J'avais écrit cette note en Aout dernier, et j'avais oublié de la publier. Je le fais aujourd'hui. D'autant plus que c'est quand même d'actualité chez nous, en Tunisie, surtout lorsque l'on voit ce qu'il se passe sur facebook où l'éthique est complètement absente.
Le deuxième jour, j'avais hésité, quelle table ronde choisir?
J'avais finalement opté pour "L'éducation, vecteur d'une culture politique plus éthique".
Je vous livre ci-dessus les notes que j'avais prises.
Il y avait 3 intervenants.
Christian Saves, politologue et haut fonctionnaire français:
L'éducation doit être au service de l'éthique, d'une culture politique rénovée plus en phase avec l'éthique.
Le système éducatif doit façonner des personnes soucieuses d'éthique, des personnes bien.
1/ L’éducation au service de l'éthique:
Depuis 1945, l'UNESCO est au service de l'éducation. Éduquer quelqu'un, c'est assurer sa formation intellectuelle et morale par la connaissance, c'est lui donner sur le long terme les outils qui lui permettent d'acquérir un esprit critique, une autonomie...
L'éducation doit assurer aux individus la liberté de l'esprit:
* liberté de penser
* liberté de parole
* liberté d'écriture
Ces 3 libertés sont de plus en plus menacées dans les vieilles démocraties par le politiquement correct et les ravages de la pensée unique. Dans les médias, certains tentent de réduire cette liberté de l'esprit en essayant de traquer la pensée "déviante". Le système éducatif doit nous donner les armes pour nous protéger contre ces ravages. Un citoyen responsable doit dénoncer cela et lutter contre ce genre de dérives.
Le système éducatif a un rôle essentiel.
Le système éducatif est un acquis qui doit permettre de former des personnes ayant le souci de l'éthique et seraient à même de concevoir une politique éthique.
La philosophie des lumières s'est également interessée au moyen de rendre l'individu meilleur.
Au coeur de cette éthique, l'individu n'est plus seulement sujet, mais c'est un citoyen ayant des droits. L'Etat doit respecter les droits de l'individu. C'est ce qui a été à l'origine de la modernité et de l'Etat de droit.
Platon défini la cité idéale, pour lui le gouvernement de cette cité doit revenir aux philosophes car ils sont les meilleurs. Aujourd'hui, dans nos sociétés, nous avons perdu les enseignements de Platon et des Lumières.
La pensée unique est un fanatisme. Alain défini le fanatisme comme une compensation du doute.
Il faut refonder notre culture politique pour être en mesure de créer un nouveau rapport avec l'éthique. C'est un chantier ardu mais nécessaire.
Il faut former des individus meilleurs qui ne soient pas seulement meilleurs intellectuellement parlant, mais meilleurs aussi sur le plan de l'éthique. Avant, on enseignait les "humanités" aujourd'hui, il nous faut inculquer des principes qui permettraient de partager un certain humanisme et leur manière d'être.
L'homme a intéret à reconsiderer son rapport à l'éthique.
En démocratie, devenir meilleur est l'affaire de chacun.
Ethique et politique doivent développer une relation dans laquelle elles se respecteront mutuellement.
Les vérités les plus importantes sont celles qui permettent de concilier éthique et politique d'une façon non conflictuelle.
Questions posées par un étudiant:
Ne faudrait-il pas dans certains pays émergeant écrire dans la constitution certaines valeurs et textes? Comment des individus non éduqués pourraient-ils être des citoyens conscients?
Oui, bien-sûr. En France, dès 1946, dans le préambule de la constitution certains textes comme la Déclaration des Droit de l'Homme ont été inscrits.
Si par exemple, la Tunisie devait adopter une nouvelle constitution, en plus de la laïcité, qui est fondamentale, le droit à l'éducation doit etre formalisé dans la constitution. De même que l'on devrait envisager dans le préambule certains textes comme la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme pour éviter qu'on puisse y déroger. Inscrire des valeurs dans une constitution est important et nécessaire.
Par ailleurs, il existe une approche comportementale: en démocratie nous sommes tous des citoyens, il nous faut adopter un comportement digne.
Montesquieu disait : "la démocratie suppose la vertu". (La conclusion qu’en tire Montesquieu est en fait une double conséquence : la vertu politique est nécessaire à la conservation de la démocratie, l’éducation est le moyen par lequel se transmet la vertu politique.) Le comportement en politique est un ensemble de manières de penser, d'être et d'agir.
La société civile a un rôle à jouer, elle doit accompagner la transition. Mais elle ne doit pas avoir la prétention de lui prendre sa place. Il ne faut pas sortir d'une servitude pour entrer dans une nouvelle servitude.
"L'homme est né libre et partout il est dans les fers" Rousseau.
Remarque d'un étudiant de Biélorussie:
L'éducation doit aboutir à la création d'individus libres. Mais en Bielorussie c'est l'inverse. Il faut être conforme, personne n'est libre, et il y a des risques graves... L'éducation est encore controlée.
La preuve à contrario: l'éducation est un enjeu fondamental et toute dictature essaye de se l'accaparer pour éviter toute contestation possible.
Il faut traquer et trouver les failles. Dans ces constitutions de l'Europe tous les pays ont droit à l'éducation, aux libertés...
L'Etat doit fournir cette éducation et dans certains pays comme la Biélorussie se servent pour la détourner et en tirer profit.
L'Etat ne peut pas fournir l'éducation pour qu'à la fin, l'individu soit un servant et non un citoyen.
Il y a deux types d'éducation:
* version qui dit à l'étudiant ce qu'il doit penser
* version qui apprend à l'étudiant à penser et les bonnes valeurs.
Culture de la pensée unique dans certains pays. En Macédoine, l'éducation est un outil pour inculquer des valeurs, comme le vivre ensemble.
Dans une dictature, la pensée unique est imposée par le haut. Dans une démocratie, la pensée unique est souvent imposée par le bas qui essaye de créer un mouvement pour la faire monter. La pensée unique est dangereuse dans les deux cas. La vigilance s'impose dans les deux cas. Il faut donc toujours lutter. La démocratie n'est pas un acquis définitif. Il faut toujours se battre pour préserver et améliorer ses droits.
(à suivre)
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