Vendredi soir, juste après Dee Dee Bridgwater, nous sommes allés au Zinc. Il y avait une soirée «memories».
La musique était géniale, peut-être parce que justement, elle date de l’époque de ma jeunesse. Fathi le DJ est très bien. C’est celui qui travaillait à Kobbet le Hawa il y a quelques années.
A mon habitude, j’observais les gens présents. Tout d’un coup, j’ai pensé à un truc.
Lorsque j’étais jeune, les garçons/hommes courraient les filles.
Nous les filles étions là, nous paradions, et les garçons se torturaient l’esprit pour trouver un moyen de nous aborder, et même avec un peu de chance, danser avec nous….
Nous les observions du coin de l’œil, en faisant mine de ne rien remarquer.
Et puis parfois, l’un d’eux prenait son courage à deux mains, et s’approchait enfin: «voulez-vous danser avec moi?».
La fille le regardait de haut, le jaugeait, et ensuite daignait enfin lui répondre.
De nos jours, c’est l’inverse complètement. Les hommes sont là, et les femmes draguent.
Les hommes n’ont aucun effort à fournir. Ils arrivent et les filles leur tombent dans les bras.
Avant, toutes les filles étaient accompagnées ou en groupes mixtes. Jamais de filles seules. Cela ne se faisait pas. Jamais une fille n’était seule ou avec des amies dans un bar ou une discothèque. Aujourd’hui, si.
Elles arrivent, et n’ont qu’un seul but: se trouver un homme.
Chacune a sa recette, son astuce ou sa spécialité. Il y a celle qui repère un homme et se met à le fixer, il y a celle qui vient avec sa cigarette, soit disant pour demander du feu, il y a celle qui se met juste devant un homme et commence à se trémousser dans tous les sens, il y a celle qui préfère la manière directe… Bref, il y a de tout.
Pourquoi ce renversement de situation?
Est-ce partout pareil ou est-ce une spécialité Tunisienne?
Oui, vous avez bien lu: un palestinien chez un juif. J’ai eu moi-aussi un mouvement de surprise hier soir lors des présentations.
Jacob a l’habitude d’organiser une fois par mois, un dîner œcuménique. Hier, nous y avons participé pour la première fois.
Il y avait donc, entre autres, Mgr Maroun Lahham, évêque de Tunis (palestinien), le Père Paul Geers un père blanc installé en Tunisie depuis 49 ans, un prêtre sicilien, un sociologue tunisien (désolée, forgot their names), Docteur Hechmi Dhaoui un psychanalyste, Mme Sonia Fellous chercheur au CNRS, section hébraïque, Emma, Raspoutine, mon mari et moi, et quelques autres personnes.
Bref, les trois religions monothéistes étaient représentées, et je dirais même bien représentées.
Jacob nous avait préparé un bon repas (mon Dieu les kilos depuis que je connais Jacob!!!).
Ce qui était génial, c’est que finalement, nous étions tous ensembles bien à notre aise. Une ambiance bon enfant. Respect total entre tous.
Chacun parlait de sa religion, de sa foi, de ses croyances…
Questions. Réponses. Mais surtout tolérance.
Mgr Maroun Lahham, a pour ma part assez bien résumé l’évolution de l’humanité, et ce vers quoi elle devait tendre.
A l’origine, il y avait le chaos. Les hommes étaient à l’état sauvage, et s’entretuaient.
Ensuite, est apparue la loi du Talion: "Œil pour œil, dent pour dent". Cette loi entendait lutter contre la violence individuelle en limitant celle-ci au niveau de la violence subie.
Après, il y a eu la «règle d’Or»: "Ne fais pas à autrui ce que tu n'aimerais pas que l'on te fasse."(qui entre parenthèse est mon credo).
Cette règle d'or est complétée par une formulation positive: "Fais à autrui ce que tu aimerais qu'on te fasse." (à mon avis, rares sont ceux qui le font. Il y en a quand même, Dieu Merci).
Et enfin, il faut aboutir à cette règle: «Aimez vos ennemis». Cela me semble un peu utopique, et c’est ce que j’avais justement répondu à Mgr Maroun. L’amour de l’ennemi me semblait presque contraire à la nature humaine.
Finalement, à y réfléchir, peut-être que j’avais tort. S’il est difficile d’aimer ses ennemis, on peu au moins essayer. L’amour serait dans ce cas, «une bonne volonté compréhensive, créatrice, rédemptrice, envers tous les hommes ». Martin Luther King. Ou plus simplement, l’amour serait une sorte de pardon.
Grâce à Mme Sonie Fellous, nos connaissances historiques concernant la religion judaïque et l’antiquité ont été bien enrichies. Personnellement, je connais enfin la différence entre les saducéens et les pharisiens.
Ce dîner a été très agréable et très enrichissant. J’espère que Jacob pensera à nous inviter à chaque fois.
Si tous les peuples pouvaient être si tolérants!!!!
Bien que regroupant un grand nombre de stars (Sharon Stone, Demi Moore, Martin Sheen, Anthony Hopkins, Helen Hunt...), je n'ai pas trouvé ce film génial. Il est agréable et assez plaisant à regarder.
Par contre, les 5 dernières minutes sont intéressantes et bouleversantes. En quelques secondes, la vie de plusieurs personne peut basculer, et sombrer dans l'horreur, à cause du geste d'une ou plusieurs personnes.
Ce que j'ai vraiment adoré dans ce film, ce sont les discours de Bobby Kennedy. En fait, essentiellement deux discours.
J'ai cherché sur Internet, j'en ai retrouvé un, je vous le livre ci-dessous. Extraordinaire discours, et tellement d'actualité!!!
Discours de Robert Kennedy sur la violence aux Etats-Unis
City Club of Cleveland, Cleveland, Ohio 5 avril 1968
Aujourd’hui est un temps de honte et de chagrin. Ce n’est pas un jour pour la politique. Je saisis cette opportunité, mon seul évènement aujourd’hui, afin de vous parler de la menace non-réfléchie de la violence en Amérique qui à nouveau entache notre pays et à nouveau chacune de nos vies.
Ce n’est pas une question de race. Les victimes de la violence sont noires et blanches, riches et pauvres, jeunes et vieilles, célèbres et inconnues. Elles sont, avant tout, des êtres humains que d’autres êtres humains aiment et dont ils ont besoin. Personne – peu importe où il vit ou ce qu’il fait – ne peut savoir avec assurance qui souffrira de ces carnages irréfléchis. Et pourtant cela ne cesse pas dans ce pays qui est le nôtre. Pourquoi? La violence, qu’a-t-elle accompli ? Qu’a-t-elle créé? Aucune cause de martyre n’a jamais été immobilisée par la balle d’un assassin. Aucun méfait n’a jamais été ajusté par une émeute et le désordre civil. Un tireur d’élite n’est qu’un lâche, pas un héros; et une foule non-contrôlée et incontrôlable n’est que la voix de la folie, pas la voix de la raison. A chaque fois que la vie d’un Américain est prise par un autre Américain sans nécessité – que cela soit accompli au nom de la loi ou en défiant la loi, par un homme ou un gang, de sang froid ou par passion, dans une violente attaque ou en réponse à la violence – à chaque fois que nous déchirons ce tissu qu’est la vie qu’un autre homme a difficilement, et du mieux qu’il peut, cousu pour lui et ses enfants, la nation toute entière est dégradée. «Entre hommes libres», a dit Abraham Lincoln, «il ne peut y avoir aucun appel heureux du vote à la balle; et ceux qui répondent à un tel appel sont sûrs de perdre leur cause et d’en payer le prix.» Mais apparemment nous tolérons un niveau ascendant de violence qui ignore notre humanité commune et nos prétentions d’une civilisation uniforme. Nous acceptons avec calme les reportages des journaux sur des massacres de civils dans des pays lointains. Nous glorifions les meurtres sur les écrans de cinéma et télévisés et appelons ça du divertissement. Nous facilitons l’acquisition d’armes et de munitions souhaitées par des hommes de toutes santés mentales. Trop souvent nous honorons les parades et les éclats et les exercices de force; trop souvent nous excusons ceux qui ont la volonté de construire leurs propres vies sur les rêves anéantis des autres. Certains Américains prêchent la non-violence à l’étranger, mais oublient de la pratiquer ici chez eux. Certains accusent les autres de déclencher des émeutes, mais les ont incités par leur propre conduite.
Certains cherchent des boucs-émissaires, d’autres cherchent des conspirateurs, mais ce qui est clair c’est que: la violence engendre la violence, la répression amène les représailles, et uniquement le nettoyage de toute notre société peut ôter cette maladie de notre âme. Parce qu’il y a un autre genre de violence, plus lente mais tout aussi destructrice qu’un tir ou une bombe dans la nuit. C’est la violence des institutions; indifférence et passivité et lent déclin. C’est la violence qui est affligée aux pauvres, qui empoisonne les relations entre les hommes parce que leur peau ont des couleurs différentes. C’est la lente destruction d’un enfant par la faim, des écoles sans livres et des maisons sans chaleur en hiver. C’est briser l’esprit d’un homme en lui niant la chance d’être un père et un homme parmi d’autres hommes. Et ceci aussi nous touche tous. Je ne suis pas là pour proposer un set de remèdes spécifiques et il n’y a pas de set précis. Pour un large et adéquat plan, nous savons ce qui doit être fait. Lorsque vous apprenez à un homme à haïr et à avoir peur de son frère, lorsque vous lui apprenez qu’il est un sous-homme à cause de sa couleur de peau ou de ses croyances ou de la politique qu’il poursuit, lorsque vous apprenez que ceux qui sont différents de vous menacent votre liberté ou votre travail ou votre famille, alors vous apprenez aussi à confronter les autres, pas comme d’autres citoyens mais comme des ennemis, auxquels il faut faire face non pas avec coopération mais avec conquête; à être assujettis et maîtrisés. Nous apprenons, finalement, à regarder nos frères comme des étrangers, des hommes avec lesquels nous partageons une ville, mais pas une communauté; des hommes liés à nous par une résidence commune, mais pas par un effort commun. Nous apprenons uniquement à partager une peur commune, un commun désir de se replier loin l’un de l’autre, uniquement dans une pulsion commune de faire face aux désaccords avec force. Pour tout ça, il n’y a pas de réponses finales. Mais nous savons ce que nous devons faire. Il faut parvenir à une vraie justice entre nos compagnons citoyens. La question n’est pas quels programmes nous devons chercher à appliquer. La question est pouvons-nous trouver en notre propre sein et notre propre cœur cet engagement au but humain qui reconnaîtra les terribles vérités de notre existence. Nous devons admettre la vanité de nos fausses distinctions entre hommes et apprendre à avancer nous-même dans la quête de l’avancement des autres. Nous devons admettre dans notre fort intérieur que le futur de nos propres enfants ne peut être bâti sur le malheur des autres. Nous devons reconnaître que cette courte vie ne peut être ni anoblie ni enrichie par la haine ou la vengeance. Nos vies sur cette terre sont trop courtes et le travail à accomplir trop grand pour laisser cet esprit encore se propager sur notre terre.
Bien sûr nous ne pouvons pas le vaincre avec un programme, ni avec une résolution. Mais nous pouvons peut-être nous souvenir, même si ce n’est que pour un instant, que ceux qui vivent avec nous sont nos frères, qu’ils partagent avec nous ces mêmes courts instants de vie; qu’ils cherchent, tout comme nous, rien d’autre que la chance de vivre leurs vies avec résolution et bonheur, en obtenant ce qu’ils peuvent de satisfaction et d’accomplissement. Assurément, ce lien de foi commune, ce lien d’un but commun, peut commencer à nous apprendre quelque chose. Assurément, nous pouvons apprendre, au moins, à regarder ceux qui nous entourent comme des compagnons humains, et assurément nous pouvons commencer à travailler un peu plus dur à panser les plaies parmi nous et à devenir dans nos propres cœurs des frères et des co-citoyens à nouveau.
Je voulais vous annoncer la création d'un nouveau blog tunisien, qui me parait très prometteur. Il n'est pas encore référencé sur Tunisie Blogs et Tuniblogs.
Il y a quelques jours, j'ai eu la chance de voir le dernier film de Mel Gibson: Apocalyto.
Je vous conseille de le voir. Ce film est très très bien fait. Les acteurs, bien que amateurs, sont excellents, les décors grandioses, le son, l'image... tout est parfait.
Je vous laisse lire l'article de Jacques Coulardeau, il en parle bien mieux que je ne le ferais moi-même
Bravo à Mel Gibson, qui nous avait déjà régalé avec "Braveheart" et "La passion du Christ"
Cela fait un certain temps que je veux en parler, mais je ne trouvais pas le temps. En fait, surtout depuis un post de Mouwaten, qui m’avait «choquée». D’ailleurs le même sujet a été repris par Mouwaten pour montrer le paradoxe qui existe entre la France et la Tunisie.
Dans une société, tout dépend de l’éducation donnée aux enfants.
Le problème de notre système éducatif, en particulier, et l’éducation des enfants en général ont d’ailleurs été souvent cités ici et là.
C’est un sujet trop vaste pour être abordé dans son ensemble dans un seul post. Ici, je ne parlerais que de l’école.
Mes enfants sont à la mission (école française). Par choix et par obligation.
Lorsqu’il était petit, mon fils était malade. Il a du passer 3 mois dans un centre spécialisé en France, et nous craignions qu’il soit dans l’obligation d’y retourner. Il avait donc fait un trimestre à l’école française. Et à son retour à Tunis, nous avions préféré le mettre dans une école française pour qu’en cas de besoin, si jamais il fallait de nouveau l’envoyer la-bas, il ne soit pas perdu.
Mais ensuite, nous étions tellement satisfaits du système de la mission, que nous avions fait le choix d’y inscrire petite poupée.
Je ne vais pas faire l’apologie du système éducatif français. Parce qu’apparemment, ce ne marche pas très très bien en France. Mais ici, si. Ce système est excellent.
En fait, j’ai envie de vous donner le contre exemple de Mouwaten.
En 2002, lors de la campagne présidentielle en France, les enfants avaient vécu les élections à l’école en direct. Ils avaient la campagne, les affiches, des débats… Exactement comme s’ils avaient été des adultes. Et ensuite, ils ont eu des urnes à l’école et ils ont voté pour élire le président de leur choix. Bien-sûr, c’était des élections «bidons», mais les enfants avaient participé à la vie politique de la France. Et cela a été une occasion pour leur expliquer la démocratie et ses règles.
L’année d’après, pour l’année scolaire 2002/2003, la classe de mon fils avait travaillé toute l’année sur un projet, qui pour moi, était utopique, et qui pourtant a vraiment vu le jour: écrire un livre sur les droits des enfants.
En fait, à l’origine, il était aussi prévu que les enfants aillent en visite au Parlement des Enfants à Paris. Mais ce projet avait été annulé.
Toute la classe avait participé à l’élaboration du livre.
Il est vrai que ce livre traite des droits des enfants, mais, pour connaître les droits des enfants, il faut commencer par déterminer ce que sont les droits, et donc aussi ce que sont les obligations, et comment exercer ses droits et ses obligations.
Ce livre a été l’occasion pour les enfants d’apprendre énormément. Ils ont appris ce qu’est un citoyen, ce que sont les droits et les obligations de chaque citoyen, la hiérarchie des lois (cours de droit à la fac chez nous), comment sont votées ces lois, ce qu’est un Parlement…
Ils ont appris à se respecter, ils ont appris le travail en équipe…
Par ailleurs, à chaque fois que je consulte les livres d’instruction civique de mon fils, je suis impressionnée.
La méthode d’enseignement est en elle-même différente. Personnellement, je la résume ainsi:
À l’école publique tunisienne (ministère), on apprend aux enfants à apprendre (juste pour passer les examens), à l’école française (mission), on leur apprend à réfléchir.
Je parle ici des élèves moyens, ordinaires et normaux, pas des génis, des surdoués ou au contraire, des cancres.
Et on peut constater cela aussi bien dans la façon d’enseigner, que dans les sujets de contrôle. Généralement, le cours est «interactif», et les sujets de contrôle sont des sujets de synthèse. Il n’y a pas de place pour les élèves qui veulent apprendre bêtement une leçon et la réciter sans la comprendre.
Et puis la discipline est stricte et les punitions intelligentes.
Par exemple, il y a deux ans je crois, mon fils avait jeté un papier par la fenêtre de la salle de classe. Un surveillant l’a vu.
D’abord, un rapport avait été écrit à l’intention des parents et de l’élève, avec le rappel de certaines règles, ensuite l’élève a été puni, mais d’une façon tellement intelligente, qu’il n’a plus osé refaire cela: mon fils a été retenu à l’école un mercredi après-midi, et il a du rédiger une dissertation sur la protection de l’environnement.
Un ami, dont les deux enfants sont à l’école publique tunisienne nous racontait la semaine dernière qu’il avait constaté dans les cours de géographie de ses enfants, un fait qui l’avait choqué (et nous aussi d’ailleurs). Il a dit que les chiffres qui étaient donnés étaient les chiffres avant 1987, et après 1987. Comme si avant 1987, la Tunisie était un beau ZERO, et après 1987, son évolution a été miraculeuse, sur tous les plans, agricole, industriel… Ridicule!
Ceci est mon avis personnel, basé sur des constatations personnelles, et non pas sur une étude quelconque. Le débat est donc ouvert. Donnez vos avis, cela ne fera qu’enrichir la discussion.
Je précise que mon mari a fait toutes ses études au ministère. Quant à moi, au primaire, j'étais dans une école privée tenue par des soeurs chrétiennes, ensuite, le secondaire au ministère. Mais c'était à une autre époque....
N.B.: Je ne parle pas ici, du Lycée Cailloux de la Marsa que certains nomment le Club Med, ou même le dépotoir. A tort ou à raison, je ne sais pas.
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