Lorsque j'étais adolescente, mon père avait aidé ma cousine à divorcer parce qu'elle se faisait battre par son mari, et cela dès le 4ème jour de leur mariage, alors qu'ils étaient encore en voyage de noce. Pourtant, c'était un beau mariage d'amour. Ils étaient tous les deux jeunes, beaux et instruits. Le mari avait fait des études de droit et était présentateur à la TV. Par la suite, il était devenu avocat.
Mon père lui avait demandé pourquoi il la battait. Je n'oublierais jamais sa réponse. Il avait dit "bèch in addibha" (pour l'éduquer). Pour qui se prenait-il? Mon père lui avait répondu : "waldiha adbouha, mouch inti" (ses parents l'ont élevée, ce n'est pas à toi de le faire).
Il la battait tout le temps. Elle en avait eu marre. Elle avait demandé le divorce. Quelques mois plus tard, elle s'était remariée avec lui. Cela avait causé son malheur.
Hier, j'ai écouté l'émission "Forum Nsa" sur radio mosaïque. Les témoignages étaient édifiants. Et d'ailleurs, on voit que cela ne concerne pas une classe sociale particulière, ou une région, ou un niveau d'instruction... particuliers. Cela touche tout le monde.
Tout à l'heure, à la TV française, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes on a donné des chiffres. En France, une femme meurt tous les 2,5 jours suite aux coups de son compagnon, soit pour 2009, 149 femmes décédées suite à ces coups. 654 000 femmes ont eu à subir des violences en 2009, 200 femmes sont violées par jour, toujours en France en 2009. Le plus effrayant, c'est qu'on pense que 84% des cas de violence ne sont pas connus, parce que les femmes n'en parlent pas et ne portent pas plainte.
Un témoin a même dit "Je me sens un homme lorsque je casse la gueule d'une femme".
Effrayant, n'est-ce pas? En voila un qui ne sait pas ce qu'est un homme, il confond avec brute.
Mais il n'est pas le seul.
Je ne connais pas les chiffres en Tunisie, mais vu notre société de plus en plus machiste, on peut imaginer le pire.
Hier, un témoignage à la radio m'avait quand même choquée. Un magistrat, qui est censé instruit et respectant la loi, bat sa femme depuis 27 ans. Elle dit qu'il a même eu à traiter des cas de violences. Ce magistrat, qui au Tribunal, condamne des hommes pour violences faites aux femmes, bat lui-même sa propre femme!
La chambre des députés a adopté la loi relative à l'amendement de certaines dispositions du Code de la nationalité tunisienne. Désormais la femme tunisienne, mariée à un étranger, pourra transmettre sa nationalité tunisienne à ses enfants, et cela sans l'autorisation du père.
Certains pourraient rétorquer que cela n'a pas une grande importance, ou que la nationalité tunisienne n'est pas vraiment une nationalité que l'on est fier de transmettre à ses enfants...
Personnellement, je trouve que c'est une bonne mesure. Théoriquement, bien-sûr, parce que cela renforce l'égalité entre les hommes et les femmes, mais surtout pratiquement, parce que cela permet de résoudre de vrais problèmes.
Par exemple, le père étranger qui disparait et laisse ses enfants avec leur mère en Tunisie. Pourquoi voulez-vous que ces enfants vivent toute leur vie étranger dans le pays de leur mère et leur pays aussi?
L'autre exemple que je vais donner est celui de mon amie, dont je vous avais déjà parlé. Si la Tunisie ne permettait pas à la mère tunisenne de donner sa nationalité, ces enfants auraient été apatrides. Sans pays, sans nationalité. Pourquoi? Pourquoi être apatrides? Pour les punir parce que leurs parents auraient contracté un mariage non reconnu dans le pays du père?
Je suis très contente de cette nouvelle loi. On peut critiquer la Tunisie et lui faire énormément de reproches, mais sur ce plan, elle reste quand même bien en avance par rapport aux autres pays arabes. Et de cela au moins, je suis fière.
Il y a quelques années, j’étais invitée à un dîner auquel assistaient des juristes français et tunisiens (professeurs de droits, avocats, magistrats…).
Un avocat tunisien nous avait raconté une affaire sur laquelle il avait travaillé.
Une maman avait porté plainte contre son mari. Elle l’accusait de maltraiter ses enfants et de les obliger à avoir des relations sexuelles avec lui.
Son dossier comprenait des preuves solides, des expertises médicales, des témoignages… D’après cet avocat, il ne persistait aucun doute quant à la culpabilité du père. La mère voulait interdire au père d’approcher les enfants, mais elle a pourtant été déboutée.
Après l’audience, l’avocat s’était entretenu en privé avec la magistrate et lui avait demandé la raison de son refus. La réponse est étonnante: «en Tunisie, l’inceste n’existe pas. Nous n’avons pas cela chez nous».
Point.
Voilà, l’inceste n’existe pas chez nous.
Vous pouvez fournir toutes les preuves que vous voulez, l’inceste n’existe pas en Tunisie.
Je ne sais pas ce que la plaignante a fait par la suite, s’il y a eu appel ou pas….
Cela s’est passé il y a environ 5/6 ans.
Pourquoi est-ce que j’y ai pensé aujourd’hui?
C’est très simple: je vois les réactions suite au film de Jamel Mokni «Hymen National» et à l’interview de Nouri Bouzid, et je me dis que chez nous, c’est sur et certain, les filles qui n’arrivent pas au mariage VIERGES, garanties 1000% pures, n’existent pas.
Pourquoi?
En Tunisie, les filles ayant des relations sexuelles avant le mariage n’existent pas. Cela n’existe pas chez nous. POINT.
Vous pouvez avancer toutes les preuves que vous voulez, vous pouvez faire autant d’études que vous voulez, vous pouvez enquêter dans les hôpitaux, dans les cliniques, dans les orphelinats… cela n’existe pas chez nous.
On pourrait se demander pourquoi l’hyménoplastie est si fréquente en Tunisie, et particulièrement en été? On pourrait se demander pourquoi le nombre d’IVG de jeunes filles croit d’année en année? On pourrait se demander pourquoi nous avons un si grand nombre de mères célibataires? On pourrait se demander avec qui nos hommes tunisiens, qui eux reconnaissent avoir des relations sexuelles avant mariage, et s’en vantent d’ailleurs, ont justement ces relations?
Mais, c’est sur et certain, toutes nos filles sont garanties 1000% vierges, parce que les relations sexuelles avant mariage n’existent pas chez nous.
Les filles qui ont témoigné dans le film de Jamel Mokni sont soit des putes, soit des actrices qui mentent. Les chiffres avancés par Nouri Bouzid, qui dit les avoir lu dans une étude récente, sont certainement faux. Les gynécologues qui disent opérer des filles pour leur donner une nouvelle virginité sont sûrement des charlatans.
C’est qu’en Tunisie, nous n’avons pas cela.
En Tunisie, nous n’avons pas d’inceste, nous n’avons pas de violence, nous n’avons pas de prostitution, nous n’avons pas de femmes battues, nous n’avons pas… nous n’avons pas… nous n’avons pas…
Et tous ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs, des gens qui veulent salir la réputation de notre beau pays, des traîtres, des gauchisants, des communistes, des dissidents, des imbéciles, des koffars, des pseudo-intellectuels, des homosexuels, des tarés… Ne les écoutez surtout pas. Vous savez tout mieux qu’eux. Vous savez, vous, que chez nous, en Tunisie, nous n’avons rien de tout cela.
Alors, circulez, il n’y a rien à voir!!!!
Et surtout, surtout, n'oubliez pas qu'il ne faut rien voir, rien entendre et rien dire, parce que chez nous, cela n'existe pas!!!!
Chanson très sympa. Il parait que le film aussi. Il vient d'ailleurs d'obtenir le Tanit d’Or du court-métrage lors des JCC 2010 (Journées Cinématographiques de Carthage).
Il va sans dire que je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'ils disent, surtout le mari!
Depuis quelques temps, j'entends ici et là des femmes se plaindre: "que nous a donc apporté l'émancipation de la femme à part la fatigue?"
Je l'entends dans la rue, je l'entends à la radio (forum Nsa sur Mosaïque Fm)...
- Nous sommes fatiguées...
- J'ai envie d'un homme qui me commande...
- Je veux rester à la maison et vivre à "la traditionnelle"...
Elles se plaignent. Elles se plaignent encore....
A la radio, certaines sont allées jusqu'à dire qu'elles voudraient un retour en arrière, qu'elles ne veulent plus de leurs droits qui n'ont fait que les asservir encore plus que leurs grand-mères.
Je reste étonnée. Choquée même.
Ont-elles conscience de ce qu'elles disent?
Savent-elles ce que cela signifie de ne pas être une citoyenne à part entière?
Savent-elles ce que cela signifie d'être sous tutelle?
Savent-elles?
Mesdames, la législation tunisienne vous a donné le droit de CHOISIR et de DECIDER par vous-même.
Vous avez le droit de décider de votre vie.
Vous avez le droit à une carte d'identité.
Vous avez le droit à l'instruction.
Vous avez le droit de conduire une voiture.
Vous avez le droit de choisir votre mari.
Vous avez le droit de travailler.
Vous avez le droit de circuler librement sur le territoire tunisien et en dehors du territoire tunisien.
Vous avez le droit à un passeport.
Vous avez le droit d'ouvrir un compte bancaire.
Vous avez le droit d'acheter, de vendre, de louer...
Vous avez le droit de vous marier.
Vous avez le droit de divorcer.
Vous avez le droit de dire OUI.
Vous avez le droit de dire NON.
Vous êtes LIBRES. Vous n'êtes les esclaves de personne. Vous n'êtes pas sous la tutelle d'un homme, qu'il soit le père, le frère, l'oncle ou le mari.
Vous pouvez décider par vous-même de votre avenir, de votre vie.
Vous n'avez pas besoin de l'autorisation d'un MÂLE pour accomplir tous les actes de votre vie.
Vous pouvez vous inscrire partout, vous pouvez vous présenter et postuler à l'emploi de votre choix.
Personne ne peut vous dire: vous avez besoin de l'autorisation de votre père ou de votre mari pour...
Pas en Tunisie.
Vous, femmes Tunisiennes, vous avez le droit de décider.
C'est important. Ne pensez pas que c'est superflu. Ce n'est pas un luxe.
C'est un besoin et un droit.
UN DROIT.
Vous dites: nous sommes fatiguées. Que nous a donc apporté l'émancipation de la femme à part les responsabilités et les obligations?
Faux.
Ce sont les hommes qui doivent changer pas vous.
C'est vrai la femme tunisienne est fatiguée. C'est vrai, elle accompli un double travail: à l'extérieur et à l'intérieur de la maison.
C'est vrai qu'elle s'occupe de tout au sein du ménage. C'est vrai qu'elle est le pilier de la famille.
C'est vrai tout cela.
Mais renoncer à ses droits et rester à la maison n'est pas la solution.
Vous transformer en esclave ou femme de ménage ne vous procurera pas de repos et ne vous déchargera pas de vos responsablités.
Ce sont les hommes qui doivent changer. Les hommes doivent prendre leurs responsabilités et partager avec vous les tâches.
Mesdames, ne renoncez surtout jamais à vos droits. Au contraire. Battez-vous pour en avoir d'autres.
Quelle chance nous avons, nous Tunisiennes. Ne laissons pas tomber cette chance!
P.S.: Pour illustrer cette note, je publie une photo de Alia Babbou, une femme tunisienne dont nous sommes fiers. Puisse-t-elle inspirer beaucoup de femmes!
Dire que le tout premier mot de l'islam, le premier mot que Dieu a adressé à Mohamed a été le mot إقرأ LIS.
LIS.
Lis et apprend. Lis.
Mais depuis quelques temps, on dirait que les musulmans ont oublié ce que cela voulait dire.
Sur une vidéo, un barbu a dit qu'il ne fallait pas instruire les filles, leur cerveau ne leur permettant pas de comprendre, et on ne pourrait en faire que des singes savants.
Aujourd'hui, une nouvelle vidéo extraite d'une émission de la chaine errahma dit aux filles qu'elles ne devraient étudier la philosophie que si elles y sont obligées. Ce cher barbu dit que la philo est du n'importe quoi, et que les filles feraient mieux d'aller étudier le livre de Dieu et la sira du prophète.
C'est sûr petit con!
إقرأ
LIS. LIS. LIS.
Et laisse ces petits cons complexés et misogynes dire n'importe quoi. Ne les écoute pas et LIS.
J'ai demandé si une telle loi existe vraiment. On m'a dit que oui. Bien que les agents étaient incapable de dire s'il s'agit d'une loi, d'une circulaire, d'un arrêté...
Bon, cela prouve qu'une notion telle que la hierarchie des lois est inconnue auprès des agents municipaux!!!!
Bref, j'ai appris que ces dernières années un texte est venu reglementer les prénoms tunisiens. Il parait que ce texte a, d'une façon générale, interdit tous les prénoms qui pourraient donner lieu à une gêne ou sont diffamants, et ceux qui ne seraient pas musulmans.
En plus, ce texte interdit particulièrement les prénoms qui sont des noms de villes, comme Mahdia ou Chiraz, et les noms des personnages historiques, tels Hannibal, Saddam ou Bourguiba.
Par ailleurs, il parait que lorsque les agents ont un doute concernant un prénom, ils doivent consulter leur ordinateur pour voir si ce prénom est permit ou pas.
Concernant l'existence du livret, j'ai eu droit à un sourire. Existe-t-il? N'existe-t-il pas? A priori il existe, mais les agents préfèrent ne pas trop en parler.
Quid en ce qui concerne le prénom Elyssa.
Un des agents a dit que c'est un prénom permit et un autre pense qu'il est désormais interdit, puisqu'il s'agit du prénom d'un personnage historique. Ils ont commencé à discuter entre eux, chacun pensant avoir raison.
Un des agents est allé consulter l'ordinateur: sur le grand Tunis, il y a eu ces dernières années seulement 30 Elyssa, la dernière inscrite l'a été en 2009 à Mutuelleville.
Par contre, j'ai appris qu'un grand nombre de prénoms tirés du Coran sont apparus ces dernières années. Par exemple, Tasnim (que je ne connaissais pas du tout) est devenu assez répandu: ces dernières années, sur le grand Tunis, il y a eu 1625 petites filles prénommées Tasnim.
On m'a cité d'autres prénoms tirés du Coran, que je n'avais jamais entendus de ma vie et que je n'ai d'ailleurs pas retenus, et qui parait-il sont à la mode.
- Pourquoi? Les médecins ont tendance à trop pratiquer des césariennes je trouve.
- Tu sais, il a attendu des heures. Le col de l'utérus était à 8cm d'ouverture mais le bébé ne descendait pas. Il a donc été obligé de pratiquer une césarienne.
- Ah je sais. J'ai compris pourquoi le bébé ne descendait pas. C'est parce que la maman a eu une envie qui ne s'est pas réalisée. Elle a du vouloir quelque chose et ne l'a pas eu. Le bébé reste donc dans son ventre jusqu'à ce que cette envie se réalise.
J'étais tellement étonnée que je n'avais rien dit, mais une autre jeune femme a approuvé.
- C'est vrai. J'ai déjà entendu parler de ce phénomène. C'est vrai, tant que l'envie n'est pas réalisée, le bébé reste dans le ventre de sa mère!
Je ne connais pas cette deuxième jeune femme ni son niveau d'instruction. Mais je connais la première. C'est une femme instruite, qui a fait des études supérieures...
Comment peut-elle dire des choses pareilles? Et surtout, comment peut-elle croire en des choses pareilles?
On peu concevoir qu'une vielle grand-mère illettrée puisse raconter des choses pareilles, mais qu'une femme instruite, en 2010, puisse croire en ce genre de sornettes me sidère.
Il est normal donc que l'on puisse faire croire n'importe quoi, et surtout n'importe quel miracle, à ces gens crédules. Surtout lorsque l'élément divin entre en jeu!!!!
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