Je reprends ici la note de Olfa Youssef. Je n'ai pas l'habitude de reprendre ainsi des notes de la blogo tunisienne, mais cette fois-ci je le fais. Et comme j'aimerais que 3ammar réponde aux questions. Je sais je peux attendre....
Les spécialistes de
l'éducation affirment que l'on peut punir l'enfant afin de lui montrer
les limites nécessaires à son développement tant affectif que social.
Cependant ils insistent sur la nécessité de révéler à l'enfant la cause
de la punition quelle qu'elle soit. Cette connaissance de la cause donne
son sens à la punition et instaure dans la psyché de l'enfant un monde
le moins arbitraire possible entre les actes humains. Dans notre chère Tunisie, certaines instances barrent l'accès à
certains sites. On les nomme "Ammar". Et comme à mon âge, je ne peux
plus être dans la revendication infantile ou instrumentalisée, j'ai
tenté de comprendre les causes de cette censure/ punition…Autant vous
dire dès le départ qu'aucune cause ne m'a convaincue:
1_
Supposons que cette censure vise les sites pornographiques, et supposons
que c'est légitime pour protéger les mineurs; pourquoi alors viser
d'autres sites qui n'ont rien à voir avec la pornographie?
2_Supposons
que cette censure vise les sites dit "politiques" ou d'"opposition" et
supposons que ces sites dépassent parfois les limites de la bienséance
en portant atteinte à la vie privée des gens, et en s'en prenant à leurs
mœurs, et supposons que c'est légitime de les censurer pour instaurer
le respect et réapprendre l'éthique; pourquoi alors permettre à certains
journaux de la place de malmener d'autres
personnes, voire même de les insulter?
3- Supposons que cette
censure vise les sites dits "intégristes" et "terroristes", et
supposons que cela soit légitime pour sauvegarder une certaine paix et
pseudo-unité de notre pays; pourquoi alors, insister sur une radio
"religieuse" qui, elle-même, divise les gens en bons croyants et en
méchants mécréants? Et pourquoi permettre la création d'une banque qui
se distinguerait des autres selon des critères portant le nom d'une
religion, c'est-à-dire excluant les autres banques de répondre aux
normes communitaires et même constitutionnels; Et que faire face à la
prolifération de chaînes TV parfois plus intégristes que les sites
visés? L'intégrisme via Internet serait-il plus nuisible que
l'intégrisme via le tube cathodique?
4- En quoi le site wat
tv, par exemple est-il plus "nuisible" que facebook? Les mêmes vidéos y
circulent, et je suis certaine que vous n'ignorez pas l'utilisation de
proxys quasi-généralisée…
5_Supposons que nous sommes
des mineurs qui ignorent leurs intérêts, et qu'il faille nous protéger,
voire même punir certains d'entre nous; pourrions-nous connaître la
cause de notre punition et sa légitimité. Pourquoi pas une conférence de
presse pour tout expliquer? Nous vous en serons gré, et le pays aussi,
car, peut-être n'avez-vous jamais lu Piaget ni Lacan ni même Zizek, mais
un enfant puni sans connaître sa faute risque d'être très dangereux,
une fois adulte…Mais peut-être ne pensez-vous pas à l'avenir cher Ammar…
Après tout, RWW n'a pas été le seul site à parler de ce sujet. D'autres l'ont fait. Aussi bien des tunisiens que des étrangers.
Mais la différence est que Fabrice a fait des recherches pour essayer de découvrir qui se cache derrière Moubid ou Hannibal, et a fini par le trouver.
Or Hannibal/Moubid n'aime pas être contrarié et surtout déteste la critique. Et lorsqu'un journaliste écrit un article qui ne lui plait pas, il le liste. Tout simplement. Il le liste, l'insulte et essaye de faire désactiver son compte facebook.
En ce qui concerne les premiers, ces attaques n'ont pas été très pointues. Ces journalistes sont quand même assez connus, et mentir à leur sujet est assez difficile.
Par contre en ce qui concerne Sarra, qui est encore jeune et toute nouvelle, on peut dire tout ce qu'on veut sur elle, c'est facile à faire croire.
Alors, elle est régulièrement listée et ses comptes facebook désactivés. A chaque fois, il dit sur elle des horreurs, mais surtout l'accuse de vouloir faire du prosélytisme en faveur du christianisme. Bizarre non? Pas tant que cela, Moubid de toute façon emploi toujours les mêmes accusations: athéisme, laïcité, kofr, homosexualité, satanisme, sionisme et christianisme. C'est à peu près cela les accusations dont il affuble ses "ennemis". Et ses "soldats" le croient sur parole. De toute façon, ils le croient toujours sur parole. Ils lui ont donné leurs cerveaux pour qu'il pense à leurs places.
D'ailleurs, ses accusations d'homosexualité et sa traque quasi obsessionnelle des homosexuels fini par paraître "louche". Est-il lui-même un homosexuel qui se refoule?
Là n'est pas mon propos.
Concernant Fabrice Epelboin, Moubid/hannibal a tenté de faire de la diffamation. Il a commencé par le traiter de racisme jusqu'au moment où il a du s'apercevoir que sa femme est quelque peu basanée, puis "en guerre contre l'islam" sauf qu'il est associé avec des arabes. Alors il a trouvé l'accusation irréfutable: colon. La France a bien colonisé la Tunisie, non? Fabrice est français, donc Fabrice est un colon.
C'est plutôt simpliste, mais Moubid/Hannibal a-t-il besoin d'être plus subtil?
Fabrice est donc le colon qui ne sait pas encore que la Tunisie est indépendante depuis 1956 et n'a plus besoin des français pour parler de ses problèmes. Moubid oublie un petit détail, c'est que Fabrice ne s'intéresse pas à la Tunisie en particulier, mais s'intéresse tout simplement à Facebook et à une faille de son système.
Moubid/Hannibal a commis une erreur stratégique. En effet, Fabrice aurait pu écrire son article et passer à autre chose. Les sujets concernant l'Internet sont nombreux. Mais voilà, Moubid/Hannibal a voulu se venger. Il ne comprend pas comment ce français, donc ancien colon, ose écrire et surtout lui répondre lorsqu'il vient commenter son billet.
Et à la grande surprise de Fabrice, il se voit listé. Non seulement listé, mais aussi insulté. Waow. L'affaire devient un peu plus personnelle.
Et Moubid/Hannibal est rancunier (nous l'avons d'ailleurs tous remarqué!). Le profil facebook de Fabrice n'étant pas désactivé, il s'acharne. Il le liste sur diverses pages et l'insulte à chaque fois.
Par ailleurs, il liste aussi le blog RWW, pourtant 3ème blog techno au monde (et le second en France). Il en dit du mal un peu partout sur les diverses pages intégristes. On aurait presque pu croire que ce blog a pour but de casser du musulman au lieu de s'intéresser aux technologies internet. C'est que Moubid/Hannibal adore écrire et voir ses amis le prendre pour une personne importante.
Et puis, un jour, le profil de Fabrice est désactivé. Pas pendant longtemps, juste quelques minutes. En effet, Facebook au courant de la situation, réactive son compte immédiatement (pas comme nous qui hurlons depuis plus d'un mois sans qu'ils lèvent le petit doigt).
Je pense que là, c'est devenu une affaire encore plus personnelle.
Fabrice se met à chercher qui se cache derrière ces listes, et fini par le trouver. Il a son nom, son adresse, l'adresse de son boulot, ses sites web professionnels... Et il écrit une note à ce sujet.
Et là, Moubid/Hannibal voit rouge.
Moubid/Hannibal fait du SEO (de l'optimisation de site pour Google) multilingue (dont évidemment en Arabe) à San Francisco et a commencé par l'enseignement de l'arabe.Et il est associé à une femme. Tiens, c'est normal cela? Vous pensez qu'il s'agit d'une kèfra ou d'une bonne croyante?
Sa passion, c'est le dessin (pas l'informatique), et il cherche à fédérer un groupe pour publier une BD "adulte" à destination des marchés américain, arabe et tunisien.
Oui, vous avez bien compris: BD pour adultes. La BD pour les plus de 18 ans.
Qui dit pour adultes... zA3ma un peu porno sur les bords?
(Ce n'est pas la peine d'effacer tes sites, j'ai fait des captures écran, et comme je suis gentille, je ne les publierais pas cette fois-ci. Je les garde en réserve au cas où...)
Bizarre non?
Lui qui passe son temps à traquer le moindre décolleté, les "putes", les gays...
Lui qui nous bassine à longueur de journées à propos de nettoyage, assainissement, religion... travaille dans le "adulte".
Il jazzar i3adhim 3al mragzi!
C'est le cas de le dire.
Eh Si Moubid/Hannibal, toi qui passes ton temps à nous chercher des poux dans la tête, pourquoi tu ne t'occupes pas d'abord de tes propres poux?
Toi qui passe ton temps à nous bassiner à propos de patriotisme, de l'amour du pays..., pourquoi est-ce que tu n'habites pas en Tunisie?
C'est sympa de donner des leçons de patriotisme lorsqu'on se planque sous le beau soleil californien!
Rentre au pays et essaye de l'aider. Viens y travailler et y payer des impôts. Viens participer à son essor. Viens aider ses nécessiteux...
Rentre au pays puisque tu l'aimes tant!
Ou bien alors, toi qui voudrais nous faire vivre comme il y a 14 siècles, pourquoi est-ce que tu n'irais pas t'installer en Afghanistan ou en Arabie Saoudite? Que fais-tu aux USA, pays de mécréants et ennemis d'Allah?
Je disais donc que ce Moubid/Hannibal s'est mis en colère, surtout que la version américaine de RWW s'est intéressée à l'affaire, et qu'il a commencé à se sentir traqué.
Alors hier, il est allé sur plusieurs pages intégristes et a organisé une attaque:
- faire désactiver le profil de Fabrice Epelboin (apparemment il n'a pas compris que cela ne servait à rien)
- faire désactiver la page de RWW France sur facebook
- inonder cette même page d'insultes.
Et bien-sûr, les petits soldats qui se prennent pour des gens très importants, les sauveurs de la Tunisie et de sa religion, sont accourus.
(J'ai encore plusieurs captures d'écrans, mais je ne peux les publier toutes. J'en ai publié presque au hasard.)
7ichma. W'allah chay i7achim.
Ils se sont défoulés. Lynchage. Insultes.
Où sont donc leurs parents?
Pourquoi donc ne les ont-ils pas bien élevés?
Une vraie honte.
Ce sont ceux-là les tunisiens?
Ce sont ceux-là notre jeunesse?
Ils pensent défendre la Tunisie, alors qu'ils sont ses premiers détracteurs.
C'était écœurant et complètement dégoutant.
Il faut dire que ce sont les mêmes qui se sont défoulés pendant une heure ou deux. Ils ne sont pas si nombreux que cela. Mais quelle horreur.
Un ami blogueur a dit il n'y a pas longtemps que ces jeunes ne sont pas représentatifs de la Tunisie. Heureusement. Mais comme il l'a dit, ils crient beaucoup et font beaucoup de bruit. Et c'est dommage qu'ils fassent un tel bruit pour des connerie pareilles. Pourquoi ne feraient-ils pas plutôt beaucoup de bruit pour faire le bien plutôt que pour faire du mal?
Ce blog est censuré. Pour y accéder malgré la censure, installer un proxy ou ajouter 3 www. comme ceci:
http://www.massir.typepad.fr/
Grâce aux moyens détournés, je viens d'avoir accès à Youtube. Et jaw!!!!
Vive la liberté!
Grâce à cela, je viens de voir cette vidéo. Hlouwa.
J'espère que nos barbus en herbe tunisiens la verront. Peut-être (bien que parfois, je me dis que c'est trop leur demander), peut-être bien que cela pourrait les faire réfléchir et réaliser que ce type dit des choses très censées.
Vouloir vivre comme il y a 14 siècles est un suicide. Et si on veut vivre, il faut savoir garder l'essence des textes sacrés et les interpréter en fonction de l'époque.
Par la présente, nous
avons l'honneur d'attirer votre attention sur un sujet qui préoccupe un
grand nombre de tunisiens.
Depuis son indépendance l'État
tunisien a toujours été porteur de progrès par ses politiques en faveur
de l'éducation et la formation, par l'incitation ou encore par
l'exemplarité. Le domaine de l'Internet n'a pas dérogé à la règle et
depuis 1996, l'État tunisien, sous votre Présidence, a développé une
politique volontariste de diffusion de l'outil Internet. La création
d'une administration de d'Internet et la mise en place de mesures
nécessaires ont porté leurs fruits.
En effet, les internautes
tunisiens ont été des pionniers dans l'utilisation de cet outil dans
différents domaines. Aujourd'hui, ils sont des centaines de milliers à
en faire un usage quotidien. Or, les tunisiens sont confrontés de plus
en plus à des mesures restrictives, manifestement illégales, de la part
des administrations responsables du réseau national. Ces mesures privent
les tunisiens d'un espace indispensable à leur épanouissement social,
culturel, professionnel, paralysant ainsi l'évolution de notre pays.
Alors
que l'année 2010 a été, à votre initiative, déclarée année
internationale de la jeunesse, par l'Assemblée Générale des Nations
Unies, une partie de la jeunesse tunisienne est aujourd'hui frustrée de
ne pas pouvoir accéder à leurs sites Internet favoris. Certains
internautes tunisiens qui ont fait le choix de participer au débat
public, ont vu leurs espaces personnels d'expression censurés en
Tunisie.
Après la multiplication inquiétante de ces décisions
arbitraires, et au-delà du tort considérable qu'elle inflige à l'image
de notre pays et à sa marche vers le progrès, nous souhaiterions que
vous réagissiez face à cette situation; de sorte à ce qu'il n'y ait plus
de sites bloqués d'une manière illégale ne reposant sur aucune décision
de justice et en totale contradiction avec l'article 8 de la
Constitution de notre pays et l'article 19 de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme.
Monsieur le Président de la République, vous avez déjà par le passé décidé la réouverture du site communautaire
Facebook après son blocage. Nous vous appelons aujourd'hui à intervenir
pour rendre accessible à nouveau les sites illégalement censurés.
Nous
vous appelons également à exiger des responsables de l'administration
d'Internet de cesser ces pratiques illégales qui paraissent aux yeux des
tunisiens, aussi aléatoires qu'incompréhensibles.
Nous vous
prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de
notre parfaite considération.
يشرفنا،
فخامة الرئيس، أن نلفت نظركم من خلال هذه الرسالة إلى مسألة تخص عددا كبيرا
من التونسيين. منذ الإستقلال، اختارت الدولة
التونسية التطوير من خلال سياسات تعطي الأفضلية لمجالي التربية و التكوين و
ذلك عبر التشجيع أو بأن تكون مثالا على ذلك. و لم يشذ مجال الإنترنت عن
هذه القاعدة منذ سنة 1996، فقامت الحكومة التونسية ـ تحت قيادتكم ـ بتشجيع
إستعمال الأنترنت في كل المجالات و قد أعطت هذه السياسة أكلها عن طريق
تأسيس الوكالة التونسية للأنترنت. و لقد أصبح
مستعملو الانترنت التونسيون سباقين في استعمال هذه الأداة في مجالات عديدة و
مختلفة. و يبحر منهم على الأنترنت مئات الآلاف يوميا، لكنهم، و للأسف،
يواجهون قرارات ـ غير قانونية كما يبدو ـ تحد من حريتهم و ذلك من قبل
الجهات المسؤولة عن تنظيم هذا المجال على المستوى الوطني. و تؤدي هذه
القرارات إلى حرمان التونسيين من فضاء يمكن من الإنفتاح الإجتماعي و
الثقافي و المهني متسببة بالتالي في إعاقة عجلة التطور في بلادنا. و في الوقت الذي أعلنت فيه "الأمم المتحدة" سنة
2010 سنة عالمية للشباب على إثر إقتراح سيادتكم، يشعر جزء من الشباب
التونسي بالاحباط بسبب حرمانه من الدخول الى مواقعه الالكترونية المفضلة. و
البعض ممن أراد المشاركة في نقاش الشأن العام، تعرضت مواقعهم الشخصية إلي
الحجب. بعد التزايد المقلق للقرارات
العشوائية في حجب المواقع الالكترونية، بالاضافة الى أنها تشوه صورة بلادنا
في العالم و تعرقل مسيرتها للتقدم، نتمنى أن تتدخلوا لاتخاذ الإجراءات
اللازمة بحيث لا يحجب أي موقع بصفة غير قانوية دون إستناد إلى قرار قضائي و
هو ما يتعارض مع الفصل الثامن من دستورنا و الفصل التاسع عشر من الإعلان
العالمي لحقوق الإنسان. سيادة الرئيس، لقد تدخلتم من قبل
لإعادة فتح الموقع الإجتماعي "فايسبوك" بعد حجبه، و نرجو من سيادتكم مجددا
التدخل ثانية لرفع الحجب غير القانوني عن العديد من المواقع. نرجو أيضا من سيادتكم، أن تطالبوا المسؤولين عن
إدارة الأنترنات بالكف عن هذه القرارات اللتي تبقى في جل الأحيان غير
مفهومة و إعتباطية لدى نسبة كبيرة من التونسيين. وتقبلوا فخامة الرئيس احترامنا وتقديرنا مع خالص التحية.
Une bombe sale et une chaise pour
électrocuter la pensée
La semaine dernière, le réseau
tunisien sur facebook avait l’air d’un pays dévasté par un attentat
terroriste particulièrement meurtrier. Pour certains c’était le 11
Septembre du Net.
Et de fait des cyber-terroristes ont frappé fort
en faisant disparaître 200 profils de “mécréants”.
Ceux qui
étaient menacés se sont virtuellement barricadés, qui en désactivant
momentanément son compte, qui en limitant ses interventions aux amis
seulement, réduisant dramatiquement de ce fait le champ de
communication.
Obama venait juste de décider de se débarrasser du
cauchemar nucléaire qui n’est plus efficace contre les armées
irrégulières et les armes chimiques, et des “moudjahidin du Net”
viennent de confirmer la justesse de son acte en lançant ce qu’ils
appellent le “Djihad sur Internet”.
« Yes we can »
Leur djihad
consiste à décapiter la pensée en utilisant une arme chimique virtuelle
qu’ils ont baptisée “insecticide”, muselant ainsi ceux qui ne sont
pas de leur avis.
Un de leurs slogans est emprunté à Obama (« yes we
can »), mais aussi à une célèbre expression d’Hitler qu’ils appliquent à
leurs adversaires: «Nous aurions pu tuer tous les athées mais nous
avons laissé quelques chiens en vie pour que les gens sachent pourquoi
nous les avons exterminés». Ils se présentent en outre comme les
héritiers des siècles des Lumières. Les deux groupes dénommés “insecticide Facebookéen”, (moubid hachari en arabe) et “Chaise
électrique”, ne comptent pas beaucoup de fans, moins de 800, mais ils
sont efficaces les profils jugés ennemis sont désactivés à une
incroyable vitesse. Les deux groupes se réjouissent de leurs attentats
qu’ils revendiquent et les exhibent fièrement sur leur page comme des
trophées de chasse, en promettant de poursuivre leur nettoyage macabre.
Un terrorisme pan-arabe Les internautes ont ainsi vécu la
semaine passée la mise à mort de plusieurs personnages virtuels connus
par leur intense activité et surtout par leur dénonciation du discours
misogyne de certains cheikhs et chaînes de télévision arabes des plus
conservateurs. Des profils, des blogs et des sites se sont envolés
comme par enchantement sous le regard incrédule de leurs fans et parfois
de leurs propres propriétaires dont certains, disposant de deux
profils, ont pu même assister en direct à leur propre mise à mort. C’est
ce qui est arrivé par exemple à notre confrère Khémais Khayati par deux
fois en l’espace de deux jours. Massir, une jeune femme cadre
supérieur, très active et très connue sur le Net, a vu aussi son compte désactivé
une première fois. Elle ouvre un autre compte l’après-midi même. Ce
deuxième compte est encore une fois désactivé en à peine quelques heures! Cette dame était en pleine campagne de bénévolat au profit de
l’Association Tunisienne des Sourds Muets et grâce à ses 1.600 amis sur
la Toile elle a réussi à mobiliser un nombre important de sympathisants,
car le système d’information sur facebook permet une progression
géométrique en quelques minutes. Elle a même réussi à obtenir des dons
et à mobiliser des sponsors. Notons que cette guerre contre la
liberté d’expression a un caractère pan-arabe, car au même moment des
groupes égyptiens ont donné l’alerte. Ainsi la page égyptienne consacrée
à la défense des droits des femmes a été désactivée. Les
administrateurs créent aussitôt une autre et les sympathisants se hâtent
pour se réinscrire. Une bloggeuse tunisienne connue nous apprend avoir
déjà été visée par des extrémistes égyptiens. Ceux-ci lui avaient déjà
piraté ses comptes en juillet 2008. Aujourd’hui, elle revit l’expérience
avec une nouvelle vague “d’obscurantistes tunisiens”.
‘Des
esprits lumineux’ Comment se décrivent ces censeurs ? Et comment se
présente leur discours ?Ces brigades virtuelles de la mort annoncent
“la bonne nouvelle” à ceux qui viennent prendre un bol d’air sur
Internet. Désormais, et selon leur propre expression: “Les laïques, les
athées, les homosexuels, les féministes qui sont l’autre face de
l’islamophobie, ceux qui ont mis la photo de Bourguiba pour commémorer
les dix ans de son décès et qui sont donc des francophones laïques, ceux
qui se déclarent d’origine amazigh donc anti-arabes, ceux qui
encouragent les relations sexuelles en dehors du cadre du mariage et
ceux qui appellent à la normalisation avec Israël, doivent disparaître
de la surface virtuelle».
Ils ont ajouté à leur liste le groupe des
Juifs tunisiens, les personnes qui n’affichent aucune tendance
religieuse qu’ils appellent “les hypocrites”, une référence
religieuse, et enfin ceux qui, sans avoir toutes ces “tares”, osent
dénoncer leur pratique.
Les auteurs des attentats prétendent ni plus
ni moins «agir au nom de Dieu et de la patrie». Il s’agit bien entendu
de l’Islam tel que compris et interprété par “la chaise électrique” et
autres “insecticides”. Des dénominations qui donnent froid dans le dos
et qui rappellent les fours crématoires et les chambres à gaz nazis.
La
connotation nazie de leur discours ne s’arrête pas là. Ils prétendent
attaquer «les profils de ceux qui
portent préjudice à une Tunisie musulmane arabe et hétérosexuelle». Un internaute ironise en rétorquant: «Aujourd’hui, comme dans l’Allemagne
d’Hitler où il fallait être un bon Aryen, dans la Tunisie de ces
illuminés, il faut être un bon Tunisien arabo-musulman».
Et de fait,
ils affirment, sûrs d’eux-mêmes : « Nous ne sommes pas intolérants mais
nous défendons la patrie. Vous attaquez les valeurs d’identité du pays
qui font l’unanimité des Tunisiens et vous pleurnichez sur la liberté
d’expression. Une liberté contraire à la loi et à la Constitution. »
Ils
se présentent en outre comme des esprits fins issus directement des
siècles des Lumières: « Parler d’une guerre entre obscurantisme et
modernisme est loin de la réalité », précisent-ils à l’adresse de leurs
détracteurs. « Nous ne sommes pas obscurantistes puisque nous sommes
des savants très intelligents (sic) ». La preuve de leur assertion est
que : « Le créateur de la page est un ingénieur en informatique
maîtrisant tous les tenants et aboutissants de facebook. » Ils ajoutent
que : « Ces jeunes Tunisiens sont plus nombreux que vous, plus forts et
surtout plus intelligents. En maitrisant parfaitement l’outil
informatique, ils sont parvenus à vous mettre hors circuit». Assimilant
ainsi leurs lumières à la célèbre devise “science sans conscience n’est
que ruine de l’âme”.
Discours d’une rare violence Sur la page
qui donne des informations personnelles sur les internautes
“nuisibles”, le discours est d’une rare violence : “chiens” “prostitués”
“insecte”, “animal” “koffars” (mécréants), “traîtres”, “bâtards”, “vous
allez rôtir en enfer”, “Pas de discussion avec les bandits et ceux qui
insultent notre religion”, “tapez fort sans pitié”… Ce qui est
inquiétant c’est qu’ils possèdent des informations personnelles sur
certaines personnes. Combien de temps cela prendra-t-il avant que ça ne
se transforme en agression physique ?
Comment ça fonctionne ? Ils
prétendent que «Ça demande tout de même de la ruse et un certain
savoir-faire» et que « On doit être fier de ces jeunes Tunisiens » Malgré
leurs fanfaronnades, la chose ne nécessite pas l’intervention d’un
génie. Cela ressemble plutôt à un jeu d’enfants, et c’est là où le
bât blesse. Pour désactiver un profil sur facebook, il suffit qu’un
groupe assez consistant en nombre dénonce un profil en l’accusant de
racisme, de prosélytisme ou d’incitation à la haine, pour que celui-ci
soit suspendu. Et cela, sans vérification aucune. Ces illuminés, qui
annoncent sans ciller qu’ils sont investis d’une mission divine, profitent
donc tout simplement d’une faille dans le système de facebook.
Pour
les blogs et les sites, le protocole est différent, ils piratent les
comptes dont le mot de passe n’est pas très robuste. Ce n’est pas non
plus sorcier. On trouve aujourd’hui des enfants parmi les
cybercriminels.
Une Cour pénale virtuelle Ils font dans la
dentelle… enfin presque. Le processus de radiation est plutôt
sinistre. On commence par la dénonciation de ceux qu’ils estiment être
différents d’eux. Une “liste noire”, selon leur expression, est ouverte.
Chacun peut y dénoncer toute personne qui d’après lui “porte préjudice à
la nation et à la foi”. Une fois leur tableau de chasse garni, un
procès est lancé. Il se déroule au sein d’une Cour virtuelle créée à cet
effet. Sur la page de cette Cour vous pouvez d’abord choisir le procès à
suivre. Les procès sont dûment numérotés. On commence par lire le
procès-verbal et constater les preuves en cliquant pour voir des
articles, analyses, commentaires et photos “accablant l’accusé”. Enfin
vous pouvez prononcer votre jugement en cliquant sur un bouton qui ne
sert qu’à confirmer la culpabilité. Il n’existe évidement pas de moyen
de défense ou de recours pour les accusés. Une fois le processus de
jugement achevé, on passe à l’exécution, en faisant tout simplement
disparaître le profil ou le blog du criminel d’opinion. La mise à
mort est expliquée, schéma à l’appui, aux amateurs de la censure sous le
titre : “Comment dénoncer ces criminels”. On indique pour ce faire deux
pages pleines de profils à éliminer, et on précise qu’il suffit juste
d’écrire à la direction de facebook et de les signaler comme étant de
faux profils. Puis le profil, sitôt désactivé, est exhibé en trophée.
Les victimes ont une étrange sensation d’exécution virtuelle !
Du
fil à retordre Ces attentats ont donné du fil à retordre aux
victimes, mais ils ont eu au moins le mérite de créer une solidarité
entre des personnes qui paraissaient différentes et se chamaillaient
sans cesse. Des conseils et recettes d’apprentis sorciers fusent :
«Utilisez un mot de passe à rallonge, sans sens dans aucune langue, avec
des chiffres, des lettres, des majuscules, des minuscules... »
«Pour ceux qui ont perdu leur compte il faut envoyer un message aux
administrateurs de facebook avec un lien vers cette page. C’est comme ça
que j’ai récupéré le mien, mais il faut être agressif et menaçant (pas
grossier) sinon ils ne vous prennent pas
au sérieux et vous demandent de justifier votre identité. Ceci dit, ils
mettent un peu de temps à répondre »
Guerre civile virtuelle La
réaction des internautes tunisiens a été rapide. Bochra Belhaj Hmida,
dont le profil est menacé puisqu’elle est féministe, a lancé une
campagne de dénonciation. Certains se contentent d’exprimer leur
chagrin ou leur révolte : «Que c’est triste...! Nous sommes tous en
liberté provisoire.. » « C’est choquant révoltant ! Quelle est cette
Tunisie qu’on aura dans quelques années? C’est effrayant» D’autres
estiment que c’est leur faute parce qu’ils sont trop tolérants, trop
permissifs, trop respectueux...” On dénonce ce “terrorisme
intellectuel” avec les mots de Albert Einstein: «Deux choses sont
infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne
l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. » Une
internaute annonce qu’elle a «envoyé un long mail à différents médias
français et tunisiens pour expliquer cette affaire, j’en ai envoyé
quarante en tout et encore ce matin à un ami journaliste qui vit en
Italie, j’espère que ça aidera » D’autres, plus pratiques, appellent à
croiser le fer: « ils ont les moyens parce qu’ils sont organisés et
nous au lieu de bouger on ne fait que constater les dégâts et contester
virtuellement! AGISSONS! MOBILISONS-NOUS en créant un contre-réseau!
Il faut riposter avec la même arme! Demandez à tout le monde de signaler
cette page ».
C’est ainsi qu’un insecticide contre les “ikhwanjia” a
vu le jour. Il a réussi puisque “ les ennemis ” ont été obligés de
créer “ insecticide 2 ” pour remplacer la défunte bombe sale.
Une
guerre civile virtuelle se dessine donc à l’horizon. La cyber
délinquance est ainsi mise au service de “ l’Islam ”. Encore un mot
péjoratif associé à l’Islam qui ne manquera pas d’entacher son image
déjà ternie par ceux-là mêmes qui prétendent le défendre. Au-delà du
massacre, le geste est en lui-même hautement symbolique et fort clair. «
Il n’y a de pensée que la nôtre », tel est traditionnellement le
principe fondamental des racistes, dictateurs, misogynes et autres
oppresseurs.
Enfin, ceux qui ont parié sur la Toile comme moyen
d’expression et de débat plus commode que d’autres espaces, viennent de
découvrir qu’Internet ne constitue pas la panacée contre le mal de la
pensée unique. La Toile n’étant finalement que le reflet de la réalité,
chaque peuple a ainsi la Toile qui le représente.
**** Terrorisme
intellectuel international Je m’appelle Dorra et je fais partie des
“victimes” de ce qui est pour moi du terrorisme. J’ai 37 ans et je suis
maman d’un petit garçon de 5 ans. Je suis franco-tunisienne, je vis en
France depuis cinq ans. Comme beaucoup, j’utilise facebook pour rester
en contact avec mes amis et ma famille que vit de l’autre côté de la
Méditerranée, mais aussi comme espace de détente et de liberté
d’expression. J’ai adhéré il y a peu à un groupe du nom de “Pour une
femme tunisienne libre et non voilée” car c’est un sujet qui me tient à
cœur. J’ai publié sur la page de ce groupe un extrait de la BD
Persépolis pour tenter d’expliquer de manière pacifiste à ces
demoiselles prônant le port du voile ce que ça impliquait comme
avilissement pour la femme. Bien évidemment cela a déclenché une
discussion passionnée entre les “contre” et les “pour”, à qui nous
laissons le droit d’exprimer leur opinion sur notre page même s’ils sont
pour le port du voile, car nous sommes encore une fois partisans de la
démocratie et la liberté d’expression, et on a bien sûr eu droit aux
classiques “Vous irez rôtir en enfer, mécréants” et autres “Dieu vous
punira”. Ces répliques pathétiques me font d’habitude sourire mais ce
qui s’est passé ensuite ne me donne pas envie de sourire du tout. Le
lendemain de cette discussion, mon compte facebook ainsi que celui de
plusieurs autres membres du groupe contre le port du voile a été
désactivé sans aucun mail d’avertissement préalable. J’ai recréé un
profil sous un pseudo pour publier mon histoire, profil qui a été
“abattu” au bout de quelques heures avec insultes et menaces en bonus.
J’ai exprimé une opinion de femme libre (contre le port du voile), sur
un espace dit de liberté (le Net), dans un pays libre (la France) et les
fanatiques en question, eux, continuent à déverser leur haine et leur
appel à “l’éradication du mécréant par tous les moyens” (sic). A
l’heure où je vous écris, j’ai déjà envoyé cinq messages aux
administrateurs de facebook pour leur signaler les agissements de ce
groupe et la faille de leur système mais je n’ai pas encore eu de
réponse et mon compte est toujours désactivé. J’entre en résistance,
il faut user de tous les moyens possibles, blogs, médias, pour parler de
ce scandale. Certains de mes amis m’ont dit :”C’est pas
grave, refais un compte, verrouille-le de tous les côtés et ne fais
aucun commentaire qui puisse attirer leur attention!” NO WAY! ça serait
cautionner les agissements de ces terroristes ».
Khémais Khayati :
‘Je suis révolté’ “Quoi penser quand vous découvrez qu’on a
désactivé votre page FB dans laquelle vous n’avez pas seulement les
identités d’ami(e)s à travers le monde et principalement les mondes
tunisien et arabe, mais aussi des pensées d’ami(e)s et des photos de
famille perdus à jamais? La rage. Quoi penser quand vous apprenez que
la raison invoquée auprès de l’ordinateur de Facebook pour désactiver
votre page est que vous n’êtes pas vous-même, que vous êtes un pseudo de
quelqu’un qui, en réalité, n’existe pas? La révolte. Quoi penser
quand vous apprenez que ceux qui ont agi ainsi se cachent derrière des
pages aux noms qui sonnent comme un programme faciste : “Le
pulvérisateur d’insecticide”, “La claque”, “La bastonnade”, “La corde à
pendre”, “La chaise électrique”? Vous maudissez l’ignorance doublée de
suivisme né d’une indigence en liberté... Car ceux-là qui agissent
ainsi au nom de l’Islam oublient qu’ils portent du tort à eux-mêmes et à
l’Islam... Si une idée – quelles que soient sa valeur et sa
justification- les pousse à mener campagne à la Panurge par une guerre
virtuelle, quelle aurait été leur réaction si vous étiez face à eux? Je
n’ose y penser... Chez les gens normalement constitués, une idée appelle
une contre-idée. C’est ainsi que le “vivre ensemble” se construit,
c’est ainsi que la démocratie nait et se consolide... Si une idée les
pousse à vous tuer virtuellement... cette même idée les poussera
certainement à vous pulvériser, bastonner, vous mettre la corde au cou
ou vous attacher à la chaise électrique le jour où... Je n’oublierai
jamais la réponse de l’un d’eux, à la fin des années 80 à la maison
d’Iran, à la Cité universitaire de Paris, lors d’un débat sur la
situation politique en Tunisie, quand ils ont su que j’étais athée. Il
m’a tout simplement et froidement toisé en disant : “Le jour où nous
serons au pouvoir en Tunisie, quelqu’un comme vous, où il ira en prison,
ou il quittera le pays”... Je crois qu’aujourd’hui, leur réponse serait
autre... Il aura un troisième choix: l’irrémédiable. Tout ceci pour une
idée toute simple : “l’Etat appartient à tout le monde, la religion est
une question privée”».
- Il parait que le nombre de profils désactivés est 400 et non 200. Le chiffre a évolué depuis la publication de l'article.
- La première page Moubid 1 a eu, le premier jour, plus de 1500 fans. Celle-ci a pu être elle-même désactivée. Mais entre-temps, plusieurs pages ont vu le jour: Moubid 2, Moubid 3, Moubid 4, La corde, La chaise électrique, Le sarfague (qui doit avoir environ 900 fans à elle-seule), l'ONAS, la poubelle, le cimetière.... Et ces gens-là, comme s'ils n'avaient rien d'autre à faire de leur vie, passent leur temps à lister de plus en plus de profils et de pages à désactiver.
- En ce qui me concerne, il s'agissait de la promotion de la journée de l'enfant autiste, et non pas de sourds muets. D'ailleurs, j'enrage, parce que j'avais beaucoup de projets pour aider les enfants malades, et j'ai été stoppée dans mon élan. Je ne sais pas si je vais pouvoir être efficace sans facebook et tous les contacts que j'y avais.
- La bloggeuse dont les comptes ont été piratés en Juillet 2008, c'est aussi moi. Du moins, je le suppose, à moins qu'une autre bloggeuse ait eu les mêmes déboires à la même période.
- J'ai écrit diverses notes sur ce même sujet. Vous pourrez les trouver là:
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