Telle est la question.
Depuis que j’ai fini mes études, j’ai commencé à travailler. Cela fait exactement 17 ans et 4 mois.
Lorsque j’ai commencé à travailler, j’étais très enthousiaste. J’aimais mon travail. Je faisais plein de choses. J’apprenais beaucoup. Je voulais toujours avancer et m’améliorer.
Au fil des années, l’enthousiasme s’est un peu émoussé. Pour plusieurs raisons. D’abord, pace que la réalité du monde du travail et des relations entre collègues ne sont pas telles qu’on les imagine, et ensuite, parce que l’on a aussi d’autres centres d’intérêt, comme par exemple, les enfants qui arrivent.
Mais la raison principale je crois, c’est le patron qui non seulement ne motive pas, mais en plus, trouve toujours à critiquer. Quelques soient les efforts fournis.
Mais j’ai tenu bon pendant plusieurs années. Je m’impliquais tellement que parfois, cela me créait des problèmes avec mon mari. - Soit parce que je rentrais très tard, par exemple le mois de Mai, lorsqu’il fallait préparer toutes les déclarations fiscales à déposer avant le 25, il m’est arrivé de rester au bureau jusqu’à tard dans la nuit pour finir.
- Soit parce que je rentrais avec mes dossiers en tête. Et les problèmes et les tracas. Il m’arrivait même parfois d’avoir des insomnies à cause d’un dossier, ou des cauchemars. Je m’impliquais vraiment. A fond.
Mais…
Comme je l’ai dis, cet enthousiasme s’est émoussé.
Un grande partie de mon travail concerne le contentieux. Or le contentieux en Tunisie, c’est un énorme mensonge. Du temps perdu. Beaucoup de temps perdu, énormément de frais… pour un résultat plus proche du néant que d’autre chose. Finalement, presque pas de satisfactions de ce coté. Pourquoi se casser la tête? Pourquoi réfléchir? Pour quel résultat? Parce que souvent, un procès gagné se limite à un beau papier qui ne sert pas à grand chose.
Et même le «sport juridique», comme disent certains, n’existe pas. Parfois, je lis et relis une décision de justice, et je reste interdite par la bêtise qui s’en dégage.
Et puis, que se soit dans le monde du travail ou ailleurs, je n’ai jamais pu supporter les coup bas, les clans, les rapporteurs, les hypocrites, les lèches culs, les faux jetons… Or beaucoup d’efforts sont déployés au bureau pour éviter ces «mines», pour se protéger des coups bas, des mensonges… Franchement, cela m’a lassée. Je ne pensais pas que pour certains, travailler, c’est écraser les autres pour se hisser sur leurs cadavres… Depuis environ deux ans, j’ai laissé tomber cette lutte idiote, cela ne vaut vraiment pas la peine. Je me suis enfermée dans ma tour ou mon bureau. J’arrive sur mon lieu de travail sourde, muette et aveugle. Chacun fait ce qu’il lui plait. Je n’entends rien, je ne voie rien, je ne dis rien. J’arrive, je vais dans mon bureau, je fais mon travail, et j’ignore totalement les autres, ce qu’ils font, ce qu’ils ne font pas, ce qu’ils disent ou ne disent pas. Je m’en fous, cela ne me concerne pas. Je me limite à mon travail, un point c’est tout.
Mais ce n’est pas la bonne solution. Le travail devient morne et inintéressant. Le bureau lui-même n’est plus agréable. C’est vrai qu’au moins on a la paix. Mais c’est triste.
Il y a 3 ans, je n’aurais même pas pu lire une note sur un blog. Aujourd’hui, j’en ai un. Et du travail en retard. Et du travail qui ne m’intéresse pas.
En fait, tout s’est précipité lorsqu’un petit con a été recruté. C’est un homme tout petit par la taille, mais très grand par la méchanceté. Il a commencé à s’incruster et à s’imposer, non pas par son travail, mais par ses magouilles. Il est très fort sur ce plan. Beaucoup ont été ses victimes. Le cas le plus dégueulasse a été celui d’une jeune femme qui avait refusé de coucher avec lui. Elle était cadre, mais il a pu la faire renvoyer. C’était une femme divorcée et soutient de famille. Elle avait besoin de son salaire, mais il l’a faite renvoyer. A l’époque, notre bureau s’est divisé en 3 clans: le sien, celui de la jeune femme, et les «spectateurs».
Lorsqu’elle a été renvoyée, je crois avoir perdu toutes mes illusions. J’avais déployé des efforts monstres pour la sauver. J’avais insisté sur le coté humain. J’avais voulu la prendre dans ma direction pour la faire échapper aux griffes de ce monstre. J’avais bataillé pour elle. Principalement pour deux raisons, parce que je suis contre le harcèlement sexuel, et aussi parce que je trouve pas normal de jeter une personne à la rue, presque sans préavis, alors qu’elle a une famille à nourrir. Mais la bataille avait été inégale, j’attaque de front, il creuse sous les pieds. Il a gagné. Il ne l’emportera pas au paradis, c’est certain. Tout le monde le déteste, c’est aussi certain. Mais, tout le monde le craint, et il a pu gravir les échelons et avoir beaucoup d’avantages.
Il y a 18 mois environ, nous avons emménagés dans de nouveaux locaux. Cela m’avait un peu enthousiasmée, mais cela n’a pas duré.
Et puis les problèmes avec le boss se sont accumulés. Il ne laisse personne travailler à son aise. Il met trop de pression… Bref, j’en ai marre.
Je pense arrêter. Autant, il m’arrivait d’aller au bureau les samedi et dimanche pour travailler, autant ces derniers mois, j’y vais en traînant les pieds.
Or, il se trouve que j’ai toujours pensé et dit qu’une femme devait travailler. Et j’ai toujours travaillé.
Pourrais-je ne plus travailler?
Je me dis que de cette façon, je pourrais faire plein d’autres choses. Comme par exemple, reprendre sérieusement des cours d’anglais.
J’ai aussi vu une annonce pour des cours de théâtre, et cela m’a vraiment intéressée. D’autant plus que c’est Hichem Rostom qui donne ces cours.
Je suis aussi intéressée par des cours de peinture…
Mais…
Mais je me connais trop bien. Je suis trop casanière. Si je ne travaille pas, je risque de rester à la maison, sans sortir.
Le soir, je suis entraînée par mon mari. Mais pendant la journée????
Ma mère a toujours dit que je suis sauvage, et c’est vrai. Je ne suis pas très sociable. Un livre, un bon film, mon PC, suffisent à combler mon temps. Mais est-ce suffisant pour remplir des journées?
Cela risque de me couper de la «vie réelle».
Et puis, comment me regarderais-je en femme oisive, en chômeuse?
Parfois, je me dis que cela serait une chance, que je pourrais faire comme beaucoup de femmes, 3chwiettes, réceptions, fêtes, des heures chez les esthéticiennes, des heures à faire du shopping… Mais j’ai toujours détesté cela. Je sais que je ne changerais pas du jour au lendemain. Pour moi, toutes ces «activités» ont toujours été des corvées.
Alors que faire?
Travailler ou ne pas travailler?
@ Massir
On peut se donner rendez-vous le 10 mars pour un petit séjour jusqu'au 20 et on méditera sérieusement...en sirotant quelques coktails bleus! De jus de fruits bien sûr...
Rédigé par : Michelle | 14/01/2008 à 18:25
@ Michelle:
Vive les vacances!!!!
Rédigé par : Massir | 21/01/2008 à 23:41