Suite à ma note « La douleur de l’infidélité » et à 2 commentaires [(1) & (2)] que j’ai reçus, j’ai envie de réfléchir un peu avec vous et avoir votre opinion sur le sujet.
La première, Brise tunisienne se demande si je suis d’accord ou si j’ai été convaincue que la réaction de l’épouse est la bonne, ou du moins, qu’une bonne épouse se devrait d’être aussi passive et «compréhensive».
Que pourrais-je dire?
Il y a quelques années, j’aurais répondu sans aucune hésitation. Avec ma fougue d’antan, mes idées, mes principes d’égalité des sexes, etc., j’aurais dis NON NON NON. L’épouse aurait du agir, c’est à dire hurler, crier, et s’en aller.
Pourquoi aujourd’hui ma réponse n’est-elle pas aussi évidente?
Parce que les années ont passé et que les choses ne sont plus pour moi aussi tranchées.
En fait, je regarde autour de moi, j’observe les femmes qui ont divorcé et celles qui se sont résignées. Lesquelles ont fait le meilleur choix?
Je ne sais pas. Je ne sais pas du tout.
Il y a quelques années, je discutais avec une parente. Elle avait été mariée juste quelques mois. Et pendant ces quelques mois, je pense qu’elle n’a connu aucun jour heureux avec son mari. Ensuite, il a eu le toupet de la tromper. Pourquoi toupet? Parce qu’ils venaient à peine de se marier.
Elle a été acculée au divorce. Elle n’avait pas d’autre choix. En plus, elle était jeune, elle était belle, elle était instruite et elle était riche. Objectivement, on aurait pu penser qu’elle se serait remariée bien vite.
Pas du tout. 14 ans après, elle vit toujours seule dans une solitude absolue. Et elle commence à se faner.
Quant à son mari, il s’est remarié deux fois, et a divorcé deux fois. Sa 2eme femme lui a fait un enfant.
Cette parente qui n’a jamais connu le bonheur conjugal m’avait dit un jour: «tout est mieux que la situation de femme divorcée. Tout. Si j’avais su, j’aurais tout accepté, je n’aurais jamais divorcé». Sincèrement, ces quelques phrases m’avaient et me font toujours frémir. Le divorce est-il quelque chose de si terrible pour une femme tunisienne?
Ensuite, au fil des années, j’ai eu d’autres témoignages qui allaient dans ce sens.
Telle cette jeune femme, mariée vers 17 ans à son amoureux. Une fille. Et un jour, elle rentre chez elle, et trouve son mari au lit avec sa copine. Divorce.
Les années ont passé. La petite fille va bientôt se marier à son tour. Le père s’est aussi remarié depuis des lustres. Il a eu d’autres enfants.
L’ex-épouse vit toujours seule. Elle a aujourd’hui 43 ans. Cela fait bien plus de 20 ans qu’elle a divorcé. Elle est très jolie. Elle a eu plusieurs prétendants, mais aucun d’eux n’a voulu d’une «second hand».
Une autre femme, aujourd’hui 57 ans. Elle avait été trompée par son mari un nombre incalculable de fois. Il faisait dans tout ce qui bougeait. Ils se sont séparés à plusieurs reprises. Elle avait pardonné à chaque fois… jusqu’à la fois de trop. Il y a environ 3/4 ans, elle a fini par divorcer définitivement.
Il y a deux jours, elle m’a dit qu’elle regrettait. D’après elle, si elle pouvait revenir en arrière, elle fermerait bien fort les yeux sur les infidélités de son mari.
Cette femme n’a pas besoin de son mari matériellement. Et elle est bien entourée de sa famille. Elle est aujourd’hui grand-mère. Elle s’occupe de ses petits enfants. Pourtant, elle m’a dit qu’elle regrettait. Elle dit que depuis son divorce, sa vie est devenue misérable, et que rien ne pourrait remplacer un homme dans la vie d’une femme.
Je lui ai d’ailleurs fait lire ma note et les 2 commentaires qui ont suivi. Elle a sourit en disant que la douleur et la souffrance décrites étaient bien réelles, qu’elle les avait vécues exactement telles que décrites, mais qu’elle regrettait quand même son divorce.
Une autre femme. Environ 55 ans. 3 grands enfants aujourd’hui. Je l’ai toujours connue divorcée, et j’avoue ne lui avoir jamais demandé la cause de son divorce, mais l’autre soir, parlant du livre d’Albert Memmi, elle m’avait dit qu’elle comprenait, qu’elle était passé par-là, qu’elle s’était révoltée et avait divorcé, et qu’aujourd’hui, elle regrettait amèrement. Elle a même ajouté qu’elle essayerait par tous les moyens d’empêcher toute femme qui voudrait divorcer pour adultère de le faire.
Et j’en passe, et des meilleures. Je ne peux me souvenir de tous les cas ni les relater tous. Mais ces femmes m’intriguent: le divorce est-il une chose si affreuse pour une femme tunisienne?
Vaut-il mieux fermer les yeux sur les infidélités d’un mari?
Je trouve cela révoltant et injuste. Complètement injuste.
Ce qui est encore plus injuste, c’est qu’un homme divorcé pourrait se remarier le lendemain même de son divorce s’il le voulait. Avant même que le divorce soit prononcé, il y a une foule de femmes qui attendent pour l’épouser. Surtout, surtout s’il est riche, même juste un petit peu.
Par ailleurs, je vois aussi des femmes qui comme Allégra, se résignent et restent. Pour différentes raisons d’ailleurs. Certaines par amour, d’autres pour l’argent, d’autres encore pour les enfants, certaines par lâcheté, d’autres pour le confort…
Ces femmes sont-elles malheureuses?
Je ne sais pas.
Par contre, je me demande où elles trouvent la force de rester et de fermer les yeux.
Elles ne ferment pas toutes vraiment les yeux d’ailleurs, ou ne se résignent pas toutes. Certaines s’accommodent de certains arrangements, d’autres se vengent en prenant à leur tour des amants…
Qui a tort?
Qui a raison?
Y a-t-il une solution idéale?
Je ne sais pas.
Et je ne sais pas d’ailleurs si on peut répondre à de telles questions lorsque l’on ne vit pas la situation.
Il y a quelques temps, un ami a trompé sa femme. La maîtresse s’était arrangée pour que l’épouse l’apprenne. Elle la provoquait presque. Elle voulait qu’éclatent des disputes dans le couple pour qu’ils divorcent et qu’elle puisse enfin épouser son amant.
Je ne sais où l’épouse a trouvé la force de rester stoïque, digne et calme. Elle a fait la sourde oreille. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, mais elle n’avait jamais dit un seul mot à son mari. Pas le moindre reproche. Elle a tenu des mois, jusqu’à ce que la maîtresse finisse par perdre patience, et elle a enfin pu récupérer son mari.
Est-elle heureuse aujourd’hui?
Elle en l’air.
L’est-elle vraiment au fond d’elle-même?
Je ne sais pas. Je suppose que rien ne peut redevenir comme avant.
Je l’avoue, parfois, j’ai de l’admiration pour sa force de caractère, mais parfois aussi, j’ai envie de la frapper pour sa résignation. Mais en fait, a-t-elle bien ou mal réagit?
Elle a quand même pu préserver son foyer, sa famille, et elle a fait fuir la maîtresse. Mais quid de son amour envers son mari, de sa fierté, de son amour propre. Elle est tellement discrète que je n’ai jamais, et je n’oserais jamais lui poser de questions à ce sujet.
Je connais une autre femme qui n’est pas partie. Mais la relation de son mari avec sa maîtresse a duré pendant 19 ans. 19 ans de calvaire pour elle. Mais avait-elle le choix? Il s’agit d’une femme de l’ancienne génération. Celles auxquelles on disait qu’une femme respectable ne divorçait jamais.
J’en connais une autre. Mon âge. Elle était dans le même lycée que moi. Elle s’est résignée. La tristesse se lit sur son visage. Elle est malheureuse. Pourquoi n’a-t-elle jamais divorcé? Je ne sais pas. Peut-être une histoire de gros sous, son père et son mari étant associés. Mais le comble, c’est que son mari a contracté un mariage orfi (qui n’est pas légal en Tunisie, je le rappelle) avec sa maîtresse, et lui a même fait des enfants. En fait, c’est un cas de bigamie comme il en existe de plus en plus en Tunisie. Mais pourquoi accepte-t-elle? Et surtout comment fait-elle pour vivre cette situation?
Je ne veux bien-sur pas dire d’après mes exemples que toutes les femmes qui divorcent restent malheureuses jusqu’à la mort. Certaines ont refait leur vie et sont bien plus heureuses avec leur second mari. Mais proportionnellement, que représentent ces femmes par rapports à celles qui n’auront plus jamais cette chance?
Toujours est-il que ma réponse est: JE NE SAIS PAS, ou plutôt, JE NE SAIS PLUS.
Peut-être que c’est au cas par cas. Je ne sais pas. Peut-être que cela dépend des tempéraments, des caractères, des situations…
Qu’en pensez-vous?
P.S.: Cela serait bien d’avoir des témoignages d’hommes aussi.
Surtout pour répondre à la question de Soraya: Finissent-ils tous, tôt ou tard, par infliger ce type de vacheries?
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