Le Tribunal de 1ère instance de Tunis a tranché: Nessma TV a le droit de diffuser les 4 épisodes de la mini-série House of Saddam.
Le 12 octobre 2009, un avocat avait saisi, en reféré, le tribunal de 1ère instance de Tunis. Il voulait arrêter d'urgence la diffusion des épisodes de House of Saddam.
D'après cet avocat, cette série nuit à l'image des arabes et des musulmans, et devrait donc être interdite en se basant sur l'article 1 de la Constitution Tunisienne qui stipule que la Tunisie est un État musulman.
Par ailleurs, ce cher avocat s'appuyant sur la loi de la défense du consommateur a jugé que la série est un produit nocif, comportant des scènes violentes et choquantes pouvant porter atteinte à la pudeur de certains téléspectateurs.
Voilà, petit à petit, nous imitons les barbus et autres énergumènes du même gabarit.
Ce procès me rappelle les multitudes de procès qui se passent dans certains pays arabo-musulmans, où toute personne se sentant "offensée" porte plainte. Comme, par exemple, il y a quelques années, le procès intenté contre Yosra que l'on avait vu portant une chemise de nuit dans un film.
Fait inconcevable et portant atteinte à la pudeur de certains!
Comme s'ils n'avaient jamais vu une actrice en chemise de nuit dans un film!
C'est effrayant. C'est une négation de la liberté d'expression. C'est la voie vers la pensée unique.
Une pensée aseptisée, conforme. Conforme à quoi?
Cet avocat veut-il donc nier l'histoire?
Saddam était-il un ange?
Et en quoi représente-t-il les musulmans?
Personnellement, je ne considère en aucun cas que Saddam me représente.
A-t-on oublié tous les massacres, meurtres... qu'il a commis?
Et puis, une série doit-elle obligatoirement se conformer à l'Histoire?
Et d'ailleurs, existe-t-il une Histoire Vraie, une seule vision, une seule interprétation, une seule lecture???
Non, impossible.
Et supposons que les auteurs de cette série aient donné une vision subjective de Saddam, faut-il les interdire?
Pourquoi ne pas essayer de leur répondre?
Pourquoi ne pas débattre?
Supposons qu'une série ait décrit Bush sous un mauvais jour, quelle aurait été la réaction de cet avocat?
Et puis, je trouve cette manière de juger pour tous les tunisiens méprisante. Méprisante pour nous tunisiens. Pour tous les tunisiens.
Sommes-nous mineurs? Sommes-nous incapables?
Comment donc un avocat peut-il être pour la censure?
La censure que nous subissons déjà par ailleurs n'est-elle pas suffisante?
Il y en a assez de la censure.
Il y en a assez des muselières.
Nous ne sommes pas des petits enfants qu'il faut "préserver".
Que l'on soit d'accord ou pas avec cette série, que l'on soit d'accord ou pas avec une émission TV, un livre, un film, un discours, une caricature..., il faut laisser les gens libres de s'exprimer, libres de regarder, de lire, de voir, de consommer... Pas besoin de tuteurs pour nous dire ce que nous devons faire ou ne pas faire.
Accorder la liberté à tous. Liberté d'expression. Liberté de pensée. Liberté de culte...
Bravo au Tribunal. Bravo.
J'espère que nos tribunaux suivront ce même chemin à chaque fois que des gens voudront restreindre nos libertés, nous prendre pour des attardés mentaux et nous obliger à penser comme eux.
A moins que cet avocat voulait juste se faire un peu de pub et faire parler de lui?!
Si tel est le cas, il a choisit un mauvais moyen. Personnellement, je ne ferais pas confiance à un pareil avocat!
Update (21/10/2009 à 02h30): J'ai envie de partager avec vous l'article de Khemais Khayati paru sur le quotidien Essabah sur la série House of Saddam.
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