Je suis d'abord étonnée par les gens qui ne distinguent pas la loi et l’être humain. Que la polygamie soit permise dans certains pays ne signifie pas que les femmes de ces pays l'acceptent de bon cœur et ne ressentent aucune peine ou souffrance lorsque leurs maris prennent une seconde (ou 3ème ou 4ème) épouse. Et même si ces femmes donnent leur consentement qui est parfois exigé par la loi, cela ne signifie pas qu'elles le font de bon cœur. Je suis sure que la majorité d'entre elles acceptent sous la pression ou la menace ou parce qu'elles n'ont pas le choix parce que par exemple ne pouvant subvenir à leurs propres besoins, ou par crainte qu'on leur prenne leurs enfants....
Par ailleurs, je suis aussi étonnée par le fait que nombreux tunisien(ne)s semblent ne pas savoir qu'ici même en Tunisie, même si la polygamie est interdite par la loi, elle existe de fait, de plus en plus, et semble être acceptée par notre société misogyne.
Lorsque je dis acceptée, je ne dis pas que c'est de bon cœur, mais elle est acceptée. Il devient dans certains milieu courant d'entendre dire: "tel homme a une épouse orfi ou une maitresse attitrée, et alors, c'est normal, il n’existe pas d'homme monogame." La semaine dernière, un ami a même dit qu'il considère qu'un homme qui n'a pas de maitresse (en plus de son épouse bien-sur) n'est pas un homme.
Et les femmes acceptent de plus en plus cette situation.
Pourquoi acceptent-elles? Les raisons sont multiples. Mais elles acceptent de plus en plus. C'est un fait. Alors au lieu d'insulter cette femme, essayons d'abord de balayer devant notre porte.
Vendredi dernier a été projeté dans le cadre de la 15ème session du Festival « Cinéma de la Paix ? » le film « Ces filles-là » (il banat doul), de l’égyptienne Tahani Rached.
Synopsis: Un documentaire qui nous plonge dans l’univers d’adolescentes qui vivent dans les rues du Caire, une rue qui est tout à la fois un espace de violence, d’oppression et de liberté. Y vivre, c’est vivre au cœur de la violence, obligatoirement dans l’instant présent, en dehors de toutes normes et prescriptions, mais toujours au gré de son cœur et de ses désirs. Marginalisées et rejetées, Tata, Mariam, Abir et Donia sont étonnement modernes et libres dans une société si prude et normative. L’énergie, le goût et la rage de vivre de ces filles-là, leurs rires et leurs mimiques, nous donnent à découvrir un monde insoupçonné.
La projection a été suivie d’un débat. Certains ont trouvé que le film renvoyait une belle image de l’Égypte, une dame allant jusqu’à dire avoir envié la vie de ces filles ! Cela peut paraitre étonnant, mais c’est parce que la réalisatrice a montré ces jeunes filles comme jouissant d’une très grande liberté, loin de tout modèle ou lien social. Elles dégagent en plus une certaine joie de vivre. Et puis, elles sont très solidaires entre elles.
D’autres personnes au contraire ont trouvé que la réalisatrice a donné une très mauvaise image de son pays d’origine, puisque justement ces filles vivent sans respecter les règles sociales, sans suivre la «morale bien-pensante», en n’obéissant qu'à leurs propres instincts. Il ne faut bien-sur pas oublier qu’il s’agit de l’Égypte, pays arabo-musulman conservateur!
Quel était donc le souhait de la réalisatrice? Peut-être tout simplement montrer une situation existante sans porter aucun jugement. Par contre, il est évident qu’elle a trouvé un excellent moyen de nous montrer la vie quotidienne de ces jeunes filles, sans que l’ambiance du film soit lourde, difficile ou oppressante et sans que le téléspectateur ne se trouve obligé de juger, ou de condamner, ou de prendre position contre ces filles. Elle a montré des filles humaines, très attachantes et sympathiques, menant une vie très dure. Tout simplement.
Certains téléspectateurs ont aussi reproché au film de ne pas avoir montré les liens entre ces jeunes filles et la société égyptienne, entre ces jeunes filles et les voisins, bref entre ces jeunes filles et tous les autres habitants du quartier…. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ces filles habitent dans la rue, mais dans un quartier bourgeois. Les immeubles sont beaux et les voitures garées dans la rue sont de belles voitures aussi. On est donc loin du cliché du quartier défavorisé. Mais existe-t-il un lien entre ces filles et les habitants du quartier ?
Au début du film, on voit des chauffeurs de taxi parler à la caméra et donner des conseils aux filles. L’une d’elles arrive et leur reproche leur hypocrisie. Elle leur reproche de faire semblant de s’occuper d’elles parce que la caméra est là. Elle leur rappelle qu’habituellement ils font comme s'ils ne les voyaient pas, comme si elles étaient inexistantes. Et on remarque qu’en effet, ces filles de la rue et les habitants du quartier partagent le même espace, mais s’ignorent totalement. Aucune interaction entre eux. Ils ne font que cohabiter.
Les seuls liens que ces filles ont avec «l’extérieur» est une jeune femme qui vient les voir, discuter avec elles, essayer de résoudre leurs problèmes, et surtout leur donner de l’amour. Elle est pour ces filles comme une grande sœur ou une maman.
Un autre lien entre ces filles et le monde extérieur : la police, et donc l’État égyptien. Aucun policier dans le film, mais les filles en parlent souvent. La police vient pour les arrêter, les réprimer, les frapper parfois, les renvoyer…. Une des jeunes filles raconte d’ailleurs qu’un policier est venu leur donner un ultimatum pour quitter le quartier. Les filles lui avaient répondu qu’elles n’avaient pas où aller. Il a insisté pour qu’elles partent et les a même menacées. Elles lui ont alors demandé de leur trouver un endroit où aller. Le policier affirme qu’il n’en avait pas. Cela signifie-t-il qu’il n’y a pas de structures pour accueillir ces jeunes filles ? N’y a-t-il pas de structures non plus pouvant accueillir les jeunes filles enceintes et les jeunes mères avec leurs bébés qui sont donc aussi élevés dans la rue ? Ces bébés sans nom que leurs mamans ne peuvent inscrire aux registres de l’état civil parce qu'elles ne sont pas mariées et que leurs enfants sont donc illégitimes!!!!!
Lors du débat, cette scène a été l’occasion de comparer l’Égypte qui ne reconnait pas ces enfants illégitimes avec la Tunisie qui non seulement reconnait ces enfants mais qui depuis une loi de 1998 leur donne même un nom patronymique. Depuis 2002, la Tunisie reconnaît d’ailleurs la filiation par la seule mère et donc reconnait des enfants nés de mère célibataire. Or, en 2013, des élues islamistes s’étaient opposées à cette loi de 1998 et avaient réclamé son abrogation.
La réalisatrice a donné la parole essentiellement aux jeunes filles des rues, mais elle a aussi fait parler des garçons. On constate dès lors que finalement même dans la rue, il n’y a pas d’égalité entre les sexes. Ces enfants des rues ont en commun un mode de vie, une liberté totale, des règles de solidarité identiques…. Mais… Mais pour les filles, en plus de toutes les difficultés auxquelles elles doivent faire face tous les jours, par exemple pour trouver à manger ou pour trouver un abri pour dormir, elles doivent aussi trouver un moyen de se protéger contre les harcèlements sexuels et les viols. Elles doivent se protéger des hommes en général qui essayent d’abuser d’elles, mais pire, elles doivent aussi se protéger de leurs propres compagnons des rues. Leurs témoignages sont d’ailleurs assez durs. Certaines préférant se résigner à subir les assauts des «mâles» pour éviter les problèmes et les coups et blessures. Il est en effet courant pour ces filles de se faire balafrer en cas de résistance.
Parfois ces filles doivent faire face à des viols collectifs qui peuvent durer plusieurs jours de suite. Le terme employé est d’ailleurs effrayant : «stockage». Lorsque la réalisatrice demande ce qu’est le stockage, on apprend qu’une fille peut être amenée dans un endroit isolée, et gardée ou stockée plusieurs jours voire plusieurs semaines par ces bandes de garçons pour leur servir d’esclaves sexuelles. Lorsque ces jeunes n’en veulent plus, ils les libèrent. Tout simplement.
Conséquences de ces relations sexuelles consenties ou pas : les grossesses non désirées, mais obligatoirement menées à terme, ces jeunes filles ne pouvant se faire avorter.
Autre conséquence aussi de ces relations sexuelles hors mariage, donc haram (péché) dans cette société arabo-musulmane, ces filles se sentent coupables. Elles n’assument pas. Elles se sentent coupables et sales. Même si certaines essayent de se justifier en disant qu’elles n’ont pas fait ce choix et que Dieu en est témoin!!!!
Bien que jouissant donc d’une grande liberté, bien qu’elles chantent, dansent, jouent… ces filles sont-elles heureuses ? Il est permis d’en douter. Elles sont toutes droguées. Elles sniffent de la colle, fument des joints, prennent des comprimés... Et elles sont toutes accros. Même celles qui font une tentative de retour dans leurs familles, reviennent dans la rue très rapidement, parfois même au bout de quelques heures.
Il y a encore beaucoup à dire à propos de ce film, mais le mieux serait d’aller le voir. Peut-être sera-t-il projeté bientôt dans les salles de cinéma tunisiennes. On peut du moins l’espérer.
Le film « Al Bant dol » de Tahani Rached a été présenté en sélection officielle hors compétition au festival de Cannes 2006 et a remporté le grand prix du festival d'Ismaïlia en 2006.
Hier, ouverture à Tunis de la 15ème session du festival « Cinéma de la Paix ? » avec le film Kazakh « Naguima » de Zhanna Issabaeva dont c’est le 4ème long métrage.
Synopsis : Kazakhstan de nos jours. Naguima, jeune femme réservée, abandonnée à la naissance, partage une chambre dans un quartier-dortoir d'Almaty avec sa sœur de cœur, Ania, rencontrée à l'orphelinat. Enceinte, Ania meurt lors de l'accouchement. A nouveau seule, Naguima va tenter de reformer une famille…
Zhanna Issabaeva a décidé de faire ce film lorsqu’elle a découvert que dans son pays, une loi permet aux enfants abandonnés et élevés dans des orphelinats de connaitre l’identité de leurs parents biologiques lors de leur sortie de l’orphelinat, bien qu’une étude a démontré que 80% de ces parents rejettent quand même leurs enfants lorsque ceux-ci les retrouvent. Elle a voulu montrer les conditions de vie de ces enfants considérés comme des sous-citoyens, qui vivent dans des conditions précaires, et qui sont en manque d’amour.
Le film nous montre justement deux orphelines, amies, presque sœurs, vivant seules et devant faire face à tout et à tous. A part la voisine et l’épicier qui les aident, elles vivent dans un monde hostile.
Les deux jeunes femmes sont pauvres. Elles habitent dans un quartier dortoir miséreux et sinistre, elles se nourrissent de restes qui auraient du aller à la poubelle. La jeune Ania a été abandonnée par son compagnon lorsqu’elle est tombée enceinte. En plus, elle est malade. Mais elle ne peut pas consulter un medecin puisque même l’État les considère comme sous-citoyennes : elles sont sans papiers ni carnet de santé. La scène dans l’hôpital est d‘ailleurs significative : sans ces papiers, nulle admission aux urgences. Bureaucratie lourde et inhumaine, et alors qu’Ania se meurt, l’infirmière s’inquiète de papiers, de règles, de rapport à rédiger. Il a fallut l’intervention d’un médecin pour qu’Ania soit admise et qu’on s’occupe enfin d’elle. Mais trop tard, elle décède en couches.
Ce décès va opérer un tournant dans la vie de Naguima qui, ne pouvant supporter la solitude et en quête d’amour, part à la rencontre de sa mère biologique. Elle voudrait vivre avec elle et faire partie de sa famille.
Cette dernière va la rejeter. On le comprend tout de suite à la façon dont les deux femmes se tiennent l’une par rapport à l’autre, sans aucun contact physique. Elles s’assoient sur un banc, mais si éloignées l’une de l’autre. L’image est parlante d’elle-même.
La mère reproche à cette enfant qu’elle a abandonné 18 ans plus tôt d’avoir détruit sa vie une première fois et refuse de la laisser la lui détruire une seconde fois. Par ailleurs, cette même mère parle de ses 3 enfants légitimes d’une manière différente. Elle est même fière de son autre fille qui fait des études de médecine. Finalement, de ses 4 enfants, cette mère ne renie que Naguima.
Naguima rejetée par sa mère, va décider d’adopter le bébé de son amie Ania, bébé placée dans un orphelinat dès sa naissance. Or elle ne remplie pas les conditions requises pour pouvoir adopter un enfant : pauvre, illettrée et célibataire. Mais elle a un tel besoin de construire une famille qu’elle va voler le bébé.
Cette troisième tentative de construire une famille échoue, Naguima n’ayant pas su s’occuper du bébé. Elle prend par ailleurs conscience que le bébé est promis au même destin solitaire qu’elle. Ce constat la plonge dans une profonde dépression. Elle prendra alors une décision radicale.
La fin du film est tragique et très pessimiste. La réalisatrice voulait-elle dire que la mort est plus supportable qu’une vie dans un orphelinat et surtout sans amour ?
Tout le film traite d’ailleurs de cette quête d’amour. Le moment clef de ce film est justement la scène dans laquelle Naguima dit à l’épicier : "dis-moi que tu m’aimes". Lorsque surpris il refuse, elle va carrément le supplier de lui avouer un amour qu’il ne ressent pas, elle lui demande de mentir, de jouer la comédie. Elle manque tellement d’amour qu’elle pourrait se contenter d’un amour factice.
Malgré une photographie très soignée, le film est oppressant. Très minimaliste, des couleurs ternes, une ambiance triste, des visages presque sans expressions… Cette lourdeur du film est une manière de mettre le spectateur dans la situation des personnages, d’imposer le malaise des personnages aux spectateurs.
Le casting est excellent. Les deux jeunes femmes sont jouées par de vraies orphelines et non pas par des actrices professionnelles. Aucun acteur professionnel n’aurait d'ailleurs pu trouver en lui-même ce vécu et n’aurait pu jouer le rôle de cette manière. La jeune fille qui a joué le rôle de Naguima EST le personnage. Sans dialogues le message est passé, grâce aux gestes, aux actions, aux expressions du visage, au jeu d’acteur très dépouillé…
Naguima a remporté le Lotus du meilleur film au Festival du Film Asiatique de Deauville 2014.
Sur les conseils de Bassem Samra, l'acteur qui joue le rôle du mari de Zet, j’ai regardé le feuilleton égyptien « une fille nommée Zet بنت إسمها ذات ». J’ai tellement adoré que j’ai vu les 31 épisodes en 3 jours.
Lorsqu’il m’en a parlé, je pensais que j’aurais affaire à un feuilleton comme j’en voyais il y a quelques années, une banale histoire quelconque…
Mais ce que j’ai découvert est tout autre. Le feuilleton nous raconte la vie de Zet, une femme née le 23 Juillet 1952, le jour du coup d’Etat des Officiers Libres contre le roi Farouk.
Nous suivrons Zet pendant des années, de juillet 1952 jusqu’au mois de janvier 2011, date de la révolution tunisienne.
A travers la vie de Zet, nous allons revivre l’Histoire de l’Egypte et même un peu du monde arabe. Le feuilleton va nous montrer à quel point les évènements et décisions politiques influent sur nos vies. Nous verrons d’ailleurs tout le long du feuilleton de très nombreuses images d’archives et d’extraits de journaux télévisés. Il y aura des extraits de discours de Nasser, de Sadate, mais aussi de Bush et d’Obama. Il y aura des images de diverses guerres : la guerre des six jours, la guerre du Koweit, la guerre d’Irak, des images du 11 septembre 2001, des images de divers attentats…
Le feuilleton va se baser principalement sur deux axes :
- l’Histoire de l’Egypte de 1952 à 2011 et l’évolution de la société égyptienne. Nous verrons comment la société va changer petit à petit, comment les mentalités vont changer, comment l’enseignement va se dégrader, comment les valeurs vont petit à petit disparaitre, comment l’islamisme va s’installer, les relations hommes/femmes vont aussi évoluer…. - l’histoire personnelle de Zet, et à travers elle, je trouve qu’un hommage est rendu à la femme égyptienne, mais aussi à la femme arabe. On veut occulter le rôle de la femme, on veut la soumettre… mais en fait, la femme est la colonne vertébrale de la famille et par là de la société. C’est elle qui donne naissance, c’est elle qui élève, c’est elle qui soutient, c’est elle qui nourrit, c’est elle qui conseille, c’est elle qui travaille dedans et dehors, c’est elle qui soutient le mari opposant, le mari soulard, le mari travailleur, le mari chômeur…
Le feuilleton est très bien fait. Les costumiers, les accessoiristes et les techniciens du décor ont fait de l’excellent travail. Ils nous ont fait traverser les années subtilement. Tout change, en particulier les costumes, et on ne s’en aperçoit presque pas. Cela se passe doucement, comme dans la vraie vie. Le feuilleton commence d’ailleurs avec des femmes bien mises, bien maquillées, bien coiffées, portant des robes courtes, bien ajustées, très colorées, pour finir avec des femmes pratiquement toutes voilées portant des vêtements amples cachant toutes leurs formes. Pareil pour les quartiers, les immeubles, les rues… qui au début du feuilleton étaient neufs, en bon état, propres… et finissent par être délabrés, sales… On voit aussi l’appauvrissement des classes moyennes qui ont vues leur niveau de vie se dégrader au fil des années.
Le jeu des acteurs est excellent. Zet est joué par l’actrice Nelly Karim que je n’apprécie pas particulièrement mais qui a vraiment très bien joué le rôle. Vraiment très bien. Bassem Samra joue le mari de Zet, et il y excelle. Mais bon, lui excelle dans tous ses rôles je crois. Il a cette capacité, non pas de jouer un rôle, mais de devenir ce rôle, devenir le personnage qu’il est censé jouer.
Cela fait des années que je n’ai pas regardé un feuilleton égyptien, et là, je me suis vraiment régalée. J’ai passé d’excellents moments et cela m’a donné envie de partager avec vous tous.
Mon conseil : regardez « une fille nommée Zet ». Il se trouve sur youtube, ici (cliquez sur le lien) Quant à moi, je vais essayer de trouver le livre dont a été tiré ce feuilleton et le lire.
«Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.
Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.
Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.
Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir.»
J'ai trouvé ce texte sur Internet. Il était présenté comme un extrait du livre "Le meilleur des mondes" de Aldous Huxley. J'avais trouvé cela étonnant parce que ce livre est paru en 1932 et l'auteur ne pouvait pas connaitre les horreurs que commettrait Hitler. Par ailleurs, l'emploi du verbe "formater"m'a semblé anachronique. J'ai donc supposé que cet extrait provenait du livre "Retour au meilleur des mondes" du même auteur, paru en 1958. Comme j'ai ce livre, je suis allée vérifier, mais rien non plus. Texte introuvable. J'ai fait une recherche sur Internet, j'ai remarqué que nombreux sont les sites qui affirment qu'il provient du meilleur des mondes, quelques sites l'attribuent à d'autres auteurs... Finalement, j'ai pu retrouver l'auteur. Ce texte provient du livre "L'Obsolescence de l'homme" de Günther Anders.
Cet extrait est extraordinaire. On dirait qu'on y parle de la Tunisie des années Ben Ali et surtout d'aujourd'hui. Abrutissement de la population programmé et voulu. Un peuple abruti ne peut pas se révolter.
Samedi 28 Mars 2014 a eu lieu au cinéma Le Rio à Tunis, l’avant première du long métrage «Le Challat de Tunis» de Kaouther Ben Hania. Etaient présents tous les techniciens (auxquels la réalisatrice a rendu un grand hommage) et les acteurs, dont Jallel Dridi qui joue son propre rôle dans le film.
Synopsis : Eté 2003, un homme sur une moto, une lame de rasoir à la main, rode dans les rues de Tunis. Il s’est donné pour mission de balafrer les plus belles paires de fesses des femmes qui arpentent les trottoirs de la ville. On l'appelle le Challat. Figure mystérieuse et insaisissable, le Challat génère passions et tensions. L’Etat en profite alors pour lancer une campagne « de bonnes mœurs » et faire planer le doute d’un possible retour des islamistes, dans une Tunisie qui, pourtant, depuis son indépendance, avait réussi, mieux que ses voisins, le pari de la modernité en émancipant ses femmes. Dix ans plus tard, alors qu’avec la Révolution la vérité semble accessible, une jeune réalisatrice obstinée mène l’enquête. Elle se fait un point d’honneur d’élucider ce mystère. Avec humour, Le Challat de Tunis raconte les dessous d’un fait divers devenu légende urbaine et dresse le portrait d'une société tunisienne en pleine effervescence où les hommes semblent peiner à trouver une place et où le corps féminin reste un enjeu politique de taille.
Le film devait être une pure fiction, mais tournée comme un documentaire. La réalisatrice a expliqué qu’en réalité tout le film devait être une fiction inspirée d’un fait divers, mais que par la suite, il est devenu mi-fiction, mi-réalité. En fait, comme elle l’a qualifié elle-même : il s’agit d’un film hybride, mêlant la réalité à la fiction. Et jusqu’à la dernière scène, le spectateur ne saura d’ailleurs jamais ce qui est réel et ce qui est fictif.
En effet, le scénario s’inspire d’un fait réel survenu en 2003. Un challat (balafreur) avait attaqué 11 femmes. Il les agressait avec une lame au niveau des fesses. Ce fait divers avait fait beaucoup parler à l’époque. Un homme avait été arrêté puis relâché. Par contre le vrai balafreur n’a jamais été arrêté. Le scénario a été écrit en 2009, bien avant la révolution. A l'époque, comme personne ne pouvait accéder aux documents officiels et aux archives des tribunaux, il n’y avait aucun moyen de savoir ce qu’il en était réellement. Il a fallut donc inventer toute l’histoire. Après la révolution, la situation a changé et les documents officiels étaient à la disposition du public. Il a été donc possible de consulter les divers PV de police et les archives du tribunal et de connaitre l’identité de l’homme arrêté et les détails de l’affaire. Le scénario a été modifié en conséquence.
La réalisatrice va expliquer que le fait divers ne sera qu'un prétexte pour aborder certains sujets: les relations hommes/femmes, la violence à l’encontre des femmes, le regard misogyne des hommes qui s’est d’ailleurs accentué après la révolution…
Le film commence par une scène importante : une équipe de tournage va à la prison de Mornaguia pour filmer. Un gardien les en empêche. La réalisatrice lui explique qu’elle a les autorisations nécessaires, que tout est en règle et qu’elle peut donc filmer. Le gardien refuse. Il répond que ces autorisations ne lui sont pas opposables. Pour lui, il est interdit de filmer, donc interdit de filmer. Point. La situation est kafkaïenne, mais typiquement tunisienne. Il y a la loi, et il y a la réalité. Le gardien va finir par s’énerver et casser la caméra.
Cette scène va donner le ton du film. On entre de plein pieds dans la réalité tunisienne, loin de ce qui devrait être, mais dans ce qui est.
Pour les besoins de l'enquête, des annonces sont placardées un peu partout dans un quartier populaire soupçonné être celui du balafreur. C'est l'occasion d'un micro trottoir qui permet de connaitre l’opinion des gens de la rue concernant ce qu’a fait le challat. Et c’est effrayant, c’est d’autant plus effrayant que la réalisatrice va annoncer lors du débat qui a suivi la projection du film que ce micro-trottoir est bien réel. Les hommes interrogés vont tous être solidaires du challat. Pour eux, si ces femmes avaient été agressées, c’est qu’elles le méritaient. Elles sortent moulées dans des Jeans serrés, elles méritent d’être balafrées. Ce micro-trottoir va être l’occasion de propos très misogynes.
Dans le film, n’ayant pas trouvé le balafreur, la réalisatrice fera un casting pour essayer de trouver un acteur pour jouer le rôle. La réalisatrice va demander à ces hommes pourquoi elle les engagerait pour le rôle du balafreur et s’ils pourraient expliquer son geste. Autre occasion pour écouter des propos très misogynes et effrayants. Casting réel ou pas ?
A la fin du casting, apparait Jallel Dridi, l’homme qui a été réellement arrêté par la police pendant une quinzaine de jours et qui avait bénéficié d’un non lieu. Il se fera passer pour le balafreur. La réalisatrice va le suivre dans sa vie quotidienne pour essayer de comprendre son geste.
Dans ce film, deux faits sont purement fictifs : - Un jeune va créer un jeu vidéo : il s’agit de balafrer toutes les femmes «indécentes», ne pas toucher aux femmes voilées et échapper à la police. Ce jeu aura un grand succès auprès des jeunes du quartier jusqu’à ce qu’une femme se révolte. Elle va crier son indignation et son refus de la misogynie ambiante et du message véhiculé par ce jeu.
- Purement fictif aussi est le virginomètre, appareil sensé détecter si une jeune femme est vierge ou pas en analysant son urine.
Ces deux faits sont là pour accentuer la misogynie de ces hommes. Mais ce qui est inquiétant est que l’image est réelle. Un peu trop réelle. Ces hommes veulent contrôler la femme et son corps. La scène de la poupée gonflable insiste sur cette volonté de contrôle du corps de la femme.
Le film est très plaisant. Le sujet est très sérieux, mais traité avec humour et légèreté. Mais tous les tunisiens sauront-ils rire d’eux-mêmes ?
Ce n’est que vers la fin du film que nous voyons deux vraies victimes du vrai balafreur. Elles vont témoigner et quelque part déconstruire le discours des hommes. Ce sont deux femmes respectables, d’un certain âge, elles étaient toutes deux décemment habillées lors des agressions. Elles ne correspondent pas du tout au stéréotype de la femme décrite par tous les hommes. Pourquoi donc avaient-elles été balafrées ?
Allez voir le challat. Vous passerez un bon moment et peut-être que vous apprendrez beaucoup sur notre société tunisienne!
Récompenses du film: - Projet lauréat du prix Arte des relations internationales à la Berlinale en 2011. - Lauréat de deux prix au Final cut workshop à la Biennale de Venice 2013
A partir du 1 avril 2014 à Tunis, dans les salles : Rio, Amilcar El Manar, MAD'ART Carthage, El Hambra La Marsa.
La troisième version de l’avant projet de constitution - dont on nous a annoncé la perfection- vient d’être publiée sur les colonnes de la presse quotidienne ainsi que sur le site officiel de l’ANC. Sa lecture ne laisse pas d’étonner tant le texte est tissé de non-dits et de dangereuses contradictions en porte à faux avec les aspirations de justice sociale, de droits et de libertés exprimées par le peuple souverain le 14 janvier 2011.
- Au niveau du préambule, on ne peut que dénoncer le tour de passe-passe entre la référence - du reste toute timide et allusive -aux «principes des droits universels de l’homme» et la condition de validité «de leur compatibilité aux spécificités culturelles du peuple tunisien». Qu’est-ce à dire ? Y a-t-il des droits humains – définis pourtant comme inhérents à toute personne humaine et dont le défaut fait perdre à cette personne sa dignité humaine– car il s’agit bien de cela – que nous Tunisiennes et Tunisiens ne méritons pas ? Sommes-nous à ce point hors de l’humanité et n’avons-nous pas en nous tous, en chacune et chacun de nous, cet incompressible universel, la dignité humaine ?
- Par quelle logique – si ce n’est encore une fois celle des ruses et des faux semblants - mettre au conditionnel l’universel humain commun ? L’universel est-il passible d’une évaluation en termes de plus ou de moins et d’une compréhension autre que celle qui reconnaît à chacun des droits identiques, les mêmes, partout et pour tous sans distinction. Admettre les droits humains universels à la condition de leur compatibilité aux spécificités culturelles, c’est tout simplement les annuler tout en assignant les personnes à des spécificités culturelles prescrites.
- Cet énoncé, obtenu à l’arraché face à l’obstruction de la Nahdha à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et à toute déclaration des droits y compris le Pacte de Tunisie (âhd Touness), est le fruit d’un «compromis illusoire» entre deux imaginaires constitutionnels antinomiques, l’un fondé sur l’idée que la constitution définit les droits et les libertés du sujet, l’autre sur l’idée qu’elle définit l’identité de la collectivité. Le premier est dit individualiste, le second holiste (totalisant).
- C’est cette ambivalence - poussée à son paroxysme - que traduit, protège et reconduit l’article 136 (ancien article 148) selon lequel aucune révision constitutionnelle ne peut remettre en cause, «l’islam en tant que religion d’Etat (al islam bi iîtibarihi dinu al-dawla) (…) » ; ni non plus « le caractère civil de l’Etat (madany)». Cette disposition pose plus d’un problème en lien avec l’échec de faire de la chariâ «la source du droit» et le repli tactique qui s’en est suivi derrière l’ineffable article premier de la constitution de 1959, devenu la clé de voute du consensus national.
- «L’islam religion d’Etat» que l’on tente d’introduire aux forceps en l’habillant de supra constitutionnalité - est une nouvelle disposition, étrangère au lexique juridique tunisien et bien différente de ce que laisse et a laissé entendre l’article premier dont la tournure rédactionnelle - «la Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, sa langue est l’arabe, sa religion l’islam et son régime la république» - est et a été riche en égales potentialités «islamisantes» de la société et «laïcisantes» de l’Etat et de son droit. «Islam religion d’Etat» formule tranchante imposant un devoir être islamique et dont le respect est remis au contrôle d’une cour constitutionnelle saisie a priori sur les lois en confection et a postériori sur les lois déjà promulguées apparaît dans cette troisième version comme une ultime tentative de réintroduire le refoulé et un coup de poignard dans le dos de la liberté.
- Dans ce contexte, l’article 2 selon lequel la «Tunisie est un Etat civil fondé sur la citoyenneté, la volonté du peuple et la supériorité de la loi» est loin d’être la conquête qu’on prétend. Non seulement il ajoute au verbiage faisant de «l’Etat civil» moins que l’Etat de droit… un Etat de la loi; mais est aussi loin de constituer un barrage à l’Etat théocratique qu’induisent ouvertement «l’islam religion d’Etat» (Art.136), et subrepticement l’article 5 selon lequel «l’Etat est «garant» ou «gardien» de «LA» religion (al din) (al Dawla raiya li-din) ; l’indéfini référant ici implicitement à l’Islam, «seule religion» aux yeux du peuple d’Allah. De cette logique relève le reste de l’énoncé dans lequel on constate le silence gardé sur la liberté de conscience et la mention de la «garantie de la liberté de croyance et de l’exercice des cultes, la protection du sacré et la neutralité des lieux de culte de l’instrumentalisation partisane».
- Quant à l’égalité entre les hommes et les femmes que consacre l’article 6 «Les citoyennes et les citoyens sont égaux en droits et en devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination», il n’apporte rien de bien substantiel par comparaison au défunt article 6 de la constitution de 1959, si ce n’est l’effort de féminisation du langage et l’insistance – que d’aucuns trouveront superfétatoire du coup - sur la «non discrimination». En réalité, cet article omet volontairement ce que les Tunisiennes n’ont cessé de revendiquer et auquel les constituants sont restés sourds «l’égalité par la loi»! (al muussawat bil quanun). L’égal traitement de tous devant la loi est le minimum requis d’un Etat de droit et ne peut être l’exclusivité des citoyennes et des citoyens. Selon les principes généraux du droit, Tous et Toutes, devraient être égaux devant la loi contrairement à la formule restrictive adoptée.
- «L’égalité par la loi» qui met à la charge du législateur d’en finir avec les inégalités et de remettre les citoyennes et les citoyens dans leurs droits égaux, est le point sur lequel ont achoppé à chaque fois toutes les discussions. Cette crispation montre bien que l’égalité formelle dont il est question ici n’est pas l’égalité réelle par la loi à laquelle aspirent les Tunisiennes et les Tunisiens.
- C’est cet esprit formaliste et holiste que confirment l’article 10 selon lequel « l’Etat est garant de « l’unité » ou de «l’entité familiale» (kiyan al usra) et est protecteur de sa cohésion (tamasukiha) ainsi que l’article 11 suivant «la femme et l’homme sont partenaires dans l’édification de la société et de l’Etat». Articles creux, ils souffrent d’une absence de normativité participant par leur bavardage à l’insécurité juridique dans laquelle les femmes sont jetées du fait de textes relevant plus du discours idéologique que de la rigueur juridique et de ses exigences démocratiques.
- L’article 42 obtenu aux prix de longues tractations, sur «la protection des droits des femmes», «le renforcement de leurs acquis», l’égalité de chance entre la femme et l’homme dans l’exercice des diverses responsabilités» «l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes» est – malgré ses bonnes intentions, un mirage. De quels droits des femmes s’agit-il? Ceux-la que l’on ne reconnaîtra qu’à la condition de leur compatibilité aux spécificités culturelles? Et les acquis, à quoi réfèrent-ils?
- Dans cet amas de brume, l’article 79 se trouve en bonne place. Donnant au président de la république un droit de véto renforcé par le référendum, il lui ouvre de manière exceptionnelle la faculté de soumettre au vote populaire les projets de lois adoptés par l’assemblée du peuple et validés par la cour constitutionnelle dans les domaines touchant les droits, les libertés, le statut personnel, les conventions internationales. Quel est l’effet utile de cette procédure et les non-dits de l’exception réservée à ces matières ?
C’est dire, pour ne parler que de ces quelques articles, le fossé entre ce que l’on veut faire passer pour une perfection et cette copie d’un texte sans qualité … démocratique!
L'autre jour, j'ai rencontré par hasard deux dirigeants de deux partis tunisiens de l'opposition et l'un d'entre eux a dit ne pas s'inquiéter pour la Tunisie parce que les femmes tunisiennes sont vigilantes. D'après lui, comment un pays qui a 36 (je crois que c'est ce chiffre) femmes qui conduisent des Airbus pourrait faire un bond en arrière?
Trop facile.
Trop facile de dire cela.
Par ailleurs, dans l'autre camps, des gens sont entrain de diaboliser les femmes tunisiennes et de déformer les chiffres. Ils accusent les femmes tunisiennes de tous les maux. Ils accusent les tunisiennes d'être dépravées.
Ils oublient ou font semblant d'oublier ce que les tunisiennes ont accompli.
Ils oublient toutes les femmes qui ont accompli des choses merveilleuses, à l'instar de Mme Tawhida Ben cheik, première femme médecin du monde arabe qui en plus de l’exercice de son métier a contribué à mettre en place le planning familial tunisien au travers du service qu'elle a crée à l'hôpital Charles-Nicolle en 1963 puis de la clinique Montfleury, première clinique fondée par l'association tunisienne pour le planning familial en 1970. Mme Ben Cheikh a été vice présidente du croissant rouge tunisien.
Ou à l'instar de Mme Zoubeïda Ounaïes enseignante universitaire tunisienne et chercheuse à l’université A et M au Texas, qui suite à sa collaboration à deux reprises avec la NASA a obtenu le prix Richard T. Whitcomb et Paul F.Holloway 2009 sur le thème du Transfert de technologie par la Fondation Nationale Américaine des Sciences.
Les exemples sont nombreux.
Sans oublier toutes les femmes qui fréquentent les écoles, les universités, qui obtiennent de meilleurs résultats que leurs camarades masculins, qui occupent des postes de responsabilités dans toues les administrations, les grandes entreprises... et toutes ces femmes qui par leur dur labeur quotidien font vivre des familles entières.
Ces gens qui insultent et dénigrent la femme tunisienne déforment les chiffres, par exemple en disant que la Tunisie est 4ème mondial en ce qui concerne le nombre de divorces. Ils oublient que c'est parce qu'en Tunisie, les divorces sont judiciaires et sont donc comptabilisés, alors que dans les autres pays arabes, il suffit de lire une fatiha pour se marier et de prononcer un simple mot de répudiation pour divorcer. Comment comptabiliser ces mariages et ces divorces? En Iran par exemple, la prostitution se pratique sous forme de mariage à durée déterminée. On se marie pour 20mn, avec une dot de 5 dollars et ensuite on divorce. Comment comptabiliser ces divorces?
Ils disent qu'en Tunisie, nous avons le plus fort nombre d'enfants nés hors mariage, ils oublient que dans les autres pays, on ne compte pas ces enfants. Ils naissent et poussent dans la rue, sans aucune statistique précise. Chez nous, on essaie de les récupérer et de les élever dans des institutions. On les compte donc. Regardez donc l’Égypte. Le cas de ce pays est édifiant. Des millions d'enfants naissent et vivent dans la rue, sans aucune protection, sans aucun espoir d'une vie décente.
s questions à un homme d'environ 50 ans et habitant un quartier populaire:
Moi: "que pensent les gens dans ton quartier, dans ta famille et dans ton entourage, de la situation actuelle en Tunisie?"
Lui: "ils détestent nahdha".
Moi: "sais-tu ce qu'il se passe actuellement à l'ANC?"
Lui: "non, aucune idée, je ne comprends pas ce genre de choses."
Je lui explique en simplifiant au maximum et lui dit que Nahdha voudrait bien inclure la chariaa dans la constitution et dit que c'est pour protéger et appliquer l'islam. Voterait-il pour un tel projet de constitution?
Lui: "c'est un projet de nahdha? Si c'est le cas, je voterais contre, parce que je suis certain que venant d'elle cela ne pourrait être qu'un mauvais projet et un nouveau mensonge."
Moi: "mais si on te dit que le projet de nahdha protège l'islam et que celui de l'opposition au contraire veut instaurer le kofr?"
Lui: " si c'est nahdha qui présente ce projet, je voterais contre. Je voterais contre tout ce que proposera nahdha. Elle nous a beaucoup menti et on n'en veut plus. L’essentiel est qu'elle disparaisse, et autour de moi, tous pensent pareil."
Sa réaction aussi catégorique m'étonne et ne m'étonne pas. Ces gens qui ont très souvent voté pour nahdha sont très déçus et ne lui font plus confiance.
P.S.: je pose très souvent ce genre de questions partout où je vais.
Mesure de la Pauvreté des inégalités et de la polarisation en Tunisie 2000-2010
Lancement hier du rapport intitulé « Mesure de la Pauvreté des inégalités et de la polarisation en Tunisie 2000-2010 » par l’Institut National de la Statistique (Tunisie).
Ce document décrit les améliorations et les révisions apportées aux pratiques nationales en matière de mesure de la pauvreté en termes monétaires et présente l’évolution de la pauvreté au cours de la dernière décennie.
Je partage avec vous, mais je ne l'ai pas encore lu, j'ai juste jeté un coup d'oeil rapide.
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