Aujourd’hui, 19 Août 2009, je fête 20 ans de vie commune avec mon mari. Je dis Vie commune, parce que nous étions passés devant l’officier d’état civil le 01 Août 1989, mais le mariage n’avait été célébré que 3 semaines plus tard, et la vie commune n’avait donc commencé que le 19 Août 1989.
20 ans.
A l’époque où j’avais connu mon mari, il avait un frère qui était marié depuis 2 ans et demi. Et je trouvais cela génial. J’enviais ma belle-sœur qui vivait avec son mari, l’amour de sa vie, depuis 2 ans et demi. Je trouvais qu’elle avait une chance terrible: elle partageait la vie de son homme depuis 2 ans et demi. Autant dire une éternité!
Et voilà qu’aujourd’hui, cela fait 20 ans que je partage la vie de mon homme. 20 ans qui sont passé en un clin d’œil!
Je l’ai connu en Août 1988. A la plage, à Hammamet. Nous étions en fait voisin depuis 2 ans, mais je ne l’avais jamais vu ou remarqué. C’est normal il faut dire. Déjà à l’époque, je ne sortais à la plage presque que pour lire. Un livre dans les mains, comment aurais-je pu faire attention à nos voisins?
Mais j’avais quand même fait la connaissance d’une voisine. De temps en temps, nous partagions le même parasol. Elle m’avait proposé un jour de me présenter son beau-frère, mais j’avais refusé net. Je venais de rentrer de France où j’avais passé 6 ans, et je ne pensais pas du tout à faire des connaissances. Je m’étais en plus inscrite pour un nouveau DESS à l’IHEC, et je voulais poursuivre encore mes études. Et surtout, je voulais avoir du temps pour prendre mes marques à Tunis.
Je m’obstinais dans mon refus. Mon univers se limitait à mes livres, et je m’en contentais.
Pourtant un jour, alors que j’étais à la plage avec cette même voisine, elle a appelé ce beau-frère en question, me l’a présenté, et a trouvé le moyen de s’éclipser et de me laisser seule avec lui. J’avais enragé au début. Elle m’avait forcé la main et m’avait mise devant le fait accompli, mais j’avais vite décoléré.
Le beau-frère n’était pas mal du tout, et surtout, il avait l’air d’avoir la même passion que moi: la lecture.
Miracle, un homme qui aime la lecture!
Depuis toute jeune, je disais que mon premier critère pour me marier était la lecture. Je ne pouvais concevoir partager la vie d’une personne qui ne lisait pas!
A l’époque, j’étais en plein dans ma passion de l’Égypte, et particulièrement l’Égypte ancienne. Je lisais d’ailleurs ces jours-là un livre de Christiane Desroches Noblecourt "La femme au temps des pharaons".. Il le remarque, et le voilà lancé sur le sujet. J’étais éblouie par ses connaissances.
Je saurais par la suite qu’il est en effet passionné par la lecture, mais que ses connaissances de l’Égypte ancienne se limitaient à ce qu’il m’avait raconté ce jour-là pour me baratiner.
Bref, nous avions passé un bon moment ensemble. J’étais sous le charme, bien que j‘avais quand même des réticences.
En rentrant à la maison, j’en avais parlé à ma mère et mes sœurs, et je m’étais rendue compte que je devais être la seule personne à n’avoir jamais remarqué ce jeune homme à la plage! Étais-je à ce point aveugle?
Je vous épargnerais les détails de nos rencontres des jours suivants. Je vous dirais juste que 10 jours plus tard il me demandait en mariage. Et j’avoue que je n’attendais que cela. 10 jours, c’était déjà trop long!
Un an après, nous nous mariions.
Cela fait 20 ans.
Que dire après 20 ans?
Je dirais que j’avais fait le bon choix.
Bien-sûr, cela n’a pas toujours été rose. Il y a eu des moments de crises, des moments de doutes, des disputes, des cris, des hurlements… Mais il y a eu surtout des moments de bonheur. Des joies partagées. Des rêves. Des Projets… Et surtout 2 magnifiques enfants.
Alors, si c’était à refaire, refaisais-je le même choix?
OUI.
Sans aucun doute.
Pourquoi?
Parce que je pense que j’ai épousé l’homme qu’il me fallait. L’homme qui me tiendrait en haleine tout le temps. L’homme auprès de qui je ne connaîtrais pas l’ennui ou l’indifférence. Et surtout l’homme dont j’admirais et admire toujours l’intelligence.
Bien-sûr, il n’est pas parfait. Qui prétend l’être d’ailleurs?
Bien-sûr, il n’est pas parfait, mais il est l’homme qui me convient.
Il est le Lion* qui rugit, je suis le petit crabe* qui s’agrippe à sa crinière.
Il est la cigale, je suis la fourmi.
Il est l’extraverti, je suis l’introvertie
Il est le sociable, je suis la solitaire.
Il est le stratège, je suis la travailleuse.
Que puis-je dire encore?
Il est le «fou», je suis la raisonnable.
Il est l’extravagant, je suis la «conventionnelle».
Il est l’imprévisible, je suis l’organisée.
Nous sommes les 2 extrêmes qui s’attirent.
En fait, nous nous complétons. Chacun d’entre nous tire l’autre vers un juste milieu.
Sans lui, je risque de m’enfermer avec mes livres, mes films, mon ordinateur…. D’avoir de rares amis…. Il me permet de sortir, de voir des gens… de ne pas être « sauvage » comme disait ma mère lorsque je vivais encore avec mes parents.
Sans moi, il risquerait de ne pas avoir les pieds sur terre. Il risquerait de s’étourdir dans les sorties, les fêtes…
Je suis son port d’attache, dit-il. Son équilibre.
Toutes ces différences ne posent-elles pas problèmes parfois?
Oui, c’est certain, parfois ça coince. Mais avec le temps, ces problèmes se sont atténués, voire même disparus. La compréhension mutuelle s’est accrue. La façon de voir les choses s’est rapprochée. En fait, paradoxalement, la première année de vie commune a pratiquement été la plus dure, chacun devant apprendre à vivre avec l’autre. En faisant le parallèle avec l’être humain, je dirais qu’au tout début, c’était le difficile apprentissage de la vie à deux, ensuite l’enfance et son insouciance, l’adolescence et sa crise, et j’espère que là nous entamons l’âge adulte, forts de toutes nos expériences.
Malgré nos différences, ce qui nous uni, est une façon commune de voir la vie, ce sont des valeurs et des principes communs. Des croyances communes. Des rêves communs. Des ambitions communes.
Il était là tout à l’heure alors que j’écrivais cette note, et je lui ai posé la question: «d’après toi, qu’est-ce qui a fait que nous avons tenu 20 ans?».
Il a répondu: «c’est parce que je t’aime». Il a ensuite corrigé: «c’est parce que nous nous aimons.»
Et c’est vrai. C’est exactement cela qui nous permis de rester ensemble: l’amour.
L’amour. L’amour vrai. L’amour sincère. L’amour profond.
C’est que quoi qu’il arrive, nous sommes toujours profondément amoureux l’un de l’autre. Et j’espère que nous le resterons encore et encore….
Pour le meilleur et pour le pire… dans la joie et la tristesse... dans la richesse et la pauvreté... jusqu’à ce que la mort nous sépare.
* Il est Lion et je suis Cancer.
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