Mercredi dernier, j'avais un RDV au centre ville, mais la personne que je devais rencontrer avait quelques minutes de retard, j'en avais donc profité pour prendre de nouvelles photos d'immeubles anciens.
J'étais du coté de l'avenue Jean Jaurès, et ces immeubles se trouvent donc dans les parages.
Admirez!
Ne faites quand même pas trop attention aux climatiseurs, au linge qui sèche, aux tapis qui prennent le soleil, aux paraboles sur les balcons... Allah Ghaleb, je sais que c'est plutôt moche...
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
Très beau détail:
J'ai adoré ce fer forgé. Vraiment magnifique. La photo ne lui rend pas justice, mais c'est une vraie oeuvre d'art. Et il a un charme fou. Le charme de l'authenticité.
L'immeuble par contre n'est pas beau et est dans un état lamentable.
Un autre immeuble de l'Avenue Jean Jaures:
La plus belle découverte de la journée est cette maison. Ce qui est dommage, c'est qu'on ne voit pas à quelle date elle a été construite. A mon avis, cette maison a été utilisée comme administration parce qu'il y a encore une trace d'une enseigne enlevée et un drapeau en lambeaux. Mais elle a malheureusement l'air d'être abandonnée. Elle est vraiment belle, elle m'a d'ailleurs rappelée la maison de mes rêves qui se trouve à La Marsa. Ya Rabbi, inch'allah qu'elle ne sera pas détruite. Ya Rabbi, inch'allah il thowra il moubaraka va aussi profiter à ces vielles bâtisses.
Dans la même rue, d'autres immeubles (je crois que c'est la rue Lénine):
Un immeuble dans une rue perpendiculaire. Pas très beau, mais le détail est intéressant.
J'ai encore d'autres photos, prises ces derniers mois, mais je ne les ai pas encore publiées sur mon blog. J'essayerais de la faire au fur et à mesure. Particulièrement des photos de deux immeubles qui se trouvaient sur l'avenue Habib Bourguiba, mais qui ont été détruits il y a quelques mois pour laisser la place à l’extension du siège de la BIAT. Et j'en veux à cette banque qui les a détruit au lieu de les restaurer.
La semaine dernière, j'étais au quartier Lafayette à Tunis, j'en ai profité, à mon habitude, pour prendre des photos d'anciens immeubles tunisiens, beaux, mais souvent mal entretenus. J'aime ces immeubles qui font partie de notre patrimoine, et j'espère que la Tunisie nouvelle saura les préserver. La révolution pour la liberté et la dignité, implique aussi l'identité historique.
Cela me ferait bien plaisir si des architectes ou des urbanistes ou même des historiens, pouvaient nous en dire un peu plus sur ces immeubles, leurs styles architecturaux, leurs époques...
Il y a quelques années, une société saoudienne avait ouvert un bureau de représentation en Tunisie pour commercialiser ses produits. Cette société avait organisé un cocktail et un grand dîner dans un des hôtels de la banlieue Nord pour promouvoir sa marque. Des professionnels tunisiens avaient été invités, hommes et femmes bien-sûr. Lors du cocktail, nous étions donc mélangés, hommes et femmes, nous parlions ensembles...
Ensuite, nous avions été invités à entrer dans la salle du restaurant, et quelle ne fut notre surprise de constater qu'il y avait, d'un coté des tables pour les hommes, et de l'autre, des tables pour les femmes. Le grand choc pour tous, y compris pour les hommes. D'autant plus que la grande majorité des présents avaient été invités avec leurs conjoints!
Grand remous, refus des couples de se séparer. Certains avaient même menacé de quitter le diner en argant du fait que nous étions en Tunisie et que c'étaient aux "étrangers", donc aux saoudiens de se conformer à nos habitudes et non l'inverse, même si les saoudiens étaient les organisateurs du diner. Ces saoudiens se devaient de respecter les habitudes d'un pays dans lequel ils se trouvaient.
Ils avaient aussi ajouté que si ces saoudiens ne voulaient pas de femmes lors de leur dîner, ils n'avaient qu'à inviter les hommes seuls sans leurs épouses. Cela se faisait parfois lors de dîners professionnels où les conjoints n'étaient pas invités.
Un compromis avait été enfin trouvé: la table du PDG saoudien et de son fils ne comprendrait que des hommes, mais tous les autres invités avaient le droit de s’asseoir à leur guise.
J'avais à l'époque trouvé cela scandaleux. Comment est-ce que ces gens pouvaient venir chez nous et nous imposer leurs traditions?!
Pourquoi n'avaient-ils pas respecté nos propres traditions?
Le plus drôle, c'est que lors du diner, entièrement organisé par les saoudiens, nous avons eu droit au spectacle d'une danseuse orientale pas très habillée!
Ce n'est pas un peu contradictoire cela?
Bref, nous étions tous choqués à l'époque. Pourtant aujourd'hui, nous tunisiens, sommes entrain de "copier" ces habitudes sexistes. Nous les importons de ces pays qui ne reconnaissent ni les droits de l'Homme, ni la différence, ni la tolérance et encore moins l'égalité des sexes. Et tout cela sous couvert de quoi?
Sous couvert de la religion.
Je pense (et ce n'est qu'un avis personnel) que leur lecture de la religion est fausse.
Il ne faut pas oublier que l'islam a été progressiste et qu'il a amélioré la condition de la femme à son époque. N'a-t-il pas, par exemple, interdit l'enterrement des petites filles vivantes? N'at-il pas limité le nombre d'épouses par rapport à l'époque de la jahilya où les hommes pouvaient épouser un nombre illimité de femmes? N'avait-il pas permit à la femme d'avoir ses propres biens et de les gérer?
Dans l'histoire de l'islam, n'y a-t-il pas eu des femmes célèbres et libres? SI. Il y en a eu. Fatima Mernissi nous en parle d'ailleurs dans son livre "Sultanes oubliées". La première de ces femmes était bien-sûr, Khadija, le femme du prophète. N'était-elle pas une grande commerçante?
Alors pourquoi est-ce que de nos jours, au XXIème siècles, des hommes choisissent-ils de mépriser les femmes?
Je ne comprend pas.
Pourquoi parler de ce sujet aujourd'hui?
C'est en voyant la photo ci-dessous que je me suis remémorée ce dîner avec les saoudiens.
Pourtant, les hommes et femmes, lorsqu'ils font le hadj (pèlerinage), prient ensemble dans la Grande Mosquée, non? J'ai par ailleurs vu des hommes et des femmes prier ensemble dans une mosquée d'Istanbul (une mosquée non touristique, que j'avais trouvée par hasard cet été).
Alors pourquoi certains veulent-ils séparer les hommes et les femmes?
Lors de ce meeting de la Nahda, ces hommes et ces femmes ne sont-ils pas des frères et des soeurs, des maris et des épouses, des pères et des filles? Pourquoi ne sont-ils pas ensembles? Pourquoi ne sont-ils pas coté à cote, à l'instar de ce couple qui fait sa prière ensemble?
J'ai ainsi fait la connaissance de M.Alexandre Delvaux, Consultant en communication et médias (Délégation Wallonie-Bruxelles à Tunis). Il m'a fait parvenir cet Etat des lieux des médias tunisiens après la révolution du 14 janvier 2011, que j'ai le plaisir de partager avec vous.
C'est très réaliste à mon avis. Tel est bien l'état de nos médias actuellement (fichier word)
Un séminaire sur LA TRANSITION DÉMOCRATIQUE EN TUNISIE, organisé par le Réseau Euro-Méditerranéen des Droits de l'Homme et la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FDIH) se déroule actuellement à Tunis.
Un discours d'ouverture a été prononcé par Mme Souhayr Belhassen, présidente de la FDIH.
M.Béji Caied Essebi a ensuite pris la parole. Il a rappelé que son gouvernement est provisoire et que sa mission prendra fin lors de l'élection des membres de l'assemblée constituante.
M.BCE a affirmé que nous allons vers la démocratie et que personne ne pourra franchir certaines lignes rouges.
Il a énoncé des conditions pour cette démocratie.
Il a commencé par insistersur le fait que la Tunisie est une république (est-ce une réponse à ceux qui voudraient la transformer en khilafa?)
Il a ensuite insisté sur le fait que le Code du Statut Personnel est "sacré" et qu'aucun pas en arrière n'est même envisageable.
Il a aussi évoqué comme condition siné qua non de la démocratie, l’indépendance de la justice.
Il a enchaîné sur le fait que le respect des droits de l'homme doivent être garantis à tous, y compris à tous les accusés (un clin d'oeil aux mafieux?) qui ont droit à des procès équitables et à une défense (je pense que BCE est au courant de toutes les polémiques qui existent en Tunisie!).
Bien-sûr, une autre condition est la liberté de la presse. Cela va de soit.
M.BCE a parlé de la sécurité en insistant sur le fait que la violence est injustifiable.
A cet effet, il a récité deux ou trois versets de Coran qui justement condamnent le recours à la violence et prônent la tolérance (allusion aux diverses violences qui ont eu lieu en Tunisie ces derniers temps, dont les violences à Sousse samedi dernier?)
Il a rappelé que ce manque rélatif de sécurité n'est pas du à une faiblesse de l'Etat, mais juste au fait que les agents de l'ordre n'ont pas encore assimilé leur nouveau rôle. Pendant des dizaines d'années, ils ont été un outil d'opression au service d'un dictateur, et aujourd'hui, ils doivent apprendre à être au service des citoyens. il demande donc un peu de patience, mais met quand même en garde contre les dérapages ou les profiteurs.
M.BCE rappelle que nous sommes un peuple cultivé et que nous devons donner l'exemple au monde entier qui nous observe actuellement (Là, il a raison!).
Il demande aussi aux tunisiens de patienter, l'Etat n'ayant pas les moyens financiers de résoudre tous les problèmes comme ceux liés au chomage.
Aidez-nous, a-t-il conclu.
Lors de son intervention, M.Mokhtar Trifi, président de la LTDH a rappelé que certains traités internationaux doivent être ratifiés rapidement.
Il a aussi insisté sur l'indépendence de la justice.
Il a rappelé que nous avions un besoin urgent d'un nouveau code de la presse. Il ne faut pas oublier qu'avant le 14 janvier 2011, tous les médias suivaient une seule et unique direction, ensuite, ce sont les mêmes professionnels qui ont juste fait un virage de 360°!
Il a aussi recommandé à la société civile, qui dans sa majorité, s'est tue pendant 50 ans, de se mobiliser pour constituer une force qui pourra surveiller les pouvoirs. Pour cela, il y a un grand besoin de formation.
M.Trifi a aussi parlé de la loi éléctorale dont nous avons besoin pour élire l'assemblée constituante. D'après lui, cette loi ne sera pas prête pour des élections le 24 juillet. Quoi qu'il en soit, il souhaite que des observateurs étrangers et tunisiens soient présent pour s'assurer que ces élections se dérouleront dans de bonnes conditions.
Comme j'ai pensé à enregistrer les prochaines interventions, je préfère vous publier les fichiers, vous pourrez les écouter tranquillement vous-même:
Intervention de M.Yadh Ben Achour, Président de la Haute Commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et la transition démocratique (en arabe):
Je ne publierais pas toute la lettre, elle fait plusieurs pages. Mais je publierais juste un extrait.
Cette lettre se trouve à la fin du livre "Ben Ali le ripou" de M.Béchir Turki, livre dont la rédaction a été achevée le 31 Décembre 2010, c'est à dire quelques jours avant la révolution tunisienne.
Monsieur le Président,
Quel nom laisseriez-vous dans l'Histoire?
Dépourvu d’éducation familiale, vous avez grandi dans la mouscaille et conservé le langage et les manières des couches les plus basses au sein desquelles vous avez achevé votre adolescence. Votre véritable chance c’est d’avoir eu vingt ans à la proclamation de l’Indépendance. Les lois républicaines promulguées par Bourguiba accordent les mêmes chances à tous les Tunisiens. Les pauvres et les riches peuvent par le mérite personnel arriver au sommet. Mais les lois ne transforment pas les êtres. Les âmes nobles conservent leur noblesse dans l’adversité, les grossiers personnages demeurent grossiers dans la prospérité. Votre imposture, c’est-à-dire vos discours mensongers préparés par une clique de conseillers serviles, ainsi que les fausses apparences que vous donnez, ne trompe personne. Tous les Tunisiens souffrent en silence et sont unanimes sur le jugement qu’ils portent sur vous. Ils savent que vous ne pensez qu’à accumuler des richesses, que vous n’avez aucun sens de l’honneur et que votre patriotisme est de pure façade. Vous avez, disent-ils, appauvri le pays moralement et dépravé ses moeurs. Élevé à une condition supérieure à celle que vous méritez, vous avez l’air de n’avoir jamais su que l’histoire jugera vos actes ainsi que ceux de votre seconde épouse. La mémoire des hommes retiendra que vous êtes un nouveau Néron dominé par une nouvelle Agrippine. L’emprise exercée sur vous par la Trabelsi n’a d’égale que votre mainmise sur les propriétés publiques et votre convoitise de propriétés privées.Tous deux vous serez cloués au pilori de l’Histoire. Reste la question que tout un chacun pose: quel est le devenir d’un dirigeant coupable d’assassinats, de dilapidation de biens publics, de malversations de toutes sortes, bien qu’une loi, faite spécialement sur mesure pour lui, lui garantit l’immunité? Cette question, nous la posons au ministre de la Justice, aux élus de la Chambre des députés, dont le rôle primordial est la protection des droits des citoyens en étant leur porte-parole, aux membres de la Chambre des conseillers, du Conseil constitutionnel, du Conseil supérieur des droits de l’homme, du Conseil de l’Ordre des Avocats… et à tous les patriotes. S’il y a des dérives dans nos institutions, c’est qu’il est temps de penser à changer de constitution pour instituer des organes de contrôle et définir les limites du pouvoir du Président de la République, et donner davantage de prérogatives au gouvernement. .
Samedi dernier, M.Hamadi Redissi, des amis et moi sommes allés à Sousse pour participer à la marche pour la laïcité qui y était organisée.
Nous sommes arrivés vers 13h15. La marche avait à peine commencé. Nous nous sommes joint aux présents. Et je me suis bien sur dépêchée de prendre une multitude de photos.
Notre marche était donc partie du théâtre municipal. Nous crions nos slogans.
Tout d'un coup, J'ai remarqué des jeunes gens qui nous suivaient. Il parait qu'ils étaient là depuis le début.
Ils étaient agressifs. Ils nous criaient des insultes et l'éternel DÉGAGE. Mais un dégage un peu plus précis: Dégage ya khoummèj!!!
Nous les avions complètement ignorés, ne voulant pas de confrontation avec eux. Notre marche était pacifique et nous voulions qu'elle le reste.
A un moment, ils ont sorti ce drapeau:
Ils criaient des slogans genre "bil rou7 bil dam, nifdik ya islam".
Nous avons tourné dans une rue perpendiculaire, ils nous ont suivis.
Des hommes de notre groupe sont resté en arrière pour les empêcher de nous attaquer. Ils ont formé une sorte de bouclier humain.
Ils nous ont suivi. Nous avons eu droit à leurs insultes, mais les hommes avaient réussi à les maintenir à distance.
Nous avons continué notre marche.
Les organisateurs de la marche avaient prévu un itinéraire précis, mais vu la situation, ils ont jugé préférable de retourner devant le théâtre municipal.
Les islamistes se sont regroupés de l'autre coté de la chaussée. Ils criaient des insultes. Ils chantaient "tala3a il badrou 3layna", ils criaient "Khaibar khaibar ya yahoud, jaych Mohamed sa ya3oud", "bil rou7 bil dam nifdik ya islam", "allahou akbar"...
Au début, les organisateurs avaient réussi à les maintenir de leur coté, d'autant plus que plusieurs voitures étaient passées, et cela avait donc été relativement possible.
Nous avons chanté l'hymne national, ils nous ont hués. Aucun respect pour notre hymne national!
Ils ont encore crié de toutes leurs forces DÉGAGE! Mais bon, c'est devenu une tradition ces derniers temps en Tunisie. On l'emploi d'ailleurs tellement à tort et à travers que ce mot n'a plus de sens.
Petit à petit, il y a eu des débordements. Les organisateurs ne pouvaient plus maintenir le flot. Ils ont été submergés.
Les islamistes se sont attaqués à notre groupe. Ils ont pris des pancartes et une banderole qu'ils ont déchirées. Ils ont frappé. Ils ont cassé l'appareil photo d'un manifestant. Cela devenait vraiment très grave.
Sur facebook, vous trouverez plusieurs photos de ces agressions prises par d'autres personnes présentes. Je n'en ai presque pas prises parce que j'étais occupée à essayer de trouver une solution pour arrêter cette catastrophe et nous mettre à l'abri. Nous avions avec nous des jeunes filles, des femmes et des hommes d'un certain âge, et on ne sait jamais ce qu'il pourrait se passer.
Dans la rue d'à coté, il y avait un poste de police. Avec 3 ou 4 personnes, naïves comme moi, nous sommes allés demandé aux policiers d'intervenir. Notre marche était légale, nous avions une atorisation en bonne et due forme, et ils devaient normalement nous protéger.
Je dis bien naïve parce que je pensais que la mission de la police est de maintenir l'ordre et de veiller à la sécurité des citoyens. Lorsque l'on pénêtre dans un poste de police, ne lit-on pas "al chorta fi khidmèt al mouwaten"? (La police est au service du citoyen).
Des policiers étaient devant la porte. Ils regardaient sans réagir. Ils voyaient des citoyens se faire agresser par d'autres citoyens sans bouger. Ils étaient de simples spectateurs, sans réaction aucune. Indifférence totale.
Qu'en pensez-vous Monsieur Rajhi?
Un policier en civil qui avait l'air d'être un "responsable" se tenait aussi devant la porte. Je lui parle et lui demande d'intervenir. Sa réponse: cela ne nous concerne pas.
Je suis scandalisée. Alors pourquoi faut-il une autorisation pour manifester? A quoi sert-elle? N'est-il pas du devoir de la police de veiller à la sécurité des manifestants? A Tunis, lors de la marche pour la laïcité, les policiers étaient vite intervenus lorsque nous avions été agressés, alors pourquoi pas à Sousse?
Je hurlais, mais les policiers ne réagissaient pas.
Une impulsion soudaine, je recule de 2 pas et prend cette photo:
Ils réagissent enfin!!!
Le type en civil se met en colère et veut m'arrachez mon appareil photo des mains.
Merci la révolution, parce que cela m'a permit de lui répondre.
- Qu'est-ce que tu fais? m'a-t-il demandé
- Je vous prends en photo pour montrer que vous refusez d'agir et d'accomplir votre travail, lui ai-je répondu.
- Donne-moi immédiatement cet appareil photo, me dit-il en voulant me le prendre.
- OK. Essayez donc de le prendre! Vous oubliez que nous ne sommes plus à l'époque d'avant le 14 janvier!
Il s'est arrêté net.
Merci encore la révolution.
Le policier n'ayant pas pu me prendre mon appareil photo a voulu prendre les autres à témoins. Il a voulu se plaindre de mon geste, mais heureusement, et encore une fois merci la révolution, les autres lui ont répondu que j'avais raison et qu'il n'avait qu'à faire son travail.
Les manifestants n'arrivaient plus à contenir les agresseurs en colère. Ils se sont eux aussi engagés dans la rue où se trouvait le poste de police. Les policiers regardaient toujours sans intervenir.
Je hurlais de colère contre ces policiers. Je leur ai d'ailleurs rappelé qu'ils étaient là pour notre service et que ce sont nos impôts qui payaient leurs salaires. Mais à part un tressaillement (de colère? de honte?d'indignation?), ils n'ont pas réagit.
La situatuion devenait de plus en plus grave.
Heureusement, l'armée est intervenue. Les soldats ont pu arrêter la progression des agresseurs, ce qui nous a permit de nous retrancher derrière eux, enfin à l'abri.
Quelques curieux s'étaient rassemblés autour de nous. Ils voulaient savoir ce qu'il se passait et étaient surtout curieux de savoir ce qu'est la laïcité. Et comme à Tunis, cela s'est très bien passé. Nous avons pu discuter librement avec eux et leur expliquer notre point de vue. Ce que j'ai apprécié, est que même si certains d'entre eux n'étaient pas d'accord, ils étaient quand même disposés à écouter et à discuter calmement et surtout poliment.
Merci à eux.
Un professeur a pris la parole. Il a dit avoir reconnu certains de ses étudiants et souhaitait saisir l'occasion pour faire un petit cours "pratique" sur la démocratie!
Et il avait raison.
Quelle démocratie en Tunisie?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les évènements de la journée de samedi étaient loin de toute notion de démocratie.
La démocratie n'impose-t-elle pas de respecter l'avis de l'autre?
Si ces gens sont contre la laïcité, c'est leur droit. Mais ils n'avaient pas à nous attaquer.
Ils auraient pu eux-même manifester. Qui les en auraient empêchés? Personne je pense.
Ils auraient pu organiser leur propre marche.
Les islamistes ont d'ailleurs organisé plusieurs manifestations depuis le 14 janvier 2011. Est-ce que les gens qui ne pensent pas comme eux les ont empêché de manifester? Est-ce qu'ils ont été attaqués?
Pas à ma connaissance.
J'ai participé à 3 manifestations ces dernières semaines, et les trois ont été attaquées par des extrémistes.
La première a été la marche des femmes, et cela s'était relativement mal terminé. La deuxième a été la marche pour la laïcité à Tunis. Des extrémistes nous avaient attaqués, mais face à notre calme et à notre refus total de répondre à leurs attaques, ils ont fini par laisser tomber. Et cela a permit des discussions très intéressantes avec les personnes qui se trouvaient sur place et ne savaient pas ce qu'est la laïcité.
La troisième, celle-ci, a nécessité l'intervention de l'armée, bien qu'aucun d'entre nous n'a voulu répondre à la violence par la violence.
Pourquoi?
Pourquoi toute cette agressivité et cette violence?
Comment apprendre l'excercice de la démocratie?
Les extrémistes de tous bords peuvent-ils respecter les règles de la démocratie?
Après des années et des années de dictature, le tunisien n'a pas eu l'occasion d'apprendre la démocratie, la discussion, la tolérance...
Mais je suis optimiste. J'espère que petit à petit, nous apprendrons tous. Nous apprendrons tous à cohabiter ensemble, à vivre ensemble, à nous écouter, à nous respecter... parce qu'en fin de compte, je suppose que nous avons tous le même but: faire de notre Tunisie, un beau pays où il fait bon vivre.
Est puni d'un an d'emprisonnement, quiconque par paroles, écrits, gestes ou tous autres moyens, porte atteinte publiquement, au drapeau tunisien ou à un drapeau étranger.
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