Je suis d'abord étonnée par les gens qui ne distinguent pas la loi et l’être humain. Que la polygamie soit permise dans certains pays ne signifie pas que les femmes de ces pays l'acceptent de bon cœur et ne ressentent aucune peine ou souffrance lorsque leurs maris prennent une seconde (ou 3ème ou 4ème) épouse. Et même si ces femmes donnent leur consentement qui est parfois exigé par la loi, cela ne signifie pas qu'elles le font de bon cœur. Je suis sure que la majorité d'entre elles acceptent sous la pression ou la menace ou parce qu'elles n'ont pas le choix parce que par exemple ne pouvant subvenir à leurs propres besoins, ou par crainte qu'on leur prenne leurs enfants....
Par ailleurs, je suis aussi étonnée par le fait que nombreux tunisien(ne)s semblent ne pas savoir qu'ici même en Tunisie, même si la polygamie est interdite par la loi, elle existe de fait, de plus en plus, et semble être acceptée par notre société misogyne.
Lorsque je dis acceptée, je ne dis pas que c'est de bon cœur, mais elle est acceptée. Il devient dans certains milieu courant d'entendre dire: "tel homme a une épouse orfi ou une maitresse attitrée, et alors, c'est normal, il n’existe pas d'homme monogame." La semaine dernière, un ami a même dit qu'il considère qu'un homme qui n'a pas de maitresse (en plus de son épouse bien-sur) n'est pas un homme.
Et les femmes acceptent de plus en plus cette situation.
Pourquoi acceptent-elles? Les raisons sont multiples. Mais elles acceptent de plus en plus. C'est un fait. Alors au lieu d'insulter cette femme, essayons d'abord de balayer devant notre porte.
Bravant le froid, la pluie et la circulation, des amoureux de la culture et du patrimoine tunisien ont assisté à l'exposition/projection d'anciennes cartes postales tunisiennes anciennes, organisée par l'association Pontes et les Editions Nirvana.
On a ainsi pu voir des photos représentant plusieurs villes tunisiennes, des paysages divers, des ports, des scènes de la vie quotidienne, de l'agriculture et le commerce, de la population et ses costumes qui varient en fonction des régions et des religions.....
M. Hafedh Boujmil, co-auteur du livre "Entre Temps, Images de Tunisie 1950-1950", devait commenter les photos, mais heureuse surprise, notre artiste national M. Nja Mahdaoui était présent et il a pris le relais. C'est ainsi qu'on a pu voir plusieurs cartes postales anciennes, commentées par M.Nja Mahdaoui qui pour chaque carte postale avait une anecdote ou une information à raconter. Et ce qui était extraordinaire est qu'il arrivait à communiquer sa passion pour toutes ces photos.
Nja Mahdaoui a par exemple raconté que sur les toutes premières cartes postales, on n'écrivait que l'adresse au dos de la carte. Le texte lui devait se trouver au recto de la carte où l'illustration n'occupait qu'une partie.
M.Nja Mahdaoui a aussi raconté qu'il a fallut aux photographes Lehnert et Landrock une bonne dizaine d'années pour parvenir à faire des photos de femmes nues. A leur arrivée en Tunisie, ces photographes n'avaient pu photographier que des étrangères toutes habillées, ou des arabes complètement couvertes qu'ils rencontraient dans la rue, ensuite ils ont pu prendre pour modèles des prostituées toutes habillées aussi, ensuite, ces prostituées se sont dénudées petit à petit au fil du temps, et enfin au bout d'une dizaine d'années, elles se faisaient enfin photographier nues.
Mais ce qui est intéressant dans cette anecdote est que, toujours d'après Nja Mahdaoui, c'est à partir du moment qu'on a pu photographier des femmes nues que l’école des Beaux Arts de Tunis a pu enfin ouvrir ses portes.
Anecdote intéressante. Les mentalités évoluent... et cela montre à quel point il a du être difficile de faire accepter l’idée d'une école des Beaux Arts à une société conservatrice!
En avril 1914, les peintres Paul Klee, August Macke et Louis Moilliet ont entrepris un voyage en Tunisie, voyage qui restera célèbre dans l'histoire de la peinture du XXème siècle. Ils sont arrivés en Tunisie le 7 Avril 1914, à bord de ce navire "Carthage".
Durant à peine 2 semaines, ces trois artistes effectueront de multiples croquis, dessins et aquarelles, qui sont considérés aujourd'hui comme un événement majeur de l'art moderne.
Pour commémorer le centenaire de ce voyage, du 28 novembre 2014 au 14 février 2015, 20 œuvres de Louis Moilliet, 5 de Paul Klee et 7 autres d'August Macke sont exposées dans le musée du Bardo. Des photographies d'époque, des extraits du journal de Paul Klee et un film retraçant son voyage sont aussi au rendez-vous. Une carte de Paul Klee renvoyée à Louis Moilliet, contenant un croquis cubiste signé "Picasso" est également présentée au public.
Le barbier était aussi arracheur de dents et circonciseur:
Quelques cartes de rues ou de quartiers du pays. Certaines rues et certains bâtiments sont encore là, mais d'autres, à l'instar du Casino de Tunis, ont malheureusement été détruits.
Pour voir d'autres photos qui ont été exposées, cliquez sur ce lien, ou achetez le livre!
Vendredi dernier a été projeté dans le cadre de la 15ème session du Festival « Cinéma de la Paix ? » le film « Ces filles-là » (il banat doul), de l’égyptienne Tahani Rached.
Synopsis: Un documentaire qui nous plonge dans l’univers d’adolescentes qui vivent dans les rues du Caire, une rue qui est tout à la fois un espace de violence, d’oppression et de liberté. Y vivre, c’est vivre au cœur de la violence, obligatoirement dans l’instant présent, en dehors de toutes normes et prescriptions, mais toujours au gré de son cœur et de ses désirs. Marginalisées et rejetées, Tata, Mariam, Abir et Donia sont étonnement modernes et libres dans une société si prude et normative. L’énergie, le goût et la rage de vivre de ces filles-là, leurs rires et leurs mimiques, nous donnent à découvrir un monde insoupçonné.
La projection a été suivie d’un débat. Certains ont trouvé que le film renvoyait une belle image de l’Égypte, une dame allant jusqu’à dire avoir envié la vie de ces filles ! Cela peut paraitre étonnant, mais c’est parce que la réalisatrice a montré ces jeunes filles comme jouissant d’une très grande liberté, loin de tout modèle ou lien social. Elles dégagent en plus une certaine joie de vivre. Et puis, elles sont très solidaires entre elles.
D’autres personnes au contraire ont trouvé que la réalisatrice a donné une très mauvaise image de son pays d’origine, puisque justement ces filles vivent sans respecter les règles sociales, sans suivre la «morale bien-pensante», en n’obéissant qu'à leurs propres instincts. Il ne faut bien-sur pas oublier qu’il s’agit de l’Égypte, pays arabo-musulman conservateur!
Quel était donc le souhait de la réalisatrice? Peut-être tout simplement montrer une situation existante sans porter aucun jugement. Par contre, il est évident qu’elle a trouvé un excellent moyen de nous montrer la vie quotidienne de ces jeunes filles, sans que l’ambiance du film soit lourde, difficile ou oppressante et sans que le téléspectateur ne se trouve obligé de juger, ou de condamner, ou de prendre position contre ces filles. Elle a montré des filles humaines, très attachantes et sympathiques, menant une vie très dure. Tout simplement.
Certains téléspectateurs ont aussi reproché au film de ne pas avoir montré les liens entre ces jeunes filles et la société égyptienne, entre ces jeunes filles et les voisins, bref entre ces jeunes filles et tous les autres habitants du quartier…. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ces filles habitent dans la rue, mais dans un quartier bourgeois. Les immeubles sont beaux et les voitures garées dans la rue sont de belles voitures aussi. On est donc loin du cliché du quartier défavorisé. Mais existe-t-il un lien entre ces filles et les habitants du quartier ?
Au début du film, on voit des chauffeurs de taxi parler à la caméra et donner des conseils aux filles. L’une d’elles arrive et leur reproche leur hypocrisie. Elle leur reproche de faire semblant de s’occuper d’elles parce que la caméra est là. Elle leur rappelle qu’habituellement ils font comme s'ils ne les voyaient pas, comme si elles étaient inexistantes. Et on remarque qu’en effet, ces filles de la rue et les habitants du quartier partagent le même espace, mais s’ignorent totalement. Aucune interaction entre eux. Ils ne font que cohabiter.
Les seuls liens que ces filles ont avec «l’extérieur» est une jeune femme qui vient les voir, discuter avec elles, essayer de résoudre leurs problèmes, et surtout leur donner de l’amour. Elle est pour ces filles comme une grande sœur ou une maman.
Un autre lien entre ces filles et le monde extérieur : la police, et donc l’État égyptien. Aucun policier dans le film, mais les filles en parlent souvent. La police vient pour les arrêter, les réprimer, les frapper parfois, les renvoyer…. Une des jeunes filles raconte d’ailleurs qu’un policier est venu leur donner un ultimatum pour quitter le quartier. Les filles lui avaient répondu qu’elles n’avaient pas où aller. Il a insisté pour qu’elles partent et les a même menacées. Elles lui ont alors demandé de leur trouver un endroit où aller. Le policier affirme qu’il n’en avait pas. Cela signifie-t-il qu’il n’y a pas de structures pour accueillir ces jeunes filles ? N’y a-t-il pas de structures non plus pouvant accueillir les jeunes filles enceintes et les jeunes mères avec leurs bébés qui sont donc aussi élevés dans la rue ? Ces bébés sans nom que leurs mamans ne peuvent inscrire aux registres de l’état civil parce qu'elles ne sont pas mariées et que leurs enfants sont donc illégitimes!!!!!
Lors du débat, cette scène a été l’occasion de comparer l’Égypte qui ne reconnait pas ces enfants illégitimes avec la Tunisie qui non seulement reconnait ces enfants mais qui depuis une loi de 1998 leur donne même un nom patronymique. Depuis 2002, la Tunisie reconnaît d’ailleurs la filiation par la seule mère et donc reconnait des enfants nés de mère célibataire. Or, en 2013, des élues islamistes s’étaient opposées à cette loi de 1998 et avaient réclamé son abrogation.
La réalisatrice a donné la parole essentiellement aux jeunes filles des rues, mais elle a aussi fait parler des garçons. On constate dès lors que finalement même dans la rue, il n’y a pas d’égalité entre les sexes. Ces enfants des rues ont en commun un mode de vie, une liberté totale, des règles de solidarité identiques…. Mais… Mais pour les filles, en plus de toutes les difficultés auxquelles elles doivent faire face tous les jours, par exemple pour trouver à manger ou pour trouver un abri pour dormir, elles doivent aussi trouver un moyen de se protéger contre les harcèlements sexuels et les viols. Elles doivent se protéger des hommes en général qui essayent d’abuser d’elles, mais pire, elles doivent aussi se protéger de leurs propres compagnons des rues. Leurs témoignages sont d’ailleurs assez durs. Certaines préférant se résigner à subir les assauts des «mâles» pour éviter les problèmes et les coups et blessures. Il est en effet courant pour ces filles de se faire balafrer en cas de résistance.
Parfois ces filles doivent faire face à des viols collectifs qui peuvent durer plusieurs jours de suite. Le terme employé est d’ailleurs effrayant : «stockage». Lorsque la réalisatrice demande ce qu’est le stockage, on apprend qu’une fille peut être amenée dans un endroit isolée, et gardée ou stockée plusieurs jours voire plusieurs semaines par ces bandes de garçons pour leur servir d’esclaves sexuelles. Lorsque ces jeunes n’en veulent plus, ils les libèrent. Tout simplement.
Conséquences de ces relations sexuelles consenties ou pas : les grossesses non désirées, mais obligatoirement menées à terme, ces jeunes filles ne pouvant se faire avorter.
Autre conséquence aussi de ces relations sexuelles hors mariage, donc haram (péché) dans cette société arabo-musulmane, ces filles se sentent coupables. Elles n’assument pas. Elles se sentent coupables et sales. Même si certaines essayent de se justifier en disant qu’elles n’ont pas fait ce choix et que Dieu en est témoin!!!!
Bien que jouissant donc d’une grande liberté, bien qu’elles chantent, dansent, jouent… ces filles sont-elles heureuses ? Il est permis d’en douter. Elles sont toutes droguées. Elles sniffent de la colle, fument des joints, prennent des comprimés... Et elles sont toutes accros. Même celles qui font une tentative de retour dans leurs familles, reviennent dans la rue très rapidement, parfois même au bout de quelques heures.
Il y a encore beaucoup à dire à propos de ce film, mais le mieux serait d’aller le voir. Peut-être sera-t-il projeté bientôt dans les salles de cinéma tunisiennes. On peut du moins l’espérer.
Le film « Al Bant dol » de Tahani Rached a été présenté en sélection officielle hors compétition au festival de Cannes 2006 et a remporté le grand prix du festival d'Ismaïlia en 2006.
Hier, ouverture à Tunis de la 15ème session du festival « Cinéma de la Paix ? » avec le film Kazakh « Naguima » de Zhanna Issabaeva dont c’est le 4ème long métrage.
Synopsis : Kazakhstan de nos jours. Naguima, jeune femme réservée, abandonnée à la naissance, partage une chambre dans un quartier-dortoir d'Almaty avec sa sœur de cœur, Ania, rencontrée à l'orphelinat. Enceinte, Ania meurt lors de l'accouchement. A nouveau seule, Naguima va tenter de reformer une famille…
Zhanna Issabaeva a décidé de faire ce film lorsqu’elle a découvert que dans son pays, une loi permet aux enfants abandonnés et élevés dans des orphelinats de connaitre l’identité de leurs parents biologiques lors de leur sortie de l’orphelinat, bien qu’une étude a démontré que 80% de ces parents rejettent quand même leurs enfants lorsque ceux-ci les retrouvent. Elle a voulu montrer les conditions de vie de ces enfants considérés comme des sous-citoyens, qui vivent dans des conditions précaires, et qui sont en manque d’amour.
Le film nous montre justement deux orphelines, amies, presque sœurs, vivant seules et devant faire face à tout et à tous. A part la voisine et l’épicier qui les aident, elles vivent dans un monde hostile.
Les deux jeunes femmes sont pauvres. Elles habitent dans un quartier dortoir miséreux et sinistre, elles se nourrissent de restes qui auraient du aller à la poubelle. La jeune Ania a été abandonnée par son compagnon lorsqu’elle est tombée enceinte. En plus, elle est malade. Mais elle ne peut pas consulter un medecin puisque même l’État les considère comme sous-citoyennes : elles sont sans papiers ni carnet de santé. La scène dans l’hôpital est d‘ailleurs significative : sans ces papiers, nulle admission aux urgences. Bureaucratie lourde et inhumaine, et alors qu’Ania se meurt, l’infirmière s’inquiète de papiers, de règles, de rapport à rédiger. Il a fallut l’intervention d’un médecin pour qu’Ania soit admise et qu’on s’occupe enfin d’elle. Mais trop tard, elle décède en couches.
Ce décès va opérer un tournant dans la vie de Naguima qui, ne pouvant supporter la solitude et en quête d’amour, part à la rencontre de sa mère biologique. Elle voudrait vivre avec elle et faire partie de sa famille.
Cette dernière va la rejeter. On le comprend tout de suite à la façon dont les deux femmes se tiennent l’une par rapport à l’autre, sans aucun contact physique. Elles s’assoient sur un banc, mais si éloignées l’une de l’autre. L’image est parlante d’elle-même.
La mère reproche à cette enfant qu’elle a abandonné 18 ans plus tôt d’avoir détruit sa vie une première fois et refuse de la laisser la lui détruire une seconde fois. Par ailleurs, cette même mère parle de ses 3 enfants légitimes d’une manière différente. Elle est même fière de son autre fille qui fait des études de médecine. Finalement, de ses 4 enfants, cette mère ne renie que Naguima.
Naguima rejetée par sa mère, va décider d’adopter le bébé de son amie Ania, bébé placée dans un orphelinat dès sa naissance. Or elle ne remplie pas les conditions requises pour pouvoir adopter un enfant : pauvre, illettrée et célibataire. Mais elle a un tel besoin de construire une famille qu’elle va voler le bébé.
Cette troisième tentative de construire une famille échoue, Naguima n’ayant pas su s’occuper du bébé. Elle prend par ailleurs conscience que le bébé est promis au même destin solitaire qu’elle. Ce constat la plonge dans une profonde dépression. Elle prendra alors une décision radicale.
La fin du film est tragique et très pessimiste. La réalisatrice voulait-elle dire que la mort est plus supportable qu’une vie dans un orphelinat et surtout sans amour ?
Tout le film traite d’ailleurs de cette quête d’amour. Le moment clef de ce film est justement la scène dans laquelle Naguima dit à l’épicier : "dis-moi que tu m’aimes". Lorsque surpris il refuse, elle va carrément le supplier de lui avouer un amour qu’il ne ressent pas, elle lui demande de mentir, de jouer la comédie. Elle manque tellement d’amour qu’elle pourrait se contenter d’un amour factice.
Malgré une photographie très soignée, le film est oppressant. Très minimaliste, des couleurs ternes, une ambiance triste, des visages presque sans expressions… Cette lourdeur du film est une manière de mettre le spectateur dans la situation des personnages, d’imposer le malaise des personnages aux spectateurs.
Le casting est excellent. Les deux jeunes femmes sont jouées par de vraies orphelines et non pas par des actrices professionnelles. Aucun acteur professionnel n’aurait d'ailleurs pu trouver en lui-même ce vécu et n’aurait pu jouer le rôle de cette manière. La jeune fille qui a joué le rôle de Naguima EST le personnage. Sans dialogues le message est passé, grâce aux gestes, aux actions, aux expressions du visage, au jeu d’acteur très dépouillé…
Naguima a remporté le Lotus du meilleur film au Festival du Film Asiatique de Deauville 2014.
Il y a un an, je devais voyager avec ma fille mineure. Depuis 2011, je n’ai jamais oublié de prendre avec moi une autorisation de son père avec signature légalisée, mais l’année dernière, j’avais complètement oublié de faire faire ce papier.
Nous devions prendre un vol à 9h du matin et la veille avant de me coucher, je m’étais tout d’un coup rappelée cette maudite autorisation, or le père était lui-même en voyage et je n'étais pas arrivée à le joindre au téléphone. Je ne savais plus quoi faire.
A l’aube, j’avais appelé un douanier que je connaissais et il m’avait dit qu’en principe, sans cette autorisation, nous ne pourrions pas quitter le territoire. Devant mon désarroi, il me dit qu’il y a peut-être un moyen, mais que cela ne marchait pas à tous les coups : il faut me faire accompagner à l’aéroport soit avec l’oncle paternel soit avec le grand-père paternel de ma fille, ayant le même nom de famille qu’elle.
J’appelle donc mon beau-frère qui accepte de nous accompagner à l’aéroport. Après l’enregistrement de nos bagages, nous voilà au contrôle de police des frontières. L’agent réclame l’autorisation paternelle. Je lui réponds que le père est déjà en France avec mon fils aîné et que nous allions les rejoindre. Il me demande de lui téléphoner, je lui dit que depuis la veille j’avais essayé mais qu’il était injoignable. Je réessaye quand même en vain. Mon beau-frère se présente à l’agent, mais ce dernier refuse complètement : soit autorisation du père, soit pas de départ. J’ai eu beau lui dire et répéter que mon fils était étudiant en France et que nous allions nous retrouver tous chez lui, c’est un NON catégorique.
Arrive un haut gradé qui demande ce qu’il se passe. Je lui explique la situation. Il regarde mon beau-frère et lui demande sa CIN. Il vérifie qu’il est bien l’oncle paternel de ma fille. Il appelle un autre agent et lui dit de faire le nécessaire.
Le nécessaire pour que je parte avec ma fille ? Que son oncle signe un papier dans lequel il dégage la responsabilité de la police des frontières. Mais avant cela il doit répondre à certaines questions.
L’agent pose des questions à mon beau-frère et refuse que j’y réponde. Les questions sont : êtes-vous sûr que le père serait d’accord ? Êtes-vous sûr que le couple n’est pas en instance de divorce ? Êtes-vous sûr que la mère ne risque pas de s’enfuir avec l’enfant ? Prenez-vous la responsabilité de ce départ ? Si la mère s’enfuie avec son enfant, êtes-vous prêts à en subir les conséquences ?
Les réponses ont été consignées dans un PV que mon beau-frère a du signer et dans lequel il est précisé qu’il prend toute la responsabilité de ce départ.
Je crois que je n’ai jamais été autant humiliée. Je n’avais pas le droit de dire un mot. Le regard de l’agent était terrible : tais-toi femme ! De quel droit veux-tu répondre aux questions ?
J’ai été humiliée de constater que l’oncle paternel qui n’est quand même que l’oncle, peut disposer de ma fille, alors que moi sa mère, suis considérée comme l’éventuelle kidnappeuse. L’oncle peut donc décider qu’un enfant quitte ou pas le territoire, alors que moi sa mère n’ai pas ce droit.
Qui donc l’a portée 9 mois (quoi que dans mon cas, c’étaient seulement 8 mois, ma fille étant une prématurée) ? J’ai portée cette enfant. J’ai passé mes 3 derniers mois de grossesse au lit sans bouger. J’ai eu énormément de complications. Lors de l’accouchement, nous avions faillit mourir toutes les deux. Ensuite, pendant des mois j’ai du veiller sur elle, d’autant plus que bébé prématurée, elle était un peu fragile. J’ai veillé sur elle, je l’ai nourrie, soignée, aimée… mais j’ai été considérée non seulement comme une étrangère à elle, mais même comme une éventuelle kidnappeuse. Est-ce normal ? Est-ce normal ? Qui est donc l’oncle par rapport à la mère ? Qui est même le père par rapport à la mère ?
Mais chez nous, un père pourrait partir avec ses enfants, et pourtant il pourrait les kidnapper, il pourrait les enlever définitivement… Mais une mère n’a pas ce droit.
Si c’est une mesure de protection des enfants mineurs, ok, je suis d’accord. Mais pour que cette mesure soit efficace, il faut réclamer cette autorisation des deux parents. Aucun des deux parents n’aurait ainsi le droit de quitter le territoire avec ses enfants mineurs sans l'autorisation de l'autre parent. Cette mesure serait alors efficace et juste. Mais la réclamer à la seule mère est une injustice terrible.
Je rappelle par ailleurs qu'à priori il n'y a aucune loi qui exige cette autorisation!
Article 21 de la constitution de Janvier 2014:
« Les citoyens et les citoyennes, sont égaux en droits et devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune.
L’État garantit aux citoyens les libertés et les droits individuels et collectifs. Il leur assure les conditions d’une vie décente. »
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