"Fabien m'a quitté. A l'instant où je t'écris, je le vois s'éloigner dans l'allée de cyprès, au soleil couchant, droit sur son cheval..... A la recherche d'un Empereur qui n'existe sans doute pas, il fera le tour de notre mer en vain. Il attend de l'existence quelque chose qu'elle ne lui donnera pas, et cette attente idiote, c'est sa passion. Cette attente idiote qui l'empêche de vivre, c'est sa vie. Pourquoi les hommes rendent-ils creux ce qui est plein?"
L'évangile selon Pilate - Eric-Emmanuel Schmitt.
Hier, en lisant ce livre, j'ai été attirée par cet extrait qui m'a rappelé un autre extrait, d'un autre livre. Quelque part, les sens se rejoignent un peu, non?
«Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.»
Le mythe de Sisyphe - Albert Camus.
Le bonheur, le sens de la vie, est peut-être justement le chemin et non la destination. Qu'en pensez-vous?
"Ils passèrent auprès du cours de géographie improvisé, or à ce moment précis le maître disait: "Là où subsiste encore un peu de brouillard, se sont forgés les grands et les petits mythes...". Le Dr Stern afficha le sourire d'un homme riche, qui en outre, vient de gagner à la loterie. "Voyez-vous, cher ami, dit-il en passant le dos de la main sur sa moustache, ce vaillant pédagogue a résumé toute mon argumentation en quelques mots. Nous les hommes nous inventons des mythes, grands et petits, affirmons qu'ils sont solides comme le roc des montagnes, et dissipons nos propres doutes par un brouillard de traditions et de rites.
- Il est facile de ne croire en rien." Pin'has sentait monter en lui une colère jusqu'àlors inconnue.
"Au contraire, cher ami." Cette phrase-là aussi, le Dr Stern l'avait attendue, comme un danseur exercé, à la fin d'une figure compliquée, saisit sans regarder la main de sa partenaire. "Ne croire en rien est difficile! Il est aisé d'avaler sans résistance la bouillie cent fois prémâchée de ce que pensaient les générations précédentes. Il est facile de plier docilement le genou, faire le signe de croix ou mettre les tefilline, de sauter à minuit par-dessus un tas de bois en flammes, de pratiquer l'un ou l'autre des rites étrangers forgés par nos ancêtres au nom de divinités qu'ils ont eux-mêmes inventées. Il est facile de considérer n'importe quel texte sacré comme la parole divine, d'accepter sans critique les prémisses d'une religion et de n'utiliser son intelligence que pour en tirer, sans fin, de nouvelles déductions. Nous les juifs, nous sommes passés maitres en la matière, en l'art de trouver pâture jusque dans les moindres ramifications de prétendus préceptes divins, tels des vers xylophages dans un arbre mort depuis longtemps. Des nuits entières, nous étudions des commentaires médiévaux, rien que pour comprendre des discussions menées il y a quinze cent ans, nous palabrons à en perdre haleine sur les rituels des services sacrificiels dans un temple détruit il y a deux mille ans. Nous gaspillons notre intelligence parce que nous ne trouvons pas le courage de mettre en question des contes archaïques. Oui, des contes, parfaitement! Mais voilà: qui ne veut pas penser en est réduit à croire." Cette dernière phrase lui plut au point qu'il exécuta illico une petite danse...
"Savez-vous ce qui me frappe? demande Pin'has en sentant monter en lui le plaisir anticipé éveillé par la certitude de lancer dans la bataille un argument massue. Savez-vous ce qui me frappe, et même beaucoup? Vous dites toujours "nous". "nous les juifs". Avec toutes vos contestations, vous vous considérez toujours comme l'un d'eux.
-Disons: je ne m'exclus pas. Tant que cette notion désigne un peuple et non une communauté de foi. Mais autrement... A ce propos, je peux vous raconter une histoire drôle.
(...)
"Cela remonte à déjà...", commença le Dr Stern, prenant la mine pensive qu'affichent les gens bavards pour tenter de donner à un récit cent fois répété une couleur d'authentique spontanéité. "Plus de dix ans, en effet. Comme le temps passe! A cette époque, il était devenu clair, pour moi, que ma conscience m'interdisait désormais, par égard pour mes brebis...". Il s'interrompit, et cette interruption aussi semblait tracée sur son manuscrit. "Brebis, un beau mot n'est-ce pas... Il décrit avec tant de justesse la soumission aveugle avec laquelle des gens par ailleurs forts intelligents suivent pieusement les troupeaux de leur religion, flanqués en permanence par les chiens glapissants des feux de l'enfer et de la damnation éternelle. Ainsi que je l'ai dit, j'avais compris que je me trahirais moi-même si je continuais à expliquer à ma communauté des préceptes auxquels je ne croyais plus - bien que ces exégèses par elles-mêmes fussent parfaitement correctes. Absurdes, comme tout ce bla-bla religieux, mais correctes. Si l'on y réfléchit: un Dieu qui se soucie de savoir si le pitoum d'un essrog - l'extrémité supérieure d'un cédrat - est cassé, pareil pinailleur céleste, à l'affut de la moindre vétille, ne peut être qu'une invention humaine! Seuls les hommes sont assez bêtes pour nous fabriquer une image du monde qui est un collage de détails sans importance.
“Quels sont les livres d’enfance dont vous vous souvenez? Quels sont vos auteurs préférés? Quels auteurs avez-vous décidé de ne plus lire? Quels sont les livres que vous apporteriez avec vous si vous étiez isolé dans un désert? Quel auteur dont vous n’avez rien lu encore trouvez-vous nécessaire de lire? Quels sont vos livres préférés? Quels livres êtes-vous en train de lire?”
Envoyez les questions à quatre blogueurs que vous lisez et invitez les à parler de leurs lectures avec nous tous.
L’initiative «Mon été avec un livre» vient de blogueurs
Marocains et consiste à partager avec la blogosphère nos lectures
favorites.
Mes réponses:
Quels sont les livres d’enfance dont vous vous souvenez?
- Les séries "le club des 5", "le clan des 7", "les mystères...", "les six compagnons", les "Alice", les livres de la Comtesse de Ségur....
Quels sont vos auteurs préférés ?
- Naguib Mahfouz est mon auteur préféré de tous les temps. Sinon, j'ai eu des auteurs préférés au fil des années. J'ai eu ma période Pearl Buck, AJ Cronin, Paulo Coelho, René Barjavel...
Actuellement, j'en suis à la période Albert Memmi et Alaa Al Aswany.
Quels auteurs avez-vous décidé de ne plus lire?
- En principe, je ne lirais plus Paulo Coelho et Marc Levy. Ils ont trouvé un filon qu'ils exploitent à fond. Ils se répètent trop.
Quels sont les livres que vous apporteriez avec vous si vous étiez isolé dans un désert?
- Difficile de choisir. Je dirais des livres que j'en envie de lire et que je n'ai pas encore eu le temps de lire. J'ajouterais aussi quelques livres qui m'ont marquée à un moment ou un autre, tel "La nuit des temps" de René Barjavel, et les livres que je pense ne pas avoir compris lors d'une première lecture, tel "Femmes qui courent avec les loups" de Clarissa Pinkola.
Quel auteur dont vous n’avez rien lu encore trouvez-vous nécessaire de lire?
- Nécessaire? Pourquoi nécessaire? Il y a des obligations dans la lecture?
Mais je suis quand même curieuse de lire William Faulkne. Ne m'en demandez pas la raison, il n'y en a pas.
Quels sont vos livres préférés?
- Cela change en fonction des périodes et de l'âge. Pendant de longues années, cela a été "La nuit des temps" de René Barjavel. Mais si je le relisais aujourd'hui???
Quels livres êtes-vous en train de lire?
- "Melnitz" de Charles Lewinsky. J'en suis à la moitié, mais je suis déçue.
Ensuite, je pense entamer "La valse lente des tortues" de Katherine Pancol. J'avais lu le premier tome"Les yeux jaunes des crocodiles", et j'aimerais donc lire la suite.
Envoyez les questions à quatre blogueurs que vous lisez et invitez les à parler de leurs lectures avec nous tous.
P.S.: J'avais déjà été taguée à ce genre de questionnaire à propos de lecture, et j'ai moi-même parfois répondu spontanément par moi-même à des questionnaires similaires.
Comme je n’avais plus rien à livre, un ami m’a prêté un livre: «Rien de grave» de Justine Lévy. Je n’avais jamais entendu parler de ce livre. Je ne suis pas l’actualité people et je ne me suis jamais intéressée à qui couche avec qui et qui se marie avec qui…
J’ai donc lu ce livre sans arrière-pensées, sans préjugés, sans aucune idée préconçue. Je l’avais presque fini en croyant qu’il s’agissait d’un simple roman, sans savoir qu’en fait il s’agit d’un livre autobiographique.
J’ai commencé ce livre et dès le début, je l’ai aimé.
Avant même de savoir ce qui allait suivre, j’ai aimé. J’ai aimé. J’ai aimé Louise qui va à l’enterrement de sa grand-mère en jeans et qui critique ceux qui accordent plus d’importance aux formes qu’au fond. J’ai aimé Louise. J’ai ressenti sa sensibilité. J’ai compris son authenticité.
Ensuite, l’auteur est entrée dans le vif du sujet. Elle a commencé à écrire, à décrire, à souffrir, à raconter…
Louise, qui aimait son mari plus que tout au monde a été larguée par lui. Il l’a quittée pour une autre femme. «Larguée, quittée, jetée». Une femme décrite d’une façon impitoyable. Une femme sans scrupules, sans principes, une femme refaite, une femme égoïste, une femme qui ne pense qu’à elle-même… Le genre de femme que moi j’appelle une pétasse et que Louise appelle Terminator avec un regard de tueuse.
Au fil des pages, on vivra la souffrance de Louise. Elle la déroule, l’explique… et on la ressent avec elle, pour elle, à sa place.
J’ai pleuré. J’ai beaucoup pleuré. J’ai vraiment pleuré.
Louise souffre et nous fait souffrir avec elle.
Et elle nous explique. Elle nous explique son amour pour son mari. Cet amour devient palpable. On le comprend. Louise vit pour son mari, à travers son mari, grâce à son mari. Il est tout pour elle. Il est sa vie. Elle voit à travers lui, elle sent à travers lui, elle vit à travers lui. Elle l’aime. Elle l’aime de toutes ses forces. Elle l’aime de toute son âme. Elle l’aime. Elle l’aime. Elle l’aime. Premier amour. Intense amour. Amour aveugle et aveuglant.
Comment Louise n’a-t-elle rien vu venir? Comment Louise n’a-t-elle rien compris? Comment Louise n’a-t-elle rien soupçonné?
Il l’a quittée, et elle en souffre.
Louise petit à petit va se remettre de sa souffrance. Cela lui prendra plusieurs années. Elle essayera de comprendre, elle essayera d’analyser, elle essayera d’oublier, elle essayera de minimiser… en fait, elle essayera de surmonter. Comme on le dit si bien, la vie continue. Et elle essaiera de vivre.
Cela lui prendra du temps. Elle deviendra méfiante. Elle ne sera plus jamais pareille. Elle ne sera plus aussi innocente ou naïve. Elle n’y croira plus, mais elle finira par conclure que rien de grave, la vie continue….
J’avais presque fini le livre lorsque j’ai appris qu’il s’agit d’une histoire vraie. Il faut dire que l’auteur décrit tellement bien sa souffrance que j’avais l’impression qu’elle ne pouvait l’avoir inventée. Pour aussi bien décrire cette souffrance, il faut l’avoir vécue.
Justine Lévy, l’auteur, est la fille de Bernard Henry Lévy, et l’histoire qu’elle raconte est la sienne. Son mari l’avait quittée pour se mettre en couple avec la maîtresse de son propre père.
Paula, l’horrible maîtresse n’est autre que Carla Bruni, mannequin, croqueuse d’hommes.
Le fait d’apprendre que cette histoire est vraie ne m’a pas gênée. Au contraire, cela lui a donné une dimension encore plus profonde à mes yeux.
Justine Lévy se confie et en même temps son livre est une thérapie. Elle a mis des mots sur ses maux. Elle a mis des mots sur ses sentiments, ses souffrances, ses ressentiments… Et peut-être est-ce une manière d’exorciser ces maux. Peut-être est-ce une manière de s’en affranchir et continuer sa route.
J’ai lu dans un article qu’il s’agit d’une autre histoire people. Non, je ne suis pas d’accord. C’est une histoire humaine tout simplement. Elle concerne des gens connus, oui, mais elle aurait pu concerner n’importe qui. La souffrance est identique que l’on soit riche et célèbre ou pauvre et inconnu.
Une trahison est une trahison. Une souffrance est une souffrance.
Et Justine Lévy a très bien su partager sa souffrance.
Justine Lévy décrit la maîtresse d’une manière impitoyable. Vengeance? Peut-être. Est-ce correct? Oui, pourquoi pas? Pourquoi n’aurait-elle pas réglé ses comptes avec Carla Bruni, la femme qui lui a volé son mari? Pourquoi ne pas dénoncer ces personnes qui marchent sur les cadavres des autres sans état d’âmes? Oui, pourquoi pas?
Ce livre a remporté le prix Littéraire Le Vaudeville et le Grand Prix Littéraire de l'Héroïne Marie France en 2004.
Je vous le conseille vivement, mais préparez des kleenex.
Questionnaire trouvé sur facebook. Et comme à chaque fois que je trouve un tel questionnaire concernant la lecture, je ne peux y résister. Bous en trouverez d'ailleurs plusieurs sur ce blog.
1. Aimes-tu lire? Pourquoi?
J'adooooore. Je lis depuis l'âge de 8 ans, et je n'ai jamais arrêté depuis.Pourquoi? Je ne saurais répondre exactement. L'évasion? Les histoires? Vivre avec les personnages? Oublier le quotidien? Apprendre de nouvelles cultures? Connaitre de nouvelles sociétés? Partager les expériences d'autrui? C'est tout cela, et plus encore je pense.
2. Quelles sont tes lectures préférées?
Mes lectures préférées? Je n'en ai pas vraiment. Je lis un peu de tout. J'aime bien diversifier. Mais j'ai quand même un penchant pour les histoires de "vies". J'aime bien les biographies, qu'elles soient réelles ou imaginaires. J'aime bien les expériences personnelles, les problèmes de société, les relations entre les êtres humains, les sagas familiales...
3. Quelles sont les lectures que tu n'as pas aimé? Pourquoi?
"Trois femmes puissantes" de Marie NDiaye. Trop de longueurs. On ne sait pas où on va, si on va quelque part d''ailleurs. On dirait du n'importe quoi. Le style est lourd, les phrases interminables... Comment un tel livre a-t-il pu avoir le prix Goncourt 2009? Je ne comprends pas. Nous l'avons lu dans le cadre du notre club de lecture, mais aucun d'entre nous ne l'a aimé.
4. Es-tu lecteur amateur ou lecteur passionné?
Un lecteur passionnément passionné!
5. Peux-tu résumer un ou plusieurs livres que tu as particulièrement aimé?
Résumer? Peut-être que je pourrais. Mais quel intérêt? Je préfère plutôt partager mes impressions à propos de livres. Dans la catégorie Livres de ce blog, vous pourrez lire tout ce que j'ai écrit à propos de certains livres que j'ai lu depuis 4 ans.
6. As-tu un ou plusieurs écrivain(s) préféré(s)? Pour quelles raisons?
J'ai et j'ai eu plusieurs auteurs préférées, et cela depuis que j'étais gosse. Lorsqu'un livre me plait, j'essaye de lire un autre livre du même auteur, et s'il me plait, encore un autre et ainsi de suite jusqu'à lire tout ce que cet auteur a écrit. J'ai du commencer par avoir comme auteurs préférés, Enid Blyton, La Comtesse de Ségur, ensuite Pearl Buck, A.J.Cronin, René Barjavel, Amin Maalouf... Mais celui qui a de tout temps été mon auteur préféré est sans conteste Naguib Mahfouz.
7. Propose cinq livres que tu as déjà lu.
Pourquoi proposer 5 livres? 5 livres, c'est trop peu. Et puis, mes 5 préférés d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes que ceux d'hier ni ceux de demain. 5 livres que je proposerais aujourd'hui seraient:
- "Les fils de la Médina" de Naguib Mahfouz
- "Comment le peuple juif fut inventé" de Shlomo Sand
- "Les délires de la ville" de Gamal Ghitany
- "La Statut de sel" d'Albert Memmi
- "A quoi rêvent les loups" de Yasmina Khadra
Demain, que proposerais-je?
8. Quel est ton héros ou ton héroïne préféré(s)? Pourquoi? Dans quelle œuvre se trouve-t-il (elle)?
Difficile de choisir.
Mais peut-être bien Eléa, de "La nuit des temps" de René Barjavel. J'aime son amour infini pour son homme!
9. Les livres t'ont ils déjà poussé à faire des folies?
Et comment! Je pourrais me passer de nourriture mais pas de livres! Ma folie actuelle? L'écriture. Un atelier d'écriture depuis quelques mois. Et une première nouvelle écrite.
10. Préfères-tu acheter un livre ou l'emprunter à la bibliothèque?
Je n'ai pas mis les pieds dans une bibliothèque depuis que je suis adolescente.
Je préfère quand même que le livre soit à moi, ainsi je pourrais le garder si je l'aime. Cela m'est égal qu'il soit neuf ou ancien, je peux l'acheter chez un bouquiniste, mais une fois lu, j'aime décider de la garder ou pas.
11. As-tu un endroit favori pour lire? Où lis-tu?
Sans hésitation, je réponds dans mon lit. Mais je peux lire un livre n'importe où dès que j'en ai l'occasion. Mon livre est toujours dans mon sac, prêt à être lu à tout moment: dans une salle d'attente, dans un embouteillage, chez le coiffeur, dans un train, dans un avion...
12. Tu es du genre à lire un ou plusieurs livres en même temps?
En principe, un livre à la fois. Très rarement, j'en commence un deuxième.
13. Tu as une manie en rapport avec les livres (corner, souligner...)?
Toute petite, j'allais dans une école privée, fréquentée par de nombreux enfants issus de couples mixtes. Ils parlaient très bien le français qui était aussi leur langue maternelle. Pas moi. Je suis tunisienne à 100% et à la maison, nous ne parlions qu'en arabe. Le français pour moi était une langue étrangère que j'avais du mal à parler aussi bien que mes petits camarades. Mon institutrice avait conseillé à ma mère de m'encourager à lire pour que je puisse combler mes lacunes. Et une passion est née.
16. Y a-t-il un livre que tu n'as jamais réussi à terminer?
"La Chartreuse de Parme" de Stendhal. Pourquoi? Je ne sais plus. J'étais
adolescente lorsque je l'ai acheté. je me rappelle que je voulais le
lire, j'avais adoré la couverture. Mais je me rappelle que j'avais
détesté ce livre. Je n'avais pas pu le finir. Et cela est si
exceptionnel pour moi d'abandonner un livre en cours de lecture que je
m'en souviens encore, comme si c'était un complexe pour moi.
Peut-être que si je le relisais aujourd'hui, à l'âge adulte, je changerais d'avis.
17. Y'en a-t-il que tu ne reliras jamais?
"L'enchanteur" de René Barjavel.
"Ulysse au pays des merguez" de Tahar Fazaa.
Et tant d'autres. Mais je préfère ne plus penser à ces livres.
18. Quel est le livre qui se rapproche le plus de ta vie personnelle?
Alors là! Je ne sais pas. Disons que là, maintenant, j'ai beaucoup de points communs avec Joséphine, l'héroïne du livre "les yeux jaunes des crocodiles" de Katherine Pancol: elle a beaucoup grossit, elle a beaucoup de principes et elle écrit un livre!
19. Combien de temps te faut-il pour lire un livre?
Cela dépend du livre et du temps dont je dispose. Disons de 2 jours à 2 semaines.
20. As-tu une collection de livres préférée (Pocket, Folio...)
Non. Pas du tout.
21. Tu es plutôt livre de poche ou grand format?
Pour des questions pratiques, je préfère les livres de petit format faciles à mettre dans un sac à main.
22. Aimes-tu lire des livres adaptés au grand écran?
Oui. Mais je préfère commencer par le livre. Souvent le film me déçoit.
23. Lorsque tu lis un livre, lis tu d'autres du même auteur?
Oui, très très souvent si le livre me plait.
24. Est-ce que la lecture t'aide ou t'as aidé pour les cours de français?
Oui. La lecture m'a appris le français.
25. Quel personnage de roman aimerais-tu être?
Je ne sais pas du tout. Il faudrait y réfléchir.
26. Quel auteur aimerais-tu rencontrer?
Naguib Mahfouz... mais il est décédé.
27. Lis-tu des livres en une autre langue que ta langue maternelle?
Je lis en français.... et le français n'est pas ma langue maternelle. Est-ce que je lis dans ma langue maternelle? Non, à une exception près, pas depuis que j'ai quitté le lycée.
28. Es-tu déjà allé(e) à une séance de dédicaces, à une rencontre d'un auteur ou
au salon du livre?
Oui. Dédicace d'un livre sur la Tunisie par Frédéric Mitterrand. Des auteurs à notre Club de lecture. Salon du livre à Tunis, mais je n'y vais plus depuis quelques années.
29. Quel regard portes-tu envers les personnes qui ne lisent pas ?
L'étonnement. Comment peut-on vivre sans lecture?
30. Quel livre rêves-tu de lire, mais que pour X raison tu
ne peux pas en ce moment ?
Je voudrais terminer les séries:
- Chronique des vampires
- Les sorcières de Mayfair
- Les Taltos
d'Anna Rice. Je les avais commencés en 1997, mais je n'arrive pas à trouver les nouveaux tomes.
31. Comment choisis-tu un livre?
D'abord l'auteur, ensuite le quatrième de couverture... Parfois, les recommandations des amis.
Et vous? Que répondriez-vous?
Je vous offre l'hospitalité pour répondre à ce questionnaire si vous n'avez pas votre propre espace.
L'atelier d'écriture est dirigé par M.Ali Bécheur. Il nous a parlé un jour d'un livre "La modification" de Michel Butor pour que nous puissions en étudier le style, assez particulier il faut le dire.
Lors d'un aller Paris-Rome en train, un passager remet en question son
existence, ses choix, avant de se résigner à la médiocrité. Léon
Delmont, 45 ans, est un homme qui a réussi. Pourtant, il étouffe auprès
d'une épouse acariâtre et de quatre enfants qui sont pour lui des
étrangers. Tandis qu'il se rend à Rome, comme chaque mois, il repense à
sa maîtresse, la belle romaine, Cécile, qu'il a l'intention de faire
enfin venir à Paris pour qu'ils vivent ouvertement ensemble. Il a donc
pris une décision. Mais la fatigue du voyage en troisième classe et les
souvenirs de nombreux autres voyages effectués seul, avec sa femme ou
avec Cécile, vont peu à peu modifier cette décision. Avec La
Modification, récompensé par le prix Renaudot en 1957, Michel Butor
réussit le pari de raconter le bouleversement d'une vie à l'intérieur
d'un compartiment, en l'espace de vingt heures. Le style extrêmement
original, néo-réaliste, partagé entre le présent du voyage en train, le
passé immédiat et le futur proche, caractéristique du Nouveau roman, est
notamment remarquable par l'utilisation de la deuxième personne du
pluriel : "Vous êtes encore transi de l'humidité froide qui vous a saisi
lorsque vous êtes sorti du wagon". De ce huis clos, Delmont n'est pas
le seul à sortir "modifié" : le lecteur, directement interpellé par
l'auteur, reste subjugué. (Céline Darner)
Comme le livre paraissait intéressant, il a été décidé de le lire aussi dans le cadre du club de lecture.
Certains d'entre nous ont commencé à le lire et disent ne pas l'avoir apprécié.
Personnellement, je ne l'ai commencé qu'avant-hier soir. Je n'en suis donc qu'au début. Mais j'aime. Je ne sais pas si je peux dire que j'aime, mais disons qu'il m'interpelle.
Le style est particulier, c'est vrai. Il est un peu oppressant, c'est vrai aussi. Peut-être est-ce aussi le fait que l'auteur emploi la deuxième personne du pluriel pour écrire tout son livre. Vous, vous... comme s'il s'adressait à nous. Vous les coupables. Vous qui êtes tous Léon.
Et justement, l'histoire est pour moi si réelle.
Il ne s'agit pas d'un simple héros de roman, pour moi, c'est comme si je lisais des textes écris par mes amis hommes.
J'ai 46 ans, l'âge du héros et l'âge des hommes de mon entourage. Et cette histoire est le vécu des hommes de mon entourage.
Ce livre n'est pas l'histoire de Léon, mais celle de Adel, Tahar, Mohamed, Karim, Mounir, Riadh, Zied, Jalel, Khaled...
Ce livre est l'histoire de tous ces hommes. Tous ces hommes qui arrivent à l'âge de 40 ans et qui veulent remettre en cause leur vie.
Je sais, on va me dire qu'il s'agit de la crise de la quarantaine. OK. j'en ai tellement entendu parler...
Collons-lui encore tout sur le dos: la crise de la quarantaine. Béhi, j'ai compris, c'est pas de leur faute, c'est la crise de la quarantaine.
Et ensuite?
Cette crise de la quarantaine est-elle une fatalité qui s'abat sur les hommes?
On le dirait à les entendre.
J'ai toujours eu une certaine facilité à être l'amie des garçons lorsque j'étais jeune et des hommes maintenant que je suis adulte. Alors ils me parlent, ils me racontent...
Et dans ce livre, je reconnais tout. Toutes les réflexions, tous les reproches, toutes les insatisfactions, toutes les questions, toutes les jérémiades...
OK. J'ai compris. Ok. Nous avons tous compris.
"J'ai 40/45 ans, j'ai réussi ma vie, j'ai un bon poste, je gagne bien ma vie, j'ai une femme et des enfants. Mais je ne suis pas heureux. Je sens un vide. Je ne suis pas heureux.... Et la faute à qui? A ma femme. A cette bobonne à la maison. A cette femme qui a mis le grappin sur moi et qui m'empêche de m'épanouir. Cette femme qui me coupe les ailes et m'empêche de prendre mon envol. A SES gamins qui me ligotent. Tout est de leur faute, et je mérite tellement mieux, moi, le beau, le riche, l'intelligent...Je pourrais avoir toutes les femmes que je veux, des jeunes en plus, pas comme la bobonne qui commence à prendre des rides, à avoir des cheveux blancs et dont les seins commencent à tomber. Oui, je mérite tellement mieux. En plus, cette bobonne fait tout pour me garder, m'emprisonner, me lier, m'attacher au sol, me faire mener une vie pépère, bourgeoise, tranquille, monotone, routinière...Mais quand donc vais-je vivre?"
Mais ouvrez donc les yeux!
Ces bobonnes sont vos femmes. Elles ont pris de l'âge?
Oui, mais c'est normal, les années passent et la nature est ainsi faite. Mais si vous vous regardiez bien dans un miroir, vous remarqueriez que vous aussi vos avez des rides, des cheveux blancs et un énorme bide.
Vous aussi, vous commencez à être flasque, monotone et routinier.
Vos femmes sont des bobonnes?
Oui, mais si vous les aidiez un peu, si vous vous occupiez de VOS gamins... Elles ne les ont pas fait toutes seules et ne les ne les ont pas eus pour vous lier ou vous emmerder. Elles les ont fait pour former une famille avec vous.
Et les enfants sont une responsabilité.
Ouvrez les yeux et réveillez vous, et surtout soyez moins égoïstes.
Ken iddinya dinya, vous devriez maintenant, que vous en avez les moyens et que vos enfants ont commencé à grandir, profiter de votre vie AVEC eux. Pas Contre eux.
Arrêtez de vous prendre pour le nombril du monde.
Soyez réalistes et généreux. Pensez à vos femmes et vos enfants.
Mais que croyez-vous donc?
Que l'herbe est plus verte ailleurs?
Que le bonheur réside dans les aventures et les AUTRES femmes?
Que maintenant que vous gagnez bien votre vie vous devez vous débarrasser de la vieille bobonne et profiter avec une nouvelle jeunette?
Arrêtez vos pleurs et vos jérémiades et prenez vos responsabilités.
Arrêtez de pleurer et de vous trouver des excuses.
Il parait que ce livre relate la "modification" de la pensée de Léon, partit rejoindre sa maitresse mais qui en chemin s'apercevra de son erreur. Je verrais bien. Je continu ma lecture.
Et peut-être qu'ensuite, je le prêterais à tous mes copains hommes qui commencent vraiment à m'énerver grave!
Mais les femmes aussi commencent à m'énerver. Et notre société aussi.
Les femmes doivent se marier. Les femmes doivent tout faire pour garder un mari. Une femme sans mari n'est rien. Rodd bèlik 3la rajlik. Fais ceci, fais cela pour préserver ton couple et garder ton mari. Sois belle. Sois attentionnée. Sois intelligente. Fais, ne fais pas.... Ne le laisse pas te quitter. Fais tout pour le retenir...
Y en a marre.
Alors, femmes, faites ce dont vous avez envie.
Faites-vous belles si vous en avez envie. Mais pour vous, pas pour eux.
Vivez votre vie, pour vous. S'ils vous aiment et vous méritent, ils resteront. Si ce n'est pas la cas, et bien tant pis, cela ne sera pas une grosse perte!
L'auteur m'a énervée. Il parle de l'épouse d'une façon si péjorative. Je sais qu'il prête ces réflexions à son auteur pour les besoins de son roman, mais j'entends ces remarques si souvent!
On croirait presque que notre société est constitué d'hommes beaux et intelligents, flanqués d'épouses vieilles, laides, connes et collantes.
Une prière. Une prière commune à un grand nombre de femmes je pense. Non?
Une prière si banale, mais si importante.
Joséphine raccrocha et tituba jusqu'au balcon. Elle avait pris l'habitude de s'y réfugier. Du balcon, elle contemplait les étoiles. Elle interprétait un scintillement, un passage d'étoile filante comme un signe qu'elle était écoutée, que le ciel veillait sur elle. Ce soir-là, elle s'agenouilla sur le béton, joignit les mains et, levant les yeux au ciel, elle récita une prière:
"Étoiles, s'il vous plait, faites que je ne sois plus seule, faites que je ne sois plus pauvre, faites que je ne sois plus harcelée. Je suis lasse, si lasse... Étoiles, on ne fait rien de bien toute seule et je suis si seule. Donnez-moi la paix et la force intérieure, donnez-moi aussi celui que j'attends en secret. Qu'il soit grand ou petit, riche ou pauvre, beau ou laid, jeune ou vieux, ça m'est égal. Donnez-moi un homme qui m'aimera et que j'aimerai. S'il est triste, je le ferai rire, s'il doute, je le rassurerai, s'il se bat, je serai à ses cotés. Je ne vous demande pas l'impossible, je vous demande un homme, tout simplement, parce que voyez-vous, étoiles, l'amour, c'est la plus grande des richesses... L'amour qu'on donne et qu'on reçoit. Et de cette richesse-là, je ne peux me passer..."
Elle inclina la tête vers le sol en béton et se laissa aller en une infinie prière.
J'ai enfin terminé ce livre. J'y ai passé toute la nuit hier, et ce matin, vers 6h, je l'avais enfin terminé.
J'ai aimé ce livre. Je ne pourrais pas dire que c'est de la très "grande" littérature, mais il m'a interpelée.
Il raconte des femmes. Des femmes différentes. Des belles, des putes, des méchantes, des serviables, des mamans, des ingrates, des menteuses, des sincères...
Ce que j'ai aimé, mais comme dirait Jacob, c'est mon coté "la petite maison dans la prairie", est que celle qui est vraiment sincère avec elle-même et avec les autres, celle qui ne trompe personne, celle qui agit en fonction de ses principes... est celle qui à long terme fini toujours par être la plus heureuse, par accomplir ses rêves, par vivre la vie à laquelle elle aspire.
Un peu gnan gnan?
Oui, peut-être. Mais pourquoi pas de temps en temps?
Et puis, j'ai aimé un autre aspect du livre. L'héroïne écrit un livre. Or depuis quelques mois, je fais partie d'un atelier d'écriture (devenir romancière, mon rêve!), nous apprenons à écrire, et ce livre m'a un peu plongée dans cette atmosphère d'écriture. Peut-être est-il quelque part un encouragement. Écrire. Écrire un livre!
Ce roman se passe à Paris. Et pourtant on y croise des crocodiles. Ce roman parle des hommes. Et des femmes. Celles que nous sommes, celles que nous voudrions être, celles que nous ne serons jamais, celles que nous deviendrons peut-être. Ce roman est l'histoire d'un mensonge. Mais aussi une histoire d'amours, d'amitiés, de trahisons, d'argent, de rêves. Ce roman est plein de rires et de larmes. Ce roman, c'est la vie.
Je
ne suis qu'au début de ce livre, mais en lisant cet extrait, cela m'a
amusée.
Réalité? Réalité tunisienne?
Réalité universelle?
J'ai
l'impression d'entendre une femme tunisienne. Surtout lorsqu'elle dit
que de nos jours ce sont les femmes qui traquent les hommes.
Juste avant cet extrait, Iris découvre que
son mari, celui pour lequel elle avait tout laissé tomber, surtout une
carrière qui s'annonçait brillante, la trompe avec...un homme. Un jeune
avocat. Que faire?
Philippe...
Philippe, répéta-t-elle en étirant une longue jambe hâlée et en faisant
tinter les glaçons de son whisky-Perrier, pourquoi le quitter?
Pour me mettre dans cette course
imbécile? Ressembler à cette pauvre Bérengère qui bâille après l'amour?
Pas question! Ce n'est que pleurs et grincements de dents. Où sont les
hommes? crie la meute des femmes. Il n'y a plus d'hommes. On ne peut
plus tomber amoureuse.
Iris connaissait leur complainte par cœur.
Ou bien ils sont beaux, virils et infidèles... et on
pleure!
Ou bien ils sont
vains, fats, impuissants... et on pleure!
Ou bien encore ils sont crétins, collants, débiles...
et on les fait pleurer!
Et
on pleure de rester seule à pleurer...
Mais toujours elles le cherchent, toujours elles
l'attendent. Aujourd'hui ce sont les femmes qui traquent l'homme, les
femmes qui le réclament à cor et à cris, les femmes qui sont en rut. Pas
les hommes! Elles appellent des agences, pianotent sur Internet. C'est
la dernière fureur. Je ne crois pas à Internet, je crois à la vie, à la
chair de la vie, je crois au désir que la vie charrie, et si le désir se
tarit, c'est que tu n'en es plus digne.
Autrefois elle avait aimé la vie. Avant d'épouser
Philippe Dupin, elle avait follement aimé la vie.
Et dans cette vie d'avant, il y
avait du désir, cette "mystérieuse puissance du dessous des choses".
Comme elle aimait ces mots d'Alferd de Musset! Le désir qui fait que
toute la surface de la peau s'éclaire et désire la surface d'une autre
peau dont on ne connait rien. On est intimes avant même de se connaitre.
On ne peut plus se passer du regard de l'autre, de son sourire, de sa
main, des ses lèvres. On perd la boussole. On s'affole. On le suivrait
au bout du monde, et la raison dit: Mais que sais-tu de lui? Rien, rien,
hier encore il portait un prénom inconnu. Quelle belle ruse inventée
par la biologie pour l'homme qui se croit si fort! Quel pied de nez de
la peau au cerveau! Le désir s'infiltre dans les neurones et les
embrouille. On est enchainé, privé de liberté. Au lit en tous les cas...
Ce dernier carré de la
vie primitive...
Il n'y a
pas d'égalité sexuelle. On n'est pas à égalité puisqu'on redevient
sauvage. La femelle en peau de bête sous l'homme en peau de bête. Que
disait Joséphine, l'autre jour? Elle parlait de la devise du mariage au
XIIe siècle et cela m'a fait frémir. Je l'écoutais sans
l'écouter comme d'habitude et, soudain, c'était comme si elle m'envoyait
une hache entre les jambes.
Gabor, Gabor...
Sa taille
de géant, ses longues jambes, son anglais rauque et violent. Iris,
please, listen to me... Iris, I love you, and it's not for fun, it's for
real, for real Iris...
Sa manière de rouler les r lui donnait envie de rouler sous lui.
"Avec et sous lui."
C'était la devise du mariage au XIIe siècle!
Avec et sous Gabor...
Gabor s'étonnait quand je résistais,
quand je voulais garder mes atours de femme libérée, il éclatait de son
rire d'homme des bois: "Tu veux exclure la force? la domination? la
capitulation? Mais c'est ce qui produit l'étincelle entre nous. Pauvre
folle, regarde ce que sont devenues ces féministes américaines: des
femmes seules. Seules! Et ça, Iris, c'est la misère de la femme..."
Elle se demandait ce qu'était
devenu cet homme. Parfois elle s'endormait en rêvant qu'il venait sonner
à sa porte et quelle se jetait entre ses bras. Elle envoyait tout
valser: les châles en cachemire, les gravures, les dessins, les
tableaux. Elles partait avec lui, sur les routes.
Mais alors... deux petits chiffres
jumeaux venaient crever la surface de son rêve. Deux crabes rouge vif
dont les pinces refermaient en lourds verrous la porte entrebâillée de
sa fantaisie: 44. Elle avait quarante-quatre ans.
Son rêve se fracassait. Trop tard,
ricanaient les crabes en brandissant leurs pinces-cadenas. Trop tard, se
disait-elle. Elle était mariée, elle resterait mariée! C'est ce qu'elle
avait bien l'intention de faire.
Mais il lui faudrait quand même préparer ses arrières. Au cas où son
époux s'enflamme et ne prenne la fuite avec ce jeune homme en robe
noire! Il fallait qu'elle y pense.
Avant tout, il était urgent d'attendre.
Elle plongea ses lèvres dans le
verre que lui avait apporté Carmen et soupira. Il allait falloir
commencer à faire semblant dès ce soir...
Dernièrement, un ami m'avait prêté un livre à lire Le dernier juif de Noah Gordon. Ce livre parle de la persécution des juifs en Espagne pendant l'inquisition. Comme je l'avais publié sur facebook, un ami m'avait alors conseillé de lire le livre Ô Maria de Anouar Benmalek, qui traite de la persécution des musulmans en Espagne pendant l'inquisition.
J'ai ensuite moi-même conseillé ce livre aux membres du club de lecture. Et j'en suis contente, parce que tous les membres ont adoré ce livre.
Beaucoup de similitudes entre les deux livres. L'inquisition a persécuté les juifs et les musulmans de la même façon, et ces derniers ont essayé d'y échapper de la même façon, en utilisant les mêmes moyens, les mêmes subterfuges....
Par contre, les deux livres sont écrits d'une manière très différente. Ô Maria étant quand même aussi l'histoire d'une femme, de sa vie, de ses peines, de ses attentes, de ses déceptions...
Qui est Maria?
Maria est une jeune fille qui un jour va découvrir qu'elle est musulmane.
En fait depuis toujours, elle pensait être chrétienne. Ne s'appelle-t-elle d'ailleurs pas Maria?
Elle est musulmane sans être musulmane, elle est chrétienne sans être non plus chrétienne.
Et il va lui falloir vivre cette dualité avec toutes ces difficultés.
De toute façon, dans toutes les religions monothéistes, la femme a toujours le mauvais rôle.
Dans ce livre, Anouar Benmalek fait quelque part un éloge du féminisme. Il est à noter que c'est un homme qui a eu l'intelligence d'écrire un livre sur une femme.
En essayant de rédiger cette note, je suis tombée sur cette autre note concernant ce livre. Du coup, je pense que je ne peux plus rien écrire. Cette note est tellement intéressante, que finalement je préfère la copier/coller, parce que je suis sure de ne pas pouvoir faire mieux (je vous conseille vivement de lire toute la note):
Ô Maria est un roman réaliste plein d'imagination et de démesure, balayé
par un souffle épique.
Il a le mérite d'éclairer un épisode dédaigné par la mémoire
collective, la conversion forcée des musulmans d'Espagne, puis leur
déportation massive vers les côtes de Berbérie.
C'est un livre qui s'attaque, avec violence et dérision, à la
barbarie, à son cortège de brutalités, d'humiliations, de tortures, de
meurtres et de viols engendrés par le fanatisme religieux. D'où des
propos rudes et volontiers blasphématoires à l'encontre des religions,
tant chrétienne que musulmane dont l'auteur dénonce la vision de la
femme et l'arnaque du Paradis.
Un style tragique et violent au parfum de scandale.
On peut dire que c'est vraiment dommage que l'on se base sur les religions pour massacrer, alors que l'on devrait se baser sur les religions pour fédérer.
Les religions, au lieu d'être un moyen de s'aimer, de se comprendre, de s'entre-aider, de fraterniser, sont devenus un prétexte pour tuer, accuser, diviser, haïr....
Et l'inquisition n'est pas révolue. Elle existe encore de nos jours.
Ô Maria, un livre à lire.
Je vous invite à voir cette vidéo (vite avant que "ammar ne sévisse), Anouar Benmalek y présente son livre.
Musulmans contre Islam? Rouvrir les portes de l'Ijtihad - Hechmi Dhaoui - Gérard Hadded
J'ai lu ce livre dès sa parution en 2006. Je ne sais pas pourquoi j'y ai pensé hier. Toute la soirée j'ai pensé à ce livre. Il m'a semblé, d'après les souvenirs que j'en gardais, qu'il disait que les ennemis de l'Islam aujourd'hui, sont les musulmans eux-mêmes. Et c'est vrai. Les pires ennemis de l'Islam sont bien les musulmans, qui le déforment, le dénaturent, lui font une mauvaise réputation... J'ai relu le quatrième de couverture.
Deux psychanalystes, Gérad Haddad, juif tunisien vivant en France, et
Hechmi Dhaoui, musulman vivant en Tunisie, s'interrogent sur la
situation du monde arabo-musulman dans ses rapports avec l'Occident.
C'est l'occasion pour eux de pourfendre quelques lieux communs et de
mettre au jour certains paradoxes douloureux. Plutôt qu'à un choc des
civilisations, ne sommes-nous pas confrontés à une guerre civile au sein
d'une même civilisation méditerranéenne nourrie à la fois par le
message monothéiste et la philosophie grecque transmise à l'Occident par
les Arabes? Pour quelles raisons la brillante civilisation
arabo-musulmane est-elle entrée dans un déclin à ce jour sans remède?
Les auteurs soulignent l'importance, au IXe siècle, de la "fermeture
des portes de l'Ijithad", c'est-à-dire de la "pensée critique" qui
avait régné durant les premiers temps de l'Islam. L'imitation" des
fondateurs remplaça alors la réflexion. Au lieu de s'attaquer à la
racine du problème, le monde arabo-musulman contemporain paraît
s'embourber dans deux mauvaises solutions pour sortir de ses impasses:
le nationalisme et l'intégrisme, avec pour conséquence la voie sans
issue du terrorisme. Loin de revenir aux sources vives de leur religion,
des musulmans semblent bien avoir entrepris une régression vers des
comportements et des valeurs préislamiques...
Le livre se présente sous forme d'interview. Gérard Hadded pose des
questions et Hechmi Dhaoui y répond.
Il est évident que hier soir je n'ai pas relu le livre. Peut-être un autre jour, mais pas maintenant, je n'ai vraiment pas le temps.
Mais je l'ai feuilleté. Je voulais trouver un extrait à publier. Mais je n'ai pas vraiment su choisir. Je vais donc vous en copier un au hasard. Vraiment au hasard. Cela vous donnera peut-être envie de lire le livre. Et à certains, il pourra peut-être fournir quelques explications.
"- Ce contraste conduit Lewis à poser légitimement la question: "Qu'est-ce que les musulmans ont fait de l'islam?"
Le grand malheur des musulmans, c'est qu'au lieu de se poser ce genre de questions sur les causes réelles de leur déchéance, ils préfèrent les imputer aux autres. Ils sont inconsciemment sartriens: l'enfer, c'est les autres. C'est le principe fondamental de leur mode de vie. Tantôt les musulmans expliquent leur retard dans l'islam par les invasions mongoles, tantôt par la dislocation et la déliquescence de l'empire Ottoman, et plus récemment, par le colonialisme et l'impérialisme occidental. Actuellement le leitmotiv ce sont les États-Unis manipulés par le sionisme.
- Ces causes existent bien.
- Mais nous sommes incapables de les relativiser, de nous dire: sans doute ces facteurs sont réels, mais pourquoi sommes-nous incapables d'y faire face? Pourquoi avons-nous été incapables d'empêcher l'envahisseur colonial de nous envahir? Pourtant, sur ce oint, le Coran est très clair: "Dieu ne changera rien à la situation d'un peuple tant que celui-ci, de lui-même, ne sera pas réformé."
- C'est la question des causes internes et des causes externes. Marx dira, des siècles plus tard, que les causes internent priment. Freud ne dit pas autre chose.
- Il est donc clair que Dieu nous appelle à nous réformer et à changer de mentalité. Les islamistes, qui veulent toujours nous ramener au passé khoraïchte, oublient ce genre de verset, oublient le caractère révolutionnaire à l'origine de l'Islam, qui a bouleversé la situation d'ignorance d'alors.
Aujourd'hui, dans le monde islamique, la recherche scientifique est totalement nulle, la réflexion en sciences humaines, idem. La création artistique est presque absente dans tous les domaines. Lorsque vous dites à un arabe le mot fennan, artiste, celui-ci pense immédiatement au chanteur de chansonnettes. Il oublie que ce mot désigne aussi le cinéaste, l'homme de théâtre, le danseur, le peintre, le musicien.
- Je vous trouve un peu sévère. On voit naître aujourd'hui, au Maghreb, une littérature, des expériences théâtrales intéressantes.
- Sans doute. Mais elles sont souvent produites à l'étranger, en exil, et elles restent mineures à l'échelle mondiale. Notre régression culturelle nous ramène au temps préislamique de la jahilia, où le discours, la parole, primait sur tout. Nous sommes devenus des êtres qui gaspillent toute leur énergie dans la parole sans produire d'acte efficace. De grands bavards, de grands démagogues, voile ce que nous sommes! Ce bavardage démagogique, langue de bois de surcroit, telle est la plate-forme commune à tous les dirigeants arabes.
Pensez à Nasser qui voulait jeter les Israéliens à la mer, c'est son armée qui a été jetée à la mer; à Khadafi et sa grande gueule, qui maintient son peuple dans l'ignorance; à Bouteflika, qui a prononcé de beaux discours et qui arrivé au pouvoir, maintient la même pourriture du pouvoir. Pensez à Saddam Hussein en Irak, qui a produit des intégristes et des obscurantistes à seule fin de maintenir son totalitarisme autocratique.
Aujourd'hui, la nostalgie traditionnelle des musulmans s'est reportée sur Ben Laden, chef d'Al-Qaeda. Ils trouvent même des explications à ses forfaits, expliquant que le terrorisme est l'arme du faible. Ils ne voient pas que celui-ci leur a causé plus de préjudices que n'importe qui. Ils ne se disent pas: Pourquoi Ben Laden, avec son énergie et son argent, plutôt que de créer une Internationale terroriste, n'a-t-il pas crée et financé un grand centre de recherche arabe dans les domaines des nouvelles technologies, au profit du monde arabo-musulman? Pourquoi n'a-t-il pas cherché à concurrencer les centres de recherche occidentaux, comme l'ont fait les Formosans, les Coréens, et aujourd'hui les chinois?"
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