Nous sommes le 14 Janvier 2014. Il y a 3 ans, Zaba s'est enfui à bord de son avion. Nous étions tous plein d'espoirs. Nous pensions qu'enfin, nous allions avoir la démocratie, que nous allions faire de notre pays le meilleur du monde. Nous pensions que nous allions nous débarrasser de la corruption et du népotisme. Nous pensions que nous allions tous œuvrer pour une justice sociale, pour que tout tunisien puisse avoir une vie digne. Nous pensions qu'enfin tous les tunisiens et tunisiennes allaient enfin être égaux. Nous pensions, nous espérions, nous croyions.... Jusqu'au jour où tala3a al badrou 3alayna. Depuis bien des désillusions. Depuis nous nous battons ne serait-ce que pour préserver des acquis, surtout nous les femmes. Depuis nous avons eu une mafia encore pire que la précédente. Une mafia fasciste et terroriste. Une mafia qui va jusqu'au meurtre.
Mais l’espoir est encore là. Nous avons obtenu et su garder jusqu'à maintenant la liberté d'expression. Nous avons pu voter, tous, pour la première fois de notre vie d'une façon libre. Nous avons pu occuper les espaces publics. Nous avons vu notre pays tel qu'il est même si le miroir est parfois effrayant. 3 ans après, nous luttons encore. Et cela me fait penser à Sisyphe. « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. » La lutte vers les sommets suffit à remplir le cœur d'un homme. Oui, cela a aussi été le cas. Cette lutte elle-même pour notre pays remplit nos cœurs. Nous y arriverons. Nous y arriverons parce que c'est tout un processus perpétuel, une lutte perpétuelle vers les sommets. Entre temps, personnellement, j'ai connu énormément de gens, et je les remercie d'être là. Ces gens sont la vraie richesse de notre pays. J'ai rencontré des gens intéressants, motivés, militants, actifs, aimants, idéalistes, pratiques, cultivés, amoureux, pragmatiques, artistes.... Je me suis beaucoup enrichie au contact de tous ces gens. Certains sont devenus des amis très chers. J'ai aussi découvert de nouveaux aspects de personnes que je voyais depuis des années sans les connaitre. J'ai vu éclore des chrysalides qui ont donné naissance à des personnes magnifiques, d'une beauté intérieure inimaginable. J'ai beaucoup appris en 3 ans. Un grand merci à tous. Nous continuerons. Nous continuerons, et tôt ou tard, nous y arriverons. J'en suis convaincue. Un jour, la Tunisie sera un des pays qui sera donné en exemple dans le monde entier et dont la réussite sera retentissante.
Je t'aime ma Tunisie, et je vous aime mes compatriotes (les vrais bien-surs )
Tout d'un coup, arrive un salafiste avec un bouquet de roses. Il a commencé à nous les distribuer. Je croyais qu'il voulait nous les vendre. Non, il nous les offrait. Oui, vous avez bien compris, il nous offrait ces roses. Il est passé d'une personne à l'autre et à offert une rose à chacun d'entre nous, avec le sourire et des mots aimables de bienvenue (nous étions à Hammamet).
Il a échangé quelques mots avec certains d'entre nous, et en particulier avec le doyen Habib Kazdaghli qu'il a même enlacé et embrassé à deux reprises. J'ai raté le scoop parce que je n'ai pas été assez rapide pour prendre une photo.
J'ai juste pris une photo de ce monsieur alors qu'il partait.
Nous étions tous très agréablement surpris. Voilà cet homme, souriant et aimable, qui apprenant notre présence, a fait le geste d'amener un bouquet de roses et de nous le distribuer.
Franchement, cela m'a mis du baume dans le coeur. Et de l'espoir.
La cohabiation est-elle possible? Oui, surement, si chacun essaye de respecter l'autre et de ne pas entraver ses libertés et de respecter ses choix. Oui, si chacun accepte la façon de vivre de l'autre. Oui, si chacun d'entre nous essaye d'oublier les différences et ne pense qu'aux points communs. Oui, si nous voulons vivre en paix en Tunisie.
Sauf que là, je rêve! Oui, je rêve. Mais cet homme, ses roses et ses sourires étaient bien réels.
UPDATE: Mon amie Zakia Hamda a été plus rapide que moi, elle a pris une photo du doyen Kazdaghli et du salafiste:
Je suis entrain de faire du rangement et du classement. Je suis tombée sur une feuille de cahier, manuscrite. D'après mes souvenirs, elle a été écrite l'année dernière. Comme mon fils passait un temps fou sur son PC à jouer sur Internet, je le lui avais confisqué parce que je trouvais qu'il devait travailler.
Il avait alors écrit ce papier qu'il avait présenté à son père.
Sincèrement, je ne me rappelle plus comment j'avais réagit. Je ne me rappelle pas si j'avais levé ou pas la punition, et probablement pas, parce qu'il avait son bac à passer et devait travailler sérieusement. Mais finalement, aujourd'hui avec le recul, je trouve que ce mot était bien écrit.
Le voilà, je fais une copie pour vous (je n'ai pas de scanner à la maison):
Pendant tout le deuxième trimestre, j'ai travaillé sérieusement et j'ai fait des progrès dans presque toutes les matières et mon bulletin le prouve. Et c'est pour cette raison que je trouve le fait de me confisquer mon ordinateur au lieu de me féliciter alors que je suis malade totalement injuste.
Et c'est pour cette raison, qu'avec tout le respect que je vous doit, je décide d'agir librement et de désobéir à l’ordre de maman.
A l'aube de ma majorité, j'ai le droit d'être libre lorsque vous me donnez un ordre injuste.
J'ai voulu mettre un peu d’ordre dans mon PC et je me suis aperçue que j'avais des centaines et des centaines de photos et des centaines de notes qui mériteraient d'être publiées et partagées sur Internet.
Certaines photos attendaient que je trouve du temps pour écrire une note, d'autres ont juste été oubliées, et en ce qui concerne les notes, ce sont souvent des notes que je prends à chaque fois que j'assiste à une conférence ou un débat. J'écris, j'écris, j'ai au moins une bonne dizaine de blocs notes noircis de mon écriture, mais je n'arrive plus à trouver du temps pour recopier...
Pour ce qui est des conférences, les publier aujourd'hui serait marrant je trouve. Les mois ayant passé, la situation ayant évolué... bon, de toute façon, je n'ai pas le temps.
Mais j'ai décidé quand même de faire un effort et de publier au fur et à mesure les photos, la plupart étant des photos de voyage.
Je commence aujourd'hui par les plus récentes. Elles concernent mon voyage à Rabat, au Maroc.
Je pensais aussi écrire une note à ce sujet, mais je n'ai vraiment pas le temps. J'ai eu beaucoup de travail ces derniers temps.
J'ai été à Rabat du 11 eu 16 Mars 2012 pour assister à un atelier qui avait pour but le lancement du réseau pour la responsabilité sociale dans le monde arabe "ANSA-Monde arabe". J'ai pris des pages de notes, mais toujours pareil, depuis mon retour, je n'ai pas pu les recopier.
De toute façon, j'ai trouvé ces articles, ils vous informeront si vous voulez en savoir un peu plus sur le sujet.
Bon, je viens de m'apercevoir que j'ai triché un peu en ce qui concerne le workshop en prenant surtout les tunisiens en photo! :-))
Ci-dessous des photos du Mausolée Mohammed V. C'était le seul moment de tourisme lors de ce voyage. Pour moi, ce n'était pas bien grave, j'avais déjà visité Rabat à plusieurs reprises, mais la plupart des autres participants étaient vraiment déçus, ils pensaient avoir plus de temps pour visiter, surtout ceux qui venaient de pays lointains et qui avaient rarement l'occasion d'aller au Maroc.
A vous messieurs qui nous gouvernez, à vous qui représentez la majorité parlementaire, à vous qui avez la légitimité populaire,
la Tunisie est blessée, la Tunisie est à terre, la Tunisie est moribonde.
Allez vous laisser une bande de traine savate, une bande de «repris de justesse» menés par des prédicateurs débordant de haine, de bave venimeuse, animée par une soif de sang, donner l’estocade à notre pays?
C’est un tunisien ordinaire qui s’adresse à vous aujourd’hui, un tunisien comme 11 millions d’autres, un tunisien qui ne rêve que de paix et de prospérité pour son pays.
Aujourd’hui, au cours d’une démonstration et d’un déballage de haine, un homme s’adressant à une foule de jeunes déguisés selon un thème moyenâgeux, a appelé une fois encore au meurtre des juifs.
Cela n’était pas la première démonstration de ce type dans notre pays depuis le mois de janvier dernier, cela s’est reproduit à plusieurs reprises. Personne n’osait y croire au début, on a souvent pensé qu’il y avait un amalgame maladroit entre juifs et sionistes, il y a eu des condamnations et au bout de la énième fois, on peut légitimement penser qu’il ne s’agit nullement d’un amalgame, mais que cet homme appelait bel et bien au meurtre d’un groupe de personnes, d’un groupe de tunisiens, une communauté attachée à cette terre qui les a vu naitre, qui a vu naitre leurs parents, les parents de leurs parents en remontant à des dizaines voir des centaines de générations. Doit-on une fois de plus attendre un semblant de condamnation du bout des lèvres, une condamnation ferme et définitive ou un arrêté d’expulsion tel qu’Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon en avaient eu le courage? Je crois sincèrement qu’aujourd’hui, l’Etat tunisien, cet Etat qui me représente autant qu’il représente les 1500 juifs de Tunisie et les 11 millions de Tunisiens avec eux, doit vraiment se confronter à ses démons, et affronter ses responsabilités. Cet Etat qui a été mis en place au nom de la démocratie et la dignité permettra-t-il encore que des enfants gâtés, des enfants terribles dictent leur lois et sèment la terreur et la panique dans notre pays?
Au nom de cette dignité, au nom de cette démocratie naissante, au nom de l’amour que nous pouvons tous avoir pour notre pays, réagissez monsieur le Président de la République, réagissez, monsieur le Premier Ministre, réagissez monsieur le Président de l’Assemblée avant qu’il ne soit trop tard et qu’un «fou» décide de prendre au mot les élucubrations de ce prédicateur hystérique! Croyez messieurs en mon dévouement et mon amour pour ma patrie. Gilles Jacob Lellouche Un tunisien ordinaire
Comme d'autres blogueurs et tunisiens, je m'unis à Jacob pour condamner et dire NON.
NON, nous tunisiens n'acceptons pas ces appels à la haine. NON, nous tunisiens n’acceptons pas ces appels au meurtre. NON, nous tunisiens n'acceptons pas d'être divisés. NON, nous tunisiens n'acceptons pas que ces gens viennent semer la discorde entre nous.
Nous, Tunisiens, sommes connus pour notre tolérance, pour notre diversité, pour notre respect les uns des autres, pour avoir su pendant les siècles vivre tous ensemble.
Unissons-nous, Tunisiens, pour dire notre amour à notre PATRIE, unie, multiple, solidaire. Unissons-nous, c'est notre seul moyen de survie.
Je connais le Maroc depuis 1989. Depuis, j’y suis retournée régulièrement, mais aujourd’hui, c’est la première fois que je m’y rends depuis la révolution.
Depuis mon premier voyage, j’ai toujours eu une certaine fierté par rapport aux marocaines (et d'ailleurs toutes les autres femmes arabes) qui étaient loin derrière les femmes tunisiennes au niveau des droits.
Déjà, lors de mon premier séjour, j’avais été étonnée d’apprendre que les marocaines avaient besoin de l’autorisation du père ou du mari pour demander l’octroi d’un passeport et pour voyager. Plus tard, j’avais aussi appris qu’elles avaient besoin de l’autorisation du mari pour travailler. Je trouvais cela inadmissible.
Il y a environ 5 ans, j’avais aussi été étonnée lorsqu’un marocain m’avait apprit qu’il avait acheté son appartement au nom de sa femme et de sa fille pour les protéger. En effet, en cas de décès et sans descendance masculine, les épouses et les filles pouvaient se retrouver dans la rue, l’oncle paternel étant l’héritier légal. Ce marocain m’avait expliqué que s’il décédait, son frère héritait de l’appartement et pouvait mettre sa femme et sa petite fille dehors. Pour moi, cela était inconcevable et totalement injuste.
Et toutes ces années, je répétais fièrement, là où j’allais, que nous tunisiennes pouvions travailler, voyager, étudier, nous marier… sans autorisations. Que nous étions majeures. Nous femmes tunisiennes étions des citoyennes capables pouvant exercer leurs droits.
Sans parler bien-sûr de la polygamie et de la répudiation dont nous nous étions débarrassées depuis 1956. Oui, quelle fierté. Nous étions bien en avance par rapport aux autres pays arabo-musulmans !
En 2004, le Maroc avec la promulgation de la moudawana avait fait une belle avancée en ce qui concerne les droits des femmes, mais il restait quand même à des années lumières de notre CSP.
Les années ont passées, et une révolution plus tard, voilà qu’aujourd’hui, les choses ont changé. Aujourd’hui la marocaine a l’espoir d’avancer vers l’égalité des sexes, alors que la Tunisienne non seulement risque de perdre tous les acquis des 50 dernières années, mais risque même de faire un bond dans le passé de 14 siècles.
Nous avons eu notre révolution en Janvier 2011. Le Maroc a aussi connu un mouvement populaire en Février 2011. Sauf que la Tunisie et le Maroc ont fait des choix diamétralement opposés pour l’avenir de leurs pays.
La Tunisie, sous la pression d’une minorité agissante a choisi la voie de la constituante. La Tunisie a choisi de faire table rase et de construire à nouveau. Mais sans n’avoir pris aucune précaution pour préserver les acquis. La nouvelle constitution sera donc écrite par une «majorité», qui n’est pas vraiment représentative de tout le peuple tunisien. Pire encore, cette constitution va être écrite par des gens qui ont passé des années et des années loin de la réalité tunisienne.
Le Maroc a choisi une voie contraire. Une commission d’experts, complètement indépendante, avait été chargée d’écrire cette nouvelle constitution. Les élections pour un parlement n’ont eu lieu que par la suite. Et de toute façon, un parlement et un gouvernement ne peuvent que se plier aux règles constitutionnelles.
Cette nouvelle constitution marocaine consacre l’égalité des droits entre hommes et femmes et la non-discrimination sur la base du sexe. C’est extraordinaire. Il est vrai qu’il n’y a pas eu un grand miracle et le quotidien des femmes n’a pas changé du jour au lendemain. La constitution a changé, mais pas la société. Les discriminations existent encore, mais les marocains sont sur la voie de l’égalité des sexes.
J’ai eu cette impression déjà dans l’avion après avoir lu dans un quotidien marocain, plusieurs articles consacrés à la femme et à ses droits à l’occasion de la Journée Internationale de la femme.
Mais en plus, en arrivant, j’ai posé plein de questions à des marocains qui m’ont en effet confirmé que le Maroc s’est engagé depuis quelques temps sur cette voie de l’égalité, et que cela est aujourd’hui bien renforcé par cette nouvelle constitution. En plus toujours d'après ces marocains, les islamistes qui sont actuellement au pouvoir n’ont pas l’intention de prendre une autre voie ni de remettre en cause ces droits, du moins pas à court et moyen terme.
En fin de compte, il ressort aujourd’hui que les marocaines sont pleines d’espoir et voient l’avenir d’une œil optimiste, contrairement à nous, femmes tunisiennes, qui craignons aujourd’hui pour nos acquis.
@mabmbarek Now debating whether we entering into a 1st or 2nd republic. It's not a philosophic debate but a political one. #preamble
A l'assemblée, les connards sont entrain de débattre pour savoir si c'est une première ou 2ème république. Ils veulent occulter Bourguiba et une partie de l'Histoire de notre pays. Leur haine est monstre.
Quoiqu'ils décident, Bourguiba est entrée dans l'Histoire par la grande porte. Il y est et y restera même s'ils veulent l'effacer. Mais eux, seront à jamais dans la poubelle de l'histoire, comme les traitres qui ont vendu leur pays.
L'Histoire ne pardonne pas.
Sales cons!!!
Vous êtes vils et méprisables. Et si petits, petits, petits, que même un mort vous fait peur.
Paix à son âme. Il restera dans nos coeurs et notre mémoire, même si vous l'effacez des manuels d'histoire.
Et demain, je suis sure que c'est vous qui disparaitrez de nos manuels, de nos vies, de notre mémoire, de notre pays!!!
Provisoire vous êtes, provisoires vous resterez. Même si cela devait durer des dizaines d'années, vous ne serez que provisoires, une simple parenthèses que nous fermerons avec bonheur!!!
Comme la plupart d'entre vous le savent, ce jeudi 08 Mars 2012, à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme, nous tunisiens (pas tous, mais ceux qui le désirent!!!!) allons nous rassembler dans divers endroits de la Tunisie pour demander que les droits des femmes tunisiennes soient préservés.
Pour Tunis, le rassemblement aura lieu de 12h à 15h devant l'assemblée constituante au Bardo.
Je pense qu'il faut mobiliser un maximum de personnes, l'enjeu est important.
Je vous expose ce que j'ai personnellement fait pour essayer de mobiliser, rien que pour vous donner des idées. Si vous avez d'autres idées je vous propose de les partager avec nous.
J'ai commencé par envoyer un SMS à tous mes contacts pour les informer du rassemblement et les encourager à y participer.
Par ailleurs, j'ai imprimé des affiches que j'ai collé dans divers endroits de mon lieu de travail, bien-sûr particulièrement dans les endroits très visibles.
Je me suis aussi mise d'accord avec le chef du personnel. Il va accorder aux employés qui désirent se rendre au rassemblement, 2 heures de permission (en plus de leur heure de repas) pour s'y rendre. Le transport sera aussi fourni à ces employés pour aller au Bardo et en revenir.
D'autres idées?
Soyons nombreux ce jeudi 8 mars, aussi bien au Bardo que dans toutes les autres dans les autres villes.
J'avais écrit cette note en Aout dernier, et j'avais oublié de la publier. Je le fais aujourd'hui. D'autant plus que c'est quand même d'actualité chez nous, en Tunisie, surtout lorsque l'on voit ce qu'il se passe sur facebook où l'éthique est complètement absente.
J'avais finalement opté pour "L'éducation, vecteur d'une culture politique plus éthique".
Je vous livre ci-dessus les notes que j'avais prises.
Il y avait 3 intervenants.
Christian Saves, politologue et haut fonctionnaire français:
L'éducation doit être au service de l'éthique, d'une culture politique rénovée plus en phase avec l'éthique.
Le système éducatif doit façonner des personnes soucieuses d'éthique, des personnes bien.
1/ L’éducation au service de l'éthique:
Depuis 1945, l'UNESCO est au service de l'éducation. Éduquer quelqu'un, c'est assurer sa formation intellectuelle et morale par la connaissance, c'est lui donner sur le long terme les outils qui lui permettent d'acquérir un esprit critique, une autonomie...
L'éducation doit assurer aux individus la liberté de l'esprit:
* liberté de penser
* liberté de parole
* liberté d'écriture
Ces 3 libertés sont de plus en plus menacées dans les vieilles démocraties par le politiquement correct et les ravages de la pensée unique. Dans les médias, certains tentent de réduire cette liberté de l'esprit en essayant de traquer la pensée "déviante". Le système éducatif doit nous donner les armes pour nous protéger contre ces ravages. Un citoyen responsable doit dénoncer cela et lutter contre ce genre de dérives.
Le système éducatif a un rôle essentiel.
Le système éducatif est un acquis qui doit permettre de former des personnes ayant le souci de l'éthique et seraient à même de concevoir une politique éthique.
La philosophie des lumières s'est également interessée au moyen de rendre l'individu meilleur.
Au coeur de cette éthique, l'individu n'est plus seulement sujet, mais c'est un citoyen ayant des droits. L'Etat doit respecter les droits de l'individu. C'est ce qui a été à l'origine de la modernité et de l'Etat de droit.
Platon défini la cité idéale, pour lui le gouvernement de cette cité doit revenir aux philosophes car ils sont les meilleurs. Aujourd'hui, dans nos sociétés, nous avons perdu les enseignements de Platon et des Lumières.
La pensée unique est un fanatisme. Alain défini le fanatisme comme une compensation du doute.
Il faut refonder notre culture politique pour être en mesure de créer un nouveau rapport avec l'éthique. C'est un chantier ardu mais nécessaire.
Il faut former des individus meilleurs qui ne soient pas seulement meilleurs intellectuellement parlant, mais meilleurs aussi sur le plan de l'éthique. Avant, on enseignait les "humanités" aujourd'hui, il nous faut inculquer des principes qui permettraient de partager un certain humanisme et leur manière d'être.
L'homme a intéret à reconsiderer son rapport à l'éthique.
En démocratie, devenir meilleur est l'affaire de chacun.
Ethique et politique doivent développer une relation dans laquelle elles se respecteront mutuellement.
Les vérités les plus importantes sont celles qui permettent de concilier éthique et politique d'une façon non conflictuelle.
Questions posées par un étudiant: Ne faudrait-il pas dans certains pays émergeant écrire dans la constitution certaines valeurs et textes? Comment des individus non éduqués pourraient-ils être des citoyens conscients?
Oui, bien-sûr. En France, dès 1946, dans le préambule de la constitution certains textes comme la Déclaration des Droit de l'Homme ont été inscrits.
Si par exemple, la Tunisie devait adopter une nouvelle constitution, en plus de la laïcité, qui est fondamentale, le droit à l'éducation doit etre formalisé dans la constitution. De même que l'on devrait envisager dans le préambule certains textes comme la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme pour éviter qu'on puisse y déroger. Inscrire des valeurs dans une constitution est important et nécessaire.
Par ailleurs, il existe une approche comportementale: en démocratie nous sommes tous des citoyens, il nous faut adopter un comportement digne.
Montesquieu disait : "la démocratie suppose la vertu". (La conclusion qu’en tire Montesquieu est en fait une double conséquence : la vertu politique est nécessaire à la conservation de la démocratie, l’éducation est le moyen par lequel se transmet la vertu politique.) Le comportement en politique est un ensemble de manières de penser, d'être et d'agir.
La société civile a un rôle à jouer, elle doit accompagner la transition. Mais elle ne doit pas avoir la prétention de lui prendre sa place. Il ne faut pas sortir d'une servitude pour entrer dans une nouvelle servitude.
"L'homme est né libre et partout il est dans les fers" Rousseau.
Remarque d'un étudiant de Biélorussie: L'éducation doit aboutir à la création d'individus libres. Mais en Bielorussie c'est l'inverse. Il faut être conforme, personne n'est libre, et il y a des risques graves... L'éducation est encore controlée.
La preuve à contrario: l'éducation est un enjeu fondamental et toute dictature essaye de se l'accaparer pour éviter toute contestation possible.
Il faut traquer et trouver les failles. Dans ces constitutions de l'Europe tous les pays ont droit à l'éducation, aux libertés...
L'Etat doit fournir cette éducation et dans certains pays comme la Biélorussie se servent pour la détourner et en tirer profit.
L'Etat ne peut pas fournir l'éducation pour qu'à la fin, l'individu soit un servant et non un citoyen.
Il y a deux types d'éducation:
* version qui dit à l'étudiant ce qu'il doit penser
* version qui apprend à l'étudiant à penser et les bonnes valeurs.
Culture de la pensée unique dans certains pays. En Macédoine, l'éducation est un outil pour inculquer des valeurs, comme le vivre ensemble.
Dans une dictature, la pensée unique est imposée par le haut. Dans une démocratie, la pensée unique est souvent imposée par le bas qui essaye de créer un mouvement pour la faire monter. La pensée unique est dangereuse dans les deux cas. La vigilance s'impose dans les deux cas. Il faut donc toujours lutter. La démocratie n'est pas un acquis définitif. Il faut toujours se battre pour préserver et améliorer ses droits.
Jeudi 1 décembre, j'ai passé une très grande partie de ma journée au Bardo en solidarité avec le rassemblement des universitaires.
Lorsque je suis arrivée, il y avait énormément de monde. A mon habitude, je m'étais promenée parmi les manifestants. J'avais ainsi pu remarquer quelques visages connus, dont ceux de certains élus. La grosse majorité des revendications de ces gens concernaient la fac.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
J'avais aussi vu les tentes dressées par les sit-inners: des membres de Doustourouna, des citoyens venus du bassin minier, des membres du Mouvements du 24 Octobre, et d'autres.
Ces associations/mouvements réclament en fait ce pour quoi la révolution a été faite: liberté, dignité, démocratie, travail...
La crainte est de voir la dictature revenir à petits pas. Et les évènements de ces derniers jours ne sont pas vraiment de bonne augure. Il faut vraiment veiller à la nécessité de la séparation des pouvoirs, au refus du cumul des pouvoirs entre les mains du chef de Gouvernement ou celles d’un parti et la retransmission des délibérations de l'assemblée en direct sur une chaine de TV, et toujours insister pour inscrire le code du statut personnel dans la constitution.
Par la suite, toujours à mon habitude, j'étais allée me mêler à la foule, parler avec les uns et les autres, écouter les débats...
Des gens à tendance islamique étaient présents. Ils étaient eux aussi mêlés à la foule.
Le sujet principal de discussions était bien-sûr le niquab. Comme quoi Samir Dilou qui avait dit qu'il fallait ouvrir un débat national à ce sujet avait été écouté! Certains sont pour, d'autres contre.... Liberté individuelle. Liberté académique. Obligation religieuse. Mode wahhabite. Mais la plupart des discussions étaient pacifiques (à ce que j'ai vu).
Ce qui m'avait frappée, c'est le récit de certains médecins. Ils ont raconté les problèmes rencontrés dans les hôpitaux à cause de cette histoire de mixité et de niquab... Certains malades refusent d'être soignés par des gens du sexe opposé, ce qui donne lieux à des situations inextricables. Et le pire est que parfois cela dégénère, certains patients ne comprenant pas que parfois il est impossible de trouver une femme pour soigner leur femme ou un homme pour s'occuper d'eux. Il parait que parfois le ton monte et des esclandres sont de plus en plus fréquents. Comment résoudre ces problèmes? Va-t-il falloir, pour en satisfaire quelques uns, créer des hôpitaux pour femmes et des hôpitaux pour hommes? En avons-nous les moyens? Idem pour les écoles, les lycées, les transports publics....
Alors que je partais, je m'étais retrouvée dans un groupe de discussion, je ne me rappelle même plus comment. J'étais seule face à des nahdhaouis (ce sont eux qui me l'ont dit, ce n'est pas écrit sur leur visage). Et puis d'autres personnes "modernistes" étaient arrivées. Cela se passait très bien. Je pense que nous avons du passer au moins une heure à parler.
C'était très bien. Bien que chacun défendait bec et ongles ses idées, cela se passait dans le respect. Pas de violence, pas de grossièretés, pas d'injures... Nous étions des gens bien élevés qui discutaient ensemble.
Mais. Mais il y a toujours un mais. A leurs théories théoriques, nous opposions des arguments pratiques, et surtout logiques. Nous ne discutions pas religion, mais comment vivre ensemble en société. Et certaines de leurs demandes sont plutôt très très difficiles à mettre en œuvre en Tunisie, surtout par manque de moyens financiers, comme justement cette demande d’hôpitaux réservés aux hommes et hôpitaux réservés aux femmes (vous imaginez les frais s'il fallait tout faire en double!!!). Nous avions discuté de libertés, de liberté d'expression, de refus de la violence... Et ils étaient d'accord, bien que parfois en leur donnant des exemples concrets, ils "coinçaient" un peu... Mais bon, cela se passait relativement bien.
Et tout d'un coup, l'un d'entre eux nous regarde et affirme que de toute façon, ce sont eux, les vrais musulmans, qui commanderont et que nous, musulmans de seconde catégorie, n'aurons qu'à obéir aux ordres. Je lui avais fait répéter et il avait affirmé que oui, nous n'aurons qu'à exécuter les ordres et que toutes ces discussions étaient inutiles. Avec les mains, il a mimé un avion et nous a dit en nous narguant: "Vrommmm, l'avion et allez-vous en. La Tunisie est à nous!" Et il a continué à faire ses gestes.
Je l'avoue, et méa culpa, j'avais perdu le contrôle. J'avais hurlé. Je me demande s'il y avait une personne au Bardo qui ne m’avait pas entendue hurler de toutes mes forces. J'avais hurlé que nous étions 12 millions de Tunisiens, et qu'il n'est pas question qu'un citoyen quelconque ait le moindre milligramme de droits de plus qu'un autre citoyen. Je l'avais hurlé et re-hurlé. Et tous doivent comprendre: plus aucun citoyen tunisien ne doit avoir un droit de plus qu'un autre citoyen tunisien.
Et je suis partie. J'avais quitté. Et le plus drôle est que je ne m'en étais même pas aperçue. Cela n'avait pas été une décision. Je m'étais juste retrouvée entrain de hurler et de quitter ce groupe.
Je me suis moi-même posée des questions. Pourquoi ai-je réagis de cette manière?
J'avais perdu patience.
Mais je pense aussi que c'est parce que cela m'avait rappelé une discussion qui avait eu lieu il y a quelques mois, plus précisément en mai 2011. Je participais à une table ronde dont l'invité d'honneur était Lotfi Zitoun de la nahdha. Cette rencontre m'était restée en mémoire.
M.Lotfi Zitoun nous avait parlé pendant environ 3 heures. Il avait été génial. Très poli, très posé. Très sincère aussi je pense sur certains sujets. Et même de bon conseil parfois.
J'avais beaucoup apprécié cette discussion avec cet homme. Et contrairement à deux ou trois autres personnes de la nahdha que j'avais rencontré ça et là, celui-là m'avait presque convaincue. Il était très logique, très perspicace. Et franchement, il m'avait fait entrevoir des aspects de la nahdha et des ses sympathisants que je ne connaissais pas.
Mais (encore un mais) il y avait quand même eu un "clash" lors de cette discussion. M.Zitoun après nous avoir expliqué en long et en large que la Tunisie restera "civile" et que tous les acquis, et en particulier ceux de la femme seront préservés... (je sais, ils disent tous cela, mais lui l'avait dit d'une façon bien plus convaincante) nous avait sorti une "énormité". Il nous avait dit qu'il fallait savoir qui étaient les vrais musulmans, sachant que toute personne qui se disait musulmane ne l'était pas nécessairement et que pour être un vrai musulman, il fallait le vouloir très profondément et dire la chahada du plus profond de son être.
Ah oui? Qui peut donc juger du degré "d'islamité" d'une personne? Et pourquoi? Dans quel but?
Et là... je ne vous raconte pas. Clash de chez clash. J'avais attendu la fin de la réunion pour lui répondre que dans un "État civil", tous les citoyens étaient égaux et que la foi et les croyances étaient strictement personnelles. Et que justement ce qu'il venait de dire là faisait tomber tout ce qui avait précédé dans l'eau. Personne n'avait le droit de juger les croyances des autres, ou les remettre en cause, ou les quantifier... La religion reste du domaine strictement privé et personnel.
Voila. je n'avais jamais oublié cet incident. Il était resté dans un petit coin de ma tête. Il résonnait de temps en temps. Comme un signal d'alarme. Attention. Attention. Attention. Les discours même les plus beaux et les plus convaincants peuvent cacher des "catastrophes".
Nous sommes tous citoyens tunisiens ÉGAUX. Il n'est pas question d'accepter une hiérarchie quelconque entre les citoyens tunisiens.
Ce que TOUS devraient comprendre, est que nous sommes tous tunisiens égaux et que nous sommes "CONDAMNES" à vivre ensemble, bon gré mal gré, et qu'il faut donc impérativement trouver le moyen de le faire pacifiquement.
Pour voir toutes les photos, il faut aller sur ma page facebook, ici.
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