Je suppose que plusieurs d'entre vous ont vu ces vidéos sur facebook.
Et ce que j'ai surtout envie de dire à ce monsieur (si on peut appeler cet énergumène monsieur!), c'est qu'il devrait plutôt se mêler de ses affaires. Un type pareil, qui vient d'un pays où les femmes n'ont même pas le droit à une carte d'identité nationale, où elles n'ont pas le droit de conduire une voiture, où elles ont besoin d'un tuteur pour tous les actes de leurs vies, veut nous donner des leçons sur la liberté!
Quelle liberté accordent-ils donc à leurs femmes en Arabie Saoudite?
Quelles droits accordent-ils donc à leurs femmes?
Que sont-elles? Et je fais exprès de dire QUE sont-elles et non pas QUI sont-elles!
Des sous-citoyennes?
De quel droit veut-il nous donner des leçons lorsque chez eux ils laissent brûler 15 jeunes filles dans une école en feu sous prétexte qu'elles n'avaient pas le droit de sortir de ladite école sans voile?
De quel droit veut-il nous donner des leçons lorsque les femmes chez eux sont lapidées sur les places publiques?
De quel droit veut-il nous donner des leçons alors que chez eux ils se permettent de se marier avec des enfants en bas âge et même des nourrissons?
De quel droit veut-il nous donner des leçons alors qu'il est connu que chez eux ils ont tous des gholmène (jeunes garçons) qu'ils violent?
De quel droit?
Le plus malheureux, c'est que ce genre d'énergumène passe à la TV. Que des gens l'écoutent, et surtout que des gens le croient. Écoutez-le, il est convaincant. Son ignorance et sa bêtise sont contagieuses...
Et ensuite on s'étonne. Pourquoi cette intolérance? Pourquoi cette haine entre les gens? Pourquoi cette montée d'intégrisme?
Fiche-nous la paix petit c**. Occupe-toi de tes propres affaires.
Fichez-nous la paix. Occupez-vous de vos pays. Occupez-vous de vos problèmes. Occupez-vous de l'hypocrisie qui règne dans vos pays. Occupez-vous de toute la pourriture qu'on y trouve.
Comme il a raison.Il exprime mon opinion. Parfois j'ai l'impression que les femmes tunisiennes ont tellement pris l'habitude de leurs droits qu'ils leurs semblent immuables. Pourtant comme il est facile de les perdre!
C’était avant-hier, c’était leur anniversaire. L’occasion pour fêter nos femmes. Encore une fois. Et encore une fois, le sujet revient sur la table. Comme chaque année. Et comme chaque année, on applaudit leur émancipation. Ce n’est même pas un zeste d’autosatisfaction que l’on observe dans ces applaudissements, c’est un excès. Assurément, nos femmes sont heureuses. Grâce au Code du Statut Personnel et aux acquis sans cesse renforcés sous l’ère de Ben Ali, elles ne cessent de s’applaudir, de s’enorgueillir, de se réjouir de ces acquis. D’en être fières. Comparées aux "demi-citoyennes" de plusieurs autres pays arabes, nos femmes sont incontestablement les plus émancipées. Mais faut-il voir au dessous (sans jeu de mots) pour se positionner ? Comparées à leurs mères et à leurs grand-mères, nos femmes sont incontestablement plus avancées. Mais faut-il voir derrière (encore sans jeu de mots) pour se positionner ?
De leur liberté, de leur égalité, de leur émancipation, nos femmes semblent bien satisfaites. Et pourtant… Force est de constater qu’en matière d’égalité et d’émancipation, beaucoup reste à faire. A l’individuel et au collectif. A l’individuel. Quand on voit le nombre de femmes voilées, sans cesse croissant, ou encore le nombre de celles qui usent et abusent de tenues vestimentaires provocantes pour arriver à leurs fins, il y a de quoi s’interroger sur la mentalité de ces Tunisiennes qui continuent encore, en 2009, à croire que leurs mèches de cheveux vont titiller la libido et les pulsions de l’autre moitié de leurs concitoyens. Cette mentalité de se faire expliquer le texte religieux par des barbus enturbannés et rétrogrades, alors que le prophète, lui-même, était ouvert et émancipé. Cette mentalité de mettre en avant un décolleté ou une paire de jambes pour décrocher un quelconque service. Celles-là, de l’égalité, elles n’en veulent point entendre parler. C’est à l’homme de régler l’addition au café ou au restaurant, de subvenir aux besoins du foyer et d’être l’argentier de leurs envies. Pour elles, la femme est inférieure à l’homme et le demeurera.
Au niveau collectif, beaucoup a été réalisé en termes d’égalité, mais beaucoup reste à faire dans notre société. En dépit de leurs diplômes, le plafond de verre demeure dans plusieurs entreprises et les postes de haut niveau restent réservés aux hommes. Exemple parmi d’autres : une seule de nos banques compte une femme à sa tête. Au niveau politique, il a fallu une décision présidentielle pour appliquer une sorte de discrimination positive et pour qu’il y ait un quota minimal de femmes parmi les élus du peuple. Au niveau syndical, c’est la honte quand on sait que le bureau exécutif de l’unique syndicat en Tunisie ne compte aucune femme. Mais là où le bât blesse, et où l’égalité doit être instaurée au plus tôt, c’est assurément la question de l’héritage. En 2009, dans cette Tunisie qu’on dit émancipée, la femme n’a toujours pas droit au même héritage que l’homme. Parce que certains exégètes veulent nous faire croire qu’un texte religieux le stipule. Et à cause de ce texte, qui mérite une interprétation plus ouverte (pourtant, l'Ijtihad est bien recommandé en Islam) et conforme à l’époque dans laquelle nous vivons, voilà bafoué l’un des droits les plus justes des Tunisiennes. De nos jours, et au moins sur le papier, on peut voir un idiot inculte hériter le double de sa sœur intelligente et … émancipée. Le sujet a été évoqué à moult reprises et, dernièrement, Kalthoum Bornaz lui a consacré un film. Elle fera l’objet de violentes critiques de la part de certains journaleux qui lui lancent le texte religieux sur la figure. Une éminente professeure, sur le même sujet, a même été condamnée à mort par des apprentis-muftis anonymes.
A suivre leur logique, les femmes devront rester à la maison et s’occuper des enfants. Cela fera reculer le chômage, disent-il… A suivre leur logique, les femmes ne peuvent être ni juges, ni avocates et encore moins imam(e)s. Et pour qu’elles puissent être témoins, elles doivent se présenter en binôme. A suivre leur logique, les femmes peuvent être répudiées et flagellées et subir la polygamie de leur époux. Et tant qu’on y est, pourquoi ne pas couper la main aux voleurs, fouetter les mécréants et pendre les apostats ?
L’émancipation (relative) de nos femmes ne doit en aucun cas leur faire oublier le danger de régression qui les guette. Elles représentent la moitié de la force active de notre pays et, à ce titre, elles méritent un traitement identique de l’autre moitié des citoyens de ce pays. Leur intelligence, leur force, leur valeur ajoutée ne peuvent être remises en cause pour quelque raison que ce soit, aussi sacrée soit-elle. La Tunisie n’a pas de ressources naturelles et encore moins de rente pétrolière. Sa principale force, elle la tire de ses enfants. Tous ses enfants, sans exception de genre. Les acquis actuels ne sont pas mis en doute. Heureusement ! Mais ces acquis doivent être consolidés davantage. Ce n’est pas l’impression qui se dégage aujourd’hui. Celui qui n’avance pas recule. Pour pouvoir avancer, certains de nos hommes et plusieurs de nos femmes doivent cesser de se comparer à des pays vivant encore au Moyen-âge, exiger, jusqu’à l’obtenir, un traitement égal de la part de la République à tous ses citoyens. Et pour obtenir ce traitement, il ne faut pas baisser les bras et crier "autosatisfaction".
Je n'arrivais pas à accéder à mon compte gmail. Ma boite mail est inondée de spams.
Un ami informaticien vient de m'aider à récupérer mon compte gmail.
J'ai ouvert une nouvelle boite mail pour me débarrasser de l'autre, tellement j'en ai marre de supprimer les spams.
Je viens de changer tous mes mots de passe.
Sincèrement je commence à en avoir plus que par-dessus la tête de ces sales cons. Ces imbéciles qui ne supportent même pas que l'on puisse oser penser différemment d'eux. Ces adorateurs de la pensée unique: la leur. Ces sales cons qui réclament la démocratie et la liberté d'expression alors qu'ils n'ont aucune idée de comment cela fonctionne. Pour eux la démocratie et la liberté d'expression ne sert qu'à eux, à propager leurs idées, à leur permettre de s'exprimer... Voici un exemple de ce qu'ils peuvent faire dès qu'ils en ont les moyens.
Alors, je le crie haut et fort, je suis et serais toujours contre ce genre d'imbéciles. Je suis et serais toujours contre tous les intégristes. Je suis et serais toujours contre ces adorateurs de la pensée unique. Je suis et serais toujours contre ceux qui veulent nous priver de nos libertés. Je leur dis haut et fort: JE VOUS EMMERDE SALES CONS!!!
Si vous avez lu ma note précédente, vous savez que depuis le 19 Février 09, ma boite mail est inondée de spams. J'en reçois environ 6000 par jours. Au début, je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Suite donc à ma note, j'ai appris qu'un autre bloggeur tunisien est dans le même cas que moi. Un autre bloggeur a suggéré que nous avions été inscrit à un mailing list. J'ai essayé de me désinscrire, mais cela a été impossible, les mails venant "d'endroits" différents. Le point commun entre Weld Byrsa et moi est que nous sommes tous deux administrateurs du groupe
J'ai alors demandé à Hassan El Hilali, lui aussi administrateur du même groupe, il est lui-aussi inondé de spams. Il a demandé autour de lui, tous ses amis anti-islamistes, ou "activistes" comme il les appelle sont dans le même cas. A priori, après nous avoir piratés en Juillet dernier, ces petits cons veulent nous embêter maintenant. Je voudrais savoir si sur la blogosphère tunisienne, d'autres bloggeurs subissent le même sort. Qui est donc dans le même cas que nous? Merci de bien vouloir me répondre.
"-Comment pouvez-vous croire ce que l'on dit sur la jalousie des femmes et leur perfidie? Tout cela n'est que chimères auxquelles l'homme a donné consistance par sa crédulité. La femme est à l'origine une pâte malléable: c'est à vous de la modeler à votre guise. Sachez que c'est un animal dont la raison comme la religion sont incomplètement formées. C'est donc à vous d'achever sa formation, et vous disposez pour cela de deux moyens: la persuasion ou le bâton. Il n'est pas une seule de mes femmes qui ne soit convaincue d'être ma préférée, et aucune n'a eu besoin de plus d'une seule étreinte pour tomber enceinte. Vous ne trouverez pas meilleur havre de paix que ma maison, ni épouses plus pudiques et désireuses de plaire à leur mari. C'est d'ailleurs pourquoi elles n'ont pas osé me chercher querelle lorsqu'elles ont appris que j'avais une petite amie."
Le Cortège des vivants - Naguib Mahfouz
Qu'en pensez-vous?
Misogyne?
Est-il le seul?
Est-il représentatif de notre société arabo-musulmane?
"... l'Histoire est toujours écrite par les gagnants. Lorsque deux cultures s'affrontent, c'est toujours celle des perdants qui disparaît. Et les vainqueurs rédigent les livres d'histoire - à la gloire de leur propre cause, en dénigrant celle des vaincus. Comme l'a dit Napoléon: "Qu'est-ce que l'Histoire, sinon une fable sur laquelle tout le monde est d'accord?" C'est la nature même de l'Histoire que d'être un compte rendu partial des choses."
Dan Brown - Da Vinci Code
Je ne sais pourquoi, ce passage du livre m'a rappelé un autre livre: "1984" de Georges Orwell, dans lequel le métier du personnage principal est "de falsifier les archives historiques afin qu'elles correspondent à l'idéal d'omniscience de Big Brother". En fait, il adapte l'histoire, en la modifiant, en cachant, au besoin en inventant... pour qu'elle "colle" à la version officielle du jour.
Et c'est un peu ce que je retiens du livre "Da Vinci Code", où on voit que l'histoire officielle du christianisme a évolué, a été changée, adaptée, modifiée... pour "coller" à la version officielle de l'Eglise. Ainsi, des siècles plus tard, des générations entières, des millions de personnes vont croire dur comme fer que tels évènements se sont produits de telle manière et non d'une autre, que telle personne a existé, telle autre n'a pas existé...
Nous sommes tous sûr que Jésus ne s'est jamais marié, qu'il n'a pas de descendants, que Marie Madeleine était une prostituée, que Noël fête l'anniversaire de Jésus, que Moïse a existé, qu'il a fait traverser la mer rouge à son peuple...
C'est sur, on nous l'a dit et redit depuis toujours.
Pourtant, et si ce n'était pas vrai?
Si ce n'était pas vrai?
Ce n'est pas vrai!
Et on peut se poser des questions, encore et encore... En fait de quoi peut-on être surs?
De pas grand chose en fait!
Da Vinci Code est sortit depuis 3 ans. Il a eu le succès que vous connaissez, pourtant je ne l'ai lu qu'il y a une dizaine de jours. Je ne sais pourquoi, je n'avait pas été attirée par ce livre, bien que dans mon entourage, tous ceux qui l'ont lu l'ont adoré. Je l'avais à la maison, mais il ne m'attirait pas.
Il y a environ 15 jours, je m'y suis mise. Je me suis retrouvée "bizarre". Le monde entier semblait avoir lu ce livre sauf moi. Et des éloges... des éloges. Alors pour ne pas mourir idiote, du moins pas trop..., j'ai fais comme tout le monde et je l'ai lu.
Ai-je aimé ce livre?
Oui et non. Je n'ai vraiment pas trouvé qu'il s'agit du livre du siècle, ni même de la décade. C'est un livre qui se lit facilement, le style est clair, l'intrigue tient en haleine...
Personnellement, le seul vrai mérite de ce livre est de montrer que nos certitudes ne sont pas vraiment "certaines", que ce que nous prenons pour sur et immuable ne l'est pas vraiment, que la vérité est relative...
Et ce qu'il dit à propos de l'histoire est tout à fait vrai de nos jours à propos de l'information, ou désinformation, ou propagande... Pouvons-nous être certains que nous ne sommes pas manipulés?
Manipulés par les médias, manipulés par les gouvernants, manipulés par les religieux....
MANIPULES
MANIPULES
P.S.: Je conseille vivement à toute personne n'ayant pas lu 1984 de s'y mettre. A défaut, lire au moins la petite étude publiée dur Wikipédia, et dont j'ai mis le lien plus haut.
Voici un message reçu sur FaceBook. Ce n'est pas la première fois, j'ai reçu pire que cela... Cliquez pour agrandir.
Traduction: Si Dieu veux, très prochainement Si Dieu veux, très prochainement Il se vengera de toi, il te brulera pour que tu sois obligée de te voiler, bien malgré toi, pour cacher ton physique des yeux des gens.
Mercredi soir, je suis allée avec mon amie Douda voir le film Thalathoun. Je l'avoue, j'appréhendais un peu, car bien que la majorité de ceux qui l'avaient vu en disaient du bien, ceux qui n'ont pas aimé avaient été virulents dans leur critiques.
Sur place, j'ai rencontré Emma, Azwaw et Stupeur. Il faut dire que la projection de ce soir-là avait quelque chose de particulier, elle se déroulait dans le cadre du ciné-club du CinéafricArt, et un débat avec Fadhel Jaziri était prévu après la projection.
Dès les premières images du film, j'ai été attirée. Très attirée même. D'abord par l'esthétique du film. Les images et les couleurs étaient très belles. Avec une dominance du bleu et du rouge.
Certains ont par la suite reproché cet esthétisme au film en disant qu'il donnait une image fausse de la société tunisienne de l'époque. Ils ont dit que cette beauté esthétique montrait des tunisiens tous beaux, bien habillés, très propres, impeccablement vêtus..., alors que la réalité était tout autre. Un spectateur avait même précisé qu'il trouvait que les images récemment filmées du film dénotaient avec les images d'archives qui étaient inclus dans le film.
Personnellement, cela ne m'a pas dérangé. Au contraire, j'ai beaucoup apprécié cet aspect du film.
Fadhel Jaziri a répondu à ce "reproche" en disant que le film n'était ni un film historique, ni un documentaire. Il n'avait pas à coller à la réalité de la société tunisienne de l'époque. Je suis d'accord avec lui. Le réalisateur nous a montré sa propre vision de cette période de l'histoire tunisienne, et une vision personnelle ne peut qu'être imaginaire et subjective.
En fait, si on fait abstraction de cette dimension historique, on peut voir le film comme une œuvre d'Art, un tableau, que l'on aime ou n'aime pas. Personnellement j'aime.
Le réalisateur a d'ailleurs insisté sur cet aspect subjectif. Il nous a appris que dans le même contexte, certains textes de Abou Kacem Chabbi avaient été "re-écris" pour "coller" un peu mieux au film.
Bref, sur cet aspect, bien que pas réel, je dirais "waow, malla wahra avaient nos aïeuls!", et je préfère les imaginer ainsi plutôt qu'en guenilles. Peut-être bien que leurs djellabas n'étaient en réalité pas aussi belles, ni aussi propres, ni aussi nettes..., mais pourquoi, pour les besoins d'un film/tableau, ne pas les représenter ainsi?
Peut-être aussi que le réalisateur voulait de part cette beauté esthétique montrer un changement: l'éveil qui se produisait en Tunisie cette époque là, un éveil à plusieurs facettes: éveil politique, éveil poétique, éveil littéraire...
Peut-être aussi qu'il voulait de cette manière nous montrer que sur une base ancienne, commençait à se greffer un discours moderne, inhabituel pour l'époque. La diction même des acteurs est moderne. Anachronisme? Non, je ne le pense pas.
Toujours est-il que les images de ce film sont en totale rupture d'avec les images habituelles du cinéma tunisien. Images sublimes je trouve.
Autre reproche qui a été fait à ce film: la quasi absence de présence féminine. Oui, c'est vrai, il n'y a dans ce film presque pas de femmes. Mais à l'époque, quel rôle jouaient-elles donc? N'étaient-elles pas souvent prisonnières des maisons et des traditions? Faisaient-elles partie de la vie culturelle ou intellectuelle tunisienne?
On voit dans le film un meeting, et une femme sur le podium demander que les femmes enlèvent le voile. C'étaient les années trente. Le plus drôle, celui qui dit qu'il est trop tôt pour cela est un jeune homme du nom de Habib Bourguiba. Celui-là même qui quelques années plus tard enlèvera le voile de la femme tunisienne.
Cela m'a fait sourire. Nous sommes en 2008, et en Tunisie, nous débattons encore du problème du voile. Mais paradoxalement, nous en discutons actuellement parce que certaines veulent le porter à nouveau!
Que dirait Habib Bourguiba aujourd'hui s'il voyait cela?
Autre chose qui à mon avis n'a pas évoluée depuis les années trente: l'intolérance.
Tahar Haddad écrit un livre révolutionnaire pour l'époque. Que se passe-t-il?
Une campagne de dénigrement se met en place. Il est rejeté par presque tous. Il est accusé d'hérésie, de kofr... Il est mis au ban de la société. Il est renvoyé de son emploi. Certains ont réclamé que son livre soit brulé... En fait, c'est encore ainsi que cela se passe, non? Sauf que peut-être aujourd'hui, il y aurait en plus une fatwa à son encontre!
Les idées de Tahar Haddad seront quand même reprises lors de la rédaction du Code du Statut personnel Tunisien.
Mais l'absence féminine dans le film nous montre aussi que les droits de la femme tunisienne n'ont pas été arrachés par elle, ils lui ont été donnés par des hommes qui se sont battus à sa place. Après le film, j'ai eu l'occasion de discuter un peu avec Youssef Seddik, lui aussi présent à cette projection. Monsieur Seddik semble très très pessimiste quant à l'avenir de la condition des femmes tunisiennes, auxquelles il reproche de ne pas avoir été des féministes réclamant leurs droits, et donc n'accordant pas assez d'importance à ces droits qui leur ont été offert par des hommes. D'après lui, dans une trentaine d'années, la femme tunisienne, si elle reste toujours aussi effacée et inerte, aura perdu tous ces droits qui lui semblent des droits acquis mais qui tendent à disparaitre. J'espère de tout cœur qu'il a tort, j'espère que ma fille, et ses futures filles, vivront dans un pays où la femme est une citoyenne et une personne à part entière, jouissant des mêmes droits et soumises aux mêmes obligations que les hommes. Malheureusement, parfois, en observant le comportement de certains de mes compatriotes, j'ai moi aussi des craintes.
Dans le film, le réalisateur insiste aussi sur la guerre des clans, sur les "guerres intestinales", sur la koffa et les kaffèfas, sur ceux qui, proches du pouvoir, essayent de s'y maintenir pour conserver leurs privilèges.... Tout cela n'a pas changé non plus. Mais cela est peut-être inhérent à l'être humain. Pendant des siècles, les êtres humains ne se sont-ils pas toujours comportés ainsi?
Je reviens à Bourguiba. On le retrouve fougueux, décidé, fin stratège, instruit..., mais aussi opportuniste, coléreux... Et MODERNE. D'ailleurs, il était le seul personnage du film à être BILINGUE. Il parlait aussi bien en Arabe qu'en Français.
Je reproche au film d'avoir négligé un petit détail: Bourguiba était connu pour son regard bleu. Un bleu limpide. Or l'acteur qui jouait le rôle avait des yeux noirs. Pourquoi ne pas lui avoir fait porter des lentilles bleues. Cela était-il intentionnel ou bien juste un oubli?
A ce sujet, concernant les détails, j'aurais des reproches à faire au décorateur et à l'accessoiriste du film: quelques fautes comme la théière marocaine. Où sont donc nos théières tunisiennes? Si difficiles à trouver? D'autres exemples de ce genre dont je ne me souviens plus. De même, des anachronismes, telle cette lampe en plastique bleue au désign très moderne. Que fait-elle donc dans un film supposé raconter les années trente?
Par contre, "détail" qui m'a amusée: à un moment, on voit un tableau. Je le reconnais tout de suite. Je dis à mon amie: "regarde, il s'agit d'un tableau de Roubtzov". Effectivement, la scène se passait chez Alexandre Roubtzov. Cela m'a fait plaisir de "rencontrer" un de mes peintres préférés dans un film.
En conclusion, bien que peut-être pas parfait, je trouve ce film très intéressant et à voir absolument. Personnellement, il m'a "parlé".
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