J’ai fais la connaissance de son blog il y a quelques jours. C’est un blog dédié à l’amour qu’elle porte à la Tunisie.
Ce blog est plein de sensibilité, d’amour et de beauté.
Michelle m’a rappelé une de mes passions (que j’ai presque abandonnée): la peinture, et plus précisément les peintres tunisiens.
D’ailleurs, c’est grâce à elle que j’ai ajouté sur mon blog une Type liste consacrée aux livres d’art.
Michelle, je t’offre virtuellement ce tableau que j’aime beaucoup (désolée pour la qualité de la photo, j’ai pas pu faire mieux):
La Bédouine - Maurice Bismouth - 1930
Je te conseille aussi ces deux livres:
Il y a eu une histoire d’amour entre ce livre et moi, je l’ai tellement feuilleté, admirer, regardé, touché, caressé…
Pour ce deuxième, j’ai eu la chance d’admirer une grande partie des tableaux photographiés. Le prêteur «principal» est un ami galeriste, qui a une superbe collection. Si jamais tu passes par Tunis, je me ferais un plaisir de t’emmener chez lui admirer les merveilles qu’il possède.
Une fois, j'ai pris des photos de tableaux anciens tunisiens pour un ami qui se trouve à Paris. Si je les retrouve, je les publierais. Les tableaux étaient magnifiques.
Depuis Vendredi dernier, je suis «prisonnière» chez moi. Je ne suis pas sortie, je n’ai rien vu ni rien entendu. Tout ce que je sais à propos des pluies torrentielles, je l’ai appris grâce aux divers bloggueurs (que je remercie au passage).
Dieu merci, le seul «dégât» que j’ai eu à déplorer chez moi, a été la panne de notre antenne parabolique qui ne nous permet plus que de capter les chaînes de Nilesat.
Hier soir, pour la première fois de ma vie, j’ai donc regardé toute une émission sur la chaîne Hannibal. Dire émission, c’est vraiment accorder trop d’honneur à «ça». Parce qu’il ne s’agissait pas d’une émission, mais plutôt d’un match. Même pas d’ailleurs, parce qu’un match respecte des règles du jeu, alors que «ça» ne respectait rien.
Déjà, le plateau en lui-même était «minable». Des fauteuils Emmanuelle en rotin, 3 personnes qui ne savaient pas comment prendre place. Des couleurs ternes, qui donnaient déjà une ambiance triste. Et un présentateur/animateur qui n’a aucune prestance, aucune présence, ni surtout aucune capacité à conduire un débat. Nul de chez nul. Tout d’abord, il n’avait pas la «carrure» de ses deux invités, ensuite, il était perdu complètement. Il ne savait ni présenter une idée, ni faire une synthèse, ni faire parler ses invités, ni faire avancer la discussion, ni surtout éviter les querelles inutiles. Il avait une liste de questions, il voulait les poser, point à la ligne. Il n’attendait d’ailleurs même pas une réponse à ses questions…
Que faisait cet animateur à cet endroit? Comment a-t-il été recruté? Je ne comprends toujours pas.
J’arrive aux 2 invités. 2 monstres. 2 stars. Et surtout deux personnes d’un certain âge, d’une expérience certaine… On aurait pu s’attendre de leur part un comportement bien plus civilisé mais…
Au lieu d’un débat, nous avons vu un combat. Des insultes. Des accusations…
A la fin de l’émission, que peut-on conclure?
Pas grand-chose en fait.
Lamine Nahdi peut attirer les foules. Pas Ben Yaghlane.
Lamine Nahdi n’est pas cultivé.
Lamine Nahdi est un grand prétentieux (il a commencé l’émission en se mettant sur un même pied d'égalité que Jack Nicholson!!!).
Lamine Nahdi est un quaffef. Et là, j’avoue que cela a été un choc pour moi. Je n’en croyais pas mes oreilles lorsque je l’ai entendu dire que Monsieur Le Président de la République encourageait vivement le théâtre en Tunisie. Qu’il faisait personnellement absolument tout pour. Qu’il mettait tout en œuvre pour son développement… Mais que ce sont les subalternes qui réduisent ses efforts à néant (???!!!!). En plus, il a placé cette phrase sans aucune raison apparente (à part la quoffa bien sûr).
A part cela, rien. Rien de rien. Discussion stérile.
Mais discussion à notre image. Nous ne savons pas débattre tranquillement d’une idée. Nous ne savons pas être constructifs. Nous ne savons pas être respectueux de l’autre. Nous ne savons pas écouter…
Si deux personnes de cette stature n’ont pas pu s’empêcher de s’insulter, de crier, de se couper la parole… que pourraient faire deux personnes «normales»???
Je suppose que vous avez du tous voir ces affiches qui ont envahi notre ville depuis quelques jours: Circo Aquatico. Sur l’affiche, 2 petits pingouins et un requin. Et un slogan accrocheur.
Cirque aquatique. Automatiquement, on pense à un cirque avec des numéros dans l’eau et avec des animaux aquatiques. On s’attend à voir des dauphins, des requins (puisque sur l’affiche)…
A l’entrée, pour confirmer toute cette pub, un énorme requin artificiel accueille les spectateurs. Aucun doute n’est plus permis. Il s’agit vraiment d’un cirque aquatique.
Depuis une semaine, les enfants supplient. «Nous voulons aller au cirque. Nous voulons aller au cirque. Nous allons voir les requins…».
Nous nous organisons avec des amis pour emmener nos 5 enfants au cirque aquatique.
D’emblée, les enfants sont étonnés: «Où est la piscine???»
Nous les faisons patienter «Attendez, les enfants, cela va arriver, patience…».
Premier numéro, mais sur la terre ferme. Un numéro d’équilibristes, original. Personnellement, je ne connaissais pas ce numéro. On se console un peu «c’est pas grave, si le cirque n’est pas complètement aquatique, il y a apparemment de beaux numéros».
Mais, déception. Il s’agit presque de l’unique beau numéro. Il y a un tour avec des singes trapézistes qui est sympa. A part cela, c’est un petit cirque minable. Plus minable que celui-là, ce n’est pas possible.
Pourquoi ce cirque est-il AQUATICO????
Parce que pendant quelques petites minutes, nous avons eu droit à un aquarium, où nous avons vu une femme, en tenue de plongée, se baigner avec un requin. Mais attention, il ne s’agit pas d’un requin, style «Les dents de la mer».Non, non. Il s’agit d’un minuscule petit requin, un peu plus grand que les roussettes que l’on trouve sur le marché. C’est du moins, l’impression que j’ai eue.
Bel exemple de publicité mensongère…
Seuls les deux plus petits enfants ont apprécié (7 et 9 ans), les autres (11, 13 et 14 ans) n’ont pas aimé du tout. Mon fils a même regretté d’y être allé. Il m’en a presque voulu de lui avoir «gâché» son dimanche.
Un conseil: si vous avez des enfants en bas âge, allez-y quand même. Cela les amusera. Si non, ne perdez pas votre temps. Il n’y a vraiment rien à voir….
Suite à ma note Bab Souika à Sidi Bou Saïd, j'ai essayé de trouver des photos de différents derviches tourneurs pour montrer la différence de costume.
DERVICHES TOURNEURS TURCS:
DERVICHES TOURNEURS ÉGYPTIENS:
DERVICHES TOURNEURS TUNISIENS:
Malheureusement, je n'ai pas trouvé une photo de derviches tunisiens à proprement parler, j'ai juste trouvé cette photo de musiciens, mais il s'agit du même costume. Dans la même troupe, il y a généralement les musiciens et les danseurs. Du moins, je crois.
Manifestement, le derviche tourneur qu'Emma et moi avons vu porte un costume égyptien. Il exécute d'ailleurs la même danse que les égyptiens. J'avais déjà vu ce spectacle en Égypte lors de mon dernier séjour en janvier dernier.
Je trouve dommage qu'une troupe tunisienne, censée représenter un spectacle de tradition populaire tunisienne, fasse un "emprunt" de l'étranger. Ils auraient pu, à la limite, avoir deux danseurs, l'un tunisien et l'autre égyptien.
Jeudi dernier, Emma et moi sommes allées voir un spectacle de Café Chantant (kafichanta).
Lorsque j’étais gosse, nous entendions souvent parler de Kafichanta. Mais nous ne connaissions pas. D’autant plus, que nous n’étions pas Tunisois, et je ne sais même pas si cette tradition du Kafichanta existe à Sfax.
Je me rappelle que lorsque nous étions gosses, tous les soirs de ramadan, nous dînions en écoutant la radio. Il y avait à l’époque un feuilleton que tout Tunis devait suivre: Chanèb (si mes souvenirs sont exacts). Une année, il y avait une pub pour un spectacle de kafichanta à la salle de la Rue de Madrid. Nous avions tellement supplié que mon père avait fini par nous y emmener. Je n’en garde pas un grand souvenir, à part le fait que Mongi El Ouni et Noureddine Ben Ayed étaient des débutants et se produisaient dans ce spectacle. Et ce n'était vraiment pas le même genre de spectacle que cette fois-ci.
Jeudi dernier donc, le spectacle de Kafichanta de Bab Souika s’est produit au club Elyssa de Sidi Bou Saïd.
Pour moi, il s'agissait de la première fois que j'assistais à un spectacle pareil. Du moins, sous cette apparence. Je connaissais bien sûr tous les numéros, rien de nouveau là-dedans. Cracheurs de feu, magicien, danseuses... et même Bou Saydia... Mais, je connaissais ces numéros surtout pour les avoir vu dans les hôtels lors des spectacles folklorique donnés en l'honneur des touristes.
Ce qui m'a étonnée, c'est le derviche tourneur. Je ne pensais pas que cela existait en Tunisie, du moins pas de cette façon. Je sais qu'il y en a au Sud, mais ils portent un costume rouge et blanc, pas comme celui-ci, qui me semble nous venir tout droit d'Égypte.
Je laisse la parole à Azwaw (s'il est d'accord bien sûr) pour nous en dire plus à propos de tous ces numéros.
Je ne connais pas non plus le folklore sfaxien, j'ai quitté Sfax vers l'âge de 4 ans.
Emma et moi sommes sorties ensemble jeudi soir. Je pensais tout vous raconter aujourd'hui, mais... pas tout de suite... peut-être tout à l'heure... Essayez de deviner où nous étions... Ou du moins, ce que nous avons vu... Il faut remonter loin dans le temps... C'est la première fois pour nous deux, mais nous en avions entendu parler depuis que nous étions gamines. Alors, où étions-nous????
(…) Les paroles que nous citons ont été prononcées par l’ensemble des prédicateurs, quel que soit le rite auquel ils appartiennent. En voici la teneur:
«Peuple d’Égypte, voici ce que nous dit le Prophète - sur lui le Salut et la Bénédiction: Le sage n’aura pas honte d’avouer son ignorance si on l’interroge sur ce qu’il ne connaît point. Et c’est cela même que nous disons à ceux qui ont déclaré licite l’usage des lanternes qu’ils ont fait placer devant les maisons et les boutiques. Pour légitimer une telle hérésie, on a invoqué la «connaissance des usages du passé et de l’histoire». Tant que nous y sommes, pourquoi ne pas aller jusqu’à prétendre connaître l’avenir?… Nous le disons net. Ces gens-là ne sont pour nous que des mécréants. Ils ont beau nous déclarer qu’il y a des précédents, que, chez plusieurs peuples, dans de nombreuses nations, les autorités ont doté leurs villes de lanternes pour éclairer les rues… Mais - avec tout cela - ont-ils fait état d’un exemple précis? Notre Prophète avait-il besoin de lanterne pour éclairer ses pas lors des deux voyages qui le menèrent, l’un l’été, l’autre l’hiver, en Syrie et au Yémen? A-t-il eu besoin, pour éclairer son chemin, de lanternes fabriquées de main d’homme? Nous le disons tout haut, sans détour, et nous sommes prêts à risquer nos têtes; nous le disons à tous ces ignorants qui ont bien du mal à cacher leur ignorance, nous le leur disons sans crainte - car nous n’avons rien à craindre - habitants de notre pays Égypte, sachez que cette coutume hérétique est sans précédent. Jamais l’usage des lanternes n’a existé. Votre Prophète vous a ordonné de détourner les yeux des parties du corps humain dont la vue offensait la pudeur. Or, les lanternes découvrent ces parties et si le Créateur a instauré la nuit et le jour, la nuit sombre et obscure, le jour resplendissant, c’est qu’il a conçu la nuit comme un voile et un manteau impénétrable. Allons-nous arracher ce voile, allons-nous dévoiler ce que Dieu nous a ordonné de tenir caché? Allons-nous pousser notre insolence sacrilège jusqu’à abolir l’obscurité naturelle de la nuit, et la chasser pour toujours de notre ville? Ce serait là le comble de l’impiété et nous ne saurions le permettre. Ce serait là enfreindre les limites fixées par Dieu aux prérogatives de Sa créature, et nous ne saurions y souscrire. N’était la pureté d’intention du Zayni que personne ne contestera, nous dirions que ces mesures répondent à des desseins inavouables. Mais nous reconnaissons que depuis qu’il a pris la responsabilité de la Censure, nous n’avons eu qu’à nous louer des initiatives qu’il a prises, et cette affaire des lanternes n’entamera pas la confiance que nous avons placé en lui, ne nous inspirera pas le moindre soupçon à son égard.
Habitants de notre ville, adressez-vous au Zayni lui-même, allez le trouver chez lui, individuellement ou en groupe, et demandez-lui qu’on nous débarrasse de ces lanternes qui violent ce qui doit rester secret, qui encouragent nos femmes à sortir après la prière du soir. Allez donc le voir; sachez vous montrer humbles, mais fermes; sachez supplier, mais sachez exiger. Puisse-t-il ne pas vous circonvenir par des paroles habiles et séduisantes. Ne vous laissez pas détourner de votre dessein. Ces lanternes sont un signe de la fin du monde qui n’obéit plus au dessein de son Créateur - que son nom soit exalté! Exigez les pires châtiments contre celui qui a osé inspirer au Zayni une idée si funeste, demandez qu’il soit brûlé à petit feu, lapidé, scié en deux! Ces gens-là sont des ignorants, qui prétendent savoir… Maudit soit le jour qui a vu l’apparition de ces funestes lanternes! Grand Dieu, épargne-nous ce malheur, délivre-nous des maudites lanternes, puisses-tu raccourcir nos vies, pour que nous ne connaissions point ces jours maudits…»
(C’est alors que, dans les mosquées, les fidèles ont éclaté en pleurs, et que certains s’exclamèrent: «Ô Dieu, puisses-tu détruire les maudites lanternes!… Ô Dieu, fasse qu’elles soient mises en pièces et détruites).
Déclaration du Grand Cadi d’Égypte.Texte de la fetwa.
Nous affirmons que l’usage hérétique des lanternes privera le peuple d’Égypte de la protection toute particulière que Dieu, dans Son ineffable sollicitude, lui avait accordée.
Déclaration du cadi du rite hanéfite, qui soutient l’opinion inverse.
La lumière des lanternes chassera les démons, permettra aux étrangers d’y voir clair la nuit et de reconnaître leur chemin; elle empêchera les mamelouks à la solde des émirs ainsi que les bandits de se livrer aux agressions nocturnes dont-ils étaient coutumiers au détriment des pauvres innocents…
Déclaration du Grand Cadi Égypte
L’un de nos grands ulémas s’est rendu coupable d’infraction à la Loi; sa décision est contraire aux principes sacrés qui fondent notre Loi, de même qu’elle contredit la jurisprudence en ce qu’elle justifie l’usage des lanternes.
Aujourd’hui, des émirs de haut rang sont montés à la Citadelle pour être reçus par le sultan. Voici les propos tenus.
L’émir Khaïrbek
Majesté, la décision d’installer ces lanternes dans tous les quartiers de notre ville n’a eu pour autre effet que d’inciter les femmes du commun à sortir de chez elles après la prière du soir - quelle hardiesse! -, à se promener sur la voie publique ou à veiller devant les portes de leur maison ou dans les bazars. Voilà qui enfreint gravement les usages, voilà qui va à l’encontre de la modestie et de la pudeur auxquelles les personnes du sexe doivent être soumises.
L’émir Qoûsoûn
Dorénavant, les jeunes gens ne rentrent que fort tard dans leurs foyers. Voilà qu’ils restent des heures durant, sur la voie publique à réciter des poésies, à chanter; ils s’enhardissent même parfois à narguer nos mamelouks, leur jettent des pierres et leur adressent des paroles injurieuses.
(…)
L’émir Toushtamir
Le Zayni envoie ses hommes, au début de chaque nuit. Ils montent sur leurs échelles de bois, allument les lanternes et les tiennent en état, du moins c’est-ce qu’ils prétendent; en fait, Majesté, et vous tous, nobles émirs, ils ne font rien d’autre que d’épier les braves gens… et nous aussi, par la même occasion; c’est ainsi que l’intimité des foyers est violée par ces tristes individus.
Et tous de s’écrier: «voilà qui est juste! C’Est-ce que nous pensons tous!»
Déclaration du Grand Cadi Abd el-Barr ibn Shihna
Les propos tenus par le cadi hanéfite constituent un précédent extrêmement grave et tout à fait nouveau; il a osé nous contredire; nous considérons qu’il s’agit là d’un incident d’une extrême gravité.
El-Azhar, portique des étudiants de Haute Égypte
Certains étudiants ont approuvé la décision du Grand Cadi. Ils ont fait valoir qu’un homme de son importance ne pouvait pas condescendre à s’occuper de cette question de lanternes que si l’affaire était de taille, contrairement à ce qu’il apparaissait à d’autres.
(…)
Un étudiant nubien posa la question de savoir si un Grand Cadi pouvait jamais se tromper. Mansour, s’adressant à Saïd, lui dit qu’il n’était pas d’accord avec lui:
- Qu’avait-on besoin d’adopter des usages si extravagants et si peu conformes à la tradition, n’y avait-il pas d’autres affaires plus importantes? Le Zayni ferait mieux de s’en occuper. Et puis franchement Saïd, cette innovation ne me dit rien qui vaille.
(…)
Une phrase qu’on entendit plus d’une fois dans les rues et les mosquées: «Maudites soient ces funestes lanternes. Puisse Dieu nous en débarrasser! Maudites soient ces funestes lanternes!».
J’ai commencé depuis quelques jours la lecture de «Zayni Barakat» de Gamal Ghitany.
J’ai envie de vous copier un passage qui m’a fait sourire.
Je vous mets tout d’abord dans l’ambiance pour que vous compreniez de quoi il s’agit.
L’histoire se passe au Caire, pendant le mois de Shawâl de l’an 912 de l’hégire.
Le Sultan vient de nommer un homme totalement inconnu au poste de «Grand Censeur». D’après ce que j’ai compris, cela équivaudrait un peu au poste de Premier Ministre. Ce Zayni va prendre plusieurs mesures qui le rendront très populaire. Ces mesures sont dans l’ensemble justes et équitables.
Un jour, il prendre une mesure qui va «diviser» l’opinion.
«A partir de ce jour, et à l’avenir, des lampes à huile d’une taille conforme aux directives devront être suspendues aux murs pour éclairer les rues de la ville.
(…) Ces lampes devront être suspendues, devant la porte de chaque quartier, devant chaque maison, chaque palais, ainsi que devant les caravansérails.
(…) Ainsi notre bonne ville du Caire pourra dormir en paix.
(…) Bonnes gens de la ville du Caire,
Sachez que la pose de ces lanternes ne vous coûtera pas un dirham. (…)»
Ces lanternes furent installées, et le système mis en place a bien fonctionné.
Un rapport adressé au préfet des Espions de la ville du Caire au sujet des rumeurs recueillies parmi le peuple le jour même de la proclamation de l’avis, dit:
«(…) J’ai été témoin de rassemblements importants: tout le quartier de Bâtiniyeh - hommes et femmes - était dans la rue. Ce n’étaient que you-yous et hurlements, mains brandies et agitées frénétiquement, bouches grandes ouvertes criant à tue-tête. Je dois dire que les rumeurs dont j’ai pu être témoin sont extrêmement diverses.
Premier point: Après la diffusion … avis publiés…, la foule n’en finissait pas d’appeler la bénédiction de Dieu sur celui-ci; les commentaires les plus élogieux étaient sur toutes les lèvres; les femmes, surtout, étaient enthousiastes. En pleine effervescence, «Longue vie au Zayni!», «Longue vie au Zayni!» les entendait-on scander; elles se plaisaient à répéter que le Zayni connaissait bien les peines que les gens subissaient dans leur âme et dans leur corps…..
(…) «Le Zayni est à l’affût de la moindre injustice; affirmait cet homme, et, en vérité, c’est Dieu lui-même qui l’a envoyé parmi nous pour venir en aide aux miséreux»….
Deuxième point: … J’ai entendu là un autre son de cloche, puisque le sieur Foutouh el-Iskandarani exprimait ses doutes et même sa suspicion à l’endroit des avis publics émanant du Zayni… selon lui, cette situation ne pouvait durer éternellement, que le sultan n’écouterait pas toujours avec la même complaisance ce qu’on lui disait, à moins qu’il n’ait intérêt à cela. L’individu en question a tout fait pour essayer de convaincre l’assistance, avec force gestes et explications….Dans un autre café, j’ai entendu un certain Abou Ghazala… faire la remarque suivante: «voilà maintenant que ceux qui nous gouvernent voudraient faire preuve de justice… Elle est bien bonne!».
Troisième point: (…) si le Zayni prétend introduire cette nouvelle pratique, ce ne serait qu’un prétexte pour faire parler de lui… Sur cette affaire des lanternes, les commentaires vont bon train. Certains font valoir que c’est là une mesure qui permettra d’empêcher les mamelouks et les bandits de se livrer aux incursions nocturnes dont ils sont coutumiers; à cela il a été répondu que la lumière à elle seule n’empêcherait pas les rôdeurs, les mamelouks ou les bandits d’attaquer; si ces derniers étaient déterminés à le faire; ils n’auraient alors qu’à détruire les lanternes….
Quatrième point: (…) d’après un étudiant d’el-Azhar… la multiplicité des avis se succédant sans trêve n’aurait pour autre but que de détourner l’attention du peuple de l’essentiel…
Cinquième point: Du haut de leurs chaires, les prédicateurs ont parlé de l’affaire des lanternes et ce, en des termes très critiques. Quant aux chansonniers, dans les cafés, ils ont tourné l’innovation en ridicule; voici l’une des pièces composées sur ce thème:
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