Nous avions pris la ligne A du RER, lorsque tout d’un coup, le train s’est arrêté à une station. Une voix nous a demande de tous descendre parce qu’un accident grave avait eu lieu.
J’ai tout de suite pensé à une mort. Qu’est-ce qu’un accident grave dans un RER si ce n’est une personne qui décède sur les rails ?
Nous descendons tous du train. Nous étions quelques centaines. Il était samedi sur la ligne A, direction Marne la vallée, donc essentiellement Eurodisney et un centre commercial.
Nous étions tous égarés, ne sachant que faire. Je trouve que la RATP a mal géré, nous aurions du être mieux renseigné sur le : qu’allons-nous faire ?
Nous attendons tous de longues minutes sur le quai. Que faire ? Attendre ? Combien de temps ? Remonter en surface ?
Personne pour donner un renseignement.
Certains s’assoient sur les bancs, escaliers… D’autres finissent par monter pour demander plus d’éclaircissements.
En haut, pareil. Personne pour nous guider. Cohue totale.
Nous remarquons enfin un employé de la RATP, nous nous ruons sur lui. Il nous apprend qu’une personne était morte sous un train. Suicide ? Meurtre ?
Ce qui m’a étonnée, c’était l’indifférence des gens face à cette mort. Tout ce qui les intéressait était : et nous ? Qu’allons-nous faire ?
Une voix se fait à nouveau entendre. Le trafic est interrompu sur un tronçon de 4 stations. Cette interruption durera environ une heure. Il est prévu que le trafic reprendra vers 14h.
Fallait-il attendre sur place ? Y avait-il une solution de rechange ? Le trafic reprendrait-il vraiment une heure plus tard ?
Nous, voyageurs, demandons à cet employé ce qu’il fallait faire. Il fallait prendre le bus 320, avec correspondance avec le bus 220 et reprendre le RER 4 stations plus loin. Il ne nous dira bien-sûr pas combien de temps durera ce périple.
C’est la ruée vers le bus 320. On n’entend qu’insultes contre cette personne décédée. Pourquoi dérange-t-elle tout ce monde ?
Les voyageurs prennent d’assaut le bus 320. Le chauffeur est effrayé. Il appelle sa direction pour des explications. On lui dira qu’un homme s’était suicidé en se jetant devant le train.
A mon avis, ce chauffeur a été l’unique personne à avoir de la compassion pour ce malheureux. Tous les voyageurs étaient par contre dans une rage folle contre ce type. Pourquoi maintenant ? Pourquoi le RER ? Pourquoi cette ligne ? Les voyageurs poussent, crient, essayent de monter dans le bus… Mais des centaines de voyageurs ne peuvent monter dans un bus. Il faut attendre le prochain, ou celui d’après…
Dans le bus, nous sommes serrés come des sardines. C’est à peine respirable.
Et les commentaires vont bon train.
Ce salaud, ne pouvait-il pas se tuer sans faire chier le monde ? Pourquoi ne s’est-il pas jeté du haut de son immeuble ? Ne pouvait-il pas choisir le dernier train pour ne pas emmerder les honnêtes gens ? Pourquoi pas la Tour Montparnasse ? Il aurait pu se jeter du haut de la Tour Montparnasse ? Pourquoi pas la Seine ? Avec tous les ponts qu’il y a, il n’aurait dérangé personne ! Une personne disait et répétait : pourquoi ne s’est-il pas tout simplement pendu chez lui ? S’il ne savait pas s’y prendre, je l’aurais aidé, je lui aurais fait un joli nœud et j’aurais même donné un gentil petit coup de pied à son tabouret.
Les voyageurs étaient tout à leur rage. Pourquoi ce sale con s’est-il suicidé en emmerdant les autres ? Pourquoi n’a –t-il pas pensé aux autres ?
Environ une heure de bus. Dans la chaleur. Dans la sueur. Dans les odeurs.
Et puis, tout le monde descend. Il faut changer de bus.
C’est samedi, les transports en commun sont rares. Le bus se fait attendre. Il arrive enfin, plein à craquer. Il faut pourtant le prendre. Et c’est la cohue, les cris, les insultes. J’ai même crains les coups.
Quelques personnes montent, d’autres restent.
Et dans le bus, à nouveau, on suffoque, on se pousse, on s’insulte, mais surtout on insulte le suicidé.
Quel con celui-là. Mais quel con ce salaud. Ne pouvait-il pas se suicider autrement ?
35 stations. Oui, je dis bien 35 stations de bus pour arriver à l’RER et reprendre le trajet normal. Il s’est écoulé entre temps 2 heures et demi. 2h30 de colère. Il a fallut 2h30 pour retrouver la ligne de RER et reprendre le trajet. Un trajet qui aurait du durer juste quelques minutes.
Le trafic interrompu a repris quelques minutes plus tard, soit environ 2h40 après le drame.
Je suis restée perplexe face à la réaction des gens et de la mienne.
C’était samedi. Les gens travaillent toute la semaine et attendent samedi avec impatience. Ils ont programmé ce samedi. Certains vont aller voir leur famille, d’autres vont aller faire des courses, d’autres courent à un RDV important, d’autres vont enfin voir leurs enfants… Des touristes viennent de loin, avec des enfants impatients de voir Mickey et ses amis.
Ils courent tous. Ils ont tout programmé. Certains sont attendus… Et voilà que tout d’un coup, tous leurs projets tombent à l’eau. Des mères affolées appellent leurs enfants. Des gens téléphonent, reportent un RDV, s’organisent autrement, essayent de trouver des solutions, supplient une nounou de rester plus longtemps. Des parents essayent de calmer leurs enfants nerveux…. Et tous en veulent à ce suicidé. Il s’est suicidé, mais il a dérangé leurs projets. Il s’est infiltré dans leurs vies. Son acte a eu des répercussions plus ou moins graves sur la vie de tous ces gens.
Mais…
Mais cela excuse-t-il de ne pas avoir de la compassion face aux malheurs d’autrui ?
Je me pose la question depuis hier.
Je ne suis pas un ange. Je ne dirais pas que j’ai réagis différemment. Ce n’est pas vrai. J’ai eu quelques pensées pour ce suicidé, pour son désespoir et surtout pour ses éventuels enfants, mais j’ai eu mes moments de colère contre lui. Pourquoi faire chier le monde ?
Et je me pose la question.
Sommes-nous égoïstes au point d’en vouloir à un suicidé d’avoir dérangé nos plans ?
J’ai passé une nuit blanche. Je n’ai pratiquement pas dormi jusqu’au matin. Je me posais et reposais la question.
Si nous avions appris ce suicide à la Tv et qu’il ne nous avait pas concernés directement, aurions-nous eu plus de compassion ? Aurions-nous plus partagé son désespoir et celui de sa famille ? Ou bien, sommes-nous devenu insensibles à la mort d’autrui ? Ou bien, à force de voir la mort partout, à la Tv, aux infos… est-elle devenue tellement abstraite que nous ne la ressentons plus ?
Lors de cette soirée à Beit el Bennani, M.Mustapha Filali, sorbonnard, ancien militant, membre de la Constituante de 1959 et ancien ministre de Bourguiba, était invité pour commenter les photos de l'Assemblée Constituante de 1956/1959.
Malgré son âge (90 ans), M.Filali paraissait bien dynamique et était surtout très intéressant. Grace à toutes les anecdotes qu'il nous a racontées, il nous a fait partager des moments bien sympathiques et inconnus pour la plupart d'entre nous.
Ce soir-là, j'avais pris quelques notes, je vais donc essayer de partager avec vous ce qui avait été dit. Malheureusement, vous ne pourrez pas voir les photos. Je ne connaissais d'ailleurs pas ces photos, elles ne sont pas "célèbres", et c'est là que nous nous apercevons que nous avons de terribles lacunes quant à notre propre histoire.
Je pensais que nous ne verrions que des photos de l'assemblée, mais nous avons aussi vu des photos de la campagne électorale, de meetings politiques, du jour des élections et des gens faisant la queue pour voter.
M.Filali nous a appris que la campagne électorale s'est déroulée dans toute la république, y avaient participé les représentants de l'U.G.T.T., de l'U.T.I.C.A., de l'Union des agriculteurs et du destour. Dans chaque circonsription, les élections étaient libtres et transparentes.
Un journaliste du New York Times était présent et en avait parlé.
Bien que n'ayant pas encore le droit de voter, les femmes étaient présentes en grand nombre dans les meetings. Peut-être pas dans tous les meetings. Peut-être que dans les petites villes, elles ne sortaient pas encore...
Ce qui était étonnant, c'est que la majorité des femmes sur les photos n'étaient pas voilées. Il n'y avait qu'une minorité de femmes portant un sefsari, dont quelques unes avec le visage couvert.
M.Filali nous a appris qu'en 1956/1959, les membres de l'assemblée constituante avaient travaillé sur un texte qui leur avait été présenté. Ce texte initial comprenait 117 (ou 177, je ne me rappelle plus exactement) articles, qui avaient été réduits à 77 articles. Le rapporteur, M.Ali Belhouane avait une connaissance encyclopédique. Il leur avait présenté un texte inspiré de plusieurs constitutions étrangères. Mais malheureusement, cette constitution a été modifiée 16 fois entre 1959 et 1987. Par ailleurs, M.Filali affirme qu'en 1959, cette assemblée avait fait une république "sur les mesures de Bourguiba", aujourd'hui, il faudrait faire une constitution sur les mesures de chaque tunisien. Vraiment chaque tunisien, pas seulement Mohamed Bouziri, mais tous les tunisiens.
Nous avons vu une photo de l'assemblée inaugurale du 08/04/1956 qui a eu lieu dans la grande salle du Bardo. On y remarque la présence du Bey, de plusieurs forces politiques du pays et des représentants de diverses religions.
Habib Bourguiba présidait l'assemblée. Il avait la légitimité de militant en plus de celle d'élu.
Habib Bourguiba était d’ailleurs aussi président du gouvernement. Il avait démissionné de la présidence de l'assemblée pendant un an pour ne pas cumuler les fonctions. M.Jellouli avait été alors désigné comme président de l'assemblée.
En arrière plan de cette photo, on voit, accrochés aux murs, des portraits grandeur nature de 17 beys. Ces portraits avaient disparus à l'époque de la constituante. Par la suite, on s'est aperçu que M.Jellouli les avait fait décrocher et les avait mis dans la cave. Il avait refusé par la suite de les remettre dans la grande salle du Bardo. Ayant appris cela Bourguiba avait répliqué que ces portraits représentaient l'histoire de la Tunisie et les avait mis dans une galerie au palais de Carthage, où ils se trouvent encore. 2 grands beys faisaient partie de cette galerie:
- Ahmed Ier Bey (1806-1855) qui a abolit l'esclavage;
- Moncef Bey (1881-1948), très progressiste, très populaire, très proche du peuple. Il voulait établir une république et abolir le système beylical.
Ils étaient les 2 beys qui étaient patriotes et pensaient au peuple.
Il faut croire que même après plus d'une cinquante d'années, les préoccupations des tunisiens sont les mêmes. C'est dommage, j'aurais cru que certains sujets seraient dépassés, mais... Comme aujourd'hui, d'après M.Filali il y a eu énormément de discussions et débats concernant l'article 1 de notre constitution dont la rédaction définitive a été proposée par Bourguiba.
De même, il y a eu des débats houleux concernant la notion de citoyen. Cette notion concerne-t-elle seulement les hommes ou bien concerne-t-elle aussi les femmes?
Encore une fois, la question a été tranchée par Bourguiba, bien que de façon indirecte. Bourguiba avait accordé aux femmes le droit de vote et avait ainsi mis l'assemblée constituante devant le fait accompli. (Allah yarhmik ya Bourguiba pour ce que tu as fait pour la femme tunisienne).
Le 25/07/1957, proclamation de la république. Chacun des 97 membres de l'assemblée devait répondre par oui ou non à ces deux questions:
- es-tu d'accord pour abolir la monarchie?
- es-tu d'accord pour instaurer une république?
Il fallait que chaque membre réponde individuellement.
Est-ce que tous ont été unanimes pour répondre par l'affirmative?
OUI.
N'y a-t-il eu aucune pression?
NON
C'était il y a un peu plus de 50 ans. Et aujourd'hui...
Le 20 Aout dernier, je suis allée à Beit el Bennani pour assister à la projection de photos de la première Assemblée Constituante Tunisienne, commentées par M.Mustapha Filali, militant et membre de cette assemblée.
Je ne connaissais pas du tout Beit el Bennani, ni n'en avais jamais entendu parler. Quelle ne fut ma surprise de la découvrir. Il s'agit d'une ancienne demeure, transformée par son propriétaire en espace culturel et bibliothèque privée.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Cela fait plaisir de voir un espace pareil revivre et servir à la culture.
Cela a aussi été pour moi l'occasion de feuilleter certains livres, et d'en trouver un sur l'histoire de l'Avenue Habib Bourguiba (photos d'anciens immeubles de cette avenue ici). Je vous en parlerais un autre jour.
Merci à mes deux amis qui m'ont fait découvrir cet espace.
La justice sociale constitue, dans les Temps modernes, une valeur à laquelle adhèrent spontanément les hommes et les femmes, quelles que soient leur religion, leur langue, leur culture ou leur ethnie. Si elle a été intériorisée sans difficulté à une aussi large échelle, c’est qu’elle correspond à une aspiration profonde de l’humanité qui n’a pu l’exprimer, la défendre et l’institutionnaliser, du moins partiellement, qu’en tournant le dos au fatalisme et aux justifications supra humaines de l’ordre social ancien, aussi injuste qu’il l’ait été. L’inégalité entre les hommes et entre les sexes était perçue - comme la pauvreté ou l’oppression - comme naturelle, allant de soi, à l’instar des phénomènes climatiques et des catastrophes qu’ils peuvent provoquer. Ces différentes formes d’injustice étaient simplement atténuées par l’incitation à la charité, à l’aumône, à la mansuétude du prince, et par de semblables solutions de caractère plus moral que proprement juridique.
En soulignant à la fois la nouveauté de l’adhésion universelle à la justice sociale, et la rupture radicale qu’elle marque, en théorie sinon en pratique, avec la hiérarchie inégalitaire admise dans les sociétés pré modernes, on se rend compte des difficultés de mettre en œuvre cette valeur et des oppositions qui se manifestent à son encontre de la part de ceux qui ont intérêt à ne pas la généraliser. Les légitimations religieuses de l’inégalité entre les sexes dans le droit successoral musulman classique sont naturellement à inscrire dans ce contexte.
On sait que le droit de la famille dans les pays musulmans est le secteur qui échappe encore, en tout ou en partie, au droit positif “séculier”. En effet, il est régi le plus souvent par des juges religieux qui appliquent les normes sacralisées des écoles de Fiqh (jurisprudence plus que droit proprement dit) notamment en matière de mariage, de divorce, de filiation et d’héritage. Dans les rares pays où ce sont les juges “civils” qui s’en mêlent, ils sont tenus d’appliquer ces mêmes normes plus ou moins respectées et plus ou moins habilement détournées en faveur de critères en phase avec les valeurs de la modernité. Toutefois, une grande exception est à déplorer dans les efforts d’adaptation de la norme à caractère religieux : c’est le domaine de l’héritage.
On a trop tendance à considérer que les textes du Coran et du Hadîth sont un obstacle infranchissable en pays d’islam à l’évolution du droit successoral vers plus d’égalité entre les sexes. De fait, il existe à ce propos un certain nombre de textes plus ou moins clairs et plus ou moins explicites dont la portée peut être discutée. En revanche, d’autres textes, non moins sacrés ou sacralisés, sont – du moins en apparence – contradictoires, et posent des problèmes réels de compréhension et d’interprétation.
Les plus célèbres parmi les versets qui ont de tout temps posé des problèmes aux musulmans sont ceux qui concernent la “kalâla” (Sourate Les femmes IV/12 et 176). Les traductions, influencées en règle générale par les exégèses classiques, témoignent de la difficulté de connaître la signification exacte de cette notion. En effet, le même mot kalâla est rendu successivement dans les traductions françaises que nous avons consultées par : “absence d’héritiers directs”, dans le premier verset, et par “collatéraux”, dans le second (S. Mazigh), par “absence d’héritier en ligne directe [ascendant ou descendant]”, et par “dévolution d’une succession sans ayant droit descendant ou ascendant” (B. Hamza), par “n’avoir ni parents ni enfants”, et par “parents éloignés” (H. Hafiane), par “dépourvus de successibles directs”, et par “la succession sans successeurs directs” (J. Berque), par “la situation de laisser un héritage sans avoir des héritiers en ligne directe descendante ou ascendante”, et par “la parenté autre que celle du père et des enfants” (R. Khawam), par “n’avoir ni parents, ni enfants”, et par “parenté éloignée” (D. Masson), par “hériter d’un parent éloigné ou d’une parente éloignée”, et par “parents éloignés” (Kasimirski).
Le flou manifeste qui caractérise ces interprétations n’est pas dû uniquement à une difficulté lexicologique, car les dispositions que contiennent ces versets sont inconciliables : selon le verset 12, frères et sœurs du défunt ou de la défunte reçoivent une part égale de la succession, alors que selon le verset 176 un frère reçoit le double de la part de sa sœur.
En outre, certains chercheurs contemporains mettent en doute la lecture courante et son interprétation. Ils n’excluent pas l’hypothèse qu’il faudrait lire, dans le premier verset en question yûrithu à la forme active et dans le sens de laisser une succession à quelqu’un, et non yûrathu à la forme passive et dans le sens d’être en situation d’hériter. Cette lecture est d’ailleurs attestée dans la littérature classique des Qirâ’ât (variantes dans les lectures canoniques). Si l’on se fie à l’étymologie, à la lumière des langues sémitiques comparées, et selon quelques témoignages dans la littérature d’adab, la kalâla pourrait signifier … la belle-sœur ou la belle fille [1]. Tout l’échafaudage construit par les Fuqahâs ne s’expliquerait alors que par la volonté de réserver le patrimoine laissé par le défunt aux seuls membres du groupe, et d’exclure la femme, particulièrement lorsqu’elle n’appartient pas au clan de son mari.
Ces textes ne sont pas les seuls à poser problème. Le verset du Coran La vache II/180 stipule explicitement que les héritiers ne partagent entre eux les biens du défunt qu’après avoir soustrait ce qu’il avait légué par testament et les dettes qu’il avait contractées. Les jurisconsultes, ne pouvant ignorer ces dispositions, les ont détournées de deux façons : ils ont restreint le legs testamentaire au tiers de la fortune, d’une part, et exclu de ce legs les ayants droit à l’héritage, d’autre part. On pourrait comprendre qu’ils avaient raison de ne pas vouloir léser ces ayant droit en limitant le legs au tiers, mais les en exclure carrément revient à se substituer à la volonté expresse du défunt qui, pour mille et une raisons, voudrait privilégier un ou plusieurs héritiers. De surcroit, l’interdiction de désigner un ou plusieurs héritiers n’est-t-elle pas à mettre en relation avec les conflits politiques et sociaux qui ont divisé très tôt la communauté musulmane ? On se rappelle, à cet égard, que les Chiites soutiennent que le Prophète a désigné son gendre Ali pour lui succéder, ce que refusent catégoriquement les Sunnites.
En tout état de cause, les jurisconsultes avaient eu recours, pour justifier leur option, à un hadith censé abroger le texte coranique (lâ wasiyata li-wârith : point de testament en faveur d’un héritier). Or, admettre cette abrogation c’est comme si on admettait en droit positif qu’un arrêté ministériel puisse abroger une loi ou un article de la Constitution. Tous les juristes conviennent qu’il s’agit dans ces conditions d’une aberration pure et simple. Et pourtant, c’est ainsi que les jurisconsultes musulmans ont décidé, sous prétexte qu’en l’occurrence le hadith a restreint la portée générale du texte coranique, sans l’abroger.
Mais la preuve irréfutable de l’intervention humaine dans l’infléchissement des textes coraniques dans un sens défavorable aux femmes et conforme aux valeurs de l’époque qui a suivi celle de la Révélation et vu l’émergence du droit musulman lui-même, est la différence de traitement faite à deux expressions qui n’ont pas rigoureusement le même effet d’obligation, selon les théoriciens du droit (usûliyyûn) eux-mêmes. On lit dans le verset II/180, déjà évoqué : “Il vous est prescrit (kutiba ‘alaykum) que lorsque l’un d’entre vous est sur le point de mourir, s’il laisse un bien, il est tenu de tester en faveur de ses père et mère et des plus proches des siens, conformément à l’usage. C’est une obligation pour ceux qui craignent Dieu” Alors que le verset IV/11 dit simplement : “Dieu vous recommande (yûsîkum) ceci au sujet de vos enfants : au garçon revient une quote-part équivalente à celle de deux filles…” Ce qu’en ont tiré les exégètes et les jurisconsultes est tout à fait à l’opposé d’une saine lecture des textes sacrés : la prescription divine, dans le premier verset, a été considérée comme facultative, et la recommandation, dans le second, comme obligatoire !
Il n’y a pas lieu de suivre cas par cas les situations qui ont abouti à exclure les femmes, totalement ou partiellement, des bénéfices de l’héritage. On ne citera que les subterfuges les plus flagrants consistant à introduire la notion de ‘asaba (parenté du côté du père), absente du Coran, et à instituer le waqf ou hubus (bien de mainmorte) exclusivement en faveur des enfants mâles. Ces deux dispositions, jointes à l’interdiction faite à la femme mariée de jouir pleinement de ses biens au-delà du tiers, et au maintien de la fille vierge, quel que soit son âge, à l’état de mineure dont le père est le tuteur, n’ont en fait qu’un seul et unique objectif : exclure la femme de la vie sociale et économique, et la confiner dans les fonctions subalternes d’épouse ou de fille au foyer.
Ce sont là les décisions des fuqhâs prétendant qu’ils ne font qu’expliciter la volonté divine. Mais le Coran a-t-il vraiment l’intention de légiférer en la matière pour qu’on éprouve le besoin d’interpréter ses versets concernant les successions dans un sens défavorable aux femmes, et de dévoyer parfois franchement ses prescriptions ? Deux aspects de la question incitent à répondre par la négative :
- Le premier aspect est que la différence de traitement entre les hommes et les femmes qui héritent n’est point absolue. Elle se limite effectivement aux enfants du défunt, et ne concerne pas ses père et mère, qui ont des parts égales, lorsqu’il laisse des enfants, ou le frère et la sœur en cas de kalâla, ou les frères et sœurs si leur nombre est supérieur à deux, dans le même cas de kalâla.
Pourquoi cette différence de traitement à propos des enfants ? La réponse est probablement dans l’obligation faite aux hommes de subvenir aux besoins du foyer. La femme en étant dispensée et bénéficiant par ailleurs d’une dot versée par le mari, il peut sembler normal que sa part dans l’héritage soit moindre. Autrement dit, ce sont les conditions historiques et les modes de vie en vigueur dans les sociétés pré modernes qui sont à la base de cette discrimination relative.
- Le second aspect qui démontre de manière irréfutable que le Coran n’a pas l’intention de légiférer pour tous les cas, et que les versets qui se rapportent aux successions sont des réponses circonstancielles à certaines situations concrètes vécues par la communauté musulmane primitive, est que l’application systématique de ces prescriptions s’avère impossible dans plusieurs cas. Prenons deux exemples, tirés d’ailleurs des ouvrages de fiqh. Le premier est presque choisi au hasard, et le second représentant un cas limite:
1) Un homme meurt et laisse une épouse, deux filles et ses père et mère. L’épouse a droit au huitième de l’héritage, soit 3/24, les deux filles ont les deux tiers, soit 16/24, le père a le sixième, soit 4/24, et la mère également le sixième (4/24). Le total des parts excèderait alors l’unité : 27/24 !
2) Une femme meurt laissant un mari auquel revient la moitié de l’héritage, soit 3/6, une sœur de père et de mère, qui mérite également la moitié, soit 3/6, une mère dont la part équivaut au sixième (1/6), une sœur consanguine, méritant aussi le sixième (1/6), ainsi qu’un frère et une sœur utérins, ayant droit ensemble au tiers (2/6). Le total des parts serait dans ce cas presque le double de l’unité : 10/6 !
Une application à la lettre des textes s’avérant impossible, on a eu recours à la technique dite du ‘awl (littéralement : déviation par excès) consistant, dans le premier exemple, à porter le dénominateur à 27 au lieu de 24 (la veuve recevrait 3/27, les deux filles 16/27, etc.), et dans le second exemple à le porter à 10 au lieu de 6 (3/10 au mari, 3/10 à la sœur de père et mère, etc.). On rapporte que c’est le deuxième Calife, ‘Umar, qui recourut le premier au ‘awl. Ceux qui s’opposèrent à cette technique, au lieu de ne pas s’en tenir à la lettre des textes coraniques relatifs aux successions, et ne retenir que l’esprit dans lequel ils furent révélés, prônaient au contraire une autre solution qui consiste à faire bénéficier les premières personnes désignées et à écarter celles qui viennent dans l’ordre après elles, c’est-à-dire concrètement les femmes.
Un croyant sincère refuse évidemment l’idée que Dieu lui-même ou son Prophète ne savent pas compter, ou qu’ils sont incapables de prévoir tous les cas de figure qui ne manqueront pas de se poser, ou bien qu’ils veulent introduire une discrimination absolue entre les sexes. Le Coran fournit simplement des solutions à des situations particulières qui se sont posées du vivant du Prophète, et tient compte de paramètres qui nous échappent dans leur détail, afin d’indiquer quels sont les héritiers prioritaires. Néanmoins, la visée coranique est claire, limpide même : il s’agit, tout en tenant compte des coutumes préislamiques, et en respectant le libre choix de chacun pour la dévolution de sa propriété, de restreindre le caractère archaïque des successions agnatiques régies par le principe de l’ancienneté et non par celui de la descendance directe [2], d’éviter l’accumulation des richesses aux mains d’une catégorie quelconque d’héritiers (le fils aîné, les enfants à l’exclusion des parents, les hommes seuls en excluant les femmes, etc.), et de donner des indications sur l’équité que devraient poursuivre les musulmans pieux, en appliquant les prescriptions et les recommandations divines prises globalement et non point séparément.
S’il en est ainsi, les règles coraniques qui organisent les successions sont avant tout des orientations générales appliquées à des cas particuliers dont on doit constamment rechercher l’esprit. Quant aux règles consignées dans les sources classiques du droit musulman, elles ne sont que le reflet des valeurs qui avaient cours dans les sociétés traditionnelles, lesquelles sont évidemment éloignées des valeurs modernes qui consacrent l’égalité entre les sexes.
Ce qui s’oppose par conséquent à l’introduction de l’égalité successorale entre les enfants dans le droit positif actuel des pays musulmans, ce ne sont pas les textes sacrés explicites, mais bien l’interprétation qui en a été faite dans d’autres conditions historiques. Tant qu’on ne s’est pas débarrassé de cette contrainte qui fait peser sur le présent tout le poids du passé, il est vain de prétendre à une quelconque actualisation du droit successoral ou de tout autre domaine du fiqh. Les changements intervenus dans la structure de la famille, la scolarisation des filles, l’urbanisation, le développement des moyens de communication, se chargeront, entre autres, de favoriser cette libération.
Les mutations que connaissent les sociétés musulmanes contemporaines, et l’amélioration tangible – malgré toutes les difficultés - du statut de la femme dans ces sociétés, ainsi que sa participation de plus en plus accrue à l’espace public, imposeront probablement dans un avenir plus ou moins proche une révision profonde du droit successoral, et mettront fin aux discriminations dont les femmes ont trop longtemps souffert. Cette révision éliminerait d’ailleurs, par la même occasion, les inadéquations de la règle en vigueur à la réalité sociale, et assurerait une cohérence globale de l’ordre juridique et une cohérence interne du droit de la famille, particulièrement là où ce droit répond déjà, comme en Tunisie, aux normes universelles qui respectent la dignité de la femme musulmane et son égalité avec l’homme, en abolissant la polygamie et la répudiation, en instituant à égalité pour les deux parties le divorce judiciaire, et en accordant à la jeune fille la possibilité de choisir elle-même son futur époux [3].
Si le Code du Statut Personnel tunisien s’est appuyé sur un avis minoritaire dans le fiqh pour accorder aux filles du défunt la totalité de l’héritage de leur père ou de leur mère en l’absence de progéniture mâle, la Mudawwana marocaine se veut encore fidèle à l’école de droit malékite, avec cependant certains aménagements qui représentent des avancées certaines par rapport aux normes traditionnelles, sans toutefois toucher aux règles qui régissent les successions. Dans les autres pays arabes, on n’ose pas encore remettre en cause les enseignements du fiqh classique. Mais quoi que fassent les régimes politiques en place dans ces pays pour ne pas heurter de front les représentants de l’institution religieuse et une partie importante de l’opinion publique, ils seront de plus en plus obligés de tenir compte de l’aspiration de la jeunesse et des forces motrices de leur société, ainsi que de la pression de l’opinion publique extérieure et des instances internationales, qui toutes militent en faveur de l’égalité entre les sexes, y compris en matière de successions.
Le droit successoral est indissociable de la nature des régimes politiques. Aussi longtemps que les pouvoirs établis souffrent d’une carence de légitimité démocratique et représentative, ils recourent tout naturellement à la légitimité religieuse traditionnelle et n’ont aucun intérêt à couper la branche sur laquelle ils sont assis. C’est donc uniquement lorsque la société, et notamment son élite éclairée, se prend elle-même en charge et refuse la soumission et l’obéissance aveugle aux pouvoirs qu’elle ne choisit pas elle-même et change quant elle le veut, que le droit successoral peut être débattu publiquement et révisé dans le sens de l’égalité complète dans toutes les situations.
Il est incontestable qu’il n’existe pas de droit parfait en la matière. Les coutumes, les normes sociales, les rapports de force, les systèmes économiques et bien d’autres facteurs interviennent dans l’établissement des régimes des successions. La question n’est donc pas d’aboutir à satisfaire toutes les parties. Ainsi, on peut se demander, au vu de l’allongement de l’espérance de vie et de l’éclatement un peu partout de la structure familiale traditionnelle et élargie, à quel degré on s’arrête pour faire bénéficier les ascendants ? De même, avec la participation de la femme à l’acquisition des biens dans un foyer, quelle est la part qui devrait logiquement lui revenir ? Quel est également le taux de taxation le plus indiqué appliqué aux grandes fortunes ? Est-il encore admissible d’écarter les enfants dits naturels nés en dehors du mariage institutionnel ? Autant de questions – et il y en a plein d’autres - auxquelles on ne dispose point de solution satisfaisante à cent pour cent. Il s’agit essentiellement de tenir compte des situations nouvelles dans les sociétés modernes, de ne pas s’en tenir à un droit figé, et surtout de parvenir à une égalité entre hommes et femmes.
A cet égard, les pays musulmans enregistrent un retard considérable à combler. Les intérêts machistes dans la perpétuation du droit classique y sont indéniables, étant entendu que, même avec ses imperfections, ce droit n’est pas appliqué intégralement dans plusieurs contextes où la femme est exclue entièrement de l’héritage. Ce qui démontre que le facteur religieux et culturel en général n’est pas le seul responsable des discriminations criardes qui continuent à sévir. Les justifications à caractère religieux ne sont en définitive que la couverture masquant des enjeux économiques, politiques et sociaux, moraux et matériels. Les dénoncer est certes une opération salutaire et nécessaire, et s’inscrit dans le difficile processus de modernisation de la pensée religieuse en islam comme dans le judaïsme et le christianisme. Cependant, elle n’est pas suffisante, car ces justifications ne perdent à la longue de leur pertinence que grâce notamment aux luttes que mènent les femmes – et les hommes qui en sont solidaires - pour améliorer leur statut, et sous la pression des changements qui interviennent dans les modes de production et de vie.
Rappeler les diverses dimensions de la question sensible de la révision du droit successoral, c’est s’écarter en définitive du culturalisme dans lequel tombent trop souvent, à notre avis, les gender studies, et de la vision essentialiste de l’islam, rendu, en tant que tel, coupable, dans les médias occidentaux en général, des dérives inégalitaires du fiqh classique. En d’autres termes, s’ouvre ainsi un vaste chantier où toutes les bonnes volontés trouvent à s’exercer sur plusieurs fronts et non sur le seul plan de la religion, en répudiant les clichés, les amalgames et les simplifications abusives. Il n’en demeure pas moins que la difficulté principale provient justement du fait que le monde mental hérité du passé cherche toujours à se perpétuer, et que même si on vit à l’ère d’Internet et des communications à la vitesse de la lumière, on agit souvent avec la mentalité tribale et sous l’emprise de ses valeurs surannées. L’individualisme rampant ne laisse encore de place ni à la solidarité effective, ni à la citoyenneté qui exige l’égalité de tous devant la loi, sans la moindre exception.
* - Communication au colloque “Culture et genre” , tenu à Rabat le 19 – 10 – 2009.
[1] - Cf. D. S. Powers, Studies in Qur’an and Hadith. The formation of Islamic Law of Inheritance, University of California Press, 1986, pp 209 – 216.
[2]- Cf. R. Brunschvig, “Un système peu connu de succession agnatique dans le droit musulman”, in Etudes d’islamologie, Paris, Maisonneuve 1978, pp 53 – 64.
[3] - Voir à ce propos l’excellent opuscule de Ali Mezghani et Kalthoum Meziou, L’égalité entre hommes et femmes en droit successoral, avec une postface en arabe de Zahia Jouirou, Tunis, Sud Editions 2006.
La présentation a commencé par une intervention de M.Abdelmajid Charfi pour lequel il existe deux YBA, le savant qui expose les thèses classiques et le militant engagé. Cet ouvrage, serait d'après M.Abdelmajid charfi, l'œuvre du militant qui l'aurait écrit avec un cri du cœur.
M.Abdelmajid Charfi a aussi précisé que ce livre avait été écrit en 2010, donc avant la révolution, mais édité en 2011, d'où son intérêt parce qu'il s'agit surtout d'une réflexion profonde ne tenant pas compte d'impératifs du moment. Il s'agit donc d'une pensée structurelle et non pas conjoncturelle.
Je vous conseille de lire cet article "Yadh Ben Achour présente La Deuxième Fâtiha ouvrage philosophique pour les uns, politique pour les autres" de Seif Soudani qui résume très bien comment s'est déroulée la présentation. J'aurais quand même une petite rectification à faire: le dernier intervenant, qui s'est assis à la table de YBA sans y être invité, n'a pas chanté "un chant identitaire et religieux", il a prétendu avoir écrit un poème pour l'occasion. Ce qui est faux. Il s'agit en réalité d'un poème de Sghaier Ouled Ahmed, poète tunisien.
Par rapport à cet article, je voudrais juste ajouter quelques remarques personnelles, qui relèvent plus du ressenti que de la raison.
Tout d'abord, je voudrais revenir sur le principe de la non souffrance dont M.YBA a longuement parlé: "la souffrance que je refuse pour moi, je la refuse pour tous les autres". De là découle d'après lui le refus de la torture, le refus de porter atteinte à l'intégrité physique...
Ce qu'il a dit là m'a rappelé la règle d'or: "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse". Cette règle existe dans pratiquement toutes les religions, y compris dans la religion musulmane: "Aucun d'entre vous ne croit vraiment tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même".Hadith 13 de al-Nawawi. J'adore cette règle, si elle était vraiment appliquée, nous serions tous très "heureux". Personnellement, elle est pour moi la base de tous nos rapports et j'essaye de la respecter autant que possible.
De quoi parle ce livre?
Je ne l'ai pas encore lu, juste acheté. Mais d'après M.Abdelamajid Charfi et M.YBA, ce livre nous donne une nouvelle lecture des versets 23 à 37 de la sourate Al Isrâ’. Ces versets seraient une sorte de commandements. Il s'agit d'une éthique de la responsabilité. D'après M.YBA, à part la beauté esthétique extraordinaire de ces versets, ceux-ci donnent en plus un aperçu sur les droits de l'Homme dans l'Islam.
D'après M.YBA, il y a plusieurs façons de lire le Coran. Il vaut mieux le lire avec des yeux modernes pour y trouver une pensée des droits de l'Homme. Hélas, la majeure partie des musulmans lisent le Coran avec des yeux salafistes et rétrogrades. L'essentiel aujourd'hui est donc de savoir sélectionner nos méthodes de lecture.
Je suis tout à fait d'accord avec ce que dit là M.YBA. Et cela me ramène à ma jeunesse, période où autour de moi, on me disait la même chose. Période où on voyait la beauté de la religion musulmane et où on l'interprétait selon des règles humanistes et universelles, et où la tolérance et l'ouverture d'esprit avaient la prédominance. A cette époque là, on faisait surtout attention à l'esprit de la religion musulmane. Période où la morale avait bien plus d'importance que les rites ou dogmes. Je me rappelle qu'enfant et adolescente, autour de moi, aussi bien dans ma famille qu'à l'école, on me parlait de la religion musulmane comme d'une religion merveilleuse, qui s'occupait surtout de l'esprit, des relations des gens entre eux, de l'amour entre les Hommes, de la compréhension, de la tolérance, de la morale sociale... A l'époque, il n'existait pas de discussions sur le fait de savoir s'il faut descendre de son lit avec le pied droit ou le pied gauche, si un parfum pouvait empêcher le jeun, s'il faut se mettre un vernis à ongles avant ou après les ablutions pour la prière... Toutes ces discussions inutiles n'existaient pas Dieu merci. Écouter M.YBA m'a rappelé à quel point l'islam pouvait être beau et m'a montré à quel point aujourd'hui certains voulaient le dénaturer.
M.Abdelamjid Charfi a d'ailleurs fait allusion à cela en relevant que dans le chapitre IX "La lettre et l'esprit", on pose la question: dans quel esprit les révélations ont-elles été faites?
En fait, tout est question de références. Les intégristes, les salafistes et les passéistes ont une vision particulière. Et j'ajoute qu'il est regrettable qu'aujourd'hui certains tunisiens soient entrain d'épouser cette vision réductrice de l'Islam.
M.YBA a insisté sur l'universalité des droits de l'Homme. Pour lui, il ne faut pas faire de distinctions entre les êtres humains. Il ne faut en aucun cas tenir compte du sexe, de la couleur, de la race... Les droits de l'Homme concernent tous les humains sans aucune distinction. La nature est pleine de différences et les droits de l'Homme refusent ces différences et doivent se construire en faisant abstraction de tout. La culture des droits de l'Homme doit être supérieure. Il faut tout transcender: nature, culture, histoire... Si nous faisions des distinctions, nous ne ferions que nous battre toujours entre nous. Nous entrerions dans le relativisme. Les droits de l'Homme ont besoin d'absolu et d'universalité. M.Abdelmajid Charfi n'est pas d'accord. Pour lui cela serait trop idéaliste.
M.YBA a rappelé qu'il est actuellement plongé dans le feu de l'action. Il a même été menacé lorsqu'il avait dit que sa première religion est la démocratie. Certains esprits n'ont pas compris ce qu'il voulait dire. Il voulait en réalité dire qu'il voulait une religion personnelle, réelle et authentique, et cette religion ne peut être fondée que sur la liberté et l'auto-détermination personnelle et non pas sur le conformisme. Il a rappelé qu'il venait d'une famille religieuse et conservatrice, mais qui lui a appris l'autonomie et la liberté personnelle et lui a permis de choisir. La religion est un choix personnel et non pas un héritage familial ou culturel. Chaque personne devrait choisir sa religion en toute liberté. Lui-même se sent musulman parce qu'il a choisit cette religion, non pas par tradition familiale, mais par choix personnel, convaincu et réfléchis. Encore une fois, je suis totalement d'accord avec M.YBA. L'important est de choisir ses croyances en toute liberté. C'est à mon avis ce qui donne encore plus de valeur à ce choix. Ne vaut-il pas mieux être musulman (ou chrétien, juif ou autre) par choix et conviction plutôt que par un simple accident de naissance?
Cette remarque m'a d'ailleurs rappelé une discussion avec M.Lotfi Zitouni de la Nahdha. Il avait dit presque la même chose il y a quelques semaines. Mais je n'étais pas d'accord avec lui. En effet, M.Zitouni avait fait cette distinction entre le musulman par tradition et le musulman par choix pour faire une division et une hierarchie entre les Tunisiens. Il disait que tous les tunisiens n'étaient pas vraiment musulmans et que seuls l'étaient ceux qui prononçaient la chahada par choix et que ce choix devait provenir du plus profond d'eux-mêmes. Et les autres? Et n'étant pas de vrais musulmans, restent-ils quand même de bons citoyens?
Comme quoi, on peut penser pareil, mais pour des objectifs complètement opposés!!!
M.Ghazi Gherairi a pris la parole. Pour lui, ce livre est éminemment politique. Il pense que M.YBA commence par un constat et une interrogation. La plupart des pays arabo-musulmans ont un problème avec la modernité et ont renoncé à une certaine norme de la morale, de l’esthétique et du droit. Pourquoi les musulmans ont-il des difficultés pour s’insérer dans l’esprit des temps modernes? Comment retrouver l’inspiration du début de la religion musulmane? M.YBA a l’espoir d’une certaine conciliation entre les droits de l’homme et l’Islam. M.Gherairi dit d’ailleurs avoir été interpelé par le chapitre X "La loi de Dieu et la purification des sociétés impies" qui parle de la théologie du soupçon et de la théologie de la purification. Il y a aujourd’hui l’émergence d'une théorie qui nie par principe la pensée des droits de l'homme et tout ce qu'elle considère provenir de l'occident. Or le livre écrit en 2010 trouve une résonance dans la révolution tunisienne. Lors de cette révolution, non seulement il n'y avait aucun slogan religieux ou identitaire, mais en plus les valeurs des droits de l'homme ont été à l'origine de cette révolution. Il faut aujourd’hui relire ce chapitre X et y trouver une question d’actualité et une matière constitutionnelle. Aujourd’hui, il y a un éclairage nouveau sur ce chapitre X.
Suite à cette question posée par une personne présente: comment faire admettre à la base que sa religion est la liberté? M.YBA a été amené à parler du système éducatif tunisien qui est d'après lui complètement défaillant. D'après lui, les peuples sont aujourd'hui cultivé, mais aussi cultivables. Il faut développer les peuples selon les capacités de chaque personne. Il y a des nations qui éduquent et qui donnent à l'ensemble de leurs peuples une éducation qui leur permet de s'ouvrir à toutes les lumières de la science et de la connaissance. Mais il y a malheureusement aussi des nations qui sont complètement déficientes sur ce plan-là et qui ne donnent pas à leurs peuples les moyens de s'ouvrir aux lumières de la science et de la raison. En Tunisie, en janvier 2011, ce n'est pas l'élite qui a fait la révolution, mais le peuple. Qu'avait-il demandé? Il avait demandé la liberté d'abord, la dignité, l'État de droit, le pluralisme, etc... Si nous voulons poursuivre le chemin dans ce sens, il faut réellement reconsidérer notre système éducatif qui n'ouvre pas l'esprit aux lumières et à la culture. C'est un système éducatif renfermé sur lui-même (regardez les programmes d'histoire, les programmes de littérature...) qui enferme les esprits et forme des esprits étroits, trop concentrés sur l'orgueil national, sur l'identité, sur l'authenticité... Or ces perspectives sont fausses et ne mènent à rien, nous pouvons hurler que notre culture est la meilleure, que dans l'histoire nous avons été les plus forts, les plus intelligents, que nous avons été ceci ou cela..., cela ne changera rien à l'état des lieux, nous sommes aujourd'hui une civilisation mineure. Pourquoi? Parce que nous nous sommes condamnés nous-mêmes à la médiocrité par des systèmes éducatifs archaïques, par des systèmes d'éducation familiale qui sont aussi archaïques, par un manque de développement de l'autonomie dans l'esprit de l'enfant, par des systèmes familiaux basés sur l'utilisation de la violence contre les enfants... nous créons des violents à l'école et dans nos familles. Il faut cesser tout cela. Ce peuple qui a réussi à faire cette révolution, il faut l'aider par le développement de la culture, de la culture ouverte, de la culture des droits de l'homme, il faut refaire notre système éducatif, il faut refaire les programmes d'histoire, d'éducation religieuse, de littérature....
Merci M.Yadh Ben Achour. Farhatdtli 3ala 9albi!!!! Mais je voudrais ajouter une précision: il y a une distinction à faire entre le système éducatif tunisien d'avant Mzali et après Mzali, et surtout une distinction à faire entre le système éducatif de l'époque Bourguibienne et celui de l'époque Ben Ali, époque où la médiocrité a été développée sur tous les plans.
Les délais pour s'inscrire aux élections sont presque finis, et seulement environ 1/7 des électeurs potentiels se sont inscrits!
Un ami, tunisien résident en France, vient de m'appeler de Hammamet. Il est ici en vacances et est allé s'inscrire. On lui a répondu que les tunisiens résidents à l'étranger devaient s'inscrire dans des bureaux spéciaux. Pour tout le gouvernorat de Nabeul, ce bureau se trouve à.... Grombalia.
Il a enragé. Il parait d'ailleurs qu'ils étaient très nombreux à enrager. Ces Tunisiens sont en vacances à Nabeul et Hammamet et on leur demande d'aller à Grombalia.
Certains sont motorisés, d'autres pas. Ils doivent donc se débrouiller pour se déplacer. Certains laisseront tomber.
Les questions que posait cet ami: pourquoi Grombalia? Pourquoi pas Nabeul ou Hammamet? Et d'ailleurs pourquoi des bureaux spéciaux pour les résidents à l'étranger? A l'ère de l'informatique et d'Internet, pourquoi est-ce que tous les Tunisiens ne peuvent-ils pas s'inscrire dans tous les bureaux?
Pourquoi faire compliqué lorsque l'on peut faire simple?
Par ailleurs, cet ami était un peu paniqué. Il a dit que la queue des gens qui attendaient pour s'inscrire était effrayante. Je sais, c'est très subjectif. Mais il était vraiment effrayé. Pourquoi? Parce qu'il parait que la queue était à grande majorité "barbue".
Où sont les autres?
A la plage?
Ils ne se sentent pas concernés?
Ils ont pris l'habitude de ne pas voter?
Ils n'y croient pas?
Ils jouent la carte de l’abstentionnisme contre l'assemblée constituante?
Plus que 5 jours, et les Tunisiens ne semblent pas vouloir aller s'inscrire. C'est grave, vraiment très grave.
Tunisiens, réveillez-vous: voter est un droit mais aussi un devoir. Vous devez VOTER.
Et même si aujourd'hui, vous ne savez pas pour qui voter, inscrivez-vous et d'ici le 23 octobre, vous aurez le temps de vous décider. Ne perdez pas cette chance d'aller voter et d'être de vrais citoyens pour la première fois dans l'histoire de notre pays.
Tous les tunisiens, quelques soient leurs convictions, leurs idéologies, leurs tendances... doivent voter. L'assemblée constituante doit être représentative. L'assemblée constituante doit émaner de tout le peuple Tunisien.
Hier, jeudi 21 juillet, a eu lieu à Tunis, une marche pour la démocratie. Départ le Passage, direction la place Pasteur via l'avenue de la Liberté.
Malgré le soleil, des tunisiens étaient au RDV à l'appel des partis organisateurs. Ce que je trouve dommage est que ces partis n'ont commencé à communiquer que le mardi soir. Informer les gens en 24 heures est très difficile. Énormément d'amis et connaissances n'étaient pas au courant de cette marche et auraient aimé y participer. Personnellement, j'aurais préféré qu'elle ait eu lieu la semaine prochaine pour permettre de communiquer et de mobiliser plus de monde.
Il partait que nous étions environ 3000 personnes (mais seulement quelques centaines d'après Al Jazeera qui, soit ne sait pas compter, soit est aveugle!!!).
La marche s'est très bien passée, ambiance décontractée et bon enfant.
Les partis brandissaient chacun ses pancartes. Les participants scandaient des slogans réclamant la démocratie, la liberté, des élections pour le 23 octobre, rejetant le RCD et les extrémismes, la violence, la pensée unique...
La marche a été bien organisée. La procédure a été suivie. La police a rempli son rôle.
J'en profite d'ailleurs pour répondre à ceux qui posent cette question: pourquoi est-ce que la police ne réprime pas ce genre de marche et réprime certaines autres?
Ma réponse est: la police a-t-elle réprimé des manifestations autorisées?
Pourquoi est-ce que ceux qui posent ce genre de questions ne s'assurent-ils pas que tous les manifestants respectent la procédure légale?
Nous avons réclamé à cors et à cris un Etat de droit. Respectons cet Etat de droit.
Et si jamais une manifestation est interdite ou une manisfestation autorisée et pacifiste est reprimée, nous pourrions tous hurler à ce moment-là et réclamer notre droit à manifester. Mais comment réclamer un droit lorsque l'on ne remplit pas les obligations qui y sont attachées?
Je me suis promenée parmi tous les manifestants pour prendre des photos. Je n'ai vu aucun incident particulier. Au contraire. Tous paraissaient comme des amis. Cela est d'ailleurs visible sur les photos. Les passants regardaient, certains se joignaient à la marche, d'autres encourageaient, d'autres encore demandaient des explications... Un groupe d'entre eux m'a même demandé de les prendre en photo!
J'ai été très contente hier (et même un peu émue) de voir tous les dirigeants des divers partis ensemble. Ils étaient côte à côte, unis pour la même cause. Si seulement cela pouvait durer, et si cette union pouvait concerner tous les tunisiens que nous puissions enfin cohabiter tous ensemble en paix.
Il parait qu'il y a eu un léger incident avec l'équipe d'Al Jazeera. Je n'ai rien vu de particulier pourtant j'ai fais des vas et viens incessants dans la marche. Mais bien-sûr Al Jazeera adore propager de fausses informations et lancer des accusations. Selon plusieurs témoins, il parait que le journaliste d'Al Jazeera aurait posé des questions provocantes et une ou deux personnes lui auraient crié de dégager.
Personnellement, je n'ai rien vu de tel, je ne peux donc rien affirmer.
Mais je peux raconter ce que moi j'ai vécu. J'ai vu le journaliste d'Al Jazeera, je suis allée lui parler. J'ai demandé à son cameraman de filmer, il ne l'a pas fait. De toute façon, il l'aurait fait, ils auraient trouvé un moyen de déformer la réalité. Ils sont expert en déformations. Ils ne respectent aucune éthique. Je suis donc allée voir ce journaliste, je lui ai demandé clairement de m'expliquer le reportage qu'il a fait sur la marche du 07/07/2011. Je lui ai demandé les raisons de ses mensonges, je lui demandé pourquoi il avait déformé la réalité... et j'ai conclu en lui disant que si quelqu'un était entrain de créer une fitna entre les tunisiens, c'était bien les gens comme lui. Il avait en effet conclu son reportage sur cette marche du 07/07/2011 en disant que certains tunisiens voulaient créer une fitna.
Quelle a donc été sa réponse?
La fuite.
Il ne m'a pas dit un mot. Son cameraman et lui se sont éloignés sans prendre la peine de répondre à de simples questions qui leur étaient posées.
Lâches.
Bon, ce qui était génial, c'est que j'ai eu droit à des "9awi Sa3dik" et des "Yarham fomik". Je pense que j'ai posé des questions que nombreux voulaient poser.
Les gens comme ce journaliste et sa chaine, comme certains administrateurs de pages facebook... sont ceux qui veulent diviser les tunisiens. Ils veulent faire de nous des ennemis. Il ne faut pas tomber dans leur piège.
Nous ne sommes pas des ennemis même si nous sommes des adversaires politiques. Il est normal que nous soyons des adversaires politiques, mais en aucun cas nous ne devons devenir des ennemis. Chacun doit et peut défendre son point de vue, ses idées, ses valeurs, son projet de société... mais toujours dans le respect de l'autre, sans insultes ni diffamations. Nous sommes obligés de co-habiter dans le même pays, que cela nous plaise ou pas, nous devons donc trouver un moyen de le faire sans nous entre-tuer.
Je vous publie ci dessus quelques photos, mais vous pourrez trouver toutes mes photos sur ces deux albums facebook:
Hier, je suis allée voir l'expo de groupe "Votez" à l'Espace d'art Mille Feuilles, Marsa Plage.
Pour la première fois, nous allons tous voter. Eh oui. Pour l’avenir du pays, pour plus jamais ça, pour de nouvelles couleurs, pour les enfants futurs, pour la liberté de tous, pour votre Tunisie. Qui eût cru qu’un jour ce verbe « voter » allait être utilisé couramment, en Tunisie, et pas pour Star Academy ? Pour ne pas oublier, accordons une minute de réflexion, rien qu’une minute aux années précédentes, et dont nous nous sommes libérés, accordons une minute de réflexion aux pays qui croulent encore sous leurs dictateurs. Quand Artyshow nous proposa ce projet d’affiches électorales par des artistes-citoyens, nous étions loin de nous rendre compte de l’impact que cela aurait auprès des artistes contactés, qui sont différents de par leurs perspectives artistiques, mais unis par leur désir sincère de contribuer à la construction d’une vraie société libre, libre et libre. Alors réfléchissez bien avant de voter, car c’est irréversible. A moins que vous n’ayez une machine à remonter le temps. Et encore.
Le 9 Juillet, soit deux jours avant le démarrage officiel de l'inscription aux listes électorales, Artyshow & Mille Feuilles vous invitent à l’exposition d’affiches « VOTEZ ! », par les artistes :
Amine Lamine (Graphik Island) Audifax O’Hanlon Claire Daoud Daly Belkadhi Dux Duk Hafedh Khediri (Sk-One) Héni ben Mariem Hédi Ladjimi (Kasbah Factory) Henri Ducoli Karim Latrous (Jaye Frd) Lilia Golli (Liloone) Meen One Mohamed ben Soltane Nell.y (Artwork Frd) Oussema Troudi Willis From Tunis
En ce qui me concerne, je trouve que cette expo devrait être vue par tous. En effet, cela permettrait peut-être à certains de se rendre comte à quel point il est important, voire crucial, d'aller s'inscrire sur les listes électorales pour pouvoir aller voter le 23 octobre prochain.
J'ai pris quelques photos pour vous donner un petit aperçu de l'expo. Malheureusement, les photos ne sont pas belles. Il y avait trop de fénêtres, trop de lumière et trop de reflets sur les vitres. Personnellement, j'aurais préféré que ces affiches soient mates ou satinées. Cela aurait été plus facile de les prendre en photo d'ailleurs.
Je vous conseille d'aller voir sur place, et en parler autour de vous pour faire un max de pub à la nécessité d'aller s'inscrire pour pouvoir voter.
Il a été rappelé que la décision d’organiser cette marche a été prise jeudi et vendredi dernier lors de la réunion et de la conférence de presse qui ont eu lieu au Téatro.
Il a fallut contacter les partis et se mettre d’accord avec eux sur les modalités. Certains avaient proposé de faire un rassemblement à la Place des droits de l’Homme, mais cette proposition a été refusée. Il n’est pas question de faire en sorte que certains s’imaginent que cette marche est une provocation de quelque forme qu’elle soit. Nous sommes en démocratie, chacun peut parler, manifester et occuper les endroits qu’il veut. Et il est possible d’agir sans se provoquer les uns les autres. En définitive le choix s’est porté sur la place Pasteur (le ministère de l’intérieur ne donnant plus aucune autorisation pour manifester à l’avenue Habib Bourguiba) comme point de départ. La marche se dirigera vers la place d’Afrique via l’avenue Mohamed V.
Une demande d’autorisation a été rédigée, signée et déposée au Ministère de l’Intérieur lundi dernier.
Leila Toubel a contacté le monde des artistes et leurs syndicats. Ils seront donc en principe présents lors de cette marche.
Il a été convenu avec tous les organisateurs que les slogans ne doivent concerner que la violence et les libertés. Aucune autre revendication d’aucune sorte.
Cette marche a pour unique but de réclamer le respect des libertés et le refus total de la violence.
Exemples de slogans à arborer :
- Non à la violence
- La peur : dégage
- Touche pas à mes libertés
- La violence ne passera pas
- La liberté de création : droit inaliénable
- Liberté et droit à l’information
- لا للعنف و الترهيب
- نعم لحرية التعبير و الإبداع
- نعم لحرية الفكر و المعتقد
- لا مجال للعنف في تونس الغد
- تونس حرة و الترهيب على برة
- تونس الحرية تونس الإختلاف
- أنا حر و تونس للكل
- الخوف عدو الحرية
- الثورة ثورة حرية، لا نحكم فيك لا تحكم فيا
- نعم للاختلاف الثقافي
En ce qui concerne la sécurité, il y aura un service d’ordre. En plus de la demande d’autorisation, une lettre a été adressée au Ministère de l’Intérieur lui demandant une protection extrême et le mettant face à ses responsabilités au cas où.
Il est recommandé à ceux qui le désirent de porter les couleurs de notre drapeau tunisien, soit rouge et blanc. Bien-sur, cela n’est pas une obligation, chacun étant libre de faire comme il le désire.
Soyons nombreux demain. Nous rêvons et voulons une Tunisie libre pour tous ses citoyens.
Les forces réactionnaires multiplient les tentatives de créer la discorde dans notre société dans le but de réduire au silence les libres penseurs et les créateurs. L'objectif de la révolution tunisienne est de garantir la liberté de croyance, de pensée et d’expression pour tous les tunisiens. Pour faire face aux ennemis de la liberté et pour exprimer notre refus de la terreur, nous appelons les tunisiennes et les tunisiens à une marche pacifique silencieuse, en tenue blanche ou rouge (couleurs de notre drapeau), pour exprimer notre attachement à notre liberté.
Soyons nombreux au rendez-vous ce jeudi 7 juillet à 18h à l'avenue Mohamed V, départ place pasteur.
Le Pôle Démocratique Moderniste Lam Echaml Ettajdid Parti Socialiste de Gauche Alliance Républicaine Mouvement de la Citoyenneté et de la justice La voie du centre Afek Tounes Initiative citoyenne Parti Libéral Tunisien
تعمل القوى الرجعيّة على إشعال الفتنة بين فئات الشعب التونسي بالعنف والترهيب، قصد إخماد الأصوات المخالفة لها من مفكرين ومبدعين. ولقد قامت ثورتنا من أجل إرساء الحرية التي هي كل لا يتجزأ، ويحق لكل التونسيين ممارستها في معتقداتهم وتفكيرهم وتعبيرهم. وحتى نتصدّى لأعداء الحرية ونعبّر عن رفضنا للخضوع لترهيبهم، ندعو مختلف الشرائح التونسية، نساء ورجالا، أحزابا ومنظمات، لمسيرة سلمية صامتة، وبلباس أبيض وأحمر، للتعبير عن تشبثنا بحرية التونسيين، وذلك يوم الخميس 7 جويلية على الساعة السادسة مساء بشارع محمد الخامس انطلاقا من ساحة باستور. فالخوف عدو الحرية، والتعصب لن يمرّ في تونس الثورة.
القطب الديمقراطي الحداثي جمعية لمّ الشمل حركة التجديد الحزب الاشتراكي اليساري حزب الوفاق الجمهوري حزب المواطنة والعدالة طريق الوسط آفاق تونس المبادرة المواطنية حزب الاحرار التّونسي
P.S.: SVP, soyez très nombreux et invitez tous vos amis (si bien-sûr vous partagez nos valeurs).
Précision: il ne s'agit pas du parti l'Initiative (al moubadara) de Kamel Morjane, mais de l'Initiative Citoyenne (Mouvement citoyen indépendant)
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