En publiant hier sur ma page facebook les photos du déjeuner Patrimoine Culinaire Sfaxien, je me suis rappelée un déjeuner auquel j'ai participé cet été.
J'étais invitée à déjeuner chez des amis juifs tunisiens, originaires de Sfax, comme moi. D'ailleurs, nos familles sont amies depuis 3 générations et j'espère que cela durera encore et encore, sur plusieurs autres générations.
C'était samedi, donc Shabbat. Au menu, il y avait un plat qu'il m'a semblé ne pas connaitre: harissa. Cela ressemblait au borghol.
On m'a alors raconté qu'à Sfax, à l'époque, toutes les familles juives préparaient ce plat de harissa pour le déjeuner du samedi. Mais comme à Shabbat, ils ne pouvaient ni allumer le feu ni faire la cuisine, en fait, la harissa était préparée la veille dans un plat en terre, et ensuite était envoyée à la koucha ou elle mijotait toute la nuit au chaud dans le four de la koucha.
Le lendemain, samedi, un homme était chargé de recueillir toutes ces harissas et de les amener dans les familles. Il parait qu'il avait une petite remorque (je ne sais pas s'il s'agissait d'un vélo ou d'un âne!) ou il mettait tous ces plats en terre et qu'il s'arrêtait dans chaque maison pour distribuer ces harissa.
Il parait que dans chaque famille, il était bien accueilli et était invité à boire un verre de boukha. A la fin de sa tournée, il parait que le bonhomme était complètement ivre!
Et donc, hier, en regardant les photos, c'était là: une harissa cuite dans un plat en terre, et à l'époque, on m'avait en effet dit que cela mijotait pendant 24h!
Par contre, à Sfax, on m'avait dit que ce plat n'était pas de Sfax la ville, mais des environs. Je me dit que peut-être c'était plutôt un plat juif sfaxien et que les musulmans ne connaissaient pas très bien et pensaient donc que cela venait des environs. Je le pense d'autant plus que ce plat était servi avec des sortes de boulettes qui rappellent les boulettes que l'on mange le soir de Shabbat dans les familles juives tunisiennes.
Je ne sais pas. Mais ce que j'ai aimé, c'est que maintenant, pour moi, à cette photo est associé une anecdote, une histoire, un pan de mémoire, des souvenirs... Et j'adore cela!
- La première épouse d'un homme est celle qui l'aide à se faire de l'argent.
- La deuxième épouse d'un homme est celle qui commence à dépenser son argent.
- La troisième épouse d'un homme est celle à qui il laisse son argent.
La maman d'un ami nous l'a dit hier. Et d'après ce que je vois en Tunisie autour de moi, elle a bien raison. Les hommes deviennent de plus en plus ****!
Mardi dernier, des amis ont eu une petite fille (1000 Mabrouk!).
Le soir, nous avons rencontré l'heureux père. Bien-sûr, la discussion a porté sur la nouvelle petite princesse. Comment va-t-elle? A qui ressemble-t-elle? Quel est son prénom?
Elyssa.
C'est joli Elyssa comme prénom.
Elyssa, reine fondatrice de Carthage.
Enfants, nous connaissions tous la reine Elyssa, sa beauté et surtout sa légendaire intelligence qui lui a permit d'acheter la colline de Carthage.
Elyssa, prénom qui existe en Tunisie depuis des millénaires. Nous connaissons ou avons tous connu dans notre vie une Elyssa.
La nouvelle petite princesse de notre ami s'appellera donc Elyssa.
Hier, sur facebook, j'apprends que la petite princesse ne s'appellera pas Elyssa. Ainsi l'ont décidé les officiers d'état civils tunisiens!
Le soir, je rencontre le nouveau papa. Mais que s'est-il passé? Qu'est-ce que cette histoire?
Voila ce dont il s'agit.
Le papa est allé déclarer la naissance de sa petite fille à la municipalité. On lui répond que le prénom Elyssa est interdit en Tunisie.
Ah? Depuis quand? Pourquoi?
On lui répond qu'il existe maintenant un petit livret recensant tous les prénoms permis. Par conséquent les prénoms qui ne s'y trouvent pas sont interdits.
Le prénom Elyssa ne figure pas dans le livret et est donc interdit. En Tunisie, on ne peut désormais plus appeler les petites filles Elyssa.
L'explication donné par l'agent est que les prénoms tunisiens doivent dorénavant être arabo-musulmans.
Ah?
Lina est un prénom qui figure dans le livret. Est-il arabo-musulman?
Peut-être. Personnellement, je ne le sais pas. Mais il n'en a pas l'apparence.
Linda est un prénom qui y figure. Est-il arabo-musulman?
Il parait que Linda est le nom d'une fleur en arabe. Peut-être.
Mais Elyssa n'est manifestement pas arabo-musulman.
Qu'il soit le prénom d'une reine "tunisienne" n'a apparemment aucune importance.
Qu'il soit le prénom d'une grande figure historique de notre pays ne compte pas.
Qu'il fasse partie de notre mémoire collective non plus.
Que des centaines de filles tunisiennes ont porté et portent encore ce prénom n'a pas d'importance non plus.
L'essentiel est que ce prénom ne figurant pas dans le livret est désormais interdit.
Le papa décide alors d'aller tenter sa chance dans une autre municipalité.
Mais le scénario est le même . Tous les prénoms qui ne figurent pas dans le livret sont interdits. Point.
La petite fille ne s'appellera pas Elyssa.
Elle s'appelle Yasmine.
Cette histoire m'a choquée. Une nouvelle restriction à nos libertés?
Ce matin, j'ai essayé de connaitre la législation tunisienne en ce qui concerne les prénoms. Je n'ai rien trouvé sur Internet. Peut-être que je n'ai pas su où chercher. Quelqu'un pourrait-il nous éclairer?
S'agit-il d'une loi? Y-a-t-il un texte législatif quelconque? Y-a-t-il une mauvaise application des textes par les agents?
Qu'est donc ce livret?
Un livret pourrait-il recenser tous les prénoms permis?
C'est inconcevable. Comment un tel livret pourrait-il être complet? Celui ou ceux qui l'ont rédigés ne peuvent en aucun cas connaitre tous les prénoms "permis". Il pourrait y avoir des oublis, des omissions...
Est-ce une volonté politique de limiter le choix des prénoms?
Peut-être que le livret a été donné aux agents à titre d'exemple des prénoms permis et que la mauvaise utilisation par eux a rendu cette liste limitative et non plus simplement indicative?
Beaucoup de questions. Qui pourrait nous répondre?
Si la liste des prénoms permis en Tunisie est fixée dans un livret, comment ces prénoms vont-ils évoluer? Qu'en sera-t-il des mouvements de mode, des changements des mentalités...?
Les prénoms en Tunisie sont-ils condamnés à être figés?
Les prénoms non listés dans ce livrets sont-ils condamnés à disparaitre?
Les prénoms à consonance historiques, tels Hannibal ou Elyssa sont donc condamnés à l'oubli.
Dites, est-ce que le prénom Iskander est arabo-musulman? Ou bien fait-il référence à un personnage historique non musulman?
Le prénom Sarra ou Sarah est-il arabo-musulman? Ne renvoi-t-il pas à la femme d'Abraham, mère d'Isaac?
Comme je n’avais plus rien à livre, un ami m’a prêté un livre: «Rien de grave» de Justine Lévy. Je n’avais jamais entendu parler de ce livre. Je ne suis pas l’actualité people et je ne me suis jamais intéressée à qui couche avec qui et qui se marie avec qui…
J’ai donc lu ce livre sans arrière-pensées, sans préjugés, sans aucune idée préconçue. Je l’avais presque fini en croyant qu’il s’agissait d’un simple roman, sans savoir qu’en fait il s’agit d’un livre autobiographique.
J’ai commencé ce livre et dès le début, je l’ai aimé.
Avant même de savoir ce qui allait suivre, j’ai aimé. J’ai aimé. J’ai aimé Louise qui va à l’enterrement de sa grand-mère en jeans et qui critique ceux qui accordent plus d’importance aux formes qu’au fond. J’ai aimé Louise. J’ai ressenti sa sensibilité. J’ai compris son authenticité.
Ensuite, l’auteur est entrée dans le vif du sujet. Elle a commencé à écrire, à décrire, à souffrir, à raconter…
Louise, qui aimait son mari plus que tout au monde a été larguée par lui. Il l’a quittée pour une autre femme. «Larguée, quittée, jetée». Une femme décrite d’une façon impitoyable. Une femme sans scrupules, sans principes, une femme refaite, une femme égoïste, une femme qui ne pense qu’à elle-même… Le genre de femme que moi j’appelle une pétasse et que Louise appelle Terminator avec un regard de tueuse.
Au fil des pages, on vivra la souffrance de Louise. Elle la déroule, l’explique… et on la ressent avec elle, pour elle, à sa place.
J’ai pleuré. J’ai beaucoup pleuré. J’ai vraiment pleuré.
Louise souffre et nous fait souffrir avec elle.
Et elle nous explique. Elle nous explique son amour pour son mari. Cet amour devient palpable. On le comprend. Louise vit pour son mari, à travers son mari, grâce à son mari. Il est tout pour elle. Il est sa vie. Elle voit à travers lui, elle sent à travers lui, elle vit à travers lui. Elle l’aime. Elle l’aime de toutes ses forces. Elle l’aime de toute son âme. Elle l’aime. Elle l’aime. Elle l’aime. Premier amour. Intense amour. Amour aveugle et aveuglant.
Comment Louise n’a-t-elle rien vu venir? Comment Louise n’a-t-elle rien compris? Comment Louise n’a-t-elle rien soupçonné?
Il l’a quittée, et elle en souffre.
Louise petit à petit va se remettre de sa souffrance. Cela lui prendra plusieurs années. Elle essayera de comprendre, elle essayera d’analyser, elle essayera d’oublier, elle essayera de minimiser… en fait, elle essayera de surmonter. Comme on le dit si bien, la vie continue. Et elle essaiera de vivre.
Cela lui prendra du temps. Elle deviendra méfiante. Elle ne sera plus jamais pareille. Elle ne sera plus aussi innocente ou naïve. Elle n’y croira plus, mais elle finira par conclure que rien de grave, la vie continue….
J’avais presque fini le livre lorsque j’ai appris qu’il s’agit d’une histoire vraie. Il faut dire que l’auteur décrit tellement bien sa souffrance que j’avais l’impression qu’elle ne pouvait l’avoir inventée. Pour aussi bien décrire cette souffrance, il faut l’avoir vécue.
Justine Lévy, l’auteur, est la fille de Bernard Henry Lévy, et l’histoire qu’elle raconte est la sienne. Son mari l’avait quittée pour se mettre en couple avec la maîtresse de son propre père.
Paula, l’horrible maîtresse n’est autre que Carla Bruni, mannequin, croqueuse d’hommes.
Le fait d’apprendre que cette histoire est vraie ne m’a pas gênée. Au contraire, cela lui a donné une dimension encore plus profonde à mes yeux.
Justine Lévy se confie et en même temps son livre est une thérapie. Elle a mis des mots sur ses maux. Elle a mis des mots sur ses sentiments, ses souffrances, ses ressentiments… Et peut-être est-ce une manière d’exorciser ces maux. Peut-être est-ce une manière de s’en affranchir et continuer sa route.
J’ai lu dans un article qu’il s’agit d’une autre histoire people. Non, je ne suis pas d’accord. C’est une histoire humaine tout simplement. Elle concerne des gens connus, oui, mais elle aurait pu concerner n’importe qui. La souffrance est identique que l’on soit riche et célèbre ou pauvre et inconnu.
Une trahison est une trahison. Une souffrance est une souffrance.
Et Justine Lévy a très bien su partager sa souffrance.
Justine Lévy décrit la maîtresse d’une manière impitoyable. Vengeance? Peut-être. Est-ce correct? Oui, pourquoi pas? Pourquoi n’aurait-elle pas réglé ses comptes avec Carla Bruni, la femme qui lui a volé son mari? Pourquoi ne pas dénoncer ces personnes qui marchent sur les cadavres des autres sans état d’âmes? Oui, pourquoi pas?
Ce livre a remporté le prix Littéraire Le Vaudeville et le Grand Prix Littéraire de l'Héroïne Marie France en 2004.
Je vous le conseille vivement, mais préparez des kleenex.
Ramadan en Turquie. Je me demandais comment cela serait. Je sais maintenant.
Turquie, pays musulman et laïque. Je me demandais comment cela serait. Je sais maintenant.
Un pays dont la majorité de la population est musulmane mais qui est laïque. C’est génial!
Ce n’est pas comme le croient certains, ce n’est pas kofr et dépravation, ce ne sont pas non plus des gens qui ne pratiquent pas, ce n’est rien de tout cela.
Le fait que le pays soit laïque ne fait que garantir la liberté des gens. La liberté et le respect.
Chacun est libre de croire ou de ne pas croire en Dieu, chacun est libre de pratiquer ou de ne pas pratiquer sa religion. Et chacun fait ses propres choix sans craindre la pression sociale, le qu’on dira-t-on, le jugement des parents, voisins, collègues….
Le ramadan en Turquie est différent du ramadan en Tunisie. Pendant la journée, la vie est normale. Je veux dire que rien ne change. Étonnée que les magasins du souk n’ouvrent pas le soir pendant ramadan, un commerçant m’a répondu (ou rappelé) que la Turquie est un pays laïque et que donc rien ne change lors des fêtes religieuses. Il m’a répondu tout simplement et tout logiquement qu’ils ne changeaient pas leur vie lors du mois de ramadan, mais pas non plus lors de Hanoukka ni pendant Noël ou Pâques.
C’est aussi cela la laïcité dans un pays où plusieurs religions cohabitent.
Je disais donc que pendant la journée, tout fonctionne normalement. Les magasins sont ouverts, les restaurants sont ouverts, les cafés sont ouverts… et les gens font ce qu’ils veulent. Ceux qui veulent jeûner jeûnent et ceux qui décident de ne pas jeûner, ne jeûnent pas. LIBERTÉ INDIVIDUELLE.
Mais par contre, personne n’est de mauvaise humeur. Pas de « hachichette romdhane » comme on dit. Les gens sont NORMAUX. Ils travaillent normalement, ils agissent normalement… et sans mauvaise humeur, sans rouspéter, sans gémir… Ils ne prennent pas pour prétexte ramadan pour ne rien faire, ne fournir aucun effort…
Le deuxième jour, mes amies et moi nous promenions au hasard, et nous avions trouvé une mosquée. Nous y sommes entrées. C’était environ 30/40mn avant la rupture du jeûne. Plusieurs personnes faisaient la prière. Ensuite, nous sommes sorties par une porte latérale qu’empruntaient la plupart des gens. Juste à coté de la mosquée, il y avait une sorte de spectacle de rue. Des gens étaient attablés entrain de regarder. La plupart ne consommaient rien, quelques uns avaient des verres devant eux. Apparemment, ils ne jeûnent pas, mais cela a l’air de ne déranger personne. Personne ne leur fait la morale ou ne leur reproche de ne pas respecter ceux qui jeûnent. LIBERTÉ.
Imaginez cela en Tunisie. D’abord ceux qui ne jeûnent pas ne pourraient pas boire ou manger dans un lieu public, surtout juste à coté d’une mosquée, en plus, même s’ils le faisaient, les «jeûneurs» provoqueraient un énorme scandale arguant du fait qu’ils doivent les respecter eux. LIBERTÉ.
Ensuite, nous nous sommes un peu éloignées de la mosquée, nous nous sommes trouvées dans un petit parc. Des gens étaient là, la plupart ne mangeaient pas, mais quelques uns si. Pourtant ces gens avaient l’air de cohabiter en toute tranquillité. LIBERTÉ.
Des tables étaient dressées ici et là. Nous avons ensuite remarqué qu’à proximité il y avait plusieurs vendeurs de nourriture, des stands de chawarma, de sandwichs… C’est la raison pour laquelle les tables étaient dressées, les gens qui se trouvaient dans le parc mangeraient là. Quelques personnes avaient commencé à manger, mais la plupart attendaient le "adhane". Pourtant personne n'a agressé personne. Tolérance et LIBERTÉ.
A l’heure de la rupture du jeûne, les gens ne courent pas pour rentrer chez eux. Ils mangent dehors. Certains par plaisir, d’autres parce qu’ils travaillent ou parce qu’ils en ont tout simplement envie. En fait, en Turquie à l’heure de la rupture du jeune, la vie ne s’arrête pas. Les magasins restent ouverts, les bus et les taxis circulent librement, les restaurant, les pâtisseries, les cafés, mais aussi les bars… restent ouverts.
Nous avons pris le bus et nous sommes arrivées à la place Taksim juste quelques secondes avant que le muezzin annonce la rupture du jeune.
Nous avons remarqué que la plupart des gens tenaient une bouteille d’eau à la main. Cela nous avait étonné. Ensuite nous avons compris. A l’heure où le «adhane» a retenti, tous ces gens ont ouvert leur bouteille d’eau et l’on bue. Ensuite, la vie a repris son cours. Ceux qui se promenaient ont continué à se promener, ceux qui travaillaient ont continué à travailler, ceux qui s’amusaient ont continué à s’amuser… Petit à petit, certains d’entre eux se sont quand même dirigés vers les restaurants, les pâtisseries, les traiteurs… Mais ce n’était pas la ruade. Les gens y allaient tranquillement, sans hâte….
Ce jour-là, il y avait une manifestation culturelle, une sorte de défilé de jeunes. Un congrès qui réuni des jeunes de tous les pays d’Europe. Ce défilé est passé par la place Taksim juste au moment où le muezzin annonçait la rupture du jeune. Et pourtant le défilé ne s’est pas arrêté, les gens qui regardaient ne sont pas partis, il y avait pourtant des femmes voilées. L’une d’entre-elles a même aimablement accepté de nous prendre en photo.
Voici quelques photos du défilé (je rappelle qu'à ce moment-là, le muezzin était entrain d'annoncer le rupture du jeûne).
Le lendemain et le surlendemain, bien qu’il n’y avait pas de défilé, l’ambiance était la même, les gens étaient là, ils s’amusaient, se promenaient… En fait la vie est normale pendant le mois de ramadan. Plusieurs personnes nous l’ont confirmé. Les seuls plus de ramadan sont les concerts de rues (dans plusieurs quartiers, des podium sont dressés et le soir, les gens peuvent assister à des concerts), des soirées spéciales à l'occasion du mois de ramadan, une certaines ambiance dans certains cafés où les gens, après le iftar se réunissent pour regarder la TV, jouer à des jeux de société...
La laïcité a fait que la mentalité des turques est différente de la notre. Comme je l’ai dit, cela ne signifie pas qu’ils sont moins pratiquants, mais ils sont moins hypocrites, moins «coincés»… Chacun fait ce qu’il veut. Personne ne juge personne. La religion est une affaire individuelle. Et est strictement personnelle. LIBERTÉ.
Même les gens pratiquants sont aimables et tolérants. Par exemple, nous étions entrées dans un magasin tenu par un type qui portait un quamis et une longue barbe. Il était très aimable et plaisantait avec nous. Au moment de partir, il nous a même demandé de faire une prière pour lui, les membres de son village et tous les musulmans. D’après lui, un hadith dit que les prières des voyageurs sont exaucées. Un barbu de chez nous nous aurait regardées de travers parce que nous n’étions ni voilées ni couvertes de la tête aux pieds.
En fait, ce que l’on remarque à Istanbul est que la pratique de la religion se fait dans le respect des autres et avec le cœur. Les gens ont la foi et pratiquent non pas parce qu’ils ont peur du châtiment de Dieu ou du jugement des autres, mais parce qu’ils le veulent et le souhaitent.
On a l’impression que la religion chez eux est un acte d’amour et non pas d’oppression. Et j’aime cela.
Le voyage en avion a été inhabituel. Presque tout l’avion était rempli de personnes se rendant en Arabie Saoudite pour une 3omra. Rien de particulièrement bizarre la-dedans à part le fait que je me sois retrouvée au milieu de gens que je n’ai pas l’habitude de voir en vrai.
Je précise, aucun jugement de ma part. Aucun jugement, juste de l’étonnement par rapport à une situation inhabituelle pour moi.
J’ai déjà vu des hajjaj à l’aéroport en Tunisie, mais aujourd’hui c’était différent. Ce n’était pas les gens qui partent en pèlerinage que nous avons l’habitude de voir.
Je pense, si j’ai bien compris, qu’il s’agit d’un groupe de personnes résidentes en France qui vont faire une 3omra. La plupart d’entre eux étaient tunisiens et marocains, mais quelques français aussi (je veux dire français/gaulois, pas français naturalisés).
Les vieux, hommes et femmes, sont comme nos vieux. Mêmes vêtements, mêmes gestes et attitudes, pas de barbes ni niquabs, mais les jeunes étaient différents. Par jeunes je veux dire les moins de 40 ans environ.
Les hommes jeunes, y compris les français, avaient tous une barbe hirsute et portaient par-dessus leurs pantalons de très longues chemises. Je crois qu’on appelle cela des chemises afghanes. Leurs femmes portaient des niquabs noirs.
Je crois que c’est la première fois que je vois cela en vrai, et non pas à la Tv ou sur Internet. C’était étrange.
Je répète, je ne porte aucun jugement. Je raconte juste mon impression.
Une fois dans l’avion, mes voisins de droite, un vieux couple marocains, ont fait une prière silencieuse. Par superstition, j’ai trouvé cela rassurant. Je sais, certains vont sourire. Oui, je sais, c’est un peu contradictoire. Mais je suis aussi un peu superstitieuse, même si je semble être plutôt cartésienne.
Mon voisin de gauche, un homme jeune, barbu, portant sa longue chemise, a commencé par une prière en étant assis. Dès qu’il a pu détacher sa ceinture, il a fait une prière dans le couloir. Une vraie prière. Il a enlevé ses sandales, a mis un tissu par terre en guise de tapis de prière et a fait sa prière. Plusieurs rak3at. J’étais étonnée, c’est la première fois de ma vie que je voyais une chose pareille. Malgré l’exiguïté de l’avion, il a fait une prière!
Ensuite, à part le moment où il a mangé, il n’a fait que lire son Coran. J’ai regardé autour de moi, les autres jeunes faisaient pareil.
Lorsque l’hôtesse a amené le repas, il a demandé: «c’est du bœuf? ». Elle a répondu par l’affirmative. Il a reposé la question au moins 4 ou 5 fois, ensuite, il a demandé si c’était halal.
Ce monde nouveau pour moi m’a semblé irréel. Bien-sur, j’ai déjà vu des hommes barbus et des femmes portant un niquab, mais je crois que ce qui m’a semblé irréel a été d’en voir autant, en si grand nombre, dans un espace réduit. Dans tout l’avion, nous devions être une douzaine (excepté l’équipage) à être habillés en «civil».
Je le répète encore une fois, par ce que je suis sure que certains vont me sortir de grands discours, je ne juge pas. En aucun cas. Après tout, ils font ce qu’ils veulent. Mais je reste dans l’incompréhension de ce «monde».
Je ne le comprends pas c’est vrai.
Je me pose des questions. Certains penseront que je suis naïve peut-être, mais je ne comprends pas cela. Je ne comprends pas que l’on puisse passer des heures et des heures, et des jours, et des mois, voire même des années à lire le Coran, la bible, la Thora ou tout autre livre saint. Que des gens les étudient pour en dégager un sens philosophique, des connaissances historiques ou autres, je le comprends, mais lire et relire encore et encore, rien que pour lire, me dépasse.
Peut-être que ces gens ont de la chance. Peut-être ont-ils découvert une sérénité que d’autres comme moi ne pourront pas connaître. Peut-être. Je ne sais pas.
Tout ce que j’espère est que, tant que ces gens qui se consacrent à leurs religions, n’imposent pas leurs idées et croyances à autrui, puissent trouver la sérénité et le bonheur qu’ils recherchent.
Qui sait? Peut-être sont-ils les plus heureux d’entre nous?
Dès que j’ai appris qu’un film de Yousry Nasrallah était
projeté sur les écrans parisiens, je me suis dépêchée d’aller le voir. Et je ne
l’ai vraiment pas regretté.
Je pense qu’à une seule exception, je n’ai jamais été déçue
par les films de Yousry Nasrallah, bien au contraire. A chaque fois, j’ai envie
de voir et revoir ses films, une seule vision étant insuffisante pour y voir
tout ce que Yousry Nasrallah a voulu nous montrer.
Ehky ya schahrazad ou femmes du Caire, tels sont les titres
de ce film, son titre original et son titre français, film tout récent, qui
décrit un aspect de la situation de la femme égyptienne, de nos jours, encore en 2009.
Synopsis :
Le Caire, de nos jours. Hebba et Karim forment
un couple de journalistes à succès, jeunes, riches et beaux. Hebba anime un talk-show
politique, mais sa pugnacité anti-gouvernementale met en danger la promotion
qu’attend son mari. Il lui met la pression ; elle promet de mettre un peu d’eau
dans son vin. Son émission troque alors la politique pour des faits divers
féminins. Le succès est immédiat : Hebba passionne des millions de spectateurs
avec des histoires vraies, pleines de surprises, de violences, de
rebondissements, les emmenant des bas-fonds du Caire à la jet-set, impliquant
des membres du gouvernement, dans un tourbillon de sensualité et d’inventivité
romanesque. Mais où s’arrête la politique, où commence la question de la
condition féminine ? Hebba se retrouve très vite en terrain miné fait d’abus,
de tromperies religieuses, sexuelles et... politiques. De conteuse, Hebba devient
elle-même une histoire.
Après avoir vu ce film, j’ai lu plusieurs articles à son
sujet, des articles écrits par des journalistes, par des critiques de cinéma,
par une blogueuse (1), (2), (3), (4), (5), (6)… Et je suis d’accord avec tous. Je vous invite à faire de
même. Bien que chacun interprète le film sous un angle divers, ils sont tous
unanimes pour en dire beaucoup de bien.
J’espère contribuer à enrichir le débat par ma propre
contribution, et cela surtout en disant: il ne s’agit pas seulement de la femme
égyptienne, mais il s’agit de toutes les femmes arabo-musulmanes, et peut-être
même de la Femme, bien
que je ne connaisse pas la situation des femmes du monde entier pour affirmer
cela.
Je me limite donc à la femme arabo-musulmane.
Je sais, j’entends déjà tous ceux qui diront : oui,
mais la femme tunisienne a dépassé tout cela et joui aujourd’hui d’une égalité
quasi-parfaite avec les hommes.
Ok. D’accord. Mais seulement sur certains plans.
Oui, d’accord, la femme tunisienne a bien plus de droits que
toutes les autres femmes arabo-musulmanes. Je sais. Je suis d’accord.
Mais dans ce film, il ne s’agit en aucun cas de droits.
La femme tunisienne est majeure comme l’homme, et
juridiquement, du moins en ce qui la concerne personnellement, elle a les mêmes
prérogatives que l’homme tunisien. Elle peut par exemple, et par elle-même,
décider de travailler, de faire des études, de voyager, de se marier, de divorcer…
sans autorisation d’un tuteur. Oui, ok, c’est vrai. Mais si on parlait de la
société, de la pression sociale et non pas de droit?
Je dirais que socialement, il reste encore beaucoup à faire.
Et c’est bien ce que montre ce film.
Dans une société sclérosée, ployant sous le poids des
traditions, où est la place de la femme?
Le film d’ailleurs, nous montre des femmes de milieux
différents pour prouver que cela touche toutes les classes sociales, pas
seulement celles qui sont défavorisées ou illettrées.
Hebba est une femme instruite. Son mari aussi. Ils sont
jeunes, beaux et riches. Ils s’entendent sexuellement. Donc, à priori, aucun
problème à l’horizon. Pourquoi y en aurait-il d’ailleurs? Si ce n’est que la
société veille.
Karim, le mari de Hébba est un lèche-bottes. N’ayons pas
peur des mots. Il veut une promotion, il veut être reconnu, mais non pas grâce
à son mérite, mais grâce à ses relations et aux courbettes qu’il passe son
temps à faire à gauche et à droite.
La relation de Karim avec ses collègues et avec ses
supérieurs est en soi un problème de nos sociétés : hypocrisie,léchage de bottes aux « waslins ». Mais
dans ce film, ce qui m’intéresse, c’est surtout le fait que Hebba est plus «propre»
et courageuse que son mari. Elle est plus intègre. Elle ne veut pas de ces
manœuvres de lèche-bottes. Elle voudrait pouvoir s’affirmer par elle-même et
par son travail, et c’est aussi ce qu’elle souhaite et conseille à son mari.
Hebba a commencé à avoir un certain mépris pour son mari,
mais sa copine la met en garde: «n’oublies pas que c’est ton
deuxième mariage, si jamais tu divorçais, que diraient les gens et quel serait
ton avenir?». Voici une injustice flagrante de nos sociétés:
un homme peut divorcer, encore et encore, il pourrait toujours se remarier,
refaire sa vie. Mais une femme?
Une femme, pourrait à la limite divorcer une fois, on
pourrait à la limite lui pardonner une fois, mais deux?
Même si elle est parfaite, même si elle ne commet aucune
faute, on le lui reprocherait: elle est divorcée. C’est une divorcée. Une
étiquette qui colle à la peau. Une tare. Attention, elle est divorcée. Quelle
maman en voudrait pour son fils?
Pourtant, Heba et Karim viennent d’un milieu censé instruit
et «moderne».
Tout est moderne chez ce couple : un appartement meublé
à l’américaine, une nourriture américaine (on les voit manger je crois à deux
reprises, et à chaque fois, ils mangent du pain de mie, des sandwichs… pas de cuisine
égyptienne).
Leurs relations de couples semblent modernes, leur façon de
faire l’amour parait moderne, et pourtant….Pourtant, lorsque Hebba a commencé à
manifester son désaccord, son mari lui a bien signifié qui est l’homme et où se
trouve la place de chacun.
Pourtant Hebba a fait preuve de bonne volonté. Elle a essayé
d’aider son mari. Bien que n’étant pas d’accord avec sa manière de vouloir
plaire à ses patrons, elle a quand même «obéi» à son mari et modifié son émission.
Lorsqu’il n’a pas la promotion escomptée, que fait-il ?
Il se venge sur Hebba, il la bat. Il manifeste toute sa
rancœur contre elle, il la rend responsable de tous ses problèmes, et c’est
l’œil au beurre noir qu’elle ira témoigner. Hébba, la femme moderne et
instruite est battue par son mari, parce que c’est ainsi. Parce que même
lorsqu’une femme est en apparence traitée sur un pied d’égalité, elle reste une
femme et doit être corrigée.
Je sais, j’ai parlé de la fin du film, mais il s’agit
d’histoires de femmes, et j’ai commencé par celle de Hebba, même si son
histoire se développe tout au long du film.
Pour faire plaisir à son mari, et aussi par crainte d’un deuxième
divorce, Hebba est d’accord pour changer le sujet de son émission de TV, et
voilà que l’occasion lui en ai offerte d'une manière inattendue.
Hebba se rend dans une parfumerie. Elle est habillée à la
dernière mode. Elle s’enquiert de la nouvelle collection de Chanel et commande
toutes les couleurs de rouges à lèvres. On comprend que Hebba est privilégiée.
Une vendeuse de cette parfumerie lui reproche le fait que
son émission ne traite pas des problèmes de tous. Comme Hebba s’étonne, la
vendeuse lui propose d’aller avec elle pour découvrir une autre réalité que la sienne.
Cette vendeuse elle-même est intéressante. Elle dit à Hebba
qu’elle est double. En effet, elle travaille dans cette parfumerie, elle est
habillée à l’occidentale, mais dès qu’elle quitte son travail, elle se voile et
vis dans les quartiers défavorisés. Hebba l’accompagne. Dans le métro, Hebba
est l’unique femme à ne pas porter de voile. Tous la regardent avec insistance.
Ils la fixent et la mettent mal à l’aise. La vendeuse ressent ce malaise et lui
donne un foulard pour qu’elle se couvre la tête comme toutes les autres femmes.
La pression sociale et le voile. Une belle image. Certaines
se voilent peut-être par choix, mais toutes les autres? Toutes les autres
le font-elles vraiment par choix?
N’est-ce pas la pression sociale qui les y oblige, cette
pression pouvant être un parent, le voisinage, un patron, ou tout simplement le
regard des autres?
Pour son émission, Hebba va donc rencontrer des femmes
différentes, et chacune va raconter son histoire.
Nous avons celle qui est resté vieille fille. Elle a fini
dans une clinique psychiatrique. Pourquoi? Parce qu’elle a refusé le
carcan social, elle a refusé le mariage à l’égyptienne (ou à
l’arabo-musulmane), elle a refusé le joug des traditions, elle a refusé la suprématie
du mâle, elle a refusé d’être l’ombre d’un homme.
Elle va à un rendez-vous. Elle écoute le prétendant énoncer
toutes ses conditions. Et à la fin, elle lui dit qu’elle accepterait toutes ses
conditions, mais qu’elle demande juste ce qu’elle aura en retour. Quoi? Elle répète: pourquoi renoncerait-elle à sa liberté, à son indépendance financière, pourquoi
est-ce qu’elle accepterait de faire le ménage, de s’occuper de la belle-mère,
de faire la cuisine…? En contrepartie de quoi? Que va-t-il lui apporter lui?
Que répond le prétendant ?
Un mari.
Une femme doit consentir à tout cela, à toutes ces
restrictions, à toutes ces obligations, seulement et uniquement pour avoir un
mari.
Mais qu’est donc un mari dans nos sociétés ?
Elle est prête à renoncer à tout cela pour avoir un
compagnon, pour avoir un amoureux, un partenaire, un prince charmant, mais… on
ne lui offre qu’un mari, qui ne remplirait aucune de ces «taches».
En fait, elle ne consentirait à tous ces sacrifices que pour obéir à la société
et jouir du statut de la femme marié. Et quel statut !
Cette femme est venue témoigner à l’émission de Hebba. J’ai
adoré lorsqu’elle a commencé son témoignage en disant qu’elle voulait parler du
voile. Hebba étonnée, lui demande s’il s’agit du voile islamique, elle lui
répond que non, qu’elle parle du voile qui couvre depuis quelques temps les
esprits des gens. Ce voile qui s’est abattu sur les cerveaux de tous les
égyptiens, hommes et femmes.
Je dirais: pas seulement égyptiens d’ailleurs!
Il y a deux autres témoignages dans le film. Je ne peux les
raconter tous. Mais à chaque fois il s’agit de femmes victimes d’hommes.
D’hommes qui profitent des lacunes de nos sociétés et s’en servent pour
tromper, bafouer, profiter, exploiter des femmes. L’oncle qui vole l’argent de
ses nièces, pourtant elles-mêmes pauvres, l’employé qui séduit les filles de
son patron décédé, le futur ministre arnaqueur…
D’ailleurs, pour ce dernier témoignage, la femme est arrêtée
pour avoir protesté et posé une simple question: sur quels critères les
ministres sont-ils nommés?
Yousry Nasrallah profite d’ailleurs de son film pour aborder
d’autres problèmes que ceux de la place de la femme dans nos sociétés. Il parle
de corruption, il parle de drogue, il parle d’hypocrisie… Et comme onle répète souvent dans ce film, tout est
politique.
TOUT EST POLITIQUE, c’est bien vrai.
Je ressens ce film comme un signal d’alarme. Attention,
mesdames et messieurs, nous avons des problèmes. Nos sociétés arabo-musulmanes
souffrent. Et un des problèmes majeurs est celui du statut de la femme, qui représente,
il ne faut jamais l’oublier, la moitié de l’humanité.
Allez voir ce film, c’est le conseil que je vous donne.
Entre temps, lisez les articles qui lui ont été consacrés.
Quand à moi, je le reverrais avec un très grand plaisir.
- Vous avez une autorisation de quitter le territoire pour les enfants?
- Oui. Voici celle de mon neveu.
- Et celle de votre fille?
- La voilà aussi. Mais ce n’est pas normal, c’est quand même ma fille. N’ai-je donc pas le droit d’emmener ma fille en voyage avec moi?
- Vous les femmes, vous voulez tous vos droits, subissez alors les obligations.
- Justement, emmener ma fille avec moi en voyage n’est pas une obligation, c’est un droit.
- Non, c’est une obligation.
A priori, cet agent ne connaît pas la différence entre droits et obligations. Je n’ai pas discuté avec lui, après tout, cela ne m’aurait avancé à rien.
- Je trouve normal qu’on vous demande une telle autorisation.
- Pas moi. Cela peut se concevoir pour une mère étrangère car elle pourrait s’enfuir avec ses enfants, mais pourquoi pour une mère tunisienne?
- Beaucoup le font. Nombreuses sont les femmes tunisiennes qui fuient avec leurs enfants.
- N’y a-t-il pas de pères tunisiens qui fuient avec leurs enfants?
- Si, il y en a.
- Alors pourquoi leur permettez-vous de partir avec des enfants en laissant des mères éplorées en Tunisie?
- Parce que ce sont des hommes et qu’ils ont le droit d’emmener leurs enfants.
Mes papiers étaient en règles, j’avais les autorisations nécessaires et j’ai pu emmener les enfants.
Mais cette conversation avec cet agent m’a mise en colère.
On parle d’égalité entre hommes et femmes en Tunisie. Où est-elle?
De quel droit un homme peut-il emmener ses enfants hors du territoire tunisien, alors qu’une femme tunisienne ne peut pas le faire?
Pourquoi accepte-t-on que des enfants soient emmenés, parfois même définitivement, hors du territoire tunisien par leur père alors que l’on n’accepte pas qu’une femme le fasse?
Quoi que l’on dise, notre société reste quand même misogyne.
Je trouve qu’il serait plus juste de demander à tout parent sortant seul du territoire tunisien de fournir une autorisation de l’autre parent. De cette façon, on protègerait toutes les parties: les deux parents et les enfants. De cette façon, personne ne pourrait s’enfuir avec les enfants et en priver l’autre.
Cette discrimination actuelle entre le père et la mère est insupportable.
A chaque fois que j’ai voyagé avec les enfants et qu’on m’a réclamé cette autorisation, je me suis sentie diminuée. On ne me reconnaît pas à moi, mère des enfants, le droit de les emmener, alors qu’on accorde ce droit au père.
Genève. J’y suis pour 24 heures. Je ne suis pas venue à Genève depuis des années, et je ne sais pas pourquoi, à part la gare, je n’ai rien reconnu, et j’ai même eu l’impression de tout découvrir pour la première fois.
Hier, j’avais ma fille et mon neveu avec moi et je voulais leur faire découvrir un maximum d’endroits.
Le centre ville est assez petit, on peut se promener dans Genève à pieds. Nous n’avons pris le tramway que pour un petit trajet, les enfants commençaient à se fatiguer.
Surprise en arrivant à l’aéroport: les transports en bus et en tramways sont gratuits pour les touristes. Il paraît que cela est compris dans la taxe de séjour que nous payons à l’hôtel.
Nous avons commencé par la visite du centre ville. Bien-sûr, on est frappé par la propreté des lieux et surtout par la gentillesse des gens. Si vous avez besoin d’un renseignement, si vous sollicitez un vendeur dans un magasin… les gens vous aident, et très aimablement.
Nous avons visité la vieille ville. Très jolie. Mais fatigante, cela monte, descend et remonte, des pentes, des escaliers... Mais cela nous avait fait faire du sport. J’en ai encore des courbatures aux mollets!
Ce qu’on remarque dans la vieille ville, c’est le nombre important de fontaines, et toutes sont potables. Une eau fraîche et bonne. Et bien sur, des horloges un peu partout.
Dans la cathédrale Saint-Pierre de Genève, il y avait hier un concert de carillons. Nous avons pu entrer jeter un coup d’œil en promettant de rester silencieux. Je ne sais pourquoi cette cathédrale m’avait fait penser au livre «Les piliers de la terre» de Ken Follet. Il faut dire que depuis ce livre, je n’ai jamais pu regarder les cathédrales de la même manière. En lisant ce livre, on se rend compte que construire de tels monuments à leurs époques était un travail titanesque qui durait souvent des dizaines d’années.
Dans la place du Bourg-de-Four, il y a la statue d’une jeune fille qui pleure. Qui est-elle? Pourquoi pleure-t-elle? Ma fille a posé ces questions auxquelles je n’ai pas su répondre. Comme elle est têtue (comme sa mère, et son père aussi d'ailleurs), elle est allée poser ses questions à une serveuse d’un restaurant de la place, qui n’a pas su lui répondre non plus. Elle s’est alors mise à la recherche d’un policier pour qu’il la renseigne, et c’est à ce moment-là que nous nous sommes aperçues que nous n’avions vu aucun policier à Genève. Aucun. Vraiment aucun. Pas de police à Genève?
J’ai aussi emmené les enfants dans un parc. Sur la pelouse, des gens faisaient des gestes bizarres. Ce n’était pas du sport, ce n’était pas de la danse, ni du yoga non plus.
Poupée toujours curieuse, me demande ce qu’ils font. Je lui réponds que je n’en sais rien. Elle s’étonne qu’ils fassent ce genre de choses en public. Je lui réponds que la Suisse est un pays libre et que les gens ne passent pas leur temps à se regarder, à se juger… Du moment que l’on respecte autrui et la loi, on est libre. Alors si on veut danser, sauter, faire du sport ou faire des gestes bizarres, on est libre de le faire.
- Ah??? Elle s’étonne mais comprend.
- Je peux le faire moi aussi?
- Tu peux le faire toi aussi.
Ensuite, elle voit un couple entrain de flirter ouvertement. Ils sont libres ceux-là aussi demande-t-elle? Oui. Ils sont libres. Et si tu fais attention, tu remarqueras que tu es la seule à les regarder, personne d’autre ne prête attention à eux.
- Tu veux vraiment dire que c’est un pays libre ici?
- Oui ma chérie. C’est un pays libre.
- Ils ont aussi ce qu’on appelle la liberté d’expression?
- Oui, ils ont cette liberté aussi.
Je sais, Poupée a des oreilles qui traînent un peu partout, et avoir une maman dont le blog a été censuré donne lieu à certaines discussions…
Vous pouvez me croire, on respire mieux dans un pays sachant que la pression sociale est inexistante, que l’on peut s’habiller comme on veut, que l’on peut manger ce que l’on veut, que l’on peut dire ce que l’on veut… sans être jugé, jaugé, critiqué, condamné, censuré, méprisé…
Au détour d’une rue, nous avons trouvé une toute petite église orthodoxe. Nous y avons pénétré. La décoration n’a strictement rien à voir avec le faste des églises russes. Pas de dorures ni de richesses excessives. Un office était célébré, cela a étonné les enfants. C’était la première fois qu’ils voyaient cela.
Le soir, nous avons dîné dans la vielle ville. Bien sur fondue de fromage et viande séchée des grisons. Spécialités du pays. Je suppose que toutes les calories dépensées lors de la visite ont été récupérées à la vitesse grand V, et je me demande si je n’en ai pas gardé quelques unes en réserve.
Saviez-vous que Jean-Jacques Rousseau était genevois?
Personnellement je ne le savais pas. Je l’ai appris hier. Par hasard, le restaurant où nous avons dîné se trouve juste en face de la maison où Jean-Jacques Rousseau est né. J’ai ainsi pu m’apercevoir que lui et moi sommes nés le même jour.
On nous avait dit que le soir, il y aurait un feu d’artifice sur le lac Léman. Nous y sommes allés. Et nous nous sommes aperçus qu’il s’agissait en réalité d’une grande fête. Je me suis renseignée, c’était la fête de Genève. Cette fête existe depuis les années 1920. Cette année, elle a lieu du 29/07/2010 au 08/08/2010. Je ne connaissais pas du tout, mais cela vaut le coup de se déplacer, alors si vous n’êtes pas loin…
Quelle fête mes amis!
Il y avait une foule immense. Des gens de tous âges. Beaucoup de touristes aussi d’ailleurs.
Il y avait des stands partout, des stands de jeux, des bars, des restaurants, certains étaient une vraie attraction, comme par exemple un bar où on servait des noix de coco. Un type avec une grande machette coupait les noix de coco, et les servait, soit nature, soit avec de l’alcool. La précision avec laquelle il coupait ces noix de coco était impressionnante. Il y avait aussi deux outrois concerts. Les gens étaient là, ils buvaient, chantaient dansaient… Le tout dans une ambiance bon enfant. Nous n’avons vu aucun, mais aucun policier, mais nous n’avons pas vu non plus de bagarres, de débordements, de personnes saoules entrain d’embêter les autres… Rien de tout cela, que des gens qui s’amusent. Et aucun policier en vue. Comment l’ordre se maintient-il avec une telle foule? Il faut croire que certains peuples sont arrivés à maturité et d’autres pas!
Si cela peut en consoler quelques-uns, en France pour le bal du 14 Juillet ou pour la fête de la musique, il y a plein de flics aussi, comme quoi…
Les enfants étaient émerveillés. Ils regardaient partout. Ils s’amusaient. Nous avons fait un tour dans la grande roue, mais comme je suis une peureuse et que je déteste les sensations fortes, j’ai refusé de faire les autres attractions. Ils iront une autre fois avec leurs pères.
En entend souvent de nos jours parler de l'opposition entre les femmes voilées, représentées dans l'imaginaire comme des femmes respectables, pudiques, honorables... et les femmes non voilées, soupçonnées par beaucoup de ne pas être des femmes respectables...
Cette opposition voile/string existe dans plusieurs conversations, blogs, forums, articles...
Je ne parlerais pas de la liberté individuelle de chacune à s'habiller comme elle l'entend.C'est un autre sujet.
L'autre jour, dans un salon d'esthétique et de coiffure mixte, il y avait une femme voilée qui portait un pantalon en lin blanc. Je suppose que même sans vous le dire, vous savez tous à quel point le lin blanc est transparent.
Sous son pantalon, cette femme portait un tanga blanc et on voyait toutes ses fesses.
Elle cachait peut-être ses cheveux, mais ses fesses étaient visibles par tous.
Cette femme est-elle pudique?
Ce matin, chez le médecin, une femme voilée. Elle portait une robe longue blanche complètement transparente. Elle portait en dessous un pull coll roulé, qui s'arrêtait juste au dessous de la taille. Mais ses fesses et ses jambes étaient visibles par tous.
Pareil, cette femme cachait ses cheveux mais montrait ses fesses.
Où est la logique?
je les regardais en me demandant: où est la logique dans tout cela?
C'est vrai, elles sont libres de s'habiller comme elles le veulent. Et en ce qui me concerne, elles peuvent même sortir nues. Mais quelle logique de cacher ses cheveux et montrer ses fesses?
Et qui est plus pudique, ces femmes voilées mais les fesses exposées à la vue de tous, ou une femme dont la tête et les cheveux sont "libres", mais dont les fesses sont cachées par leurs vêtements?
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