على الساعة السادسة مساء بشارع محمد الخامس انطلاقا من ساحة باستور. فالخوف عدو الحرية، والتعصب لن يمرّ في تونس الثورة.
القطب الديمقراطي الحداثي جمعية لمّ الشمل حركة التجديد الحزب الاشتراكي اليساري حزب الوفاق الجمهوري حزب المواطنة والعدالة طريق الوسط آفاق تونس المبادرة المواطنية حزب الاحرار التّونسي
P.S.: SVP, soyez très nombreux et invitez tous vos amis (si bien-sûr vous partagez nos valeurs).
Précision: il ne s'agit pas du parti l'Initiative (al moubadara) de Kamel Morjane, mais de l'Initiative Citoyenne (Mouvement citoyen indépendant)
Vendredi 01/07/2011 a eu lieu une conférence de presse de Lam Echaml à propos des évènements du 26 juin 2011 lors de la manifestation culturelle «Touche pas à mes créateurs» qui avait pour but de dénoncer les agressions à l’égard d’artistes et citoyens tunisiens et de susciter un débat national à propos de la liberté d’expression.
Ensuite, il y a eu un petit exposé pour expliquer les raisons qui ont motivées l’action «Touche pas à mes créateurs » et la décision de défendre la liberté d’expression.
Le représentant de l’Institut Arabe des Droits de l’Homme, coorganisateur de la manifestation, a pris la parole, il a expliqué que les atteintes aux libertés contre les créateurs et artistes, mais aussi contre de simples citoyens sont devenues trop importantes et qu’il est temps de les dénoncer. Exemples: des jeunes qui voulaient fêter une réussite au bac en ont été empêchés, des gens qui voulaient se baigner ont été agressés, une église a été attaquée... Assez, cela suffit. Il n’est plus possible de tolérer cela. Il faut s’unir tous et arrêter ce genre d’agressions.
M.Habib Bel Hédi, responsable de la salle de cinéma l’AfricArt, qui a été battu et blessé par une bombe à gaz, a ajouté que nous citoyens, bons et moins bons, refusons cette violence. «Tous les jours, il y a des agressions contre les artistes. Nous ne nous tairons pas face à ces agressions. La violence ne doit pas exister, et personne n’imposera sa loi aux autres. Ces gens qui nous ont agressés n’acceptent pas les autres, ces gens veulent imposer leurs choix, ils veulent nous faire peur, mais nous n’avons pas peur. Ces gens, ceux qui ont un visa et ceux qui ne l’ont pas, sont complices. Ils sont unis pour nous faire peur. Mais nous n’avons pas peur, et nous ne nous tairons pas. Ils veulent nous terroriser. Mais ils n’y arriveront pas. Le prix de la liberté est cher, mais nous ne nous tairons jamais. La liberté n’accepte pas de marchandages. Un créateur est libre, il peut dire ce qu’il veut tant qu’il ne diffame pas. Ces gens se disent être la loi, mais non, même si nous sommes en révolution, il faut respecter la loi et l’ordre public, et ces gens n’imposeront pas la leur».
Il a continué en s’en prenant à la police. «Où était-elle? La salle de l’AfricArt se trouve à quelques mètres du ministère de l’intérieur. Nous sommes allés nous plaindre à eux, certains nous ont répondu que puisque vous avez enlevé le dictateur, assumez maintenant. D’autres ont dit : comprenez qu’il y a un problème entre la justice et la police. La police arrête les coupables, mais la justice les relâche, à quoi bon les arrêter alors?»
Si la sécurité n’est pas assurée, que va-t-il se passer? Ces gens ont prévenu que ramadan sera chaud et sanglant.
M.Bel Hédi a aussi rappelé que la chaine de TV Al Jazeera a menti en prétendant que lui-même et M.Sadok Ben Mhenni avaient agressé ces gens qui auraient été obligés de se défendre.
M.Sadok Ben Mhenni: je suis un simple citoyen. Je ne suis pas là pour dire que je suis militant ou pas. Nous n’avons tous pas assez milité pendant de longues années. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de nous comporter en citoyens. Citoyens avec nos droits et nos obligations.
Je ne fais pas partie des organisateurs, j’ai juste voulu assister à cette manifestation culturelle qui prévoyait aussi de la poésie, de la chanson…
Je suis membre de 2 associations, mais je suis venu en tant que citoyen.
Pourquoi ai-je été à l’AfricArt ?
En tant que citoyen, j’ai suivi l’actualité et j’ai remarqué toutes les agressions subies par les créateurs. J’aime les créateurs, et je suis venu pour être fier de nos créateurs, en plus, je suis un passionné de la liberté d’expression. Je suis un amoureux de la liberté d’expression des autres avant même ma propre liberté d’expression. Je suis venu pour assister à une manifestation culturelle, en plus, les organisateurs et les spectateurs n’étaient ni sur l’avenue Habib Bourguiba, ni sur l’avenue Mohamed V. Ces gens ont choisi de se réunir dans une salle de cinéma, sans embêter personne.
Pourquoi suis-je autant amoureux de la liberté d’expression?
Est-ce du à mon éducation? A mes lectures? A mon passé politique?
Qu’est ce que cette manifestation pour moi ?
En tant que citoyen tunisien, il est de mon droit de choisir et de décider d’aller voir un film ou pas. C’est mon choix et mon droit. Ces gens m’en ont empêché. Ces gens m’ont empêché d’exercer mon droit de choisir et de vouloir voir un film, ou de circuler dans une rue que j’ai choisi, ou d’aller rendre visite à qui je veux. J’ai défendu mon droit à être dans la salle de cinéma l’AfricArt. Par contre, eux disaient devant toute la salle qu’ils étaient disposés à venir dans nos maisons pour nous surveiller, pour surveiller ce que nous mangeons, ce que nous disons, comment nous nous habillons...
Malgré cela, aucun d’entre nous n’a répondu à la violence par la violence. Ces gens avec qui je discutais, m’ont menacé de m’égorger. Ils disaient parler au nom de la religion, et m’égorgeraient si nécessaire.
Par ailleurs, lorsque j’ai été attaqué avec un produit que je ne connais pas et que j’ai perdu la vue momentanément, je n’étais pas entrain de regarder le film, j’ai été attaqué alors que j’aidais Habib Bel Hédi qui était à terre et qui était roué de coups. Cela veut-il dire que n’avons pas le droit de secourir une personne? Ces gens m’ont empêché de secourir une personne en danger. Cela veut dire que demain, si l’un d’entre nous voyait une personne se faire agresser sur l’avenue Habib Bourguiba, il ne doit pas la secourir. Et cela est déjà arrivé depuis le 14 janvier, et les menaces sont devenues aujourd’hui des attaques physiques.
Nous n’avons pas répondu à la violence par la violence, mais nous n’avons pas fui. Et nous avons choisi de ne pas répondre à la violence par la violence bien que nous étions bien plus nombreux et que nous aurions été vainqueurs. Sans nous concerter, nous avons bien réagis.
Je dis mon admiration aujourd’hui pour les femmes tunisiennes qui n’avaient pas fui ce jour-là et ont montrée qu’elles étaient courageuses.
Certains journalistes ont posé des questions auxquelles les organisateurs ont essayé de fournir des réponses.
Q : Depuis dimanche, les gens parlent d’un complot et disent que ce qui est arrivé n’est pas vrai. Lam Echaml devrait sortir et parler aux gens. Par ailleurs, pensez-vous que la police est vraiment coupable ?
R : Concernant les mondassins, notre position est claire : la responsabilité est politique. Nous ne savons pas exactement qui sont ces gens, qu’ils soient mondassins ou autres, c’est aux autorités de faire le nécessaire.
Des gens auraient pu être tués et la police n’a rien fait. Nous exigeons des explications : qui est responsable de tout cela ? Pourquoi n’y avait-il pas de sécurité?
Tant que nous n’aurons pas d’explications, toutes les interprétations sont possibles.
Q : Qui accusez-vous exactement? Qui sont ces gens?
R : Qui sont ces gens? Qui les a poussés? Qui les a payés? Nous ne savons pas. Nous espérons que l’enquête policière nous le dira. Nous avons porté plainte et nous verrons bien.
Ce qui est clair, vu le drapeau et les slogans, c’est que ces gens sont des islamistes. Rached Ghannouchi les a défendus. M.Bhiri aussi. Donc, qui sont ces gens? Nous ne le savons pas exactement mais on voit très bien qui les défend!
L’essentiel est de savoir qui les a commandités. Quels partis exactement? L’enquête le dira. Mais lorsque les partis islamistes ne condamnent pas clairement, et au contraire justifient de tels actes, chacun peut penser que ces partis sont complices. Pour qu’ils soient entièrement disculpés, ces partis devraient publier des communiqués où ils condamneraient de tels agissements et appelleraient à la liberté d’expression, à la liberté de pensée et à la démocratie en toute clarté.
Mme Zeyneb Farhat: Je parle en mon âme et conscience. Ce qui est arrivé dimanche est horrible. Mais je voulais rappeler en plus que M.Abdelghani et son espace culturel ont été attaqués 4 fois depuis le 14 janvier, qu’il a réclamé et porté plainte en vain. Au Téatro, nous avons aussi été attaqués lors de la réunion de l’association Le Manifeste.
Nous, citoyens, notre position est claire. Nous, Lam Echaml des démocrates, croyons que la Tunisie est libre, indépendante et démocratique, et nous disons NON au retour en arrière et NON au salafisme.
Aujourd’hui, en tant que citoyenne, moi personnellement, je rends responsable le Ministre de l'Intérieur et le Ministre de la Justice. Ils sont responsables. Où sont-ils? Que font-ils? Pourquoi ne remplissent-ils pas leurs devoirs? Nous payons des impôts et ils ne font pas ce qu’il faut.
Ces gens qui attaquent sont toujours les mêmes, ils les arrêtent et ensuite les relâchent. Pourquoi? Ces gens sont entrain de nous menacer. Or, chacun d’entre nous est libre. Nous sommes citoyens et sommes responsables. Je pense que nous devons, sur tout le territoire tunisien, faire une manifestation nationale pour dire NON. NON A LA VIOLENCE. Mais cela n’est pas suffisant. BCE nous parlé au Palais des Congrès, il avait dit pas de violence. Il avait promis la sécurité à tous. Où est tout cela?
Où es-tu, toi, Premier Ministre?
Où es-tu Ministre de l’Intérieur? Pourquoi ne remplis-tu pas ton rôle?
Et la justice? Où est la justice?
Et j’assume ce que je dis.
Et toi Ministre de la Justice, pourquoi des gens arrêtés sont-ils libérés sans condamnations?
Les violences sont commises depuis février, et vous, que faites-vous? Vous ne faites rien pour assurer notre sécurité? Vous vous taisez?
Nous payons nos impôts, vous vous empressez de payer les dettes de ben Ali et vous ne vous empressez pas d’assurer notre sécurité? Même pas un minimum? Que voulez-vous que nous fassions? Que nous nous défendions nous-mêmes? Que nous portions des armes pour nous défendre?
C’est mon droit d’exister, que cela soit en bikini ou en burqua, c’est l’un de mes droits.
Habib Bel Hédi: La réaction du parti Nahdha est étonnante. La nahdha a fait un meeting au Palais des Congrès et y a invité Psycho M. Ce chanteur dit qu’il souhaite avoir une kalachnikov pour pouvoir tirer sur Nouri Bouzid. Ce même chanteur, contre lequel une plainte a été déposée depuis décembre 2010 est libre, bien que dans sa chanson il incite au meurtre de Sawsen Maalej et Olfa Youssef et dit vouloir remplacer le drapeau tunisien par le drapeau salafiste. Or, Rached Ghannouchi défend Psycho M et dit qu’il s’agit de liberté d’expression. Pourquoi d’après Rached Ghannouchi est-ce que Nadia Al Fani n’a pas ce même droit à la liberté d’expression alors qu’elle n’incite ni à la haine, ni menace quiconque de mort?
Mme Moufida Belghith, avocate, membre de l’association ATAC et militante a pris la parole: Lam Echaml n’accuse pas la justice, mais demande que la justice fasse son travail et poursuive les agresseurs. Il y a des indices qui prouvent qu’il n’y a pas une volonté réelle de poursuivre ces gens:
- La police a tardé à intervenir
- Les agressions qui ont eu lieu devant le Palais de la justice contre quelques avocats ont été perpétrées par les mêmes personnes que celles qui avaient attaquées l’AfricArt, or, il n’y a pas eu de mesures sérieuses prises contre elles.
Après cela, il n’y a pas toujours de position claire de la justice.
Le citoyen tunisien est menacé. La justice et le gouvernement provisoires doivent prendre leur responsabilité.
M.Abdelaziz Fehri, de l’initiative l’Initiative Citoyenne: Les photos sur facebook sont claires, la plupart des personnes qui nous ont attaqués à l’AfricArt sont les mêmes personnes que l’on voit dans les meetings de la nahdha, et ces photos le prouvent. Ces gens sont connus et le mouvement Nahdha est complice, même si Rached Ghannouchi fait semblant de ne pas les connaître.
Une personne a témoigné que certaines personnes qui ont attaqué l’AfricArt sont des personnes qui participent au sit-in du massir qui se tient à la place des droits de l’homme. Leurs photos sont aussi sur facebook.
En conclusion, Lam Echaml a remercié les gens qui sont venus voir le film. Ils ont été formidables et solidaires. Lors du danger, ils ne se sont pas défilés et ont affronté le danger. Au début, ils étaient environ 200, ensuite lorsqu’il y a eu les agressions, ils étaient plus de 400, il y en avait partout. Merci à toutes ces personnes.
Lam Echaml continuera son combat pour:
- la liberté,
-la liberté,
-la liberté
-la démocratie
- l’égalité.
UPDATE: Une marche pacifique co-organisée par Lam Echaml et plusieurs partis politiques aura lieu ce jeudi 07/07/2011 à 18h à partir de la Place Pasteur vers l'avenue Med V. Soyez nombreux.
Je vous fais un copier/coller d'un texte écrit par M.Fathi Hadj Yahyia à l'occasion de l'action Touche pas à nos créateurs, organisée par Lam Echaml:
حملة شعواء تشنّ على صفحات الفايسبوك وعلى منابر أخرى ضدّ النّوري بوزيد وناديا الفاني، وكانت سبقتها حملة مماثلة ضدّ سوسن معالج وغيرها من الفنانين والفنّانات عبر بعض أغاني الرّاب. قبل ذلك تعرّض عدد من المثقفين والمثقفات من أمثال رجاء بن سلامة وآمال قرامي وغيرهم إلى نفس التكفير وتأليب الرأي العامّ عليهم بدعوى الفسوق والمجون والتسخّط والكفر والإلحاد والزّندقة والضلالة والمروق والبطلان والجهالة والردّة والزّيغ وغيرها من المصطلحات التي يزخر بها قاموس الفقه الذي تأسّس وسط المعارك الطاحنة بين أصحاب الدّين الواحد قبل أن يتشتّتوا فرقا ومللا ومحلا لا يزال ساريا إلى اليوم.
هذه الظّاهرة الجديدة في بلادنا كان يمكن أن تكون هامشية وبفعل بعض الأطراف التي لازالت ذهنيّتها تتغذّى من ثقافة التزمّت الديني والعقد النّفسية لولا وقوف أهمّ الأحزاب الإسلامية موقف الغموض الواضح منها وعدم الفصل فيها ربّما من باب عدم المجازفة بالتّصادم مع قواعدها أو من باب الاقتناع بوجاهة الحجج التي تستند إليها الحملة المذكورة. فأن يصعد مغنّي الرّاب على الرّكح في اجتماع جماهيري تنظمه حركة النّهضة ليتفوّه بما تفوّه وجزء كبير من الحاضرين يكبّرون ويهللون عند سماع أسماء الفنّانين المدانين لفي الأمر مهزلة تنتمي إلى سجّل محاكم التفتيش وإثارة الكراهية في النّفس البشرية وتسليح الأيادي بأيديولوجيا التكفير.
قبل أيّام من هذا الحدث تعرّض السينمائي النّوري بوزيد إلى اعتداء فاضح من قبل أحد المهوسين التي قد يكون حاضرا في مثل الاجتماع وغيرها من بعض الخطب في الجوامع بما يمنح له راحة الضّمير والقناعة بأنّه يؤسّس لعقيدته في محاربة الخارجين عنها كما تصوّرهم خطابات القياديين والدّعاة الذي يحلو لهم استعطاف الجماهير ببثّ الخلط بين العلمانية والإلحاد، وبين حريّة الفكر والخروج عن الأمّة. أكيد إنّ قياديي النّهضة لم يعطوا أوامرهم المباشرة لاقتراف مثل هذه الأفعال ولكنه من غير المتأكّد بأنّ حزمة أفكارهم لم تتحوّل إلى شحنة عقائدية لا يفصلها سوى خيط شفّاف بين توجيه أصابع الاتّهام إلى رموز ثقافية معينة وبين تسليح الأيادي ليتحوّل الظنّ إلى فعل لا سيّما وإنّنا لم نسمع شجبا أو معارضة صريحة رغم سيل الحديث عن الديمقراطية والتسامح واحترام حرية المعتقد والفكر.
أمامنا اليوم مرحلة حسّاسة ستخوض فيها جميع الأطراف أوّل حملة انتخابية خارج سلطان الدّولة والحزب الواحد والبوليس، ولا رقيب فيها سوى الضمير قبل القانون. لذا وجب التّذكير بأنّ إثارة المشاعر الدينية للمواطن وفق رؤية بدائية وشعبوية لقضايا المعتقد، وعدم التأسيس لفلسفة الآخر المشابه والمختلف في الآن ذاته، والتأسيس لمشروعية ووجاهة الرأي السياسي بإسنادهإلى التعليل الديني هي مخاطر تهدّد المسار الديمقراطي وتقف عائقا دونالارتقاء بوعي المواطن إلى ثقافة العقد الاجتماعي وعدم الخلط بين المعتقد الذي يهمّ وجه الروحانيات في الإنسان وبين مقوّمات العيش المشترك الذي يتطلب وضع قوانين وتشريعات تسيّر الحياة الاجتماعية وتفنّن العلاقات بين الأفراد دون النّظر إلى ميتافيزيقيا الفرد. إنّ شحن العواطف والمشاعر باسم إعادة بناء المنظومة الأخلاقية للمجتمع على أساس المرجعية الدينية سيؤدّي حتما إلى خلق ذهنية وعقلية قد تتجاوز مخاطرها الإسلاميين المعتدلين أنفسهم علاوة على الأعداد الكبيرة من المواطنين الذين هم ليسوا في حاجة إلى تذكير أنفسهم صباحا مساء بهويتهم العربية الإسلامية وأعداد أخرى من التونسيين تختلف فلسفتهم في الحياة أو معتقداتهم عن الأغلبية السنية المالكية.
يبقى سؤال أخير يجدر بنا جميعا طرحه والخوض فيه بكلّ أريحية وحرية وعقلانية : من هو الأقدر على حماية كلّ تونسي في أداء شعائره والانتماء إلى دينه واختيار سلوكه ومعتقده لنفسه ؟ أهو من يريد أن يفرض على المجتمع بأسره رؤية دينية مذهبية معينة باسم الإجماع والجماعة متناسيا بأنّ في البلاد إباظيون وشيعة وحنفيون ويهود ومسيحيون وغير متدينين ألخ... ولو كانوا أقلية أم هو من ينادي إلى تعايش الجميع على أساس الانتماء إلى تونس بقطع النّظر عن المعتقد والاختيارات الفكرية والمذهبية ؟ لنكذّر فقط، وأخيرا، بأنّ الذين طالتهم تتبعات النظام السابق وأصيبوا بالتعذيب والتنكيل إنّما لجأوا إلى بلدان علمانية ولائكية حيث وجدوا الحماية وحرية العيش وإبداء الرّأي ولم يذهبوا إلى بلدان تسود فيها العقيدة كمذهب دولة، والدين كخلفية تشريعية للقوانين الوضعية وهو ما يؤكّد حقيقة إنّ الفكر الحرّ وإمكانية التعايش الحقيقي لا يمكن أن تتمّ سوى في مناخ ينظر فيه إلى الإنسان كهدف في حدّ ذاته بقطع النظر عن انتماءاته العقائدية والفكرية أو عن جنسه ولونه.
Génération Tunisie Libre vous invite à assister à la projection du film PERSEPOLIS le vendredi 06 mai 2011 à 19h, à la salle de cinéma Alhambra, centre commercial El Zephyr à La Marsa (entrée gratuite).
Cette projection sera suivie d'un débat animé par le docteur Hechmi Dhaoui, médecin psychanalyste.
Samedi dernier, ce film avait été projeté à la maison de la culture Ibn Khaldoun, ce qui m'avait donné l'occasion de le revoir encore une fois.
Je l'avais déjà vu il y a environ 3 ans, mais aujourd'hui, revoir ce film dans nos circonstances d'après révolution, permet une lecture complètement différente du film. Aujourd'hui, pour moi, tunisienne, ce film n'est plus seulement un film, il est aussi espoir, craintes, émotions, détermination...
Ce film est un regard retrospectif de Marjane Satrapi, une jeune iranienne, sur sa vie. Au début du film, elle parle de la chute du shah, et ensuite de la révolution iranienne et de la montée de l'islamisme, et plus particulièrement comment les islamistes ont confisqué la révolution. L'erreur des mouvements de gauche à l'époque étant qu'ils n'avaient pas compris le danger islamiste. D'ailleurs l'oncle de Marjane incarne cette confiance des gauchistes qui n'avaient pas vu le danger et ont fini par etre broyés par la machine islamiste.
Sur le plan graphique, ce film est d'une très grande richesse. Il y a une parfaite adéquation entre la forme et le fond. Il y a aussi un équilibre et une grande sincérité à travers tout le film. Marjane aurait pu surfer sur la vague de l'anti-islamisme, mais elle ne l'a pas fait. Elle a inroduit dans ce film une dimension plus humaine et plus personnelle.
On y découvre une Marjane qui, à cause des évènements survenus dans son pays, devient étrangère dans son propre pays, étrangère à elle-même et étrangère à l'étranger.
Elle qui était habituée à un certain mode de vie, qui vient d'un milieu social cultivé et libre, n'arrive pas à s'intégrer dans cette nouvelle société. Cette nouvelle société répressive, sans intimité, où règnent l'hypocrisie, la délation et les gardiens de la morale publique. Bien-sûr, avec le temps, les gens ont adopté une certaine stratégie de contournement de ces contraintes, ils vivent une double vie: austérité dans la rue, alors que dans les maisons, ce sont les fêtes et la mixité.
La composante politique est intéressante, mais le film ne se limite pas à cela. Il a plusieurs autres aspects intéressants. Il y a par exemple l'aspect de la transmission d'une certaine culture politique, de la part de l'oncle, mais aussi et surtout de la part de la grand-mère qui inculque à Marjane les valeurs féministes d'une femme très émancipée par rapport à son époque.
Il y a aussi une touche d'humour dans tout le film, par exemple, lorsque Marjane se transforme et devient adulte ou lorsque son ami la quitte. Cet humour fait mieux passer la sensibilté et le désarroi de la jeune femme.
Pareil lorsque Marjane est à Vienne, chez les religieuses. Elle fait passer un message, sous couvert d'humour. On y voit une grosse croix et les visages austères des nonnes: à chaque fois qu'une autorité est basée sur la religion, elle devient oppression, alors que la religion devrait être amour, beauté, tolérance...
Lorsque j'avais vu le film la première fois, je n'aurais jamais cru qu'un jour, en Tunisie nous aurions peur de subir le même sort que les iraniens.
Et en revoyant le film aujourd'hui, cette crainte est encore plus présente. La première demi-heure, on a l'impression d'être en Tunisie. Les dialogues sont exactement les dialogues que nous entendons de nos jours en Tunisie: "à partir de maintenant tout ira pour le mieux", "plus rien ne pourra arrêter le peuple nous aurons une société faite de justice et de liberté", "nous aurons des élections pour bientôt", "Il faut faire confiance aux gens qui après toutes ces années de dictature feront tout pour conserver leur liberté", "De toute façon ça ne pourra jamais être pire que sous le Shah"...
Même le fhimtkom est là. Le Shah est passé à la TV, juste avant de partir, il a fait un discours, et il a dit "je vous ai compris".
L'horreur. L'Histoire pourrait se répéter...
Persepolis
Réalisé par Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud Avec Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Danielle Darrieux Durée : 01h35min - Année de production : 2007 Ce film a obtenu 11 prix et 23 nominations
Synopsis : Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah. Avec l'instauration de la République islamique débute le temps des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire. Bientôt, la guerre contre l'Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère. Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l'envoyer en Autriche pour la protéger. A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence.
Le Parisien Renaud Baronian (...) un film capable de nous faire rêver, voyager, pleurer et hurler de rire dans la même séquence. Exaltant.
Paris Match Alain Spira Persepolis mêle le rire aux larmes, sans faire l'impasse sur les ravages de la dictature islamiste avec son lot d'intolérances et d'arrestations. Drôle et poignante, éducative et captivante (...)
Le Nouvel Observateur Pascal Mérigeau On sourit et on rit, on s'émeut gentiment souvent, on a un peu peur parfois mais pas trop, juste ce qu'il faut, on bat des mains comme à Guignol, et c'est très bien.
Libération Eric Loret C'est l'autobiographie tragicomique de Marji, jeune Iranienne, sur l'enfance de laquelle tombe le régime des barbus avec ses brimades pour elle et ses horreurs pour les autres (tortures, exécution d'un oncle, mort d'un ami fuyant la police des moeurs, etc.)
Hechmi Dhaoui est médecin psychiatre-psychanalyste. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres, dont:
L'amour en islam Sur la base de recherches menées sur les différentes formes de la mémoire, ce travail expose une psychanalyse de l'amoureux, en se posant les questions suivantes : est-ce que l'amoureux choisit de l'être ? Est-ce qu'il choisit l'objet de son amour ? En faisant une comparaison entre l'amour profane et sacré, l'auteur tente d'expliquer la psychologie individuelle et collective de l'intégrisme.
Pour une psychanalyse maghrebine la personnalité A partir de l'histoire pluri-culturelle du Maghreb, qui a été Africain d'abord, puis Méditerranéen et Européen, avant que l'on essaye de le présenter exclusivement comme Arabe ; l'auteur s'est donné comme objectif de relativiser plusieurs fausses affirmations concernant l'Afrique du Nord. Cet ouvrage essaie d'étudier le rôle social de l'individu particulièrement et de la communauté en général, à partir des rites et des émergences spécifiques et archétypiques de la mémoire épisodique et collective.
Musulmans contre Islam? Rouvrir les portes de l'Ijtihad(Je l'ai lu, et j'en parle dans mon blog) Par Hechmi Dhaoui - Gérard Haddad Deux psychanalystes, Gérard Haddad, juif tunisien vivant en France, et Hechmi Dhaoui, musulman vivant en Tunisie, s'interrogent sur la situation du monde arabo-musulman dans ses rapports avec l'Occident. C'est l'occasion pour eux de pourfendre quelques lieux communs et de mettre au jour certains paradoxes douloureux.
Vendredi dernier, j'étais à un séminaire à l’hôtel International. Vers 13h, 13h30, nous, les participants à ce séminaire avons entendu une clameur venant de la rue. Nous sommes allés rapidement aux fenêtres. Il y avait une manifestation de barbus à l'avenue Habib Bourguiba. Quelques hommes sont descendus pour voir cela de plus près. Ils sont remontés et nous ont dit qu'en effet, des barbus manifestaient contre le professeur, qui d'après eux, aurait insulté le prophète. Je dis "aurait", parce que bien-sûr, rien n'est prouvé.
J’ai lu plusieurs articles à ce sujet.
Le premier disait que le professeur avait parlé des versets 11 à 26 de la sourate XXIV qui sont consacrés à innocenter Aïcha d'une accusation d'adultère. J’ai même lu un article qui disait que ces versets sont étudiés depuis des années dans nos écoles sans avoir jamais causé aucun problème particulier. Il s'agit d'un fait historique, attesté d'ailleurs par ces versets.
Ensuite, j'ai lu deux articles, pratiquement identiques (l’un a copié l’autre ?), mais dans deux magazines différents, accusant le professeur d'avoir dit que le prophète était pédophile et que s'il avait vécu à notre époque, il aurait été poursuivi en justice.
J'ai aussi lu un article innocentant le dit professeur, et racontant que les camarades des deux petites filles accusatrices, avaient témoigné en faveur du professeur.
Bref, désinformation totale. Des médias qui ne savent pas faire leur travail. Infos et intox sont devenues notre pain quotidien.
Personnellement, je vois très mal un professeur portant de telles accusations contre notre prophète, cela serait un grave manquement à son rôle d’éducateur. Un professeur doit enseigner une vérité historique et non pas porter des jugements personnels et manquer de respect aux religions.
Je pense plutôt que la première hypothèse est la plus plausible. Le professeur aurait parlé de cet incident de l'accusation d'adultère, et de l'issue de cette histoire. Et je pense que les deux élèves qui ont porté leurs accusations auraient mal interprété ses propos. De toute façon, une enquête objective devrait nous éclairer à ce sujet. Du moins, je l'espère.
Vers 15h, nous étions toujours en séminaire, et nous avions entendu des tirs. Ensuite, nous avons sentis les lacrymogènes.
Plus tard, je suis moi-même descendue dans l'avenue. Il y avait énormément de policiers. J'ai posé des questions aux gens. On m'a raconté que des barbus s'étaient attaqués aux femmes non voilées et à celles qui étaient attablées aux cafés. Il parait qu'ils étaient très agressifs. Certains auraient utilisé des bâtons. On m’a dit qu'il y a eu un moment de panique dans l'avenue, que des femmes pleuraient, que des gens fuyaient... On m'a raconté que lorsque la police a été obligée d'intervenir et a dispersé la manif, les gens applaudissaient.
Des tunisiens applaudissant la police ! C'est un spectacle inhabituel, mais significatif quand même. Les gens ont en marre de ces barbus qui squattent l'avenue Habib Bourguiba et y sèment la terreur.
J’ai fait quelques pas dans l'avenue. J'ai parlé avec des gens, et ensuite, j'ai trouvé un groupe de policiers, en uniforme et en civil. Je suis aussi allée leur parler. Ils m'ont raconté la même version que les badauds. Ils étaient eux-aussi très heureux d'avoir été applaudis. Ils m'ont fait des reproches en disant que nous, les autres (entendez par là, les non-barbus) avions tort de ne pas agir et de laisser ces gens accaparer la rue et les médias.
Que pouvais-je répondre?
Nous ne laissons pas faire, mais nous agissons différemment. Et c'est vrai, nous agissons différemment. Nous essayons de nous grouper, de former des associations.... Est-ce la bonne solution? Je ne sais pas vraiment. Je l'espère. Mais occuper la rue est-elle aussi une bonne solution?
La solution est les urnes. Allons tous voter en masse le 24 juillet.
Le problème qui se pose: est-ce que les tunisiens sont tous conscients des enjeux de cette constituante?
Ce n'est pas sur.
Avant-hier, toujours dans l'avenue (certains m'ont prise pour une journaliste en me voyant parler aux uns et aux autres), des gens m'ont affirmé qu'ils n'iront pas voter. Lorsque j'en ai demandé la raison, ils ont répondu qu'ils ne sauraient pas pour qui voter. Ils ne veulent pas de la Nahdha, mais ne connaissent pratiquement pas les autres partis.
C'est grave.
Certains m’ont dit qu’ils ne savaient pas en qui avoir confiance. Ils ne savent pas, et me paraissent avoir jeté l’éponge. Ce que j'ai trouvé émouvant, c’est que ces gens me demandaient mon avis. Ils me demandaient conseil. On voit vraiment le désarroi. Ils veulent savoir, mais ne savent pas comment ou quoi faire. Je n’avais pas voulu les influencer. D’autant plus que je n’ai moi-même pas fait mon choix.
Après insistance, j’ai fini par leur conseiller de voter en leur âme et conscience, mais de voter utile, c’est-à-dire de voter pour des partis qui pourraient gagner, pas pour de partis minuscules, ce qui ne servirait à rien.
Ce qui me rassure, c’est qu’il est fort probable que les petits partis finiront par s’unir, d’une façon ou d’une autre. Et nous y travaillons.
Je l’avoue, j’ai adoré me promener dans l’avenue et parler ainsi avec les gens, mais je n’étais pas très rassurée.
J’adore ce contact avec les gens. J’adore les écouter. J’adore avoir d’autres points de vues, de personnes qui n’ont malheureusement pas souvent l’occasion de s’exprimer.
Ma plus belle expérience, je crois, a été une grande discussion improvisée devant le Théâtre municipal de Tunis le 20 mars 2011. J’en garde un excellent souvenir, et ces deux photos, qui, pour moi, représentent la Tunisie Plurielle:
Pour arriver à ma voiture, qui était garée un peu loin, je devais passer par une rue un peu sombre et j’avoue que j’ai eu un peu peur. Peut-être l’ambiance particulière de l’avenue. J’ai donc demandé à un policier qui était là à écouter mes bavardages avec les gens, s’il voulait bien m’accompagner jusqu’à ma voiture. Ce qu’il a fait.
Ce qui m’a permit de discuter avec lui pendant quelques minutes. Il paraissait désespéré et sincère. Il ne comprenait pourquoi les tunisiens ne les aiment pas, eux les policiers. Il demandait ce qu’il fallait faire pour que le peuple les aime. Il dénonçait ses supérieurs, leur incompétence, leur corruption.
J’ai essayé de lui expliquer que les abus de certains avaient conduit à cette situation. Qu’il est normal que les gens n’aiment pas ceux qui les répriment, ou les rackettent...
Il a essayé de me raconter leurs conditions de travail. Je crois qu’il pensait vraiment que j’étais journaliste, et il me suppliait presque de leur envoyer un journaliste intègre qui passerait une nuit avec eux dans un quartier chaud de la ville pour comprendre leurs conditions de travail.
Ah si seulement il était possible d’avoir une baguette magique qui permettrait de résoudre tous les problèmes de la Tunisie d’un coup !
Bon, je sais, faut pas rêver !!!!
Ensuite, j’avais été chez mes parents, mon père m’a aussi raconté qu’il avait entendu parler du grabuge qu’il y avait eu à l’Avenue Habib Bourguiba et les rues avoisinantes. Il m’a dit que des bars avaient été attaqués.
Samedi, j’avais été voir le film Persepolis à la maison de la culture Ibn Khaldoun. J’avais acheté un sandwich et j’en avais profité pour poser des questions aux gens qui faisaient la queue et au type à la caisse. On m’a raconté qu’en effet, vendredi, des barbus s’étaient attaqués à des bars et qu’ils avaient cassé des vitrines.
Rabbi yoster.
C’est vraiment dommage tout cela.
Où est donc passée la solidarité des tunisiens du 14 janvier ?
Monsieur Rached Ghannouchi, le jour de votre arrivée, à l'aéroport, des manifestants pacifistes venus dire qu'ils s'opposaient à votre politique se sont vu agressés et leurs pancartes déchirées par vos partisans, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, une marche pacifique pour la laïcité organisée a Tunis a été attaquée par des gens se réclamant de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, le bordel de Béja a été attaqué et fermé par des gens se réclamant de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, le bordel de Kairouan a été attaqué et fermé par des gens se réclamant de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, le bordel de Sousse a été attaqué et fermé par des gens se réclamant de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, le bordel de Tunis a été attaqué par des gens se réclamant de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, des bars, un cabaret et des restaurants de la rue de marseille de Tunis, ont été attaqués et leurs clients frappés par des gens au nom de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, des jeunes femmes ont été agressées dans les rues au nom de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, des artistes ont été agressés et empêchés de faire le travail, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, des gens ont convaincu un jeune homme, parce qu'il avait volé, de se faire couper la main au nom de la chariaa (il a heureusement été sauvé in-extrémis), vous n'avez toujours rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, des gens se sont servis de certaines mosquées pour propager des discours haineux et inciter à l'exclusion de certaines catégories de tunisiens, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, des gens ont perturbé et même fait annuler des meetings au nom de l'Islam, vous n'avez rien dit.
Monsieur rached Ghannouchi, un imam a insulté nos compatriotes juifs lors d'une prêche à la mosquée, vous n'avez rien dit.
Monsieur Rached Ghannouchi, êtes-vous au courant de tous ces agissements?
Monsieur, je ne vous parle aujourd'hui que des cas médiatisés, parce que je ne suis pas sure que vous soyez au courant de tout ce qu'il se passe en Tunisie. Mais monsieur, ces cas ne sont pas des cas isolés, d'autres ont lieu tous les jours au nom de l'Islam.
Monsieur, vous êtes rentrés de Londres en disant que vous acceptiez le jeu de la démocratie et que vous étiez contre toute violence.
Monsieur, vous êtes rentrés de Londres en disant que vous étiez pour les libertés des tunisiens.
Monsieur, vous êtes rentrés de Londres en disant que vous étiez pour une Tunisie démocratique, Etat de droit, avec une égalité de tous les citoyens.
Monsieur, je me suis demandée pourquoi vous ne vous étiez jamais exprimé à ces sujets. Je me demandais si votre silence signifait que vous étiez d'accord avec tous ces agissements. Je me demandais si vous aviez des raisons de ne pas vous exprimer. Je me demandais pourquoi, vous qui dites êtes contre la violence, n'aviez jamais condamné ces agissements. Je me demandais comment vous laissiez ces gens agir au nom de l'Islam, dénaturer par la notre belle religion et lui donner une mauvaise image, sans réagir. Je me demandais si vous étiez d'accord avec ces agissements et si votre silence signifait approbation. Je me demandais... et je ne trouvais pas de réponse convaincante.
Monsieur, pourquoi n'aviez-vous rien dit?
Même si votre parti n'était pas impliqué dans ces agissement, et il ne l'est peut-être pas, pourquoi n'aviez-vous pas condamné ces agissements, vous qui prétendez défendre l'Islam et aimer la Tunisie?
Pourquoi?
Monsieur, vous êtes enfin sorti de votre silence, vous avez maquillé des faits et vous avez condamné.
Mais qu'avez-vous donc condamné?
Monsieur, vous avez parlé pour condamner la police d'avoir attaqué les gens qui avaient prié vendredi dernier devant le théatre municipal à l'avenue Habib Bourguiba.
Monsieur, d'abord je voudrais vous informer que ces gens-là n'ont pas été attaqué par la police. Ils ont commencé à se grouper dès 10 heures du matin, ils ont entendu une prêche (raciste d'ailleurs), et ils ont fait leur prière sans être inquiétés.
Ce n'est que par la suite, vers 17h, que la police est intervenue, lorsque des gens ont voulu aller à la Casbah.
Mais les gens qui priaient n'ont pas été délogés de l'avenue, ils ont prié calmement.
Mais même en supposant que la police les ait délogés, je voudrais vous demander: ces gens avaient-ils une autorisation pour manifester de la sorte devant le théatre municipal?
Je ne le pense pas.
Cet endroit est-il fait pour la prière du vendredi?
Je ne le pense pas non plus.
Ces gens ont-ils perturbé la vie de leurs concitoyens et dérangé l'ordre public?
Peut-être bien que oui.
La police n'est même pas intervenue, et pourtant vous la condamnez.
Soit, peut-être avez-vous raison. Peu importe. Mais ce que je voudrais savoir est la raison qui vous a fait sortir de votre silence.
Dites, deux poids et deux mesures?
Quel est donc le sens de la démocratie pour vous?
Certains peuvent être agressés sans que cela vous dérange, et d'autres pas?
Certains ont le droit de manifester pacifiquement et d'autres pas?
Certains ont le droit d'agresser, et d'autres pas?
Dites, comment vous croire?
Que faut il croire?
Est-ce que vous êtes pour ou contre la violence?
Est-ce cela la démocratie pour vous?
Êtes-vous d'accord avec tous ces agissements?
Êtes-vous d'accord que des bordels soient attaqués et fermés?
Êtes-vous d'accord que des clients d'un restaurant soient attaqués et frappés parce qu'ils boivent de l'alcool?
Êtes-vous d'accord que des femmes soient attaquées et frappées parce qu'elles osent revendiquer leurs droits?
Êtes-vous d'accord que vos concitoyens soient insultés, attaqués et frappés parce qu'ils défendent leurs idées?
Êtes-vous d'accord pour que les mosquées, lieux de culte et de recueillement, soient utilisées à des fins politiques et même pour inciter à la haine?
Vous n'avez rien dit à propos de tout cela.
Cela veut-il dire que vous êtes d'accord avec tous ces agissements?
Il y a quelques années, une société saoudienne avait ouvert un bureau de représentation en Tunisie pour commercialiser ses produits. Cette société avait organisé un cocktail et un grand dîner dans un des hôtels de la banlieue Nord pour promouvoir sa marque. Des professionnels tunisiens avaient été invités, hommes et femmes bien-sûr. Lors du cocktail, nous étions donc mélangés, hommes et femmes, nous parlions ensembles...
Ensuite, nous avions été invités à entrer dans la salle du restaurant, et quelle ne fut notre surprise de constater qu'il y avait, d'un coté des tables pour les hommes, et de l'autre, des tables pour les femmes. Le grand choc pour tous, y compris pour les hommes. D'autant plus que la grande majorité des présents avaient été invités avec leurs conjoints!
Grand remous, refus des couples de se séparer. Certains avaient même menacé de quitter le diner en argant du fait que nous étions en Tunisie et que c'étaient aux "étrangers", donc aux saoudiens de se conformer à nos habitudes et non l'inverse, même si les saoudiens étaient les organisateurs du diner. Ces saoudiens se devaient de respecter les habitudes d'un pays dans lequel ils se trouvaient.
Ils avaient aussi ajouté que si ces saoudiens ne voulaient pas de femmes lors de leur dîner, ils n'avaient qu'à inviter les hommes seuls sans leurs épouses. Cela se faisait parfois lors de dîners professionnels où les conjoints n'étaient pas invités.
Un compromis avait été enfin trouvé: la table du PDG saoudien et de son fils ne comprendrait que des hommes, mais tous les autres invités avaient le droit de s’asseoir à leur guise.
J'avais à l'époque trouvé cela scandaleux. Comment est-ce que ces gens pouvaient venir chez nous et nous imposer leurs traditions?!
Pourquoi n'avaient-ils pas respecté nos propres traditions?
Le plus drôle, c'est que lors du diner, entièrement organisé par les saoudiens, nous avons eu droit au spectacle d'une danseuse orientale pas très habillée!
Ce n'est pas un peu contradictoire cela?
Bref, nous étions tous choqués à l'époque. Pourtant aujourd'hui, nous tunisiens, sommes entrain de "copier" ces habitudes sexistes. Nous les importons de ces pays qui ne reconnaissent ni les droits de l'Homme, ni la différence, ni la tolérance et encore moins l'égalité des sexes. Et tout cela sous couvert de quoi?
Sous couvert de la religion.
Je pense (et ce n'est qu'un avis personnel) que leur lecture de la religion est fausse.
Il ne faut pas oublier que l'islam a été progressiste et qu'il a amélioré la condition de la femme à son époque. N'a-t-il pas, par exemple, interdit l'enterrement des petites filles vivantes? N'at-il pas limité le nombre d'épouses par rapport à l'époque de la jahilya où les hommes pouvaient épouser un nombre illimité de femmes? N'avait-il pas permit à la femme d'avoir ses propres biens et de les gérer?
Dans l'histoire de l'islam, n'y a-t-il pas eu des femmes célèbres et libres? SI. Il y en a eu. Fatima Mernissi nous en parle d'ailleurs dans son livre "Sultanes oubliées". La première de ces femmes était bien-sûr, Khadija, le femme du prophète. N'était-elle pas une grande commerçante?
Alors pourquoi est-ce que de nos jours, au XXIème siècles, des hommes choisissent-ils de mépriser les femmes?
Je ne comprend pas.
Pourquoi parler de ce sujet aujourd'hui?
C'est en voyant la photo ci-dessous que je me suis remémorée ce dîner avec les saoudiens.
Pourtant, les hommes et femmes, lorsqu'ils font le hadj (pèlerinage), prient ensemble dans la Grande Mosquée, non? J'ai par ailleurs vu des hommes et des femmes prier ensemble dans une mosquée d'Istanbul (une mosquée non touristique, que j'avais trouvée par hasard cet été).
Alors pourquoi certains veulent-ils séparer les hommes et les femmes?
Lors de ce meeting de la Nahda, ces hommes et ces femmes ne sont-ils pas des frères et des soeurs, des maris et des épouses, des pères et des filles? Pourquoi ne sont-ils pas ensembles? Pourquoi ne sont-ils pas coté à cote, à l'instar de ce couple qui fait sa prière ensemble?
Est puni d'un an d'emprisonnement, quiconque par paroles, écrits, gestes ou tous autres moyens, porte atteinte publiquement, au drapeau tunisien ou à un drapeau étranger.
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