Je viens de terminer le livre "Rosshalde" de Hermann Hesse. Cela fait un peu plus de deux ans que j'ai acheté ce livre, et je n'ai commencé à le lire que depuis deux jours.
Ce qui m'avait poussée à acheter ce livre, c'est juste cette phrase "Dans ce roman exemplaire, Hermann Hesse brosse le tableau terrible de l'incommunicabilité entre les êtres".
Incommunicabilité. Mot terrible, parce que mal terrible.
Que de malentendus, que de problèmes, que de souffrances, que de déchirements, que d'occasions ratées... sont le résultat de cette incommunicabilité.
Des familles déchirées, des amitiées perdues... parce que nous, humains, ne savons pas parfois communiquer, expliquer, parler, comprendre, consacrer du temps, le temps nécessaire... à nos proches, à nos amis, à nos familles.
De premier abord, j'ai voulu critiquer l'auteur. Je lui en voulais un peu de ne pas avoir expliqué pourquoi l'incommunicabilité s'était installée entre le couple et entre le père et ses fils, je trouvais qu'il parlait plus des conséquences que des raisons, et puis finalement, il a eu raison. Peu importent les raisons. L'essentiel est que nous laissons parfois cette incommunicabilité s'installer, sans y attacher d'importance, pour plusieurs raisons, parfois même par simple paresse, et ensuite, on se laisse entrainer. On subit. Les années passent, les fossés se creusent. Et on reste là, sans réagir... jusqu'à ce que cela soit trop tard. On ne peut plus rien sauver. La vie, ou même la mort, nous empêchent de réagir, de corriger, de se ressaisir... et un beau jour, on se retrouve tout seul, ayant tout perdu!
Bien que ma nature ou mon tempérament n'apprécient pas les histoires qui finissent mal, j'ai beaucoup apprécié ce passage du livre: "La conviction qui dominait désormais sa vie s'exprimait à peu près ainsi: tu peux t'enfuir quand tu en auras envie, la porte est grande ouverte, tes chaînes ne sont pas difficiles à rompre. Mais tu n'auras ta liberté qu'au prix d'une résolution terrible et d'un sacrifice très lourd. Donc mieux vaut ne pas y penser, non, non, surtout ne pas y penser".
C'est un peu contradictoire. D'un coté, il pense à sa liberté et comprend que c'est l'unique facon de sortir du cercle vicieux dans lequel il vit, et d'un autre coté, il préfère ne pas y penser, le prix étant trop fort à payer.
Difficile en fait de prendre certaines décisions parfois. On se trouve enlisé jusqu'au cou dans des situations invivables, mais comme il est difficile de s'en sortir, à moins de payer le prix fort, comme de perdre son fils dans ce livre, on reste, et on s'enlise encore plus.
J’ai toujours été passionnée de lecture. Enfin… toujours, cela veut dire depuis que j’étais en 4ème année primaire. J’étais dans une école privée, et la plupart de mes camarades étaient issus de couples mixtes franco-tunisiens. Ils parlaient très bien français alors que je ne faisais que le baragouiner…
Mon enseignante de français m’avait recommandé de lire pour pouvoir améliorer mon niveau et rattraper mes camarades.
Et voilà qu’une passion est née…
Gamine, tout mon argent de poche passait dans les livres. Des livres, encore et encore…
Il y a eu une petite parenthèse à l’adolescence, où mon argent de poche était partagé entre les livres et les disques, à part cette période là, livres, toujours livres….
J’avais tellement exagéré que mon père ne voulait plus me donner d’argent pour acheter des livres. Il fallait presque que je lise en cachette.
Au lycée, j’étais toujours la responsable de la bibliothèque de ma classe. Cela me permettait de choisir en priorité les livres que je voulais lire, et de garder et donc lire, tous les livres qui n’étaient pas empruntés par mes camarades.
En plus, je lisais très rapidement (pas comme maintenant!!).
Il y a quelques années, il n’y avait pas autant de livres en vente à Tunis, il n’y avait pas encore un grand choix, et surtout presque pas de nouveautés. Alors, j’avais pris l’habitude de gérer la carence. Dès que je trouvais des livres intéressants, je les achetais. Pareil lorsque je partais en voyage en France, je rentrais avec mes bagages pleins de livres. Je me constituais mon stock de livres, puisque je ne savais pas quand je pourrais en avoir d’autres. Et souvent, je les lisais tous, et restait quelques temps sans lecture. J’en devenais folle. Parfois je me rabattais sur les Harlequins que l’on trouvait partout…, d’autres fois, je dévorais les magazines en attendant la reconstitution du stock.
Depuis 4 à 5 ans, nous trouvons d’excellents livres à Tunis. Des librairies de qualité ont ouvert leurs portes. Elles sont bien achalandées. Les livres sont récents…
Mais je n’ai pas encore appris à gérer l’abondance!!! J’achète, j’achète… mais le rythme de lecture ne suit pas. J’ai un retard monstre pour écouler mon stock!!!
En plus, ce blog me prend du temps, mais que faire, je suis addicted!!!
Et depuis un peu plus d’un mois, un autre fléau me prend aussi beaucoup de temps: Facebook. C’est une vraie calamité!
Mais j’achète quand même toujours des livres.
En plus, pour couronner le tout, je me suis mariée à un (presque) fou comme moi. D’ailleurs, lorsque nous sommes à Paris, en principe, nous passons tout le dimanche après-midi dans le rayon librairie de Virgin, sur les champs Elysées, et ce n’est que très difficilement que nous essayons de résister aux achats «compulsifs» de livres. D’ailleurs, je résiste un peu mieux que lui…
Chaque semaine, lorsque je vais faire mes courses chez Carrefour, je m’oblige à ne pas passer du coté du rayon librairie. Et vous pouvez me croire, ce n’est pas facile. Je tourne la tête du côté opposé exprès pour ne pas être tentée.
Dimanche dernier, je suis allée en librairie pour acheter un cadeau d’anniversaire pour Jacob. Résultat des courses, 2 livres pour Jacob, et 3 pour moi!!!!
Je crois que lorsque je suis dans une librairie, je suis pire qu’une femme «normale» dans une bijouterie. Ce qui est certain, c’est que je prend beaucoup plus de plaisir à être dans une librairie qu’à être dans une bijouterie (mon mari a beaucoup de chance, n’est-ce pas?).
Ces derniers temps, je me suis retrouvée à répertorier sur Facebook des livres que j’ai lu. Or, j’ai déjà répertorié 282 livres. A un moment, je ne comprenais pas pourquoi je le faisais. Après tout, qui allait consulter toute cette liste? Mais je n’arrivais pas à m’arrêter.
Et tout d’un coup, j’ai compris. Je prenais plaisir à faire cette liste.
En effet, j’allais chercher mes anciens livres pour les répertorier et à chaque fois, c’est une occasion pour les toucher, les feuilleter, lire quelques passages, me rappeler l’intrigue, me rappeler les circonstances dans lesquelles j’avais lu ces livres… Et ce sont des moments de pur bonheur.
Pour certains, c’est peut-être ridicule, mais pour moi, c’était vraiment du pur bonheur, un peu comme lorsque l’on regarde des anciennes photos sur un vieil album de famille.
Si parmi vous, il y a des fous comme moi, je voudrais vous conseiller une bouquiniste que j’aime beaucoup, il s’agit de «LIVRIS» au Colisée Soula. On y trouve un nombre impressionnant de livres. Des anciens, des neufs, des classiques, des contemporains… en français, en arabe, en anglais… pour grands et pour petits. Elle rachète vos livres, jeux, magazines…
J’y vais de temps en temps. Cela me permet d’échanger certains livres. En fait, je ne me débarrasse que de ceux que j’aime le moins, les autres, je ne peux pas. Heureusement que tous les lecteurs ne font pas comme moi, ce qui me permet à chaque fois de trouver mon bonheur…
(…) Les paroles que nous citons ont été prononcées par l’ensemble des prédicateurs, quel que soit le rite auquel ils appartiennent. En voici la teneur:
«Peuple d’Égypte, voici ce que nous dit le Prophète - sur lui le Salut et la Bénédiction: Le sage n’aura pas honte d’avouer son ignorance si on l’interroge sur ce qu’il ne connaît point. Et c’est cela même que nous disons à ceux qui ont déclaré licite l’usage des lanternes qu’ils ont fait placer devant les maisons et les boutiques. Pour légitimer une telle hérésie, on a invoqué la «connaissance des usages du passé et de l’histoire». Tant que nous y sommes, pourquoi ne pas aller jusqu’à prétendre connaître l’avenir?… Nous le disons net. Ces gens-là ne sont pour nous que des mécréants. Ils ont beau nous déclarer qu’il y a des précédents, que, chez plusieurs peuples, dans de nombreuses nations, les autorités ont doté leurs villes de lanternes pour éclairer les rues… Mais - avec tout cela - ont-ils fait état d’un exemple précis? Notre Prophète avait-il besoin de lanterne pour éclairer ses pas lors des deux voyages qui le menèrent, l’un l’été, l’autre l’hiver, en Syrie et au Yémen? A-t-il eu besoin, pour éclairer son chemin, de lanternes fabriquées de main d’homme? Nous le disons tout haut, sans détour, et nous sommes prêts à risquer nos têtes; nous le disons à tous ces ignorants qui ont bien du mal à cacher leur ignorance, nous le leur disons sans crainte - car nous n’avons rien à craindre - habitants de notre pays Égypte, sachez que cette coutume hérétique est sans précédent. Jamais l’usage des lanternes n’a existé. Votre Prophète vous a ordonné de détourner les yeux des parties du corps humain dont la vue offensait la pudeur. Or, les lanternes découvrent ces parties et si le Créateur a instauré la nuit et le jour, la nuit sombre et obscure, le jour resplendissant, c’est qu’il a conçu la nuit comme un voile et un manteau impénétrable. Allons-nous arracher ce voile, allons-nous dévoiler ce que Dieu nous a ordonné de tenir caché? Allons-nous pousser notre insolence sacrilège jusqu’à abolir l’obscurité naturelle de la nuit, et la chasser pour toujours de notre ville? Ce serait là le comble de l’impiété et nous ne saurions le permettre. Ce serait là enfreindre les limites fixées par Dieu aux prérogatives de Sa créature, et nous ne saurions y souscrire. N’était la pureté d’intention du Zayni que personne ne contestera, nous dirions que ces mesures répondent à des desseins inavouables. Mais nous reconnaissons que depuis qu’il a pris la responsabilité de la Censure, nous n’avons eu qu’à nous louer des initiatives qu’il a prises, et cette affaire des lanternes n’entamera pas la confiance que nous avons placé en lui, ne nous inspirera pas le moindre soupçon à son égard.
Habitants de notre ville, adressez-vous au Zayni lui-même, allez le trouver chez lui, individuellement ou en groupe, et demandez-lui qu’on nous débarrasse de ces lanternes qui violent ce qui doit rester secret, qui encouragent nos femmes à sortir après la prière du soir. Allez donc le voir; sachez vous montrer humbles, mais fermes; sachez supplier, mais sachez exiger. Puisse-t-il ne pas vous circonvenir par des paroles habiles et séduisantes. Ne vous laissez pas détourner de votre dessein. Ces lanternes sont un signe de la fin du monde qui n’obéit plus au dessein de son Créateur - que son nom soit exalté! Exigez les pires châtiments contre celui qui a osé inspirer au Zayni une idée si funeste, demandez qu’il soit brûlé à petit feu, lapidé, scié en deux! Ces gens-là sont des ignorants, qui prétendent savoir… Maudit soit le jour qui a vu l’apparition de ces funestes lanternes! Grand Dieu, épargne-nous ce malheur, délivre-nous des maudites lanternes, puisses-tu raccourcir nos vies, pour que nous ne connaissions point ces jours maudits…»
(C’est alors que, dans les mosquées, les fidèles ont éclaté en pleurs, et que certains s’exclamèrent: «Ô Dieu, puisses-tu détruire les maudites lanternes!… Ô Dieu, fasse qu’elles soient mises en pièces et détruites).
Déclaration du Grand Cadi d’Égypte.Texte de la fetwa.
Nous affirmons que l’usage hérétique des lanternes privera le peuple d’Égypte de la protection toute particulière que Dieu, dans Son ineffable sollicitude, lui avait accordée.
Déclaration du cadi du rite hanéfite, qui soutient l’opinion inverse.
La lumière des lanternes chassera les démons, permettra aux étrangers d’y voir clair la nuit et de reconnaître leur chemin; elle empêchera les mamelouks à la solde des émirs ainsi que les bandits de se livrer aux agressions nocturnes dont-ils étaient coutumiers au détriment des pauvres innocents…
Déclaration du Grand Cadi Égypte
L’un de nos grands ulémas s’est rendu coupable d’infraction à la Loi; sa décision est contraire aux principes sacrés qui fondent notre Loi, de même qu’elle contredit la jurisprudence en ce qu’elle justifie l’usage des lanternes.
Aujourd’hui, des émirs de haut rang sont montés à la Citadelle pour être reçus par le sultan. Voici les propos tenus.
L’émir Khaïrbek
Majesté, la décision d’installer ces lanternes dans tous les quartiers de notre ville n’a eu pour autre effet que d’inciter les femmes du commun à sortir de chez elles après la prière du soir - quelle hardiesse! -, à se promener sur la voie publique ou à veiller devant les portes de leur maison ou dans les bazars. Voilà qui enfreint gravement les usages, voilà qui va à l’encontre de la modestie et de la pudeur auxquelles les personnes du sexe doivent être soumises.
L’émir Qoûsoûn
Dorénavant, les jeunes gens ne rentrent que fort tard dans leurs foyers. Voilà qu’ils restent des heures durant, sur la voie publique à réciter des poésies, à chanter; ils s’enhardissent même parfois à narguer nos mamelouks, leur jettent des pierres et leur adressent des paroles injurieuses.
(…)
L’émir Toushtamir
Le Zayni envoie ses hommes, au début de chaque nuit. Ils montent sur leurs échelles de bois, allument les lanternes et les tiennent en état, du moins c’est-ce qu’ils prétendent; en fait, Majesté, et vous tous, nobles émirs, ils ne font rien d’autre que d’épier les braves gens… et nous aussi, par la même occasion; c’est ainsi que l’intimité des foyers est violée par ces tristes individus.
Et tous de s’écrier: «voilà qui est juste! C’Est-ce que nous pensons tous!»
Déclaration du Grand Cadi Abd el-Barr ibn Shihna
Les propos tenus par le cadi hanéfite constituent un précédent extrêmement grave et tout à fait nouveau; il a osé nous contredire; nous considérons qu’il s’agit là d’un incident d’une extrême gravité.
El-Azhar, portique des étudiants de Haute Égypte
Certains étudiants ont approuvé la décision du Grand Cadi. Ils ont fait valoir qu’un homme de son importance ne pouvait pas condescendre à s’occuper de cette question de lanternes que si l’affaire était de taille, contrairement à ce qu’il apparaissait à d’autres.
(…)
Un étudiant nubien posa la question de savoir si un Grand Cadi pouvait jamais se tromper. Mansour, s’adressant à Saïd, lui dit qu’il n’était pas d’accord avec lui:
- Qu’avait-on besoin d’adopter des usages si extravagants et si peu conformes à la tradition, n’y avait-il pas d’autres affaires plus importantes? Le Zayni ferait mieux de s’en occuper. Et puis franchement Saïd, cette innovation ne me dit rien qui vaille.
(…)
Une phrase qu’on entendit plus d’une fois dans les rues et les mosquées: «Maudites soient ces funestes lanternes. Puisse Dieu nous en débarrasser! Maudites soient ces funestes lanternes!».
J’ai commencé depuis quelques jours la lecture de «Zayni Barakat» de Gamal Ghitany.
J’ai envie de vous copier un passage qui m’a fait sourire.
Je vous mets tout d’abord dans l’ambiance pour que vous compreniez de quoi il s’agit.
L’histoire se passe au Caire, pendant le mois de Shawâl de l’an 912 de l’hégire.
Le Sultan vient de nommer un homme totalement inconnu au poste de «Grand Censeur». D’après ce que j’ai compris, cela équivaudrait un peu au poste de Premier Ministre. Ce Zayni va prendre plusieurs mesures qui le rendront très populaire. Ces mesures sont dans l’ensemble justes et équitables.
Un jour, il prendre une mesure qui va «diviser» l’opinion.
«A partir de ce jour, et à l’avenir, des lampes à huile d’une taille conforme aux directives devront être suspendues aux murs pour éclairer les rues de la ville.
(…) Ces lampes devront être suspendues, devant la porte de chaque quartier, devant chaque maison, chaque palais, ainsi que devant les caravansérails.
(…) Ainsi notre bonne ville du Caire pourra dormir en paix.
(…) Bonnes gens de la ville du Caire,
Sachez que la pose de ces lanternes ne vous coûtera pas un dirham. (…)»
Ces lanternes furent installées, et le système mis en place a bien fonctionné.
Un rapport adressé au préfet des Espions de la ville du Caire au sujet des rumeurs recueillies parmi le peuple le jour même de la proclamation de l’avis, dit:
«(…) J’ai été témoin de rassemblements importants: tout le quartier de Bâtiniyeh - hommes et femmes - était dans la rue. Ce n’étaient que you-yous et hurlements, mains brandies et agitées frénétiquement, bouches grandes ouvertes criant à tue-tête. Je dois dire que les rumeurs dont j’ai pu être témoin sont extrêmement diverses.
Premier point: Après la diffusion … avis publiés…, la foule n’en finissait pas d’appeler la bénédiction de Dieu sur celui-ci; les commentaires les plus élogieux étaient sur toutes les lèvres; les femmes, surtout, étaient enthousiastes. En pleine effervescence, «Longue vie au Zayni!», «Longue vie au Zayni!» les entendait-on scander; elles se plaisaient à répéter que le Zayni connaissait bien les peines que les gens subissaient dans leur âme et dans leur corps…..
(…) «Le Zayni est à l’affût de la moindre injustice; affirmait cet homme, et, en vérité, c’est Dieu lui-même qui l’a envoyé parmi nous pour venir en aide aux miséreux»….
Deuxième point: … J’ai entendu là un autre son de cloche, puisque le sieur Foutouh el-Iskandarani exprimait ses doutes et même sa suspicion à l’endroit des avis publics émanant du Zayni… selon lui, cette situation ne pouvait durer éternellement, que le sultan n’écouterait pas toujours avec la même complaisance ce qu’on lui disait, à moins qu’il n’ait intérêt à cela. L’individu en question a tout fait pour essayer de convaincre l’assistance, avec force gestes et explications….Dans un autre café, j’ai entendu un certain Abou Ghazala… faire la remarque suivante: «voilà maintenant que ceux qui nous gouvernent voudraient faire preuve de justice… Elle est bien bonne!».
Troisième point: (…) si le Zayni prétend introduire cette nouvelle pratique, ce ne serait qu’un prétexte pour faire parler de lui… Sur cette affaire des lanternes, les commentaires vont bon train. Certains font valoir que c’est là une mesure qui permettra d’empêcher les mamelouks et les bandits de se livrer aux incursions nocturnes dont ils sont coutumiers; à cela il a été répondu que la lumière à elle seule n’empêcherait pas les rôdeurs, les mamelouks ou les bandits d’attaquer; si ces derniers étaient déterminés à le faire; ils n’auraient alors qu’à détruire les lanternes….
Quatrième point: (…) d’après un étudiant d’el-Azhar… la multiplicité des avis se succédant sans trêve n’aurait pour autre but que de détourner l’attention du peuple de l’essentiel…
Cinquième point: Du haut de leurs chaires, les prédicateurs ont parlé de l’affaire des lanternes et ce, en des termes très critiques. Quant aux chansonniers, dans les cafés, ils ont tourné l’innovation en ridicule; voici l’une des pièces composées sur ce thème:
Grâce à Sara, j’ai enfin pu «rattraper» le livre «3imarat Yacoubian» derrière lequel j’ai couru pendant plusieurs mois. Je l’ai lu en quatre jours. Je ne voulais plus le lâcher. Ce livre représentait une sorte de défi pour moi. Depuis mon bac (en 1982), je n’ai pas lu un seul livre en arabe. J’avais donc des appréhensions. Je les ai surmontées, et j’en suis très contente.
L’auteur a un style très simple, et donc très facile à lire.
J’ai trouvé que le film, à deux ou trois détails près (d’après mes souvenirs, qui remontent quand même à un an), reproduit très fidèlement le livre. Certains dialogues me semblent même avoir été repris à l’identique.
J’ai adoré ce livre, comme j’avais adoré le film.
Si je pouvais, j’en ferais presque une étude détaillée ici, tellement il y a à dire sur ce livre.
J’en reproduirais peut-être quelques passages, ici, sur mon blog.
En plus de la note très détaillée que j’avais écrite sur le film, et qui reste d’ailleurs valable pour le livre, j’aimerais ajouter juste certaines remarques.
L’autre jour, sur un des blogs, j’avais lu certains commentaires disant qu’une femme ne pouvait pas simuler le plaisir avec son mari. Un passage de ce livre montre parfaitement que c’est possible. Soad déteste son mari, mais elle lui fait croire qu’il est un vrai étalon. Elle répugne à le toucher, elle déteste son contact… pourtant, elle joue la comédie de l’amour et il y croit. Elle simule, elle fait croire à l’extase, alors qu’elle ne ressent que dégoût.
Je trouve que l’auteur a fait une excellente analyse des sentiments et des pensées de Soad lorsqu’elle a voulu garder son bébé. Ce que le film ne montre pas très bien. Soad voulait cet enfant parce que pour elle, il était le moyen de changer de statut (d’épouse précaire, elle devenait une mère), d’assurer son avenir et celui de son fils aîné… Malheureusement, cela est la réalité d’une très grande majorité des épouses musulmanes, qui risquent la répudiation à tous moments.
J’ai lu un commentaire sur ce livre qui reproche à l’auteur son indulgence envers les islamistes. Je ne suis pas d’accord. Je ne vois aucune indulgence de la part de Alaa Aswani. Au contraire, je trouve qu’il décrit très très bien les méthodes de recrutement et de persuasion des islamistes, et montre le danger qu’ils représentent. Je ne trouve pas son regard indulgent, je le trouve plutôt moqueur. Il montre très bien qu’il ne s’agit que d’apparences et de manipulations. Ils profitent de la détresse de certains pour les embobiner et les envoyer vers la mort.
Maintenant que le premier pas est accompli, au suivant….
Quelqu’un pourrait-il m’indiquer où je peux trouver «Chicago», neuf ou occasion, ou piraté… peu importe.
Je vais le demander en librairie, on me dit qu’il est déjà épuisé, mais qu’une nouvelle commande est en cours.
J’attends quelques jours, et j’y retourne. La nouvelle commande est déjà arrivée… et épuisée.
Tant pis. Je passe une commande. On me demande d’attendre 2 semaines. C’est pas trop long.
Entre temps, je vais à Paris. Je trouve le livre chez Virgin. Je le feuillette, je lis quelques passages… et je le remets en place. J’étais sûre qu’un exemplaire m’attendait à Tunis.
De retour à Tunis, pas de livre. Je fais quelques librairies. Rien. Ce livre est inexistant. Toutes les librairies l’ont eu, et toutes l’ont vendu. Quel succès!
Depuis que j’ai quitté le lycée, en 1982, je n’ai pas lu un seul livre en arabe. Mes lectures en arabe se limitent à quelques magazines dans les salles d’attentes, ou bien «الموعد» lorsque je vais chez mes parents (ma mère est fan!!!).
Bien-sûr, je ne compte pas les documents que je lis au bureau (contrats, avertissements, jugements…).
Or, plusieurs bloggueurs ont écrit que «Yacoubian bulding» est bien plus intéressant à lire en arabe qu‘en français. Mais j’étais réticente.
Et puis, le nombre de blogs en arabe est devenu de plus en plus important. Au début, je l’avoue, je les zappais (à part quelques rares exceptions), et puis, je m’y suis mise. Très difficilement, mais de plus en plus.
Lorsque je dis difficilement, ce n’est pas parce que je n’aimais pas la langue arabe mais tout simplement parce que je lis beaucoup plus lentement en arabe, et cela me prend plus de temps.
Je fais une petite recherche sur Internet. Je trouve un petit extrait que je lis d’un coup. Intéressant. Et puis, en arabe, cela a l’air plus authentique. Banco, c’est décidé, je lirais ce livre en arabe.
Oui, mais où le trouver?
Commence ma recherche dans les diverses librairies. Pas de "شيكاجو", ni de "عمارة يعقوبيان" non plus.
Aujourd’hui, je trouve un nouveau post à propos de ce livre. Cela m’encourage encore plus. Et me voile à faire toutes les librairies de La Marsa à la recherche de ce livre.
Nous ne l’avons pas encore reçu.
Nous l’avions, mais nous avons tout vendu.
C’est sûr, dans deux jours nous l’aurons.
Nous l’avons dans notre magasin de Tunis, si vous voulez, nous pouvons vous l’amener…..
Apparemment, je n’ai pas de chance avec cet auteur, ni avec les livres en langue arabe.
Pendant que j’étais dans une librairie, je me suis mise à feuilleter des livres de Naguib Mahfouz. Je pense les avoir presque tous lus… mais en français. Je me suis dis que cela ne serait pas une mauvaise idée d’en lire un en arabe.
Mais sincèrement, les éditions sont de si mauvaise qualité, aucun résumé en couverture, le papier est de mauvaise qualité… franchement, cela n’encourage en aucune façon la lecture.
Je n’ai finalement rien acheté. Mais de retour à la maison, je suis allée fouiner du coté de la chambre de mon fils, et j’ai trouvé أهل الكهف de Taoufik Al Hakim. Peut-être bien que j’essayerais de le lire!!!!
J’ai lu deux livres de cet auteur. L’été dernier, c’était «L’attentat», que j’avais lu d’une seule traite, et cet été, c’était au tour de «Les sirènes de Bagdad».
Je n’avais pas entendu parler de ce livre, il nous avait été offert.
Je l’ai lu. Et j’ai adoré.
Ce livre se situe sur le plan de l’individu. Le problème israélo-palestinien au plan de l’individu. Pas de politique.
Plusieurs problèmes sont posés:
- l’intégration
- le délit de faciès
- la vie
- Voir de l’extérieur (comme nous), et vivre de l’intérieur.
L’auteur ne prend pas parti. Il dénonce le comportement des uns et des autres.
Il s’agit d’un chirurgien Arabe, naturalisé Israélien. Il est bien intégré dans la société israélienne. Un jour, il découvre que sa femme est une kamikaze qui s’est faite exploser dans un restaurant.
Cet homme, bien vu par son entourage, bien respecté par ses voisins, collègues et amis, se retrouve du jour au lendemain sur le banc des accusés, il se trouve du coté des indésirables. Presque tous lui tournent le dos.
Tout de suite, cet homme qui recevait les honneurs est maltraité par les autorités israéliennes. Il n’est plus considéré en sa qualité d’israélien, il redevient un Arabe.
Il lui restera quand même deux amis juifs israéliens qui ne le rejetteront pas. Sur le plan individuel, l’amitié Israélo-palestinienne est possible.
Pourtant cet homme en menant une vie exemplaire et loin du tumulte se croyait à l’abri. Je pense que quelque part, cet homme, c’est nous. Nous sommes au loin, bien à l’abri chez nous, nous jetons un coup d’œil aux problèmes israélo-palestiniens, mais notre regard ne peut être objectif, car nous les voyons de l’extérieur. Nous les voyons de loin, et nous «oublions» que pour certains, ces problèmes sont la réalité, et non des reportages sur les journaux.
Nous vivons nos vies tranquillement, bien à l’abri, sans rien ressentir dans notre chair.
Cet homme se retrouve tout d’un coup de l’autre coté du miroir, de l’autre coté du mur, et il est obligé de faire face à une réalité qu’il voulait ignorer.
Par les termes péjoratifs qu’utilise l’auteur pour parler des «militants» palestiniens, on sent qu’il ne les approuve en aucun cas. Mais par ailleurs, il voudrait essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés au point de sacrifier leurs vies.
Il est certain que les kamikazes ne sont pas tous des fous. Les palestiniens veulent se venger des humiliations subies. Même si les attentats sont bien sûr inacceptables, que reste-t-il à ceux qui ont tout perdu à part la lutte armée?
L’auteur ne veut pas leur trouver d’excuses ou de justificatifs, mais il veut essayer de comprendre. Même s’ils ne trouve pas les réponses, il pose de bonnes questions.
Je l’ai lu en trois jours. Cette fois-ci, l’auteur nous parle de l’Irak.
Toujours coté humain. On vit avec un jeune homme, qui de simple bédouin, vivant tranquillement dans son village, se transforme en «terroriste» potentiel.
Petit à petit, on vit la transformation qu’il subit. On comprend cette transformation. On pourrait presque se demander si ces pauvres irakiens ont d’autres choix que la lutte armée.
Dans les sirènes de Bagdad, bien qu’ayant des mots très durs envers les soldats américains, bien qu’il soit complètement contre la politique américaine qu’il dénonce d’ailleurs sans indulgence, l’auteur essaye de montrer que l’homme occidental reste un humain avant tout. Et cet humain mérite respect pour cette condition d’humain. Dans cette guerre aussi, l’individu n’a rien à voir avec la politique.
L’auteur n’est pas non plus indulgent envers les «résistants» irakiens, il décrit aussi leurs dérapages et leurs bavures, même si pour lui, ils sont plus excusables que les américains.
Une discussion à la fin du livre, entre deux intellectuels arabes, l’un, le docteur Jalal, qui était pro-occidental et qui a changé de camps, et l’autre, Mohammed, écrivain, qui prône un humanisme certain, montre où se situe l’auteur.
« - Tu as le cul entre deux chaises, Mohammed. C’est une situation très inconfortable. Nous sommes en plein choc des civilisations. Il va te falloir choisir ton camps.
- Je suis mon propre camp.
- Prétentieux! On ne peut pas être son propre camp, on ne fait que s’isoler.
- N’est jamais seul celui qui marche vers la lumière.
- Laquelle? Celle d’Icare ou celle des papillons de nuit?
- Celle de ma conscience. Aucune ombre ne la voile.»
Dans ces deux livres, l’auteur ne se mêle pas de politique. Il ne prends pas non plus parti pour un camps ou un autre. Son camps, c’est l’être humain.
Seul l’être humain l’intéresse. Et c’est ce que j’apprécie chez lui.
Dans "l’attentat", l’auteur essaye de se mettre à la place des israéliens et à la place des palestiniens. Il veut montrer que l’individu n’a rien à voir avec la politique. L’individu ne fait que la subir.
Dans «les sirènes de Bagdad», à la fin du livre, le jeune bédouin, terroriste en puissance, bien préparé et bien déterminé, n’ira pas jusqu’au bout de son acte.
Il va prendre conscience de l’horreur de sa situation après une discussion avec le docteur Jalal et après avoir observé de simples gens, des occidentaux ordinaires, qui n’ont eux non plus rien à voir avec la politique et les guerres. Des gens qui vivent simplement leurs vies.
« … Toute guerre a ses limites. Sauf que là, on n’est plus dans les normes. Qu’espère-t-on après l’apocalypse? Qu’est-ce qu’il va rester du monde hormis la pestilence des cadavres et le chaos? Le bon Dieu lui-même, S’en arracherait les cheveux jusqu’à ce que Sa cervelle lui dégouline sur la figure… ».
Je viens de terminer la lecture de «La deuxième épouse» de Fawzia Zouari.
C’est le 3ème livre que je lis de cette écrivain tunisienne. J’aime beaucoup son style.
Les 3 livres que j’ai lus parlent de femmes maghrébines immigrées en France.
Dans ce dernier livre, Fawzia Zouari trace les portrait de 4 femmes différentes: les 3 co-épouses d’un algérien, et la romancière elle-même.
3 générations de femmes, mais 4 portraits saisissants de femmes maghrébines.
L’histoire est inspiré d’un fait divers réel: un homme trouvé mort s’est révélé polygame.
Outre les problèmes posés par la virginité, la polygamie et l’infidélité, j’ai trouvé ce livre intéressant parce qu’il montre le changement de la mentalité des femmes maghrébines, en particulier les immigrées, mais aussi celles qui sont toujours dans leurs propres pays.
Halima, première épouse, et la plus âgée de toutes, a vécu son enfance et sa jeunesse en Algérie. Sa vie s’est déroulée dans le cadre familial, et son ambition était le mariage.
On l’a mariée à son cousin, sans histoire d’amour, ni rien. Un accord familial, point.
Le mariage pour Halima était un but en soi, un moyen d’acquérir le statut de femme et d’accéder à un peu de liberté.
En France, Halima ne s’intéressait pas particulièrement à son époux, et ses absences lui convenaient. Cela lui permettait d’avoir du temps libre à consacrer à elle-même. Elle ne demandait pas grand-chose à son mari. Le mari n’était qu’un moyen de «s’émanciper».
Halima pour moi représente un peu nos grands-mères et nos mères. Dès leur naissance, on leur parlait du futur mari, comme si c’était un but en soi. Le but de leur vie. Elles étaient nées pour se marier, et c’est seulement grâce au mariage qu’elles deviendraient de vraies personnes.
A l’instar de Halima dont le départ pour la France lui a ouvert de nouveaux horizons, nos mères ont eu aussi la chance d’accéder à un peu d’instruction qui leur a permit d’échapper à leur condition. Mais le mari était pour elles LE moyen de s’émanciper.
Rosa et Farida représentent ma génération. Des études supérieures, une profession, une certaine indépendance. Le mariage ne devient plus ni un but, ni un moyen. Le mariage devient Amour, Partage, Communion… La polygamie et l’infidélité deviennent donc impensables.
Lorsqu’elle découvre l’infidélité de son mari, ou du moins sa polygamie, Rosa tente de se suicider. Elle aimait son mari et la trahison pour elle était intolérable.
Concernant Lila, je trouve qu’elle représente une grande partie des maghrébines de la génération actuelle. Peut-être plus les immigrées que celles qui sont restées au pays. Mais moi, personnellement, il m’a semblé reconnaître une mentalité et une façon de penser qui deviennent fréquentes de nos jours. C’est la génération de jeunes femmes qui trouvent que le mariage est une échappatoire et une "échelle".
Elles feraient tout pour se trouver un homme. Cet homme est pour elles le moyen d’accéder à une indépendance par rapport à la famille, mais aussi et surtout, il est celui qui va leur permettre d’accéder à la «consommation». Il est celui qui va permettre de «vivre », mais vivre veut dire profiter matériellement. Acheter, sortir… Peu importe l’âge de cet homme, peu importe sa situation familiale…
Ces jeunes femmes n’ont aucune éthique, elles marcheraient sur des cadavres s’il le fallait. Tout ce qui importe, c’est le profit matériel qu’elles tireraient de cet homme.
Personnellement, je pense que malheureusement, c’est une réalité de nos sociétés. Une grande partie de nos jeunes femmes n’ont plus l’ambition de réussir, de faire carrière, de s’enrichir intellectuellement. Les rêves et ambitions des femmes tendent à changer, et c’est bien dommage.
Je trouve que c’est une régression. Après avoir appris à compter sur elles-mêmes et à être sincères, de nombreuses femmes sont aujourd’hui devenues fourbes et comptent sur un homme pour réaliser leurs rêves et ambitions.
Bien sûr, ce n’est que mon avis personnel. Il n’est basé que sur des constatations personnelles.
J'étais plongée dans mes dossiers, lorsqu'un visiteur surprise s'est fait annoncer: Héliodore.
Belle surprise, d'autant plus qu'il est arrivé avec un cadeau: le livre "JuifsArabes" de Farid Boudjellal (1 & 2).
On passe un bon moment avec ce livre qui se moque de nos travers, nous les cousins sémites. Il illustre parfaitement bien le proverbe "la n7bik, wa la nosbir a3lik".
Cette édition de 2006 regroupe, dans une version complètement remaniée et augmentée, les 4 tomes de la série Juif-Arabe, publiés en 1996. Mais en fait, cela reste d'actualité. En 10 ans, nos relations arabes/juifs n'ont pas vraiment évoluées.
Il s'agit donc de deux familles voisines, l'une juive et l'autre arabe, habitant en France.
Je vous laisse avec quelques scénettes de leur vie quotidienne.
(Cliquez pour agrandir les images)
J'aime beaucoup cette auto-dérision dont fait preuve l'auteur.Il met en relief nos travers, d'une façon amusante.
Et puis, je salue cette façon d'essayer de rapprocher "les frères ennemis", je suis contre le racisme et la violence. Peut-être que s'il y avait plus de gens comme Farid Boudjellal, le monde se porterait un peu mieux!!!
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