Génération Tunisie Libre vous invite à assister à la projection du film PERSEPOLIS le vendredi 06 mai 2011 à 19h, à la salle de cinéma Alhambra, centre commercial El Zephyr à La Marsa (entrée gratuite).
Cette projection sera suivie d'un débat animé par le docteur Hechmi Dhaoui, médecin psychanalyste.
Samedi dernier, ce film avait été projeté à la maison de la culture Ibn Khaldoun, ce qui m'avait donné l'occasion de le revoir encore une fois.
Je l'avais déjà vu il y a environ 3 ans, mais aujourd'hui, revoir ce film dans nos circonstances d'après révolution, permet une lecture complètement différente du film. Aujourd'hui, pour moi, tunisienne, ce film n'est plus seulement un film, il est aussi espoir, craintes, émotions, détermination...
Ce film est un regard retrospectif de Marjane Satrapi, une jeune iranienne, sur sa vie. Au début du film, elle parle de la chute du shah, et ensuite de la révolution iranienne et de la montée de l'islamisme, et plus particulièrement comment les islamistes ont confisqué la révolution. L'erreur des mouvements de gauche à l'époque étant qu'ils n'avaient pas compris le danger islamiste. D'ailleurs l'oncle de Marjane incarne cette confiance des gauchistes qui n'avaient pas vu le danger et ont fini par etre broyés par la machine islamiste.
Sur le plan graphique, ce film est d'une très grande richesse. Il y a une parfaite adéquation entre la forme et le fond. Il y a aussi un équilibre et une grande sincérité à travers tout le film. Marjane aurait pu surfer sur la vague de l'anti-islamisme, mais elle ne l'a pas fait. Elle a inroduit dans ce film une dimension plus humaine et plus personnelle.
On y découvre une Marjane qui, à cause des évènements survenus dans son pays, devient étrangère dans son propre pays, étrangère à elle-même et étrangère à l'étranger.
Elle qui était habituée à un certain mode de vie, qui vient d'un milieu social cultivé et libre, n'arrive pas à s'intégrer dans cette nouvelle société. Cette nouvelle société répressive, sans intimité, où règnent l'hypocrisie, la délation et les gardiens de la morale publique. Bien-sûr, avec le temps, les gens ont adopté une certaine stratégie de contournement de ces contraintes, ils vivent une double vie: austérité dans la rue, alors que dans les maisons, ce sont les fêtes et la mixité.
La composante politique est intéressante, mais le film ne se limite pas à cela. Il a plusieurs autres aspects intéressants. Il y a par exemple l'aspect de la transmission d'une certaine culture politique, de la part de l'oncle, mais aussi et surtout de la part de la grand-mère qui inculque à Marjane les valeurs féministes d'une femme très émancipée par rapport à son époque.
Il y a aussi une touche d'humour dans tout le film, par exemple, lorsque Marjane se transforme et devient adulte ou lorsque son ami la quitte. Cet humour fait mieux passer la sensibilté et le désarroi de la jeune femme.
Pareil lorsque Marjane est à Vienne, chez les religieuses. Elle fait passer un message, sous couvert d'humour. On y voit une grosse croix et les visages austères des nonnes: à chaque fois qu'une autorité est basée sur la religion, elle devient oppression, alors que la religion devrait être amour, beauté, tolérance...
Lorsque j'avais vu le film la première fois, je n'aurais jamais cru qu'un jour, en Tunisie nous aurions peur de subir le même sort que les iraniens.
Et en revoyant le film aujourd'hui, cette crainte est encore plus présente. La première demi-heure, on a l'impression d'être en Tunisie. Les dialogues sont exactement les dialogues que nous entendons de nos jours en Tunisie: "à partir de maintenant tout ira pour le mieux", "plus rien ne pourra arrêter le peuple nous aurons une société faite de justice et de liberté", "nous aurons des élections pour bientôt", "Il faut faire confiance aux gens qui après toutes ces années de dictature feront tout pour conserver leur liberté", "De toute façon ça ne pourra jamais être pire que sous le Shah"...
Même le fhimtkom est là. Le Shah est passé à la TV, juste avant de partir, il a fait un discours, et il a dit "je vous ai compris".
L'horreur. L'Histoire pourrait se répéter...
Persepolis
Réalisé par Marjane Satrapi, Vincent Paronnaud
Avec Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Danielle Darrieux
Durée : 01h35min - Année de production : 2007
Ce film a obtenu 11 prix et 23 nominations
Synopsis : Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah.
Avec l'instauration de la République islamique débute le temps des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.
Bientôt, la guerre contre l'Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.
Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l'envoyer en Autriche pour la protéger.
A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence.
Le Parisien
Renaud Baronian
(...) un film capable de nous faire rêver, voyager, pleurer et hurler de rire dans la même séquence. Exaltant.
Paris Match
Alain Spira
Persepolis mêle le rire aux larmes, sans faire l'impasse sur les ravages de la dictature islamiste avec son lot d'intolérances et d'arrestations. Drôle et poignante, éducative et captivante (...)
Le Nouvel Observateur
Pascal Mérigeau
On sourit et on rit, on s'émeut gentiment souvent, on a un peu peur parfois mais pas trop, juste ce qu'il faut, on bat des mains comme à Guignol, et c'est très bien.
Libération
Eric Loret
C'est l'autobiographie tragicomique de Marji, jeune Iranienne, sur l'enfance de laquelle tombe le régime des barbus avec ses brimades pour elle et ses horreurs pour les autres (tortures, exécution d'un oncle, mort d'un ami fuyant la police des moeurs, etc.)
Hechmi Dhaoui est médecin psychiatre-psychanalyste. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres, dont:
L'amour en islam
Sur la base de recherches menées sur les différentes formes de la mémoire, ce travail expose une psychanalyse de l'amoureux, en se posant les questions suivantes : est-ce que l'amoureux choisit de l'être ? Est-ce qu'il choisit l'objet de son amour ? En faisant une comparaison entre l'amour profane et sacré, l'auteur tente d'expliquer la psychologie individuelle et collective de l'intégrisme.
Pour une psychanalyse maghrebine la personnalité
A partir de l'histoire pluri-culturelle du Maghreb, qui a été Africain d'abord, puis Méditerranéen et Européen, avant que l'on essaye de le présenter exclusivement comme Arabe ; l'auteur s'est donné comme objectif de relativiser plusieurs fausses affirmations concernant l'Afrique du Nord. Cet ouvrage essaie d'étudier le rôle social de l'individu particulièrement et de la communauté en général, à partir des rites et des émergences spécifiques et archétypiques de la mémoire épisodique et collective.
Musulmans contre Islam? Rouvrir les portes de l'Ijtihad (Je l'ai lu, et j'en parle dans mon blog)
Par Hechmi Dhaoui - Gérard Haddad
Deux psychanalystes, Gérard Haddad, juif tunisien vivant en France, et Hechmi Dhaoui, musulman vivant en Tunisie, s'interrogent sur la situation du monde arabo-musulman dans ses rapports avec l'Occident. C'est l'occasion pour eux de pourfendre quelques lieux communs et de mettre au jour certains paradoxes douloureux.
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