Le week end dernier, j'étais à Sfax. Certains le savent déjà puisque je vous avais raconté que j'avais assisté à un déjeuner Patrimoine culinaire sfaxien.
A Sfax, j'ai aussi assisté à une conférence: un hommage à M.Mohamed Elleuch, un homme qui avait consacré beaucoup de son temps et de sa fortune à aider les gens nécessiteux et à promouvoir l'instruction, la culture et les arts. Je vous en parlerais un autre jour.
Aujourd'hui, je vais vous parler de Borj Kallel, l'espace culturel où s'étaient déroulées les deux manifestations
Q'est-ce qu'un borj Sfaxien?
Autrefois, les sfaxiens aisés avaient deux habitations, l'une pour l'hiver (souvent en ville) et l'autre pour l'été (en dehors de la ville). La maison d'été se trouve généralement dans un jnène (un peu l'équivalent de la sènya pour les tuniois). Cette maison est le borj.
Avant le début de la conférence, M.Abdessalem Kallel, propriétaire du Borj a fait un petit speech pour nous expliquer pourquoi il a voulu dédier son Borj à la culture. Il a dit que justement, cela avait un lien avec le sujet du jour: Mohamed Elleuch dont il allait être question était un grand ami à son propre père, ils avaient en commun l'amour de l'Art et de la culture. Le portrait de feu Mohamed Elleuch est d'ailleurs accroché dans la chambre à coucher de feu M.Sadok Kallel.
Pour en savoir un peu plus sur les motivations de M.Kallel et des activités de l'espace culturel, je vous invite à lire cet article paru lors de l'inauguration du Borj Kallel.
Pour ma part, je vous parlerais aujourd'hui du bâtiment en tant que tel, et de sa nouvelle vocation en tant qu'espace culturel. Lorsque je dis "nouvelle", je ne dis pas vraiment la vérité parce que du temps de l'enfance de M.Kallel, ce Borj a servi à des réunions d'artistes et à des manifestations culturelles.
Borj Kallel date du début du 19ème siècle. La famille Louiza en a été la première propriétaire. Ensuite, le Borj est passé entre les mains de divers autres propriétaires.
En 1915, il a été racheté par M.Sadok Kallel, qui a gardé l'ancien bâtiment tel quel et y a rajouté une nouvelle aile, dont la construction a été achevée en 1916.
Depuis, le bâtiment n'a subit aucune modification. La faïence sur les murs est d'origine. De même que la fresque du patio.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Les diverses pièces du borj sont toutes consacrées à la culture, à l'exception d'une seule qui est consacrée à la mémoire: la chambre à coucher des parents.
Les meubles et les rideaux sont d'origine.
Il y avait aussi quelques documents encadrés.
Le permis de conduire, qui date de 1929, de M.Sadok Kallel:
A priori, dès qu'il a obtenu son permis de conduire, M.Sadok Kallel s'est acheté une automobile, une Citroen. J'aurais aimé la voir, mais je me contenterais du reçu du vendeur:
Vous remarquerez que cette voiture a couté 15.000 francs anciens, c'est-à-dire 15 dinars. Dommage que les prix des voitures aient un peu augmenté de nos jours!
M.Kallel avait apparemment installé le téléphone (fixe seulement à l'époque!) en 1928. Il avait le numéro 480. Seulement 3 chiffres. Mais ce qui est sympa, c'est que la facture du téléphone se payait à domicile. Sahha lihom!
Une des pièces du Borj a aujourd'hui vocation de bibliothèque et de mini mini musée où sont exposés divers objets anciens.
Un moulin à grains en pierre (ma grand-mère en possédait un, et je me rappelle que lorsque j'étais gosse, j'adorais aider la femme de ménage à moudre les grains):
Une aiguière et une cuvette:
Une machine à coudre et divers fers à repasser:
Une roue à filer:
Un coffre en bois peint et divers articles servant à travailler la laine:
Une horloge murale:
Une valise en carton (pour aller au hammam?) et un tmè9:
Un ancien poste radio TSF:
Divers ustensiles de cuisine:
Une lampe à huile:
Et ceci. Je ne sais pas ce que c'est. L'un d'entre vous pourra-t-il nous renseigner?
Cet espace culturel comprend, entre autres, un atelier de peinture et une petite galerie d'exposition. Ce jour-là étaient exposés ces tableaux:
Pour conclure ma note, je voudrais juste préciser que l'amplificateur audio utilisé ce jour-là est celui-ci. Il ne date peut-être pas de 1915, mais... il n'est pas très "jeune" non plus!
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