Depuis quelques temps, j'entends ici et là des femmes se plaindre: "que nous a donc apporté l'émancipation de la femme à part la fatigue?"
Je l'entends dans la rue, je l'entends à la radio (forum Nsa sur Mosaïque Fm)...
- Nous sommes fatiguées...
- J'ai envie d'un homme qui me commande...
- Je veux rester à la maison et vivre à "la traditionnelle"...
Elles se plaignent. Elles se plaignent encore....
A la radio, certaines sont allées jusqu'à dire qu'elles voudraient un retour en arrière, qu'elles ne veulent plus de leurs droits qui n'ont fait que les asservir encore plus que leurs grand-mères.
Je reste étonnée. Choquée même.
Ont-elles conscience de ce qu'elles disent?
Savent-elles ce que cela signifie de ne pas être une citoyenne à part entière?
Savent-elles ce que cela signifie d'être sous tutelle?
Savent-elles?
Mesdames, la législation tunisienne vous a donné le droit de CHOISIR et de DECIDER par vous-même.
Vous avez le droit de décider de votre vie.
Vous avez le droit à une carte d'identité.
Vous avez le droit à l'instruction.
Vous avez le droit de conduire une voiture.
Vous avez le droit de choisir votre mari.
Vous avez le droit de travailler.
Vous avez le droit de circuler librement sur le territoire tunisien et en dehors du territoire tunisien.
Vous avez le droit à un passeport.
Vous avez le droit d'ouvrir un compte bancaire.
Vous avez le droit d'acheter, de vendre, de louer...
Vous avez le droit de vous marier.
Vous avez le droit de divorcer.
Vous avez le droit de dire OUI.
Vous avez le droit de dire NON.
Vous êtes LIBRES. Vous n'êtes les esclaves de personne. Vous n'êtes pas sous la tutelle d'un homme, qu'il soit le père, le frère, l'oncle ou le mari.
Vous pouvez décider par vous-même de votre avenir, de votre vie.
Vous n'avez pas besoin de l'autorisation d'un MÂLE pour accomplir tous les actes de votre vie.
Vous pouvez vous inscrire partout, vous pouvez vous présenter et postuler à l'emploi de votre choix.
Personne ne peut vous dire: vous avez besoin de l'autorisation de votre père ou de votre mari pour...
Pas en Tunisie.
Vous, femmes Tunisiennes, vous avez le droit de décider.
C'est important. Ne pensez pas que c'est superflu. Ce n'est pas un luxe.
C'est un besoin et un droit.
UN DROIT.
Vous dites: nous sommes fatiguées. Que nous a donc apporté l'émancipation de la femme à part les responsabilités et les obligations?
Faux.
Ce sont les hommes qui doivent changer pas vous.
C'est vrai la femme tunisienne est fatiguée. C'est vrai, elle accompli un double travail: à l'extérieur et à l'intérieur de la maison.
C'est vrai qu'elle s'occupe de tout au sein du ménage. C'est vrai qu'elle est le pilier de la famille.
C'est vrai tout cela.
Mais renoncer à ses droits et rester à la maison n'est pas la solution.
Vous transformer en esclave ou femme de ménage ne vous procurera pas de repos et ne vous déchargera pas de vos responsablités.
Ce sont les hommes qui doivent changer. Les hommes doivent prendre leurs responsabilités et partager avec vous les tâches.
Mesdames, ne renoncez surtout jamais à vos droits. Au contraire. Battez-vous pour en avoir d'autres.
Quelle chance nous avons, nous Tunisiennes. Ne laissons pas tomber cette chance!
P.S.: Pour illustrer cette note, je publie une photo de Alia Babbou, une femme tunisienne dont nous sommes fiers. Puisse-t-elle inspirer beaucoup de femmes!
O-U-I !
pour autant, Mon Massir, le changement que les hommes doivent réaliser ne doit pas venir de l'éducation qu'on leur offre ? Et cette même éducation ne doit pas être donnée par ces mêmes femmes fatiguées, car génération après génération réalisent les mêmes erreurs de "propulser" le garçon de la famille sur un piédestal ?
@ Liloone:
Tout à fait d'accord!!!!
C'est bien pour cela que mon fils n'a pas échappé à la corvée vaisselle lors du congé de la femme de ménage!!!!
Rédigé par : @Liloone | 19/10/2010 à 23:33
je pense que c'est aux femmes de changer et non aux hommes, c'est ces femmes qui parlent de fatigue qui doivent dire stop quand elles en ont marre c'est à elle de revoir l'éducation de leurs enfants (garçons et filles) à elles d'être honnêtes et de ne pas tenir un double discours . Puis de quels droit veulent-elles décider pour toutes les tunisiennes elles n'ont qu'a mener leur bataille au sein de leur famille, de leur petit cercle et non à cracher leur venin dans les oreilles de tout le monde . Puis qui a dit que la femme tunisienne n'a plus de combat à mener au niveau de ses droits???? qui?? on ment en permanence en prétendant que la tunisienne a tout obtenu, alors que la notion de nechiz existe encore !!!!!! que la nationalité tunisienne n'est pas accordé automatiquement aux enfants d'une tunisienne de père non tunisien, qu'une tunisienne ne peut pas permettre à son époux non tunisien d'obtenir une carte de séjour sur le territoire tunisien facilement (que dire de la nationalité ) chose quasi automatique pour les hommes tunisiens mariés avec des étrangères. Une tunisienne n'a pas "le droit" d'épouser un non musulman, alors que c'est une circulaire et non une loi qui régit cette absurdité (d'autant plus que légalement elle n'a aucun poids la Tunisie a ratifié la déclaration internationales des Droits de l'homme) La tunisienne compte toujours pour la moitié d'un homme pour l'héritage (quand elle est pas tout simplement privée de ce droit à cause de pratique culturelle dans certain milieu) . Et puis y a toujours cette histoire de "dot" ridicule dans les mariage civile.
Mais que faire face à la bêtise
Rédigé par : Sosso | 21/10/2010 à 12:03
Je n’aime pas beaucoup le mot « DROIT » dans les relations amoureuses et ou conjugales ou familiales. Le mot « droit » soutend que rien ne passe devant lui puisque c’est « LE DROIT ». Ce qui doit régir les interactions intra familiales ou intra amoureuses ce sont les notions d‘Amour, de compassion, de compréhension, de respect de l’ainé, du respect du travail d’autrui, voire de complicité entre les membres d’une même famille amoureuse.
Quand votre fille de 14 ans, ou votre fils, quand votre mère, votre sœur, ou votre femme vous dit « c’est mon droit de » elle ou il balaye d’un revers de main ce que des décennies ont bâtit : je l’ai déjà dit (de compassion, de compréhension, de respect de l’ainé, du respect du travail d’autrui, voire de complicité).
La femme voit dans sa relation conjugale les termes que lui ont appris sa maman et sa culture (civilisation ?). Les femmes tunisiennes ont tous les droits. Mais qu’en font-elles ? Voile ? Divorces ? Politique (coiffure?) Adultère ? Prostitution ? Harcèlement de leur conjoint ? Pétasseries sur le net ? Alcoolisme ? etc. etc.
Les valeurs fondamentales de la vie en commun sont détenues par au moins 50% de nos contemporains : les femmes. Ce qu’elles déploient ou ce qu’elles doivent déployer comme efforts pour la cohésion de notre société leur revient…au moins pour moitié. Alors ne me parlez plus de droit, de liberté, de tolérance etc. Parlez moi d’amour, de compassion, de compréhension, de respect de l’ainé, du respect du travail d’autrui, voire de complicité (déjà dit). Voilà le seul droit que je reconnaisse.
Bien à vous.
Vous pouvez me répondre sur mon blog si vous ne souhaitez pas « polluer » le votre.
MALI
@ Mali:
Il ne s'agit pas de droit entre conjoints, il s'agit de droits légaux. légalement, une femme tunisienne a tous ces droits. Légalement, elle a droit à une CIN, à un passeport, à un travail, à l'instruction... Dans certains pays, ces droits, qui semblent basiques, ne sont pas reconnu aux femmes.
Rédigé par : MALI | 22/10/2010 à 14:25
Madame,
Le droit légal, je ne sais pas très bien ce que cela veut dire. Peut être voulez vous dire qu’il y a droit universel (déclaration des droits de l’homme) qui n’est pas forcément légalisé c'est-à-dire traduit en lois par chaque pays. A ma connaissance seuls l’Arabie, le Yémen et le Honduras n’ont pas ratifié cette déclaration à l’ONU. Il y a des pays souvent voisins qui l’ont ratifiée mais non légalisée ? Pourquoi ? Parce que leur pouvoir , leur législateur s’il existe, considère que l’application de cette charte qu’il ont pourtant signée, est contraire aux bonnes mœurs et à la paix publique.
N’allons pas loin. La Tunisie, modèle s’il en est, de l’émancipation féminine (la tunisienne a obtenu le droit de vote avant la française) n’a toujours pas réglé cette apparente effroyable injustice concernant les successions et héritages : le double pour le garçon et le 8/10ème pour la veuve ou….le veuf. Pourquoi donc Bourguiba du haut de son charisme et de sa main prise sur le pays, alors qu’il buvait en public, dans une arène, un liquide dont on aurait pu mesurer le contenu en éthanol, en plein milieu du Ramadhan, pourquoi, disais je, n’a t il pas modifié cette apparente discrimination ? Parce qu’elle demeure profondément enracinée dans les mœurs et coutumes de notre pays. Abroger cette loi serait imposer la communauté de bien dans le mariage et surtout casser cette notion antédiluvienne : c’est à l’homme et à lui seul de subvenir aux besoins de sa famille. S’attaquer à la succession s’est s’attaquer à la structure familiale telle que définie par des siècles de notre civilisation. Alors que faire ? Un référendum ? Dont le résultat sera à 99,9 %. Un putsch en imposant militairement une telle loi ? Attendre qu’un cataclysme naturel ou surnaturel frappe le pays ?
Vous avez dans votre post surligné certains mots : droit, choisir, décider, dire oui, dire non, liberté. Du droit légal comme vous dites. Bien, tout cela je l’entends bien. Mais de tous ces droits, qu’en fait la femme tunisienne ? Suit-elle la charte fondamentale des droits de l’homme ? Les enfants tunisiens sont t ils mieux éduqués, soignés, accompagnés que les enfants du reste du Maghreb ? Est-ce qu’elle s’amuse plus ? Augmente t elle la richesse du pays ? Rend t elle la vie plus douce pour ses parents, ses enfants ? Son mari ? etc. Etc. Bref que fait donc la tunisienne de tous ces (ses ?) droits ?
J’ai sur mon album photos, j’ai des enregistrements phoniques avec mes grands parents et d’autres et datant d’avant l’avancée ( ?) de la Femme en Tunisie. Les femmes portaient des sifsari (Long linge blanc) sous lequel le maquillage et les belles robes courtes étaient courantes. Elles dirigeaient tout dans leur foyer, les finances, les apparences l’éducation, les mariages, la vie sociales voire les maternités. Elles avaient un travail à temps plein rémunéré selon les possibilités du mari. Sont-elles aujourd’hui plus heureuses de « droit, choisir, décider, dire oui, dire non, liberté ». Je ne sais pas.
Pardon pour ce long laïus.
Bien à vous.
MALI
Rédigé par : MALI | 23/10/2010 à 12:41