Parfois je reste étonnée, et je me dis «de quoi je me mêle? Qu’ils fassent ce qu’ils veulent et tant pis pour eux!».
Mais à chaque fois je me retrouve à refaire la même chose: essayer de les aider.
Plus les années passent, et plus je me rends compte à quel point les études et l’instruction sont importantes.
Lorsque j’étais jeune lycéenne, j’avais une prof de maths qui disait tout le temps que lorsque l’on est bon en maths, on faisait tout mieux, même changer une ampoule. Bien sûr, elle exagérait. Mais… d’une façon générale une personne instruite se débrouille mieux qu’une personne ignorante et analphabète.
Là, je ne parle pas d’intelligence ou de bêtise, je parle seulement d’instruction.
Il est vrai que nous sommes en 2008, et que l’instruction est obligatoire en Tunisie, mais la réalité est tout autre. Une partie de la population est quand même illettrée. Soit qu’elle n’ait jamais eu accès à l’école, soit qu’elle y soit allée très peu de temps.
Et moi, comme une idiote, j’essaye parfois d’aider ce genre de personnes qui m’entourent. Certaines écoutent mes conseils, surtout lorsqu’il s’agit de demander un crédit, ou de la santé de leurs enfants. D’autres n’ont font qu’à leurs têtes, même si elles se retrouvent dans le pétrin.
Cela m’énerve parfois. Autour de moi, on me reproche parfois cette aide: «laisse-les tomber, c’est des imbéciles qui comprennent rien». Mais à chaque fois, je me mêle de ce qui ne me regarde pas. C’est plus fort que moi, je me dis que j’ai eu de la chance d’être née dans un milieu favorisé qui m’a permit d’aller à l’école et que c’est de mon devoir d’aider… Idiote!
Vous vous rappelez ma femme de ménage qui a fait une fausse couche l’année dernière?
Deux mois plus tard, elle est retombée enceinte. Je lui ai conseillé de garder le même gynécologue qui l’avait aidé. Elle était d’accord, et puis finalement, j’ai appris qu’elle ne l’avait pas fait. Tant pis!
Elle s’est faite suivre à l’hôpital. Mais au 5/6ème mois, nouvelle fausse couche inexpliquée.
Comme elle est anémique et faible, je lui ai conseillé d’attendre encore quelques mois avant de retomber enceinte. Elle m’a lancé un regard, comme si j’avais énoncé une absurdité, ou comme si je lui voulais du mal.
Heureusement, même à l’hôpital, on lui a dit qu’il fallait attendre au moins 6 mois avant de penser à retomber enceinte. Finalement, mon conseil n’était pas si absurde!!!
Elle ne peut attendre 6 mois. Au 5ème mois, elle est enceinte à nouveau. Je lui conseille encore une fois de se faire suivre par mon gynéco, puisque ses grossesses semblent difficiles. Elle accepte. Elle prend son congé de l’Aïd et nous nous mettons d’accord pour qu’à son retour je l’amène chez le gynéco. Je lui ai même proposé de l’aider financièrement.
Elle part. J’appelle le gynéco pour prendre RDV. Nous discutons ensemble et il me propose de s’occuper d’elle gratuitement. Il me demande si je suis d’accord pour prendre en charge les autres frais (analyses, traitements…). Je suis d’accord.
Madame n’est pas revenue. Elle n’a pas donné signe de vie jusqu’à hier.
Hier, elle est revenue. Je lui demande de ses nouvelles, et lui demande par qui elle se fait suivre. Ce n’était pas mon gynéco. Je lui parle de notre accord, et lui propose d’aller le voir en lui certifiant que cela ne lui coûtera rien, et qu’elle sera bien traitée, sûrement mieux qu’à l’hôpital. Elle a refusé. Savez-vous pourquoi?
Parce que son cher mari a décrété que le médecin qui lui a fait une opération lors de sa première fausse couche (et qui lui a sauvé la vie!!!) ne pouvait que lui porter malheur!!!!
J’étais abasourdie. Quoi?
Ce médecin l’avait sauvée. Il n’avait pas pris d’honoraires, il était prêt à la suivre gratuitement, et elle refusait parce qu’il risque de lui porter malheur???
Pourtant, je lui fais remarquer que lorsqu’elle l’avait consulté il y a un an, son bébé était déjà mort depuis un mois. Mais rien à faire.
Où est la logique là-dedans?
J’étais en colère contre sa bêtise. Mais que puis-je faire? Tant pis pour elle.
Ce matin, pareil avec la nouvelle femme de ménage. Elle a attrapé la grippe. Le médecin lui a prescrit des médicaments contre la fièvre, et des anti-inflammatoires. 5 jours plus tard, il a été obligé de lui prescrire des antibiotiques par voie injectable et de l’Efferalgan avec vitamine C.
Je ne sais pourquoi elle est allée à l’hôpital, et qui est l’imbécile qui lui a conseillé de ne pas prendre l’Efferalgan. Toujours est-il qu’elle a commencé à guérir mais reste très lasse. Lorsque je lui ai dit que c’est parce qu’elle n’a pas pris son Efferalgan, pourtant prescrit par le médecin, elle m’a jeté un regard!!!! Je l’aurais insultée qu’elle m’aurait jeté le même regard!
Pourquoi ces gens-là ne font pas confiance à ceux qui les conseillent?
Même logiquement, elle ne comprend pas qu’un médecin qui a prescrit un médicament s’y connaît mieux qu’un tartempion quelconque qui travaille à l’hôpital?
C’est là que je me rends compte que l’instruction est une vraie bénédiction. Merci mon Dieu de m’avoir offert cette chance. Merci mes parents pour m’avoir envoyée à l’école!
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