قائمة القطب الديمقراطي الحداثي بتونس 2 1) أحمد إبراهيم 2) امال بلخيرية 3) رؤوف الدخلاوي 4) فضيلة سعادة 5) عبد الستار فرقاني 6) رفيقة بريكي 7) محمد علي غريب 8) أمينة سكيك
قائمة القطب الديمقراطي الحداثي بأريانة 1) فاضل موسى 2) ليلى شعبوني حلواني 3) أمين سامي بن ساسي 4) بسمة بن عزيزة 5) عمر مباركي 6) ذكية حمدة 7) مهدي بن سعيد
Lors de cette soirée à Beit el Bennani, M.Mustapha Filali, sorbonnard, ancien militant, membre de la Constituante de 1959 et ancien ministre de Bourguiba, était invité pour commenter les photos de l'Assemblée Constituante de 1956/1959.
Malgré son âge (90 ans), M.Filali paraissait bien dynamique et était surtout très intéressant. Grace à toutes les anecdotes qu'il nous a racontées, il nous a fait partager des moments bien sympathiques et inconnus pour la plupart d'entre nous.
Ce soir-là, j'avais pris quelques notes, je vais donc essayer de partager avec vous ce qui avait été dit. Malheureusement, vous ne pourrez pas voir les photos. Je ne connaissais d'ailleurs pas ces photos, elles ne sont pas "célèbres", et c'est là que nous nous apercevons que nous avons de terribles lacunes quant à notre propre histoire.
Je pensais que nous ne verrions que des photos de l'assemblée, mais nous avons aussi vu des photos de la campagne électorale, de meetings politiques, du jour des élections et des gens faisant la queue pour voter.
M.Filali nous a appris que la campagne électorale s'est déroulée dans toute la république, y avaient participé les représentants de l'U.G.T.T., de l'U.T.I.C.A., de l'Union des agriculteurs et du destour. Dans chaque circonsription, les élections étaient libtres et transparentes.
Un journaliste du New York Times était présent et en avait parlé.
Bien que n'ayant pas encore le droit de voter, les femmes étaient présentes en grand nombre dans les meetings. Peut-être pas dans tous les meetings. Peut-être que dans les petites villes, elles ne sortaient pas encore...
Ce qui était étonnant, c'est que la majorité des femmes sur les photos n'étaient pas voilées. Il n'y avait qu'une minorité de femmes portant un sefsari, dont quelques unes avec le visage couvert.
M.Filali nous a appris qu'en 1956/1959, les membres de l'assemblée constituante avaient travaillé sur un texte qui leur avait été présenté. Ce texte initial comprenait 117 (ou 177, je ne me rappelle plus exactement) articles, qui avaient été réduits à 77 articles. Le rapporteur, M.Ali Belhouane avait une connaissance encyclopédique. Il leur avait présenté un texte inspiré de plusieurs constitutions étrangères. Mais malheureusement, cette constitution a été modifiée 16 fois entre 1959 et 1987. Par ailleurs, M.Filali affirme qu'en 1959, cette assemblée avait fait une république "sur les mesures de Bourguiba", aujourd'hui, il faudrait faire une constitution sur les mesures de chaque tunisien. Vraiment chaque tunisien, pas seulement Mohamed Bouziri, mais tous les tunisiens.
Nous avons vu une photo de l'assemblée inaugurale du 08/04/1956 qui a eu lieu dans la grande salle du Bardo. On y remarque la présence du Bey, de plusieurs forces politiques du pays et des représentants de diverses religions.
Habib Bourguiba présidait l'assemblée. Il avait la légitimité de militant en plus de celle d'élu.
Habib Bourguiba était d’ailleurs aussi président du gouvernement. Il avait démissionné de la présidence de l'assemblée pendant un an pour ne pas cumuler les fonctions. M.Jellouli avait été alors désigné comme président de l'assemblée.
En arrière plan de cette photo, on voit, accrochés aux murs, des portraits grandeur nature de 17 beys. Ces portraits avaient disparus à l'époque de la constituante. Par la suite, on s'est aperçu que M.Jellouli les avait fait décrocher et les avait mis dans la cave. Il avait refusé par la suite de les remettre dans la grande salle du Bardo. Ayant appris cela Bourguiba avait répliqué que ces portraits représentaient l'histoire de la Tunisie et les avait mis dans une galerie au palais de Carthage, où ils se trouvent encore. 2 grands beys faisaient partie de cette galerie:
- Ahmed Ier Bey (1806-1855) qui a abolit l'esclavage;
- Moncef Bey (1881-1948), très progressiste, très populaire, très proche du peuple. Il voulait établir une république et abolir le système beylical.
Ils étaient les 2 beys qui étaient patriotes et pensaient au peuple.
Il faut croire que même après plus d'une cinquante d'années, les préoccupations des tunisiens sont les mêmes. C'est dommage, j'aurais cru que certains sujets seraient dépassés, mais... Comme aujourd'hui, d'après M.Filali il y a eu énormément de discussions et débats concernant l'article 1 de notre constitution dont la rédaction définitive a été proposée par Bourguiba.
De même, il y a eu des débats houleux concernant la notion de citoyen. Cette notion concerne-t-elle seulement les hommes ou bien concerne-t-elle aussi les femmes?
Encore une fois, la question a été tranchée par Bourguiba, bien que de façon indirecte. Bourguiba avait accordé aux femmes le droit de vote et avait ainsi mis l'assemblée constituante devant le fait accompli. (Allah yarhmik ya Bourguiba pour ce que tu as fait pour la femme tunisienne).
Le 25/07/1957, proclamation de la république. Chacun des 97 membres de l'assemblée devait répondre par oui ou non à ces deux questions:
- es-tu d'accord pour abolir la monarchie?
- es-tu d'accord pour instaurer une république?
Il fallait que chaque membre réponde individuellement.
Est-ce que tous ont été unanimes pour répondre par l'affirmative?
OUI.
N'y a-t-il eu aucune pression?
NON
C'était il y a un peu plus de 50 ans. Et aujourd'hui...
Le 20 Aout dernier, je suis allée à Beit el Bennani pour assister à la projection de photos de la première Assemblée Constituante Tunisienne, commentées par M.Mustapha Filali, militant et membre de cette assemblée.
Je ne connaissais pas du tout Beit el Bennani, ni n'en avais jamais entendu parler. Quelle ne fut ma surprise de la découvrir. Il s'agit d'une ancienne demeure, transformée par son propriétaire en espace culturel et bibliothèque privée.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Cela fait plaisir de voir un espace pareil revivre et servir à la culture.
Cela a aussi été pour moi l'occasion de feuilleter certains livres, et d'en trouver un sur l'histoire de l'Avenue Habib Bourguiba (photos d'anciens immeubles de cette avenue ici). Je vous en parlerais un autre jour.
Merci à mes deux amis qui m'ont fait découvrir cet espace.
Hier, je suis allée au meeting du Pôle Démocratique Moderniste à Paris. Je suis malheureusement arrivée une heure en retard, je n'ai donc pas pu assister au début du meeting ni à la présentation du Pôle. Ce n'est pas bien grave, je connais déjà le Pôle et ses idées.
Lorsque je suis arrivée, les gens posaient des questions auxquelles les membres du Pôle essayaient de répondre.
Ce que j'ai personnellement constaté, est que les préoccupations des Tunisiens en France et celles des Tunisiens en Tunisie, ou du moins à Tunis, ne sont pas vraiment les mêmes.
En France, il me semble que les préoccupations sont plutôt d'ordre économiques. Ce qui est d'ailleurs logique puisqu'à l'origine, la révolution a été faite essentiellement pour des raisons économiques. Mais ce qui est malheureux, est qu'en Tunisie, nombreux sont ceux qui semblent l'avoir oublié.
Certains intervenants ne comprenaient d'ailleurs pas pourquoi en Tunisie, il y ait des débats sur l'identité et la religion. Ils pensent que ces débats n'ont pas lieu d'être et qu'il ne faut se focaliser que sur l'économique. Il faut dire qu'ils vivent loin de notre réalité, ils ne peuvent pas vraiment se rendre compte de ce que nous vivons actuellement en Tunisie.
Seulement 2 ou 3 intervenants ont abordé les problèmes religieux et identitaires. Ils ont évoqué les "forces ténébreuses" et l'un d'entre eux a même crié sa crainte d'un futur régime théocratique (rabbi yoster!).
Un intervenant a abordé le problème de la police et sa réforme. Quid de la police. Que pensent faire les divers partis en ce qui la concerne?
Le problème de l'éducation en général et du civisme en particulier a aussi été abordé. Personnellement, je pense que c'est un problème prioritaire. Les Tunisiens devraient s'inspirer des livres d'éducation civique de certains pays démocratiques, ils seraient étonnés.
Hier, j'ai appris qu'environ une trentaine de listes indépendantes ont été présentées rien que pour la circonscription de France Nord. Ce qui est énorme. Et comme l'a si bien dit une intervenante, c'est de l'inconscience, car cela va mener à un éclatement des voix.
Je suis d'accord avec elle, et pas seulement pour la France. Plus de 1600 listes en Tunisie, cela va aussi conduire à un éclatement des voix. Dommage. Certains n'ont pas su faire taire leurs egos. Ils ont plus pensé à eux-même qu'au pays et à son avenir. Et toujours comme l'a dit cette intervenante, j'espère que ces "inconscients" vont retirer leurs listes avant le dernier délai.
SVP, allez tous voter, mais surtout, surtout, votez UTILE. Pas d'éparpillement des voix, et ne votez pas pour faire plaisir au copain ou au voisin ou au mari....
SVP. SVP.
Cela m'a fait plaisir de rencontrer des tunisiens à Paris.
Le meeting avait lieu dans une salle de la Mairie du 9ème arrondissement. Jolie mairie. En sortant, je n'ai pas pu m'empêcher de la prendre en photo.
Il y a quelques semaines, j'avais été invitée à assister à la 6ème université d'été de la démocratie des écoles d'études politiques du Conseil de l'Europe sur le thème "Ethique et politique" à Strasbourg. J'avais beaucoup hésité. En fait, j'avais faillit refuser. Je ne veux pas quitter la Tunisie ces derniers temps. Il y a tellement à faire en Tunisie. Et puis, je me suis laissée convaincre. J'ai fini par accepter... et j'ai presque regretté parce que je voulais être à Tunis!
Le premier jour, je m'était aperçue que nous étions plusieurs tunisiens à avoir été invités. De villes différentes. Il parait même qu'il y a toute une délégation de la ville de Kairouan, mais je ne les ai pas rencontrés. Un projet de jumelage entre Strasbourg et Kairouan serait en cours.
J'avais appris que la Tunisie était l'invitée d'honneur de cette université d'été, à laquelle participent plusieurs écoles de sciences politiques de l’Europe de l'est.
Le premier jour, les travaux ont débuté par une assemblée plénière. C'était assez cérémonial, certains "officiels" avaient été invités pour parler aux étudiants et professeurs. Certaines de leurs interventions étaient très intéressantes, d'autres pas vraiment.
En tant qu'invitée d'honneur, la Tunisie a eu droit à un représentant officiel, M.Rafaa Ben Achour, venu parler de la révolution tunisienne devant ce parterre d'étudiants, d'enseignants et de chercheurs. J'ai trouvé son intervention marrante. Il a raconté notre révolution, mais d'une manière un peu édulcorée. C'était marrant de l'écouter tout raconter dès le début. C'était marrant de voir les gens écouter parler de notre Degage, de la Casbah, de la Kobba, de la Haute Instance.... Et quelle fierté lorsqu'il leur a parlé de la loi électorale et de la parité totale entre les hommes et les femmes, avec alternance sur les listes. Parité que même les européens ne connaissent pas.
Nous étions invité à déjeuner sur place. C'était bon. Cela se voit d'ailleurs, non?
Le premier jour, après le déjeuner, j'ai assisté à l'atelier Medias, éthique et pouvoir. Et j'ai constaté que certains problèmes existent partout et certains sujets préoccupent aussi un peu partout.
Si j'ai le temps, j’essaierais de vous résumer ce qui a été dit (je prends des pages et des pages de notes lors de toutes les conférences auxquelles j’assiste, mais je n'arrive pas à trouver le temps pour vous les recopier!)
Entre autres problèmes exposés, la censure des sites à caractère pornographiques et des sites incitant à la haine et au meurtre. Sujet que nous débattons actuellement en Tunisie.
D'après l'intervenante, Mme Sylvie Kauffman, directrice éditoriale au journal Le Monde, rien ne sert de censurer. Elle a rappelé que les censures peuvent être facilement contournées, et que les enfants sont aujourd'hui experts en la matière, ils manient bien les proxys... Elle pense que le seul moyen aujourd'hui de protéger nos enfants de tous dérapages est l'éducation. L'éducation, l'éducation, l'éducation. Et elle n'a pas tort. Il faut pouvoir éduquer ses propres enfants, les responsabiliser, leur expliquer les dangers... Je sais, plus facile à dire qu'à faire.
Le 2ème jours, il y avait plusieurs ateliers très intéressants. Comme il a été difficile de choisir! Ces ateliers se déroulent malheureusement tous en même temps.
J'avais hésité entre :
- L'éducation, vecteur d'une culture politique plus éthique
- Ethique des affaires et corruption.
- Internet, nouveaux médias et évolutions démocratiques
Mais j'avais eu aussi envie de choisir les autres. Comme c'est difficile de choisir. Aurais-je pu me cloner et assister aux 6 ateliers?
La présentation a commencé par une intervention de M.Abdelmajid Charfi pour lequel il existe deux YBA, le savant qui expose les thèses classiques et le militant engagé. Cet ouvrage, serait d'après M.Abdelmajid charfi, l'œuvre du militant qui l'aurait écrit avec un cri du cœur.
M.Abdelmajid Charfi a aussi précisé que ce livre avait été écrit en 2010, donc avant la révolution, mais édité en 2011, d'où son intérêt parce qu'il s'agit surtout d'une réflexion profonde ne tenant pas compte d'impératifs du moment. Il s'agit donc d'une pensée structurelle et non pas conjoncturelle.
Je vous conseille de lire cet article "Yadh Ben Achour présente La Deuxième Fâtiha ouvrage philosophique pour les uns, politique pour les autres" de Seif Soudani qui résume très bien comment s'est déroulée la présentation. J'aurais quand même une petite rectification à faire: le dernier intervenant, qui s'est assis à la table de YBA sans y être invité, n'a pas chanté "un chant identitaire et religieux", il a prétendu avoir écrit un poème pour l'occasion. Ce qui est faux. Il s'agit en réalité d'un poème de Sghaier Ouled Ahmed, poète tunisien.
Par rapport à cet article, je voudrais juste ajouter quelques remarques personnelles, qui relèvent plus du ressenti que de la raison.
Tout d'abord, je voudrais revenir sur le principe de la non souffrance dont M.YBA a longuement parlé: "la souffrance que je refuse pour moi, je la refuse pour tous les autres". De là découle d'après lui le refus de la torture, le refus de porter atteinte à l'intégrité physique...
Ce qu'il a dit là m'a rappelé la règle d'or: "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse". Cette règle existe dans pratiquement toutes les religions, y compris dans la religion musulmane: "Aucun d'entre vous ne croit vraiment tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même".Hadith 13 de al-Nawawi. J'adore cette règle, si elle était vraiment appliquée, nous serions tous très "heureux". Personnellement, elle est pour moi la base de tous nos rapports et j'essaye de la respecter autant que possible.
De quoi parle ce livre?
Je ne l'ai pas encore lu, juste acheté. Mais d'après M.Abdelamajid Charfi et M.YBA, ce livre nous donne une nouvelle lecture des versets 23 à 37 de la sourate Al Isrâ’. Ces versets seraient une sorte de commandements. Il s'agit d'une éthique de la responsabilité. D'après M.YBA, à part la beauté esthétique extraordinaire de ces versets, ceux-ci donnent en plus un aperçu sur les droits de l'Homme dans l'Islam.
D'après M.YBA, il y a plusieurs façons de lire le Coran. Il vaut mieux le lire avec des yeux modernes pour y trouver une pensée des droits de l'Homme. Hélas, la majeure partie des musulmans lisent le Coran avec des yeux salafistes et rétrogrades. L'essentiel aujourd'hui est donc de savoir sélectionner nos méthodes de lecture.
Je suis tout à fait d'accord avec ce que dit là M.YBA. Et cela me ramène à ma jeunesse, période où autour de moi, on me disait la même chose. Période où on voyait la beauté de la religion musulmane et où on l'interprétait selon des règles humanistes et universelles, et où la tolérance et l'ouverture d'esprit avaient la prédominance. A cette époque là, on faisait surtout attention à l'esprit de la religion musulmane. Période où la morale avait bien plus d'importance que les rites ou dogmes. Je me rappelle qu'enfant et adolescente, autour de moi, aussi bien dans ma famille qu'à l'école, on me parlait de la religion musulmane comme d'une religion merveilleuse, qui s'occupait surtout de l'esprit, des relations des gens entre eux, de l'amour entre les Hommes, de la compréhension, de la tolérance, de la morale sociale... A l'époque, il n'existait pas de discussions sur le fait de savoir s'il faut descendre de son lit avec le pied droit ou le pied gauche, si un parfum pouvait empêcher le jeun, s'il faut se mettre un vernis à ongles avant ou après les ablutions pour la prière... Toutes ces discussions inutiles n'existaient pas Dieu merci. Écouter M.YBA m'a rappelé à quel point l'islam pouvait être beau et m'a montré à quel point aujourd'hui certains voulaient le dénaturer.
M.Abdelamjid Charfi a d'ailleurs fait allusion à cela en relevant que dans le chapitre IX "La lettre et l'esprit", on pose la question: dans quel esprit les révélations ont-elles été faites?
En fait, tout est question de références. Les intégristes, les salafistes et les passéistes ont une vision particulière. Et j'ajoute qu'il est regrettable qu'aujourd'hui certains tunisiens soient entrain d'épouser cette vision réductrice de l'Islam.
M.YBA a insisté sur l'universalité des droits de l'Homme. Pour lui, il ne faut pas faire de distinctions entre les êtres humains. Il ne faut en aucun cas tenir compte du sexe, de la couleur, de la race... Les droits de l'Homme concernent tous les humains sans aucune distinction. La nature est pleine de différences et les droits de l'Homme refusent ces différences et doivent se construire en faisant abstraction de tout. La culture des droits de l'Homme doit être supérieure. Il faut tout transcender: nature, culture, histoire... Si nous faisions des distinctions, nous ne ferions que nous battre toujours entre nous. Nous entrerions dans le relativisme. Les droits de l'Homme ont besoin d'absolu et d'universalité. M.Abdelmajid Charfi n'est pas d'accord. Pour lui cela serait trop idéaliste.
M.YBA a rappelé qu'il est actuellement plongé dans le feu de l'action. Il a même été menacé lorsqu'il avait dit que sa première religion est la démocratie. Certains esprits n'ont pas compris ce qu'il voulait dire. Il voulait en réalité dire qu'il voulait une religion personnelle, réelle et authentique, et cette religion ne peut être fondée que sur la liberté et l'auto-détermination personnelle et non pas sur le conformisme. Il a rappelé qu'il venait d'une famille religieuse et conservatrice, mais qui lui a appris l'autonomie et la liberté personnelle et lui a permis de choisir. La religion est un choix personnel et non pas un héritage familial ou culturel. Chaque personne devrait choisir sa religion en toute liberté. Lui-même se sent musulman parce qu'il a choisit cette religion, non pas par tradition familiale, mais par choix personnel, convaincu et réfléchis. Encore une fois, je suis totalement d'accord avec M.YBA. L'important est de choisir ses croyances en toute liberté. C'est à mon avis ce qui donne encore plus de valeur à ce choix. Ne vaut-il pas mieux être musulman (ou chrétien, juif ou autre) par choix et conviction plutôt que par un simple accident de naissance?
Cette remarque m'a d'ailleurs rappelé une discussion avec M.Lotfi Zitouni de la Nahdha. Il avait dit presque la même chose il y a quelques semaines. Mais je n'étais pas d'accord avec lui. En effet, M.Zitouni avait fait cette distinction entre le musulman par tradition et le musulman par choix pour faire une division et une hierarchie entre les Tunisiens. Il disait que tous les tunisiens n'étaient pas vraiment musulmans et que seuls l'étaient ceux qui prononçaient la chahada par choix et que ce choix devait provenir du plus profond d'eux-mêmes. Et les autres? Et n'étant pas de vrais musulmans, restent-ils quand même de bons citoyens?
Comme quoi, on peut penser pareil, mais pour des objectifs complètement opposés!!!
M.Ghazi Gherairi a pris la parole. Pour lui, ce livre est éminemment politique. Il pense que M.YBA commence par un constat et une interrogation. La plupart des pays arabo-musulmans ont un problème avec la modernité et ont renoncé à une certaine norme de la morale, de l’esthétique et du droit. Pourquoi les musulmans ont-il des difficultés pour s’insérer dans l’esprit des temps modernes? Comment retrouver l’inspiration du début de la religion musulmane? M.YBA a l’espoir d’une certaine conciliation entre les droits de l’homme et l’Islam. M.Gherairi dit d’ailleurs avoir été interpelé par le chapitre X "La loi de Dieu et la purification des sociétés impies" qui parle de la théologie du soupçon et de la théologie de la purification. Il y a aujourd’hui l’émergence d'une théorie qui nie par principe la pensée des droits de l'homme et tout ce qu'elle considère provenir de l'occident. Or le livre écrit en 2010 trouve une résonance dans la révolution tunisienne. Lors de cette révolution, non seulement il n'y avait aucun slogan religieux ou identitaire, mais en plus les valeurs des droits de l'homme ont été à l'origine de cette révolution. Il faut aujourd’hui relire ce chapitre X et y trouver une question d’actualité et une matière constitutionnelle. Aujourd’hui, il y a un éclairage nouveau sur ce chapitre X.
Suite à cette question posée par une personne présente: comment faire admettre à la base que sa religion est la liberté? M.YBA a été amené à parler du système éducatif tunisien qui est d'après lui complètement défaillant. D'après lui, les peuples sont aujourd'hui cultivé, mais aussi cultivables. Il faut développer les peuples selon les capacités de chaque personne. Il y a des nations qui éduquent et qui donnent à l'ensemble de leurs peuples une éducation qui leur permet de s'ouvrir à toutes les lumières de la science et de la connaissance. Mais il y a malheureusement aussi des nations qui sont complètement déficientes sur ce plan-là et qui ne donnent pas à leurs peuples les moyens de s'ouvrir aux lumières de la science et de la raison. En Tunisie, en janvier 2011, ce n'est pas l'élite qui a fait la révolution, mais le peuple. Qu'avait-il demandé? Il avait demandé la liberté d'abord, la dignité, l'État de droit, le pluralisme, etc... Si nous voulons poursuivre le chemin dans ce sens, il faut réellement reconsidérer notre système éducatif qui n'ouvre pas l'esprit aux lumières et à la culture. C'est un système éducatif renfermé sur lui-même (regardez les programmes d'histoire, les programmes de littérature...) qui enferme les esprits et forme des esprits étroits, trop concentrés sur l'orgueil national, sur l'identité, sur l'authenticité... Or ces perspectives sont fausses et ne mènent à rien, nous pouvons hurler que notre culture est la meilleure, que dans l'histoire nous avons été les plus forts, les plus intelligents, que nous avons été ceci ou cela..., cela ne changera rien à l'état des lieux, nous sommes aujourd'hui une civilisation mineure. Pourquoi? Parce que nous nous sommes condamnés nous-mêmes à la médiocrité par des systèmes éducatifs archaïques, par des systèmes d'éducation familiale qui sont aussi archaïques, par un manque de développement de l'autonomie dans l'esprit de l'enfant, par des systèmes familiaux basés sur l'utilisation de la violence contre les enfants... nous créons des violents à l'école et dans nos familles. Il faut cesser tout cela. Ce peuple qui a réussi à faire cette révolution, il faut l'aider par le développement de la culture, de la culture ouverte, de la culture des droits de l'homme, il faut refaire notre système éducatif, il faut refaire les programmes d'histoire, d'éducation religieuse, de littérature....
Merci M.Yadh Ben Achour. Farhatdtli 3ala 9albi!!!! Mais je voudrais ajouter une précision: il y a une distinction à faire entre le système éducatif tunisien d'avant Mzali et après Mzali, et surtout une distinction à faire entre le système éducatif de l'époque Bourguibienne et celui de l'époque Ben Ali, époque où la médiocrité a été développée sur tous les plans.
Les délais pour s'inscrire aux élections sont presque finis, et seulement environ 1/7 des électeurs potentiels se sont inscrits!
Un ami, tunisien résident en France, vient de m'appeler de Hammamet. Il est ici en vacances et est allé s'inscrire. On lui a répondu que les tunisiens résidents à l'étranger devaient s'inscrire dans des bureaux spéciaux. Pour tout le gouvernorat de Nabeul, ce bureau se trouve à.... Grombalia.
Il a enragé. Il parait d'ailleurs qu'ils étaient très nombreux à enrager. Ces Tunisiens sont en vacances à Nabeul et Hammamet et on leur demande d'aller à Grombalia.
Certains sont motorisés, d'autres pas. Ils doivent donc se débrouiller pour se déplacer. Certains laisseront tomber.
Les questions que posait cet ami: pourquoi Grombalia? Pourquoi pas Nabeul ou Hammamet? Et d'ailleurs pourquoi des bureaux spéciaux pour les résidents à l'étranger? A l'ère de l'informatique et d'Internet, pourquoi est-ce que tous les Tunisiens ne peuvent-ils pas s'inscrire dans tous les bureaux?
Pourquoi faire compliqué lorsque l'on peut faire simple?
Par ailleurs, cet ami était un peu paniqué. Il a dit que la queue des gens qui attendaient pour s'inscrire était effrayante. Je sais, c'est très subjectif. Mais il était vraiment effrayé. Pourquoi? Parce qu'il parait que la queue était à grande majorité "barbue".
Où sont les autres?
A la plage?
Ils ne se sentent pas concernés?
Ils ont pris l'habitude de ne pas voter?
Ils n'y croient pas?
Ils jouent la carte de l’abstentionnisme contre l'assemblée constituante?
Plus que 5 jours, et les Tunisiens ne semblent pas vouloir aller s'inscrire. C'est grave, vraiment très grave.
Tunisiens, réveillez-vous: voter est un droit mais aussi un devoir. Vous devez VOTER.
Et même si aujourd'hui, vous ne savez pas pour qui voter, inscrivez-vous et d'ici le 23 octobre, vous aurez le temps de vous décider. Ne perdez pas cette chance d'aller voter et d'être de vrais citoyens pour la première fois dans l'histoire de notre pays.
Tous les tunisiens, quelques soient leurs convictions, leurs idéologies, leurs tendances... doivent voter. L'assemblée constituante doit être représentative. L'assemblée constituante doit émaner de tout le peuple Tunisien.
Hier, jeudi 21 juillet, a eu lieu à Tunis, une marche pour la démocratie. Départ le Passage, direction la place Pasteur via l'avenue de la Liberté.
Malgré le soleil, des tunisiens étaient au RDV à l'appel des partis organisateurs. Ce que je trouve dommage est que ces partis n'ont commencé à communiquer que le mardi soir. Informer les gens en 24 heures est très difficile. Énormément d'amis et connaissances n'étaient pas au courant de cette marche et auraient aimé y participer. Personnellement, j'aurais préféré qu'elle ait eu lieu la semaine prochaine pour permettre de communiquer et de mobiliser plus de monde.
Il partait que nous étions environ 3000 personnes (mais seulement quelques centaines d'après Al Jazeera qui, soit ne sait pas compter, soit est aveugle!!!).
La marche s'est très bien passée, ambiance décontractée et bon enfant.
Les partis brandissaient chacun ses pancartes. Les participants scandaient des slogans réclamant la démocratie, la liberté, des élections pour le 23 octobre, rejetant le RCD et les extrémismes, la violence, la pensée unique...
La marche a été bien organisée. La procédure a été suivie. La police a rempli son rôle.
J'en profite d'ailleurs pour répondre à ceux qui posent cette question: pourquoi est-ce que la police ne réprime pas ce genre de marche et réprime certaines autres?
Ma réponse est: la police a-t-elle réprimé des manifestations autorisées?
Pourquoi est-ce que ceux qui posent ce genre de questions ne s'assurent-ils pas que tous les manifestants respectent la procédure légale?
Nous avons réclamé à cors et à cris un Etat de droit. Respectons cet Etat de droit.
Et si jamais une manifestation est interdite ou une manisfestation autorisée et pacifiste est reprimée, nous pourrions tous hurler à ce moment-là et réclamer notre droit à manifester. Mais comment réclamer un droit lorsque l'on ne remplit pas les obligations qui y sont attachées?
Je me suis promenée parmi tous les manifestants pour prendre des photos. Je n'ai vu aucun incident particulier. Au contraire. Tous paraissaient comme des amis. Cela est d'ailleurs visible sur les photos. Les passants regardaient, certains se joignaient à la marche, d'autres encourageaient, d'autres encore demandaient des explications... Un groupe d'entre eux m'a même demandé de les prendre en photo!
J'ai été très contente hier (et même un peu émue) de voir tous les dirigeants des divers partis ensemble. Ils étaient côte à côte, unis pour la même cause. Si seulement cela pouvait durer, et si cette union pouvait concerner tous les tunisiens que nous puissions enfin cohabiter tous ensemble en paix.
Il parait qu'il y a eu un léger incident avec l'équipe d'Al Jazeera. Je n'ai rien vu de particulier pourtant j'ai fais des vas et viens incessants dans la marche. Mais bien-sûr Al Jazeera adore propager de fausses informations et lancer des accusations. Selon plusieurs témoins, il parait que le journaliste d'Al Jazeera aurait posé des questions provocantes et une ou deux personnes lui auraient crié de dégager.
Personnellement, je n'ai rien vu de tel, je ne peux donc rien affirmer.
Mais je peux raconter ce que moi j'ai vécu. J'ai vu le journaliste d'Al Jazeera, je suis allée lui parler. J'ai demandé à son cameraman de filmer, il ne l'a pas fait. De toute façon, il l'aurait fait, ils auraient trouvé un moyen de déformer la réalité. Ils sont expert en déformations. Ils ne respectent aucune éthique. Je suis donc allée voir ce journaliste, je lui ai demandé clairement de m'expliquer le reportage qu'il a fait sur la marche du 07/07/2011. Je lui ai demandé les raisons de ses mensonges, je lui demandé pourquoi il avait déformé la réalité... et j'ai conclu en lui disant que si quelqu'un était entrain de créer une fitna entre les tunisiens, c'était bien les gens comme lui. Il avait en effet conclu son reportage sur cette marche du 07/07/2011 en disant que certains tunisiens voulaient créer une fitna.
Quelle a donc été sa réponse?
La fuite.
Il ne m'a pas dit un mot. Son cameraman et lui se sont éloignés sans prendre la peine de répondre à de simples questions qui leur étaient posées.
Lâches.
Bon, ce qui était génial, c'est que j'ai eu droit à des "9awi Sa3dik" et des "Yarham fomik". Je pense que j'ai posé des questions que nombreux voulaient poser.
Les gens comme ce journaliste et sa chaine, comme certains administrateurs de pages facebook... sont ceux qui veulent diviser les tunisiens. Ils veulent faire de nous des ennemis. Il ne faut pas tomber dans leur piège.
Nous ne sommes pas des ennemis même si nous sommes des adversaires politiques. Il est normal que nous soyons des adversaires politiques, mais en aucun cas nous ne devons devenir des ennemis. Chacun doit et peut défendre son point de vue, ses idées, ses valeurs, son projet de société... mais toujours dans le respect de l'autre, sans insultes ni diffamations. Nous sommes obligés de co-habiter dans le même pays, que cela nous plaise ou pas, nous devons donc trouver un moyen de le faire sans nous entre-tuer.
Je vous publie ci dessus quelques photos, mais vous pourrez trouver toutes mes photos sur ces deux albums facebook:
Hier, je suis allée voir l'expo de groupe "Votez" à l'Espace d'art Mille Feuilles, Marsa Plage.
Pour la première fois, nous allons tous voter. Eh oui. Pour l’avenir du pays, pour plus jamais ça, pour de nouvelles couleurs, pour les enfants futurs, pour la liberté de tous, pour votre Tunisie. Qui eût cru qu’un jour ce verbe « voter » allait être utilisé couramment, en Tunisie, et pas pour Star Academy ? Pour ne pas oublier, accordons une minute de réflexion, rien qu’une minute aux années précédentes, et dont nous nous sommes libérés, accordons une minute de réflexion aux pays qui croulent encore sous leurs dictateurs. Quand Artyshow nous proposa ce projet d’affiches électorales par des artistes-citoyens, nous étions loin de nous rendre compte de l’impact que cela aurait auprès des artistes contactés, qui sont différents de par leurs perspectives artistiques, mais unis par leur désir sincère de contribuer à la construction d’une vraie société libre, libre et libre. Alors réfléchissez bien avant de voter, car c’est irréversible. A moins que vous n’ayez une machine à remonter le temps. Et encore.
Le 9 Juillet, soit deux jours avant le démarrage officiel de l'inscription aux listes électorales, Artyshow & Mille Feuilles vous invitent à l’exposition d’affiches « VOTEZ ! », par les artistes :
Amine Lamine (Graphik Island) Audifax O’Hanlon Claire Daoud Daly Belkadhi Dux Duk Hafedh Khediri (Sk-One) Héni ben Mariem Hédi Ladjimi (Kasbah Factory) Henri Ducoli Karim Latrous (Jaye Frd) Lilia Golli (Liloone) Meen One Mohamed ben Soltane Nell.y (Artwork Frd) Oussema Troudi Willis From Tunis
En ce qui me concerne, je trouve que cette expo devrait être vue par tous. En effet, cela permettrait peut-être à certains de se rendre comte à quel point il est important, voire crucial, d'aller s'inscrire sur les listes électorales pour pouvoir aller voter le 23 octobre prochain.
J'ai pris quelques photos pour vous donner un petit aperçu de l'expo. Malheureusement, les photos ne sont pas belles. Il y avait trop de fénêtres, trop de lumière et trop de reflets sur les vitres. Personnellement, j'aurais préféré que ces affiches soient mates ou satinées. Cela aurait été plus facile de les prendre en photo d'ailleurs.
Je vous conseille d'aller voir sur place, et en parler autour de vous pour faire un max de pub à la nécessité d'aller s'inscrire pour pouvoir voter.
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