En 1996, j’avais visité l’Institut du Monde Arabe pour la
première fois. A l’époque s’y déroulait une manifestation intitulée "Égypte : cent ans de cinéma". J’avais adoré. Il y avait autour de ce sujet,
des expositions, des projections de films, des costumes, les premiers films
égyptiens muets… Il y avait aussi une expo de superbes photos anciennes de Lehnert
et Landrock prises en Egypte…
Bref, mon mari et moi y avions passé une journée entière, et
c’était génial.
Depuis, je n’ai pas eu l’occasion d’y retourner.
J’ai profité cette fois-ci pour y aller. Quelle
déception !
Rien. Il n’y a plus rien à voir à l’Institut du monde Arabe.
Juste un verre de thé en terrasse, et une petite expo de sculptures. Rien
d’autres. Quel dommage. Il parait que les États arabes ne versent pas leurs
cotisations et que l’Institut a faillit fermer ses portes.
J’ai quand même pris des photos de quelques œuvres exposées.
Cette sculpture s'intitule "Au cœur du rêve", j'ai pris en photo les deux faces. D'un coté le rêveur et de l'autre l'objet de son rêve...
Cette sculpture représente un danseur. Cela m'a étonnée, j'aurais plutôt pensé à un marin!
Dès que j’ai appris qu’un film de Yousry Nasrallah était
projeté sur les écrans parisiens, je me suis dépêchée d’aller le voir. Et je ne
l’ai vraiment pas regretté.
Je pense qu’à une seule exception, je n’ai jamais été déçue
par les films de Yousry Nasrallah, bien au contraire. A chaque fois, j’ai envie
de voir et revoir ses films, une seule vision étant insuffisante pour y voir
tout ce que Yousry Nasrallah a voulu nous montrer.
Ehky ya schahrazad ou femmes du Caire, tels sont les titres
de ce film, son titre original et son titre français, film tout récent, qui
décrit un aspect de la situation de la femme égyptienne, de nos jours, encore en 2009.
Synopsis :
Le Caire, de nos jours. Hebba et Karim forment
un couple de journalistes à succès, jeunes, riches et beaux. Hebba anime un talk-show
politique, mais sa pugnacité anti-gouvernementale met en danger la promotion
qu’attend son mari. Il lui met la pression ; elle promet de mettre un peu d’eau
dans son vin. Son émission troque alors la politique pour des faits divers
féminins. Le succès est immédiat : Hebba passionne des millions de spectateurs
avec des histoires vraies, pleines de surprises, de violences, de
rebondissements, les emmenant des bas-fonds du Caire à la jet-set, impliquant
des membres du gouvernement, dans un tourbillon de sensualité et d’inventivité
romanesque. Mais où s’arrête la politique, où commence la question de la
condition féminine ? Hebba se retrouve très vite en terrain miné fait d’abus,
de tromperies religieuses, sexuelles et... politiques. De conteuse, Hebba devient
elle-même une histoire.
Après avoir vu ce film, j’ai lu plusieurs articles à son
sujet, des articles écrits par des journalistes, par des critiques de cinéma,
par une blogueuse (1), (2), (3), (4), (5), (6)… Et je suis d’accord avec tous. Je vous invite à faire de
même. Bien que chacun interprète le film sous un angle divers, ils sont tous
unanimes pour en dire beaucoup de bien.
J’espère contribuer à enrichir le débat par ma propre
contribution, et cela surtout en disant: il ne s’agit pas seulement de la femme
égyptienne, mais il s’agit de toutes les femmes arabo-musulmanes, et peut-être
même de la Femme, bien
que je ne connaisse pas la situation des femmes du monde entier pour affirmer
cela.
Je me limite donc à la femme arabo-musulmane.
Je sais, j’entends déjà tous ceux qui diront : oui,
mais la femme tunisienne a dépassé tout cela et joui aujourd’hui d’une égalité
quasi-parfaite avec les hommes.
Ok. D’accord. Mais seulement sur certains plans.
Oui, d’accord, la femme tunisienne a bien plus de droits que
toutes les autres femmes arabo-musulmanes. Je sais. Je suis d’accord.
Mais dans ce film, il ne s’agit en aucun cas de droits.
La femme tunisienne est majeure comme l’homme, et
juridiquement, du moins en ce qui la concerne personnellement, elle a les mêmes
prérogatives que l’homme tunisien. Elle peut par exemple, et par elle-même,
décider de travailler, de faire des études, de voyager, de se marier, de divorcer…
sans autorisation d’un tuteur. Oui, ok, c’est vrai. Mais si on parlait de la
société, de la pression sociale et non pas de droit?
Je dirais que socialement, il reste encore beaucoup à faire.
Et c’est bien ce que montre ce film.
Dans une société sclérosée, ployant sous le poids des
traditions, où est la place de la femme?
Le film d’ailleurs, nous montre des femmes de milieux
différents pour prouver que cela touche toutes les classes sociales, pas
seulement celles qui sont défavorisées ou illettrées.
Hebba est une femme instruite. Son mari aussi. Ils sont
jeunes, beaux et riches. Ils s’entendent sexuellement. Donc, à priori, aucun
problème à l’horizon. Pourquoi y en aurait-il d’ailleurs? Si ce n’est que la
société veille.
Karim, le mari de Hébba est un lèche-bottes. N’ayons pas
peur des mots. Il veut une promotion, il veut être reconnu, mais non pas grâce
à son mérite, mais grâce à ses relations et aux courbettes qu’il passe son
temps à faire à gauche et à droite.
La relation de Karim avec ses collègues et avec ses
supérieurs est en soi un problème de nos sociétés : hypocrisie,léchage de bottes aux « waslins ». Mais
dans ce film, ce qui m’intéresse, c’est surtout le fait que Hebba est plus «propre»
et courageuse que son mari. Elle est plus intègre. Elle ne veut pas de ces
manœuvres de lèche-bottes. Elle voudrait pouvoir s’affirmer par elle-même et
par son travail, et c’est aussi ce qu’elle souhaite et conseille à son mari.
Hebba a commencé à avoir un certain mépris pour son mari,
mais sa copine la met en garde: «n’oublies pas que c’est ton
deuxième mariage, si jamais tu divorçais, que diraient les gens et quel serait
ton avenir?». Voici une injustice flagrante de nos sociétés:
un homme peut divorcer, encore et encore, il pourrait toujours se remarier,
refaire sa vie. Mais une femme?
Une femme, pourrait à la limite divorcer une fois, on
pourrait à la limite lui pardonner une fois, mais deux?
Même si elle est parfaite, même si elle ne commet aucune
faute, on le lui reprocherait: elle est divorcée. C’est une divorcée. Une
étiquette qui colle à la peau. Une tare. Attention, elle est divorcée. Quelle
maman en voudrait pour son fils?
Pourtant, Heba et Karim viennent d’un milieu censé instruit
et «moderne».
Tout est moderne chez ce couple : un appartement meublé
à l’américaine, une nourriture américaine (on les voit manger je crois à deux
reprises, et à chaque fois, ils mangent du pain de mie, des sandwichs… pas de cuisine
égyptienne).
Leurs relations de couples semblent modernes, leur façon de
faire l’amour parait moderne, et pourtant….Pourtant, lorsque Hebba a commencé à
manifester son désaccord, son mari lui a bien signifié qui est l’homme et où se
trouve la place de chacun.
Pourtant Hebba a fait preuve de bonne volonté. Elle a essayé
d’aider son mari. Bien que n’étant pas d’accord avec sa manière de vouloir
plaire à ses patrons, elle a quand même «obéi» à son mari et modifié son émission.
Lorsqu’il n’a pas la promotion escomptée, que fait-il ?
Il se venge sur Hebba, il la bat. Il manifeste toute sa
rancœur contre elle, il la rend responsable de tous ses problèmes, et c’est
l’œil au beurre noir qu’elle ira témoigner. Hébba, la femme moderne et
instruite est battue par son mari, parce que c’est ainsi. Parce que même
lorsqu’une femme est en apparence traitée sur un pied d’égalité, elle reste une
femme et doit être corrigée.
Je sais, j’ai parlé de la fin du film, mais il s’agit
d’histoires de femmes, et j’ai commencé par celle de Hebba, même si son
histoire se développe tout au long du film.
Pour faire plaisir à son mari, et aussi par crainte d’un deuxième
divorce, Hebba est d’accord pour changer le sujet de son émission de TV, et
voilà que l’occasion lui en ai offerte d'une manière inattendue.
Hebba se rend dans une parfumerie. Elle est habillée à la
dernière mode. Elle s’enquiert de la nouvelle collection de Chanel et commande
toutes les couleurs de rouges à lèvres. On comprend que Hebba est privilégiée.
Une vendeuse de cette parfumerie lui reproche le fait que
son émission ne traite pas des problèmes de tous. Comme Hebba s’étonne, la
vendeuse lui propose d’aller avec elle pour découvrir une autre réalité que la sienne.
Cette vendeuse elle-même est intéressante. Elle dit à Hebba
qu’elle est double. En effet, elle travaille dans cette parfumerie, elle est
habillée à l’occidentale, mais dès qu’elle quitte son travail, elle se voile et
vis dans les quartiers défavorisés. Hebba l’accompagne. Dans le métro, Hebba
est l’unique femme à ne pas porter de voile. Tous la regardent avec insistance.
Ils la fixent et la mettent mal à l’aise. La vendeuse ressent ce malaise et lui
donne un foulard pour qu’elle se couvre la tête comme toutes les autres femmes.
La pression sociale et le voile. Une belle image. Certaines
se voilent peut-être par choix, mais toutes les autres? Toutes les autres
le font-elles vraiment par choix?
N’est-ce pas la pression sociale qui les y oblige, cette
pression pouvant être un parent, le voisinage, un patron, ou tout simplement le
regard des autres?
Pour son émission, Hebba va donc rencontrer des femmes
différentes, et chacune va raconter son histoire.
Nous avons celle qui est resté vieille fille. Elle a fini
dans une clinique psychiatrique. Pourquoi? Parce qu’elle a refusé le
carcan social, elle a refusé le mariage à l’égyptienne (ou à
l’arabo-musulmane), elle a refusé le joug des traditions, elle a refusé la suprématie
du mâle, elle a refusé d’être l’ombre d’un homme.
Elle va à un rendez-vous. Elle écoute le prétendant énoncer
toutes ses conditions. Et à la fin, elle lui dit qu’elle accepterait toutes ses
conditions, mais qu’elle demande juste ce qu’elle aura en retour. Quoi? Elle répète: pourquoi renoncerait-elle à sa liberté, à son indépendance financière, pourquoi
est-ce qu’elle accepterait de faire le ménage, de s’occuper de la belle-mère,
de faire la cuisine…? En contrepartie de quoi? Que va-t-il lui apporter lui?
Que répond le prétendant ?
Un mari.
Une femme doit consentir à tout cela, à toutes ces
restrictions, à toutes ces obligations, seulement et uniquement pour avoir un
mari.
Mais qu’est donc un mari dans nos sociétés ?
Elle est prête à renoncer à tout cela pour avoir un
compagnon, pour avoir un amoureux, un partenaire, un prince charmant, mais… on
ne lui offre qu’un mari, qui ne remplirait aucune de ces «taches».
En fait, elle ne consentirait à tous ces sacrifices que pour obéir à la société
et jouir du statut de la femme marié. Et quel statut !
Cette femme est venue témoigner à l’émission de Hebba. J’ai
adoré lorsqu’elle a commencé son témoignage en disant qu’elle voulait parler du
voile. Hebba étonnée, lui demande s’il s’agit du voile islamique, elle lui
répond que non, qu’elle parle du voile qui couvre depuis quelques temps les
esprits des gens. Ce voile qui s’est abattu sur les cerveaux de tous les
égyptiens, hommes et femmes.
Je dirais: pas seulement égyptiens d’ailleurs!
Il y a deux autres témoignages dans le film. Je ne peux les
raconter tous. Mais à chaque fois il s’agit de femmes victimes d’hommes.
D’hommes qui profitent des lacunes de nos sociétés et s’en servent pour
tromper, bafouer, profiter, exploiter des femmes. L’oncle qui vole l’argent de
ses nièces, pourtant elles-mêmes pauvres, l’employé qui séduit les filles de
son patron décédé, le futur ministre arnaqueur…
D’ailleurs, pour ce dernier témoignage, la femme est arrêtée
pour avoir protesté et posé une simple question: sur quels critères les
ministres sont-ils nommés?
Yousry Nasrallah profite d’ailleurs de son film pour aborder
d’autres problèmes que ceux de la place de la femme dans nos sociétés. Il parle
de corruption, il parle de drogue, il parle d’hypocrisie… Et comme onle répète souvent dans ce film, tout est
politique.
TOUT EST POLITIQUE, c’est bien vrai.
Je ressens ce film comme un signal d’alarme. Attention,
mesdames et messieurs, nous avons des problèmes. Nos sociétés arabo-musulmanes
souffrent. Et un des problèmes majeurs est celui du statut de la femme, qui représente,
il ne faut jamais l’oublier, la moitié de l’humanité.
Allez voir ce film, c’est le conseil que je vous donne.
Entre temps, lisez les articles qui lui ont été consacrés.
Quand à moi, je le reverrais avec un très grand plaisir.
Paris. Je
ne sais pas pourquoi, cette fois-ci je vois Paris d’un nouvel œil. Est-ce parce
que j’ai changé de quartier ?
D’habitude
j’habite toujours dans le quartier de l’Opéra, cette fois-ci je suis du coté de
l’Etoile, pourtant, j’ai aussi habité dans ce quartier lorsque j’étais
étudiante, mais étudiante, je ne remarquais encore rien. Et puis, d’habitude,
je suis toujours entrain de courir, d’une course à l’autre, pas cette fois-ci
où j’ai tout mon temps. Je découvre…
Je
pense aussi que la blogueuse a un œil différent. J’en suis même persuadée.
Depuis que je tiens ce blog, je remarque beaucoup de choses qui passaient
complètement inaperçues avant.
D’abord,
parce que maintenant, j’ai le regard de la personne qui pense au partage.
Partager ce que l’on voit, partager des connaissances, partager des émotions…
Et
puis, grâce à vous tous, j’ai de nouveaux intérêts, de nouvelles sensibilités.
Vous m’avez appris à faire attention à certaines choses, à certains détails… et
je vous en remercie.
Je
publie aujourd’hui des photos que j’ai faites ça et là, au hasard, sans raisons
particulières, juste pour le plaisir….
(Cliquez sur les photos pour les
agrandir).
Un
bel immeuble sur la plus belle avenue du monde, du moins, c’est ce que l’on
dit :
J’ai
adoré les sculptures, particulièrement celles du balcon, on dirait de la
dentelle.
Un
autre bel immeuble au rond point des Champs Elysées :
Cette
sculpture, trouvée dans une vitrine de vêtements pour dames. Je l’ai trouvée
très belle.
L’artiste
s’appelle Iris Vargas, elle vient du Vénézuéla, où elle est née en 1953.
Elle
sculpte en taille directe le marbre et toutes sortes de pierres, en développant
mouvements et contrastes. La photo ne rend malheureusement pas justice à la
beauté de l’œuvre.
Une
photo du magasin «Au printemps». Les dorures ont été rénovées. Cela ne se voit
malheureusement pas sur la photo, mais c’était très beau et j’ai eu envie de
prendre une photo.
L’autre
soir, avec des amis, nous sommes allés manger des glaces. Je ne me rappelle
malheureusement pas le nom du glacier, mais c’est la première fois que je vois
des cornets de glace en forme de rose. C’est beau non?
C’est
bon aussi…
Je
vous publie aussi une photo sympa, je ne saurais vous dire ce que c’est
exactement. Un tableau ? Disons une composition de cravates. J’ai trouvé
cela très sympa, et j’ai eu envie de prendre une photo.
Je
termine cette note sur cette photo de l’Arc de Triomphe. Je l’ai prise hier
soir en rentrant.
Genève. J’y suis pour 24 heures. Je ne suis pas venue à Genève depuis des années, et je ne sais pas pourquoi, à part la gare, je n’ai rien reconnu, et j’ai même eu l’impression de tout découvrir pour la première fois.
Hier, j’avais ma fille et mon neveu avec moi et je voulais leur faire découvrir un maximum d’endroits.
Le centre ville est assez petit, on peut se promener dans Genève à pieds. Nous n’avons pris le tramway que pour un petit trajet, les enfants commençaient à se fatiguer.
Surprise en arrivant à l’aéroport: les transports en bus et en tramways sont gratuits pour les touristes. Il paraît que cela est compris dans la taxe de séjour que nous payons à l’hôtel.
Nous avons commencé par la visite du centre ville. Bien-sûr, on est frappé par la propreté des lieux et surtout par la gentillesse des gens. Si vous avez besoin d’un renseignement, si vous sollicitez un vendeur dans un magasin… les gens vous aident, et très aimablement.
Nous avons visité la vieille ville. Très jolie. Mais fatigante, cela monte, descend et remonte, des pentes, des escaliers... Mais cela nous avait fait faire du sport. J’en ai encore des courbatures aux mollets!
Ce qu’on remarque dans la vieille ville, c’est le nombre important de fontaines, et toutes sont potables. Une eau fraîche et bonne. Et bien sur, des horloges un peu partout.
Dans la cathédrale Saint-Pierre de Genève, il y avait hier un concert de carillons. Nous avons pu entrer jeter un coup d’œil en promettant de rester silencieux. Je ne sais pourquoi cette cathédrale m’avait fait penser au livre «Les piliers de la terre» de Ken Follet. Il faut dire que depuis ce livre, je n’ai jamais pu regarder les cathédrales de la même manière. En lisant ce livre, on se rend compte que construire de tels monuments à leurs époques était un travail titanesque qui durait souvent des dizaines d’années.
Dans la place du Bourg-de-Four, il y a la statue d’une jeune fille qui pleure. Qui est-elle? Pourquoi pleure-t-elle? Ma fille a posé ces questions auxquelles je n’ai pas su répondre. Comme elle est têtue (comme sa mère, et son père aussi d'ailleurs), elle est allée poser ses questions à une serveuse d’un restaurant de la place, qui n’a pas su lui répondre non plus. Elle s’est alors mise à la recherche d’un policier pour qu’il la renseigne, et c’est à ce moment-là que nous nous sommes aperçues que nous n’avions vu aucun policier à Genève. Aucun. Vraiment aucun. Pas de police à Genève?
J’ai aussi emmené les enfants dans un parc. Sur la pelouse, des gens faisaient des gestes bizarres. Ce n’était pas du sport, ce n’était pas de la danse, ni du yoga non plus.
Poupée toujours curieuse, me demande ce qu’ils font. Je lui réponds que je n’en sais rien. Elle s’étonne qu’ils fassent ce genre de choses en public. Je lui réponds que la Suisse est un pays libre et que les gens ne passent pas leur temps à se regarder, à se juger… Du moment que l’on respecte autrui et la loi, on est libre. Alors si on veut danser, sauter, faire du sport ou faire des gestes bizarres, on est libre de le faire.
- Ah??? Elle s’étonne mais comprend.
- Je peux le faire moi aussi?
- Tu peux le faire toi aussi.
Ensuite, elle voit un couple entrain de flirter ouvertement. Ils sont libres ceux-là aussi demande-t-elle? Oui. Ils sont libres. Et si tu fais attention, tu remarqueras que tu es la seule à les regarder, personne d’autre ne prête attention à eux.
- Tu veux vraiment dire que c’est un pays libre ici?
- Oui ma chérie. C’est un pays libre.
- Ils ont aussi ce qu’on appelle la liberté d’expression?
- Oui, ils ont cette liberté aussi.
Je sais, Poupée a des oreilles qui traînent un peu partout, et avoir une maman dont le blog a été censuré donne lieu à certaines discussions…
Vous pouvez me croire, on respire mieux dans un pays sachant que la pression sociale est inexistante, que l’on peut s’habiller comme on veut, que l’on peut manger ce que l’on veut, que l’on peut dire ce que l’on veut… sans être jugé, jaugé, critiqué, condamné, censuré, méprisé…
Au détour d’une rue, nous avons trouvé une toute petite église orthodoxe. Nous y avons pénétré. La décoration n’a strictement rien à voir avec le faste des églises russes. Pas de dorures ni de richesses excessives. Un office était célébré, cela a étonné les enfants. C’était la première fois qu’ils voyaient cela.
Le soir, nous avons dîné dans la vielle ville. Bien sur fondue de fromage et viande séchée des grisons. Spécialités du pays. Je suppose que toutes les calories dépensées lors de la visite ont été récupérées à la vitesse grand V, et je me demande si je n’en ai pas gardé quelques unes en réserve.
Saviez-vous que Jean-Jacques Rousseau était genevois?
Personnellement je ne le savais pas. Je l’ai appris hier. Par hasard, le restaurant où nous avons dîné se trouve juste en face de la maison où Jean-Jacques Rousseau est né. J’ai ainsi pu m’apercevoir que lui et moi sommes nés le même jour.
On nous avait dit que le soir, il y aurait un feu d’artifice sur le lac Léman. Nous y sommes allés. Et nous nous sommes aperçus qu’il s’agissait en réalité d’une grande fête. Je me suis renseignée, c’était la fête de Genève. Cette fête existe depuis les années 1920. Cette année, elle a lieu du 29/07/2010 au 08/08/2010. Je ne connaissais pas du tout, mais cela vaut le coup de se déplacer, alors si vous n’êtes pas loin…
Quelle fête mes amis!
Il y avait une foule immense. Des gens de tous âges. Beaucoup de touristes aussi d’ailleurs.
Il y avait des stands partout, des stands de jeux, des bars, des restaurants, certains étaient une vraie attraction, comme par exemple un bar où on servait des noix de coco. Un type avec une grande machette coupait les noix de coco, et les servait, soit nature, soit avec de l’alcool. La précision avec laquelle il coupait ces noix de coco était impressionnante. Il y avait aussi deux outrois concerts. Les gens étaient là, ils buvaient, chantaient dansaient… Le tout dans une ambiance bon enfant. Nous n’avons vu aucun, mais aucun policier, mais nous n’avons pas vu non plus de bagarres, de débordements, de personnes saoules entrain d’embêter les autres… Rien de tout cela, que des gens qui s’amusent. Et aucun policier en vue. Comment l’ordre se maintient-il avec une telle foule? Il faut croire que certains peuples sont arrivés à maturité et d’autres pas!
Si cela peut en consoler quelques-uns, en France pour le bal du 14 Juillet ou pour la fête de la musique, il y a plein de flics aussi, comme quoi…
Les enfants étaient émerveillés. Ils regardaient partout. Ils s’amusaient. Nous avons fait un tour dans la grande roue, mais comme je suis une peureuse et que je déteste les sensations fortes, j’ai refusé de faire les autres attractions. Ils iront une autre fois avec leurs pères.
Hier, j'ai fait une rencontre extraordinaire. J'avais un objet
à acheter. Je n'avais aucune envie d'aller dans un supermarché, cela
m'énervait de perdre beaucoup de temps pour acheter juste un truc. Tout
d'un coup je me suis rappelée un vieux magasin que ma mère fréquentait
il y a des années lumières. J'y suis donc allée en me demandant si le
magasin existait encore. Il était là.
En garant ma voiture juste
devant, j'ai remarqué que dans une des vitrines, il y avait des objets
anciens, certains même paraissaient très très anciens. Des poteries, des
objets du culte juifs, des chandeliers, de outils... Étonnant. Mais je
me suis dit que peut-être le magasin avait été converti en magasin
d'antiquités. J'entre. Normal, le magasin n'a pas changé, il vend
toujours les mêmes articles.
Je me dirige vers un vendeur
derrière le comptoir. J'ai eu de la chance, il s'agissait du
propriétaire. Je le questionne à propos de la vitrine: que sont ces
objets? Sont-ils réellement anciens? Quel est le prix de vente?
Il
me répond tranquillement: "pourquoi posez-vous ces questions? Oui, ces
objets sont vraiment anciens, mais ils ne sont pas à vendre".
Ma curiosité est piquée au vif, surtout qu'en plus de la vitrine, dans le magasin
lui-même, il y avait ça et là divers objets anciens, des tableaux, des
vases, des instruments de musique, des poteries, une vitrine d'objets en
argents et de médailles...
Insolite pour un magasin pareil.
La
conversation s'engage avec cet homme. Et je découvre que tous ces
objets lui appartiennent. Il est collectionneur de tout ce qui est
ancien et particulièrement tunisien. Il était apparemment heureux de
rencontrer une personne qui s'intéresse à ses "trésors".
Je
voulais gagner du temps en n'allant pas dans une grande surface, mais
j'ai passé environ une heure et demi à discuter avec cet homme. C'était
un vrai régal.
Il m'a montré un livre ancien, relié en cuir, mais
écrit à la main. C'est la première fois je crois que je vois un livre
entier écrit à la main. Écriture à la plume et encre un peu violette.
J'ai
voulu prendre une photo, je lui ai demandé, et en un clin d'œil le
livre avait disparut.
Je lui demande pourquoi il ne veut pas
partager ses trésors avec autrui. Il refuse catégoriquement.
Je
lui explique Internet, je lui explique le partage sur Internet. Je lui
dit qu'il est possible de publier des photos sans indiquer son nom ou
l'endroit où se trouvent ces objets. Suis-je arrivée à le convaincre? Je
ne sais pas. Je lui ai quand même laissé mon numéro de téléphone en lui
demandant de réfléchir et au cas où...
Il parait que des amis à
lui lui avaient déjà suggéré de publier les photos de ses objets sur
Internet. Mais il n'en voit pas l'utilité.
Il a plusieurs livres
d'art, il aime à se renseigner sur les objets, leur utilité, leur
histoire... Je lui ai dit qu'Internet pouvait avoir la même utilité,
qu'en plus du partage avec les autres, il pourrait ainsi récolter des
renseignements, des anecdotes... J'espère l'avoir convaincu.
Je
lui ai demandé pourquoi il gardait tous ces objets au magasin au lieu de
les mettre en valeur chez lui dans sa maison. Il a répondu que d'abord
il craignait que ses enfants ne les abiment, mais qu'en plus sa femme
n'avait jamais manifesté aucun intérêt pour ces "vieilles choses".
Personnellement, je ne la comprends pas. Cela aurait été un vrai bonheur
d'avoir toutes ces antiquités à la maison. Mais bon, les goûts et les
couleurs...
Et surtout, m'a-t-il expliqué, il voulait avoir ses
trésors avec lui. Il passe sa journée entière au magasin. Lorsqu'il est
stressé ou énervé, il prend un de ces objets, il l'astique, le caresse,
lui parle... et le stress s'envole.
Il a raison, je trouve.
Et quel amour pour ces objets!
Entre autres objets que j'ai vu
hier, il y avait un service à thé miniature en argent filigrané. Un
plateau ovale d'environ 7/8cm de long, avec de minuscules tasses, un
sucrier, une théière encore plus petite qu'un dé à couture.... Imaginez
la patience de l'artisan qui a fait un tel travail.
Il y avait un
manuel d'histoire utilisé par les écoliers pendant le protectorat.
Il
y avait de très anciens parchemins en hébreu et des textes anciens sur
des morceaux de bois....
Son rêve est, parait-il, de pouvoir
s'associer avec d'autres collectionneurs et d'ouvrir un musée.
J'espère
qu'il va changer d'avis à propos d'Internet et qu'il m'appellera, je
pourrais ainsi vous montrer en photos quelques uns de ces objets. En
attendant, j'ai promis que je ne vous dirais même pas où se trouve le
magasin ni ne donnerais d'indices permettant de le retrouver.
Hier soir, s'est déroulée au restaurant "Chez Mamie Lilly" une manifestation assez originale.
En collaboration avec la galerie "EFESTO, Salon des artistes" à la Marsa, un diner un peu particulier a été organisé. A l'issu de ce diner, de la peinture et tout le nécessaire étaient fournis et les gens présents devaient laisser libre cours à leur imagination et à leurs dons artistiques et créer des tableaux.
Ces tableaux vont être ensuite encadrés et exposés en septembre 2010 à la galerie EFESTO pour être vendus au profit de l'association APPAI (Association pour la Protection des Psychotiques et des Autistes Infantiles*). Il s'agit d'une association de parents, fondée en 1987, agissant pour la défense, la protection et l'intégration de leurs enfants atteints d'autisme.
Nous étions plusieurs à avoir répondu présents hier soir. La soirée s'est très très bien déroulée. Ambiance décontractée et bon enfant. Et au final, de très jolis tableaux. Certains ont de vrais dons d'artistes. Jugez par vous-même, mais surtout n'oubliez pas qu'il s'agit de "peintres" amateurs et que les tableaux sont encore à l'état brut et même pas encore secs. Ils sont disposés un peu partout pour sécher. (Je n'ai pas pris tous les tableaux en photo, il y en a d'autres).
J'ai personnellement collaboré à l'un de ces tableaux. Devinez lequel?
Mon mari n'a pas su. Et vous?
Bravo, c'est en effet celui-là: 404 not found.
J'ai eu cette idée lorsqu'une amie à commencé à peindre et qu'une autre amie lui a dit que cela ressemblait à une prison. L'association d'idée s'est vite faite dans mon esprit. Et voilà, j'ai continué: 404 not Found en rouge SANG. Les victimes de la censure pleurent des larmes de sang à cause de leurs idées emprisonnées.
J'espère qu'en septembre 2010 vous serez nombreux à venir aider cette association en achetant ces tableaux.
Une fois installés dans nos chambres, moi dans ma 777, nous avons juste eu le temps d'aller visiter le métro de Saint-Pétersbourg avant d'aller diner.
Lorsque j'avais vu cela dans le programme, j'avais été étonnée: pourquoi visiter un métro? Qu'y-a-t-il de particulier dans un métro?
Et j'ai compris. Le métro de Saint-Pétersbourg est magnifique. Nous n'avons visité que 4 ou 5 stations, et c'est bien dommage, j'en aurais visité d'autres avec grand plaisir.
Le métro de Saint-Pétersbourg date de 1955. A cause de la géologie du sol, il est le métro le plus profond du monde. Il transporte environ 3,5 millions de voyageurs par jour. Il compte seulement 5 lignes, et dessert 162 stations.
La décoration est très belle. Chaque station a son propre style ou son propre thème.
Une autre particularité nous a été expliquée par la guide: certains stations ont été aussi conçues comme des abris anti-atomique. N'oubliez pas que la guerre froide a duré de très longues années. Il parait que ces abris étaient pourvus de tout le nécessaire, meubles, alimentation..., pour s'y cacher de nombreux mois en cas de besoin.
Sur cette photo, cette décoration cache une porte menant vers ces abris. Vous remarquerez les charnières, bien camouflées dans la décoration.
En ce qui concerne les trains en eux-même, à Saint-Pétersbourg, à mon avis ce sont les mêmes trains qui circulent depuis 1955. De vieux trains en bois, peints et repeints...
Idem pour les escalators, ce sont de vieux escalators en bois. Certains d'entre vous en ont peut-être déjà vu de semblables dans certaines stations parisiennes avant qu'ils ne disparaissent.
Nous avons ensuite diné au Café Pouchkine. Bof bof bof, je ne conseille ce restaurant à personne. On n'y mange vraiment pas bien. Une petite troupe tzigane a essayé de mettre un peu d'ambiance, mais rien d'exceptionnel. Le seul intérêt de ce restaurant serait de prendre une photo avec le mannequin de cire de Pouchkine. Vraiment pas plus. Aucune comparaison possible avec le Café Pouchkine de Moscou dont je vous parlerais prochainement.
Le 3ème jour du voyage, lever très matinal pour prendre le ferry de 07h00 pour Tallinn, capitale de l'Estonie.
Que dire à propos du ferry?
Il s'agit d'un monstre énorme. Je n'en connais pas la capacité, mais c'est énorme. Nous avons compté 8 niveaux. Restaurants. Supérette. Boutiques. Cabines... et même un petit casino.
A l'aller, nous ne savions pas qu'il y aurait autant de monde à bord, nous ne nous sommes donc pas dépêchés pour prendre place. En fait, bien que le ferry soit monstrueusement énorme, il n'y a pas assez de places assises pour tous, donc premier arrivé, premier servi.
Au retour, cela a été la course pour avoir des places assises. D’autant plus que la traversée dure 2 heures, et que nous étions tous KO.
Ce qui a donné lieu à quelques petits accrochages avec d'autres passagers. Comme quoi, même dans les pays du Nord, réputés pour leur civisme, on peut trouver des gens non civilisés.
Un couple d’amis et nous avions pris des places autour d’une table. Une famille de 4 personnes est arrivée par la suite et a pris les 2 places qui restaient à la même table et 2 autres places à une table juste derrière. Ils étaient séparés, mais d’environ 50/60cm. Ils discutaient d’ailleurs ensemble et tous mes projets de somnolence pendant le trajet se sont envolés avec leurs discussions.
La femme, une énorme blonde s'était attaquée à moi, elle voulait prendre la place de mon mari sortit fumer une cigarette avec un ami. Elle était pourtant assise, son mari avec elle. Mais elle voulait que sa fille qui était donc assise juste derrière prenne la place de mon mari pour se rapprocher d'elle. Comme je ne m'étais pas laissée intimider par son physique de géante (je suis loin d'être petite moi aussi!)et que j'ai défendu nos places, elle m'a lancé un énorme "You gypsy" qui m'a étonnée. Je ne pensais pas avoir le physique d'une gitane, à moins que mes cheveux bruns lui aient donnée cette impression!
Je lui avais répondu par un "you bitch" croyant sincèrement que cela signifiait "sorcière", et qui s'est révélé être un plus méchant. Mais tant pis pour elle, elle l'a mérité.
Après 2 longues heures de traversé, nous sommes enfin arrivés à Tallinn.
La ville nouvelle n'est pas très belle.
De 1944 à 1991, l’Estonie a fait partie de l’Union Soviétique. L'architecture de la ville nouvelle s’en ressent. Immeubles carrés, sans aucune décoration. Juste de l'utile.
Après un très rapide tour de la ville, où le guide nous a fièrement raconté comment les estoniens se sont battus contre les soviétiques et les ont mis dehors, nous avons finalement commencé la visite de l’ancienne ville.
L’ancienne ville se trouve à l’intérieur d’une forteresse qui date du XIIIè siècle et qui existe encore en majeure partie.
Depuis 1997, le centre historique de Tallinn a été inclus dans la liste du patrimoine historique mondial de l’UNESCO.
Tallinn abrite de nombreux vestiges de l'époque médiévale et des bâtiments à la façade pastel de style baroque, Renaissance et classique.
Nous avons commencé la visite par une première tour (je ne me rappelle plus le nom!!!) et le siège du parlement, qui ne date que du XVIIIème siècle.
On remarque que le palais est «collé» à la muraille et aux tours.
Vous ne trouvez pas que les couleurs rappellent un peu notre Cathédrale de Saint-Louis à Carthage?
Vous remarquerez que la croix orthodoxe est différente de la croix catholique.
Je le savais déjà. J’ai déjà visité par le passé des églises orthodoxes. Mais la particularité de celle-ci est dans la sorte de croissant en bas de la croix. Le guide (qui s’est présenté en tant que professeur d’histoire), nous avait expliqué qu’il s’agissait du croissant musulman, et que représenté ainsi, cela signifiait qu’il était soumis au christianisme.
Non satisfaite par cette explication, j’ai reposé la question à notre guide de Moscou lors de la visite d’une autre cathédrale orthodoxe. Son explication a été complètement différente.
Elle nous avait dit qu’elle connaissait cette théorie, mais que des historiens confirmés lui avaient dit qu’elle n’était pas vrai du tout. D’après elle, il ne s’agit en aucun cas du croissant musulman, mais il s’agit tout simplement d’une ancre.
A l’époque, les tous premiers chrétiens étaient persécutés par les romains. Pour se reconnaître entre eux, ils avaient des signes, comme le poisson, la fleur et l’ancre.
Elle nous a dit que c’est depuis environ l’an 300 que la fleur et l’ancre figurent dans certaines croix, ce qui donne «les croix ancrées», et les «croix fleuries», que nous avons d’ailleurs vues à plusieurs reprises lors de ce voyage.
Je trouve l’explication de la guide moscovite plus logique que celle du guide tallinnois, d’autant plus qu’en l’an 300, l’islam n’existait pas encore.
Ensuite, nous avons déambulé dans les rues de la ville haute, nous avons pu admirer plusieurs bâtisses, des ambassades, des églises….
Le guide nous a raconté que pendant l’occupation soviétique, les croyants qui voulaient pratiquer leur religion étaient très mal vus et que cela pouvait avoir des répercussions sur leurs vies professionnelles. Il paraît qu’un agent se trouvait à la porte des églises pour noter les noms des gens qui se rendaient à la messe.
Depuis l ’indépendance, il y a un regain de la religion. Nous le remarquerons d’ailleurs aussi en Russie. C’est comme si les gens privés de religion pendant de longues années, essayaient de rattraper le temps perdu.
École de Théâtre:
L’église catholique:
Nous avons pris des photos de la ville basse…
… que nous avons ensuite visitée:
J’ai remarqué cette horloge, je ne sais pourquoi. Je l’ai trouvée originale je pense. Elle se trouve sur le mur extérieur de l'Église du saint Esprit, construite en 1300, mais a subit des transformations au fils des siècles. L'horloge est la plus ancienne de la ville. Elle représente les rayons du soleil et les quatre Évangélistes.
La Guilde des commerçants. Au Moyen-Age, Tallinn était riche et prospère. Membre de la Hanse, elle était notamment au centre du commerce du sel. Malheureusement, nous n’avons pas pu visiter l’intérieur, le bâtiment étant en travaux de restauration.
Dans la place de l’Hôtel de Ville, on trouve la Pharmacie Raeapteek qui date de 1422. Cette pharmacie est à l'origine d'une dynastie célèbre de pharmaciens. Elle a en effet appartenu à la famille Burchard de 1579 à 1911. Cette pharmacie est la plus ancienne d'Europe qui soit encore en activité.
L’Hôtel de Ville:
La Place de l’Hôtel de Ville:
Des marchands de nougat à la cannelle. Cela à l’air d’être une spécialité de la ville parce que nous en avons vu plusieurs.
Après la visite, nous avons été au restaurant Peppersack. Décor médiéval, personnel habillé en costumes traditionnels. C’était sympa.
Après le déjeuner, encore une petite promenade, shopping pour certains… L’ambre est apparemment une spécialité du pays. C’est du moins ce que nous avons cru. Mais ensuite, nous retrouverons l’ambre à Saint-Pétersbourg et à Moscou. Alors, spécialité tallinoise ou russe?
Comme vous le savez, j'ai fais partie ces derniers mois d'un atelier d'écriture dirigé par M.Ali Bécheur.
Eh oui, j'aimerais devenir un jour écrivain. Et qui sait, peut-être le deviendrais-je?!
En attendant, je publie aujourd'hui ma première nouvelle. J'attends vos remarques. Peut-être que je vous dirais par la suite quelles ont été celles de M.Ali Bécheur.
Enjoy!
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JE NE SUIS PAS DE PIERRE
Mon voisin est en train de mourir. La mort. La fin. La destruction. L'anéantissement. L'oubli. Faire de la place. Se faire remplacer par les nouveaux. Mon voisin est en train de mourir. Boum. Boum. Boum. J’entends le bruit de la destruction. J’entends ce bruit lourd. J’entends ce bruit sadique. J’entends ce bruit de torture. Boum. Boum. Boum. J’entends son cœur qui bat de plus en plus faiblement. Je l’entends crier au secours. Je le sens. Je sais qu’il souffre. Il souffre parce qu’il se voit mutilé, spolié, massacré. Je ne suis pas de pierre, j’ai un cœur. Je sens donc sa souffrance. Je sens son angoisse. J’en tremble pour lui. J’en tremble pour moi. Serait-ce mon tour prochainement? La mort, est-elle notre destin? Pourtant, nous pourrions être immortels. Il suffit de soins, d'amour et d'entretien, et nous pourrions être centenaires, millénaires et même éternels. Nous le pourrions. Mais le permettraient-ils? Ils pourraient s'ils nous aimaient. Mais nous aiment-ils? Font-ils attention à nous? Nous respectent-ils? Comment donc nous voient-ils? Je ne saurais répondre à de telles questions. Je pense que cela dépend des gens. Certains sont plus sensibles que d'autres. Certains nous respectent plus que d'autres. Certains nous ont compris. Ils ont compris notre valeur. Ils ont compris notre âme. Ils ont compris notre mémoire. Notre mémoire qui enregistre. Notre mémoire qui préserve. Notre mémoire qui témoigne surtout. D'autres pas. D'autres n'ont rien compris. D’autres sont imperméables à tout cela, à toutes ces sensations, à toutes ces émotions. Ils sont de pierre. Ils n’ont pas de cœur. Si mon voisin est en train de mourir, cela veut dire qu'on ne l'aime plus. Ou du moins qu'on pense qu'il ne sert plus, qu’il est facilement remplaçable. Pire, on pense que son successeur sera encore meilleur que lui, plus utile, plus rentable, plus beau. Et on ne prête aucune attention à son âme. Son âme. Sa souffrance. Ses souvenirs. Dommage. Avec lui, avec tous ceux qui disparaissent, disparaît tout un pan de notre mémoire, de notre histoire, de notre identité, de notre pays. Notre pays. En ce qui me concerne, j'ai eu de la chance. J'appartiens à deux pays. Ce qui est une richesse. Moi, je le considère comme tel. D’autres par contre trouvent que c’est une tare. Pour eux, lorsque l’on n’est pas à 100% d’un même pays, on est un «bâtard» et donc pas digne d’intérêt, et parfois même méprisable. Ce n’est pas vrai. Lorsque l’on est binational, on est encore plus riche. On a une double histoire, une double mémoire, une double identité. Je suis né ici, en Tunisie. Mais mon créateur vient d'un autre pays. Quelle était son histoire? Quelle était sa formation? Pourquoi était-il venu en Tunisie? Comment? Quand? Des questions auxquelles je ne saurais répondre. Mais je connais son nom: Claude Chandioux Que m'apprend son nom? Pas grand chose en fait. Juste qu'il était français. Il venait de l'autre coté de la Méditerranée. Et avec lui, il avait amené sa culture et son savoir-faire. Avec lui et ses semblables, des usages et des coutumes avaient fait la traversée. Des tenues vestimentaires différentes. Des cuisines différentes. Des goûts différents. Une sensibilité artistique différente. Et tout cela a contribué à nous enrichir, nous tunisiens. Je l’affirme et j‘en suis convaincu, le patrimoine culturel tunisien est aujourd’hui riche de tous ces apports étrangers qui se sont succédés sur son sol depuis des millénaires. Cet homme n’était pas le seul à être venu, la Tunisie était sous protectorat français à cette époque-là, et beaucoup de français y habitaient. Et puis, en cette fin du XIXème siècle, la Tunisie était aussi une terre d’immigration pour un grand nombre d’européens. Ils arrivaient de Sicile, de Malte, de France, de Russie… Ils pensaient pouvoir y trouver une vie meilleure. Et pendant un certain temps, ils l’avaient sûrement trouvée. Imaginez tous ces gens qui avaient fui leurs pays, leurs terres, chassés par la famine, la pauvreté, la révolution… et qui avaient trouvé en Tunisie une terre d’accueil clémente. Quel bonheur pour eux cela a dû être! J’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur mon père, sur son parcours, sur ses pensées, sur sa façon de vivre. Son histoire est aussi la mienne, il ne faut pas l’oublier. Quel âge avait-il lors de son arrivée en Tunisie? Y était-il resté toute sa vie? Qu’y avait-il accompli? J’ai eu beau chercher, poser des questions ici et là, essayer de me souvenir, regarder dans les divers registres et livres. Rien. Le seul renseignement que j’ai pu trouver est qu’un certain Claude Chandioux s’était marié en 1907 à la Cathédrale de Tunis. Était-ce lui? Je ne sais pas. Peut-être. Peut-être bien que c’était lui, et que ce jour-là avait été le plus beau de sa vie. Comment était-il? Je ne sais pas non plus. Mais j’ai envie de l’imaginer grand, portant un beau costume gris. Un costume à l’Européenne. Un costume fait sur mesure et dont le tissu serait arrivé tout droit de Paris. Et puis, il portait sûrement un chapeau. Sur les anciennes photos de cette époque-là, tous les Européens portaient des chapeaux. Sa jeune épouse devait être bien timide. Elle devait se tenir à ses cotés, dans une jolie robe blanche en dentelle de Calais, le visage couvert d’un long voile blanc. Était-elle française elle aussi? Oui, fort probablement. Mon créateur n’avait apparemment pas marqué son temps puisque ni les manuels d’histoire, ni les journaux de l’époque ne parlent de lui. Mais il avait gravé son nom en moi d'une façon indélébile. Il l'avait gravé dans ma chair, tel un tatouage permanent. Il est en moi pour toujours. Du moins, tant que je vivrais. Je suis une partie de lui qui lui a survécu. Je suis le fruit de son esprit. Je suis sorti tout droit de son imagination. En avait-il crée d’autres que moi? Je ne sais pas vraiment. Je sais qu’il y en a au moins un. Il se trouve à Sfax. Y-en-t-il d’autres? Probablement. Mais je n’en ai pas entendu parler. Mon frère de Sfax est né en 1923. Je le sais parce qu’il est célèbre. Sa date de naissance n’a pas été emportée par l’oubli. Au fil des années, il a été photographié, visité, occupé... Il est même entré dans l’Histoire, bien que par la petite porte. En effet, il a été le siège du commandement italien durant l’occupation de Sfax en 1942-1943. Je sais, ce n’est pas très glorieux, mais cela lui a au moins permis d’échapper à la souffrance de l’indifférence, et peut-être même à la destruction totale. Quant à moi, quel est mon âge? Je ne le sais pas avec certitude. Je pense que j'existe depuis les années 1910. Pourquoi ai-je été crée? Je ne sais pas. Comme toutes les créations, je suis né sans avoir rien demandé, sans savoir pourquoi. Je ne me souviens pas de mon enfance. Mais je suis sur d’une chose: dès ma conception, j’avais vocation à servir une collectivité. Cela est évident. Tout en moi le prouve. Mais quel genre de collectivité? Je ne sais pas. Une collectivité religieuse? Peut-être bien! J’appartenais en effet à l’église catholique. Non pas qu’il y ait des signes particuliers en moi qui prouvent cette appartenance. Pas du tout. Aucune croix nulle part, aucune représentation d’un saint quelconque. Non rien. Mais je le sais. Au cours de mes recherches, j’ai trouvé une liste des biens de l’église dans laquelle je figure. Cette liste est annexée à l’accord, connu sous le nom de modus vivendi, qui avait été conclu le 09 juillet 1964 entre le Vatican et la République Tunisienne. A part cela, je dois me fonder sur ma mémoire. Aussi loin que je me souvienne, j’ai été au service des enfants. J’ai été un éducateur. Et je le suis encore. Bien que mon frère soit bien plus connu que moi, je pense que mon rôle dans la vie a été plus important que le sien. Plus noble. Plus utile à notre pays. J'ai eu plus de chance que lui, parce que moi, j'accompagnerais toujours les souvenirs de petits enfants à qui j'ai apporté du bonheur et diverses connaissances j'espère! Mon frère a été inauguré en grande pompe, mais j’ai formé des générations entières. De grandes personnalités lui ont rendu visite, mais de grandes personnalités ont été formées chez moi. Des touristes, des visiteurs illustres, des hommes politiques l’ont connu, mais moi, je resterais toujours au fond du cœur de milliers d’enfants. J’ai donc eu plus de chance que lui. Je me rappelle les enfants, leurs cris, leurs jeux, leur joie de vivre. Je me rappelle leurs sourires innocents. Je me rappelle leurs rires allègres. Je me rappelle les jours des rentrées scolaires pour les tous petits, lorsqu’ils arrivaient le cœur serré et triste. Pour la plupart d’entre eux, c’était la première fois qu’ils quittaient leur maman pour de si longues heures de séparation. On voyait l’angoisse sur leurs visages. Mais aussi la fierté. Ils devenaient grands et allaient à l’école! Je me rappelle. Au début, seuls les petits garçons avaient le droit de venir étudier. Ils arrivaient en traînant leurs livres ou leurs cartables, portant tous une blouse par dessus leurs vêtements. Plus tard, les filles se sont jointes aux garçons. Il fallait qu’elles s’instruisent elles-aussi. De plus en plus nombreuses. Mignonnes comme des cœurs dans leur jolie petite robe et leur tablier. Je me rappelle des enfants jouant avec mes poissons rouges et mes petites tortues. Ils se mettaient tout autour de mon bassin. Ils regardaient les poissons et les tortues et essayaient de les attraper. Ils riaient aux éclats lorsque les poissons leurs glissaient entre les doigts. Ils jouaient avec mes chiens aussi. Ou plutôt, ils avaient envie de jouer avec mes chiens, mais devaient se contenter de les regarder de loin parce qu’ils en avaient peur. Mes chiens étaient plutôt gros et impressionnants. Des chiens de garde qui aboyaient au moindre bruit suspect mais qui n’avaient jamais fait aucun mal aux enfants. Ah les enfants! Ces adorables petits écoliers! Dès que retentissait le gong, ils se mettaient tous en rang, deux par deux, et entraient sagement dans leurs classes. Ces enfants-là avaient eu une chance inouïe. Pas les toutes premières promotions, composées presque exclusivement de petits enfants européens, mais celles qui ont suivi, celles qui comprenaient des enfants européens et tunisiens, donc des enfants de diverses nationalités et religions. A leur époque, on leur apprenait la tolérance et l’égalité entre les êtres humains. Ils avaient bénéficié d’une double culture. Une culture française et une culture tunisienne. Une double culture fondée sur la compréhension et le respect de l’autre. Ces enfants apprenaient simultanément l’alphabet latin et l’alphabet arabe. Ils étudiaient les auteurs arabes et les auteurs européens. Ils apprenaient aussi bien Mohamed que Moïse ou Jésus. Ils découvraient le Coran, la Thora et la Bible. Plusieurs générations d'enfants se sont succédées chez moi. Quelle émotion lorsqu’un jour, j'ai entendu une maman raconter à sa petite fille ses souvenirs. J’aurais pu pleurer si j’en avais eu les moyens. Elle lui disait:«Tu vois, là, c’était ma classe. Là, c’était le bureau de la directrice, lorsque j’avais un peu grandi, une fois par trimestre, mon papa me donnait un chèque et je venais payer la scolarité toute seule, comme une grande personne, mais j‘étais toujours très intimidée de me retrouver en cet endroit et de voir la directrice. La cuisine se trouvait là, et un jour, avec mes camarades de classe, on nous avait appris à faire du pain, et nous l’avions fait cuire dans un grand four qui se trouvait justement dans cette cuisine. Le bassin que tu vois encore là, était plein de poissons. Tu vois la-bas, il y avait un gong bol. Ce gong nous impressionnait tous, mes camarades et moi. Nous nous en approchions parfois pour l’observer et découvrir son mystère. Nous n’en avions jamais vu un similaire auparavant. Il s’agissait d’un gong bol. Il s’appelle ainsi à cause de sa forme qui rappelle un grand bol. Il était posé à terre, pas loin du chenil où se trouvaient les chiens. Six fois par jour, il annonçait le début et la fin des cours et surtout la récréation, notre moment préféré. Parfois, nous guettions la bonne sœur qui devait frapper le gong. Elle arrivait munie de son lourd bâton qu’elle soulevait et abattait sur le gong. Trois coups. Bong bong bong. Un son lourd et puissant. Un son que je n’oublierais jamais. Il donnait l’impression de se répercuter en nous, de pénétrer notre corps. C’était particulier comme sensation. Dommage que ce gong ait été remplacé par une sonnerie, j’aurais aimé que tu le connaisses toi aussi et ressentes cette sensation. Tu vois là? C’était l’infirmerie. J’en garde un drôle de souvenir. C’était là que nous passions les visites médicales et que nous étions vaccinés, mais le souvenir que j’en garde est très particulier. Un jour, je n’avais pas voulu terminer mon déjeuner. Ma maman nous avait préparé un plat que je n’avais pas du tout aimé. C’était une tbikha de fèves. C’était la première fois qu’elle nous cuisinait ce plat. Je n’avais pas pu le manger. Papi avait voulu me forcer, mais impossible d’avaler la moindre bouchée. Alors j’avais eu droit à une fessée. L’après-midi, en classe, je sanglotais encore et encore. La maîtresse avait été obligée de m’envoyer à l’infirmerie où j’avais continué à pleurer et à sangloter jusqu’à ce que ma maman, prévenue, soit venue me chercher. Depuis, Papi ne m’a plus jamais obligée à manger ce que je n’aimais pas. A propos de déjeuner, là, il y avait le réfectoire. Je n’y ai jamais mangé parce que j’étais externe, mais je voyais les enfants qui étaient demi-pensionnaires y prendre leur déjeuner, et je les enviais. J’aurais voulu rester un jour moi aussi et prendre mon déjeuner avec mes camarades. Moi aussi ma maman m’accompagnait ici, comme je t’accompagne moi-même aujourd’hui…. ». Quelque part, je me suis senti grand-parent. J'accueillais en mon sein les enfants de mes enfants. Comme tous les parents et grand-parents, lorsque j’apprends que j’ai changé ou influencé la vie de mes chéris, je me sens fier. Très fier même. Un jour, j’ai entendu une maman raconter à son enfant une histoire assez étonnante. Elle lui disait qu’à l’époque où elle venait ici, la plupart de ses camarades étaient issus de couples mixtes et que très souvent leur maman était française. Ces enfants-là parlaient donc couramment le français, contrairement aux quelques enfants tunisiens qui parlaient en arabe chez eux et n’utilisaient le français qu’en classe. Cette maman, tunisienne de père et de mère, avait donc des difficultés pour parler le français aussi aisément que ses petits camarades. Un jour, sa maîtresse avait recommandé à sa mère de lui acheter des livres de bibliothèque et de l’encourager à beaucoup lire pour combler ses lacunes. Une passion était née ce jour-là. Cette petite fille était tombée amoureuse de la lecture. Elle avait amélioré son français et même, plus tard, étudiante en France, elle avait été complimentée par ses professeurs pour son français parfait, meilleur que celui des français eux-même! Parfois, je me demande ce que sont devenus mes autres enfants? Des ministres? Des pilotes? Des hommes d’affaires? Des restaurateurs? Des architectes comme mon créateur? Sont-ils devenus célèbres? Ont-ils profité de mes enseignements? Je pense souvent à eux. J’ai envie qu’ils viennent me rendre visite. J’aimerais avoir de leurs nouvelles. Je sais, j’ai des réactions de vieux parents. J’en suis conscient. Mais ils me manquent tellement. Il y a environ deux mois, j’ai revu une de mes anciennes élèves. Elle est devenue une femme maintenant. Mais je me rappelle d’elle. Elle était très grande par rapport à ses camarades, et elle est toujours très grande. Et puis, elle était restée chez moi six années, et même après qu’elle soit partie faire ses études secondaires au lycée, je la voyais de temps en temps, elle habitait le quartier, et ses petits frères et sœurs venaient encore chez moi. Ce jour-là, je l’ai vu arriver. Elle avait garé sa voiture, en était descendue, s’était approchée de moi et m’avait regardé. Ensuite, elle avait ouvert son sac à main, en avait sortit un appareil photo et m’avait photographié. Oui, elle m’avait photographié. Elle avait pris des photos, une multitude de photos. Des photos de ma façade, des photos de mes fenêtres, des photos du fer forgé, de la porte d’entré…. Des photos encore et encore, la moindre moulure, le moindre détail. Elle avait photographié le nom de mon père.… Et tout d’un coup, je l’ai vu sursauter. Elle avait entendu le bruit. Le bruit de destruction. Elle était allée voir. Et elle avait vu. Elle avait vu mon voisin se faire tuer. Elle m’avait paru bouleversée par cette destruction. Elle regardait mon voisin et me regardait. Ensuite, elle s’était mise à observer tous mes voisins. Que cherchait-elle? A quoi pensait-elle? Elle paraissait en colère. Et triste. Et déçue. En colère contre ceux qui nous manquaient de respect. Triste pour nous. Déçue par le comportement de certains. Toutes ses émotions que j’avais vues sur son visage, je les avais ressenties avec elle. Je l’avais comprise. J’avais compris cette femme. N’était-elle pas ma fille, mon enfant? N’est-ce pas moi qui lui avait appris le respect des autres, de la mémoire, de l‘Histoire? Oui, j’ai compris ce qu’elle ressentait. J’ai un cœur, vous savez? J’ai des sentiments. J’ai des souvenirs. J’ai plein de souvenirs. Je me rappelle mon quartier. Je me rappelle autrefois. Je me rappelle comment ce quartier était il y a bien longtemps. Je me rappelle lorsque nous n’étions encore que quelques-uns uns à y habiter. Pendant des décennies j’ai résidé à Mutuelleville sans même savoir pourquoi ce quartier s’appelle ainsi. Et puis, récemment je l’ai appris. A l’origine, Mutuelleville était une petite colline couverte d’olivettes et s’appelait «Kirch il ghaba», le ventre de la forêt. C’est joli comme nom, non? Et puis, vers les années 1900, cette campagne a commencé à être peuplée. En si ce quartier s’appelle ainsi, c’est parce que ses premiers habitants étaient les adhérents d'une mutuelle: l'Assistance Mutuelle Tunisienne. Et le nom est resté. C’est joli. Et puis, on y ressent comme une déclaration de fraternité. A l’époque, il n’y avait encore que quelques rares maisons. Des petites maisonnettes en réalité. Les mutualistes n’étaient pas très aisés et ne pouvaient se permettre de construire de grandes maisons. Mais ces petites habitations avaient, comme moi, une identité, donc une personnalité et une âme. Elles avaient des noms: Villa Les Géraniums, Villa Robert, Villa Shangrilha, Villa Minouche, Villa Padou, Villa Bel Azur… Aujourd’hui, les maisons portent des numéros. N°1, N°3, N°5... Ce qui les rend impersonnelles. Et si on continue ainsi, un jour, les nouvelles maisons porteront peut-être un code à barres! Bientôt, les humains seront répertoriés grâce à un code à barre, alors pourquoi pas les bâtisses? Bien que construites assez éloignées les unes des autres, je ressentais une certaine chaleur entre ces maisons. C’était comme si elles communiquaient entre elles, et bien-sûr avec moi aussi. Nous nous racontions des petites histoires, nous nous partagions nos impressions. Nous murmurions, nous gloussions de rire parfois. Nos mots volaient d’un arbre à l’autre, d’une branche à l’autre, créant une liaison entre nous. Notre arbre préféré était le bougainvilliers. Ses branches collées aux murs étaient le meilleur pourvoyeur de nos dialogues. Et puis, les matériaux utilisés à l’époque, comme le bois et les tuiles, dégageaient une telle chaleur qu’ils ne pouvaient que favoriser ces échanges. Ce n’est pas comme de nos jours où le marbre et le verre glacials ne donnent que des frissons. A l’époque, Mutuelleville était très fleurie. Il y avait plusieurs plantations de fleurs et même des potagers. D’ailleurs, dans les années 1920, la Société d’Horticulture de Tunisie, à l’issue de ses conférences théoriques, amenait ses auditeurs à Mutuelleville afin de mettre en pratique son enseignement. En ce temps-là, les Européens avaient l’habitude de venir à Mutuelleville pour respirer un peu d’air pur, loin de la ville et de ses bruits. Ils venaient les dimanches et les jours de fêtes. Ils amenaient leurs enfants, leurs amis, leurs parents. Ils venaient s’y reposer et oublier un peu la monotonie des fatigues quotidiennes. Dès le matin, je les voyais arriver. J’entendais de loin le bruit des calèches, les roues peinant sur la route, les chevaux qui trottaient… Plus tard, j’ai aussi été témoin de l’apparition des premières automobiles. Les premières Renault, les premières Peugeot… Mais quels bruits elles causaient avec leurs pétarades! C’était assourdissant! De là où je me trouvais, je pouvais admirer les jolies dames, protégées du soleil par des ombrelles en dentelles et des chapeaux énormes. Elles portaient de belles robes longues, des bijoux divers, des colliers de perles, des broches ou des camées en pendentifs, des rubans de satin, des sacs à main. Leurs cheveux étaient bien coiffés en chignons ou en mise-en-pli et étaient souvent ornés d’épingles nacrées. A leurs pieds, des souliers ou des bottines à hauts talons suivant la mode de ce début de siècle. Pendant des journées entières ces familles profitaient d’un moment de détente bien mérité. Enfants et parents pouvaient se relaxer, jouer ensemble, pique-niquer, courir, se reposer à l’ombre d’un arbre, flâner ... J’adorais cette ambiance de fête champêtre, mais ce que j’aimais le plus, c’était la petite animation culturelle ou artistique qui ne manquait pas d’être organisée. Il m’était arrivé de voir des danseurs, d’écouter des chanteurs, de voir passer une fanfare… Un jour, j’ai même eu le privilège d’assister au spectacle de M.Ferdinand Huard en train de déclamer l’un de ses poèmes. Quel moment merveilleux! Quelle émotion surtout, il ne faut pas oublier qu’il avait été le fondateur de mon quartier puisqu’il était justement le père de la mutualité en Tunisie! A ma grande fierté, cet événement avait été relaté dans la revue «La Tunisie illustrée». Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’un article était consacré à mon cher quartier dans cette revue. M.Ferdinand Huard, ce poète amoureux de Mutuelleville avait d’ailleurs décidé d’y prendre sa retraite et d’y passer ses derniers jours.
Au fil du temps, j’ai du subir plusieurs transformations. On m’avait tout d’abord agrandi. Les besoins s’en étaient fait sentir du fait que de plus en plus de filles avaient intégré l’école, et aussi que les Tunisiens avaient aussi fait un grand effort de scolarisation de leurs propres enfants. On m’avait alors ajouté de nouveaux bâtiments, mais construits dans un style complètement différent du mien. Claude Chandioux m’avait conçu selon le style architectural à la mode à cette époque-là: l’Art Nouveau. Ce mouvement artistique de la fin du XIXème et du début du XXème siècle s’appuyait sur l’esthétique des lignes courbes, en s’inspirant des arbres, des fleurs, des insectes et des animaux. Les nouveaux bâtiments par contre, étaient carrés et sans aucune ornementation. On voyait donc la différence. Mes fenêtres hautes et ma porte d’entrée étaient toutes en courbes et décorées de guirlandes de fleurs. Conformément à la mode de l’époque, j’étais pourvu d’une porte d’entrée en verre et fer forgé. Tel une couronne, un bel auvent, lui aussi en fer forgé et verre, était posé dessus. Un beau travail de ferronnerie! Surplombant le tout, une baie permettait l’éclairage naturel du hall du premier étage, et donnait à l’ensemble un bel aspect harmonieux. Je sais, je n’ai pas la prétention de me croire aussi beau que le Casino Municipal de Tunis construit lui-aussi dans le style Art Nouveau et à la même époque. Non bien-sûr je n‘ai pas cette prétention. Mais, mais j’étais beau. Et je suis toujours beau!
Les années ont passé, et un siècle plus tard, je suis toujours là. Fidèle au poste comme on dit. Mais je ne suis plus pareil, ni physiquement, ni moralement. Mes bâtiments ont été «divisés» en deux. Les sœurs catholiques qui me géraient sont parties. La partie moderne de mes bâtiments et mon nom ont été vendus à une dame, qui en a fait ce que l’on appelle aujourd’hui, l’École Privée Chevreul. Quant à moi, c’est-à-dire, l’ancien bâtiment, j’ai été vendu à une association française, qui m’utilise en partie comme école maternelle pour les enfants de ses adhérents, mais aussi comme club de bridge. Je suis donc toujours une école, mais seulement une petite école, et on m’a affublé du nom ridicule de Piou Piou. Piou Piou, on dirait un nom d’oiseau. Moi, qui suit une école, vieille d’environ 100 ans, on m’appelle Piou Piou! Quel outrage! J’ai beaucoup souffert de la perte de mon nom. Comment peut-on vendre un nom? De quel droit peut-on spolier quelqu’un de son nom? Un nom est quand-même une identité, une part intrinsèque de soi, comment peut-on en être dépouillé? Je n’ai jamais pu accepter cela. Mais je suis complètement impuissant. Je souffre, je m’indigne, mais je ne peux rien y faire. Mon frère, lui, a eu plus de chance que moi en ce qui concerne le nom. Bien qu’il ait changé de propriétaire, il s’appelle toujours l’Hôtel des Oliviers. Tout à changé. La façon de vivre, les valeurs, les principes, les priorités… Autour de moi, plus de campagne, plus d’oliviers, presque plus de petites maisonnettes, à part quelques-unes, disséminées dans le quartier et presque ignorées de tous. Elles seront très probablement détruites dans un futur proche. A perte de vue, des murs, et encore des murs. Mutuelleville est devenu un quartier résidentiel. On y a construit des villas. Encore et encore. La moindre parcelle de terre a été construite. Il n’y a que des villas, des résidences d’ambassadeurs, des sièges de grandes compagnies…. A l’image de leurs propriétaires, ces nouvelles maisons sont sans charme, sans personnalité. Plus de convivialité. Plus de communication. Plus d’échanges. Les bougainvilliers sont devenus muets. Ces maisons ont-elles donc des âmes? On ne le croirait pas. Elles sont fonctionnelles, elles sont snobs, elles sont un reflet de la situation sociale de leurs propriétaires. Mais pas plus. Placement. Argent. Rendement. Plus-value. Telles sont les nouveaux critères d’évaluation des constructions. Où est la poésie? Où est le charme? Est-ce pour cela que mon voisin se fait tuer? Est-ce pour cela qu’il se fait détruire? Boum. Boum. Boum. Va-t-on le remplacer par un nouveau bâtiment sans âme et sans personnalité?
Et moi? Quand donc mon tour viendra-t-il? La mort. La fin. La destruction. L'anéantissement. L'oubli. Faire de la place. Se faire remplacer par les nouveaux.
La mort, est-elle notre destin?
En ce qui me concerne, tant que je demeurerai dans la mémoire de mes enfants et tant qu’ils me chériront, je ne mourrais pas vraiment!
P.S.: Pour en savoir un peu plus sur Mutuelleville et voir les photos, aller voir cette note:
كنت فى زيارة لأحد أصدقائى عندما دخلت علينا ابنته
التلميذة فى المرحلة الابتدائية وسألته ببراءة: ــ بابا.. ما هى
الانجازات العظيمة العملاقة للرئيس مبارك..؟
رد صديقى ساخرا: ــ
الرئيس مبارك ليست لديه انجازات عملاقة.
هزت البنت رأسها وخرجت
واستأنف صديقى حديثه معى وسرعان ما بان القلق على وجهه فنهض ونادى ابنته
وسألها: ــ لماذا سألتينى عن انجازات الرئيس مبارك..؟!
قالت
الطفلة: ــ هذا موضوع التعبير الذى أكتبه الآن وسأقدمه غدا فى المدرسة.. ــ
ماذا كتبت فى الموضوع..؟ ــ كتبت ما قلته حضرتك.. الرئيس مبارك ليست
لديه انجازات عملاقة.
بان الهلع على صديقى وراح يقنع ابنته بأنها
يجب أن تكتب ما قاله لهم المدرس فى الفصل وليس رأى أبيها ولم يتركها حتى
تأكد بنفسه أنها كتبت المديح المطلوب فى الرئيس مبارك. انصرفت من بيت صديقى
وأنا أفكر فى أننا نتعلم الكذب فى سن مبكرة.. نتعلم منذ طفولتنا أن
الحقيقة شىء وما يجب أن يقال شىء آخر. ستكبر هذه البنت وتتزوج وتنجب أطفالا
وسوف تعلمهم، كما تعلمت، أن الحقيقة لا يجب بالضرورة أن تقال.
ستعلم
أطفالها أنه ليس من المفيد دائما أن يقولوا ما يعتقدون وانما الأفضل أن
يقولوا ما ينجيهم من العقاب أو يجلب عليهم المنفعة حتى لو كان مخالفا
للحقيقة.. هذا الشرخ الذى يحدث مبكرا فى وعى المصريين بين الحقيقة والصورة،
بين ما يحدث فى السر وما يظهر فى العلن، لا يفارقهم بعد ذلك أبدا..
هذا
الأسبوع تذكرت حكاية ابنة صديقى ثلاث مرات: رأيت فى التليفزيون تلاميذ
صغارا، أولادا وبنات تم جمعهم ووضعهم أمام الكاميرات ليرقصوا ويغنوا
مرددين أناشيد سخيفة مليئة بالنفاق للرئيس مبارك قام بتأليفها وتلحينها
مدرسون أخذوا على عاتقهم تعليم تلاميذهم النفاق بدلا من تعليمهم الاستقامة
والصراحة.
بعد ذلك تابعت ما يسمى بانتخابات مجلس الشورى ورأيت كيف
حشدت وسائل الإعلام الحكومى عشرات المثقفين، من صحفيين وإعلاميين وأساتذة
جامعيين، مختلفين فى كل شىء إلا فى قدرتهم الفائقة على الكذب.. ظل هؤلاء
يؤكدون أن الانتخابات تمت بمنتهى النزاهة والشرف بينما هم يعلمون، مثلنا
جميعا، أن الانتخابات تم تزويرها بالكامل لصالح الحزب الحاكم بل ان التزوير
هذه المرة كان شاملا بعد استبعاد الإشراف القضائى الحقيقى، فقد تم منع
الناخبين بالقوة من الإدلاء بأصواتهم وتم تقفيل الصناديق لصالح مرشحى
الحكومة.
ظللت أراقب وجوه المثقفين الكذابين فى التليفزيون ووجدتنى
أتساءل: كيف يجرؤ رجل يحترم نفسه على هذا الكذب الفاحش..؟!. ألا يخجل من
زوجته وأولاده عندما يرونه وهو يكذب على الملأ..؟!.. لا شك أن هؤلاء
المنافقين قد تعلموا مبكرا، مثل ابنة صديقى، أن الحقيقة لا يجب إعلانها
دائما واأنه من المفيد والمقبول أن نكذب لنحصل على مكافآت وامتيازات..
فى
نفس الأسبوع ارتكبت إسرائيل مجزرة بشعة أضيفت إلى سجلها الأسود الحافل
بالمذابح عندما هاجم الجنود الإسرائيليون سفينة الحرية فى المياه الدولية
وأطلقوا النار فقتلوا وأصابوا العشرات من دعاة السلام العزل الأبرياء الذين
جاءوا من دول مختلفة لفك الحصار عن مليون ونصف المليون إنسان فى غزة.
هذا
الحصار المشين تشترك فيه الحكومة المصرية بإغلاق معبر رفح، والغرض من ذلك
إرضاء إسرائيل حتى يضغط اللوبى الصهيونى على الإدارة الأمريكية حتى تقبل
توريث الحكم فى مصر من الرئيس مبارك لنجله جمال.. الغريب أن الحكومة
المصرية بعد أن أدانت المذبحة باعتبارها استعمالا مسرفا للقوة..
(لاحظ
ليونة التعبير) دعت دول العالم إلى العمل على فك الحصار عن غزة.. يالها من
أكذوبة كبرى.. كيف يدعو النظام المصرى إلى فك الحصار عن غزة بينما هو طرف
أصيل فى هذا الحصار؟!. بدلا من هذه الدعوة البلاغية الفارغة لماذا لا يبدأ
النظام المصرى بنفسه ويفتح معبر رفح بشكل دائم حتى تتدفق الأغذية والأدوية
والمساعدات على إخواننا المحاصرين فى غزة..؟..
ان الأكاذيب قد
انتشرت فى حياتنا اليومية لدرجة أن معظم ما نراه يبدو كأنه حقيقى وهو
كاذب.. كبار المسئولين عندنا يفاخرون بالإصلاحات الديمقراطية التى حققوها.
أول مبادئ الديمقراطية تداول السلطة بينما الرئيس مبارك يحكم مصر منذ
ثلاثين عاما فأين الإصلاح الديمقراطى؟..
فى مجلس الشعب تدور
مناقشات ساخنة تصل إلى حد المشادات العنيفة بين النواب مما قد يعطى انطباعا
بأن فى مصر برلمانا حقيقيا والواقع أن كل ما يحدث فى البرلمان قد قرره
سلفا الرئيس مبارك الذى تكفى إشارة واحدة منه لكى يغير نواب الحكومة رأيهم
فورا من النقيض إلى النقيض.
ان معنى الاستبداد أكبر بكثير من
الاستحواذ على السلطة. الاستبداد يعنى، فى جوهره، اغتصاب حق الناس فى
الاختيار وكسر إرادتهم وإخضاعهم بالقوة لرغبات شخص واحد.. الأمر الذى يقضى
على احترامهم لأنفسهم ويجعلهم أكثر قابلية للإذلال. الأسوأ من ذلك أن
الاستبداد يعطل مبدأ الانتخاب الطبيعى ويقدم الولاء على الكفاءة فلا تمنح
المناصب غالبا لمن هم أهل لها، انما يكافأ بها الاتباع والمريدون على
إخلاصهم للحاكم..
الأمر الذى يؤدى بالضرورة إلى غياب العدالة مما
يجعل الأسباب لا تؤدى إلى النتائج.. فالاجتهاد والذكاء لا يؤديان بالضرورة
إلى النجاح والانحراف لا يؤدى بالضرورة إلى العقاب. هنا يتحول الكذب من
نقيصة إلى مهارة تجلب المنافع ويتحول النفاق إلى نوع من الكياسة واللياقة
يؤدى بالمنافق إلى الحصول على مغانم كان بالتأكيد سيفقدها إذا قال الحقيقة،
وهكذا يتلف شيئا فشيئا إحساسنا الفطرى بالشرف ونقع فى ازدواجية بين ما
نقوله وما نفعله.. ان الانحراف الأخلاقى الناجم عن الاستبداد سرعان ما
ينتقل من المؤسسات السياسية إلى كل مجالات الحياة.. ففى مصر (وفى الدول
العربية الواقعة جميعا، للأسف، فى براثن الاستبداد)..
كثيرا ما
يعيش الناس انفصالا كاملا بين القول والفعل، بين المظهر والجوهر، بين
الصورة البراقة والحقيقة المؤلمة.. يكفى أن تطالع صفحات الحوادث فى الصحف
لتجد معظم المتهمات بالجرائم محجبات، يكفى أن تمشى على ضفاف النيل لتجد
عشرات الشبان الذين يختلسون اللمسات والقبلات مع فتيات محجبات، بل ان فتيات
كثيرات يرتدين مع الحجاب ملابس ضيقة تثير الغرائز أكثر من ملابس السافرات
المحتشمات.. أنا أحترم المحجبات وأحترم الحجاب كاختيار شخصى لا يمنع المرأة
من التعليم والعمل لكننى ببساطة ضد الانفصال بين المظهر والسلوك كما أننى
أعتقد أن ما نفعله فى هذه الحياة أهم بكثير مما نرتديه من ملابس.. ا
لمسئولون
فى الدولة المصرية الذين يقمعون المصريين ويزورون إرادتهم فى الانتخابات
ويتسببون فى نهب أموالهم وافقارهم وتجويعهم. معظم هؤلاء المسئولين يؤدون
الصلاة فى أوقاتها ويصومون ويحجون إلى بيت الله الحرام ويؤدون العمرة أكثر
من مرة وهم لا يرون أى تناقض بين ورعهم الدينى والجرائم التى يرتكبونها فى
حق الناس.. إن الازدواجية التى يبدأها الاستبداد فى قمة السلطة، سرعان ما
تنتشر مثل السرطان فى جسد المجتمع كله لتدمر خلاياه الأخلاقية وتعلم الناس
الكذب والخداع والنفاق.
هذا بالضبط ما يحدث الآن فى المجتمعين
المصرى والعربى، لا يعنى ذلك بالطبع أن المصريين والعرب جميعا كذابون، بل
إن قلة ممتازة من الناس سوف تظل قابضة على الجمر، متمسكة دائما بالقيم
الأخلاقية الصحيحة مهما تكن الظروف غير مواتية.. لكن كثيرا من البشر لديهم
من الضعف الإنسانى ما يجعلهم غير قادرين على التمسك بالاستقامة فى مجتمع
معوج ودولة استبدادية ظالمة.
إن اتساق القول مع الفعل والاستقامة
والصراحة وكل مفردات الشرف لا يمكن أن تتحقق من قاعدة المجتمع فقط دون قمته
فالسمكة تفسد دائما من رأسها كما يقول الصينيون.. ستظل الدعوة الفردية
لإصلاح الأخلاق قليلة التأثير ما لم يصاحبها إصلاح سياسى يعيد إلى الناس
حقهم الطبيعى الأصيل فى اختيار حكامهم ويجعلهم سواسية أمام قانون عادل وقاض
محايد مستقل لا سلطة عليه إلا من ضميره.. عندئذ فقط سوف يبرأ المجتمع من
الكذب والنفاق وسيقول الناس ما يعتقدونه ويفعلون ما يقولونه. الديمقراطية
هى الحل
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