L’historien Shlomo Sand affirme que
l’existence des diasporas de Méditerranée et d’Europe centrale est le
résultat de conversions anciennes au judaïsme. Pour lui, l’exil du
peuple juif est un mythe, né d’une reconstruction à postériori sans
fondement historique. Entretien.
Parmi la profusion de héros nationaux que le peuple d’Israël a
produits au fil des générations, le sort n’aura pas été favorable à
Dahia Al-Kahina qui dirigea les Berbères de l’Aurès, en Afrique du Nord.
Bien qu’elle fût une fière juive, peu d’Israéliens ont entendu le nom
de cette reine guerrière qui, au septième siècle de l’ère chrétienne, a
unifié plusieurs tribus berbères et a même repoussé l’armée musulmane
qui envahissait le nord de l’Afrique. La raison en est peut-être que
Dahia Al-Kahina était née d’une tribu berbère convertie semble-t-il
plusieurs générations avant sa naissance, vers le 6e siècle.
D’après l’historien Shlomo Sand, auteur du livre « Quand et comment
le peuple juif a-t-il été inventé ? » (aux éditions Resling – en
hébreu), la tribu de la reine ainsi que d’autres tribus d’Afrique du
Nord converties au judaïsme sont l’origine principale à partir de
laquelle s’est développé le judaïsme séfarade. Cette affirmation,
concernant les origines des Juifs d’Afrique du Nord à partir de tribus
locales qui se seraient converties – et non à partir d’exilés de
Jérusalem – n’est qu’une composante dans l’ample argumentation
développée dans le nouvel ouvrage de Sand, professeur au département
d’Histoire de l’Université de Tel Aviv.
Dans ce livre, Sand essaie de démontrer que les Juifs qui vivent
aujourd’hui en Israël et en d’autres endroits dans le monde, ne sont
absolument pas les descendants du peuple ancien qui vivait dans le
royaume de Judée à l’époque du premier et du second Temple. Ils tirent
leur origine, selon lui, de peuples variés qui se sont convertis au
cours de l’Histoire en divers lieux du bassin méditerranéen et régions
voisines. Non seulement les Juifs d’Afrique du Nord descendraient pour
la plupart de païens convertis, mais aussi les Juifs yéménites (vestiges
du royaume Himyarite, dans la péninsule arabique, qui s’était converti
au judaïsme au quatrième siècle) et les Juifs ashkénazes d’Europe de
l’Est (des réfugiés du royaume khazar converti au huitième siècle).
A la différence d’autres « nouveaux historiens » qui ont cherché à
ébranler les conventions de l’historiographie sioniste, Shlomo Sand ne
se contente pas de revenir sur 1948 ou sur les débuts du sionisme, mais
remonte des milliers d’années en arrière. Il tente de prouver que le
peuple juif n’a jamais existé comme « peuple-race » partageant une
origine commune mais qu’il est une multitude bigarrée de groupes humains
qui, à des moments différents de l’Histoire, ont adopté la religion
juive. D’après Sand, chez certains penseurs sionistes, cette conception
mythique des Juifs comme peuple ancien conduit à une pensée réellement
raciste : « Il y a eu, en Europe, des périodes où, si quelqu’un avait
déclaré que tous les Juifs appartenaient à un peuple d’origine non
juive, il aurait été jugé antisémite séance tenante. Aujourd’hui, si
quelqu’un ose suggérer que ceux qui sont considérés comme juifs, dans le
monde (…) n’ont jamais constitué et ne sont toujours pas un peuple ni
une nation, il est immédiatement dénoncé comme haïssant Israël » (p.
31).
D’après Sand, la description des Juifs comme un peuple d’exilés,
errant et se tenant à l’écart, qui « ont erré sur mers et sur terres,
sont arrivés au bout du monde et qui, finalement, avec la venue du
sionisme, ont fait demi-tour pour revenir en masse sur leur terre
orpheline », cette description ne relève que d’une « mythologie
nationale ». Tout comme d’autres mouvements nationaux en Europe, qui ont
revisité un somptueux âge d’or pour ensuite, grâce à lui, fabriquer
leur passé héroïque – par exemple, la Grèce classique ou les tribus
teutonnes – afin de prouver qu’ils existaient depuis fort longtemps, «
de même, les premiers bourgeons du nationalisme juif se sont tournés
vers cette lumière intense dont la source était le royaume mythologique
de David » (p. 81).
Mais alors, quand le peuple juif a-t-il réellement été inventé, selon
l’approche de Sand ? « Dans l’Allemagne du 19e siècle, à un certain
moment, des intellectuels d’origine juive, influencés par le caractère
‘volkiste’ du nationalisme allemand, se sont donné pour mission de
fabriquer un peuple « rétrospectivement », avec la soif de créer une
nation juive moderne. A partir de l’historien Heinrich Graetz, des
intellectuels juifs commencent à esquisser l’histoire du judaïsme comme
l’histoire d’un peuple qui avait un caractère national, qui est devenu
un peuple errant et qui a finalement fait demi-tour pour revenir dans sa
patrie. »
Entretien
Shlomo Sand, historien du 20e siècle, avait jusqu’à présent étudié
l’histoire intellectuelle de la France moderne (dans son livre «
L’intellectuel, la vérité et le pouvoir », Am Oved éd., 2000 – en
hébreu), et les rapports entre le cinéma et l’histoire politique (« Le
cinéma comme Histoire », Am Oved, 2002 – en hébreu). D’une manière
inhabituelle pour des historiens de profession, il se penche, dans son
nouveau livre, sur des périodes qu’il n’avait jamais étudiées –
généralement en s’appuyant sur des chercheurs antérieurs qui ont avancé
des positions non orthodoxes sur les origines des Juifs.
En fait, l’essentiel de votre livre ne s’occupe pas de
l’invention du peuple juif par le nationalisme juif moderne mais de la
question de savoir d’où viennent les Juifs.
« Mon projet initial était de prendre une catégorie spécifique de
matériaux historiographiques modernes, d’examiner comment on avait
fabriqué la fiction du peuple juif. Mais dès que j’ai commencé à
confronter les sources historiographiques, je suis tombé sur des
contradictions. Et c’est alors ce qui m’a poussé – je me suis mis au
travail, sans savoir à quoi j’aboutirais. J’ai pris des documents
originaux pour essayer d’examiner l’attitude d’auteurs anciens – ce
qu’ils avaient écrit à propos de la conversion. »
Des spécialistes de l’histoire du peuple juif affirment que
vous vous occupez de questions dont vous n’avez aucune compréhension et
que vous vous fondez sur des auteurs que vous ne pouvez pas lire dans le
texte.
« Il est vrai que je suis un historien de la France et de l’Europe,
et pas de l’Antiquité. Je savais que dès lors que je m’occuperais de
périodes anciennes comme celles-là, je m’exposerais à des critiques
assassines venant d’historiens spécialisés dans ces champs d’étude. Mais
je me suis dit que je ne pouvais pas en rester à un matériel
historiographique moderne sans examiner les faits qu’il décrit. Si je ne
l’avais pas fait moi-même, il aurait fallu attendre une génération
entière. Si j’avais continué à travailler sur la France, j’aurais
peut-être obtenu des chaires à l’université et une gloire provinciale.
Mais j’ai décidé de renoncer à la gloire. »
« Après que le peuple ait été exilé de force de sa terre, il lui est
resté fidèle dans tous les pays de sa dispersion et n’a pas cessé de
prier et d’espérer son retour sur sa terre pour y restaurer sa liberté
politique » : voilà ce que déclare, en ouverture, la Déclaration
d’Indépendance. C’est aussi la citation qui sert de préambule au
troisième chapitre du livre de Shlomo Sand, intitulé « L’invention de
l’Exil ». Aux dires de Sand, l’exil du peuple de sa terre n’a en fait
jamais eu lieu.
« Le paradigme suprême de l’envoi en exil était nécessaire pour que
se construise une mémoire à long terme, dans laquelle un peuple-race
imaginaire et exilé est posé en continuité directe du « Peuple du
Livre » qui l’a précédé », dit Sand ; sous l’influence d’autres
historiens qui se sont penchés, ces dernières années, sur la question de
l’Exil, il déclare que l’exil du peuple juif est, à l’origine, un mythe
chrétien, qui décrivait l’exil comme une punition divine frappant les
Juifs pour le péché d’avoir repoussé le message chrétien. « Je me suis
mis à chercher des livres étudiant l’envoi en exil – événement fondateur
dans l’Histoire juive, presque comme le génocide ; mais à mon grand
étonnement, j’ai découvert qu’il n’y avait pas de littérature à ce
sujet. La raison en est que personne n’a exilé un peuple de cette terre.
Les Romains n’ont pas déporté de peuples et ils n’auraient pas pu le
faire même s’ils l’avaient voulu. Ils n’avaient ni trains ni camions
pour déporter des populations entières. Pareille logistique n’a pas
existé avant le 20e siècle. C’est de là, en fait, qu’est parti tout le
livre : de la compréhension que la société judéenne n’a été ni dispersée
ni exilée. »
Si le peuple n’a pas été exilé, vous affirmez en fait que les
véritables descendants des habitants du royaume de Judée sont les
Palestiniens.
« Aucune population n’est restée pure tout au long d’une période de
milliers d’années. Mais les chances que les Palestiniens soient des
descendants de l’ancien peuple de Judée sont beaucoup plus élevées que
les chances que vous et moi en soyons. Les premiers sionistes, jusqu’à
l’insurrection arabe, savaient qu’il n’y avait pas eu d’exil et que les
Palestiniens étaient les descendants des habitants du pays. Ils savaient
que des paysans ne s’en vont pas tant qu’on ne les chasse pas. Même
Yitzhak Ben Zvi, le second président de l’Etat d’Israël, a écrit en
1929, que « la grande majorité des fellahs ne tirent pas leur origine
des envahisseurs arabes, mais d’avant cela, des fellahs juifs qui
étaient la majorité constitutive du pays ». »
Et comment des millions de Juifs sont-ils apparu tout autour
de la Méditerranée ?
« Le peuple ne s’est pas disséminé, c’est la religion juive qui s’est
propagée. Le judaïsme était une religion prosélyte. Contrairement à une
opinion répandue, il y avait dans le judaïsme ancien une grande soif de
convertir. Les Hasmonéens furent les premiers à commencer à créer une
foule de Juifs par conversions massives, sous l’influence de
l’hellénisme. Ce sont les conversions, depuis la révolte des Hasmonéens
jusqu’à celle de Bar Kochba, qui ont préparé le terrain à la diffusion
massive, plus tard, du christianisme. Après le triomphe du christianisme
au 4e siècle, le mouvement de conversion a été stoppé dans le monde
chrétien et il y a eu une chute brutale du nombre de Juifs. On peut
supposer que beaucoup de Juifs apparus autour de la mer Méditerranée
sont devenus chrétiens. Mais alors, le judaïsme commence à diffuser vers
d’autres régions païennes – par exemple, vers le Yémen et le Nord de
l’Afrique. Si le judaïsme n’avait pas filé de l’avant à ce moment-là, et
continué à convertir dans le monde païen, nous serions restés une
religion totalement marginale, si même nous avions survécu. »
Comment en êtes-vous arrivé à la conclusion que les Juifs
d’Afrique du Nord descendent de Berbères convertis ?
« Je me suis demandé comment des communautés juives aussi importantes
avaient pu apparaître en Espagne. J’ai alors vu que Tariq Ibn-Ziyad,
commandant suprême des musulmans qui envahirent l’Espagne, était berbère
et que la majorité de ses soldats étaient des Berbères. Le royaume
berbère juif de Dahia Al-Kahina n’avait été vaincu que 15 ans plus tôt.
Et il y a, en réalité, plusieurs sources chrétiennes qui déclarent que
beaucoup parmi les envahisseurs d’Espagne étaient des convertis au
judaïsme. La source profonde de la grande communauté juive d’Espagne,
c’étaient ces soldats berbères convertis au judaïsme. »
Aux dires de Sand, l’apport démographique le plus décisif à la
population juive dans le monde s’est produit à la suite de la conversion
du royaume khazar – vaste empire établi au Moyen-âge dans les steppes
bordant la Volga et qui, au plus fort de son pouvoir, dominait depuis la
Géorgie actuelle jusqu’à Kiev. Au 8e siècle, les rois khazars ont
adopté la religion juive et ont fait de l’hébreu la langue écrite dans
le royaume. A partir du 10e siècle, le royaume s’est affaibli et au 13e
siècle, il a été totalement vaincu par des envahisseurs mongols et le
sort de ses habitants juifs se perd alors dans les brumes.
Shlomo Sand revisite l’hypothèse, déjà avancée par des historiens du
19e et du 20e siècles, selon laquelle les Khazars convertis au judaïsme
seraient l’origine principale des communautés juives d’Europe de l’Est. «
Au début du 20e siècle, il y a une forte concentration de Juifs en
Europe de l’Est : trois millions de Juifs, rien qu’en Pologne », dit-il ;
« l’historiographie sioniste prétend qu’ils tirent leur origine de la
communauté juive, plus ancienne, d’Allemagne, mais cette historiographie
ne parvient pas à expliquer comment le peu de Juifs venus d’Europe
occidentale – de Mayence et de Worms – a pu fonder le peuple yiddish
d’Europe de l’Est. Les Juifs d’Europe de l’Est sont un mélange de
Khazars et de Slaves repoussés vers l’Ouest. »
Si les Juifs d’Europe de l’Est ne sont pas venus d’Allemagne,
pourquoi parlaient-ils le yiddish, qui est une langue germanique ?
« Les Juifs formaient, à l’Est, une couche sociale dépendante de la
bourgeoisie allemande et c’est comme ça qu’ils ont adopté des mots
allemands. Je m’appuie ici sur les recherches du linguiste Paul
Wechsler, de l’Université de Tel Aviv, qui a démontré qu’il n’y avait
pas de lien étymologique entre la langue juive allemande du Moyen-âge et
le yiddish. Le Ribal (Rabbi Yitzhak Bar Levinson) disait déjà en 1828
que l’ancienne langue des Juifs n’était pas le yiddish. Même Ben Tzion
Dinour, père de l’historiographie israélienne, ne craignait pas encore
de décrire les Khazars comme l’origine des Juifs d’Europe de l’Est et
peignait la Khazarie comme la « mère des communautés de l’Exil » en
Europe de l’Est. Mais depuis environ 1967, celui qui parle des Khazars
comme des pères des Juifs d’Europe de l’Est est considéré comme bizarre
et comme un doux rêveur. »
Pourquoi, selon vous, l’idée d’une origine khazar est-elle si
menaçante ?
« Il est clair que la crainte est de voir contester le droit
historique sur cette terre. Révéler que les Juifs ne viennent pas de
Judée paraît réduire la légitimité de notre présence ici. Depuis le
début de la période de décolonisation, les colons ne peuvent plus dire
simplement : « Nous sommes venus, nous avons vaincu et maintenant nous
sommes ici » – comme l’ont dit les Américains, les Blancs en Afrique du
Sud et les Australiens. Il y a une peur très profonde que ne soit remis
en cause notre droit à l’existence. »
Cette crainte n’est-elle pas fondée ?
« Non. Je ne pense pas que le mythe historique de l’exil et de
l’errance soit la source de ma légitimité à être ici. Dès lors, cela
m’est égal de penser que je suis d’origine khazar. Je ne crains pas cet
ébranlement de notre existence, parce que je pense que le caractère de
l’Etat d’Israël menace beaucoup plus gravement son existence. Ce qui
pourra fonder notre existence ici, ce ne sont pas des droits historiques
mythologiques mais le fait que nous commencerons à établir ici une
société ouverte, une société de l’ensemble des citoyens israéliens. »
En fait, vous affirmez qu’il n’y a pas de peuple juif.
« Je ne reconnais pas de peuple juif international. Je reconnais un
« peuple yiddish » qui existait en Europe de l’Est, qui n’est certes pas
une nation mais où il est possible de voir une civilisation yiddish
avec une culture populaire moderne. Je pense que le nationalisme juif
s’est épanoui sur le terreau de ce « peuple yiddish ». Je reconnais
également l’existence d’une nation israélienne, et je ne lui conteste
pas son droit à la souveraineté. Mais le sionisme, ainsi que le
nationalisme arabe au fil des années, ne sont pas prêts à le
reconnaître.
« Du point de vue du sionisme, cet Etat n’appartient pas à ses
citoyens, mais au peuple juif. Je reconnais une définition de la Nation :
un groupe humain qui veut vivre de manière souveraine. Mais la majorité
des Juifs dans le monde ne souhaite pas vivre dans l’Etat d’Israël, en
dépit du fait que rien ne les en empêche. Donc, il n’y a pas lieu de
voir en eux une nation. »
Qu’y a-t-il de si dangereux dans le fait que les Juifs
s’imaginent appartenir à un seul peuple ? Pourquoi serait-ce mal en soi ?
« Dans le discours israélien sur les racines, il y a une dose de
perversion. C’est un discours ethnocentrique, biologique, génétique.
Mais Israël n’a pas d’existence comme Etat juif : si Israël ne se
développe pas et ne se transforme pas en société ouverte,
multiculturelle, nous aurons un Kosovo en Galilée. La conscience d’un
droit sur ce lieu doit être beaucoup plus souple et variée, et si j’ai
contribué avec ce livre à ce que moi-même et mes enfants puissions vivre
ici avec les autres, dans cet Etat, dans une situation plus égalitaire,
j’aurai fait ma part.
« Nous devons commencer à œuvrer durement pour transformer ce lieu
qui est le nôtre en une république israélienne, où ni l’origine
ethnique, ni la croyance n’auront de pertinence au regard de la Loi.
Celui qui connaît les jeunes élites parmi les Arabes d’Israël, peut voir
qu’ils ne seront pas d’accord de vivre dans un Etat qui proclame n’être
pas le leur. Si j’étais Palestinien, je me rebellerais contre un tel
Etat, mais c’est aussi comme Israélien que je me rebelle contre cet
Etat. »
La question est de savoir si, pour arriver à ces
conclusions-là, il était nécessaire de remonter jusqu’au royaume des
Khazars et jusqu’au royaume Himyarite.
« Je ne cache pas que j’éprouve un grand trouble à vivre dans une
société dont les principes nationaux qui la dirigent sont dangereux, et
que ce trouble m’a servi de moteur dans mon travail. Je suis citoyen de
ce pays, mais je suis aussi historien, et en tant qu’historien, j’ai une
obligation d’écrire de l’Histoire et d’examiner les textes. C’est ce
que j’ai fait. »
Si le mythe du sionisme est celui du peuple juif revenu
d’exil sur sa terre, que sera le mythe de l’Etat que vous imaginez ?
« Un mythe d’avenir est préférable selon moi à des mythologies du
passé et du repli sur soi. Chez les Américains, et aujourd’hui chez les
Européens aussi, ce qui justifie l’existence d’une nation, c’est la
promesse d’une société ouverte, avancée et opulente. Les matériaux
israéliens existent, mais il faut leur ajouter, par exemple, des fêtes
rassemblant tous les Israéliens. Réduire quelque peu les jours de
commémoration et ajouter des journées consacrées à l’avenir. Mais même
aussi, par exemple, ajouter une heure pour commémorer la « Nakba »,
entre le Jour du Souvenir et la Journée de l’Indépendance. »
Note :
Shlomo Sand est né en 1946 à Linz (Autriche) et a vécu les deux
premières années de sa vie dans les camps de réfugiés juifs en
Allemagne. En 1948, ses parents émigrent en Israël, où il a grandi. Il
finit ses études supérieures en histoire, entamées à l’université de
Tel-Aviv, à l’École des hautes études en sciences sociales, à Paris.
Depuis 1985, il enseigne l’histoire de l’Europe contemporaine à
l’université de Tel-Aviv. Il a notamment publié en français : «
L’Illusion du politique. Georges Sorel et le débat intellectuel 1900 »
(La Découverte, 1984), « Georges Sorel en son temps », avec J. Julliard
(Seuil, 1985), « Le XXe siècle à l’écran » (Seuil, 2004). « Les mots et
la terre. Les intellectuels en Israël » (Fayard, 2006)
Source : Ofri Ilani, Haaretz, 21 mars 2008, traduit de l’hébreu par
Michel Ghys pour Protection Palestine
SOURCE: Shlomo Sand : l’exil du peuple juif est un mythe
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