L'autre soir, j'avais envie d'un diner à l'indienne. J'ai donc préparé une soupe à l'indienne et du poulet inspiré d'une recette de poulet tandoori.
Je m'étais surtout rappelée que lorsque j'étais jeune mariée (je sais, c'était au siècle dernier!!!), j'adorais une salade au curry, que j'avais complètement oubliée entre temps.
Ingrédients:
- 1/4 de chou blanc
- 2 grosses pommes
- 1 grosse poignée de raisins secs jaunes
- 3 jockeys nature sucrés (fromage blanc)
- 3 à 4 c à c de curry en poudre
Mettre les raisins secs à tremper dans un verre d'eau. Émincer le choux blanc très très fin. Couper les pommes en tranches fines.
Mélanger le fromage blanc avec le curry en poudre.
Mélanger le tout: chou blanc, pommes, raisons secs égouttés et fromage blanc au curry.
Lundi soir, à l'appel de l'association Esprit Citoyen, je me suis rendue à l’hôtel Golden Tulip pour assister à la réunion pour la création d'un Parti Unique regroupant toutes les forces progressistes
Étaient invités les partis Afek Tounes, le PDP et Ettajdid.
Il y avait un monde fou. La salle était vraiment archi-comble. D'ailleurs, énormément de gens ont préféré partir parce qu'ils n’arrivaient à rien voir ou entendre. Le fait qu'il y ait autant de monde montre à mon avis que cette réunion répond à une réelle attente de la société civile qui réclame une union des forces progressistes.
Lorsque j'ai enfin pu trouver une petite place, la réunion avait déjà commencé et le président de l'association présentait les invités. A l'annonce du nom de Mme Maya Jeribi, il y a eu une ovation du public. A faire pâlir de jalousie les autres politiciens. Je suppose que cela est du aux diverses interventions de Mme Maya Jeribi de ces derniers jours.
Sur l'estrade, il y avait Mohamed Louzir et Yassine Brahim (Afek Tounes), Ahmed Brahim (Ettajdid), Maya Jeribi et Ahmed Nejib Chebbi (PDP) et Mansour Moalla (en quelle qualité?).
Dans la salle, j'ai pu voir Jaouhar Mbarek (Doustourouna), Salah Zeghidi (Collectif des Indépendants du PDM), Bochra Bel Haj Hamida (Ex-Ettakattol), Sadok Belaid, Fadhel Moussa (PDM), Emna Mnif (Kolna tounes), Yied Dahmani et Issam Chebbi (PDP).
Le président de l'association a commencé par dire que de nombreux tunisiens pensent que s'ils veulent avancer, cela ne peut se faire qu'au sein d'un seul parti progressiste. Il a assuré que la société civile est prête à faire le tour de la république, à se mobiliser, à aider... pour voir les gens, les chômeurs, les défavorisés... ce qui est certes difficile, mais la volonté y est.Il a conclu par: "Que celui des chefs de partis qui veut nous suivre, nous suive". Les citoyens ne peuvent plus attendre. Il faut décider tout de suite. Il y a déjà du retard pour les prochaines élections qui normalement devraient avoir lieu d'ici un an à un an et demi. D'après lui, la société civile est optimiste, bien que fâchée contre les partis.
Les divers représentants des trois partis ont pris la parole tour à tour.
Ahmed Brahim a dit que cette association prêchait un convaincu. Il a rappelé que cette union était souhaitée par Ettajdid depuis des mois déjà et que cela avait donné lieu au PDM. Ettajdid est conscient de la nécessité d'une telle union et de la constitution d'un front progressiste. C'est d'ailleurs le sujet principal de son prochain congres.
Tous les autres ont dit être d'accord pour cette union, mais le problème est de trouver une forme d'union. Comment s'unir?
Pour Mme Maya Jeribi, depuis deux mois les idées d'union sont nombreuses, et il est temps de les concrétiser. D'après elle, les élections du 23 octobre ont posé des questionnements et même une une peur qu'on peut résumer en: où va la Tunisie et son mode de vie?
La Tunisie a fait une révolution pour instaurer une démocratie, or depuis les élections, on remarque que les libertés sont touchées. La démocratie n'est pas facile.
Toujours d'après Mme Maya Jeribi, il ne faut pas être contre nahdha, ni s'unir contre nahdha. Il faut au contraire une volonté de construire une Tunisie dont nous rêvons tous. Une Tunisie qui a des acquis, des acquis réalisés par nos parents et grands-parents et pour lesquels ils se sont sacrifiés. Il faut travailler pour cette Tunisie et offrir une alternative.
Tous étaient d'accord pour dire que cette demande est aujourd'hui exigée par une grande partie du peuple, pas seulement par l'élite. Les partis se ressemblent et même s'il existe des nuances ou des différences, ils devraient pouvoir trouver un terrain d'entente pour travailler et s'unir.
Sous quelle forme?
Créer un parti unique? Créer un front? Créer une alliance?
Le problème est qu'au sein de chaque parti il y a une dynamique propre. En plus, il y a une interaction entre les bases et les cadres. Il faut essayer donc de respecter toutes ces spécificités et trouver une formule qui aurait l'accord de tous pour pouvoir bâtir sur des bases solides.
Il y a actuellement des initiatives dans plusieurs régions. Les bases et les cadres sont entrain de se réunir pour discuter cette union qui devrait d'ailleurs comprendre les partis, la société civile et les syndicats.
Cette union pourrait se faire en 2/3 temps.
Bref l'essentiel est que la volonté est là.
Pour M.Mohamed Louzir, les partis ont aujourd'hui une responsabilité envers la société civile. Les élections du 23 octobre 2011 ont montré que seuls 50% des électeurs potentiels ont voté, cela montre que le paysage politique n'était peut-être pas clair. Par ailleurs, 1300000 voix ont été à la poubelle à cause de l’effritement des voix. Pour lui, il faut bouger, aller dans les régions, toucher toutes les classes sociales... Il faut donc un grand parti pour pouvoir travailler efficacement. D'ailleurs, toujours d'après lui, les indépendants devraient intégrer les partis tout de suite, sans attendre l'union, et commencer ainsi à travailler efficacement. Il pense aussi que les associations ont un grand rôle à jouer. Il pense par ailleurs que droite ou gauche n'a plus de sens, un grand parti du centre peut œuvrer pour le bien de la Tunisie, c'est cela le plus important.
Après cette intervention, la foule s'est mise à scander: حزب واحد تو تو D'ailleurs, cela a été répété à plusieurs reprises pendant toute la réunion. Et avec force.
M.Mansour Moalla a pris la parole pour dire qu'il était d'accord. Il avait d'ailleurs appelé à cette union bien avant les élections, mais on lui avait dit d'attendre après. Il a très justement parlé des égos, des intérêts personnels, des ambitions personnelles... qui avaient empêchés cette union.Il a proposé d'offrir aujourd'hui une alternative avec un équilibre des forces qui pourrait assurer une alternance au pouvoir pour le bien de la Tunisie et de tous les Tunisiens.
D'après Ahmed Najib Chebbi, après une cinquantaine d'années de dictature, il est temps de reprendre le cours de l'histoire de la Tunisie et de la remettre sur le chemin tracé par tout un mouvement réformiste amorcé par des tunisiens tels un Tahar Haddad ou un Fadhel Ben Achour. D'après lui, il y a un besoin d'un grand parti, et Afek, Ettajdid et PDP ont tellement de points communs qu'ils peuvent s'unir et se montrer aux tunisiens comme les nouveaux réformateurs et non pas comme des étrangers ou comme des ennemis de l'islam.
Pour lui, l'alliance est nécessaire. Mais il faut construire quelque chose de solide donc avancer surement et non dans la précipitation.
D'après Yassine Brahim, l'exigence du "tout de suite" (tawa tawa) est significative. Pour lui, la multitude des partis a été responsable de l'effritement des voix, mais pas seulement. Les indépendants et les associations y ont aussi contribué. Il a d'ailleurs fait un reproche aux associations qui se disent apolitiques. Les associations tunisiennes ne peuvent s'offrir le luxe d'être apolitiques dans les circonstances actuelles alors que nous n'avons même pas d'éducation politique. D'après lui, les associations doivent aider les partis. Elles doivent les soutenir, non seulement avec des sit-in, mais aussi et surtout avec des discussions, des débats et des propositions.
Yassine Brahim nous a appris que Afek a commencé ce travail d'union depuis de longues semaines, des discussions ont été entamées avec plusieurs partis, y compris avec Ettakattol (le public a fortement hué) qui fait partie de la famille des démocrates. Afek va continuer dans ce sens. Il a souligné par ailleurs que les partis ne sont pas seulement les dirigeants qui se rencontrent dans les hôtels, mais aussi les bases qu'il faut consulter et avec lesquelles il faut discuter. Ces bases doivent être convaincues car sans elles, aucune union n'est possible et ne peut durer dans le temps.
Pour M.Sadok Belaid, le pays vit des jours très difficiles. La société civile doit faire face à de grands défis:
1/ la constitution
2/ la surveillance du gouvernement
3/ les élections municipales
4/ les prochaines élections législatives,
et tout cela en un an environ. Le temps donc pose problème. Il y a urgence et pas de temps pour des palabres.
D'après lui, il faut que chacun ait un grand esprit de sacrifice et il faut que les chefs de partis annoncent immédiatement cette union.
Applaudissements de la salle et ensuite l’hymne national chanté par tous.
M.Ben Romdhane (PDM) a pris la parole. Il a annoncé qu'il faisait partie d'une commission qui travaille sur cette union et que les travaux ont vraiment avancé. Cette commission a établi des scénarios possibles de cette alliance, réfléchit sur le comment et quel processus, les problèmes à soulever et à résoudre pour y parvenir. D'après lui, les divers protagonistes sont arrivés à un terrain d’entendre. Il y a une vraie volonté de créer un parti unique, mais pour cela, il faut non seulement une volonté, mais aussi que tous les membres des partis acceptent, et cela ne peut se décider que lors des prochains congrès de ces partis.
Mohamed Louzir a confirmé. Il a dit que les partis travaillent du matin au soir sur ce projet. Il faut convaincre les bases et il espère que dans les prochains jours une bonne nouvelle sera annoncée.
Maya Jeribi a conclu en disant que le message des présents est arrivé à bon port et qu'elle le fera parvenir dans les régions. Par ailleurs, elle a insisté sur le fait que nous avions tous besoin les uns des autres et qu'il va falloir mettre la main dans la main et consentir aux sacrifices nécessaires en mettant les égos de coté.
Je passerais rapidement sur les interventions de Jaouhar Mbarek et Emna Mnif qui ont appelé tous deux à une union des forces. J'espère qu'ils le pensent vraiment. Le premier était partit il y a quelques mois dans cette optique d'union, mais a fini quand même par présenter des listes indépendantes. Quant à la deuxième, elle vient de créer un énième mouvement citoyen.
M.Mohamed Issaoui, président de l'association Esprit Citoyen a conclu en nous apprenant que lorsque cette association avait pris contact avec les partis, ces derniers avaient préférés repousser la date dans l'espoir d'annoncer une bonne nouvelle. Il espère que cela se fera bientôt.
Que penser de cette initiative?
En me promenant ça et là sur facebook, j'ai remarqué que très très nombreux sont ceux qui ont reproché AUX PARTIS d'avoir organisé une telle réunion dans un hôtel 5 étoiles. J'aimerais leur rappeler que cette réunion a été organisée par une association qui a INVITE les partis. Ces derniers ont juste accepté l'invitation. Devaient-ils la refuser sous prétexte qu'ils ne veulent plus aller dans les grands hôtels?
Pourquoi est-ce que l'association a choisi cette salle en particulier? Je n'en ai aucune idée. Elle avait peut-être ses propres critères ou contraintes. Mais est-ce si important?
J'ai vu je crois deux commentaires sur le fait que la réunion a eu lieu en français. Ceci est complètement FAUX. Toutes les interventions ont eu lieu en arabe. Les vidéos le confirment d'ailleurs.
J'ai vu énormément de critiques aussi bien sur la forme que sur le fond. Le plus drôle est que la plupart de ces critiques proviennent de personnes qui n'ont même pas pris la peine de se déplacer et écouter. C'est bien dommage. Mais bon, c'est une spécialité bien de chez nous de critiquer toute initiative.
"La critique est aisée, et l'Art est difficile."
Sinon, quelles étaient les impressions des présents?
Cela dépend. Certains étaient pessimistes, d'autres étaient optimistes. Certains ont perçu le discours des politiciens comme de la langue de bois, d'autres y ont cru, mais en voulant juste qu'ils se dépêchent un peu.
Quant à moi, j'ai eu l'impression de revivre une certaine réunion du mois de mai dernier. C'était dans un autre hôtel, mais en présence des mêmes partis. La demande était la même, mais la réponse avait été négative. Une perte de temps énorme. Cette fois-ci, ces politiciens sauront-ils mettre de cotés leurs calculs partisans, leurs égos surdimensionnés, leurs ambitions personnelles pour avancer vraiment ensemble? Ont-ils vraiment retenu la leçon du 23 octobre? Sauront-ils changer de discours? Sauront-ils parler aux tunisiens?
C'est d'ailleurs ce qu'avait souligné M.Fadhel Moussa (membre de l'Assemblée Constituante) en rappelant qu'au mois de mai dernier, seul Ahmed Brahim parmi les présents, avait accepté l'union qui avait donné lieu au PDM. D'après lui, aujourd'hui, il faut corriger les erreurs de cette expérience passée et essayer de travailler dans toute la Tunisie. Par ailleurs, il a ajouté que la gauche devrait aujourd'hui travailler de façon à ce qu'elle soit perçue comme défendant la justice sociale, non pas la modernité qui n'a pas été comprise par le tunisien pour lequel elle est restée un concept vide de sens.
UPDATE (le 28/12/2011): je précise, je répète, je crie haut et fort, parce que à travers les divers commentaires que j'ai vu ici et là, que ce n'est pas un meeting organisé par ces partis. CES PARTIS N'ONT PAS ORGANISE cette réunion. Ils N'ONT PAS CHOISI LE LIEU. Ils ont JUSTE RÉPONDU à une INVITATION qui leur a été été faite par une ASSOCIATION. Pourquoi est-ce que tous se focalisent sur ce détail? Vous préférez que dorénavant les associations ne prennent aucune initiative? Personnellement à la place de cette association, je n'aurais plus envie de faire quoi que cela soit tellement les gens, au lieu d'aider, détruisent et critiquent pour des détails. Cette association a cru bien faire, et voila sa récompense. Qui vous dit qu'elle n'a pas eu cette salle gratuitement et qu'elle ne pouvait pas faire autrement? Pourquoi accordons-nous plus d'importance à la forme plutôt d'au fond? Je me demande si cette réunion avait eu lieu dans une petite salle, elle aurait eu autant d'échos puisque tous ne parlent que du choix de la salle!!!!!
J'avais une noix de veau, mais je n'avais pas envie de la faire cuire comme d'habitude. Marre de la noix de veau rôtie. Je me suis rappelée que j'avais lu une fois une recette de noix de veau à l'orange. Une petite recherche sur Internet et j'avais ma recette. Je l'ai quand même modifiée.
Ingrédients:
- une noix de 1 kg environ
- 3 oranges juteuses
- 1 gros oignon
- 2 bâtons de cannelle
- 5 clous de girofle.
- de l'huile d'olive
- 1 c à c de maïzena
- sel et poivre
Mettre la noix entière dans un faitout en téfal, la faire dorer sur toutes ses faces sans aucune matière grasse.
Pendant ce temps,
- émincer les oignons.
- prélever les zestes des oranges
- presser les oranges pour en recueillir le jus
Lorsque la noix aura eu une couleur un peu dorée, ajouter les oignons, un peu d'huile d'olive, les clous de girofle, les bâtons de cannelle, du sel et du poivre.
Laisser cuire un peu.
Ajouter ensuite le jus et les zestes d'orange et un peu d'eau. Couvrir et laisser cuire.
Couper la noix en tranches. La dresser dans un plat en alternant les tranches de viande avec des tranches d'orange.
Diluer une c à c de maïzena et l'ajouter à la sauce, toujours sur le feu, tout en remuant pour l'épaissir.
Comme mes oranges étaient un peu acides, j'ai ajouté un peu de sucre pour justement diminuer ce gout acide.
Lundi dernier, notre standardiste n'est pas venue travailler. Mardi, nous lui en avons demandé la raison.
Elle habite un quartier qui s'appelle Nkhilette (comme les petits palmiers). Elle m'a expliqué qu'il y avait une rue principale dans laquelle se trouve un arrêt de bus où se rendent la plupart des habitants le matin pour aller sur leurs lieux de travail.
Lundi matin, vers 07h00, alors qu'un grand groupe de personnes, essentiellement des femmes, se rendait à cet arrêt de bus, un autre groupe d'hommes, moyenne d'age 30/35 ans, armés de bâtons, leur a barré la route. Ces hommes ont exigé que toutes les femmes retournent chez elles se voiler avant d'aller travailler.
Certains hommes qui accompagnaient les femmes ont essayé de s'interposer et de défendre celles-ci. Ils auraient répondu aux agresseurs que les femmes étaient libre de s'habiller comme elles le veulent.
Une bagarre a eu lieu entre les hommes des deux camps, les agresseurs accusant les autres d'être des "tahhana" puisqu'ils acceptaient que leurs femmes sortent non-voilées dans la rue, indécentes à la vue de tous.
L'arrivée de la police a mis fin à la bagarre. Mais avant de partir, les agresseurs ont dit aux femmes que ce n'était qu'un premier avertissement et qu'ils allaient revenir bientôt pour les "corriger" si elles n’obéissaient pas.
D'après notre standardiste, certaines femmes et hommes sont allés porter plainte. On verra s'il y aura une suite.
Notre standardiste eu eu tellement peur ce jour-là qu'elle est rentrée chez elle se cacher et n'est ressortie que le lendemain.
Lorsque j'avais publié ma note Pouponnières en détresse, je ne pensais pas que j'aurais autant de demandes pour aider. J'étais désemparée parce que malheureusement, je ne connaissais même pas le nom du monsieur et je ne savais pas comment le joindre. J'ai vraiment enragé contre moi-même parce que j'aurais du lui demander ses coordonnées.
J'essayais de me creuser la cervelle pour trouver une solution, et je me suis rappelée l'avoir vu discuter avec un autre homme dont j'avais par hasard la carte visite. Donc coup de fil et deux jours plus tard j'avais les coordonnées de ce monsieur. Ce qui m'a permit d'avoir les coordonnées de l'association.
J'ai discuté encore une fois avec ce monsieur qui m'a confirmé tout ce qu'il m'avait déjà raconté, en précisant que tous les projets de développement de cette pouponnière ont du être annulés faute de moyens financiers, suite à ces déclarations inconscientes de RG et SA.
J'ai envoyé un lien vers mon article à cet homme, et j'ai eu en réponse un mail de la directrice que j'ai fini par avoir au téléphone samedi dernier.
L'association s'appelle Horizons de l'Enfant au Sahel.
Il s'agit d'une pouponnière associative qui accueille environ une cinquantaine de bébés abandonnés par an, avec un maximum de douze bébés à la fois puisque cette association ne dispose que de douze lits.
La directrice m'a raconté qu'en principe ces bébés proviennent de l’hôpital. Soit des gens les trouvent abandonnés dans les rues et les ramassent, mais ils sont quand même emmenés à l’hôpital avant d’être donnés à l'association, soit ces bébés naissent à l’hôpital, mais les mamans ne peuvent les garder.
Ces cas sont les plus fréquents en ce qui concerne cette association dont l'objet premier est justement d’aider les mères pour qu'elles puissent récupérer leurs bébés au bout de quelques mois.
Cette aide aux mères et aux familles biologiques est soit matérielle, soit morale. L'aide matérielle consiste essentiellement en la formation et l'orientation pour permettre à cette mère de voler par ses propres ailes et pourvoir aux besoins de son enfant.
Par ailleurs, il y a aussi un travail de médiation avec le père et la famille paternelle pour essayer d'aider à la ré-insertion du bébé dans sa famille biologique.
J'ai interrogé la directrice à propos des conséquences des paroles de Rached Ghannouchi et de Souad Abderrahim et elle a confirmé ce qui m'avait été dit. Elle a insisté sur la peur des employés de la pouponnière et des mères. Elle m'a parlé de l'ambiance qui règne actuellement autour de la pouponnière. Les gens les agressent et les accusent d'encourager le fsed (dépravation).
Les employés ne sont plus à l'aise dans leur travail. Ils craignent les agressions, ils ne supportent plus le regard méprisant et parfois menaçant des gens, ni leur nouveau discours désapprobateur.
Les mères sont très inquiètes. Certaines passent leur temps à pleurer et à recommander à l'association de bien prendre soin de leurs bébés si jamais elles étaient tuées.
Toute cette ambiance a eu des conséquences néfastes sur les donateurs.
Si vous voulez aider, vous pouvez appeler ces numéros:
- tél/fax 73 817 938
- GSM 93 110 701, ce numéro est disponible 24h/24h, 7/7 jours pour toute urgence.
Hier, je suis allée à l'UTICA pour participer à un atelier avec d'autres blogueurs et avec des personnes travaillant dans des associations.
Au déjeuner, un homme que je ne connais pas et qui partageait notre table s'est mêlé à la conversation. J'étais avec un membre du Front des Associations Tunisiennes. Nous parlions des associations, de leurs actions...
Cet homme nous a appris qu'il était impliqué dans la vie associative à travers deux associations. L'une d'elle s'occupe d'une pouponnière qui essaye d'aider les mères célibataires et les bébés abandonnés.
Cette association s'occupe donc de bébés de 0 à 2 ans, et essaye autant que possible de les réintégrer dans leurs familles biologiques en aidant la mère.
Je lui avais demandé ce qu'il pensait des déclarations de Rached Ghannouchi en ce qui concerne l'adoption, et qu'elle ne fut ma surprise d'apprendre que ce discours avait déjà eu des répercussions graves sur la vie de ces petits enfants.
Cet homme nous a appris que depuis les déclarations de Rached Ghannouchi qui a parlé de ces enfants comme de "la9it" et des déclarations de Souad Abderrahim en ce qui concerne les mères célibataires, les employés de la pouponnière vivent dans une peur permanente et particulièrement la nuit. Ces employés ont peur d'agressions.
En plus, les aides ont presque disparues. Les bénévoles ne viennent presque plus et les aides matérielles se sont arrêtées.
Les bénévoles ont peur du qu'en dira-t-on et ne veulent plus aider des "la9its" et des femmes célibataires.
Pour ce qui est des dons, il parait que beaucoup de gens en donnaient en pensant faire leur devoir de zaket, et suite aux déclarations de Ghannouchi, ces gens ont compris que c'était hram et ne donnaient donc plus. De même pour les bénévoles qui pensent maintenant qu'ils sont entrain d'aider au hram.
Par ailleurs, il y a des gens qui s'intéressent aux petits orphelins dans l'espoir d'en adopter un. Lorsque cet espoir n'existe plus, ces gens ne viennent plus.
Les mères elles-mêmes ont peur. Il parait qu'elles passent leur temps à pleurer et à craindre d'être emprisonnées.
Cet homme nous disait que toute personnalité politique devrait réfléchir aux conséquences de ses paroles avant de dire quoi que cela soit.
C'est vrai.
Rached ghannouchi et Souad Abderrahim auraient du réfléchir profondément avant de lancer de telles paroles.
Mais je suis quand même choquée. A ce point le tunisien est influençable? A ce point des déclarations pareilles peuvent modifier leurs comportements en un temps aussi court?
Mon ami a confirmé tout ce qui a été dit. En effet, il m'a raconté que la semaine dernière, il y avait eu sur facebook l'appel au secours d'une autre association qui s'occupe de petits orphelins et que son association l'avait contactée pour les aider. Et cette association leur avait dit la même chose que ce monsieur. Cette association n'avait même plus de quoi acheter des couches et du lait pour les bébés parce que les bénévoles et les dons ne venaient plus. Et il a fallut les dépanner. Mais que va-t-il se passer à l'avenir?
Pourquoi?
Pourquoi tout cela?
Pour répondre à des soi-disant critères de bonne conduite et de bonne morale?
Les mères célibataires et les bébés abandonnés existent partout, dans les pays du monde entier. Les stigmatiser ou les rejeter ne résoudra aucun problème.
Par ailleurs, même si on pouvait faire des reproches aux mères, que peut-on donc reprocher à ces petits bébés? De quoi sont-ils responsables? Pourquoi devraient-ils subir les conséquences des actes d'autrui?
Si on veut combattre un tel phénomène, ce n'est surement pas par le rejet ou la stigmatisation.
Je viens de lire ce commentaire sous cet article et j'ai trouvé que ce qu'il dit est tout à fait vrai. Si vous n'avez pas encore lu "la ferme des animaux" de Georges Orwell, faites-le. Vraiment faites-le. Et ensuite, enchainez avec 1984 du même auteur.
Je fais un coper/coller de commentaire:
"La Ferme des Animaux" / Georges Orwell
Ahmed |09-12-2011 17:03
Je conseille vivement de lire la fable de Georges Orwell : « La ferme des Animaux ». La ferme des animaux a pour cadre une exploitation agricole. Parmi ces animaux, le groupe des cochons. L'un des cochons, est l'idéologue de service. Il excite le ressentiment, dans le présent, et promet une vie meilleure dans le futur : « Quelle est donc la nature de notre existence ? Nous avons une vie de labeur, une vie de misère. Tous les maux de notre vie sont dus à l'homme, notre tyran. Débarrassons-nous de l'homme. C'est presque du jour au lendemain que nous pourrions devenir libres et riches. » La révolution a lieu. Le fermier est renversé. Un triumvirat, composé de trois cochons s'empare des rennes du pouvoir. Les trois cochons proclament l'animalisme idéologie officielle. Ils édictent sept commandements, parmi lesquels on trouve : Aucun animal ne dormira dans un lit, aucun animal ne boira de l'alcool, tous les animaux sont égaux. Rapidement, ils détournent la démocratie à leur profit : « Là se tenait l'assemblée générale' On y adoptait différentes résolutions. Celles-ci, les cochons les proposaient et les imposaient toujours. » L'absence d'intervention du peuple animalier dans les débats conduit à la dictature. Progressivement, l'un des cochons évince ses deux rivaux et instaure un régime de terreur grâce à sa meute de chiens féroces. La suite du récit reprend, certains thèmes importants. Notamment : l'abrutissement des masses, la dilution de la mémoire collective et la réécriture permanente de l'histoire. C'est l'un des cochons qui est chargé de cette tâche. Au fur et à mesure de la transgression des principes de l'animalisme, par les cochons dirigeants, celui-ci réécrit les sept commandements. Ainsi, sous sa plume, deviennent-ils : Aucun animal ne dormira dans un lit avec des draps. Aucun animal ne boira de l'alcool à l'excès. Et le plus savoureux : Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres. La terreur porcine est assise et les pauvres animaux se retrouvent dans une situation pire que sous le fermier."
Jeudi 1 décembre, j'ai passé une très grande partie de ma journée au Bardo en solidarité avec le rassemblement des universitaires.
Lorsque je suis arrivée, il y avait énormément de monde. A mon habitude, je m'étais promenée parmi les manifestants. J'avais ainsi pu remarquer quelques visages connus, dont ceux de certains élus. La grosse majorité des revendications de ces gens concernaient la fac.
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
J'avais aussi vu les tentes dressées par les sit-inners: des membres de Doustourouna, des citoyens venus du bassin minier, des membres du Mouvements du 24 Octobre, et d'autres.
Ces associations/mouvements réclament en fait ce pour quoi la révolution a été faite: liberté, dignité, démocratie, travail...
La crainte est de voir la dictature revenir à petits pas. Et les évènements de ces derniers jours ne sont pas vraiment de bonne augure. Il faut vraiment veiller à la nécessité de la séparation des pouvoirs, au refus du cumul des pouvoirs entre les mains du chef de Gouvernement ou celles d’un parti et la retransmission des délibérations de l'assemblée en direct sur une chaine de TV, et toujours insister pour inscrire le code du statut personnel dans la constitution.
Par la suite, toujours à mon habitude, j'étais allée me mêler à la foule, parler avec les uns et les autres, écouter les débats...
Des gens à tendance islamique étaient présents. Ils étaient eux aussi mêlés à la foule.
Le sujet principal de discussions était bien-sûr le niquab. Comme quoi Samir Dilou qui avait dit qu'il fallait ouvrir un débat national à ce sujet avait été écouté! Certains sont pour, d'autres contre.... Liberté individuelle. Liberté académique. Obligation religieuse. Mode wahhabite. Mais la plupart des discussions étaient pacifiques (à ce que j'ai vu).
Ce qui m'avait frappée, c'est le récit de certains médecins. Ils ont raconté les problèmes rencontrés dans les hôpitaux à cause de cette histoire de mixité et de niquab... Certains malades refusent d'être soignés par des gens du sexe opposé, ce qui donne lieux à des situations inextricables. Et le pire est que parfois cela dégénère, certains patients ne comprenant pas que parfois il est impossible de trouver une femme pour soigner leur femme ou un homme pour s'occuper d'eux. Il parait que parfois le ton monte et des esclandres sont de plus en plus fréquents. Comment résoudre ces problèmes? Va-t-il falloir, pour en satisfaire quelques uns, créer des hôpitaux pour femmes et des hôpitaux pour hommes? En avons-nous les moyens? Idem pour les écoles, les lycées, les transports publics....
Alors que je partais, je m'étais retrouvée dans un groupe de discussion, je ne me rappelle même plus comment. J'étais seule face à des nahdhaouis (ce sont eux qui me l'ont dit, ce n'est pas écrit sur leur visage). Et puis d'autres personnes "modernistes" étaient arrivées. Cela se passait très bien. Je pense que nous avons du passer au moins une heure à parler.
C'était très bien. Bien que chacun défendait bec et ongles ses idées, cela se passait dans le respect. Pas de violence, pas de grossièretés, pas d'injures... Nous étions des gens bien élevés qui discutaient ensemble.
Mais. Mais il y a toujours un mais. A leurs théories théoriques, nous opposions des arguments pratiques, et surtout logiques. Nous ne discutions pas religion, mais comment vivre ensemble en société. Et certaines de leurs demandes sont plutôt très très difficiles à mettre en œuvre en Tunisie, surtout par manque de moyens financiers, comme justement cette demande d’hôpitaux réservés aux hommes et hôpitaux réservés aux femmes (vous imaginez les frais s'il fallait tout faire en double!!!). Nous avions discuté de libertés, de liberté d'expression, de refus de la violence... Et ils étaient d'accord, bien que parfois en leur donnant des exemples concrets, ils "coinçaient" un peu... Mais bon, cela se passait relativement bien.
Et tout d'un coup, l'un d'entre eux nous regarde et affirme que de toute façon, ce sont eux, les vrais musulmans, qui commanderont et que nous, musulmans de seconde catégorie, n'aurons qu'à obéir aux ordres. Je lui avais fait répéter et il avait affirmé que oui, nous n'aurons qu'à exécuter les ordres et que toutes ces discussions étaient inutiles. Avec les mains, il a mimé un avion et nous a dit en nous narguant: "Vrommmm, l'avion et allez-vous en. La Tunisie est à nous!" Et il a continué à faire ses gestes.
Je l'avoue, et méa culpa, j'avais perdu le contrôle. J'avais hurlé. Je me demande s'il y avait une personne au Bardo qui ne m’avait pas entendue hurler de toutes mes forces. J'avais hurlé que nous étions 12 millions de Tunisiens, et qu'il n'est pas question qu'un citoyen quelconque ait le moindre milligramme de droits de plus qu'un autre citoyen. Je l'avais hurlé et re-hurlé. Et tous doivent comprendre: plus aucun citoyen tunisien ne doit avoir un droit de plus qu'un autre citoyen tunisien.
Et je suis partie. J'avais quitté. Et le plus drôle est que je ne m'en étais même pas aperçue. Cela n'avait pas été une décision. Je m'étais juste retrouvée entrain de hurler et de quitter ce groupe.
Je me suis moi-même posée des questions. Pourquoi ai-je réagis de cette manière?
J'avais perdu patience.
Mais je pense aussi que c'est parce que cela m'avait rappelé une discussion qui avait eu lieu il y a quelques mois, plus précisément en mai 2011. Je participais à une table ronde dont l'invité d'honneur était Lotfi Zitoun de la nahdha. Cette rencontre m'était restée en mémoire.
M.Lotfi Zitoun nous avait parlé pendant environ 3 heures. Il avait été génial. Très poli, très posé. Très sincère aussi je pense sur certains sujets. Et même de bon conseil parfois.
J'avais beaucoup apprécié cette discussion avec cet homme. Et contrairement à deux ou trois autres personnes de la nahdha que j'avais rencontré ça et là, celui-là m'avait presque convaincue. Il était très logique, très perspicace. Et franchement, il m'avait fait entrevoir des aspects de la nahdha et des ses sympathisants que je ne connaissais pas.
Mais (encore un mais) il y avait quand même eu un "clash" lors de cette discussion. M.Zitoun après nous avoir expliqué en long et en large que la Tunisie restera "civile" et que tous les acquis, et en particulier ceux de la femme seront préservés... (je sais, ils disent tous cela, mais lui l'avait dit d'une façon bien plus convaincante) nous avait sorti une "énormité". Il nous avait dit qu'il fallait savoir qui étaient les vrais musulmans, sachant que toute personne qui se disait musulmane ne l'était pas nécessairement et que pour être un vrai musulman, il fallait le vouloir très profondément et dire la chahada du plus profond de son être.
Ah oui? Qui peut donc juger du degré "d'islamité" d'une personne? Et pourquoi? Dans quel but?
Et là... je ne vous raconte pas. Clash de chez clash. J'avais attendu la fin de la réunion pour lui répondre que dans un "État civil", tous les citoyens étaient égaux et que la foi et les croyances étaient strictement personnelles. Et que justement ce qu'il venait de dire là faisait tomber tout ce qui avait précédé dans l'eau. Personne n'avait le droit de juger les croyances des autres, ou les remettre en cause, ou les quantifier... La religion reste du domaine strictement privé et personnel.
Voila. je n'avais jamais oublié cet incident. Il était resté dans un petit coin de ma tête. Il résonnait de temps en temps. Comme un signal d'alarme. Attention. Attention. Attention. Les discours même les plus beaux et les plus convaincants peuvent cacher des "catastrophes".
Nous sommes tous citoyens tunisiens ÉGAUX. Il n'est pas question d'accepter une hiérarchie quelconque entre les citoyens tunisiens.
Ce que TOUS devraient comprendre, est que nous sommes tous tunisiens égaux et que nous sommes "CONDAMNES" à vivre ensemble, bon gré mal gré, et qu'il faut donc impérativement trouver le moyen de le faire pacifiquement.
Pour voir toutes les photos, il faut aller sur ma page facebook, ici.
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