Ne vous fiez jamais aux apparences.
Maîtresse... et fière de l'être!!!
Bonjour,
Je suis la fille de Si Flen.
Mon mari vous a raconté notre problème.
C’est un vrai dilemme qui se pose à moi maintenant.
Mon mari veut me faire accepter cette situation. Il veut me convaincre d’accepter de le partager avec une autre femme. En fait, il veut que je sois comme les autres femmes. D’après lui, toutes les autres femmes acceptent.
Mais problème, je ne suis pas ces autres femmes. J’ai essayé. J’ai essayé de fermer les yeux. J’ai essayé de ne pas voir. Mais je n’ai pas pu.
Ce qu’il oublie lui, c’est que toutes les autres femmes n’acceptent pas.
On pourrait croire, d’après les apparences, qu’elles acceptent. Tout comme ma mère.
Mais ce n’est pas vrai.
Il y a celles qui n’ont pas le choix. Celles qui ne pourraient pas s’en sortir seules. Celles qui n’ont aucun diplôme ni travail et qui doivent élever leurs enfants. Celles qui, de part leur éducation, ne peuvent accepter l’idée d’un divorce. Celles qui aussi par leur éducation doivent obéissance à leurs maris.
Il y a celles qui font semblant de se résigner, mais qui prennent un amant.
Il y a celles qui veulent profiter du statut social de leurs maris. Quitte à se prostituer, elles se prostituent avec leurs maris. Elles remplissent leur devoir conjugal en contre-partie d’une maison, de cadeaux, de voyages.
Il y a celles qui ont peur d’assumer le statut de femmes divorcées.
Il y a celles qui ont peur de rester seules.
Il y a celles qui se vengent en douce. Qui trouvent leurs comptes….
Il y a de tout. Et les apparences sont souvent trompeuses.
Le plus drôle, c’est qu’il n’a que mépris pour ces femmes.
C’est tellement personnel et intime ce genre de situations que personne ne sait exactement ce que pense l’autre. Personne ne peut se mettre à la place de personne.
Il y a celles qui n’aiment pas leurs maris et qui sont contentes de ne pas subir leurs assauts.
Il y a celles qui se sacrifient pour leurs enfants.
Et surtout, il y a celles qui ne s’aperçoivent de rien.
Aucune femme ne dira qu’elle est d’accord d’être cocue.
Je ne parle bien-sûr pas des couples qui ont choisi d’un commun accord de mener leur vie sexuelle chacun de son coté.
Voilà, maintenant, il veut que j’accepte.
Mais je ne peux pas.
J’ai beau examiner la situation dans tous les sens, JE NE PEUX PAS!
Je ne peux pas partager mon mari. Avec personne.
J’ai eu beaucoup de mal à surmonter sa première infidélité. Sexuellement, cela a été très très difficile.
La moindre parcelle de mon corps refuse. Impossible.
S’il couche avec d’autres femmes, il ne couchera pas avec moi.
Pas de logique là-dedans. C’est comme cela. Point.
Je n’accepte pas la polygamie, qu’elle soit légale ou de fait.
Je suis monogame.
Alors que faire?
J’examine la situation sous ses divers aspects.
Je m’étais rendue à la municipalité pour retirer les papiers nécessaires à la procédure en larmes. J’ai pris rendez-vous avec un avocat. Je lui ai confié le dossier, et je me suis effondrée.
Le lendemain, j’ai passé toute ma journée en larmes.
Un divorce, c’est une horreur.
Je voudrais pouvoir l’éviter.
Mais partager mon mari avec une autre est une chose que je ne peux accepter.
Je réfléchis. Je réfléchie.
Je pèse le pour et le contre.
C’est vrai que beaucoup d’hommes de notre entourage trompent leurs femmes. Mais généralement ce sont les hommes d’un certain âge.
Peut-être que certains «tirent un coup» parfois. Lorsque l’occasion se présente. Lors d’un voyage, d’un séminaire, ni vu ni connu. Sans suite ni lendemain.
Peut-être.
Mais peut-être que la majorité des jeunes maris sont fidèles. Tout simplement.
De toute façon, tout cela ne présente aucun intérêt pour moi.
JE REFUSE. Même si toutes les femmes et tous les hommes acceptent. JE REFUSE.
Je sais pertinemment qu’à mon âge, le divorce n’est pas une bonne chose. Je sais qu’il est fort possible que je passe le restant de mes jours seule.
Mais par ailleurs ai-je le choix?
Je sais que mes enfants ont besoin de leur père.
Mais ai-je le choix?
Que puis-je faire?
Mon mari, je l’aime.
Je me sens trahie par ce qu’il a fait.
Trahie sur plusieurs plans.
La première fois, il m’avait fait des reproches. J’avais accepté. En fait, j’avais assumé. J’avais certains torts. Il fallait les assumer.
Mais depuis, j’ai essayé de me racheter. Je lui ai montré et prouvé mon amour à tout instant. J’ai été amoureuse. Amante. Aimante. Maîtresse. Épouse.
Je me suis livrée à lui complètement. Il est devenu ma priorité.
Alors pourquoi?
Que lui manque-t-il?
Pourquoi m’avoir trahie?
Cela veut-il dire que je ne compte pas?
Cela veut-il dire que ces derniers mois avec lui, ma vie n’a été qu’une supercherie? Un vrai mensonge? Une comédie?
Je compte donc si peu?
Mes sentiments comptent si peu?
Mes enfants et moi ne sommes rien comparé à des moments de plaisir éphémère?
Pourquoi ne veut-il pas la quitter?
Pourquoi ne veut-il pas les quitter toutes?
A ce point je ne compte pas?
Que suis-je donc pour lui?
Sa femme?
C’est quoi sa femme?
Autant je l’ai aimé, autant il m’a fait mal.
Alors que me reste-t-il comme choix?
Je ne pourrais pas vivre à ses côtés et ne pas l’aimer.
Je ne pourrais pas l’aimer en sachant que je ne suis pas la seule.
Je ne pourrais pas faire semblant.
Je n’aurais plus confiance.
Quelle qualité de vie, si la confiance disparaît?
Quelle qualité de vie, s’il faut être sur ses gardes? S’il faut se retenir? S’il faut jouer la comédie?
Quelle valeur accorder à un sourire dans ces conditions?
Quelle valeur accorder à un geste? A une caresse?
Comment faire l’amour?
Baiser?
Même pour baiser, il faut un minimum de désir. Quel désir envers une personne à laquelle on ment et qui nous ment?
Quel désir s’il faut faire semblant?
C’est pour cela que je ne peux plus continuer.
Et les enfants?
Ils aiment leur père. Ils adorent leur père.
Il les adore aussi.
Il ont besoin de lui.
Mais je ne peux pas. C’est plus fort que moi.
Je sais, je suis entière. Je l’ai toujours été. Et lui, c’est mon point faible. Je le sais, j’en suis consciente.
Si je reste avec lui, je sais que le doute va me ronger. Comme un vers dans une pomme qui finira par pourrir. Je finirais par pourrir.
Comme un membre malade. D’une maladie incurable. Il n’y a aucun moyen de le guérir ni aucun moyen de soulager la souffrance. Il pourrait aussi contaminer tout le reste du corps. Que reste-t-il alors?
AMPUTER.
Quel autre choix?
Autant vivre infirme.
Au début, cela fait très mal. Mais le temps fini par cicatriser. Et on s’habitue. Un jour, on n’a plus mal. On est infirme, c’est vrai. Mais au moins plus de souffrance.
Cette souffrance peut aussi contaminer les autres. Les enfants.
Si je reste, j’aurais l’impression de me prostituer.
Certaines se prostituent pour de l’argent, et moi je me prostituerais pour ne pas être seule!
Non. Je ne suis pas à vendre.
Quelque soit le prix.
Je veux un homme à aimer. Un homme à chérir en toute quiétude. Un homme à qui je puisse me livrer sans arrières pensées, sans craintes. Un homme auprès de qui je me sentirais en sécurité.
Je ne parle pas de sécurité financière ou matérielle. Mais de sécurité affective et amoureuse.
Et même de sécurité hygiénique et sanitaire.
Faut-il que je pense à me protéger de mon propre mari?
Faut-il que je craigne qu’il ne commette une imprudence et que j’en sois victime?
Puis-je oublier qu’il n’a même pas pensé à se protéger l’autre fois?
Il a risqué sa vie. La mienne et même celle de nos enfants.
Il faut réfléchir. Encore et encore.
J’y passe des heures et des heures.
Je reste dans mon lit. Je veux essayer de trouver le repos. Mais je pense à cela sans arrêt.
Que faire?
Je n’ai pas le choix. Je suis incapable de rester dans ces conditions.
C’est un constat d’échec.
Oui. J’aurais passé ma vie à rêver et à espérer quelque chose que je n’aurais pas: une vie paisible avec mon mari et mes enfants, jusqu’à ce que la mort nous sépare.
J’y ai tellement pensé. J’en ai tellement rêvé. J’ai fait tout ce que je pouvais pour réaliser ce rêve.
Était-ce trop demander?
Mais divorcer n’est pas une décision facile.
L’autre jour, j’ai écouté une émission à la radio qui parlait de divorce. C’était affreux. Plusieurs témoignages de personnes divorcées ou en instance de divorce.
Rares sont les personnes qui y trouvent des avantages.
Et puis, quoi que l’on dise, malgré toute notre ouverture d’esprit, notre société tunisienne porte toujours un regard péjoratif sur la femme divorcée. Surtout lorsqu’elle a des enfants.
Je sais que j’aurais beaucoup à perdre en divorçant. Je sais que j’aurais à affronter énormément de problèmes.
Le premier sera le regard des autres.
Il faudra affronter leurs jugements, leurs racontars, leurs médisances…
Quel est donc le statut d’une femme divorcée chez nous?
Que lui réserve l’avenir?
Peut-elle refaire sa vie facilement?
Des questions, des questions, mais une certitude: je ne peux accepter la polygamie, et personne ne pourra me l’imposer.
Ceci est de la fiction. C'est le point de vue de l'épouse. Reste la maîtresse.
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