Hier soir, en voiture, je zappais entre les diverses radios lorsque j'ai entendu un intervenant justifier les attaques subies par les artistes le dimanche 25 mars 2012 sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis.
Il est vrai que ce n'est pas la première fois que j’entends un tel discours, mais là pour moi, c'était la fois de trop.
Je sais que les salafistes sont des tunisiens, je sais que ce sont nos frères et nos enfants, je sais qu'ils ont été opprimés et réprimés pendant de très longues années, je sais qu'ils ont été manipulés, je sais qu'ils ont subi les années de vide culturel... Je sais tout cela. Et d'ailleurs comment est-ce que je ne pourrais pas le savoir, on n'arrête pas de nous le répéter à longueur de journée?!
Mais en plus de ce qu'on nous répète tous les jours, le type justifiait leurs actes en disant qu'ils sont immatures, qu'ils ne comprennent pas ce qu'ils font, que pour eux les artistes sont des mécréants, que le théâtre est contre la religion, que ces gens n'ont pas eu accès à la culture, que leurs lectures se limitent à certains livres abrutissants..... et que donc il faut être indulgents et les laisser faire.
D'après ce type, le temps fera son travail et ces gens finiront par comprendre le respect des autres et le dialogue.
OK. Je veux bien.
Mais en l'écoutant, j'ai pensé aux enfants. Ce type parlait des salafistes comme si c'étaient des enfants irresponsables à qui il faut tout pardonner.
OK. je veux bien. Malgré leur âge, ce sont des enfants inconscients. OK. c'est réducteur, mais ok.
Ok, mais n'éduque-t-on pas les enfants?
Comment donc grandissent les enfants si on les laisse faire tout ce qu'ils ont envie de faire?
Comment finiront-ils par comprendre la vie en société? Comment comprendront-ils la cohabitation? Comment comprendront-ils les règles? Comment comprendront-ils le respect des autres?
Comment donc est-ce que les enfants grandissent?
Il faut bien les élever, non?
J'ai toujours entendu dire qu'avec les enfants, il faut le dialogue, mais aussi la FERMETÉ. Il faut expliquer, responsabiliser, fixer les règles... mais en aucun cas laisser un enfant livré à lui-même faire ce dont il a envie. Il faut lui fixer des limites. Expliquer les limites, mais les fixer.
Il faut éduquer les enfants.
Mais s'ils refusent de comprendre, il faut aussi punir en cas de besoin. C'est malheureux, mais c'est ainsi. Les enfants ont besoin de savoir qu'il y a des règles et une autorité et que si on contrevient aux règles, on peut être puni. Il y a va de la crédibilité des parents (gouvernement) qui s'ils sont trop laxistes risquent de ne plus jamais être obéis.
Or que fait-on maintenant avec nos enfants/salafistes?
Est-on entrain de les écouter?
Est-on entrain de leur parler?
Est-on entrain de leur expliquer les règles?
Est-on entrain de leur expliquer le vivre-ensemble?
Est-on entrain de dialoguer avec eux?
Est-on entrain de les responsabiliser?
Est-on entrain de leur imposer le respect des autres?
Je n'ai pas cette impression.
Au contraire, j'ai plutôt l'impression qu'on les laisse faire avec indulgence.
En écoutant ce type aujourd'hui, cela m'a rappelé les disputes d'enfants où on vient dire au plus vieux d'entre eux: العقل إكون منك، مهو خوك .
Béhi. OK.
Et puis, est-ce juste par rapport aux autres enfants?
Est-ce juste que ceux qui obéissent aux règles soient les victimes des enfants récalcitrants?
Est-ce juste qu'on dise العقل إكون منك، مهو خوك à ceux qui assument et respectent les règles?
Ces autres enfants obéissants vont peut-être accepter une première fois, une deuxième fois, une troisième fois... mais accepteront-ils toujours d'être ceux qui devront laisser faire?
Et jusqu'à quand cette indulgence envers ces enfants désobéissants?
Jusqu'à quand?
Jusqu'à quand va-t-on laisser faire et justifier?
Même avec ses propres enfants, il arrive à un moment où on dit: ça suffit. Ça suffit. Maintenant, tu restes tranquille et tu obéis aux règles.
Quand donc allons-nous enfin dire à nos enfants/salafistes: ca suffit maintenant, tu restes tranquille et tu obéis aux règles?
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