Il y a quelques semaines, nous avons diné au restaurant Dar el Jeld. Je n'ai pas résisté et j'ai pris des photos bien que j'en avais déjà prises auparavant. Ce palais est vraiment magnifique. Et on y mange bien.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Cette affiche, encadrée et accrochée sur un mur nous donne un "joli" visage de la Tunisie, toute en paradoxe et ouverte à tous.
Un tableau de Jules Lellouche. Le restaurant abrite d'ailleurs une jolie collection de tableaux.
La ruelle dans laquelle se trouve Dar El Jeld:
Une fenêtre bien originale:
La porte d'entrée:
Pour mes amies blogueuses culinaires, et pour le plaisir des yeux des gourmets, ces quelques photos:
- Une soupe de poisson:
- Une brick à l'oeuf:
- Salade de fruits de mer:
- Une salade tunisienne:
- Hrouss ou poivrons grillés (un vrai délice):
- Une koucha de poisson:
- Lahmet thon:
- Gâteau aux dattes:
- Divers desserts tunisiens:
- Zrayga:
- Thé vert et loukoum:
- Balouza (mais celle de maman est la meilleuuuuuuuuuuuuuuure!)
Miam, comme la cuisine tunisienne est bonne!!! Avis aux amateurs et aux éventuels touristes.
Il y a quelques semaines, j'avais été invitée à assister à la 6ème université d'été de la démocratie des écoles d'études politiques du Conseil de l'Europe sur le thème "Ethique et politique" à Strasbourg. J'avais beaucoup hésité. En fait, j'avais faillit refuser. Je ne veux pas quitter la Tunisie ces derniers temps. Il y a tellement à faire en Tunisie. Et puis, je me suis laissée convaincre. J'ai fini par accepter... et j'ai presque regretté parce que je voulais être à Tunis!
Le premier jour, je m'était aperçue que nous étions plusieurs tunisiens à avoir été invités. De villes différentes. Il parait même qu'il y a toute une délégation de la ville de Kairouan, mais je ne les ai pas rencontrés. Un projet de jumelage entre Strasbourg et Kairouan serait en cours.
J'avais appris que la Tunisie était l'invitée d'honneur de cette université d'été, à laquelle participent plusieurs écoles de sciences politiques de l’Europe de l'est.
Le premier jour, les travaux ont débuté par une assemblée plénière. C'était assez cérémonial, certains "officiels" avaient été invités pour parler aux étudiants et professeurs. Certaines de leurs interventions étaient très intéressantes, d'autres pas vraiment.
En tant qu'invitée d'honneur, la Tunisie a eu droit à un représentant officiel, M.Rafaa Ben Achour, venu parler de la révolution tunisienne devant ce parterre d'étudiants, d'enseignants et de chercheurs. J'ai trouvé son intervention marrante. Il a raconté notre révolution, mais d'une manière un peu édulcorée. C'était marrant de l'écouter tout raconter dès le début. C'était marrant de voir les gens écouter parler de notre Degage, de la Casbah, de la Kobba, de la Haute Instance.... Et quelle fierté lorsqu'il leur a parlé de la loi électorale et de la parité totale entre les hommes et les femmes, avec alternance sur les listes. Parité que même les européens ne connaissent pas.
Nous étions invité à déjeuner sur place. C'était bon. Cela se voit d'ailleurs, non?
Le premier jour, après le déjeuner, j'ai assisté à l'atelier Medias, éthique et pouvoir. Et j'ai constaté que certains problèmes existent partout et certains sujets préoccupent aussi un peu partout.
Si j'ai le temps, j’essaierais de vous résumer ce qui a été dit (je prends des pages et des pages de notes lors de toutes les conférences auxquelles j’assiste, mais je n'arrive pas à trouver le temps pour vous les recopier!)
Entre autres problèmes exposés, la censure des sites à caractère pornographiques et des sites incitant à la haine et au meurtre. Sujet que nous débattons actuellement en Tunisie.
D'après l'intervenante, Mme Sylvie Kauffman, directrice éditoriale au journal Le Monde, rien ne sert de censurer. Elle a rappelé que les censures peuvent être facilement contournées, et que les enfants sont aujourd'hui experts en la matière, ils manient bien les proxys... Elle pense que le seul moyen aujourd'hui de protéger nos enfants de tous dérapages est l'éducation. L'éducation, l'éducation, l'éducation. Et elle n'a pas tort. Il faut pouvoir éduquer ses propres enfants, les responsabiliser, leur expliquer les dangers... Je sais, plus facile à dire qu'à faire.
Le 2ème jours, il y avait plusieurs ateliers très intéressants. Comme il a été difficile de choisir! Ces ateliers se déroulent malheureusement tous en même temps.
J'avais hésité entre :
- L'éducation, vecteur d'une culture politique plus éthique
- Ethique des affaires et corruption.
- Internet, nouveaux médias et évolutions démocratiques
Mais j'avais eu aussi envie de choisir les autres. Comme c'est difficile de choisir. Aurais-je pu me cloner et assister aux 6 ateliers?
J'ai trouvé cette machine dans un débarras chez mes parents. D'après maman, elle se trouvait dans le bureau de mon grand-père (allah yarhmou). Elle m'avait dit qu'il s'agissait d'une calculatrice. Je l'ai prise, amenée à la maison.
Ma Poupée a fait une petite recherche sur Internet et a trouvé ce à quoi servait cette machine.
L'arithmomètre d'Odhner est une machine à calculer à addition et soustraction directes et qui permet de multiplier et de diviser rapidement grâce à une platine de résultat mobile. Je suppose qu'à l'époque, c'était extraordinaire. Pouvait-on imaginer à ce moment-là ce que nos ordinateurs seraient capables de faire moins d'un siècle plus tard!!!!
Nous avons fait bien du chemin en technologie, mais en ce qui concerne les mentalités....
La justice sociale constitue, dans les Temps modernes, une valeur à laquelle adhèrent spontanément les hommes et les femmes, quelles que soient leur religion, leur langue, leur culture ou leur ethnie. Si elle a été intériorisée sans difficulté à une aussi large échelle, c’est qu’elle correspond à une aspiration profonde de l’humanité qui n’a pu l’exprimer, la défendre et l’institutionnaliser, du moins partiellement, qu’en tournant le dos au fatalisme et aux justifications supra humaines de l’ordre social ancien, aussi injuste qu’il l’ait été. L’inégalité entre les hommes et entre les sexes était perçue - comme la pauvreté ou l’oppression - comme naturelle, allant de soi, à l’instar des phénomènes climatiques et des catastrophes qu’ils peuvent provoquer. Ces différentes formes d’injustice étaient simplement atténuées par l’incitation à la charité, à l’aumône, à la mansuétude du prince, et par de semblables solutions de caractère plus moral que proprement juridique.
En soulignant à la fois la nouveauté de l’adhésion universelle à la justice sociale, et la rupture radicale qu’elle marque, en théorie sinon en pratique, avec la hiérarchie inégalitaire admise dans les sociétés pré modernes, on se rend compte des difficultés de mettre en œuvre cette valeur et des oppositions qui se manifestent à son encontre de la part de ceux qui ont intérêt à ne pas la généraliser. Les légitimations religieuses de l’inégalité entre les sexes dans le droit successoral musulman classique sont naturellement à inscrire dans ce contexte.
On sait que le droit de la famille dans les pays musulmans est le secteur qui échappe encore, en tout ou en partie, au droit positif “séculier”. En effet, il est régi le plus souvent par des juges religieux qui appliquent les normes sacralisées des écoles de Fiqh (jurisprudence plus que droit proprement dit) notamment en matière de mariage, de divorce, de filiation et d’héritage. Dans les rares pays où ce sont les juges “civils” qui s’en mêlent, ils sont tenus d’appliquer ces mêmes normes plus ou moins respectées et plus ou moins habilement détournées en faveur de critères en phase avec les valeurs de la modernité. Toutefois, une grande exception est à déplorer dans les efforts d’adaptation de la norme à caractère religieux : c’est le domaine de l’héritage.
On a trop tendance à considérer que les textes du Coran et du Hadîth sont un obstacle infranchissable en pays d’islam à l’évolution du droit successoral vers plus d’égalité entre les sexes. De fait, il existe à ce propos un certain nombre de textes plus ou moins clairs et plus ou moins explicites dont la portée peut être discutée. En revanche, d’autres textes, non moins sacrés ou sacralisés, sont – du moins en apparence – contradictoires, et posent des problèmes réels de compréhension et d’interprétation.
Les plus célèbres parmi les versets qui ont de tout temps posé des problèmes aux musulmans sont ceux qui concernent la “kalâla” (Sourate Les femmes IV/12 et 176). Les traductions, influencées en règle générale par les exégèses classiques, témoignent de la difficulté de connaître la signification exacte de cette notion. En effet, le même mot kalâla est rendu successivement dans les traductions françaises que nous avons consultées par : “absence d’héritiers directs”, dans le premier verset, et par “collatéraux”, dans le second (S. Mazigh), par “absence d’héritier en ligne directe [ascendant ou descendant]”, et par “dévolution d’une succession sans ayant droit descendant ou ascendant” (B. Hamza), par “n’avoir ni parents ni enfants”, et par “parents éloignés” (H. Hafiane), par “dépourvus de successibles directs”, et par “la succession sans successeurs directs” (J. Berque), par “la situation de laisser un héritage sans avoir des héritiers en ligne directe descendante ou ascendante”, et par “la parenté autre que celle du père et des enfants” (R. Khawam), par “n’avoir ni parents, ni enfants”, et par “parenté éloignée” (D. Masson), par “hériter d’un parent éloigné ou d’une parente éloignée”, et par “parents éloignés” (Kasimirski).
Le flou manifeste qui caractérise ces interprétations n’est pas dû uniquement à une difficulté lexicologique, car les dispositions que contiennent ces versets sont inconciliables : selon le verset 12, frères et sœurs du défunt ou de la défunte reçoivent une part égale de la succession, alors que selon le verset 176 un frère reçoit le double de la part de sa sœur.
En outre, certains chercheurs contemporains mettent en doute la lecture courante et son interprétation. Ils n’excluent pas l’hypothèse qu’il faudrait lire, dans le premier verset en question yûrithu à la forme active et dans le sens de laisser une succession à quelqu’un, et non yûrathu à la forme passive et dans le sens d’être en situation d’hériter. Cette lecture est d’ailleurs attestée dans la littérature classique des Qirâ’ât (variantes dans les lectures canoniques). Si l’on se fie à l’étymologie, à la lumière des langues sémitiques comparées, et selon quelques témoignages dans la littérature d’adab, la kalâla pourrait signifier … la belle-sœur ou la belle fille [1]. Tout l’échafaudage construit par les Fuqahâs ne s’expliquerait alors que par la volonté de réserver le patrimoine laissé par le défunt aux seuls membres du groupe, et d’exclure la femme, particulièrement lorsqu’elle n’appartient pas au clan de son mari.
Ces textes ne sont pas les seuls à poser problème. Le verset du Coran La vache II/180 stipule explicitement que les héritiers ne partagent entre eux les biens du défunt qu’après avoir soustrait ce qu’il avait légué par testament et les dettes qu’il avait contractées. Les jurisconsultes, ne pouvant ignorer ces dispositions, les ont détournées de deux façons : ils ont restreint le legs testamentaire au tiers de la fortune, d’une part, et exclu de ce legs les ayants droit à l’héritage, d’autre part. On pourrait comprendre qu’ils avaient raison de ne pas vouloir léser ces ayant droit en limitant le legs au tiers, mais les en exclure carrément revient à se substituer à la volonté expresse du défunt qui, pour mille et une raisons, voudrait privilégier un ou plusieurs héritiers. De surcroit, l’interdiction de désigner un ou plusieurs héritiers n’est-t-elle pas à mettre en relation avec les conflits politiques et sociaux qui ont divisé très tôt la communauté musulmane ? On se rappelle, à cet égard, que les Chiites soutiennent que le Prophète a désigné son gendre Ali pour lui succéder, ce que refusent catégoriquement les Sunnites.
En tout état de cause, les jurisconsultes avaient eu recours, pour justifier leur option, à un hadith censé abroger le texte coranique (lâ wasiyata li-wârith : point de testament en faveur d’un héritier). Or, admettre cette abrogation c’est comme si on admettait en droit positif qu’un arrêté ministériel puisse abroger une loi ou un article de la Constitution. Tous les juristes conviennent qu’il s’agit dans ces conditions d’une aberration pure et simple. Et pourtant, c’est ainsi que les jurisconsultes musulmans ont décidé, sous prétexte qu’en l’occurrence le hadith a restreint la portée générale du texte coranique, sans l’abroger.
Mais la preuve irréfutable de l’intervention humaine dans l’infléchissement des textes coraniques dans un sens défavorable aux femmes et conforme aux valeurs de l’époque qui a suivi celle de la Révélation et vu l’émergence du droit musulman lui-même, est la différence de traitement faite à deux expressions qui n’ont pas rigoureusement le même effet d’obligation, selon les théoriciens du droit (usûliyyûn) eux-mêmes. On lit dans le verset II/180, déjà évoqué : “Il vous est prescrit (kutiba ‘alaykum) que lorsque l’un d’entre vous est sur le point de mourir, s’il laisse un bien, il est tenu de tester en faveur de ses père et mère et des plus proches des siens, conformément à l’usage. C’est une obligation pour ceux qui craignent Dieu” Alors que le verset IV/11 dit simplement : “Dieu vous recommande (yûsîkum) ceci au sujet de vos enfants : au garçon revient une quote-part équivalente à celle de deux filles…” Ce qu’en ont tiré les exégètes et les jurisconsultes est tout à fait à l’opposé d’une saine lecture des textes sacrés : la prescription divine, dans le premier verset, a été considérée comme facultative, et la recommandation, dans le second, comme obligatoire !
Il n’y a pas lieu de suivre cas par cas les situations qui ont abouti à exclure les femmes, totalement ou partiellement, des bénéfices de l’héritage. On ne citera que les subterfuges les plus flagrants consistant à introduire la notion de ‘asaba (parenté du côté du père), absente du Coran, et à instituer le waqf ou hubus (bien de mainmorte) exclusivement en faveur des enfants mâles. Ces deux dispositions, jointes à l’interdiction faite à la femme mariée de jouir pleinement de ses biens au-delà du tiers, et au maintien de la fille vierge, quel que soit son âge, à l’état de mineure dont le père est le tuteur, n’ont en fait qu’un seul et unique objectif : exclure la femme de la vie sociale et économique, et la confiner dans les fonctions subalternes d’épouse ou de fille au foyer.
Ce sont là les décisions des fuqhâs prétendant qu’ils ne font qu’expliciter la volonté divine. Mais le Coran a-t-il vraiment l’intention de légiférer en la matière pour qu’on éprouve le besoin d’interpréter ses versets concernant les successions dans un sens défavorable aux femmes, et de dévoyer parfois franchement ses prescriptions ? Deux aspects de la question incitent à répondre par la négative :
- Le premier aspect est que la différence de traitement entre les hommes et les femmes qui héritent n’est point absolue. Elle se limite effectivement aux enfants du défunt, et ne concerne pas ses père et mère, qui ont des parts égales, lorsqu’il laisse des enfants, ou le frère et la sœur en cas de kalâla, ou les frères et sœurs si leur nombre est supérieur à deux, dans le même cas de kalâla.
Pourquoi cette différence de traitement à propos des enfants ? La réponse est probablement dans l’obligation faite aux hommes de subvenir aux besoins du foyer. La femme en étant dispensée et bénéficiant par ailleurs d’une dot versée par le mari, il peut sembler normal que sa part dans l’héritage soit moindre. Autrement dit, ce sont les conditions historiques et les modes de vie en vigueur dans les sociétés pré modernes qui sont à la base de cette discrimination relative.
- Le second aspect qui démontre de manière irréfutable que le Coran n’a pas l’intention de légiférer pour tous les cas, et que les versets qui se rapportent aux successions sont des réponses circonstancielles à certaines situations concrètes vécues par la communauté musulmane primitive, est que l’application systématique de ces prescriptions s’avère impossible dans plusieurs cas. Prenons deux exemples, tirés d’ailleurs des ouvrages de fiqh. Le premier est presque choisi au hasard, et le second représentant un cas limite:
1) Un homme meurt et laisse une épouse, deux filles et ses père et mère. L’épouse a droit au huitième de l’héritage, soit 3/24, les deux filles ont les deux tiers, soit 16/24, le père a le sixième, soit 4/24, et la mère également le sixième (4/24). Le total des parts excèderait alors l’unité : 27/24 !
2) Une femme meurt laissant un mari auquel revient la moitié de l’héritage, soit 3/6, une sœur de père et de mère, qui mérite également la moitié, soit 3/6, une mère dont la part équivaut au sixième (1/6), une sœur consanguine, méritant aussi le sixième (1/6), ainsi qu’un frère et une sœur utérins, ayant droit ensemble au tiers (2/6). Le total des parts serait dans ce cas presque le double de l’unité : 10/6 !
Une application à la lettre des textes s’avérant impossible, on a eu recours à la technique dite du ‘awl (littéralement : déviation par excès) consistant, dans le premier exemple, à porter le dénominateur à 27 au lieu de 24 (la veuve recevrait 3/27, les deux filles 16/27, etc.), et dans le second exemple à le porter à 10 au lieu de 6 (3/10 au mari, 3/10 à la sœur de père et mère, etc.). On rapporte que c’est le deuxième Calife, ‘Umar, qui recourut le premier au ‘awl. Ceux qui s’opposèrent à cette technique, au lieu de ne pas s’en tenir à la lettre des textes coraniques relatifs aux successions, et ne retenir que l’esprit dans lequel ils furent révélés, prônaient au contraire une autre solution qui consiste à faire bénéficier les premières personnes désignées et à écarter celles qui viennent dans l’ordre après elles, c’est-à-dire concrètement les femmes.
Un croyant sincère refuse évidemment l’idée que Dieu lui-même ou son Prophète ne savent pas compter, ou qu’ils sont incapables de prévoir tous les cas de figure qui ne manqueront pas de se poser, ou bien qu’ils veulent introduire une discrimination absolue entre les sexes. Le Coran fournit simplement des solutions à des situations particulières qui se sont posées du vivant du Prophète, et tient compte de paramètres qui nous échappent dans leur détail, afin d’indiquer quels sont les héritiers prioritaires. Néanmoins, la visée coranique est claire, limpide même : il s’agit, tout en tenant compte des coutumes préislamiques, et en respectant le libre choix de chacun pour la dévolution de sa propriété, de restreindre le caractère archaïque des successions agnatiques régies par le principe de l’ancienneté et non par celui de la descendance directe [2], d’éviter l’accumulation des richesses aux mains d’une catégorie quelconque d’héritiers (le fils aîné, les enfants à l’exclusion des parents, les hommes seuls en excluant les femmes, etc.), et de donner des indications sur l’équité que devraient poursuivre les musulmans pieux, en appliquant les prescriptions et les recommandations divines prises globalement et non point séparément.
S’il en est ainsi, les règles coraniques qui organisent les successions sont avant tout des orientations générales appliquées à des cas particuliers dont on doit constamment rechercher l’esprit. Quant aux règles consignées dans les sources classiques du droit musulman, elles ne sont que le reflet des valeurs qui avaient cours dans les sociétés traditionnelles, lesquelles sont évidemment éloignées des valeurs modernes qui consacrent l’égalité entre les sexes.
Ce qui s’oppose par conséquent à l’introduction de l’égalité successorale entre les enfants dans le droit positif actuel des pays musulmans, ce ne sont pas les textes sacrés explicites, mais bien l’interprétation qui en a été faite dans d’autres conditions historiques. Tant qu’on ne s’est pas débarrassé de cette contrainte qui fait peser sur le présent tout le poids du passé, il est vain de prétendre à une quelconque actualisation du droit successoral ou de tout autre domaine du fiqh. Les changements intervenus dans la structure de la famille, la scolarisation des filles, l’urbanisation, le développement des moyens de communication, se chargeront, entre autres, de favoriser cette libération.
Les mutations que connaissent les sociétés musulmanes contemporaines, et l’amélioration tangible – malgré toutes les difficultés - du statut de la femme dans ces sociétés, ainsi que sa participation de plus en plus accrue à l’espace public, imposeront probablement dans un avenir plus ou moins proche une révision profonde du droit successoral, et mettront fin aux discriminations dont les femmes ont trop longtemps souffert. Cette révision éliminerait d’ailleurs, par la même occasion, les inadéquations de la règle en vigueur à la réalité sociale, et assurerait une cohérence globale de l’ordre juridique et une cohérence interne du droit de la famille, particulièrement là où ce droit répond déjà, comme en Tunisie, aux normes universelles qui respectent la dignité de la femme musulmane et son égalité avec l’homme, en abolissant la polygamie et la répudiation, en instituant à égalité pour les deux parties le divorce judiciaire, et en accordant à la jeune fille la possibilité de choisir elle-même son futur époux [3].
Si le Code du Statut Personnel tunisien s’est appuyé sur un avis minoritaire dans le fiqh pour accorder aux filles du défunt la totalité de l’héritage de leur père ou de leur mère en l’absence de progéniture mâle, la Mudawwana marocaine se veut encore fidèle à l’école de droit malékite, avec cependant certains aménagements qui représentent des avancées certaines par rapport aux normes traditionnelles, sans toutefois toucher aux règles qui régissent les successions. Dans les autres pays arabes, on n’ose pas encore remettre en cause les enseignements du fiqh classique. Mais quoi que fassent les régimes politiques en place dans ces pays pour ne pas heurter de front les représentants de l’institution religieuse et une partie importante de l’opinion publique, ils seront de plus en plus obligés de tenir compte de l’aspiration de la jeunesse et des forces motrices de leur société, ainsi que de la pression de l’opinion publique extérieure et des instances internationales, qui toutes militent en faveur de l’égalité entre les sexes, y compris en matière de successions.
Le droit successoral est indissociable de la nature des régimes politiques. Aussi longtemps que les pouvoirs établis souffrent d’une carence de légitimité démocratique et représentative, ils recourent tout naturellement à la légitimité religieuse traditionnelle et n’ont aucun intérêt à couper la branche sur laquelle ils sont assis. C’est donc uniquement lorsque la société, et notamment son élite éclairée, se prend elle-même en charge et refuse la soumission et l’obéissance aveugle aux pouvoirs qu’elle ne choisit pas elle-même et change quant elle le veut, que le droit successoral peut être débattu publiquement et révisé dans le sens de l’égalité complète dans toutes les situations.
Il est incontestable qu’il n’existe pas de droit parfait en la matière. Les coutumes, les normes sociales, les rapports de force, les systèmes économiques et bien d’autres facteurs interviennent dans l’établissement des régimes des successions. La question n’est donc pas d’aboutir à satisfaire toutes les parties. Ainsi, on peut se demander, au vu de l’allongement de l’espérance de vie et de l’éclatement un peu partout de la structure familiale traditionnelle et élargie, à quel degré on s’arrête pour faire bénéficier les ascendants ? De même, avec la participation de la femme à l’acquisition des biens dans un foyer, quelle est la part qui devrait logiquement lui revenir ? Quel est également le taux de taxation le plus indiqué appliqué aux grandes fortunes ? Est-il encore admissible d’écarter les enfants dits naturels nés en dehors du mariage institutionnel ? Autant de questions – et il y en a plein d’autres - auxquelles on ne dispose point de solution satisfaisante à cent pour cent. Il s’agit essentiellement de tenir compte des situations nouvelles dans les sociétés modernes, de ne pas s’en tenir à un droit figé, et surtout de parvenir à une égalité entre hommes et femmes.
A cet égard, les pays musulmans enregistrent un retard considérable à combler. Les intérêts machistes dans la perpétuation du droit classique y sont indéniables, étant entendu que, même avec ses imperfections, ce droit n’est pas appliqué intégralement dans plusieurs contextes où la femme est exclue entièrement de l’héritage. Ce qui démontre que le facteur religieux et culturel en général n’est pas le seul responsable des discriminations criardes qui continuent à sévir. Les justifications à caractère religieux ne sont en définitive que la couverture masquant des enjeux économiques, politiques et sociaux, moraux et matériels. Les dénoncer est certes une opération salutaire et nécessaire, et s’inscrit dans le difficile processus de modernisation de la pensée religieuse en islam comme dans le judaïsme et le christianisme. Cependant, elle n’est pas suffisante, car ces justifications ne perdent à la longue de leur pertinence que grâce notamment aux luttes que mènent les femmes – et les hommes qui en sont solidaires - pour améliorer leur statut, et sous la pression des changements qui interviennent dans les modes de production et de vie.
Rappeler les diverses dimensions de la question sensible de la révision du droit successoral, c’est s’écarter en définitive du culturalisme dans lequel tombent trop souvent, à notre avis, les gender studies, et de la vision essentialiste de l’islam, rendu, en tant que tel, coupable, dans les médias occidentaux en général, des dérives inégalitaires du fiqh classique. En d’autres termes, s’ouvre ainsi un vaste chantier où toutes les bonnes volontés trouvent à s’exercer sur plusieurs fronts et non sur le seul plan de la religion, en répudiant les clichés, les amalgames et les simplifications abusives. Il n’en demeure pas moins que la difficulté principale provient justement du fait que le monde mental hérité du passé cherche toujours à se perpétuer, et que même si on vit à l’ère d’Internet et des communications à la vitesse de la lumière, on agit souvent avec la mentalité tribale et sous l’emprise de ses valeurs surannées. L’individualisme rampant ne laisse encore de place ni à la solidarité effective, ni à la citoyenneté qui exige l’égalité de tous devant la loi, sans la moindre exception.
* - Communication au colloque “Culture et genre” , tenu à Rabat le 19 – 10 – 2009.
[1] - Cf. D. S. Powers, Studies in Qur’an and Hadith. The formation of Islamic Law of Inheritance, University of California Press, 1986, pp 209 – 216.
[2]- Cf. R. Brunschvig, “Un système peu connu de succession agnatique dans le droit musulman”, in Etudes d’islamologie, Paris, Maisonneuve 1978, pp 53 – 64.
[3] - Voir à ce propos l’excellent opuscule de Ali Mezghani et Kalthoum Meziou, L’égalité entre hommes et femmes en droit successoral, avec une postface en arabe de Zahia Jouirou, Tunis, Sud Editions 2006.
La présentation a commencé par une intervention de M.Abdelmajid Charfi pour lequel il existe deux YBA, le savant qui expose les thèses classiques et le militant engagé. Cet ouvrage, serait d'après M.Abdelmajid charfi, l'œuvre du militant qui l'aurait écrit avec un cri du cœur.
M.Abdelmajid Charfi a aussi précisé que ce livre avait été écrit en 2010, donc avant la révolution, mais édité en 2011, d'où son intérêt parce qu'il s'agit surtout d'une réflexion profonde ne tenant pas compte d'impératifs du moment. Il s'agit donc d'une pensée structurelle et non pas conjoncturelle.
Je vous conseille de lire cet article "Yadh Ben Achour présente La Deuxième Fâtiha ouvrage philosophique pour les uns, politique pour les autres" de Seif Soudani qui résume très bien comment s'est déroulée la présentation. J'aurais quand même une petite rectification à faire: le dernier intervenant, qui s'est assis à la table de YBA sans y être invité, n'a pas chanté "un chant identitaire et religieux", il a prétendu avoir écrit un poème pour l'occasion. Ce qui est faux. Il s'agit en réalité d'un poème de Sghaier Ouled Ahmed, poète tunisien.
Par rapport à cet article, je voudrais juste ajouter quelques remarques personnelles, qui relèvent plus du ressenti que de la raison.
Tout d'abord, je voudrais revenir sur le principe de la non souffrance dont M.YBA a longuement parlé: "la souffrance que je refuse pour moi, je la refuse pour tous les autres". De là découle d'après lui le refus de la torture, le refus de porter atteinte à l'intégrité physique...
Ce qu'il a dit là m'a rappelé la règle d'or: "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse". Cette règle existe dans pratiquement toutes les religions, y compris dans la religion musulmane: "Aucun d'entre vous ne croit vraiment tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même".Hadith 13 de al-Nawawi. J'adore cette règle, si elle était vraiment appliquée, nous serions tous très "heureux". Personnellement, elle est pour moi la base de tous nos rapports et j'essaye de la respecter autant que possible.
De quoi parle ce livre?
Je ne l'ai pas encore lu, juste acheté. Mais d'après M.Abdelamajid Charfi et M.YBA, ce livre nous donne une nouvelle lecture des versets 23 à 37 de la sourate Al Isrâ’. Ces versets seraient une sorte de commandements. Il s'agit d'une éthique de la responsabilité. D'après M.YBA, à part la beauté esthétique extraordinaire de ces versets, ceux-ci donnent en plus un aperçu sur les droits de l'Homme dans l'Islam.
D'après M.YBA, il y a plusieurs façons de lire le Coran. Il vaut mieux le lire avec des yeux modernes pour y trouver une pensée des droits de l'Homme. Hélas, la majeure partie des musulmans lisent le Coran avec des yeux salafistes et rétrogrades. L'essentiel aujourd'hui est donc de savoir sélectionner nos méthodes de lecture.
Je suis tout à fait d'accord avec ce que dit là M.YBA. Et cela me ramène à ma jeunesse, période où autour de moi, on me disait la même chose. Période où on voyait la beauté de la religion musulmane et où on l'interprétait selon des règles humanistes et universelles, et où la tolérance et l'ouverture d'esprit avaient la prédominance. A cette époque là, on faisait surtout attention à l'esprit de la religion musulmane. Période où la morale avait bien plus d'importance que les rites ou dogmes. Je me rappelle qu'enfant et adolescente, autour de moi, aussi bien dans ma famille qu'à l'école, on me parlait de la religion musulmane comme d'une religion merveilleuse, qui s'occupait surtout de l'esprit, des relations des gens entre eux, de l'amour entre les Hommes, de la compréhension, de la tolérance, de la morale sociale... A l'époque, il n'existait pas de discussions sur le fait de savoir s'il faut descendre de son lit avec le pied droit ou le pied gauche, si un parfum pouvait empêcher le jeun, s'il faut se mettre un vernis à ongles avant ou après les ablutions pour la prière... Toutes ces discussions inutiles n'existaient pas Dieu merci. Écouter M.YBA m'a rappelé à quel point l'islam pouvait être beau et m'a montré à quel point aujourd'hui certains voulaient le dénaturer.
M.Abdelamjid Charfi a d'ailleurs fait allusion à cela en relevant que dans le chapitre IX "La lettre et l'esprit", on pose la question: dans quel esprit les révélations ont-elles été faites?
En fait, tout est question de références. Les intégristes, les salafistes et les passéistes ont une vision particulière. Et j'ajoute qu'il est regrettable qu'aujourd'hui certains tunisiens soient entrain d'épouser cette vision réductrice de l'Islam.
M.YBA a insisté sur l'universalité des droits de l'Homme. Pour lui, il ne faut pas faire de distinctions entre les êtres humains. Il ne faut en aucun cas tenir compte du sexe, de la couleur, de la race... Les droits de l'Homme concernent tous les humains sans aucune distinction. La nature est pleine de différences et les droits de l'Homme refusent ces différences et doivent se construire en faisant abstraction de tout. La culture des droits de l'Homme doit être supérieure. Il faut tout transcender: nature, culture, histoire... Si nous faisions des distinctions, nous ne ferions que nous battre toujours entre nous. Nous entrerions dans le relativisme. Les droits de l'Homme ont besoin d'absolu et d'universalité. M.Abdelmajid Charfi n'est pas d'accord. Pour lui cela serait trop idéaliste.
M.YBA a rappelé qu'il est actuellement plongé dans le feu de l'action. Il a même été menacé lorsqu'il avait dit que sa première religion est la démocratie. Certains esprits n'ont pas compris ce qu'il voulait dire. Il voulait en réalité dire qu'il voulait une religion personnelle, réelle et authentique, et cette religion ne peut être fondée que sur la liberté et l'auto-détermination personnelle et non pas sur le conformisme. Il a rappelé qu'il venait d'une famille religieuse et conservatrice, mais qui lui a appris l'autonomie et la liberté personnelle et lui a permis de choisir. La religion est un choix personnel et non pas un héritage familial ou culturel. Chaque personne devrait choisir sa religion en toute liberté. Lui-même se sent musulman parce qu'il a choisit cette religion, non pas par tradition familiale, mais par choix personnel, convaincu et réfléchis. Encore une fois, je suis totalement d'accord avec M.YBA. L'important est de choisir ses croyances en toute liberté. C'est à mon avis ce qui donne encore plus de valeur à ce choix. Ne vaut-il pas mieux être musulman (ou chrétien, juif ou autre) par choix et conviction plutôt que par un simple accident de naissance?
Cette remarque m'a d'ailleurs rappelé une discussion avec M.Lotfi Zitouni de la Nahdha. Il avait dit presque la même chose il y a quelques semaines. Mais je n'étais pas d'accord avec lui. En effet, M.Zitouni avait fait cette distinction entre le musulman par tradition et le musulman par choix pour faire une division et une hierarchie entre les Tunisiens. Il disait que tous les tunisiens n'étaient pas vraiment musulmans et que seuls l'étaient ceux qui prononçaient la chahada par choix et que ce choix devait provenir du plus profond d'eux-mêmes. Et les autres? Et n'étant pas de vrais musulmans, restent-ils quand même de bons citoyens?
Comme quoi, on peut penser pareil, mais pour des objectifs complètement opposés!!!
M.Ghazi Gherairi a pris la parole. Pour lui, ce livre est éminemment politique. Il pense que M.YBA commence par un constat et une interrogation. La plupart des pays arabo-musulmans ont un problème avec la modernité et ont renoncé à une certaine norme de la morale, de l’esthétique et du droit. Pourquoi les musulmans ont-il des difficultés pour s’insérer dans l’esprit des temps modernes? Comment retrouver l’inspiration du début de la religion musulmane? M.YBA a l’espoir d’une certaine conciliation entre les droits de l’homme et l’Islam. M.Gherairi dit d’ailleurs avoir été interpelé par le chapitre X "La loi de Dieu et la purification des sociétés impies" qui parle de la théologie du soupçon et de la théologie de la purification. Il y a aujourd’hui l’émergence d'une théorie qui nie par principe la pensée des droits de l'homme et tout ce qu'elle considère provenir de l'occident. Or le livre écrit en 2010 trouve une résonance dans la révolution tunisienne. Lors de cette révolution, non seulement il n'y avait aucun slogan religieux ou identitaire, mais en plus les valeurs des droits de l'homme ont été à l'origine de cette révolution. Il faut aujourd’hui relire ce chapitre X et y trouver une question d’actualité et une matière constitutionnelle. Aujourd’hui, il y a un éclairage nouveau sur ce chapitre X.
Suite à cette question posée par une personne présente: comment faire admettre à la base que sa religion est la liberté? M.YBA a été amené à parler du système éducatif tunisien qui est d'après lui complètement défaillant. D'après lui, les peuples sont aujourd'hui cultivé, mais aussi cultivables. Il faut développer les peuples selon les capacités de chaque personne. Il y a des nations qui éduquent et qui donnent à l'ensemble de leurs peuples une éducation qui leur permet de s'ouvrir à toutes les lumières de la science et de la connaissance. Mais il y a malheureusement aussi des nations qui sont complètement déficientes sur ce plan-là et qui ne donnent pas à leurs peuples les moyens de s'ouvrir aux lumières de la science et de la raison. En Tunisie, en janvier 2011, ce n'est pas l'élite qui a fait la révolution, mais le peuple. Qu'avait-il demandé? Il avait demandé la liberté d'abord, la dignité, l'État de droit, le pluralisme, etc... Si nous voulons poursuivre le chemin dans ce sens, il faut réellement reconsidérer notre système éducatif qui n'ouvre pas l'esprit aux lumières et à la culture. C'est un système éducatif renfermé sur lui-même (regardez les programmes d'histoire, les programmes de littérature...) qui enferme les esprits et forme des esprits étroits, trop concentrés sur l'orgueil national, sur l'identité, sur l'authenticité... Or ces perspectives sont fausses et ne mènent à rien, nous pouvons hurler que notre culture est la meilleure, que dans l'histoire nous avons été les plus forts, les plus intelligents, que nous avons été ceci ou cela..., cela ne changera rien à l'état des lieux, nous sommes aujourd'hui une civilisation mineure. Pourquoi? Parce que nous nous sommes condamnés nous-mêmes à la médiocrité par des systèmes éducatifs archaïques, par des systèmes d'éducation familiale qui sont aussi archaïques, par un manque de développement de l'autonomie dans l'esprit de l'enfant, par des systèmes familiaux basés sur l'utilisation de la violence contre les enfants... nous créons des violents à l'école et dans nos familles. Il faut cesser tout cela. Ce peuple qui a réussi à faire cette révolution, il faut l'aider par le développement de la culture, de la culture ouverte, de la culture des droits de l'homme, il faut refaire notre système éducatif, il faut refaire les programmes d'histoire, d'éducation religieuse, de littérature....
Merci M.Yadh Ben Achour. Farhatdtli 3ala 9albi!!!! Mais je voudrais ajouter une précision: il y a une distinction à faire entre le système éducatif tunisien d'avant Mzali et après Mzali, et surtout une distinction à faire entre le système éducatif de l'époque Bourguibienne et celui de l'époque Ben Ali, époque où la médiocrité a été développée sur tous les plans.
Hier, je suis allée voir l'expo de groupe "Votez" à l'Espace d'art Mille Feuilles, Marsa Plage.
Pour la première fois, nous allons tous voter. Eh oui. Pour l’avenir du pays, pour plus jamais ça, pour de nouvelles couleurs, pour les enfants futurs, pour la liberté de tous, pour votre Tunisie. Qui eût cru qu’un jour ce verbe « voter » allait être utilisé couramment, en Tunisie, et pas pour Star Academy ? Pour ne pas oublier, accordons une minute de réflexion, rien qu’une minute aux années précédentes, et dont nous nous sommes libérés, accordons une minute de réflexion aux pays qui croulent encore sous leurs dictateurs. Quand Artyshow nous proposa ce projet d’affiches électorales par des artistes-citoyens, nous étions loin de nous rendre compte de l’impact que cela aurait auprès des artistes contactés, qui sont différents de par leurs perspectives artistiques, mais unis par leur désir sincère de contribuer à la construction d’une vraie société libre, libre et libre. Alors réfléchissez bien avant de voter, car c’est irréversible. A moins que vous n’ayez une machine à remonter le temps. Et encore.
Le 9 Juillet, soit deux jours avant le démarrage officiel de l'inscription aux listes électorales, Artyshow & Mille Feuilles vous invitent à l’exposition d’affiches « VOTEZ ! », par les artistes :
Amine Lamine (Graphik Island) Audifax O’Hanlon Claire Daoud Daly Belkadhi Dux Duk Hafedh Khediri (Sk-One) Héni ben Mariem Hédi Ladjimi (Kasbah Factory) Henri Ducoli Karim Latrous (Jaye Frd) Lilia Golli (Liloone) Meen One Mohamed ben Soltane Nell.y (Artwork Frd) Oussema Troudi Willis From Tunis
En ce qui me concerne, je trouve que cette expo devrait être vue par tous. En effet, cela permettrait peut-être à certains de se rendre comte à quel point il est important, voire crucial, d'aller s'inscrire sur les listes électorales pour pouvoir aller voter le 23 octobre prochain.
J'ai pris quelques photos pour vous donner un petit aperçu de l'expo. Malheureusement, les photos ne sont pas belles. Il y avait trop de fénêtres, trop de lumière et trop de reflets sur les vitres. Personnellement, j'aurais préféré que ces affiches soient mates ou satinées. Cela aurait été plus facile de les prendre en photo d'ailleurs.
Je vous conseille d'aller voir sur place, et en parler autour de vous pour faire un max de pub à la nécessité d'aller s'inscrire pour pouvoir voter.
Vendredi 01/07/2011 a eu lieu une conférence de presse de Lam Echaml à propos des évènements du 26 juin 2011 lors de la manifestation culturelle «Touche pas à mes créateurs» qui avait pour but de dénoncer les agressions à l’égard d’artistes et citoyens tunisiens et de susciter un débat national à propos de la liberté d’expression.
Ensuite, il y a eu un petit exposé pour expliquer les raisons qui ont motivées l’action «Touche pas à mes créateurs » et la décision de défendre la liberté d’expression.
Le représentant de l’Institut Arabe des Droits de l’Homme, coorganisateur de la manifestation, a pris la parole, il a expliqué que les atteintes aux libertés contre les créateurs et artistes, mais aussi contre de simples citoyens sont devenues trop importantes et qu’il est temps de les dénoncer. Exemples: des jeunes qui voulaient fêter une réussite au bac en ont été empêchés, des gens qui voulaient se baigner ont été agressés, une église a été attaquée... Assez, cela suffit. Il n’est plus possible de tolérer cela. Il faut s’unir tous et arrêter ce genre d’agressions.
M.Habib Bel Hédi, responsable de la salle de cinéma l’AfricArt, qui a été battu et blessé par une bombe à gaz, a ajouté que nous citoyens, bons et moins bons, refusons cette violence. «Tous les jours, il y a des agressions contre les artistes. Nous ne nous tairons pas face à ces agressions. La violence ne doit pas exister, et personne n’imposera sa loi aux autres. Ces gens qui nous ont agressés n’acceptent pas les autres, ces gens veulent imposer leurs choix, ils veulent nous faire peur, mais nous n’avons pas peur. Ces gens, ceux qui ont un visa et ceux qui ne l’ont pas, sont complices. Ils sont unis pour nous faire peur. Mais nous n’avons pas peur, et nous ne nous tairons pas. Ils veulent nous terroriser. Mais ils n’y arriveront pas. Le prix de la liberté est cher, mais nous ne nous tairons jamais. La liberté n’accepte pas de marchandages. Un créateur est libre, il peut dire ce qu’il veut tant qu’il ne diffame pas. Ces gens se disent être la loi, mais non, même si nous sommes en révolution, il faut respecter la loi et l’ordre public, et ces gens n’imposeront pas la leur».
Il a continué en s’en prenant à la police. «Où était-elle? La salle de l’AfricArt se trouve à quelques mètres du ministère de l’intérieur. Nous sommes allés nous plaindre à eux, certains nous ont répondu que puisque vous avez enlevé le dictateur, assumez maintenant. D’autres ont dit : comprenez qu’il y a un problème entre la justice et la police. La police arrête les coupables, mais la justice les relâche, à quoi bon les arrêter alors?»
Si la sécurité n’est pas assurée, que va-t-il se passer? Ces gens ont prévenu que ramadan sera chaud et sanglant.
M.Bel Hédi a aussi rappelé que la chaine de TV Al Jazeera a menti en prétendant que lui-même et M.Sadok Ben Mhenni avaient agressé ces gens qui auraient été obligés de se défendre.
M.Sadok Ben Mhenni: je suis un simple citoyen. Je ne suis pas là pour dire que je suis militant ou pas. Nous n’avons tous pas assez milité pendant de longues années. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de nous comporter en citoyens. Citoyens avec nos droits et nos obligations.
Je ne fais pas partie des organisateurs, j’ai juste voulu assister à cette manifestation culturelle qui prévoyait aussi de la poésie, de la chanson…
Je suis membre de 2 associations, mais je suis venu en tant que citoyen.
Pourquoi ai-je été à l’AfricArt ?
En tant que citoyen, j’ai suivi l’actualité et j’ai remarqué toutes les agressions subies par les créateurs. J’aime les créateurs, et je suis venu pour être fier de nos créateurs, en plus, je suis un passionné de la liberté d’expression. Je suis un amoureux de la liberté d’expression des autres avant même ma propre liberté d’expression. Je suis venu pour assister à une manifestation culturelle, en plus, les organisateurs et les spectateurs n’étaient ni sur l’avenue Habib Bourguiba, ni sur l’avenue Mohamed V. Ces gens ont choisi de se réunir dans une salle de cinéma, sans embêter personne.
Pourquoi suis-je autant amoureux de la liberté d’expression?
Est-ce du à mon éducation? A mes lectures? A mon passé politique?
Qu’est ce que cette manifestation pour moi ?
En tant que citoyen tunisien, il est de mon droit de choisir et de décider d’aller voir un film ou pas. C’est mon choix et mon droit. Ces gens m’en ont empêché. Ces gens m’ont empêché d’exercer mon droit de choisir et de vouloir voir un film, ou de circuler dans une rue que j’ai choisi, ou d’aller rendre visite à qui je veux. J’ai défendu mon droit à être dans la salle de cinéma l’AfricArt. Par contre, eux disaient devant toute la salle qu’ils étaient disposés à venir dans nos maisons pour nous surveiller, pour surveiller ce que nous mangeons, ce que nous disons, comment nous nous habillons...
Malgré cela, aucun d’entre nous n’a répondu à la violence par la violence. Ces gens avec qui je discutais, m’ont menacé de m’égorger. Ils disaient parler au nom de la religion, et m’égorgeraient si nécessaire.
Par ailleurs, lorsque j’ai été attaqué avec un produit que je ne connais pas et que j’ai perdu la vue momentanément, je n’étais pas entrain de regarder le film, j’ai été attaqué alors que j’aidais Habib Bel Hédi qui était à terre et qui était roué de coups. Cela veut-il dire que n’avons pas le droit de secourir une personne? Ces gens m’ont empêché de secourir une personne en danger. Cela veut dire que demain, si l’un d’entre nous voyait une personne se faire agresser sur l’avenue Habib Bourguiba, il ne doit pas la secourir. Et cela est déjà arrivé depuis le 14 janvier, et les menaces sont devenues aujourd’hui des attaques physiques.
Nous n’avons pas répondu à la violence par la violence, mais nous n’avons pas fui. Et nous avons choisi de ne pas répondre à la violence par la violence bien que nous étions bien plus nombreux et que nous aurions été vainqueurs. Sans nous concerter, nous avons bien réagis.
Je dis mon admiration aujourd’hui pour les femmes tunisiennes qui n’avaient pas fui ce jour-là et ont montrée qu’elles étaient courageuses.
Certains journalistes ont posé des questions auxquelles les organisateurs ont essayé de fournir des réponses.
Q : Depuis dimanche, les gens parlent d’un complot et disent que ce qui est arrivé n’est pas vrai. Lam Echaml devrait sortir et parler aux gens. Par ailleurs, pensez-vous que la police est vraiment coupable ?
R : Concernant les mondassins, notre position est claire : la responsabilité est politique. Nous ne savons pas exactement qui sont ces gens, qu’ils soient mondassins ou autres, c’est aux autorités de faire le nécessaire.
Des gens auraient pu être tués et la police n’a rien fait. Nous exigeons des explications : qui est responsable de tout cela ? Pourquoi n’y avait-il pas de sécurité?
Tant que nous n’aurons pas d’explications, toutes les interprétations sont possibles.
Q : Qui accusez-vous exactement? Qui sont ces gens?
R : Qui sont ces gens? Qui les a poussés? Qui les a payés? Nous ne savons pas. Nous espérons que l’enquête policière nous le dira. Nous avons porté plainte et nous verrons bien.
Ce qui est clair, vu le drapeau et les slogans, c’est que ces gens sont des islamistes. Rached Ghannouchi les a défendus. M.Bhiri aussi. Donc, qui sont ces gens? Nous ne le savons pas exactement mais on voit très bien qui les défend!
L’essentiel est de savoir qui les a commandités. Quels partis exactement? L’enquête le dira. Mais lorsque les partis islamistes ne condamnent pas clairement, et au contraire justifient de tels actes, chacun peut penser que ces partis sont complices. Pour qu’ils soient entièrement disculpés, ces partis devraient publier des communiqués où ils condamneraient de tels agissements et appelleraient à la liberté d’expression, à la liberté de pensée et à la démocratie en toute clarté.
Mme Zeyneb Farhat: Je parle en mon âme et conscience. Ce qui est arrivé dimanche est horrible. Mais je voulais rappeler en plus que M.Abdelghani et son espace culturel ont été attaqués 4 fois depuis le 14 janvier, qu’il a réclamé et porté plainte en vain. Au Téatro, nous avons aussi été attaqués lors de la réunion de l’association Le Manifeste.
Nous, citoyens, notre position est claire. Nous, Lam Echaml des démocrates, croyons que la Tunisie est libre, indépendante et démocratique, et nous disons NON au retour en arrière et NON au salafisme.
Aujourd’hui, en tant que citoyenne, moi personnellement, je rends responsable le Ministre de l'Intérieur et le Ministre de la Justice. Ils sont responsables. Où sont-ils? Que font-ils? Pourquoi ne remplissent-ils pas leurs devoirs? Nous payons des impôts et ils ne font pas ce qu’il faut.
Ces gens qui attaquent sont toujours les mêmes, ils les arrêtent et ensuite les relâchent. Pourquoi? Ces gens sont entrain de nous menacer. Or, chacun d’entre nous est libre. Nous sommes citoyens et sommes responsables. Je pense que nous devons, sur tout le territoire tunisien, faire une manifestation nationale pour dire NON. NON A LA VIOLENCE. Mais cela n’est pas suffisant. BCE nous parlé au Palais des Congrès, il avait dit pas de violence. Il avait promis la sécurité à tous. Où est tout cela?
Où es-tu, toi, Premier Ministre?
Où es-tu Ministre de l’Intérieur? Pourquoi ne remplis-tu pas ton rôle?
Et la justice? Où est la justice?
Et j’assume ce que je dis.
Et toi Ministre de la Justice, pourquoi des gens arrêtés sont-ils libérés sans condamnations?
Les violences sont commises depuis février, et vous, que faites-vous? Vous ne faites rien pour assurer notre sécurité? Vous vous taisez?
Nous payons nos impôts, vous vous empressez de payer les dettes de ben Ali et vous ne vous empressez pas d’assurer notre sécurité? Même pas un minimum? Que voulez-vous que nous fassions? Que nous nous défendions nous-mêmes? Que nous portions des armes pour nous défendre?
C’est mon droit d’exister, que cela soit en bikini ou en burqua, c’est l’un de mes droits.
Habib Bel Hédi: La réaction du parti Nahdha est étonnante. La nahdha a fait un meeting au Palais des Congrès et y a invité Psycho M. Ce chanteur dit qu’il souhaite avoir une kalachnikov pour pouvoir tirer sur Nouri Bouzid. Ce même chanteur, contre lequel une plainte a été déposée depuis décembre 2010 est libre, bien que dans sa chanson il incite au meurtre de Sawsen Maalej et Olfa Youssef et dit vouloir remplacer le drapeau tunisien par le drapeau salafiste. Or, Rached Ghannouchi défend Psycho M et dit qu’il s’agit de liberté d’expression. Pourquoi d’après Rached Ghannouchi est-ce que Nadia Al Fani n’a pas ce même droit à la liberté d’expression alors qu’elle n’incite ni à la haine, ni menace quiconque de mort?
Mme Moufida Belghith, avocate, membre de l’association ATAC et militante a pris la parole: Lam Echaml n’accuse pas la justice, mais demande que la justice fasse son travail et poursuive les agresseurs. Il y a des indices qui prouvent qu’il n’y a pas une volonté réelle de poursuivre ces gens:
- La police a tardé à intervenir
- Les agressions qui ont eu lieu devant le Palais de la justice contre quelques avocats ont été perpétrées par les mêmes personnes que celles qui avaient attaquées l’AfricArt, or, il n’y a pas eu de mesures sérieuses prises contre elles.
Après cela, il n’y a pas toujours de position claire de la justice.
Le citoyen tunisien est menacé. La justice et le gouvernement provisoires doivent prendre leur responsabilité.
M.Abdelaziz Fehri, de l’initiative l’Initiative Citoyenne: Les photos sur facebook sont claires, la plupart des personnes qui nous ont attaqués à l’AfricArt sont les mêmes personnes que l’on voit dans les meetings de la nahdha, et ces photos le prouvent. Ces gens sont connus et le mouvement Nahdha est complice, même si Rached Ghannouchi fait semblant de ne pas les connaître.
Une personne a témoigné que certaines personnes qui ont attaqué l’AfricArt sont des personnes qui participent au sit-in du massir qui se tient à la place des droits de l’homme. Leurs photos sont aussi sur facebook.
En conclusion, Lam Echaml a remercié les gens qui sont venus voir le film. Ils ont été formidables et solidaires. Lors du danger, ils ne se sont pas défilés et ont affronté le danger. Au début, ils étaient environ 200, ensuite lorsqu’il y a eu les agressions, ils étaient plus de 400, il y en avait partout. Merci à toutes ces personnes.
Lam Echaml continuera son combat pour:
- la liberté,
-la liberté,
-la liberté
-la démocratie
- l’égalité.
UPDATE: Une marche pacifique co-organisée par Lam Echaml et plusieurs partis politiques aura lieu ce jeudi 07/07/2011 à 18h à partir de la Place Pasteur vers l'avenue Med V. Soyez nombreux.
Je vous fais un copier/coller d'un texte écrit par M.Fathi Hadj Yahyia à l'occasion de l'action Touche pas à nos créateurs, organisée par Lam Echaml:
حملة شعواء تشنّ على صفحات الفايسبوك وعلى منابر أخرى ضدّ النّوري بوزيد وناديا الفاني، وكانت سبقتها حملة مماثلة ضدّ سوسن معالج وغيرها من الفنانين والفنّانات عبر بعض أغاني الرّاب. قبل ذلك تعرّض عدد من المثقفين والمثقفات من أمثال رجاء بن سلامة وآمال قرامي وغيرهم إلى نفس التكفير وتأليب الرأي العامّ عليهم بدعوى الفسوق والمجون والتسخّط والكفر والإلحاد والزّندقة والضلالة والمروق والبطلان والجهالة والردّة والزّيغ وغيرها من المصطلحات التي يزخر بها قاموس الفقه الذي تأسّس وسط المعارك الطاحنة بين أصحاب الدّين الواحد قبل أن يتشتّتوا فرقا ومللا ومحلا لا يزال ساريا إلى اليوم.
هذه الظّاهرة الجديدة في بلادنا كان يمكن أن تكون هامشية وبفعل بعض الأطراف التي لازالت ذهنيّتها تتغذّى من ثقافة التزمّت الديني والعقد النّفسية لولا وقوف أهمّ الأحزاب الإسلامية موقف الغموض الواضح منها وعدم الفصل فيها ربّما من باب عدم المجازفة بالتّصادم مع قواعدها أو من باب الاقتناع بوجاهة الحجج التي تستند إليها الحملة المذكورة. فأن يصعد مغنّي الرّاب على الرّكح في اجتماع جماهيري تنظمه حركة النّهضة ليتفوّه بما تفوّه وجزء كبير من الحاضرين يكبّرون ويهللون عند سماع أسماء الفنّانين المدانين لفي الأمر مهزلة تنتمي إلى سجّل محاكم التفتيش وإثارة الكراهية في النّفس البشرية وتسليح الأيادي بأيديولوجيا التكفير.
قبل أيّام من هذا الحدث تعرّض السينمائي النّوري بوزيد إلى اعتداء فاضح من قبل أحد المهوسين التي قد يكون حاضرا في مثل الاجتماع وغيرها من بعض الخطب في الجوامع بما يمنح له راحة الضّمير والقناعة بأنّه يؤسّس لعقيدته في محاربة الخارجين عنها كما تصوّرهم خطابات القياديين والدّعاة الذي يحلو لهم استعطاف الجماهير ببثّ الخلط بين العلمانية والإلحاد، وبين حريّة الفكر والخروج عن الأمّة. أكيد إنّ قياديي النّهضة لم يعطوا أوامرهم المباشرة لاقتراف مثل هذه الأفعال ولكنه من غير المتأكّد بأنّ حزمة أفكارهم لم تتحوّل إلى شحنة عقائدية لا يفصلها سوى خيط شفّاف بين توجيه أصابع الاتّهام إلى رموز ثقافية معينة وبين تسليح الأيادي ليتحوّل الظنّ إلى فعل لا سيّما وإنّنا لم نسمع شجبا أو معارضة صريحة رغم سيل الحديث عن الديمقراطية والتسامح واحترام حرية المعتقد والفكر.
أمامنا اليوم مرحلة حسّاسة ستخوض فيها جميع الأطراف أوّل حملة انتخابية خارج سلطان الدّولة والحزب الواحد والبوليس، ولا رقيب فيها سوى الضمير قبل القانون. لذا وجب التّذكير بأنّ إثارة المشاعر الدينية للمواطن وفق رؤية بدائية وشعبوية لقضايا المعتقد، وعدم التأسيس لفلسفة الآخر المشابه والمختلف في الآن ذاته، والتأسيس لمشروعية ووجاهة الرأي السياسي بإسنادهإلى التعليل الديني هي مخاطر تهدّد المسار الديمقراطي وتقف عائقا دونالارتقاء بوعي المواطن إلى ثقافة العقد الاجتماعي وعدم الخلط بين المعتقد الذي يهمّ وجه الروحانيات في الإنسان وبين مقوّمات العيش المشترك الذي يتطلب وضع قوانين وتشريعات تسيّر الحياة الاجتماعية وتفنّن العلاقات بين الأفراد دون النّظر إلى ميتافيزيقيا الفرد. إنّ شحن العواطف والمشاعر باسم إعادة بناء المنظومة الأخلاقية للمجتمع على أساس المرجعية الدينية سيؤدّي حتما إلى خلق ذهنية وعقلية قد تتجاوز مخاطرها الإسلاميين المعتدلين أنفسهم علاوة على الأعداد الكبيرة من المواطنين الذين هم ليسوا في حاجة إلى تذكير أنفسهم صباحا مساء بهويتهم العربية الإسلامية وأعداد أخرى من التونسيين تختلف فلسفتهم في الحياة أو معتقداتهم عن الأغلبية السنية المالكية.
يبقى سؤال أخير يجدر بنا جميعا طرحه والخوض فيه بكلّ أريحية وحرية وعقلانية : من هو الأقدر على حماية كلّ تونسي في أداء شعائره والانتماء إلى دينه واختيار سلوكه ومعتقده لنفسه ؟ أهو من يريد أن يفرض على المجتمع بأسره رؤية دينية مذهبية معينة باسم الإجماع والجماعة متناسيا بأنّ في البلاد إباظيون وشيعة وحنفيون ويهود ومسيحيون وغير متدينين ألخ... ولو كانوا أقلية أم هو من ينادي إلى تعايش الجميع على أساس الانتماء إلى تونس بقطع النّظر عن المعتقد والاختيارات الفكرية والمذهبية ؟ لنكذّر فقط، وأخيرا، بأنّ الذين طالتهم تتبعات النظام السابق وأصيبوا بالتعذيب والتنكيل إنّما لجأوا إلى بلدان علمانية ولائكية حيث وجدوا الحماية وحرية العيش وإبداء الرّأي ولم يذهبوا إلى بلدان تسود فيها العقيدة كمذهب دولة، والدين كخلفية تشريعية للقوانين الوضعية وهو ما يؤكّد حقيقة إنّ الفكر الحرّ وإمكانية التعايش الحقيقي لا يمكن أن تتمّ سوى في مناخ ينظر فيه إلى الإنسان كهدف في حدّ ذاته بقطع النظر عن انتماءاته العقائدية والفكرية أو عن جنسه ولونه.
Depuis la révolution, je me déplace beaucoup, surtout dans Tunis. Je découvre parfois certains quartiers que je ne connaissais pas. Par exemple, la semaine dernière, j'ai été invité chez des amis à Bab Laassal, que je ne connaissais presque pas, n'y avant pas mis les pieds depuis que j'étais gosse.
Comme je suis souvent à pieds, j'en profite pour prendre des photos. Malheureusement, par manque de temps, je n'arrive pas à les publier toutes.
Aujourd'hui, je vous publie des photos d'immeubles et maisons du quartier du Belvédère.
Avenue des Etats-Unis:
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Même immeuble, mais une moitié est entretenue, et pas l'autre...
J'ai des doutes en ce qui concerne cet immeuble. A-t-il été rénové ou est-ce un batiment neuf?
Je suis là depuis 1924 nous dit cet immeuble...
et moi, je suis là depuis 1925...
Angle avenue des Etats-Unis et avenue Taieb M'hiri
Et puis, Rue d'Autriche, cette belle maison abandonnée:
Toujours rue d'Autriche:
Un passant, et résident du quartier, ayant remarqué mon intérêt pour ces immeubles est venu m'aborder. Il m'a raconté quelques petites histoires sur le quartier et ses habitants. Il m'a auusi demandé si j'avais connu la patisserie Paparone.
Et comment?!
Je m'en souviens parfaitement. Mon père nous y emmenait presque tous les dimanche pour acheter des gâteaux. Chez Paperone, il y avait les meilleures tartes aux pommes du monde à mon avis.
Voilà, cette maison était celle de M.Paparone.
Que de souvenirs!!! J'en avais l'eau à la bouche!!!
Retour à l'avenue Taieb M'Hiri:
Et si nous inscrivions la protection de notre patrimoine dans la constitution???
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